II. LA RELANCE DU PROCESSUS D'INTÉGRATION DES PAYS DES BALKANS OCCIDENTAUX AU SEIN DE L'UNION EUROPÉENNE IMPLIQUE DE RENFORCER À COURT TERME LES INSTRUMENTS STRATÉGIQUES DE SOUTIEN AUX PAYS DE LA RÉGION ET DE RÉFORMER À MOYEN TERME LE PROCESSUS D'ADHÉSION

A. L'UNION EUROPÉENNE PEUT AMÉLIORER À COURT TERME LA VALORISATION DE SON ACTION DANS LES BALKANS EN RENFORÇANT SES INSTRUMENTS DE LUTTE CONTRE LA DÉSINFORMATION ET LES CYBERATTAQUES

La notion de guerre hybride, qui correspond à « l'association de capacités militaires et non militaires »80(*) dans un environnement qui ne correspond pas à la guerre ouverte, est devenue centrale en Europe depuis le milieu des années 2010.

Alors que le Président de la République a qualifié en novembre 2022 la situation stratégique internationale de « guerre hybride mondialisée »81(*), les menaces hybrides concernent en premier lieu certains nouveaux champs de conflictualité au premier rang desquels l'espace cyber et l'espace informationnel.

Dans le contexte du déclenchement de la guerre en Ukraine le 24 février 2022, les pays des Balkans sont exposés de manière croissante à des menaces hybrides en provenance notamment de la Russie82(*). Pour répondre à l'importance croissante des menaces hybrides, l'Union européenne a prévu dans sa Boussole stratégique européenne adoptée en mars 2022 de développer une « boîte à outils hybride de l'Union européenne » pour venir au soutien des pays subissant des attaques hybrides.

Au regard de l'objectif d'accélérer l'intégration européenne des pays des Balkans occidentaux, l'Union européenne doit renforcer et consolider sa coopération avec ses partenaires des Balkans occidentaux en matière de lutte contre les menaces hybrides, en particulier dans le champ cyber et dans le champ informationnel.

En matière de lutte contre les cyberattaques, la France et la Slovénie ont lancé en novembre 2022 à Podgorica au Monténégro le centre de développement des capacités cyber dans les Balkans occidentaux (C3BO). Ce centre, ouvert aux six pays des Balkans occidentaux (Albanie, Bosnie-Herzégovine, Kosovo, Macédoine du Nord, Monténégro, Serbie), a pour objectif de renforcer les capacités cyber des forces de police, des magistrats ainsi que des opérateurs de cybersécurité des partenaires balkaniques de l'Union européenne.

Logo du C3BO

Source : Ministère de l'Europe et des affaires étrangères, direction de la coopération de sécurité et de défense, rapport d'activité 2022

En matière de lutte contre la désinformation, l'Union européenne a créé en 2017 une force opérationnelle pour les Balkans occidentaux (Western Balkans Task Force ou WBTF) rattachée à la division sur la communication stratégique du service européen pour l'action extérieure (SEAE) de l'Union européenne. Si les actions de cette force opérationnelle, qui organise notamment des conférences sur l'éducation aux médias dans les Balkans occidentaux, sont utiles, ses moyens sont encore limités avec seulement six emplois à temps plein et son efficacité serait renforcée par une meilleure coordination avec les actions mises en oeuvre directement par les États membres.

En cohérence avec sa politique de voisinage, avec la poursuite de l'aide financière versée par l'Union européenne aux pays des Balkans et avec les négociations d'adhésion en cours pour aboutir à l'intégration européenne des pays des Balkans occidentaux, l'Union européenne doit consolider son soutien aux pays de la région en matière de lutte contre les attaques hybrides.

Recommandation n°6. Renforcer la coopération entre l'Union européenne et les pays des Balkans occidentaux en matière de lutte contre les attaques hybrides, notamment contre les cyberattaques et la désinformation.


* 80 cf. Revue stratégique de défense et de sécurité nationale, 2017, §137

* 81 cf. Revue nationale stratégique, novembre 2022

* 82 Ministère de l'Europe et des affaires étrangères, réponses au questionnaire des rapporteurs