B. UNE ACTION DIPLOMATIQUE TARDIVE
1. La préparation d'une feuille de route nationale pour l'Arctique
À l'initiative de Michel Rocard, ambassadeur chargé des négociations internationales relatives aux pôles Arctique et Antarctique, la diplomatie française a lancé la préparation d'une feuille de route nationale pour l'Arctique à la fin de 2013.
Une première phase de consultation a été ouverte, qui vise à recueillir le maximum d'informations sur l'Arctique et les intérêts français dans la région. Cela implique en premier lieu les ambassades françaises présentes dans les pays ayant un intérêt plus ou moins lointain avec l'Arctique. En second lieu, la consultation d'autres ministères est elle aussi nécessaire : le Ministère de l'Écologie, du développement durable et de l'énergie ; le Ministère de la Recherche ; le Ministère des Transports. Un travail formidable a déjà été effectué qui a, en grande partie, inspiré ce rapport.
Dans un second temps, une phase de compilation des données, de croisement des informations et de réflexion va commencer prochainement, avant consultation de la société civile.
L'objectif est d'aboutir à une stratégie pour l'Arctique, à l'instar de ce qu'ont fait par exemple l'Allemagne et le Royaume-Uni. Il est temps d'agir, car la France est le dernier grand pays à ne pas s'être officiellement dotée d'une telle doctrine.
2. Un retard qui peut constituer un atout
On peut regretter que la France n'ait pas encore adopté sa feuille de route. Les changements dans l'Arctique sont rapides et s'accélèrent. S'il est normal que les pays arctiques soient les premiers concernés, certaines grandes puissances mondiales comme la Chine (qui construit déjà un, voire plusieurs bris-glace) sont entrés en action. Au sein même de l'Europe, les grands pays ont adopté une position officielle.
Le message de la France ne sera-t-il pas porté trop tard ? L'impératif écologique n'impose-t-il pas qu'il faille agir vite ? Nos entreprises ne vont-elles pas arriver après les autres sur un marché qui se développe ? Ne s'agit-il pas du signe d'une nouvelle perte d'influence de la France dans le monde ?
On peut certes penser que notre pays aurait dû réagir plus tôt. Pourtant, arriver « après les autres » ne présente pas que des défauts. La France va adopter une stratégie éclairée en ayant une idée précise de la position de ses voisins, sur la base des connaissances scientifiques les plus récentes. Elle pourra tenir compte des premières réussites et des premiers échecs.
Surtout, la feuille de route française va être publiée tandis que l'Union européenne cherche elle-même la position qu'elle doit adopter vis à vis de l'Arctique. C'est l'occasion pour la France de construire également un message fédérateur, véritablement européen, à destination des pays du Grand Nord. Elle doit inscrire sa propre démarche dans une perspective européenne.