CHAPITRE III -
DES CONTRAINTES GÉOGRAPHIQUES ET
ENVIRONNEMENTALES FORTES
Au-delà des handicaps et des aléas propres à chacun des Etats de la région, qui feront l'objet d'une analyse détaillée dans la deuxième partie de cette étude, l'Asie centrale est soumise à deux contraintes globales : son enclavement et les menaces qui pèsent sur son environnement.
I. DES MONTS CÉLESTES AU DÉSERT DES SABLES NOIRS : L'ENCLAVEMENT DE L'ASIE CENTRALE
" L'Asie centrale " est parfois qualifiée " d'Asie intérieure ". Cette métaphore illustre bien la situation géographique de cette zone coincée entre, la mer Caspienne à l'Ouest, le mont Tian-Chan à l'Est et les solitudes minérales du Kopet-Dag iranien, au Sud.
A. L'ENCLAVEMENT, UN HANDICAP MAJEUR
La situation géographique dans laquelle se trouvent les Etats d'Asie centrale est à l'origine de deux difficultés majeures : l'absence de débouché sur la mer et un contexte géopolitique complexe dont le conflit relatif au statut de la Caspienne est la manifestation la plus évidente.
1. L'absence de débouché sur la mer
L'ouverture des grandes routes maritimes à partir du
XVIe
siècle a été l'une des causes essentielles de la perte
d'influence de l'Asie centrale
. Cette région, qui s'était
imposée pendant des siècles comme la voie de passage
obligée entre Est et Ouest est tombée progressivement dans
l'oubli en raison de son absence de débouché sur la mer.
L'Ouzbékistan, considéré comme le coeur de la zone, est le
seul pays au monde qui doit franchir deux frontières avant
d'accéder à une mer ouverte. Certes, la Caspienne est facilement
accessible : elle constitue la plus vaste des mers fermées du globe avec
en son centre le Golfe de Kara-Bogaz, " la gueule noire " en
Turkmène. Elle assurait, en 1995, le tiers des pêcheries et plus
du cinquième du trafic maritime total de l'ancienne URSS. On peut
évaluer le trafic sur la Caspienne en liaison avec la navigation
fluviale sur la Volga, à une vingtaine de millions de tonnes par an, et
ce même si cette mer est gelée près de la moitié de
l'année. Par ailleurs, elle ne donne pas accès, contrairement
à la Méditerranée ou à un océan, à
des eaux libres permettant une réorientation des échanges.