B. LE NOUVEL ÉLAN DE LA RECHERCHE CHINOISE

1. Heurs et malheurs de la recherche en Chine

a) Une civilisation à l'origine de nombreuses inventions

M. Alain Peyrefitte indiquait, dans son fameux ouvrage de 1973 5 ( * ) : « Un siècle et demi de déclin a fait oublier que la Chine, durant des millénaires, s'était portée à la pointe de la science et de la technique mondiales ; que son avance dura jusqu'au XVI e siècle, et qu'elle ne fut vraiment distanciée qu'au début du XIX e siècle. Encore son génie la tournait-il vers l'invention plutôt que vers la découverte ; moins vers les sciences fondamentales que vers les sciences appliquées : astronomie, météorologie, botanique, médecine, pharmacie. »

Les multiples inventions chinoises avaient d'ailleurs été recensées par Joseph Needham, célèbre historien et sinologue anglais, dans son ouvrage « Science et civilisation en Chine », qu'il rédigea au milieu du siècle dernier.

On peut citer notamment, à ce titre, l'invention par les Chinois de la boussole, de l'imprimerie (bien avant Gutenberg) et du papier ; en outre, l'étrier, les harnais à trait et à collier auraient été inventés en Chine, environ mille ans avant leur première utilisation en Europe. La brouette compterait également au nombre de ces inventions.

S'agissant des matières, on pense bien entendu à la soie, mais également à la porcelaine.

Dans le domaine des mathématiques, la Chine est à l'origine du système décimal (dès le XIV e siècle avant JC) ainsi que du boulier (ancêtre de la machine à calculer).

Dans le secteur des armes, on peut citer notamment l'arbalète et la poudre explosive.

En réalité, on a sans doute tendance à oublier le rôle essentiel de la Chine, dont les inventions sont multiples dans tous les secteurs de la vie (du pont suspendu aux moulinets de canne à pêche, en passant par les feux d'artifices, les horloges mécaniques ou les bateaux à aube).

Il est vrai que ce pays n'a pas fait preuve du même talent pour diffuser ses innovations, lesquelles ont souvent été reprises à leur compte par des nations étrangères.

b) Des secteurs inégalement développés dans un passé récent

Dans son ouvrage précité, M. Alain Peyrefitte rappelait qu'avant la Révolution culturelle : « Dans divers domaines où l'avance et le retard se mesurent aisément, les savants chinois ont d'ores et déjà dépassé les performances de la recherche occidentale et notamment française. Ils ont effectué d'étonnantes percées. » Et l'auteur de citer les domaines de l'atome, l'espace, la biochimie, la chirurgie...

Très centralisé et recrutant selon un processus très sélectif, le système de recherche, selon lui, « ne dépendait en dernier ressort que du bon vouloir des scientifiques eux-mêmes. L'Académie des sciences formait le sommet d'une pyramide compacte . ».

La Révolution culturelle aurait à la fois « ralenti et accéléré » la recherche. Au début des années 1970, M. Alain Peyrefitte observe les avancées enregistrées dans les domaines nucléaire, informatique ou spatial. Il conclut que « dans la diversité de la science chinoise, nous ne pouvons effectuer que des sondages. Mais ils montrent que le niveau scientifique et technologique n'est pas très différent de celui d'un pays comme la France. Cette appréciation n'est pas contradictoire avec la constatation d'énormes retards . » Il évoque alors parmi les points faibles de la recherche chinoise : la science mathématique, la physique des hautes énergies, la cybernétique...

* 5 M. Alain Peyrefitte : « Quand la Chine s'éveillera... le monde tremblera » (Fayard) - 1973.

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