II.- LES AXES PRIORITAIRES DU RENFORCEMENT DU DISPOSITIF
Comme nous venons de le voir, la sécurité et la sûreté nucléaire sont gérées en France d'une manière très rigoureuse ; toutefois, vos rapporteurs ont identifié des axes d'amélioration possible, notamment la nécessaire meilleure prise en compte des risques aggravés suite à l'accident de Fukushima, ainsi que l'exigence de progrès permanent qui est indissociable du concept de sûreté.
A. - LA PRISE EN COMPTE D'AUTRES FORMES DE RISQUES MAJEURS
Le renforcement des installations nucléaires face aux aléas majeurs nécessite, tout à la fois, d'approfondir les connaissances historiques et paléo-historiques sur ces aléas, de mieux maîtriser les marges d'incertitude sur leur évaluation, et de prendre en compte la possibilité de combinaison de plusieurs d'entre eux. Ce renforcement peut également passer par l'ajout d'une nouvelle ligne de défense, permettant, d'une part, de mobiliser très rapidement des moyens mobiles sur le site et, d'autre part, de piloter à distance certaines fonctions.
1. L'intégration de l'hypothèse de chocs simultanés ou en cascade
Le progrès des connaissances dans le domaine des aléas majeurs est un objectif prioritaire, puisqu'il permet une amélioration continue de la sûreté nucléaire, par le biais des réexamens de sûreté. Au cours de ces réexamens, l'ASN procède en effet à une revue des protections existantes, compte tenu non seulement des exigences requises lors de la conception de l'installation, mais aussi des connaissances théoriques et retours d'expérience nouveaux, qui sont susceptibles de conduire à demander à l'exploitant de renforcer ses dispositifs de sécurité.
Les accidents nucléaires de Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima nous enseignent que c'est rarement un risque réalisé isolément qui entraîne des difficultés majeures, mais plutôt des scénarios de combinaison de risques.
Il convient notamment de prendre en compte tous les types d'installations et d'activités, ainsi que les interactions possibles entre sites comportant des industries diverses, comme cela a été mentionné plus haut dans le cas de Gravelines. L'impact d'éventuelles erreurs humaines dans le déroulement d'un accident doit également être pris en considération.
Le développement des études dites probabilistes constitue de ce point de vue un complément utile à l'approche dite déterministe qui prévaut dans le domaine de sûreté nucléaire.
APPROCHES DÉTERMINISTE ET PROBABILISTE La démonstration de la sûreté des réacteurs nucléaires français repose pour l'essentiel sur une approche déterministe, c'est-à-dire que les dispositions de conception retenues par l'exploitant sont justifiées notamment par l'étude d'un nombre limité d'accidents de dimensionnement et par l'application de règles et critères qui incluent des marges et des conservatismes. Cette approche est complétée par la réalisation des études probabilistes de sûreté (EPS). Les EPS sont une méthode d'évaluation des risques fondée sur une investigation systématique des scénarios accidentels. Elles se composent d'un ensemble d'analyses techniques permettant d'apprécier les risques liés aux installations nucléaires en termes de fréquence des événements redoutés et de leurs conséquences. Source : ASN (Revue Contrôle n° 155) |