2. Des relations bilatérales étroites
Le 14 février dernier, l'explosion de deux
wagons-citernes à Yaoundé causait la mort de plus d'une centaine
de personnes. Arrivée le lendemain au Cameroun, votre
délégation a pu prendre, dans ces circonstances tragiques, la
mesure de la solidarité entre nos deux pays. La France a en effet
dépêché dans les délais les plus rapides une
équipe d'urgence dont le travail remarquable a valu à notre pays
la gratitude de l'opinion et des responsables camerounais comme l'ont
attesté les nombreux témoignages recueillis par la
délégation lors de ses entretiens et de sa visite à
l'hôpital central de Yaoundé.
Si la force des liens bilatéraux s'exprime ainsi de façon
exemplaire dans l'épreuve, elle se manifeste aussi au quotidien par une
coopération très étroite et par une présence
économique forte.
a) Un soutien très apprécié
La qualité des relations franco-camerounaises repose en
particulier sur une coopération militaire très
appréciée par le Cameroun dans le contexte régional auquel
il se trouve exposé et par une aide au développement très
importante.
.
La sécurité : une préoccupation majeure
Le Cameroun a conclu avec la France un accord de défense et des accords
de coopération en 1974. Le rôle militaire de la France en Afrique
centrale est directement intéressé à cette
coopération car le Cameroun, de par sa position clé, constitue
une plate-forme éventuelle pour le transit et l'acheminement des
matériels lourds destinés aux forces françaises
déployées au Tchad.
Outre le dispositif Aramis de surveillance aux frontières, la France
procure au Cameroun un soutien apprécié, sous trois formes
principales : la mise à disposition d'une quarantaine de
coopérants, la fourniture d'une aide directe en matériels de
l'ordre de 10 millions de francs par an, la formation en France d'une
soixantaine de stagiaires chaque année.
L'action de la France tend à s'inscrire de plus en plus dans le cadre de
projets contractuels ; sur cette base deux orientations prioritaires se
dessinent : la mise en place, d'une part, d'une école à vocation
régionale pour la délivrance des diplômes
d'état-major et d'autre part, de centres de formation à la police
judiciaire et au maintien de l'ordre pour la gendarmerie.
.
Une aide économique essentielle
La France figure au premier rang des bailleurs de fonds du Cameroun et procure
près de
la moitié
de l'aide publique au
développement dont bénéficie ce pays. Si notre
contribution s'était réduite en 1996 du fait de l'absence de
programme avec le FMI et des difficultés à conduire à bien
divers projets, elle a de nouveau augmenté à la suite de la
signature de l'accord avec le FMI pour laquelle notre pays a d'ailleurs
joué un rôle décisif. Ainsi la France a versé une
aide budgétaire de 600 millions de francs pour 1997. Un soutien de
l'ordre de 50 millions de francs sera par ailleurs accordé dans le cadre
de l'enveloppe du Fonds d'aide et de coopération (FAC) pour 1998. L'aide
au développement privilégie deux axes : l'aide aux secteurs
sociaux et le renforcement de l'Etat de droit.
La situation sanitaire du Cameroun a appelé une intervention de la
France dans trois domaines : le renforcement des services publics urbains en
matière de santé (votre délégation a pu visiter les
nouveaux locaux de la maternité de l'hôpital central de
Yaoundé financés par l'aide française), la
décentralisation de l'offre de soins et enfin l'appui aux programmes de
lutte contre les grandes endémies, en particulier le SIDA qui, dans les
métropoles urbaines comme Douala, continue de s'étendre de
façon préoccupante.
Malgré la crise du secteur éducatif le taux de scolarisation
reste, au Cameroun, supérieur à la moyenne des Etats francophones
africains. Ce domaine concentre 60 % de l'aide française (hors
assistance technique et hors bourse).
Si les secteurs primaire et secondaire ne sont pas négligés (un
projet de 20 millions de francs finance l'appui au système
éducatif), une priorité certaine s'attache à la formation
des nouvelles élites nationales et donc à l'enseignement
supérieur. Un projet Universités du Cameroun (UNICAM 2000) mis en
oeuvre depuis octobre dernier mobilisera sur trois ans 15 millions de francs.
Inscrit dans la logique de diminution de l'assistance technique, il vise au
renforcement du partenariat avec les structures universitaires
françaises dans le cadre de programmes de bourses et d'échanges.
Le renforcement de l'Etat de droit constitue une autre priorité de notre
coopération. A cet égard deux exemples peuvent être
relevés ; en premier lieu l'action conduite en faveur de la justice,
indispensable pour restaurer la confiance chez les acteurs économiques,
se traduira au cours des prochains mois, grâce à un financement du
FAC, par la mise en place effective des nouvelles juridictions de
contrôle de l'action juridique et financière de l'Etat (notamment
l'organisation d'un système juridictionnel spécialisé
coiffé par une Cour des comptes).
En second lieu, la mise en oeuvre de la nouvelle Constitution de 1996
(consolidation de la décentralisation avec l'autonomie communale et la
création des régions, perfectionnement du système
représentatif et de la fonction législative avec la
création d'un Sénat), appellera sans doute également un
soutien de la France. Dans la perspective de la création d'un
Sénat, votre délégation a fait savoir, à la demande
du Président de l'Assemblée nationale camerounaise ainsi
qu'à celle d'autres parlementaires, que notre Haute Assemblée
pouvait, dans le cadre de la coopération interparlementaire, apporter
une contribution précieuse.
.
Une forte présence française
L'activité économique, comme la coopération, requiert une
présence française forte même si le nombre de
coopérants s'est beaucoup réduit au cours des dernières
années. Aujourd'hui le Cameroun compte en effet 210 coopérants
(112 enseignants et 98 techniciens). Au total la communauté
française représente quelque
7 000 personnes
. Elle
constitue sans doute le lien le plus puissant entre nos deux pays. Elle
rencontre au Cameroun des difficultés liées à
l'insécurité -en particulier dans le nord du pays très
affecté par le phénomène des "coupeurs de route", comme
l'a indiqué devant votre délégation, notre consul à
Garoua- et à l'arbitraire juridique. Votre délégation a
attiré l'attention des autorités camerounaises et tout
particulièrement du Premier ministre sur ces problèmes. Mais la
bonne volonté affichée au plus haut niveau ne trouve pas
toujours, faute d'une administration motivée, les relais
nécessaires pour se traduire sur le terrain.
Les services de notre ambassade et de nos consulats assurent un travail
remarquable pour notre communauté même s'ils disposent de moyens
parfois très limités. De nouvelles restrictions, comme la non
reconduction des emplois de vacataires chargés des visas et de l'accueil
du public au consulat de Yaoundé, risqueraient d'affecter gravement la
capacité de certains services appréciés par les
Français comme par les Camerounais.
b) La France : un partenaire économique de premier plan
.
L'orientation nouvelle des
échanges
L'année 1997 marque certainement une nouvelle étape dans les
échanges économiques qui se traduisent pour la première
fois par un excédent en notre faveur (13 milliards de francs CFA). La
France, jusqu'ici premier client du Cameroun, passe au troisième rang
(17 %), derrière l'Espagne (21 %) et l'Italie (20 %), deux pays auxquels
le Cameroun fournit en effet d'importantes livraisons de pétrole brut.
En revanche, la France reste le principal fournisseur du Cameroun avec 27 % de
parts de marché (soit 167 milliards de francs CFA). Cette orientation
devrait se poursuivre dans les mois à venir compte tenu de la croissance
soutenue, supérieure à 5 %, dont bénéficie le
Cameroun et des retombées progressives pour nos entreprises du projet
d'oléoduc Tchad-Cameroun.
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Une présence économique française forte
Malgré la crise des années 86-94, la présence
française s'est maintenue avec quelque 130 filiales de
sociétés françaises et plus d'une centaine
d'établissements de droit local. Ces entreprises représentent
près de 63 % du capital investi au Cameroun (soit 107 milliards de
francs CFA). Elles jouent ainsi un rôle essentiel dans la vie
économique du pays.
A titre d'exemple, le groupe Elf assure par sa filiale
d'exploration-production, Elf Serepca, près des trois quarts de la
production pétrolière du pays. En 1997, la production
opérée par cette filiale représentait 3,75 millions de
tonnes.