IV. POUR UN DISPOSITIF RÉGIONAL DE SOUTIEN À L'EXPORT DES PME ET DES TPE LISIBLE ET EFFICACE
A. CONSTATS AU NIVEAU RÉGIONAL : UNE MOSAÏQUE D'ACTEURS QUI REND ILLISIBLE LE SOUTIEN AUX PME
Les régions participent très activement au développement économique et à l'internationalisation des entreprises. C'est pourquoi, sans porter atteinte à la libre administration des collectivités locales, il importe de se poser des questions sur la manière de rendre encore plus performante l'offre agroalimentaire française.
Quels axes d'amélioration seraient souhaitables pour renforcer la coordination avec l'ensemble des acteurs publics et privés qu'il s'agisse des réseaux de l'État (Ubifrance, Sopexa), des réseaux consulaires, des filières, des interprofessions, et des entreprises ?
Quelles sont les synergies développées en matière de gestion et en matière d'optimisation de l'influence sur les marchés extérieurs ? L'articulation des dispositifs publics nationaux avec l'action régionale d'appui aux exportations agroalimentaires est-elle suffisante ? Quelles seraient les voies d'améliorations envisageables au niveau régional pour mieux faire circuler l'information entre l'aval (marché à l'export) et l'amont (production agricole et agroalimentaire) ?
Pour approfondir ces questions, une table ronde réunissant l'ensemble des acteurs publics et privés de l'agroalimentaire et de l'export a été organisée le 22 février 2013 pour travailler sur deux thèmes :
- le retour d'expérience et recueil des besoins exprimés par les entreprises et opérateurs privés de l'export ;
- les synergies des acteurs institutionnels régionaux et la coordination entre offre régionale et stratégies aux niveaux national et international.
En outre, un questionnaire a été adressé aux conseils régionaux.
1. La duplication au niveau régional de la multiplicité des acteurs nationaux
a) L'État : un dispositif pléthorique ...
Au terme de ces travaux, le constat est sans ambiguïté : les entreprises considèrent que le dispositif public est illisible , qu'il manque de simplicité et qu'il n'y a pas d'interlocuteur clairement identifié capable d'orienter les PME et TPE vers les structures adéquates.
L'État duplique au niveau régional ses structures centrales et il en ressort un dispositif pléthorique :
- les directions régionales de l'agriculture, de l'alimentation et de la forêt (DRAAF) ;
- les conseillers internationaux des DIRECCTE ;
- les Douanes ;
- les 6 directeurs interrégionaux d'Ubifrance et leurs délégués hébergés dans chaque chambre de commerce et d'industrie régionale ;
- les 14 bureaux de la COFACE ;
- les CCEF en régions ;
- les 37 directions régionales d'OSEO, devenu Bpifrance ;
- les ambassadeurs en régions.
Répartition des six directeurs d'Ubifrance et des 25 délégués régionaux
Source : Ubifrance
En outre, il faudra également compter sur le déploiement progressif sur le territoire de mars 2013 à janvier 2014, d'une quarantaine de « chargés d'affaires internationaux » Ubifrance au sein des équipes de Bpifrance, dédiés au suivi personnalisé des entreprises à fort potentiel de croissance avec un objectif d'accompagnement de 1 000 entreprises dites « Premium » sur la période 2013-2015 dont environ 10 % d'accompagnement doivent concerner l'agroalimentaire), soit une centaine d'entreprises.
b) ... qui s'ajoute à des acteurs locaux du soutien à l'export déjà nombreux
Lorsqu'on observe depuis le terrain, la mosaïque des administrations de l'État se surajoute aux acteurs locaux vers lesquels les entreprises s'orientent plus naturellement :
- les régions ;
- le réseau consulaire ;
- les associations régionales des industries agroalimentaires (ARIA) ;
- les filières ;
- les acteurs privés, dits « opérateurs spécialisés du commerce international » (OSCI).
Au final, le constat est accablant : les entreprises considèrent que le dispositif est illisible, et manque de simplicité . Il n'y a pas d'interlocuteur unique capable d'orienter les PME et TPE.
2. Une montée en puissance différenciée selon les régions et leurs spécificités
a) Des compétences mises en oeuvre de manière très diversifiée...
Dans ce contexte, il faut observer une montée en puissance des régions dans l'internationalisation des entreprises. Le rapport « Bentéjac-Desponts » a identifié trois explications à ce phénomène :
- les compétences reconnues aux régions en matière de développement économique ;
- leur présence à l'étranger déjà entamée à l'occasion de projets de coopération décentralisée ;
- mais aussi, et surtout, les lacunes des acteurs nationaux dans l'accompagnement des PME et TPE, soit par manque de disponibilité du réseau, soit par inadéquation des services proposés.
Aussi, les spécificités et les besoins propres à chaque région les ont conduites à mettre en oeuvre leurs compétences de manière très diversifiée : sous forme associative (ERAI), de société d'économie mixte (Sud de France développement) ou encore par regroupement d'entités existantes, par exemple Bretagne commerce international.
Ensuite, les objectifs poursuivis peuvent aussi varier, qu'il s'agisse de l'hébergement et de la représentation commerciale à l'étranger (ERAI, ARD-Ile de France), de la promotion d'une marque régionale (Sud de France). Les moyens mis en oeuvre demeurent aussi très divers. Certains font appel à des consultants privés, d'autre à des partenariats avec les chambres de commerce et d'industrie françaises à l'étranger ou avec Ubifrance.
b) ... avec une présence de plus en plus affirmée des régions à l'international ...
La présence à l'étranger des régions s'est très clairement affirmée, en atteste les quelques 151 implantations ou relais recensés par la mission Bentéjac-Desponts : 151 implantations ou relais à l'étranger dont 59 bureaux physiques (27 pour ERAI) et dont 80 relais pour Bretagne commerce international.
c) ... et le développement de stratégies spécifiques
Vos rapporteurs spéciaux ont réaffirmé la nécessité de rationaliser le dispositif tout en respectant les spécificités régionales.
Ainsi, la région Languedoc-Roussillon a développé une approche intégrée et globale en créant une marque régionale « Sud de France » englobant tout le champ de l'attractivité, de l'investissement et du tourisme. À l'inverse, d'autres régions ont privilégié des approches sectorielles ou complémentaires de labels ou marques promus par le secteur privé, par exemple « Produit en Bretagne » et sa déclinaison au travers de la marque « Bretagne excellence ».