2. Internet ou la menace de « big brother »
Internet a été introduit en Chine en 1994. Dans son article précité, M. Chen Yan estime que sa contribution à la liberté d'expression en Chine est triple, avec :
- « l'ouverture d'une voie directe permettant à une partie non négligeable de la population de s'exprimer » ;
- le fait de « favoriser les liens horizontaux de la société », ce qui permet de « rompre les frontières traditionnelles entre les élites et la population » ;
- et celui de « lancer un défi aux médias chinois dans leur ensemble ».
Cependant, la revue Questions internationales 10 ( * ) fait état d'une loi votée en janvier 2001 par l'Assemblée populaire nationale de Chine contre « l'utilisation criminelle » d'Internet, qui permettrait « les arrestations régulières de « cyber-dissidents », coupables de naviguer sur les sites d'opposants au régime ou de critiquer en ligne le gouvernement. »
Plus récemment, d'après la publication Correspondance de la presse 11 ( * ) , la Chine aurait édicté de nouvelles mesures renforçant le contrôle des autorités sur les sites d'informations sur Internet, un nouveau règlement interdisant notamment de mentionner les manifestations de protestation sociale qui se multiplient dans le pays. L'article précise que « les sociétés chinoises doivent s'enregistrer auprès des autorités, nationales ou locales, et contrôler le contenu de leurs sites avec une série de sujets interdits, sous peine, en cas d'infraction, de voir leurs sites fermés et d'amendes pouvant aller de 10 000 à 30 000 yuans (1 240 à 3 717 dollars). Tout projet de joint-venture avec des capitaux étrangers pour la création d'un site d'informations devra être strictement approuvé par le bureau de l'information du Conseil d'Etat. »
Précisons que la Chine se situe au 2 e rang pour le nombre d'usagers d'Internet, juste après les Etas-Unis, avec plus de 100 millions d'internautes . Le taux de pénétration reste toutefois faible, à 7,9 % des foyers. Parallèlement à cette évolution liée au développement des nouvelles technologies, qui ouvre des espaces de liberté à la société civile - avec notamment le développement des « blogs » et des forums de discussion -, l'Etat cherche donc à encadrer ces derniers.
Les médias occidentaux se sont d'ailleurs émus que les grandes sociétés mondiales du secteur, comme Google, Microsoft et Yahoo!, se soient engagées à une autocensure sur leur portail.
Ils contribuent ainsi à ce que l'on appelle le « grand pare-feu de la Chine », système de censure en ligne et de blocage, renforcé par une surveillance humaine.
Le Congrès américain s'en est récemment inquiété 12 ( * ) et la commission chargée des questions de droits de l'homme de la Chambre des Représentants a auditionné les sociétés concernées sur le sujet.
* 10 Revue « Questions internationales » n°6 de mars-avril 2004.
* 11 « Correspondance de la presse » du 28 septembre 2005.
* 12 Voir l'article de M. Nicolas Madelaine dans « Les Echos » du 16 février 2006.