2. Une meilleure appréhension des incertitudes

L'accident de Fukushima incite à une vigilance accrue dans la prise en compte des risques, d'autant que l'incertitude n'est pas négligeable, en raison de la fiabilité partielle des données historiques et, plus encore, paléo-historiques.

La poursuite des travaux de recherche est donc souhaitable :

- D'une part, pour évaluer de façon aussi précise que possible les marges d'incertitude et les modalités souhaitables de leur prise en compte dans les installations industrielles, par le système de majorations des risques (séismes majorés de sécurité, crues millénales majorées...) :

« Les données comportent des incertitudes et ces incertitudes méritent d'être prises en compte tout au long de la démarche de caractérisation de l'aléa sismique. A ce jour, les recommandations françaises en la matière (RFS 2001-01) ne précisent pas explicitement comment ces incertitudes doivent être prises en compte. Des avancées dans ce domaine sont intervenues depuis 2001. La question d'une évolution de la RFS sur ce point est donc clairement posée. Nous avons également noté l'importance des travaux de recherche à mener pour améliorer la fiabilité des données » 18 ( * ) .

- D'autre part, pour améliorer les connaissances historiques et paléo-historiques, dans le domaine des risques majeurs.

Un exemple de domaine dans lequel la recherche et la prévention ont progressé au cours des dernières années est celui du risque de tsunami, après celui du 26 décembre 2004 qui a ravagé l'océan Indien.

En témoigne la création d'un centre d'alerte aux tsunamis pour l'Atlantique nord-est et la Méditerranée occidentale au centre CEA de Bruyères-le-Châtel (Essonne), qui sera opérationnel mi-2012, et jouera également un rôle au niveau international puisqu'il sera le centre régional d'alerte aux tsunamis pour tous les pays de la Méditerranée occidentale. En dehors des côtes méditerranéennes, où le risque est avéré mais où n'existe aucune centrale nucléaire française, un tsunami pourrait-il affecter les autres côtes de la métropole ? En 1755, le tremblement de terre de Lisbonne fut suivi quelques dizaines de minutes plus tard par un raz-de-marée destructeur qui s'est étendu jusqu'aux côtes françaises 19 ( * ) . La base de données du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) recense un certain nombre de tsunamis connus sur les côtes françaises. Comme cela a été évoqué ci-dessus, dans le cadre de la refonte de la RFS « Inondation », l'ASN s'intéresse notamment aux centrales situées sur les côtes: Blayais (Gironde), Flamanville (Manche), Paluel et Penly (Seine-Maritime), Gravelines (Nord).

Il convient, en outre, de conserver en mémoire qu'un tsunami est possible même en l'absence de risque sismique fort, d'une part en raison de la nature du phénomène susceptible de se propager sur des centaines voire des milliers de kilomètres, d'autre part en raison de la possibilité de tsunamis locaux résultant de mouvements de terrain (comme cela s'est produit à Nice après l'effondrement en mer d'une plateforme de l'aéroport le 16 octobre 1979).

L'hypothèse de chocs encore plus violents et destructeurs, notamment du fait de phénomènes naturels extrêmes, susceptibles en plus de se cumuler, amène à s'interroger non seulement sur le renforcement des structures des installations nucléaires, mais aussi sur la mise en place d'une nouvelle ligne de défense d'arrière-garde, à distance des installations.


* 18 Conclusion du séminaire scientifique international « Risque sismique et sûreté nucléaire », Strasbourg, 17 juin 2009 (ASN).

* 19 http://www.tsunamis.fr/

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