3. ... sans que des stratégies alternatives évidentes ne se dégagent
Face à ces perspectives, les stratégies d'adaptation apparaissent délicates à entreprendre, qu'il s'agisse de l'augmentation des recettes du lectorat ou des diversifications vers d'autres médias .
Il faut rappeler que, structurellement, la PQR perd entre 0,5 et 1 % de son lectorat chaque année.
Une partie sans doute importante de ce processus vient de l'augmentation du prix des journaux .
De 1968 à 2000, quand l'indice des prix à la consommation a été multiplié par 6 (indice 613), l'indice des prix de vente de la Presse Quotidienne Régionale a été multiplié par 10 (indice 969), passant en moyenne de 0,07 à 0,76 €uro.
Source : INSEE
De nouvelles hausses de prix destinées à compenser le « manque à gagner » engendré par le transfert de recettes publicitaires vers la télévision ne représentent donc pas une solution viable .
Les autres stratégies, la diversification des contenus vers les « gratuits » ou vers les télévisions locales présentent plus de perspectives mais elles restent marquées par une réelle ambiguïté (s'agissant de l'implication dans les « gratuits » et les télévisions locales) et sont entourées de risques importants .
Pour les « gratuits » tout comme pour les télévisions locales, l'association de la PQR à leur développement revient à se fixer un objectif qui rime avec intensification de la concurrence de ces médias avec le média historique.
S' agissant de la participation à l'essor des télévisions locales , qui est souhaité par les pouvoirs publics, il faut rappeler que celui-ci suppose , par exemple, que les ressources publicitaires de ces télévisions soient suffisantes pour en assurer leur viabilité et, par conséquent, qu'elles puissent faire concurrence à la PQR sur le marché de la publicité locale de la grande distribution.
Ambiguës, les stratégies de diversification sont également risquées :
- le potentiel des télévisions locales reste incertain dans un paysage audiovisuel où les concurrents sont en place et les coûts fixes élevés ;
- la diversification des contenus des journaux locaux est déjà assez grande si l'on se réfère au critère de la prise en compte du local, et pleine de risques si on l'envisage sous un angle éditorial.
Au total, l' ouverture de la publicité télévisée aux « secteurs interdits » devrait poser un problème à la presse , peut-être plus aigu que celui anticipé , quand, en 2007, elle fera sentir tous ses effets, même dans le cadre des précautions prises pour en limiter l'ampleur.
On peut au demeurant observer que ces conditions « protectrices » rendent, paradoxalement, plus délicate la diversification envisageable des groupes de presse vers les télévisions locales.
Il peut être utile de s'interroger sur les perspectives pour la presse qui seraient associées à une plus complète libéralisation de la publicité, sur ces télévisions ou les chaînes nationales.
Il est certain qu'une telle ouverture se traduirait par une détérioration de l'équilibre économique de la presse, en particulier de la presse locale. Mais, elle augmenterait la viabilité des investissements de la PQR dans les nouveaux supports télévisuels.
La presse quotidienne régionale pourrait connaître un changement de nature, en particulier vers des contenus plus orientés par le lectorat que par l'objectif de recettes publicitaires.
Hormis l'existence envisageable de synergies dans des groupes mêlant télévisions locales et presse traditionnelle, cette réorientation pourrait à terme être « payante » pour celle-ci, sous la réserve que les « recentrages » éditoriaux se transforment en un regain de lectorat.