II. LA DÉFINITION D'UN MODÈLE AGRICOLE ROBUSTE ET RÉSILIENT
A. VERS UNE AGRICULTURE CLIMATO-INTELLIGENTE CONJUGUANT LOGIQUES D'ADAPTATION ET D'ATTÉNUATION
1. Agriculture et élevage, acteurs et victimes du changement climatique
L'agriculture et l'élevage constituent un secteur cardinal pour la problématique climatique. À l'aune des évolutions démographiques mondiales et du défi alimentaire corrélatif, l'activité agricole occupe une place déterminante dans la définition des politiques de réponse au changement climatique . En grande partie responsable de l'émission de gaz à effet de serre (GES) puisque l'exploitation des terres au sens large contribue à hauteur de 24 % des émissions globales 20 ( * ) , ce secteur offre toutefois à l'inverse des moyens de piéger le carbone . En outre, il est encore essentiel pour l'activité économique et l'emploi dans les outre-mer et subit directement les effets des transformations du climat. Cet impact porte autant sur les rendements et sur les volumes que sur les espèces et les variétés produites. La politique agricole doit donc conjuguer logique d'adaptation et exigence d'atténuation. Les actions à mener en ce domaine sont d'autant plus complexes qu'elles doivent se ramifier pour apporter simultanément des réponses aux questions connexes de la gestion des ressources en eau, de la protection de la biodiversité, de la frugalité énergétique et de l'éducation du public.
De multiples pressions liées, directement ou indirectement, aux transformations du climat affectent potentiellement l'agriculture. Il faudra compter avec des modifications de la pluviométrie à la fois en quantité, en fréquence et en distribution géographique et calendaire. Les risques, non seulement de sécheresse mais aussi d'épisodes de précipitations violentes, s'accroîtront. La salinisation des nappes phréatiques et des terrains littoraux devrait également s'étendre. La propagation induite de parasites, d'espèces invasives et de maladies vectorielles nécessiteront une adaptation des cultures, tant au niveau des variétés que des façons de produire à l'échelle de la parcelle et du territoire.
L'impact climatique se conjugue avec l'effet démographique pour mettre en tension et parfois remettre en cause les modes de production actuels . L'accroissement de la population mondiale appelle en effet un accroissement des rendements, sans épuiser les sols et les ressources en eau. C'est tout l'intérêt du concept de Climate Smart Agriculture , mis en avant par la Food and Agriculture Organization (FAO) des Nations Unies de proposer une approche de développement agricole intégrée qui vise à garantir la sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique, en liant l'augmentation durable de la productivité et des revenus agricoles, le renforcement de la résilience et de la capacité d'adaptation des systèmes agricoles et l'atténuation des émissions de GES 21 ( * ) .
Les enjeux sont intégrés et doivent être traités de façon globale, sans omettre en particulier la question de l'évolution des revenus des agriculteurs et des éleveurs. Les scénarios d'évolution du climat doivent aussi tenir compte des effets socioéconomiques du changement climatique : dans le scénario tendanciel par exemple, le principal effet du changement climatique serait de faire monter les prix des productions animales et végétales, de stimuler la déforestation pour trouver de nouvelles terres arables et, par ce biais, d'accélérer les émissions de GES.
La modélisation des effets prévisibles du changement climatique sur les rendements des productions agricoles essentielles des outre-mer est ardue. Cependant, tant pour la canne à sucre que pour la banane, les études disponibles pointent une diminution probable à moyen terme des rendements liée à un raccourcissement du cycle de culture, à une augmentation de la température et à des périodes de sécheresse plus marquées 22 ( * ) . L'impact serait plus important sur la canne, car la banane a une température optimale supérieure à celle de la canne. La productivité en sucre de la canne devrait se réduire à l'horizon 2030-2040 d'après ces simulations. En revanche, les bananeraies sont particulièrement vulnérables aux cyclones. Pour la culture de la banane se pose surtout la question de l'irrigation, bien mise en évidence par le modèle SIMBA développé par le Centre de coopération internationale en recherche agronomique et développement (Cirad) et l'Institut national de la recherche agronomique (Inra) sur le cas antillais.
À La Réunion, ont été développés, outre les modèles de croissance et de prévision pour la canne, d'autres modèles biotechniques sur l'effet du changement climatique sur les cultures d'ananas et de mangue. En Guyane, des travaux sont menés sur la croissance de la forêt naturelle guyanaise, maltraitée par une succession d'événements secs et pluvieux ; ils visent à anticiper le temps de régénération des espèces dans la forêt tropicale. Leurs résultats montrent une diminution des taux de croissance liée à l'augmentation de la température et une augmentation de la mortalité en liens avec des événements climatiques extrêmes (grande sécheresse ou pluies intenses). On peut s'attendre à une diminution forte de la productivité des peuplements forestiers. Pour les essences commerciales, comme l'angélique qui représente 60 % des volumes extraits, la crainte principale, est liée au stress hydrique dû à l'allongement et l'intensification de la saison sèche 23 ( * ) .
Il convient de ne pas sous-estimer le risque induit par le développement des espèces invasives . Ces dernières constituent un enjeu majeur pour les îles en raison de leur impact aussi bien sur la santé humaine que sur les cultures et l'environnement, soit directement, soit indirectement via le recours à des pesticides. À La Réunion, par exemple, l'augmentation de la température provoque très vite la pullulation des insectes et autres espèces invasives. Des études montrent qu'une augmentation d'un ou deux degrés peut faire varier les infections de cultures lors d'une épidémie de 10 % à 100 % 24 ( * ) . C'est une menace pour les agriculteurs, en particulier les cultivateurs de canne dans les Hauts, où la pression des insectes ravageurs s'intensifie. En particulier, la recrudescence du thrips noir de la canne à sucre paraît être un effet du changement climatique 25 ( * ) . Le même type de danger risque d'affecter la biodiversité du Parc national de La Réunion, classé au patrimoine mondial protégé par l'Unesco. Aux Antilles, il ne faut pas négliger les maladies fongiques - comme la cercosporiose du bananier - qui peuvent peser sur le rendement de la récolte mais aussi sur la conservation après récolte.
Par ailleurs, en raison de leur plus grande diversité génétique, les plantes adventices (« les mauvaises herbes ») devraient s'adapter plus rapidement et plus efficacement au changement climatique que les grandes cultures. La pression des plantes adventices devraient donc s'accroître sans qu'il soit envisageable d'intensifier la lutte chimique en raison de son impact environnemental, notamment sur les ressources en eau. C'est pourquoi des recherches ont actuellement menées, par exemple sur l'igname en Guadeloupe, pour développer des variétés de culture plus compétitives en termes de vigueur, d'efficacité d'interception du rayonnement et d'architecture du feuillage 26 ( * ) .
L'élevage risque également d'être durement touché par les perturbations climatiques qui peuvent créer des conditions plus favorables à la prolifération des vecteurs de certains pathogènes . Par exemple, le virus de la fièvre de la vallée du Rift est apparu à Mayotte, via du bétail probablement importé illégalement depuis les Comores. Toute l'Afrique de l'Est est touchée par cette épidémie qui a émergé à la suite d'un épisode d' El Niño et aux violentes pluies qui y ont été associées 27 ( * ) .
2. De la recherche à la transformation des pratiques et des habitudes
L'enjeu pour l'agriculture des outre-mer est de faire du défi et de la contrainte climatiques une opportunité de réorienter le développement vers des modes de production durables consommant moins d'intrants et capables de porter le défi démographique mondial, en particulier en termes de production de protéines végétales.
C'est surtout la variabilité climatique qui pose problème aux agriculteurs, notamment dans les zones tropicales où sont situés, pour l'essentiel, les outre-mer français. Elle est d'ores et déjà perçue par les agriculteurs et les filières de transformation. Il faut par conséquent parvenir à tracer des pistes concrètes de réduction de la vulnérabilité des agriculteurs à cette variabilité accrue, notamment en construisant des réseaux participatifs, en élaborant des outils d'aide à la décision suffisamment souples pour être transposables d'un territoire à l'autre et en renforçant la coopération entre les chercheurs et les producteurs. Les organismes de recherche agronomique comme le Cirad et l'Inra sont bien implantés dans les outre-mer et contribuent déjà de concert à engager ce processus dans une logique de transition agroécologique .
Le Cirad a spécifiquement pour mandat de travailler sur la recherche agronomique dans les zones tropicales en développement et dans les départements d'outre-mer. Les outre-mer représentent d'ailleurs un quart des effectifs du centre, qui y est présent depuis les années 1960, soit environ 400 personnes travaillant à La Réunion, à Mayotte, en Guadeloupe, en Martinique et en Guyane, dont 100 postes permanents de chercheurs. Dans les Antilles et en Guyane, cinq grands thèmes de recherche sont étudiés : l'agroécologie ; les maladies émergentes et la santé animale ; la biodiversité et la génétique des plantes tropicales ; la forêt ; les pâturages et l'élevage. Pour la zone Réunion-Mayotte, la recherche porte sur trois grands thèmes : la biodiversité et les risques sanitaires ; la qualité des productions agricoles et alimentaires ; les services environnementaux de l'agriculture et le recyclage des déchets organiques. Les collaborations avec l'Inra sont très étroites et intenses.
L'Inra est le premier établissement en termes de publication en sciences agronomiques au niveau international. Il a fait de l'adaptation au changement climatique et de son atténuation une des priorités de son action. Dans les outre-mer, il s'appuie sur un centre de recherche Antilles-Guyane qui compte quatre implantations, trois en Guadeloupe (Petit-Bourg, Godet et Gardel) et une en Guyane à Kourou. Y exercent au total 191 agents titulaires et 25 contractuels. Les recherches portent sur l'agroécologie, l'élevage et la socio-économie des territoires en Guadeloupe et sur la biodiversité de la forêt et sa sensibilité au changement climatique en Guyane.
L'adaptation des cultures présente de multiples facettes. L'une des plus importantes consiste à trouver des espèces plus résistantes à la sécheresse . Un programme du Cirad en Guadeloupe vise à réaliser des croisements de diverses variétés et espèces de bananiers pour obtenir des plants plus résistants au stress hydrique et disposant d'un système racinaire plus adapté qui permet une meilleure capture hydrique. D'autres travaux portent sur l'amélioration de la résistance des agrumes à la sécheresse et à la salinité. Ils consistent à valoriser la mise en culture de porte-greffes tétraploïdes 28 ( * ) . En effet, depuis le début du XX e siècle, les agrumes sont cultivés sur des porte-greffes qui les rendent plus résistants aux maladies. Pour limiter encore l'impact des maladies tout en s'adaptant au changement climatique, des porte-greffes hybrides ont été créés pour additionner les caractères des deux plants parents et cumuler ainsi leurs propriétés de tolérance. Cette hybridation confère à la variété greffée sur le porte-greffe tétraploïde une meilleure tolérance à la sécheresse et au stress salin sans affecter la qualité des fruits produits 29 ( * ) . Elle permet aussi de renforcer les agrumes contre une maladie bactérienne mortelle que les changements climatiques vont certainement contribuer à développer, le huanglongbing (HLB) appelé encore greening qui ravage la zone Caraïbe, le Brésil et la Floride, sans qu'aucun traitement curatif efficace ne soit disponible 30 ( * ) .
Des moyens de lutte biologique ont été développés par le Cirad à La Réunion pour faire face à des espèces invasives potentiellement stimulées par le changement climatique, en bénéficiant du soutien du Pôle de protection des plantes de Saint-Pierre. On peut citer comme exemples de réussite la lutte contre le ver blanc de la canne à sucre grâce à un champignon ou contre les mouches blanches grâce à l'introduction de microguêpes en cultures maraîchères et fruitières. Deux sociétés privées, Betel Réunion et La coccinelle, travaillent en partenariat étroit avec le Cirad pour développer des gammes d'auxiliaires biologiques 31 ( * ) . Avant même la lutte, ce sont la surveillance et le contrôle en amont qui sont essentiels. À cet effet des bases de données et des outils de science participative sont développés pour permettre une détection précoce des espèces préoccupantes. On peut citer comme exemple les applications mobiles Pl@ntnet et Diagnoplant, adaptées avec l'Inra pour identifier des bioagresseurs sur une parcelle.
Une plus grande diversité des cultures garantit prima facie une plus grande résilience aux aléas climatiques . C'est pourquoi la protection ou la réintroduction de variétés anciennes et la diversification des productions pour contrebalancer la fragilité des grandes monocultures (banane, canne à sucre) constituent des axes majeurs de transformation de l'agriculture ultramarine. Le modèle de polyculture offert par le jardin créole est particulièrement pertinent. 32 ( * ) Dans le souci de renforcer l'agrobiodiversité, l'Inra travaille aux Antilles à soutenir la petite agriculture familiale dont 75 % des exploitations sont en polyculture associée à de l'élevage . Les perturbations climatiques poussent à changer de paradigme pour reconquérir les productions vivrières à destination du marché local 33 ( * ) alors que les grandes cultures exportatrices sont plus exposées tant aux risques naturels qu'à une concurrence internationale exacerbée.
Le renforcement de la résilience environnementale et socioéconomique des systèmes de production et des territoires exige non seulement de travailler sur l'adaptabilité des espèces animales et végétales, mais aussi de développer des systèmes intégrés associant animaux et végétaux pour favoriser la substitution et l'interconversion des biomasses (perspective d'économie circulaire) ou encore de stimuler la production de services de régulation au niveau d'un territoire donné (séquestration du carbone, pollinisation, maintien de la qualité de l'eau, etc.) 34 ( * ) . Les modèles biophysiques et socioéconomiques méritent d'être couplés pour proposer des voies de développement innovantes dans lesquelles peuvent être combinés :
- une approche agroécologique des cultures réorientées vers le marché intérieur, dans une logique de réduction des importations, encore massives dans les outre-mer. Cela contribuera à réduire l'empreinte carbone en économisant sur les transports et en favorisant les circuits courts ;
- le recyclage par compostage de déchets organiques ;
- et les cultures énergétiques pour générer de la biomasse.
Ces pistes intéressantes pour conjuguer l'adaptation climatique et la transition énergétique constituent un exemple de perspective systémique pour penser l'adaptation de l'agriculture ultramarine au changement climatique. C'est la même démarche holistique qui inspire les recherches en cours d'application sur les plantes de services, c'est-à-dire sur les plantes qui apportent un service environnemental complémentaire dans la parcelle cultivée. L'introduction d'une nouvelle biodiversité végétale dans les systèmes de culture permet la régulation des bioagresseurs et des plantes adventices, la lutte contre l'érosion, l'amélioration de la fertilité des sols ou le recyclage d'éléments nutritifs par exemple 35 ( * ) .
En guise d'illustration on peut citer les pratiques d'enherbage des cultures d'arbres fruitiers ou la lutte contre des flétrissements bactériens des tomates avec des plantes assainissantes. Dans le cadre du plan Banane durable aux Antilles, des systèmes intégrant des plantes de service ont été conçus et sont en cours d'adoption par les producteurs. L'agriculture de conservation consiste à associer des plantes de couverture à une culture principale, de sorte que le sol soit couvert en permanence au fil des saisons. Cette démarche est associée à une diminution du labour. Les travaux sur la complémentarité entre végétaux offrent des résultats très intéressants pour limiter le recours à des intrants. Par exemple, aux Antilles est testée dans des bananeraies la culture de canavalia, qui fixe l'azote de l'air dans le sol sans en prélever trop, ce qui fournit au bananier une sorte d'engrais naturel. En outre, les racines du canavalia rejettent des substances nocives pour certains parasites du bananier.
Les modalités de transition agroécologique font d'ores et déjà l'objet de simulations à l'échelle des territoires concernés. D'après les simulations transmises par l'Inra, en 2040, une adaptation agroécologique de la Guadeloupe au changement climatique peut conduire à réduire de 10 % le total des émissions de GES produites dans l'archipel tous secteurs économiques confondus 36 ( * ) . Le programme Gaia-Trop financé par l'Agence nationale de la recherche (ANR) depuis 2013 porte sur la viabilité et la gouvernance adaptative des agrosystèmes des îles tropicales. Il a permis de concevoir des modèles mathématiques pour concevoir des chemins de transition agroécologique par aménagement de la biodiversité à l'échelle de l'exploitation agricole. Il constitue un outil d'aide à la décision à la disposition des responsables territoriaux et des exploitants agricoles des outre-mer 37 ( * ) .
3. L'outre-mer, interface entre le Nord et le Sud
Les implantations du Cirad et de l'Inra ultramarines offrent à ces organismes la possibilité d'étudier des agroécosystèmes tropicaux dont on sait qu'ils seront particulièrement vulnérables au changement climatique. Les outre-mer disposent ainsi d'un potentiel important de recherche et d'expertise scientifique qui peut être mobilisé pour développer des solutions adaptées et transposables dans d'autres régions tropicales . Par exemple, l'étude de la forêt en Guyane, les prévisions d'évolution comme l'élaboration de stratégies d'adaptation de l'exploitation ne peuvent manquer de se répercuter sur ce qui se fait au Brésil. Des interactions positives pour les outre-mer sont possibles dans l'autre sens ; par exemple, en matière de résistance à la sécheresse, les travaux du Cirad les plus importants sont situés en Afrique (mil, sorgho, arachide, caféier) mais peuvent irriguer l'agriculture ultramarine, qui est elle-même historiquement le fruit de la confluence d'imports sud-américains, africains et européens.
D'une manière générale, tous les sujets agricoles méritent d'être traités au niveau régional en interaction avec les pays environnant les outre-mer. C'est particulièrement vrai pour les aspects sanitaires puisque le risque épidémique et de propagation des maladies et des agents infectieux nécessite une surveillance au-delà des frontières nationales pour inclure aussi des pays dont les systèmes de santé humaine et vétérinaire sont moins performants. Le réseau CaribVET a été ainsi créé en 2000 pour renforcer et harmoniser la surveillance et le contrôle des maladies animales transfrontalières. Ce réseau rassemble désormais tous les pays de la zone et se développe dans le cadre du Caricom, l'organisation régionale des États de la Caraïbe. Les objectifs sont d'améliorer la situation sanitaire et la productivité des élevages et de promouvoir le commerce dans la Caraïbe. Des programmes de recherches bénéficiant de financements européens y trouvent aussi un ancrage et une infrastructure 38 ( * ) . Le réseau SEGA - « One Health », né en 2006 après une épidémie de Chikungunya et basé à La Réunion est le seul en son genre à aborder conjointement la santé humaine et la santé animale. Il se développe dans le cadre de la Commission de l'Océan Indien (COI). Un de ses membres essentiels est Madagascar qui est soumis à de fortes contraintes et fait de ce réseau un acteur en première ligne du suivi des maladies émergentes liées au changement climatique 39 ( * ) .
Des volets agricoles sont également prévus dans des programmes de coopération régionale. C'est le cas par exemple à La Réunion du programme régional de protection des végétaux (ePRPV) adossé à l'Initiative régionale agroécologie et changement climatique (IRACC), coordonné par la COI et financé par le Fonds international de développement agricole. Une plateforme régionale est installée à La Réunion pour discuter avec tous les ministres de l'agriculture et de l'environnement des pays voisins, en particulier pour diffuser les bonnes pratiques de lutte contre les ravageurs et les maladies affectant les cultures maraîchères et fruitières dont l'importance est essentielle pour les économies de la zone. Des actions sont en cours dans ce cadre contre la mouche des fruits aux Comores et contre le varroa, responsable de l'effondrement des populations d'abeilles, à Maurice et à Madagascar.
Les outre-mer apparaissent comme les fers de lance d'une nouvelle révolution agroécologique dont bénéficieront les pays les moins avancés (PMA). Grâce à la conjonction unique sur ces territoires de la vulnérabilité qui pousse à l'action, de l'expertise qui permet de comprendre et d'orienter les décisions et de l'exemplarité de pratiques déjà testées et mises en place, les outre-mer ont vocation à jouer un rôle d'interface entre les pays du Nord et les pays du Sud. Cela constitue assurément un atout pour la France, qui mériterait d'être valorisé au service du succès de la COP 21 au Bourget.
* 20 E. Torquebiau (ed.), Changement climatique et agricultures du monde, éditions Quae, 2015, p. 9.
* 21 Cf. Cirad, L'agriculture climato-intelligente (ACI), mars 2014 et www.fao.org/climatechange/epic/activities/what-is-climate-smart-agriculture/en/
* 22 Audition conjointe du Cirad, de l'Inra et de l'Irstea du 1 er avril 2015.
* 23 Contribution écrite du Cirad (B. Hérault).
* 24 Audition conjointe du Cirad, de l'Inra et de l'Irstea du 1 er avril 2015.
* 25 Contribution écrite du Cirad (R. Goebel).
* 26 Ibid. (D. Cornet).
* 27 Ibid. (R. Lancelot).
* 28 Une majorité d'agrumes présentent deux lots de chromosomes, soit 18 chromosomes au total, et sont dits diploïdes. Les tétraploïdes résultent de l'hybridation de diploïdes et possèdent 36 chromosomes.
* 29 Morillon, Dambier, Froelicher, Luro, Ollitault, « Des portes-greffes chez les agrumes, pour quoi faire ?, Fascination of Plants Day, Cirad-Inra-SupAgro, May 2015.
* 30 Contribution écrite du Cirad (PY. Teycheney).
* 31 Ibid. (B. Reynaud).
* 32 Cf. présentation ci-dessous d'un jardin créole à Marie-Galante visité par vos rapporteurs.
* 33 Harry Ozier-Lafontaine, directeur du centre Antilles-Guyane de l'Inra, contribution écrite, octobre 2015.
* 34 Ibid.
* 35 Contribution écrite du Cirad (L. de Lapeyre).
* 36 Harry Ozier-Lafontaine, directeur du centre Antilles-Guyane de l'Inra, contribution écrite, octobre 2015. Cette simulation résulte d'une simulation de l'évolution des paysages agricoles de la Guadeloupe prévoyant un remplacement de canne à sucre et de banane par des cultures énergétiques et des pâtures. (P. Chopin, 2015, Prototypage de mosaïques de systèmes de culture répondant à des enjeux de développement durable des territoires ; application à la Guadeloupe. Thèse de l'Université des Antilles).
* 37 Ibid.
* 38 Contribution écrite du Cirad (R. Lancelot).
* 39 Ibid.