II. LES CAUSES DE LA FRAGILISATION ÉCONOMIQUE : UNE CONTRIBUTION INDIRECTE DU SYSTÈME DE SOUTIEN

A. UN SECTEUR QUI A DU MAL À AMORTIR SA PRODUCTION

• Au cours de la période 1980-1997, la durée d'amortissement des films français a eu tendance à s'allonger, comme l'indique la couverture des investissements en production par les revenus générés à court terme en salles, lors de la première exploitation. Ce ratio est passé de 219% en 1980 à 45% en 1997.

Recouvrement des investissements en production

réalisés sur les films d'initiative françaises par les recettes en salles

(en MF 97)

Source : BIPE, à partir du CNC

• Toutefois, cet indicateur doit être affiné : il comprend au numérateur les soutiens automatique et sélectif, les pré-achats des chaînes et les minima garantis (M.G.) des distributeurs, quatre facteurs inclus dans le calcul des investissements en production. Or les aides publiques directes, le soutien automatique, les montants investis par les chaînes en pré-achat (droits d'antennes) ou les M.G. peuvent être apparentés à des recettes à court terme. Pour mesurer la capacité d'amortissement à court terme, il convient donc de les exclure des investissements en production.

Recouvrement des apports producteurs, coproducteurs et SOFICA

réalisés sur les films d'initiative françaises par les recettes en salles

(en MF 97)

Source : BIPE, à partir du CNC

• Sur cette base, la capacité du marché français des salles à amortir la production cinématographique française est allée en se dégradant depuis 1983 jusqu'en 1992. Depuis 1992, la couverture est orientée à la hausse, sans atteindre le niveau du début des années 1980.

- Alors qu'en moyenne les apports des producteurs français et étrangers, les investissements en part coproducteurs des chaînes et l'apport des SOFICA étaient plus que couverts par les recettes en salles jusqu'en 1988, à partir de 1989 et jusqu'en 1992, la fréquentation des salles n'a pas permis à ces acteurs de rentrer dans leur frais à court terme : le déficit de financement représentant selon les années entre 1% et 19%.

- Depuis 1992, ce ratio dépasse toujours les 100% avec quelques variations selon les années, mais en retrait par rapport aux 300% des années 1983 ou 1984.

• Si ces chiffres ne paraissent pas alarmants, trois remarques s'imposent :

1. le ratio ne prend pas en compte le fait que le producteur touche directement moins de 50% des recettes salles. Toutefois, nous soulignons ici l'évolution du ratio, plutôt que sa valeur brute ;

2. il ne comprend pas l'ensemble des coûts consacrés à la promotion et la distribution des films, il est donc surestimé. Même si ces coûts restent peu élevés, les distributeurs de films français consacreraient en moyenne entre 3 et 5% de leur C.A. à la promotion et à la distribution de ces films ;

3. ces chiffres sont des moyennes. Or, nous avons vu que les entrées en salles avaient tendance à se concentrer sur un nombre restreint de films. Par conséquent, si quelques producteurs rentrent dans leur frais après l'exploitation de leurs films en salles, la majorité est incapable de couvrir les coûts de production par les recettes en salles.

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