LE DÉFI DE L'URGENCE
Lors de son entretien
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avec Reynold Levy,
vice-président d'ATT, votre rapporteur lui a demandé comment ATT
avait vécu, au début des années 1980, la situation
à laquelle va se trouver confrontée France Télécom,
à savoir la disparition de son monopole téléphonique.
Reynold Levy, qui était à l'époque conseiller du
Président d'ATT, a répondu longuement en introduisant son propos
de la manière suivante :
" Cela a été très
dur.
Nous étions Ma'Bell. Nous étions la mère de
l'Amérique.
Et, on nous demandait de devenir un simple
opérateur téléphonique. Nous ne savions pas où cela
allait nous mener. (...) C'était l'incertitude quant à l'avenir
(...) mais, au présent, nous savions qu'il fallait nous transformer
(...) Nous avons fait les choix qui nous apparaissaient les plus adaptés
(...) Maintenant nous ne sommes plus Ma'Bell, mais nous sommes restés
une très grande entreprise... ".
France Télécom ne s'est jamais appelée
" Ma'Bell " mais elle a joué pour la France le rôle qu'a
tenu ATT aux Etats-Unis.
Aujourd'hui, elle est, elle aussi, une entreprise à la croisée
des chemins.
L'année 1996 lui offre l'opportunité historique de changements
à risques encore maîtrisés.
Le refus de ces changements et la tétanie dans le statu quo serait,
à terme, synonyme de crise et de déclin, sans que plus jamais
puissent se représenter les opportunités existant aujourd'hui.
Il faut donc entreprendre le mouvement sans tarder. Trop d'acteurs
économiques attendent les décisions pour agir. Trop
d'intérêts nationaux sont en jeu pour prendre le risque de
dilapider nos chances.
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En d'autres termes, France Télécom dispose de
tous les moyens nécessaires à la réussite de son
adaptation à la nouvelle donne du marché des
télécommunications si les mesures à même de faire
disparaître ses vulnérabilités sont prises rapidement.
Les changements à opérer ne peuvent toutefois s'envisager qu'en
apaisant, par des engagements forts et des propositions claires et
cohérentes, les appréhensions de ceux qui pourraient en supporter
les conséquences et les craintes de ceux qui auront pour mission de les
mener. Tel est l'objet de la deuxième partie du présent rapport.