2. Le « réveil » de la recherche en Chine
a) La Chine : 3e puissance scientifique du monde
A l'heure actuelle, les pouvoirs publics chinois ont pleinement conscience du besoin d'encourager la recherche et l'innovation technologique. L'impérieuse nécessité pour le pays de poursuivre un développement économique durable contribue à rendre cette politique prioritaire .
La Chine peut, d'ores et déjà, être considérée comme la 3 e puissance scientifique du monde . En 2004, elle a consacré plus de 18 milliards d'euros à ses dépenses de recherche et développement (R&D), contre 15 milliards en 2003 et 13 en 2002.
La Chine compte aujourd'hui environ 810 000 chercheurs, soit plus que le Japon (680 000) et presque autant que l'Union européenne (1 million). Les étudiants et chercheurs poursuivant une activité à l'étranger sont fortement incités à revenir au pays, via une politique d'aides directes.
La mise en oeuvre d'une politique de ressources humaines liant directement la rémunération des chercheurs à leurs résultats a permis à la fois une augmentation de leur production scientifique et une forte amélioration de leur niveau de vie.
D'après M. Stéphane Grumbach 6 ( * ) , directeur de recherche à l'Institut national de recherche en information et en automatique (INRIA) et ancien conseiller scientifique à l'Ambassade de France en Chine, cette dernière recruterait aujourd'hui ses meilleurs chercheurs au même niveau de rémunération qu'aux Etats-Unis. Selon lui, la Chine occupait, en 2003, le 5 e rang mondial pour la production scientifique (derrière les Etats-Unis, le Japon, le Royaume-Uni et l'Allemagne), avec 5,1 % des publications internationales. L'impact reste cependant modeste, le pays n'occupant à cette date que la 18 e place pour le taux de citation de ses publications.
Afin d'encourager l'innovation, les pouvoirs publics affichent une volonté d'ouverture sur les sujets de recherche. Le contrôle centralisé reste cependant de mise et un certain nombre de chercheurs semblent se plaindre d'un manque d'autonomie.
b) La priorité jusqu'ici donnée à la recherche appliquée
Deux axes de développement caractérisent la politique scientifique du pays :
- l'un, à visées stratégiques, concerne surtout la recherche fondamentale ;
- l'autre poursuit une rentabilité économique rapide et relève, par conséquent, de la recherche appliquée .
La faiblesse de la recherche fondamentale (avec environ 6 % des dépenses) montre que ce second axe semble avoir été jusqu'ici privilégié. Cette stratégie a bénéficié, en particulier, aux secteurs de l'énergie, des sciences et technologies de l'information et de la communication, des sciences de la vie et des biotechnologies, ainsi que des nouveaux matériaux.
La Chine souhaite, par ailleurs, favoriser la visibilité de certaines opérations. Elle tient ainsi, par exemple, à combler son retard dans le domaine spatial. Elle a déjà réalisé avec succès plus de 40 lancements de satellites depuis 1996, prévoit un vol habité tous les deux ans et envisage d'envoyer une sonde d'exploration de la lune en 2007.
* 6 Article paru dans le « Monde de l'économie » du 11 janvier 2005.