Introduction
Robert Laufoaulu, Sénateur des îles Wallis et Futuna
Après avoir eu le plaisir d'intervenir ici même en janvier 2013 lors du colloque sur « La France dans le Pacifique : quelle vision pour le 21 e siècle », organisé par notre délégation à l'outre-mer en partenariat avec le quai d'Orsay et qui avait emporté un beau succès, je suis heureux de constater que cette nouvelle journée consacrée au Pacifique a encore suscité une forte mobilisation, dans la sphère économique comme dans un public plus large attiré par un programme extrêmement dense et prometteur.
Notre quatrième table ronde, centrée sur la mise en valeur des potentiels, sur les réalisations innovantes et les projets porteurs d'avenir en termes de développement durable et de prise en compte des évolutions climatiques, offrira une palette d'illustrations afin de contribuer à la prise de conscience collective - une prise de conscience qui, je l'espère, s'emparera des décideurs pour faire de la recherche fondamentale comme de la recherche appliquée et de leur traduction industrielle en filières organisées une priorité des politiques publiques.
Nos territoires ultramarins, en particulier nos collectivités du Pacifique, particulièrement exposés aux effets du dérèglement climatique, sont au coeur de cette prise de conscience.
Sentinelles qui, aux avant-postes, subissent ces dérèglements dans leurs manifestations les plus violentes, nos territoires sont aussi, et corrélativement, pionniers dans la conduite à tenir en termes d'appropriation de ces phénomènes et des transformations profondes qu'ils induisent.
Territoires terrestres et maritimes où naissent des projets pilotes innovants, nos collectivités voient se multiplier les initiatives émanant de la sphère économique comme de la sphère publique. Des réalisations magistrales montrent l'intérêt de créer des synergies et de développer des partenariats pour une efficience majorée. Je pense bien sûr à la campagne d'exploration scientifique de la ZEE de Wallis-et-Futuna pour la recherche des ressources minérales profondes, dont l'approvisionnement est devenu un enjeu stratégique au plan mondial. Cette campagne est mise en oeuvre dans le cadre d'un partenariat public-privé associant des entités publiques telles que l'Ifremer et le BRGM et les entreprises privées que sont ERAMET et Technip. D'autres démarches structurantes, au plan local, sont également révélatrices d'une évolution favorable : je citerai pour la Nouvelle-Calédonie la mise en place par l'ADECAL de centres aquacoles en vue de valoriser certaines productions haut de gamme, comme celle de la fameuse crevette bleue ou d'explorer les nombreuses applications liées à la culture des micro-algues. Je citerai également la Polynésie française où l'appréhension de la transversalité et de l'importance de l'enjeu maritime a donné lieu, dans le gouvernement actuel, à la désignation d'un ministre de la relance économique et de l'économie bleue.
Ces observations sont symptomatiques d'une évolution des mentalités et de l'émergence d'une volonté selon laquelle les politiques publiques doivent désormais s'étalonner sur le critère environnemental afin de préserver et valoriser un patrimoine exceptionnel, notamment maritime, qui confère à nos territoires leur caractère attractif - je pense bien sûr au développement d'un secteur clef, le tourisme. La prise en compte de la dimension environnementale, comme moteur de l'innovation, comme moteur d'activité et non comme facteur d'immobilisme et de « mise sous cloche », doit devenir la pierre angulaire de l'effort d'investissement dans nos outre-mer. Les nombreux exemples qui vont nous être présentés au cours de cette table ronde montrent que le mouvement est en marche !