V. LES DISPARITÉS ET LES SÉPARATISMES RÉGIONAUX

A. Les écarts régionaux

Comme la Chine, l'Inde est un continent, aussi divers par le niveau de développement économique des 25 États et des 7 territoires qui la composent, que par ses religions, ses ethnies et ses langues. Plusieurs États sont plus étendus et plus peuplés que les grands pays européens. L'Uttar Pradesh, avec ses quelque 170 millions d'habitants, pourrait occuper le septième rang mondial, en termes de population.

Il existe de grandes disparités entre les régions de l'Inde. Les États ne disposant pas de richesses naturelles, ont accumulé les retards de développement, alors que d'autres ont mis à profit leurs ressources, leur position géographique stratégique ou le dynamisme et le niveau de formation de leur population.

L'agriculture est partout présente. Mais dans certains États, elle est dominante, alors que dans d'autres l'industrie tend à devenir l'activité majeure.

Parmi les États agricoles de l'Inde -qui, rappelons-le, est rurale à 75 %-, il existe des différences très notables. Dans certains d'entre eux, tels le Penjab, et l'Haryana, « la Révolution verte » a réussi. Grâce aux réformes agraires qui ont transformé les conditions de production et à l'irrigation, une agriculture intensive a pu se développer, entraînant une élévation très sensible des revenus agricoles. Dans d'autres, tels que le Bihar et l'Uttar Pradesh, l'agriculture n'a guère prospéré et la misère reste omniprésente.

Le riche Penjab par exemple, qui occupe moins de 2 % de la superficie de l'Inde assure, à lui seul, environ les 3/5 ème de la production de grains du pays, après avoir, en trente ans, triplé ses rendements en blé et en riz. C'est lui qui dessert en eau, grâce à l'irrigation, une partie de l'Haryana et du Rajasthan.

Les activités industrielles sont principalement implantées dans les États du Maharashtra, du Tamil Nadu, de l'Uttar Pradesh, du Gujarat et du Bengale occidental.

La valeur ajoutée industrielle produite au Maharashtra représente à elle seule, 25 % de la valeur ajoutée industrielle totale de l'Union.


En termes de revenu moyen par habitant, le rapport est de plus de un à trois entre le Bihar, l'État le plus pauvre (3.280 roupies par tête en 1992-1993) et le Penjab (10.857 roupies) ou Delhi (11.650 roupies).

Trois grands ensembles peuvent être distingués :

- les États jouissant d'une relative prospérité : à l'Ouest, les États industrialisés, avec le Maharashtra, en tête pour le produit intérieur brut et le Gujarat (totalisant 130 millions d'habitants) ; au Nord, les riches États agricoles du Penjab et de l'Haryana (environ 40 millions d'habitants, à eux deux) :

- des États très pauvres qui regroupent plus de la moitié de la population de l'Inde : à l'Ouest, le Rajasthan (5.035 roupies de revenu par tête) et le Kerala, les petits États du Nord-Est (Sikkim, Assam, Manipur, Megalaya...), le long de la vallée du Gange, l'Uttar Pradesh et le Bihar, et au centre de l'Inde (le Madia Pradesh et l'Orissa), soit, au total, plus de 500 millions d'habitants ;

- à mi chemin, des États intermédiaires, dotés d'atouts non négligeables, mais insuffisamment exploités. Au Nord-Est, le Bengale occidental, au Sud, le Karnataka, l'Andhra Pradesh et le Tamil Nadu (regroupant environ 260 millions d'habitants).

Dès le début des années 1970, les pouvoirs publics, tant au niveau de l'Union que dans les États fédérés, ont tenté de lutter contre ces disparités et de mieux répartir les activités et les infrastructures sur l'ensemble du territoire.

La Commission du Plan a, en 1971, dressé la liste des zones les plus défavorisées du pays « ou backward areas » qui représentaient alors 60 % de la superficie de l'Inde. Un système de subventions à 1'investissement et aux transports a été mis en place qui n'est, cependant, pas parvenu à rétablir un équilibre économique satisfaisant entre les États.

La politique de libéralisation et d'ouverture pourrait contribuer à creuser les écarts entre États, la « spécialisation » économique de certains d'entre eux étant susceptible d'accentuer les atouts des uns et les handicaps des autres.

Le Maharashtra et le Gujarat, qui disposent d'implantations industrielles modernes et diversifiées (pétrochimie, pharmacie, cimenterie) et à fort potentiel exportateur (textile, cuir et autres, industries de main-d'oeuvre), de même que le Karnataka, dont la capitale Bangalore développe une industrie du logiciel à la pointe du progrès, semblent appelés à renforcer leur avance sur les États les plus pauvres.

Le taux de chômage varie par exemple de 1,5 % au Madya Pradesh à 17 % au Kerala. Les dépenses d'éducation par tête sont de 328 roupies au Penjab, mais ne dépassent pas 180 roupies en Uttar Pradesh. La croissance de la population est mieux maîtrisée au Kerala qu'en Haryana et au Rajasthan.

Les pouvoirs publics, conscients de cette situation, considèrent que la création d'infrastructures sociales doit être le préalable au développement des zones les plus défavorisées. En outre, afin de mieux cibler les aides publiques, les États fédérés ont été associés au choix de 66 « pôles de croissance » qui concentreront l'essentiel des aides. La décision a été prise d'autoriser l'implantation des industries sur tout le territoire, à l'exception d'une zone de 25 km autour des villes de plus de 1 million d'habitants, restriction que certains observateurs considèrent comme platonique.

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