N° 376
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SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès-verbal de la séance du 7 avril 1998
RAPPORT D'INFORMATION
FAIT
au nom de la commission des Affaires
étrangères, de la Défense et des forces armées (1)
à la suite d'une
mission
effectuée au
Cameroun
et au
Congo
du
15 au 20 février
1998,
Par MM. Xavier de VILLEPIN, Guy PENNE
et Mme Paulette BRISEPIERRE,
Sénateurs.
(1) Cette commission est composée de : MM. Xavier de Villepin, président ; Yvon Bourges, Guy Penne, François Abadie, Mme Danielle Bidard-Reydet, MM. Jacques Genton, Charles-Henri de Cossé-Brissac, vice-présidents ; Michel Alloncle, Jean-Luc Mélenchon, Serge Vinçon, Bertrand Delanoë, secrétaires ; Nicolas About, Jean Arthuis, Jean-Michel Baylet, Jean-Luc Bécart, Jacques Bellanger, Daniel Bernardet, Pierre Biarnès, Didier Borotra, André Boyer, Mme Paulette Brisepierre, MM. Michel Caldaguès, Robert Calmejane, Mme Monique Cerisier-ben Guiga, MM. Marcel Debarge, Jean-Pierre Demerliat, Xavier Dugoin, André Dulait, Hubert Durand-Chastel, Claude Estier, Hubert Falco, Jean Faure, André Gaspard, Philippe de Gaulle, Daniel Goulet , Jacques Habert, Marcel Henry, Roger Husson, Christian de La Malène, Edouard Le Jeune, Maurice Lombard, Philippe Madrelle, Serge Mathieu, Pierre Mauroy, Mme Lucette Michaux-Chevry, MM. Paul d'Ornano, Charles Pasqua, Michel Pelchat, Alain Peyrefitte, Bernard Plasait, André Rouvière, André Vallet.
Afrique centrale.
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Rapports d'information.
INTRODUCTION
Mesdames, Messieurs,
L'Afrique centrale a connu, au cours de l'année 1997, une succession de
crises qui ont, dans l'ancien Zaïre, emporté le régime du
maréchal Mobutu après trente années d'un pouvoir sans
partage et conduit, au Congo, au terme d'une guerre civile sanglante et
destructrice, au départ forcé du président Lissouba.
Ces événements, liés d'abord à l'évolution
intérieure de chaque Etat (la déliquescence de l'autorité
politique à Kinshasa, le choc d'ambitions rivales de l'autre
côté du fleuve), revêtaient cependant une dimension
internationale, ne serait-ce que par l'intervention dans les deux cas de forces
étrangères (rwandaises au Zaïre, angolaises au Congo). En
outre, la déstabilisation de ces deux pays menaçait, par effet de
contagion, de se communiquer aux pays voisins rendus vulnérables par les
difficultés économiques, mais aussi par les rigidités des
pouvoirs en place. Le Gabon, le Cameroun ne risquaient-ils pas à leur
tour de s'embraser ?
La maîtrise des richesses économiques d'une région dont les
ressources pétrolières attisent les convoitises pouvait-elle
dès lors se décider à l'occasion de ces
événements ? A l'enjeu économique s'ajoutait pour la
France la mise en cause possible de son influence dans une zone où sa
présence reste traditionnellement forte.
Certes, le scénario annoncé par les tenants de la théorie
des dominos ne s'est pas vérifié. Cependant, avec le recul du
temps, quatre interrogations majeures demeurent :
- Les régimes actuels peuvent-ils combiner stabilité politique et
transition démocratique ?
- Le retour à la croissance observé dans la plupart des pays de
la zone constitue-t-il une orientation durable ?
- De nouveaux équilibres diplomatiques à l'échelle
régionale se sont-ils formés à la suite des
événements de 1997 ?
- Quel rôle les grandes puissances et en particulier les Etats-Unis et la
France comptent-elles jouer sur le continent ?
Cette question présente une importance particulière au moment
où la France met en place un nouveau dispositif de coopération.
Soucieuse de contribuer à apporter des réponses à ces
différentes interrogations, votre commission a décidé
d'organiser une mission, du 15 au 21 février dernier, au Cameroun et au
Congo, deux pays dont l'évolution importe particulièrement
à la France et joue un rôle essentiel dans l'équilibre de
l'ensemble de l'Afrique centrale. A Brazzaville, il s'agissait également
de renouer les liens avec les nouvelles autorités et de prendre la
mesure des besoins soulevés par la reconstruction du pays.
Au Cameroun, la délégation présidée par M. Xavier
de Villepin, et composée de M. Guy Penne et de Mme Paulette Brisepiere,
a rencontré, en l'absence du président Biya -en voyage
privé en Europe pendant la durée de la mission- le premier
ministre, M. Peter Musonge, les principaux ministres d'Etat (défense,
relations extérieures, économie et finances), plusieurs
ministres, le secrétaire général de la présidence,
M. Hamidou Marafa, le président de l'Assemblée nationale et de
nombreux députés parmi lesquels plusieurs représentants de
l'opposition.
Au Congo, la délégation a pu s'entretenir avec le chef de l'Etat,
M. Denis Sassou-Nguesso, le président du conseil national de
transition, M. Justin Koumba, ainsi que les principaux ministres
(planification et privatisation, reconstruction, justice, relations avec le
parlement) et l'administrateur-maire de Brazzaville, M. Yoka. Elle a
également rencontré M. Milongo, membre du conseil national
de transition et ancien président de l'Assemblée et M.
Thystère-Tchikaya, ancien député-maire de Pointe-Noire.
Enfin, tant au Cameroun qu'au Congo, de nombreux contacts avec la
communauté française ont pu être ménagés.
La qualité de l'accueil qui nous a été
réservé par les personnalités camerounaises et congolaises
témoigne de la force de l'amitié qui unit la France à ces
deux pays.
L'intérêt des entretiens a permis d'éclairer votre
délégation sur la situation présente du Cameroun et du
Congo et sur les perspectives d'évolution de la région. Elle
tient à cet égard à remercier MM. Philippe Selz,
ambassadeur de France à Yaoundé, Hervé Bollot, ambassadeur
de France à Brazzaville, ainsi que l'ensemble de leurs collaborateurs,
dont le concours précieux a permis le parfait déroulement des
travaux de la délégation.