B. RÉCLAMONS UN SYMBOLE FORT : LE TIMBRE UNIQUE POUR LE COURRIER TRANSFRONTIÈRES
Avec le passage à la monnaie unique des marchés de capitaux en 1999 et sa généralisation auprès du grand public en 2002, lors de l'introduction des pièces et des billets en euro, l'ensemble des biens et services commercialisés en Europe feront progressivement l'objet d'un double affichage : dans la monnaie nationale et en euro. Dès lors, il apparaît que le passage à la monnaie unique porte en germe l'affichage de fortes différences dans les conditions d'affranchissement du courrier circulant entre Etats membres. Un tel symbole de division au coeur d'un marché unique reposant sur une monnaie unique est-il politiquement acceptable ? Et, s'il ne l'est pas, ne conviendrait-il pas de prendre les moyens d'instaurer un timbre postal unique ?
1. Un hiatus économique lourd de symboles : des timbres aux prix disparates, à l'heure de l'euro
La mise en place de la monnaie unique en 1999 va
entraîner une véritable remise à plat des conditions de
concurrence dans tous les secteurs économiques. Éclateront alors
au grand jour les différences dans les conditions tarifaires de tous les
prestataires européens de services. Ceux qui proposent les prix les plus
élevés auront tout intérêt à gommer ces
disparités s'ils ne veulent pas que leur clientèle s'envolent
vers des cieux plus cléments. D'ailleurs, n'observe-t-on pas d'ores et
déjà une harmonisation des prix dans un certain nombre de
secteurs, comme celui des télécommunications ? Les banques ne
sont-elles pas en train de mener une réflexion sur les
conséquences de l'euro sur la concurrence interbancaire ?
Le secteur postal ne peut rester à l'écart d'une telle
réflexion.
Avec le passage à la monnaie unique, toutes les
postes européennes devront émettre leurs timbres en indiquant
leur contrevaleur en euro. Les comparaisons deviendront par conséquent
plus évidentes. Le problème qui se posera alors au secteur postal
sera à la mesure de l'ampleur des disparités existant en
matière de prix de l'affranchissement : presque de 1 à 2
pour les envois intra-communautaires en 1994 et de 1 à 4 pour les envois
nationaux
.
En effet, une étude d'avril 1994 réalisée par le
Bureau européen des Unions de consommateurs (BEUC) montre que, pour ces
envois, le tarif d'une lettre de 20 g maximum varie entre 0,29 Ecu en
Espagne et 0,52 Ecu en Allemagne. Pour les envois intérieurs, cet
écart est plus important encore : 0,18 Ecu en Espagne contre
0,52 Ecu en Allemagne.
Il est évident que, outre qu'elles sont de nature à entraver la
fluidité des échanges intra-communautaires, ces disparités
ne peuvent que favoriser les détournements de trafic,
c'est-à-dire le repostage.
En outre, le citoyen européen ne comprendrait pas qu'il puisse avoir
à payer, pour le courrier qu'il destine à ses voisins de l'Union,
un timbre libellé dans la même monnaie -l'euro-, avec des valeurs
faciales différentes selon l'Etat membre dans lequel il se trouve, ceci
pour un service identique. Il évoluera alors dans un espace
économique unifié où le prix pour une même
prestation variera du simple au double.
Alors qu'avec l'euro s'achèvera la construction du grand marché
intérieur, n'y-a-t-il pas là un hiatus économique
dérangeant et un certain " ridicule " politique ?
Pourra-t-on,
à l'heure de l'euro, afficher ainsi l'éclatement du territoire
postal européen ? Sans doute, non. C'est pourquoi, votre rapporteur
propose que soit engagée une initiative politique ambitieuse
susceptible, à l'inverse, de symboliser de manière plus
cohérente
l'unité économique
de l'Union
européenne.