b) Vers une habilitation publique de la certification postale électronique ?
Ne conviendrait-il pas plutôt d'envisager pour la
France, et pourquoi pas pour l'Union européenne, de réserver -au
moins dans un premier temps- cette habilitation de certification des courriers
électroniques aux postes historiques, c'est-à-dire aux
entreprises ayant fait preuve de leur fiabilité au cours des
décennies passées ?
Ne serait-ce pas là un grand projet pour La Poste française et
pour les postes européennes ?
Et ce projet ne donnerait-il pas
à l'Europe un excellent moyen de reprendre pied sur le réseau
Internet
, dominé par les Américains, en améliorant la
fiabilité des correspondances ?
Cette stratégie offensive permettrait, en outre, de faire en sorte que
le monopole de La Poste garde une certaine consistance.
Ayons, en effet, présent à l'esprit que les ressources issues du
monopole risquent d'aller en s'amenuisant sous l'effet de la contraction des
flux postaux qu'il recouvre. Rappelons que le volume du courrier papier a
tendance à diminuer, que le marché du colis est menacé par
les grands intégrateurs et par la mise en place de leurs propres
réseaux par certains grands clients. N'oublions pas que le
périmètre du monopole lui-même poursuivra
inévitablement sa contraction programmée sous l'effet des futures
révisions de la directive postale.
Dès lors, nous devons cesser de nous accrocher frileusement à des
conceptions dépassées du monopole pour promouvoir de nouvelles
idées permettant de garantir la pérennité des services
qu'il permet d'assurer. Notre approche des services postaux doit
désormais intégrer comme une donnée fondamentale
l'explosion des nouvelles technologies.
Telle est l'une des ambitions qui
animent le présent rapport : adapter les droits et obligations de
notre Poste pour mieux assurer la modernité de l'idée de service
public, et mieux répondre aux besoins de nos concitoyens.
c) Inventer le bureau de poste virtuel
La société du XXIe siècle sera,
personne n'en doute, une société de l'information où
l'essentiel des échanges fera l'objet des services
dématérialisés et s'effectuera par les réseaux de
télécommunications.
Dès lors, l'avenir appartiendra à ceux qui sauront intervenir sur
ces réseaux. Le réseau postal paraîtra bien vite
dépassé et inadapté s'il ne participe pas lui-même
à ces évolutions. Sinon à quel marché pourra-t-il
prétendre face à la panoplie des innombrables services auxquels
chaque Français aura accès sans avoir à sortir de son
domicile ?
Il devra nécessairement s'engager dans un processus de
dématérialisation et se fondre dans le réseau de
télécommunications. Seule alors comptera la qualité du
service du guichet postal virtuel.
Certains pays anticipent cette évolution. Ainsi, le directeur
général de l'organisme suédois de régulation de la
poste et des télécommunications faisait part de son analyse
à votre rapporteur en ces termes : "
La poste est mortelle.
Telle qu'elle existe aujourd'hui en Suède, elle disparaîtra
à long terme pour une nouvelle poste, ne faisant plus qu'un avec les
autres opérateurs de télécommunications
".
D'aucuns pourrait dénoncer le caractère moins humain d'un guichet
de poste virtuel. Rien n'est moins sûr. La Poste peut apporter une grande
valeur ajoutée humaine au développement des services
électroniques.
Elle pourrait ainsi envisager de mettre à la disposition des
utilisateurs, en temps réel, des personnels très
qualifiés, à même de répondre instantanément
à leurs questions les plus pointues. Imaginons un instant une petite
entreprise de haute technologie de l'Ariège ayant gagné un
contrat aux États-Unis et souhaitant envoyer ses produits par La Poste.
Le spécialiste du bureau virtuel ne sera-t-il pas mieux à
même de le conseiller efficacement que le guichetier du petit bureau de
poste de son village ?