B. DIVERS FACTEURS, DONT LE MARCHÉ GAZIER, EXPLIQUENT CETTE FLAMBÉE
Tout d'abord, la reprise de la demande mondiale tire la demande et les prix des énergies.
Le rapporteur déplore un manque d'anticipation du Gouvernement : dans son plan de relance « Énergie », la commission s'était inquiétée, dès juin 2020, « d'un effet inflationniste en sortie de crise , les prix étant susceptibles de ? flamber ? » .
Plus encore, le marché du gaz fait face à des difficultés spécifiques.
• La dureté de l'hiver 2020-2021 a laissé les stockages de gaz européens à un faible niveau , à l'exception notable de la France.
• La demande de gaz naturel liquéfié (GNL) est élevée en Asie , la Chine étant devenue cette année le premier pays importateur de GNL devant le Japon.
• Les pays producteurs de gaz n'ont pas augmenté leurs exportations, la Norvège ayant dû réparer des installations et la Russie ayant peu rempli des stockages : l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a ainsi indiqué que « la Russie devrait faire davantage pour augmenter la disponibilité du gaz en Europe et garantir que les stocks soient remplis ».
Outre le marché gaz, le secteur de l'énergie est confronté à d'autres problèmes.
• Le prix du gaz a mécaniquement un impact sur celui de l'électricité : le principe du « coût marginal », qui régit le fonctionnement du marché de gros de l'électricité, fonde le prix de l'électricité sur le coût de la dernière centrale appelée, bien souvent une centrale à gaz, le ministre de l'économie ayant plaidé - sans succès - pour « découpler » ces prix et coût.
• Le « marché carbone européen » est sous tension : le prix d'une tonne de CO 2 a atteint 65 €, soit un doublement en six mois, ce qui explique « environ un cinquième » de la hausse du prix de l'électricité, selon le vice-président de la Commission européenne.
C. CETTE FLAMBÉE AFFECTE LES CONSOMMATEURS D'ÉNERGIE
Pour les ménages, une perte de pouvoir d'achat est à prévoir , car les dépenses d'énergie s'élèvent à 3 144 € par foyer en 2020, selon le ministère de la transition écologique (MTE). Pire, cette baisse conjoncturelle du pouvoir d'achat pourrait se muer en hausse structurelle de la précarité énergétique, qui affecte déjà 3,5 M de ménages, pour l'Observatoire national de la précarité énergétique (ONPE).
Lors de son audition, le Médiateur de l'énergie (MNE) a brossé un constat alarmant. 79 % des ménages interrogés considèrent le coût de l'énergie élevé. Plus grave, 60 % ont réduit leur chauffage, 25 % diffèrent leurs paiements et 20 % souffrent du froid. Par rapport à l'an passé, ces proportions sont en hausse de 5 à 10 points.
Pour les entreprises, une perte de compétitivité est à craindre, l'industrie représentant 9 % des dépenses d'énergie en 2020, selon le MTE. Parmi ces entreprises, celles énergo-intensives sont les plus à risque. Ces entreprises, très présentes dans les domaines de la métallurgie, de la chimie, de la papeterie ou de la cimenterie, représentent une consommation d'énergie de 65 térawattheures (TWh), soit la moitié de celle du secteur de l'industrie, comme indiqué par l'Union nationale des industries utilisatrices d'énergie (UNIDEN).
Selon le Gouvernement, le coût de l'énergie pour les industriels a augmenté de 34% en 2021 ; il est attendu que « les effets se ressentent beaucoup plus significativement à partir de 2022 ».
Hormis les ménages et les entreprises, les autorités organisatrices de la distribution d'énergie (AODE) , c'est-à-dire les collectivités territoriales propriétaires des réseaux d'électricité ou de gaz, sont aussi susceptibles d'être pénalisées : c'est pourquoi la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies (FNCCR) a indiqué au rapporteur que « la forte augmentation des prix de l'énergie a un impact direct sur les groupements d'achat des AODE ».