B. UNE PRÉSENCE ÉCONOMIQUE LIMITÉE
Avec un
peu plus de 2 000 immatriculés, et une population estimée
à 800 personnes non immatriculées, la
communauté
française en Indonésie,
concentrée pour plus des
deux-tiers à Jakarta, reste très modeste. La crise
économique pourrait en outre entraîner une diminution notable de
ses effectifs.
Par ailleurs, la France ne représente moins de 2 % du stock
d'investissement français en Indonésie et 2 à 3 %
seulement des parts de marché.
1. Le faible niveau des investissements français en Indonésie
Avec
environ 150 entreprises françaises présentes, dont plus de 40
entreprises implantées à un niveau significatif et
1 % du
stock d'investissements étrangers
, la présence
française en Indonésie reste particulièrement modeste, si
on la compare à celle constatée dans les pays voisins (sa part
moyenne dans les investissements directs étrangers y dépasse le
plus souvent 2 %) et des potentialités qui caractérisaient le
marché indonésien avant la crise.
En dépit de la continuité et de l'importance de son aide
bilatérale, la France n'occupe que le 15e rang mondial pour le montant
cumulé des autorisations données par l'agence gouvernementale
chargée de l'instruction des dossiers d'investissement, le BKPM, depuis
1967 et la part de la France (1 %) est très inférieure
à celle de l'Allemagne (3%), des Pays-Bas (6,2 %) ou du Royaume-Uni
(17,4 %).
Toutefois, ces statistiques ne tiennent pas compte des investissements
effectués dans le domaine énergétique (les investissements
réalisés par TOTAL se situent autour de 1 milliard de dollars) et
dans le domaine financier (le cumul des investissements des Banques -BNP,
Crédit Lyonnais et Société Générale
principalement -représentant un montant supérieur à 200
millions de dollars).
Première entreprise française en Indonésie
,
Total y est implantée depuis 1968
. Dans le cadre d'un contrat de
partage de production, elle est associée à la
société publique indonésienne Pertamina. Elle se situe,
pour la production, au 3e rang des opérateurs pétroliers
étrangers après Caltex (partenariat Texaco Chevron) et Mobil.
Alors que sa production de pétrole, après avoir culminé
à la fin des années 1970, s'est aujourd'hui réduite et se
stabilise, Total a fortement accru sa production de gaz qui devrait encore
pratiquement doubler d'ici 2005, grâce à la
mise en
exploitation des gisements de Balikpapan
, sur l'île de Bornéo.
La délégation de votre commission a pu mesurer l'ampleur des
investissements réalisés par Total sur ce site et les
perspectives prometteuses ouvertes à cette entreprise.
Outre les hydrocarbures et le secteur bancaire, la France est surtout
représentée par des grands groupes dans des secteurs à
forte intensité capitalistique : électricité, chimie,
traitement des eaux, bâtiment et travaux publics (Groupe Alcatel-Alsthom,
Groupe Schneider, Rhône-Poulenc, L'Oréal, Degrémont, Dumez,
SAE...).
Des implantations récentes sont à noter dans le domaine des
travaux publics (Groupe Bouygues), du tourisme (Groupe ACCOR), de
l'agro-alimentaire (DANONE), de l'environnement (LYONNAISE DES EAUX et CIE
GÉNÉRALE DES EAUX), de la chimie (AIR LIQUIDE), du ciment
(LAFARGE COPPEE) et des assurances (AGF, AXA).
En outre, les entreprises françaises sont encore très peu
présentes auprès des grands groupes locaux, financiers et
industriels (notamment les groupes chinois qui constituent l'essentiel du
secteur privé indonésien et possèdent les trois-quarts des
actifs du pays). Les petites et moyennes entreprises sont également
très peu présentes, souvent découragées par les
démarches administratives ou commerciales ainsi que par les coûts
d'approche élevés du marché.
En revanche, France Telecom et la Lyonnaise des Eaux ont pris l'initiative de
concessions privées de services publics. La première concerne le
réseau téléphonique de l'ensemble de l'île de
Sumatra, la seconde la gestion de l'eau potable de la partie ouest de Jakarta.
D'autres groupes travaillaient sur des concessions semblables dans le domaine
des transports ferroviaires (Générale des Eaux), des transports
urbains (tramways de Surabaya et Medan avec GEC-Alsthom et Bandung avec
CEGELEC), des aéroports (Dumez à Solo) ou des ponts entre
l'île de Java et les îles voisines (avec Campenon-Bernard, Bouygues
ou Dumez).
Certains de ces investissements (principalement la concession de France
Telecom) et l'ensemble des projets en cours d'étude ont
été remis en question au fil des huit derniers mois. On peut
estimer que 2 à 3 années seront nécessaires pour envisager
à nouveau des perspectives positives.
Aucune entreprise n'a décidé de cesser ses activités en
Indonésie. La plupart ont réduit leurs charges, parfois
fortement, notamment en rapatriant des collaborateurs expatriés ou
même en licenciant des employés locaux mais l'objectif de chacune
est de se préparer à une période de transition dans
l'attente d'une nouvelle phase de croissance. Les banques ont cependant
aujourd'hui quelques inquiétudes spécifiques, devant le risque
d'une application stricte de la nouvelle législation leur faisant
obligation d'un capital minimum de l'ordre de 100 millions de dollars. La
plupart affirment, à ce stade, préférer fermer leurs
établissements plutôt d'apporter des liquidités
complémentaires.
Le souhait des entreprises françaises de renforcer, à moyen et
à long terme, et malgré les difficultés actuelles, leur
présence en Indonésie s'est illustré lors de l'exposition
France High Tech, que la délégation a pu visiter, au cours de
laquelle plus de 80 d'entre elles ont présenté leur offre
technologique et industrielle.
2. Des échanges commerciaux en expansion
Les
exportations françaises
vers l'Indonésie ont connu au
cours des dernières années une
évolution erratique
,
fortement influencée par les fluctuations liées à
l'exécution des grands contrats. Elles ont atteint un premier sommet en
1992 grâce à des livraisons d'Airbus, puis ont fortement
décliné en 1993 et 1994, en dépit de livraisons
exceptionnelles de produits énergétiques, avant d'enregistrer une
reprise marquée en 1995, imputable à une forte progression de nos
ventes de biens d'équipement professionnels (matériel
électrique, électronique, construction aéronautique et
navale).
En 1996
, les
exportations françaises à destination de
l'Indonésie
ont atteint
6,5 milliards
de francs et
enregistré une
progression de 26 %,
un résultat
encourageant qui devait toutefois beaucoup à la livraison en
décembre de deux Airbus A330.
Ce sont de nouveau les livraisons aéronautiques (quatre Airbus A330
livrés entre janvier et avril) qui ont fait de
l'année
1997
celle
du record absolu d'exportations françaises
à destination de l'Indonésie, avec
8,7 milliards de
francs
, soit une progression de 33 % par rapport à l'année
précédente.
L'Indonésie était en 1997
notre 31e client
, avec un
courant d'exportation représentant 0,53 % de nos exportations totales.
En faisant abstraction des livraisons aéronautiques de 1996 et 1997, nos
exportations vers l'Indonésie ont progressé que de 3,4 % en 1996,
et de 15,1 % en 1997, des chiffres qui sont la résultante
d'évolutions disparates selon les secteurs. A l'instar de celles
enregistrées d'une année sur l'autre, ces fluctuations
sectorielles traduisent le manque de consolidation de nos courants d'affaires.
Ce phénomène s'explique par une implantation encore insuffisante
de nos entreprises mais également par la structure du marché
d'importation indonésien (caractérisé par un marché
des biens de consommation importés encore embryonnaire et par une
composante biens d'équipements tributaire du caractère ponctuel
des investissements productifs et des grands projets d'infrastructures).
De leur côté, les
importations françaises
en
provenance d'Indonésie ont globalement stagné entre 1992 et 1995.
Elles ont progressé de 13 % en 1996, puis de 17 % en 1997, où
elles ont atteint un niveau record de
6 milliards de francs
.
L'Indonésie était en 1997 notre
33e fournisseur
, avec 0,39
% de nos importations totales. Les importations françaises en provenance
d'Indonésie ont progressé de 17 % par rapport à 1996, un
résultat qui témoigne d'une diversification de la structure de
nos importations, qui affecte à des degrés divers l'ensemble des
secteurs, mais également de la compétitivité croissante du
tissu exportateur indonésien. Nos importations en provenance
d'Indonésie demeurent fortement concentrées dans un nombre
limité de secteurs, en premier lieu le textile et l'habillement (25,9 %
du total), puis les produits agricoles et agro-alimentaires (16,5 %), la
chaussure (13,8 %), les meubles (13,5 %), et l'électronique
professionnelle et grand public (13,2 %). Parmi ces grands postes, les
progressions les plus marquantes ont concerné l'électronique
professionnelle (+ 35 %), et les meubles (+ 28 %), tandis que le
textile-habillement et la chaussure ont tous deux progressé de 19 %.
L'excédent commercial de 2,6 milliards de francs et le taux de
couverture de 144 % enregistrés en 1997 revêtent toutefois un
caractère ponctuel. Une fois décomptés les échanges
aéronautiques, les échanges bilatéraux étaient en
réalité proches de l'équilibre, aussi bien en 1997 qu'en
1996.
Les exportations françaises vers l'Indonésie demeurent fortement
tributaires de la mise en oeuvre de grands projets, en particulier dans les
secteurs du matériel électrique et téléphonique.
La crise économique se traduit par l'annulation ou le report d'un
nombre grandissant de projets privés, dont les effets se feront d'autant
plus sentir sur les flux d'importations que l'investissement étranger ne
sera pas immédiatement en mesure de prendre le relais de
l'investissement domestique. On peut s'attendre à une baisse d'au moins
10 % de l'ensemble des importations indonésiennes sur l'année
1998.
Cette évolution affectera d'autant plus les exportations
françaises qu'aucune livraison d'Airbus ne prendra le relais, si bien
que
nos perspectives d'exportation à destination de
l'Indonésie en 1998 se situent au mieux entre 5 et 5,5 milliards de
francs, ce qui représenterait une baisse de 36 à 42 % par rapport
aux chiffres de 1997.
Cette estimation devra par ailleurs être
ajustée à la baisse si aucun mécanisme fiable de
financement des importations n'est mis en place à brève
échéance.