(2) Définir des projets et assurer un cadre favorable à l'activité économique
(a) Il revient aux acteurs locaux de déterminer les potentialités de leurs territoires et mettre en oeuvre les projets correspondants.
Face à la situation économique et sociale des DOM, il revient aux acteurs locaux, collectivités territoriales et chambres consulaires notamment, de déterminer les potentialités de leurs territoires et de construire de façon coordonnée des projets de développement correspondants .
L'élaboration par les acteurs locaux d'un véritable projet de développement est aujourd'hui nécessaire dans le domaine touristique .
Le secteur du tourisme traverse une grave crise dans les DOM : depuis 2000 ont été ainsi enregistrées une diminution de la fréquentation aéroportuaire de 12,8 %, la fermeture de 12,1 % du nombre de chambres en hôtellerie classée et non classée, une baisse de 21 % du nombre de nuitées ou encore une chute de plus de 75 % du nombre de croisiéristes 128 ( * ) . La situation s'est encore aggravée aux Antilles depuis le mouvement social : les réservations enregistrées pour l'été 2009 dans les deux départements s'effondrent de 88 % selon les carnets de commandes des tour-opérateurs.
Les DOM disposent pourtant de nombreux atouts (situation géographique, climat, paysages) qui avaient permis un développement de ce secteur, notamment aux Antilles.
Mais plusieurs éléments constituent aujourd'hui des handicaps :
- la concurrence exercée par les autres destinations touristiques de la Caraïbe (Cuba et République dominicaine notamment) ou de l'océan Indien (Seychelles, Maurice) ;
- la difficulté en matière de desserte aérienne : les professionnels du tourisme soulignent en effet que les DOM sont desservis quasiment exclusivement depuis Orly, alors que les avions en provenance des capitales européennes arrivent à Roissy ;
La desserte des départements d'outre-mer La mission s'est interrogée sur les raisons de la desserte des DOM depuis Orly. Il est apparu qu'il s'agit d'un choix des compagnies aériennes, les obligations de service public n'imposant pas un aéroport de départ. Certaines compagnies desservent d'ailleurs les DOM depuis Roissy (Air Austral pour La Réunion) ou depuis la province. Interrogée par la mission, la compagnie Air France KLM a justifié le choix d'Orly pour la desserte des DOM par le fait que 90 % de la demande de transport provenait de passagers voyageant entre les DOM et la région parisienne, ou les DOM et la province française. L'aéroport d'Orly est celui qui répond le mieux au souhait de cette clientèle, du fait de sa facilité d'accès en Île-de-France, et parce qu'il offre les meilleures correspondances pour la province française. Entre 2003 et 2005, Air France a cependant affrété des vols au départ de Roissy afin de tester la réponse du marché. Selon la compagnie, les résultats ont été peu concluants : les coefficients de remplissage ont été inférieurs de 10% sur cette période à leur niveau précédent, le trafic à partir de la province française a diminué et aucun accroissement du trafic en provenance d'autres pays européens n'a été constaté. En dépit des résultats de cette expérience, jugés décevants par Air France, la mission estime que la desserte des DOM à partir de Roissy est essentielle pour assurer la diversification de la clientèle touristique. |
- une dépendance trop forte par rapport au marché français, qui représente près de 80 % du chiffre d'affaires de la filière tourisme. Cette dépendance explique la saisonnalité importante du marché : en Martinique, 60 % du chiffre d'affaires annuel du secteur est réalisé sur les quatre premiers mois de l'année civile ;
- le déficit en matière d'accueil et de formation touristique, souligné par l'ensemble des professionnels rencontrés par la mission.
Il est donc indispensable que les acteurs locaux, notamment antillais, mènent une véritable réflexion sur les potentialités de leurs territoires et sur l'offre touristique qui pourrait permettre un véritable « décollage » du secteur. Les représentants du pôle Emploi de la Martinique ont ainsi indiqué aux membres de la mission qu'il serait souhaitable, aux Antilles, de recentrer l'offre touristique vers le haut de gamme ou vers l'éco-tourisme et de lancer des initiatives fortes en matière de formation touristique.
Au-delà de la nécessaire élaboration de projets de développement économique, la mission estime qu'il est nécessaire que ces projets soient conçus de façon coordonnée entre les différents niveaux de collectivité .
La mission a en effet pu constater à plusieurs reprises que les collectivités territoriales lançaient des projets de façon non coordonnée, voire concurrente.
À La Réunion par exemple, le Conseil régional a lancé le plan Réunionnais de Développement Durable (PR2D), le conseil général le Schéma d'Aménagement et de développement durable, tandis que le monde économique concevait « La Réunion Ile Verte ». La multiplication de ces projets de développement concurrents a d'ailleurs conduit le Conseil économique et social régional à élaborer une « synthèse des stratégies macro-économiques ».
Proposition n° 48 : Parvenir à une planification coordonnée entre les différents niveaux de collectivités en matière de projets de développement économique. |
* 128 Cf. « DOM, comment sortir de la suradministration et de l'assistanat », IFRAP, juin 2009