Retranscription des extraits des reportages vidéos projetés lors de la cérémonie

Première vidéo : Les 30 ans de la loi Neuwirth sur la pilule contraceptive 20 ( * )

À l'occasion du trentième anniversaire de la loi autorisant la prescription de la pilule contraceptive, ce reportage revient sur l'histoire de la loi Neuwirth avec des images d'archives de manifestations en faveur de la pilule et de débats parlementaires ainsi qu'une interview de Lucien Neuwirth, dans son bureau du Sénat, qui raconte son dernier entretien sur le sujet avec le général de Gaulle avant que celui-ci n'accepte le principe de cette loi.

Transcription du passage diffusé au Sénat :

« Ce produit fait partie du quotidien de plus de deux millions de femmes en France. Ce sont des contraceptifs que l'on appelle plus simplement la pilule. Pour que les femmes puissent aujourd'hui librement se les procurer en pharmacie, il a fallu que leurs mères et grands-mères se battent farouchement, dans les années 1960 et 1970, comme le prouve ce commentaire de l'époque : « Elles revendiquent la contraception libre et gratuite et la liberté de l'avortement . »

« Tout commence en 1967, quand Lucien Neuwirth présente un projet de loi pour libéraliser la contraception. Une libéralisation qui ne plaît pas à bon nombre de ses collègues députés, comme le prouve ce morceau choisi : « Les hommes perdront alors la fière conscience de leur virilité féconde et les femmes ne seront plus qu'un objet de volupté stérile . » Mais Lucien Neuwirth va trouver un allié tout à fait inattendu.

Propos de Lucien Neuwirth :

« Fort heureusement, au cours d'un déjeuner privé qui avait lieu à l'Élysée, le général de Gaulle m'avait dit : « Dites donc, Neuwirth, il faudra venir me parler de votre affaire ». Je lui dis : « Mon général, à la Libération, vous avez donné le droit de vote aux femmes : vous avez eu raison, elles l'avaient bien gagné pendant la Résistance. Vous avez bien fait de leur donner ce droit de vote. Eh bien maintenant, les temps sont venus de leur donner le droit de maîtriser leur fécondité, parce que c'est leur fécondité ! »

« Votée dans la nuit du 19 au 20 décembre 1967, la loi sera promulguée le 28 décembre et, c'est une curiosité, depuis Colombey-les-Deux-Églises et non pas depuis Paris ».

Deuxième vidéo : À l'Assemblée nationale, travaux préparatoires de la loi relative à la régulation des naissances 21 ( * )

Ce reportage porte sur les travaux de la commission spéciale constituée à l'Assemblée nationale pour étudier la proposition de loi de Lucien Neuwirth relative à la régulation des naissances.

La version intégrale de ce reportage présente une interview de Lucien Neuwirth, alors député UNR de Saint-Étienne, qui exprime ainsi sa conviction : « Pour nous, la loi de 1920 a été une loi de circonstance [...]. On doit en constater la nocivité et le fait qu'en 1966, et bientôt en 1967, elle n'a plus aucune raison d'exister [...]. C'est l'avenir même de notre peuple qui est concerné, cette affaire est une affaire nationale . »

Le passage diffusé au Sénat le 9 février 2017 est centré sur une interview de Marie-Claude Vaillant-Couturier, députée communiste, membre de la commission spéciale 22 ( * ) .

« Aujourd'hui à l'Assemblée nationale, une commission spéciale, composée de députés de tous les partis et présidée par le docteur Martin, a entendu pendant deux mois les principaux spécialistes des questions médicales, démographiques et morales qui touchent à la limitation des naissances.

« Dans le bureau du groupe communiste de l'Assemblée, nous avons rencontré un autre membre de la commission, Mme Marie-Claude Vaillant-Couturier.

Propos de Marie-Claude Vaillant-Couturier :

« Le groupe communiste est pour l'abrogation de la loi de 1920. Seulement, ça ne règlera pas le problème, parce que pour nous, le problème est le fait que les femmes doivent avoir le droit d'avoir - ou de ne pas avoir - des enfants, et d'en avoir le nombre qui leur paraît souhaitable et à l'époque où elles le désirent. Or l'abrogation de la loi de 1920 ne leur donnera qu'une liberté négative : celle de ne pas avoir des enfants. Normalement, une femme a envie d'avoir des enfants. Si on veut vraiment donner la liberté aux femmes d'avoir des enfants, ou de ne pas en avoir, et de les avoir quand elles le désirent, eh bien ! Il est indispensable de prendre, parallèlement à l'abrogation de la loi de 1920, des mesures qui permettent que le choix soit réellement libre. »


* 20 Reportage diffusé au Journal télévisé de 20 heures de la chaîne A2 (J.D. Flaysakier, M.H. Bonnot, J. Gregor, C. Moyon et F. Granet). Version intégrale sur le site de l'INA : http://www.ina.fr/video/CAB97144240/les-30-ans-de-la-loi-neuwirth-sur-la-pilule-contraceptive-video.html

* 21 Reportage ORTF ; réalisation Daniel Costelle, 20 décembre 1966. Version intégrale sur le site de l'INA : http://www.ina.fr/video/I07289511/a-l-assemblee-nationale-travaux-preparatoires-de-la-loi-relative-a-la-regulation-des-naissances-video.html

* 22 Marie-Claude Vaillant-Couturier (1912-1996), reporter, adhère en 1934 à la Jeunesse communiste , participe à la fondation de l' Union des jeunes filles de France , travaille à L'Humanité après la mort, en 1937, de son premier mari, Paul Vaillant-Couturier, député communiste et rédacteur en chef de ce journal. Elle entre dans la Résistance dès l'Armistice. Arrêtée en 1942, elle est déportée, dans le même convoi que Danielle Casanova, à Auschwitz puis à Ravensbrück. Députée communiste de la Seine de 1945 à 1958, de Paris de 1963 à 1967 puis du Val-de-Marne de 1967 à 1973, elle exerce à deux reprises (en 1956-1958 puis en 1967-1968) la fonction de vice-présidente de l'Assemblée nationale. En 1946, elle est témoin de l'accusation au procès de Nuremberg. En 1979, elle devient vice-présidente de l' Union des femmes françaises . À la création de la Fondation pour la mémoire de la déportation en 1990, elle en est élue présidente et en demeurera la présidente d'honneur jusqu'à son décès en 1996.

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