5. La sauvegarde indispensable de l'assistance technique
A la suite des auditions auxquelles elle a procédé, ainsi que du déplacement accompli à Madagascar et au Kenya, votre délégation a acquis la conviction que l'assistance technique constitue un instrument indispensable de notre coopération, même si cet outil peut et doit être adapté.
Cette adaptation ne justifie cependant pas, aux yeux de vos rapporteurs, un bouleversement majeur du dispositif en place. Elle pourrait reposer sur trois principes.
- La souplesse de gestion ; à cet égard, la mise en place d'un organisme de portage va dans la bonne direction même si, on l'a vu, certaines incertitudes doivent encore être levées ; un mode de gestion souple, à même de mobiliser les compétences au sein des différentes administrations -et naturellement, aussi, du secteur privé- doit s'appliquer non seulement aux missions de courte durée mais aussi aux mission plus longues. La nouvelle structure devrait également prendre en compte, outre l'identification des compétences et leur adaptation aux besoins manifestés chez nos partenaires, les conditions de réintégration des personnels intéressés dans leur cadre d'origine.
Il apparaît aujourd'hui indispensable d'engager une gestion prévisionnelle des emplois : procéder à un inventaire précis des qualifications requises et déterminer ainsi des profils de postes ; évaluer les compétences existantes et favoriser la meilleure adéquation possible entre les personnels et leur affectation ; rechercher les ressources nécessaires dans les autres domaines de spécialité. L'effort de recrutement doit être conduit dans un souci de rajeunissement des cadres de l'assistance technique qui permette de donner toutes leurs chances aux jeunes diplômés. Conformément aux observations déjà présentées par la mission sénatoriale dans la première partie du présent rapport, il serait judicieux d'intégrer l'organisme de portage prévu au sein de l'AFD. Cette formule aurait l'avantage de simplifier la mise en place de cette structure dont le rattachement au ministère des affaires étrangères suppose, en revanche, une adaptation relativement complexe des règles de droit public.
- Le maintien d'une assistance de longue durée ; même si les missions d'expertise de courte durée peuvent se développer à l'avenir, cette progression ne doit pas se faire au détriment d'une assistance longue, aujourd'hui à l'étiage. La durée constitue, rappelons-le, le principal avantage comparatif de la coopération française. C'est pourquoi il est aujourd'hui indispensable de maintenir au minimum le nombre de postes actuels de coopérants.
Il est d'ailleurs significatif qu'au terme d'une enquête conduite dans les pays de l'ex-champ, nos ambassades aient dans leur majorité confirmé leur attachement à une assistance technique résidentielle considérée comme une valeur ajoutée forte de la coopération française.
- Le pragmatisme tant pour l'évaluation de la durée que pour la nature de la mission confiée au coopérant ; la durée devrait être adaptée au projet suivi par le coopérant ; l'application de règles uniformes, alors même que les missions confiées aux coopérant présentent une grande variété, constitue un élément de rigidité dont pâtit notre action. Une plus grande souplesse apparaît nécessaire également pour prendre en compte la difficulté de remplacer certains assistants sur des postes présentant une grande technicité. S'agissant de la nature des missions confiées, il faut admettre, à la lumière de l'expérience, que la coopération de substitution peut encore se révéler utile dans certaines circonstances -sous réserve, bien sûr, qu'elle s'accompagne de l'effort de formation indispensable des cadres locaux.