D. RÉÉVALUER LE RÔLE D'ACTEUR INTERNATIONAL DE L'ETAT : L'AUDIOVISUEL EXTÉRIEUR
1. L'audiovisuel extérieur rejoint par l'internationalisation ?
Il y a
une dizaine d'années, les enjeux de l'audiovisuel extérieur
auraient sans doute parus trop spécifiques pour être
traités de façon adéquate au sein d'un travail
consacré à la communication audiovisuelle. S'agissait-il
d'ailleurs véritablement de " communication ", au sens que le
présent rapport reconnaît à ce terme : dialogue et
échange ? L'objectif était en effet pour la France
" d'étendre son influence, d'accroître son
rayonnement ",
ce que le rapport Balle de 1996 sur la politique
audiovisuelle extérieure de la France appelle une
" mission de
souveraineté ".
On voit qu'il ne s'agit guère de
dialogue et d'échange. A cette mission correspondait, correspond
toujours, un mode d'administration tout aussi spécifique : pilotage
par le ministère des affaires étrangères, nomination du
président de la station de radio RFI par le CSA parmi les
représentants de l'Etat au conseil d'administration.
Le contexte a changé, diversifiant les missions et les acteurs de
l'audiovisuel extérieur au point que la distinction entre
l'intérieur et l'extérieur, entre ce qui revient à l'Etat
et ce qui peut être fait par le secteur privé, devient de plus en
plus complexe.
Les organismes " intérieurs ", publics comme privés,
sont de plus en plus présents sur le plan international. La " voix
de la France " dans le monde sera de plus en plus multiple et de moins en
moins " officielle ".
Par ailleurs, l'augmentation de la demande internationale de programmes
audiovisuels consécutive à l'explosion des services
numériques offre depuis peu des opportunités qui font de
l'exportation un enjeu économique et culturel que l'Etat ne peut ignorer.
Les gouvernements successifs n'ont pas ignoré la nécessité
de repenser le dispositif public en fonction de la diversification des besoins
et des moyens. Une série de rapports et de projets a abouti à un
plan global de réforme présenté le 29 avril 1998 au
conseil des ministres par le ministre des affaires étrangères. De
façon symptomatique, ce plan comporte trois objectifs : le soutien
à l'exportation des programmes, qui entérine le caractère
stratégique de ce secteur ; l'aide à la diffusion
satellitaire des chaînes françaises, qui prend acte du concours
désormais essentiel des diffuseurs traditionnels à la
pénétration internationale de l'audiovisuel français, la
rationalisation du dispositif audiovisuel extérieur, afin de renforcer
l'efficacité souvent critiquée des organismes publics.