I. LE CAMEROUN : LE DÉFI DE L'OUVERTURE DANS LA STABILITÉ
Le Cameroun présente
une double
singularité
, la première liée à la
géographie, la seconde à l'histoire.
En effet, d'une part ce pays occupe une position stratégique
particulière à la charnière entre l'Afrique occidentale et
l'Afrique centrale, mais aussi entre le monde soudanais au nord et le monde
bantou au sud.
D'autre part, le Cameroun a hérité de son histoire coloniale
plusieurs traits spécifiques, au premier rang desquels le bilinguisme
franco-anglais. Colonie allemande de 1884 à 1918, le Cameroun a
été placé sous mandat de la Société des
Nations (puis sous tutelle par l'Organisation des Nations unies à partir
de 1946), administré par le Royaume-Uni pour sa partie occidentale et
par la France pour sa partie orientale, de loin la plus étendue. En
1961, la zone anglaise se détermina par référendum pour le
rattachement au Cameroun dans le cadre d'un Etat fédéral,
à l'exception de sa partie septentrionale qui opta pour
l'intégration au Nigéria.
Cependant, éprouvé par la longue rébellion animée
par l'Union des populations du Kamerun (UPC) dans la partie sud-occidentale du
pays -en pays bassa et bamiléké-, le pouvoir camerounais se
prononça en 1972 pour un Etat unitaire considéré comme
mieux à même de conjurer le spectre du séparatisme.
Aujourd'hui, sur une population estimée à 14 millions
d'habitants, le pays compte 80 % de francophones et 20 % d'anglophones et les
relations entre les deux communautés linguistiques du pays demeurent un
facteur d'incertitude pour le pays.
Cependant, malgré ces clivages, le Cameroun a connu une
stabilité politique
remarquable. Deux présidents seulement
se sont succédé depuis l'indépendance, M. Ahmadou Ahidjo
(premier ministre en février 1958, président de 1960 à
1982) et après son retrait volontaire du pouvoir en 1982, M. Paul Biya ;
un sudiste d'origine Béti prenait ainsi la suite d'un homme du nord,
d'origine peuhle et musulman.
De la capacité du Cameroun à surmonter le défi de la
transition démocratique et à retrouver les voies de la croissance
dépendra la sauvegarde, dans les années à venir, de la
stabilité de ce pays.