B. LE PAYSAGE POSTAL SUÉDOIS DE DEMAIN

Le secteur postal suédois fera l'objet d'une concurrence de plus en plus vive. Dans ce contexte, les opérateurs devront respecter des règles du jeu, qui devraient redéfinies dans un nouveau projet de loi. On peut se demander ce que deviendra Posten AB à terme.

En d'autres termes, la poste suédoise est-elle mortelle ?

1. Une concurrence exacerbée

La concurrence, qui ne fera que s'accentuer dans les années à venir, résultera du développement à la fois des nouvelles technologies et des compétiteurs de Posten.

a) L'explosion des nouvelles technologies

Plus encore que dans d'autres pays, les nouvelles technologies prennent, en Suède, une part croissante des marchés de communication. Ce pays est à la pointe du progrès en ce domaine. Selon le cabinet américain Forrester Reseach Inc. 252( * ) , il est le dixième pays utilisateur d'Internet. Six fois moins nombreux que les Français, les Suèdois comptent presque autant d'internautes que notre pays...

Ceci explique qu'ils anticipent une stabilisation, voire une diminution, du courrier de particulier à particulier et surtout une chute du courrier d'entreprise non informatisé et pré-trié (qui représente environ 40 % du marché). Ceci explique, sans doute, aussi la moindre importance accordée à la proximité immobilière du réseau postal.

Le courrier traité par informatique et pré-trié connaît, quant à lui, une progression de 5 à 6 % par an depuis cinq ans. Il représente aujourd'hui 50 à 55 % du marché et fait l'objet de la concurrence des nouveaux opérateurs postaux.

b) Le développement des nouveaux opérateurs

Les Suédois considèrent le marché postal comme rentable , deux positions pouvant être occupées :

- être opérateur national afin de réaliser des économies d'échelle. Il n'y aurait de place que pour une entreprise sur ce créneau : Posten AB ;

- développer une entreprise spécialisée et occuper une " niche ", comme le font aujourd'hui 105 petits opérateurs encouragés par la faiblesse des investissements nécessaires à cette activité.

Ceux-ci commencent à se regrouper afin d'élargir leur champ d'action, mais il faudra quelques années avant qu'émerge une grande société, une taille critique étant nécessaire pour séduire les grands comptes.

Initialement soumise à une simple déclaration, la création d'une telle entreprise est, depuis fin 1996, subordonnée à l'obtention d'une licence auprès de l'autorité de régulation.

Dans ce contexte, quel avenir peut-on prédire à City Mail ? Il faut savoir que l'entreprise a connu des débuts difficiles. Très à l'écoute du client, dont elle s'adapte aux besoins, et initialement moins chère que Posten, City Mail a cependant été confrontée à l'hésitation des grands groupes à modifier leurs habitudes et à oser quitter l'opérateur national.

City Mail a, en fait, déposé le bilan à deux reprises. Posten a participé à son sauvetage, en y investissant au total 110 millions de couronnes (plus de 90 millions de francs), la première fois de sa propre volonté ; la seconde, par obligation.

A l'heure actuelle, le capital de City Mail se répartit ainsi :

- compagnies d'assurance 25 %

- Deutschbank 20 %

- direction 20 %

- Mercury 5 %

- S.E. Banken (grand compte client de City Mail) 5 %

- autres investisseurs 25 %

City Mail employe 800 personnes, qui devraient prochainement bénéficier d'un intéressement aux bénéfices.

Après avoir réalisé des pertes en 1997, l'entreprise prévoit, en effet, de dégager des profits en 1998, grâce à un effet volume. Le volume du courrier traité s'accroît rapidement : 50 millions de lettres en 1996, 100 millions en 1997, 200 millions étant projetés pour 1998. Le chiffre d'affaires progresserait dans le même temps de 200 millions de couronnes en 1996, à 300 millions en 1997, puis 400 millions en 1998 (soit 332 millions de francs).

A terme , City Mail pourrait occuper 10 % du marché postal . A la condition, cependant, que Posten AB renonce définitivement à certains abus de position dominante dénoncés dans le passé.

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