F. LES PLASTIQUES
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Données de base |
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Marché |
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Importance dans les ordures ménagères |
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Cadre juridique |
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Traitement Utilisations |
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consommation: 4,9 millions de tonnes, dont 1,9 millions de tonnes d'emballages |
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20 % du volume et 11 % du poids des déchets ménagers |
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Loi n° 75-633 du 15/07/75 relative à
l'élimination des déchets et à la
récupération des matériaux .
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Valorisation énergétique, valorisation matière et valorisation chimique |
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1. Situation
a) Présentation générale
Le plastique
Le plastique est un matériau totalement et incroyablement
exceptionnel . Légèreté, malléabilité,
imperméabilité, esthétique (coloration),
résistance, rigidité, inflammabilité, modulabilité
à l'envi, techniques de production adaptées à chaque
produit et, bien sûr, excellent rapport
propriétés/coût, expliquent son succès
phénoménal. Du maillot de bain aux pare-chocs automobiles en
passant par l'emballage, l'agriculture, l'électroménager, la
construction, les objets de loisirs, le plastique est partout. Le plastique est
le matériau phare de la génération 2000 (ordinateurs,
téléphones, portables...) et, plus encore, de celle qui va
suivre. Le plastique a pratiquement gagné toutes les batailles et
s'apprête à en gagner de nouvelles.
Le plastique a connu un développement foudroyant, sans comparaison avec
celui des autres matériaux.
Évolution de la production mondiale de matériaux ( millions de tonnes) |
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1980 |
1985 |
1990 |
1995 |
1997 |
Acier |
716 |
721 |
770 |
752 |
794 |
Aluminium |
16 |
17 |
19 |
20 |
21 |
Plastique |
48 |
68 |
92 |
122 |
134 |
Source : SPMP (Syndicat des producteurs de matières plastiques) |
Pour
reprendre le joli slogan de la profession
" Le plastique a/est une
matière d'avance... "
... Mais, comme ajoute l'un de nos
interlocuteurs,
" le plastique a toutes les qualités. Son seul
problème, c'est son image "
.
Et cette image est liée à son élimination. Car,
léger, le plastique s'envole au premier coup de vent, jonche les aires
des grandes surfaces et le bord des routes. Un sac plastique, un gobelet ou une
plaque de polystyrène a une durée de vie de plusieurs centaines
d'années. Quand il n'est pas récupéré, le plastique
est un désastre. Quand il l'est, le plastique est, dans la très
grande majorité des cas, mis en décharge ou brûlé.
La mise en décharge étant prohibée, et
l'incinération rendue plus difficile. D'autres voies sont-elles
possibles ?
Elles sont non seulement possibles, mais souhaitables. Car le plastique ne
pourra vraiment être le matériau du prochain siècle que si
les conditions de sa valorisation sont trouvées.
Les plastiques
Les plastiques constituent un terme générique pour nommer, en
réalité, une famille de matières fabriquées
à partir du pétrole
120(
*
)
. Le pétrole est
raffiné, distillé, la fraction d'essences légères
ou " naphta " est isolée puis " craquée "
(distillée) à la vapeur, ce qui permet d'obtenir des
molécules chimiques de base : les monomères
(éthylène, propylène...) constitués d'atomes de
carbone, d'hydrogène, d'oxygène... Les molécules sont
assemblées entre elles sous forme de chaînes, linéaires ou
en réseau, qu'on appelle les polymères. D'autres
éléments interviennent dans la composition des polymères,
pour donner des caractéristiques spécifiques au produit (ajout de
chlore, d'azote...).
Trois grandes familles peuvent alors être distinguées.
Les thermoplastiques
qui caractérisent les
plastiques malléables qui peuvent être chauffés, refroidis
pour donner une forme, puis chauffés à nouveau pour une autre
forme. Cette caractéristique permet la recyclabilité de la
matière. Entrent dans cette catégorie :
Principaux thermoplastiques |
||
|
Propriétés |
Applications |
PE (polyéthylène) |
Transparence, souplesse |
Films, sacs, bouteilles |
PEhd (polyéthylène haute densité) |
Opacité, rigidité |
Bidons, conteneurs, poubelles, seaux, jouets, bouteille de lait |
PVC (polychlorure de vinyle) |
Transparence, rigidité |
Mobilier (bancs, fenêtres...), barrières, jouets, sols |
PET (polyéthylène terephtalate) |
Transparence, tenue à la pression interne |
Bouteilles, boissons gazeuses, pull, rembourrage |
PP (polypropylène) |
Rigidité, résistance aux chocs |
Boites, bacs, conteneurs, pare-chocs, tubes |
PS (polystyrène) |
|
Bouteilles, pots de yaourt |
PA (polyamide) |
|
Tissus |
Les thermodurcissables
qui
caractérisent
les plastiques qui se figent, se rigidifient dès la première
transformation, et sont très difficiles à recycler (exemple, le
PU -polyuréthanne-, le silicone...).
Les élastomères
qui caractérisent les
plastiques qui se déforment (caoutchouc...).
Au total, on compte une centaine de familles de polymères, chacune
déclinée en de nombreux grades de propriétés, soit
au total plus de mille produits commerciaux différents, sans compter les
alliages obtenus par mélange de plusieurs polymères. On compte
ainsi, entre mille ou deux mille " plastiques
différents ".
121(
*
)
Elément de diversité supplémentaire, les plastiques ne
sont pas toujours compatibles ou miscibles entre eux en fonction principalement
de leur réaction à la chaleur et leur température de
fusion.
Exemples de compatibilité chimique |
||||
|
PA |
PE |
PP |
PVC |
PA |
oui |
|
|
|
PE |
non |
oui |
|
|
PP |
variable |
variable |
oui |
|
PVC |
non |
non |
non |
oui |
On
distingue également plusieurs modes de fabrication parmi lesquels :
l'extrusion
. Dans un cylindre chauffé, une vis pousse la
masse à mouler vers l'avant, la compression la ramollit et
l'homogénéise. A la sortie du cylindre, la masse
plastifiée prend la forme désirée (granules) ;
on peut aussi combiner l'extrusion avec le
soufflage
. Ainsi,
à la sortie du cylindre, la matière est collée contre les
parois d'un moule, ce qui permet de fabriquer des corps creux à des
cadences de production très élevées ;
le
moulage
, par compression, par injection ou par trempage (pour
la fabrication d'objets minces ou de films plastiques utilisés pour les
sacs et les couvertures agricoles...).
b) La collecte des emballages ménagers
Le marché des emballages
Les emballages sont le premier secteur d'application des matières
plastiques avec 39 % de la consommation totale française. La
progression de la consommation d'emballages plastiques est
évaluée à 4,5 % par an. Ces résultats
s'expliquent par le coût et les qualités (poids, performances)
exceptionnelles
122(
*
)
. Ces
différents éléments sont illustrés par le tableau
suivant :
Quelques indications
|
|||||
Répartition par application |
Répartition par résine |
Répartition des emballages |
|||
Toutes applications Total 4,9 millions de tonnes |
Toutes applications Total 4,9 millions de tonnes |
Total 1,9 millions de tonnes |
|||
Emballages |
39 % |
PVC |
18 % |
Sacs |
38 % |
Bâtiment |
22 % |
PEBD |
17 % |
Bouteilles, flacons |
23 % |
Électronique |
9 % |
PEHD |
11 % |
Boites, caisses, pots |
14 % |
Transport |
12 % |
PET |
5 % |
Bâchage |
10 % |
Loisirs |
4 % |
PP |
16 % |
|
|
Autres |
14 % |
Autres |
33 % |
Autres |
15 % |
Total |
100 % |
Total |
100 % |
Total |
100 % |
La collecte des emballages ménagers
A l'exception des chutes industrielles récupérées et
traitées comme dans n'importe quelle autre filière de production
(récupération de bobines de plastique inutilisées...), la
seule collecte organisée à ce jour porte sur les emballages
ménagers (soit 60 % du marché total des emballages) ou,
plutôt, sur une fraction des emballages ménagers, puisqu'il ne
s'agit en réalité, pour le moment, que des seuls corps creux,
d'une certaine taille (bouteilles, flacons, bidons) qui ne représentent
que le quart du gisement emballages, soit 15 % seulement du gisement
plastique.
Cette collecte répond aux conditions fixées par le décret
du 1
er
avril 1992 qui impose aux producteurs importateurs ou toute
autre personne responsable de la mise sur le marché d'un emballage
ménager de pourvoir à l'élimination de ce produit,
notamment recourant aux services d'un organisme agréé.
Éco-Emballages est le principal organisme agréé qui prend
en charge la responsabilité d'élimination de ces emballages d'une
part, en mettant en place une collecte sélective, d'autre part, en
proposant une garantie de reprise. Sous réserve que des conditions de
qualité soient respectées : les " prescriptions
techniques minimum " (PTM). Ces PTM ont été définies
avec la société Valorplast qui regroupe les producteurs et
transformateurs de résine, qui joue donc le rôle de correspondant
d'Éco-Emballages pour la filière plastique.
La collecte peut être réalisée indifféremment en
porte à porte ou en apport volontaire. Comme on l'a dit, elle ne porte
aujourd'hui que sur les seuls corps creux d'une certaine taille (bouteilles,
flacons, bidons) constitués dans l'un des trois principaux
polymères (PEhd, PVC, PET).
Sur les 900.000 tonnes d'emballages plastique ménagers, le gisement des
corps creux représente, selon les sources, entre le quart et le tiers,
soit entre 225 et 300.000 tonnes. Sur ce gisement, 35 % (humides) ont
été récupérés, dont 60 % en
PET.
c) La valorisation énergétique
C'est le
premier mode de valorisation. Le plus naturel (puisque le plastique est issu du
pétrole) et ... celui qui a les préférences de la
profession, comme le reconnaît M. Marc Lebossé,
président de la CSEMD,
" le recyclage nous permet
d'éliminer le seul problème du plastique qui est un
problème d'image.
(Mais)
nous pensons en notre for
intérieur que la valorisation thermique est une bonne
solution. "
Trois arguments militent en ce sens.
Tout d'abord, le plastique a un pouvoir calorifique élevé,
comparable, voire supérieur, aux sources d'énergie
traditionnelles. Encore convient-il de noter que le PCI des déchets
d'emballages usagers est nettement inférieur à celui des
polymères purs.
Le pouvoir calorifique des déchets d'emballage |
||||
Matériaux |
PCI matériaux purs |
PCI déchets d'emballage |
Comparaisons autres matériaux |
|
PE |
46 |
22 |
Fuel |
44 |
PET |
45 |
13 |
Charbon |
29 |
PP |
44 |
np |
Papier carton |
17 |
PVC |
20 |
12 |
Bois |
16 |
|
|
|
Ordures ménagères |
8 |
PCI = pouvoir calorifique inférieur |
||||
Source : Centre national du recyclage |
Le
plastique permet ainsi d'améliorer la combustion et donne moins
d'imbrûlés dans les mâchefers. Au total, la combustion du
plastique dans les 80 UIOM (usines d'incinération d'ordures
ménagères) équipées d'un système de
récupération de chaleur permettrait d'économiser chaque
année 300.000 tonnes d'équivalent pétrole.
Le plastique peut également être utilisé comme combustible
dans les chaudières industrielles (Soplaril à Arras qui utilise
ses déchets de fabrication pour former de la vapeur pour fabriquer ses
films d'emballage) ou en cimenteries (les déchets utilisés sont
des déchets industriels).
Ensuite, l'incinération est une solution facile pour des
quantités
d'emballages qui sont trop souillées ou trop
petites pour être récupérées (sachets, pots de
yaourt...).
Enfin, l'incinération des plastiques ne pose pas de problème
spécifique en termes de nuisances. Si le plastique dégage du gaz
carbonique, comme les autres déchets, il ne contient que très peu
de fluor et pas de soufre. Ainsi, selon le SPMP
123(
*
)
, si, par hypothèse, on
retirait les plastiques des déchets ménagers
incinérés, on arriverait au résultat paradoxal que la
combustion dégagerait davantage de polluants sans les plastiques
qu'avec. Reste le problème du chlore qui n'est pas toujours
analysé sans passion et, par conséquent, parfois sans
suffisamment de précaution.
Le plastique ne contient que très peu de chlore. A l'exception d'un
polymère : le PVC.
Le PVC
Depuis quelques années, le PVC (polychlorure de vinyle,
poly-vinyl-chloride
en anglais-) fait l'objet de contestations. Cette
contestation porte moins sur son utilisation que sur les conditions de son
élimination.
Présentation
.
Le PVC est composé de chlore
(57 % en poids) et d'éthylène (hydrocarbure issu du
pétrole composé de carbone et d'hydrogène)
124(
*
)
. Le PVC absorbe en France 46 %
de la production annuelle de chlore. Le PVC mélangé avec des
additifs est utilisé pour un grand nombre d'applications souples
(feuilles, films d'étanchéité, poches de sang...) ou
rigides (canalisations, jouets, tuyaux, cartes de crédit,
" profilés " de fenêtres...). 50 % de son
marché concerne le BTP, 30 % les emballages (bouteilles, notamment
les bouteilles contenant des liquides gazeux).
L'essor du PVC.
Jusqu'à la fin des années
80, le PVC a été la deuxième matière plastique
produite dans le monde, entre 17 et 19 millions de tonnes, soit un
cinquième de l'ensemble des matières plastiques, en raison de la
conjonction de deux phénomènes. Tout d'abord, la réponse
aux besoins en BTP et en logement. Les canalisations en PVC ont remplacé
avantageusement -sur tous les plans- les canalisations en plomb, et le
succès de la fenêtre en PVC est connu : 3 millions de
fenêtres en PVC sont posées chaque année. Ensuite, l'essor
du PVC s'est accéléré à la fin des années
soixante-dix, dans le contexte des suites de la crise pétrolière.
Le PVC était plus intéressant, car il utilise beaucoup moins de
pétrole que les autres matières premières (compte tenu de
la part de chlore).
Le déclin du PVC.
Une première alerte s'est
produite avec la mise en évidence des risques sanitaires encourus par
les professionnels (les ouvriers chargés de nettoyer les cuves de
polymérisation étaient atteints d'une maladie atteignant les
doigts, l'acroostéolyse). Ce risque, qui a contribué au
développement d'un " syndrome des bâtiments malsains ",
est aujourd'hui supprimé par une diminution radicale (50 fois moins), et
un contrôle strict des concentrations de chlorure de vinyle dans les
ateliers. L'autre inquiétude a porté sur les conditions
d'incinération du PVC.
Le pouvoir calorifique du PVC.
Le PVC a un pouvoir
calorifique faible par rapport aux autres plastiques, d'environ 20MJ/kg propre,
soit 12 MJ/kg avec humidité et impuretés après usage,
soit un niveau proche de celui du bois. La Commission européenne donne
des évolutions différentes, mais dans tous les cas
inférieures à celui du PE (15,6 MJ/kg, soit moins de la
moitié des 36,7 MJ/kg du PE).
La combustion d'une tonne de PVC produit néanmoins 425 kg de gaz
combustible pouvant fournir 170 kg d'équivalent pétrole.
L'incinération de 100.000 tonnes de bouteilles PVC produirait, par
conséquent, 42.500. tonnes de gaz combustible, dont la quantité
de chaleur est équivalente à 17.000 tonnes de pétrole.
Le dégagement de chlore.
Le PVC renferme 57 %
de chlore dans sa molécule et, par conséquent, dégage du
chlore en brûlant. La combustion d'une tonne de PVC produit 584 kg d'HCl
(acide chlorhydrique). On estimait en 1994 que 40 % de l'acide
chlorhydrique émis en incinération étaient dus au PVC,
60 % à d'autres produits (notamment le sel de cuisine). La
concentration d'HCl en sortie de four est donc plus forte avec du PVC : de
l'ordre de 1.200 ng/Nm
3
, contre 700 ng/Nm
3
sans PVC.
Cette menace a été considérée comme suffisamment
grave pour susciter des déclarations inquiétantes, voire
alarmistes. Ainsi, selon la Commission européenne,
" l'élimination du PVC par incinération pose de
sérieux problèmes, car le chlorure produit de l'acide
chlorhydrique susceptible d'entraîner la formation de dioxine.
(...)
De fortes concentrations de dioxine et d'acide chlorhydrique apparaissent en
cas de feu de PVC. "
125(
*
)
Appréciation.
Ces arguments doivent être pris
avec beaucoup de précautions.
Tout d'abord, le
marché s'est radicalement transformé
en
quelques années. L'utilisation du PVC dans les emballages s'est
effondré, en particulier dans les bouteilles, au profit du PET :
170.000 tonnes en 1995, 60.000 tonnes aujourd'hui et vraisemblablement 25.000
tonnes d'ici deux ans. Le PVC reste utilisé pour les canalisations, les
gaines, mais beaucoup moins pour les emballages et, par conséquent,
moins dans les usines d'incinération.
Ensuite, force est de reconnaître que les
allégations sont mal
étayées par un constat scientifique
. Plusieurs études
ont montré au contraire que la présence de PVC dans les
déchets à incinérer n'augmente pas la quantité de
dioxines formées dans l'incinération des déchets
ménagers. L'étude de l'incendie d'un entrepôt de PVC
(200 tonnes de PVC, 500 tonnes de tapis en PVC) a montré que
l'augmentation de dioxine était réelle, de l'ordre de
6,67 micro-grammes par tonne de PVC, mais deux fois moindre que celle que
produirait la combustion d'une tonne de bois dans un foyer ouvert.
La " menace acide chlorhydrique " est mal
appréhendée.
Il est tout à fait exact que la
combustion du PVC majore les émissions d'HCl dans des proportions
significatives, en sortie de four (on passe de 800 ng/Nm
3
sans PVC
à 1.200 ng/Nm
3
). Cependant, il faut rappeler qu'avec ou sans
PVC les émissions d'HCl devraient être de toute façon
réduites de façon drastique pour passer de 800 ng/Nm
3
à la norme de 50 ng/Nm
3
(seize fois moins). Ce n'est pas
parce qu'il y a du PVC qu'il y a traitement de fumées. Le PVC ne fait
qu'augmenter les émissions. C'est déjà beaucoup, mais ce
n'est pas aussi dramatique que le laissent à penser les
déclarations précitées.
Si la menace écologique est contestable, il est, en revanche, tout
à fait exact que le PVC entraîne une
majoration des coûts
de traitement des fumées
. L'absorption de l'HCl se fait par
adjonction de chaux. Les volumes de chaux requis pour éliminer l'HCl
issu du PVC sont donc plus importants. Ainsi, selon la Commission
européenne, le coût de l'incinération de plastiques
comprenant 11 % de PVC est de l'ordre de 20 à 49 écus par
tonne, tandis que le coût de l'incinération du PVC seul est
pratiquement dix fois supérieur (240 à 400 écus par
tonne).
d) La valorisation matière
Tandis
que la valorisation énergétique est utile, mais n'apporte aucune
valeur ajoutée, la valorisation matière consiste à
utiliser la matière collectée pour fabriquer de nouveaux produits.
Le recyclage matière des emballages plastiques ménagers concerne,
pour le moment, presque exclusivement les corps creux (bouteilles, flacons,
bidons) qui constituent la fraction la plus importante et la plus
homogène du gisement. Les étapes de la valorisation sont les
suivantes :
Le tri
Il s'agit du tri par matière, c'est-à-dire par type de
polymères (les différents polymères sont incompatibles, ne
peuvent être traités ensembles), et par objet
126(
*
)
. Le tri est réalisé par
les collectivités locales ou le prestataire afin de parvenir aux
prescriptions techniques minimales (PTM). Les PTM sont fixées en sortie
de tri par la filière Valorplast. Ne sont concernés par une
éventuelle valorisation que les seuls corps creux (bouteilles, flacons,
bidons ménagers), en trois polymères (PVC, PET, PEhd). Le cahier
des charges impose des conditions de tri, des taux limites d'impureté,
de restriction en termes de contenance etc.
Le premier tri, lié aux PTM impose un maximum de 2 %
d'impuretés. Le tri complémentaire après
élimination des étiquettes, eau, est de faire passer ces 2 %
à 0,02 %. Sur 100 tonnes entrantes, on obtient alors 80 tonnes
régénérées.
La régénération
La régénération consiste à retrouver les
résines plastique que va permettre d'obtenir des matières
premières secondaires destinées à l'industrie du
recyclage. Cette régénération comprend le broyage, le
lavage, la granulation, la micronisation, selon les polymères :
le
PEhd
(lait...) après broyage, lavage et extrusion donne
des
granules
. 100 tonnes entrantes donnent 79 tonnes de granules ;
le
PET
(Coca Cola, eaux minérales), après broyage,
lavage, donne des
paillettes
, ou, si l'on ajoute l'extrusion, des
granules
. 100 tonnes entrantes donnent 81 tonnes de granules ou de
paillettes ;
le
PVC
(
Badoit
,
Vichy Saint-Yorre
), après
broyage, lavage, donne une
poudre
(C'est ce qu'on appelle la
micronisation). 100 tonnes entrantes donnent 81 tonnes de poudre en sortie.
Le recyclage proprement dit
Le recyclage consiste à utiliser les résines
régénérées (granulats, paillettes ou poudre) pour
fabriquer de nouveaux produits :
recyclage du PEhd en flacons et bas,
recyclage du PET en fibres, rembourrage,
recyclage du PVC en tuyaux, contreforts et chaussures, fibres textiles
pour la fabrication de pulls.
Contrairement à ce que l'on croit dans le grand public
127(
*
)
, les bouteilles recyclées ne
font pas d'autres bouteilles. la voie privilégiée aujourd'hui est
la transformation en fibres. Le PVC peut être retraité en fibres
textiles pour la fabrication de pulls (dite " laine " [sic]
polaire...). Le PET est surtout utilisé en fibres industrielles
(rembourrage de couettes, tapis automobile...).
Recyclage des matières plastique. " L'image et la réalité " |
|||
L'image
|
La
réalité
|
||
Bouteilles et récipients |
32 % |
Textiles |
44 % |
Tissus, vêtements |
18 % |
Tubes |
39 % |
Emballages |
5 % |
Chaussures |
7 % |
Aménagement intérieur des voitures |
4 % |
Soufflage (bouteilles) |
1 % |
Sacs, bâches |
4 % |
|
|
Source
:
|
e) Résultats récapitulatifs
Quels sont les résultats de la
valorisation ?
Question simple. Réponse complexe. Tout
dépend de ce que l'on mesure. Car un emballage plastique double de poids
après usage.
Deux indicateurs peuvent être utilisées :
le chiffrage professionnel.
Selon la profession
128(
*
)
, la valorisation des déchets
d'emballages ménagers est de l'ordre du tiers en 1997, répartis
en 25 % au titre de la valorisation énergétique et 8 %
au titre du recyclage matière.
La valorisation des emballages plastiques, 1997 (en tonnes et %) |
||||
|
Emballages ménagers |
Emballages industriels et commerciaux |
Total |
Total en % |
Gisement |
900.000 |
400.000 |
1.300.000 |
100 % |
Valorisation énergétique |
315.000 |
20.000 |
335.000 |
26 % |
valorisation matière |
29.000 |
70.000 |
29.000 |
8% |
Total valorisation |
344.000 |
90.000 |
434.000 |
33,3 % |
% de valorisation |
38 % |
22,5 % |
33 % |
33 % |
Source : SPMP/CSEMP, mars 1999 |
L'" autre chiffrage ".
Cet autre
chiffrage " prend en compte le fait que les emballages valorisés ne
doivent pas être comparés aux emballages mis sur le marché,
mais aux emballages récupérés après usage,
c'est-à-dire chargés d'humidité, de salissures et,
eux-mêmes " suremballés " par des sacs poubelles.
Le passage des emballages aux déchets d'emballages s'établit
comme indiqué page suivante.
Sur cette autre base augmentée, les taux de valorisation sont par
conséquent réduits et pratiquement diminués de
moitié. Selon le Cercle national du recyclage, le taux de valorisation
énergétique s'établirait en 1994 à 10 % et le
taux de valorisation matière à 4 %
129(
*
)
.
Des emballages aux déchets d'emballages (données 1994) en millions de tonnes |
||||||
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|
Emballages plastiques 1500 |
|
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|
|
||||
Emballages ménagers
|
|
Emballages non ménagers
|
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Ordures ménagères théoriques 100 % = 900 |
|
Ordures ménagères théoriques 310 = 52 % |
|
Déchets industriels banals théoriques 290 = 48 % |
||
|
|
|
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||
Déchets ménagers collectés
|
|
Déchets ménagers collectés 576 (avec humidité / impuretés) |
|
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|
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||
+
Sacs poubelles
1
|
|
+ Sacs poubelles 1 40 |
|
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|
|
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||
=
ordures ménagères collectées
|
|
= ordures ménagères collectées |
|
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||
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|
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|
Déchets d'emballages plastiques 2370 |
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|
||
1 Le sac de collecte ne fait pas partie des emballages stricto sensu |
||||||
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||
Source : Centre national du recyclage. Calculs sur données ADEME, 1994. Traitement OPECST |
||||||
|
2. Perspectives
a) La nouvelle configuration
Le
marché du plastique est loin d'être parvenu à
maturité. L'explosion constatée au cours des dix dernières
années va se poursuivre avec deux phénomènes
fondamentaux :
les percées du plastique sur les nouveaux créneaux et la
domination du PET.
Le plastique s'apprête à mordre sur des
marchés encore détenus par d'autres matériaux. Trois
" concurrences " se préparent :
plastique " contre " acier.
Cette
" concurrence " s'exerce surtout dans l'automobile. Le plastique
prend une part de plus en plus importante dans la construction d'une
automobile. 115 kg en 1990, 200 aujourd'hui, et vraisemblablement 400 en
20005 / 2010
130(
*
)
;
plastique " contre " bois et carton.
Conformément à leur stratégie axée sur la baisse
des coûts externes et le développement parallèle d'une
politique de marque, la société de grande distribution souhaite
disposer de palettes et cartons de présentation qui soient performants,
à faible prix, maniables (présentation des palettes directement
en rayon) et à leur marque. Les palettes en plastique répondent
à ces objectifs. Sans doute, un élément de tension de plus
entre producteur et distributeurs et une nouvelle bataille en perspective ;
plastique " contre " verre.
Mais ces deux
" concurrences " ne sont rien par rapport au " vrai
combat " du " plastique
versus
verre ". En particulier
sur le marché de la bouteille de bière.
Encadré n° 33
La
bouteille de bière plastique
___
Le
marché de la bière est considérable. 300 milliards
d'unités dans le monde (les trois quarts en bouteilles de verre, un
quart en " canettes " emballage acier ou aluminium). La bière
représente plus de la moitié du chiffre d'affaires mondial de la
verrerie. Le marché est à la veille de connaître un
bouleversement profond, avec l'apparition de la bouteille plastique.
Il existe une dizaine d'expériences en cours reposant sur
plusieurs
techniques
différentes
L'option monocouche.
Il s'agit d'une bouteille en PET. Le PET ne
connaît pas une étanchéité parfaite (il laisse
s'évaporer les gaz). La durée de conservation est limitée
à trente jours.
Kronenbourg
utilise les bouteilles monocouche
pour des bières dites " événementielles "
(bière de mars...).
L'option tricouches, ou cinq couches.
Il s'agit de juxtaposer
plusieurs couches de PET mêlées à d'autres matériaux
(nylon...), afin d'améliorer la conservation qui passe à trois
mois (tricouches) ou six mois (cinq couches).
Continental Can
a
développé une bouteille de ce type.
Les nouveaux plastiques monocouches.
Il existe plusieurs
recherches (le PEN ou PAN), mais c'est encore très cher.
Le monocouche pulvérisé au carbone.
Cette technique
japonaise permet d'obtenir, sur une monocouche en PET -donc facile à
recycler-, une barrière garantissant l'étanchéité.
La durée d'utilisation est de six mois.
Les premières introduction se heurtent encore à des
difficultés
. Ainsi, aux États-Unis, la première
expérience a été conduite en Californie avec la
bière
Miller
, comportant plusieurs couches de plastiques et de
nylon qui, de ce fait, ne pouvait être recyclable. L'arrivée sur
le marché d'un tel produit contrecarre les investissements massifs
réalisés par les villes et l'État de Californie pour
développer la collecte sélective et le recyclage. La ville de Los
Angeles, notamment, qui ne veut pas payer le tri complémentaire, a donc
voté une résolution condamnant la mise en service de cette
nouvelle bouteille, tout en proposant de soutenir la recherche d'une solution
technique.
Il ne s'agit que d'une résolution, pas d'une loi. Il est exclu
d'interdire une nouvelle matière. Un contentieux éventuel serait
certainement défavorable à la ville, mais il faut compter sur le
leadership
de Los Angeles et de la Californie. Si l'opposition à
cette nouvelle bouteille se développe dans d'autres États, cela
fera " boule de neige ", et entraînera une modification. Cela
n'est pas encore le cas, puisque, après
Miller
,
Budweiser
a lancé à son tour sa nouvelle bouteille de bière en
Arizona (Phoenix).
Un phénomène similaire se développe en France, avec de
nouvelles bouteilles en plastiques multicouches ou en nouveau matériau.
Ainsi,
Miller
a été suivi en Europe par
Heineken
,
avec sa bière
" 33 export "
, et bientôt,
Kronenbourg.
Cela a suscité, là aussi, une crainte des
collectivités locales et une réaction d'Éco-Emballages..
Il existe en effet, un conflit entre la recherche de nouvelles matières,
résultat du développement technologique et le système de
recyclage existant. En France, la réponse a été
financière. Le principe du doublement du barème de contribution
à Éco-Emballages sur les produits non recyclables (aux conditions
du moment) a été doublé par rapport au tarif
appliqué aux emballages en plastiques recyclables.
Ces oppositions ne sont cependant pas irréductibles.
Beaucoup pronostiquent
que la
bouteille de bière
plastique
, encore en gestation,
s'imposera
:
pour des raisons techniques.
La dernière technique
japonaise de monocouche PET durci au carbone paraît très
prometteuse ;
pour des raisons économiques.
Passé le premier
développement, la bouteille plastique sera beaucoup moins coûteuse
que tous les autres emballages ;
pour des raison
marketing
.
Il est apparu que le
marché de la bière est de plus en plus concurrencé par
celui des
" soft drink "
(boissons et sodas sans alcool). Un
nouveau souffle ne peut être attendu du contenu (les tentatives dans ce
domaine restent très marginales : bières sans alcool,
bières aromatisées...), mais des contenants. Le plastique permet
d'adopter un
marketing
spécial, beaucoup plus sophistiqué
et proche du
marketing
alimentaire.
L'Europe est le lieu idéal de cette nouvelle percée, tant parce
que les oppositions écologiques y sont moins fortes, que parce que le
marketing
alimentaire y est beaucoup plus développée
qu'ailleurs. Selon une étude du SIDEL, le démarrage devrait
intervenir dans les deux ans, avec 5 % d'emballages de bière en PET
en 2002. Simple début
La percée du PET
Le PET s'impose comme le premier plastique des dix prochaines années. Sa
progression est fulgurante : 90.000 tonnes en 1990, 210.000 tonnes en
1993, 250.000 tonnes annoncées vers 2002. Le PET s'est quasiment
substitué au PVC
131(
*
)
.
Le seul changement de matière entraîne une économie de
20 % en poids. Aussi assiste-t-on non seulement à une augmentation,
mais une uniformisation du gisement déchets. Le marché est
aujourd'hui mur pour de nouvelles solutions de traitement.
b) L'élargissement du gisement récupérable
Les
capacités de traitement existent. Les nouvelles technologies se
développent
132(
*
)
, mais
les industriels ont tous la même demande :
" Donnez-nous du
plastique ! "
. Or, à l'exception des chutes et d'une
partie des emballages industriels, seule une fraction des emballages
ménagers est collectée et utilisée. Il ne s'agit que d'une
fraction minoritaire des utilisations des plastiques. Beaucoup de gisements
restent à explorer. Certains resteront difficilement accessibles, mais
d'autres sont ouverts.
Une collecte à améliorer : la
récupération des bouteilles et flacons
La progression des bouteilles collectées (et recyclées) est
directement liée à la progression de la collecte
sélective. On attend une collecte de 100.000 tonnes, soit 2,5 milliards
de bouteilles en 2001.
Évolution du nombre de bouteilles et flacons recyclés |
|||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Objectif 2001 |
Nombre de bouteilles (millions) |
300 |
500 |
650 |
1.000 |
2.500 |
Tonnage (tonnes) |
12.000 |
19.000 |
29.000 |
40.000 |
100.000 |
Source : Valorplast |
Ce
premier gisement traditionnel peut être accompagné par de
nouvelles méthodes de tri. Aujourd'hui, la plupart des tris sont
effectués de façon manuelle. Des tris automatiques, en amont,
permettraient d'améliorer les performances et de diminuer les taux de
refus. Plusieurs expérimentations sont en cours :
l'
ouverture
automatique des sacs
, test à Fouesnant
(Bretagne). Coût 350 à 400.000 francs (soit 53 à 61.000
euros) ;
le
crible étoilé
qui permet d'éliminer les
plastiques pollués par des putrescibles ou des indésirables, test
à Fouesnant ;
la
pesée automatique
, tests à Saint-Brice,
Courcelles (Marne) et à Vironvay (Eure-et-Loir). Coût 400.000
francs, soit 61.000 euros (hors subvention).
les
tri infrarouge
qui permettent de trier, à grande
vitesse, des plastiques par couleur (72.000 bouteilles/heure, avec un taux
d'erreur inférieur à 1 %). le procédé par
spectrométrie effectue une centaine de mesures par bouteille pour
déterminer le composant majoritaire (coût 1 million de francs,
soit 151.000 euros). Test à Fouesnant.
Tous ces procédés en cours de test, sont soutenus par l'ADEME.
Les coûts sont encore élevés, mais le marché
évolue. Selon l'expression du président de Sorepla qui
procède au tri et à la régénération des
matériaux plastique,
" quand on décide de mettre la
technique au service d'un nouveau métier, après cela va
très vite "
133(
*
)
.
Une collecte à structurer : les plastiques
ménagers
Comme on l'a vu sur le tonnage des déchets d'emballages ménagers
plastiques (DEM) dont la collectivité locale a la charge, de nombreuses
restrictions ont été faites sur la nature des plastiques à
collecter et à trier en vue de leur recyclage. Ne sont concernés
par leur éventuelle valorisation matière que les seuls DEM
plastiques type corps creux (bouteilles, flacons, bidons ménagers).
Seules trois matières plastiques sont aujourd'hui concernées par
les PTM : le PVC, le PET et le PEhd. Sur les 900.000 tonnes d'emballages
ménagers plastiques consommées, le gisement potentiellement
concerné par l'ensemble de ces dispositions correspond approximativement
à un quart ou un tiers de ce tonnage. Ce cahier des charges n'est donc
pas applicable aux autres matériaux (PP, PS...), aux autres
déchets d'emballages ménagers plastiques, c'est-à-dire aux
DEM (même si ces DEM sont des corps creux), ni aux films de
suremballages, sacs et sachets, même s'ils sont en PE.
Or, non seulement ces déchets représentent des gisements
importants (les sacs, par exemple, représentent à eux seuls
38 % du marché des emballages plastiques
134(
*
)
), mais ils sont
spontanément
mis dans les poubelles de collecte sélective
des corps creux. Il n'est pas toujours facile d'expliquer pourquoi une
bouteille en PET est recyclable, alors qu'un sac dans la même
matière ne l'est pas, pourquoi une bouteille en PVC est recyclable et
pourquoi un seau ou un jouet dans la même matière ne l'est pas.
On constate que, spontanément, la collecte des plastiques
non
recyclables au vu des PTM
est de 1 kg par habitant.
Ce gisement est totalement inexploité. Pour chaque type de
polymère, les balles de plastique doivent respecter quatorze
critères simultanément pour pouvoir être
récupérés par la filière. Comme le note le Centre
national du recyclage
135(
*
)
,
" afin de garantir la conformité aux PTM des matériaux
qu'elles mobilisent, beaucoup de collectivités locales n'hésitent
pas à écarter tout déchet d'emballage plastique pur lequel
un doute apparaît quant à sa valorisation, détournant ainsi
un tonnage considérable de déchets d'emballages ménagers
effectivement recyclables vers les refus de tri "
(et par
conséquent vers l'incinération).
Une filière à mettre en place : les plastiques
agricoles
Les films agricoles représentent un gisement important
(170.000 tonnes) relativement facile à récupérer
auprès d'une profession organisée (coopératives...).
Même souillés (terre, végétaux...), ils peuvent
être transportés après un minimum de traitement
(séchage, mise en balle) et être utilisés dans la
filières encore en gestation des plastiques mélangés.
Mais c'est la filière de récupération qui fait encore
défaut.
Encadré n° 34
Les
plastiques agricoles
|
|||
Le
plastique a aussi investi l'agriculture. L'industrie du plastique propose aux
agriculteurs une large panoplie de matières et de films répondant
à leurs besoins. Chaque année, 170.000 tonnes de plastiques sont
utilisées en agriculture. La matière a même fait
naître un nouveau secteur : la " plasticulture ". C'est
à dire la culture mise en place sous ou sur un film plastique.
|
|||
|
|||
Les différents plastiques agricoles (total 170.000 tonnes) |
|||
Films |
Tonnage
|
Utilisation |
Caractéristiques |
Films de paillage |
14.000 t
|
Cultures maraîchères (film noir au pied des plantes) |
Il limite l'évaporation, le tassement ou le ravinement des sols (bords d'autoroutes). Il agit comme un véritable accélérateur de croissance. Il délivre une récolte propre en évitant le contact des fruits et légumes avec la terre |
Films de serre et tunnels |
17.000 t
|
Cultures maraîchères, fleurs, (films transparents) |
Il permet d'obtenir un " microclimat (réglage température, humidité...). Il favorise la production et permet de modifier le calendrier de production (dates des semis, des récoltes...) |
Films d'ensilage |
25.000 t
|
Silos de protection, fourrage, betteraves (film épais) |
Protection étanche en silos |
Autres |
PP / PVC |
Divers |
Liens : 18.000 t (PP)
|
Source : Comité des plastiques en agriculture - Traitement OPECST |
|||
|
|||
Les
plastiques agricoles usagés posent cependant plusieurs problèmes
spécifiques : la dispersion géographique (ensilage en
Bretagne, paillage dans les pays de Loire...), la saisonnabilité
(bâches et films sont enlevés quasiment au même moment
à la fin du printemps ou de l'automne), et surtout, la salissure. Les
films et bâches sont utilisés en contact direct avec le sol, une
partie est enterrée et les films sont chargés de terre et de
débris végétaux.
|
Les autres gisements
Malgré des initiatives et quelques projets, la
récupération et l'exploitation des autres gisements ne paraissent
pas encore " mures ".
Le BTP.
Le plastique utilisé dans le BTP représente
100.000 tonnes (fenêtres, tubes, sols...). Mais les quantités sont
faibles par unité (100.000 tonnes à comparer aux 30 millions
de tonnes de gravats) et les plastiques sont souillés par d'autres
matériaux (ciment, peinture), ce qui implique des moyens de tri. Le
bilan des premières expériences en cours serait
mitigé : expérience de collecte de canalisations de tubes
PVC en Alsace, collecte de revêtements de sols en Allemagne,
opérations pilote de récupération des déchets de
construction à Villeurbanne (quelques kilos seulement), création
de la première unité européenne de recyclage des
fenêtres PVC en Allemagne.
Dans tous les cas, coûts de tri, de transport, de valorisation et
quantités récupérées sont encore prohibitifs ou
décevants (le traitement de revêtements de sols reviendrait entre
3.500 et 5.250 francs/tonne).
Les transports.
L'utilisation de plastique dans
l'automobile est fortement croissante, mais récente. Elle posera
à terme de sérieux problèmes. Mais, compte tenu des
durées de vie des véhicules, le problème ne s'est pas
encore posé
136(
*
)
.
c) La valorisation chimique
En
complément de la valorisation énergétique et de la
valorisation matière, les recherches portent aujourd'hui sur la
valorisation chimique ou " recyclage matière première "
qui consiste, par certains traitements appropriés, à redonner les
constituants de base, c'est-à-dire soit les monomères de
départ, soit même le produit pétrochimique de base (le
naphta, ou pétrole raffiné et distillé). Les produits
obtenus permettent une utilisation ans les mêmes conditions que les
matières premières vierges.
La principale technique envisagée est celle de la
dépolymérisation qui permet de séparer deux constituants
de base du PET
137(
*
)
(seul
plastique traitable aujourd'hui par dépolymérisation). Deux
procédés sont expérimentés. Le
procédé
Tredi
et le procédé
TBI
(pilote en fonctionnement à Issoire, Puy-de-Dôme). La valorisation
chimique peut également utiliser la technique de pyrolyse c'est
à dire par chauffage sans oxygène (pilote en Allemagne
développé par BASF, et en Écosse), ou de
gazéification (pilotes en Allemagne et aux Pays-Bas).
Ces
process
sont encore coûteux. Mais, surtout, la
difficulté vient du besoin de retrouver une résine vierge
utilisable, mais aussi de s'en différencier suffisamment pour être
utilisée de préférence au PET vierge. En effet, le
coût de traitement est encore très supérieur au coût
du PET vierge (de l'ordre de 5 à 6 F, contre 2 à 4 F
pour la résine vierge). Pour le procédé TBI, le PET
dépolymérisé est transformé en une résine
qui sert à la fabrication de mousses polyuréthannes isolantes.
Cette résine prête à l'emploi, peut donc être vendue
plus chère que la résine vierge. Le marché estimé
est de 10.000 tonnes en 1999, 25.000 en 2002 (soit la transformation de 12
à 18.000 tonnes de PET, soit 350 à 550 millions de bouteilles).
Cette dernière solution est prometteuse car le recyclage chimique se
positionne sur un marché qui est lui-même en croissance (le
marché des résines polyuréthannes est estimé
à 30.000 tonnes/an et 150.000 tonnes en Europe).
d) Les plastiques mélangés
Présentation. Qu'est-ce que la filière
des
plastiques mélangés ?
La valorisation des matières plastiques mélangées consiste
à utiliser des matières plastiques de toutes origines pour
fabriquer de nouveaux produits. On a vu que le seul gisement exploité
aujourd'hui est celui des corps creux propres et homogènes, alors que
des gisements beaucoup plus importants sont, soit à portée de
main (les refus de tri), soit à portée de collecte (objets
plastiques, sacs plastiques, films agricoles...).
Une filière émerge aujourd'hui qui consiste à valoriser
des produits plastiques moins sélectionnés, mais sur des
utilisations plus larges. C'est ce qu'on appelle la " valorisation des
plastiques mélangés ".
Cette expression paraît préférable à celle pourtant
couramment utilisée de " plastiques en mélange ", car
en réalité, ce sont rarement les
plastiques
, les
polymères qui sont traités ensembles (il reste des
incompatibilités entre matières), mais les
produits
qui
sont mélangés.
Le principe est identique à celui de la valorisation matière
traditionnelle, à savoir collecte/tri
sommaire
/ broyage / lavage
/ chauffage / extrusion
138(
*
)
,
mais avec deux différences. D'une part, l'éventail des
matériaux utilisés est extrêmement ouvert. Ainsi, outre les
corps creux, on trouve aussi les tubes, tuyaux, sacs, films ménagers,
films professionnels, jouets, palettes... D'autre part, les utilisations sont
beaucoup plus larges, puisque la valorisation des plastiques
mélangés porte sur tous les grands types d'utilisation des
plastiques, à l'exception des corps creux à usage
alimentaire : films, sacs poubelles, bâches, tuyaux, palettes,
objets divers, piquets, barrières, mobilier urbain (conteneurs,
bancs...).
Pourquoi cette filière ne s'est-elle pas
développée jusqu'à présent ?
De nombreux freins peuvent expliquer ce retard ou, plutôt,
l'émergence timide de cette filière. Outre des
tâtonnements
techniques, c'est à la fois le résultat
d'un
système
, solidement établi, et de
choix
stratégiques
, difficiles à remettre en cause.
Tout d'abord, il faut reconnaître que les premières utilisations
ont été plutôt anecdotiques ou médiocres. La
première réalisation connue est celle ses " piquets de
vigne " réalisés en plastique à partir de plastiques
mélangés. Le piquet est flexible, imputrescible et 10 %
moins cher que le piquet de bois. Mais le produit reste marginal
139(
*
)
. D'autres réalisations comme
les moquettes par exemple, ne présentaient pas des
caractéristiques techniques et esthétiques suffisantes.
Ensuite, comme on l'a vu, le système de collecte/recyclage est un
système en boucle : les fabricants d'
emballages
versent une
contribution à Éco-Emballages qui organise la collecte des
emballages
, et d'eux seuls (à l'exception des journaux et
magazines). Il n'y a, par conséquent, aucune raison pour
qu'Éco-Emballages favorise la collecte d'autres produits pour lesquels
elle n'a reçu ni contribution, ni mandat. La collecte s'est donc
naturellement limitée aux bouteilles, principal emballage, facile
à collecter.
Enfin, le choix de la profession a été un choix de
qualité, sur un créneau étroit. L'idée est que les
produits sont d'autant plus facilement valorisables qu'ils sont
sélectionnés, triés et purs. D'où l'idée de
PTM rigoureuses, la recherche d'une grande homogénéité,
limitée aux bouteilles, flacons et bidons, à deux ou trois
matières (PE, PET, PVC). Les PTM étant d'autant plus rigoureuses
que la valorisation portait principalement sur le segment étroit des
fibres.
Le soutien de la filière va encore aujourd'hui principalement dans cette
direction, lancée avec courage et à grands frais il y a quelques
années mais qui fonctionne encore en sous capacité. Selon l'un
des interlocuteurs
140(
*
)
,
" jusqu'en 1996-1997, la situation a été très
difficile. Sans le soutien et la caution des grands groupes de plasturgie, la
filière du recyclage matière -monomatériaux- n'aurait
jamais émergée. Cela démarre vraiment
aujourd'hui. "
On conçoit aisément, dans ces conditions, que la perspective de
remettre en cause un choix stratégique et de voir de nouveaux acteurs
entrer sur une filière certes différente (puisqu'il s'agit de
valoriser une large gamme de produits plastiques), mais tout de même
très voisine, voire substituable (puisque les sociétés de
plastiques en mélanges peuvent également traiter le gisement des
bouteilles), ne suscite pas un enthousiasme excessif. Les capacités de
traitement sont déjà excédentaires par rapport à la
collecte réelle. En réduisant les apports (par la concurrence
d'une nouvelle filière), la filière actuelle se trouverait
sérieusement compromise.
Cette perspective des plastiques en mélange suscite par
conséquent de la part des professionnels de la plasturgie,
réserves et même quelques craintes. Signe de cette
réticence, la SOFRES a réalisé en avril dernier un sondage
édifiant sur
Les Français et le recyclage des matières
plastiques
.
Encadré n° 35
Un
sondage édifiant
" Les Français et le recyclage des matières
plastiques "
___
La
SOFRES a réalisé, à la demande des professionnels de la
plasturgie et du recyclage un sondage sur
Les Français et le
recyclage des matières plastiques
.
Quatre questions étaient posées.
1.
Vous savez qu'un certain nombre de matériaux sont
recyclés et transformés en nouveaux produits. Pour chacun de ces
matériaux, pouvez-vous me dire s'il est possible ou non de les
recycler ?
oui
Papier carton 94
Verre 97
Matières plastiques (
bouteilles
, et flacons) 92
Acier 90
Aluminium 90
2. Pour recycler les
bouteilles plastiques
, il faut d'abord
les trier et les collecter séparément. Si vous disposiez d'une
poubelle ou d'un conteneur spécial, seriez-vous prêt à les
séparer des autres ordures ménagères ?
Oui, certainement 54
Oui, probablement 40
Je le fais déjà 44
Probablement pas 2
3. Selon vous, les débouchés pour les
bouteilles
plastiques
sont-ils :
Importants 38
Assez importants 47
Pas très importants 12
Sans opinion
4. Pouvez-vous me donner un exemple de débouché pour
les
bouteilles plastiques
recyclées ?
Bouteilles et récipients 32
Tissus 18
Emballages 4
Aménagement intérieur des voitures 4
Tubes 3
Un sondage sur
Les français et le recyclage des
matières
plastiques
... mais des questions uniquement sur le recyclage des
bouteilles plastiques
... Dans ce cas, comme souvent, la question est
encore plus intéressante que la réponse.
Les avantages attendus de la filière plastique
mélangés
La valorisation des plastiques mélangés présente cependant
plusieurs avantages par rapport au choix actuel :
passer du " propre et sec " au " sale et en
mélange ". La technologie permet de prendre pratiquement tous les
produits, même les refusés (on peut prendre des films agricoles
contenant jusqu'à 30 % de terre), même les interdits (les
bidons d'huile
141(
*
)
, totalement
prohibés dans le système actuel peuvent être traités
en mélange) ;
elle permet d'accéder et d'utiliser des gisements
inexploités : films agricoles, objets plastiques, tuyaux, sacs de
caisse, films de suremballages...
elle évite l'opération de tri fin en centre de tri qui est
toujours coûteuse pour les collectivités locales ;
elle permet un message simple. L'habitant se prête d'autant mieux
à la collecte sélective que le message est simple. Si on lui dit
qu'il peut mettre dans sa poubelle des bouteilles, mais pas de sacs plastiques,
ou des bouteilles de lait, mais pas de bouteilles d'huile, il est
perturbé, et ne fait pas toujours attention. Cette hésitation est
reportée en coût pour la collectivité, en centre de
tri ;
le coût annoncé est envisagé entre 500 et 1.000
francs/tonne, soit un coût compétitif par rapport à celui
de l'incinération.
Les perspectives
Plusieurs sociétés apparaissent sur ce nouveau créneau.
Une société canadienne a pour ambition d'être le
leader
mondial des palettes fabriquées à partir de
plastiques mélangés.
Leader
au Canada et aux
États-Unis, elle s'intéressera inévitablement au
marché européen (palettes automobiles) et, en particulier, au
marché français (palettes de grandes surfaces).
La palette est fabriquée dans une proportion de 70 % PEhd et
30 % PEbd pour trouver l'équilibre entre
légèreté et résistance. Au Canada, la
société prend -achète- tous les produits PEhd, y compris
les pots de yaourt. Mais la qualité de collecte est très
supérieure aux États-Unis et au Canada qu'en France. 600 millions
de palettes sont utilisées chaque année aux États-Unis. En
France, on estime le marché de la palette à 60 millions. Si
5 % seulement était pris par les plastiques en mélanges,
cela représenterait 3 millions de palettes. Le prix de revient aux
États-Unis est de 600 à 700 F. En France, le prix de revient
devrait être majoré de 100 F pour le lavage des produits
collectés. L'opération exige toutefois une garantie de collecte
de 10.000 tonnes.
En France, une poignée de sociétés sont également
sur ce créneau dont la plus connue est la société SERP
Recyclage. La société est " prête à tout
prendre ", les refus de tri, les nouveaux gisements. Le coût est
dépendant de l'exigence de dépollution. Les bidons d'huile, par
exemple, qui sont parmi les produits les plus coûteux à traiter,
se régénèrent à 1.100 ou 1.200 F la tonne.
C'est encore cher par rapport au prix de l'incinération, mais
aujourd'hui, personne n'en veut, ni les incinérateurs, ni les
cimentiers... Pour les autres produits, le coût moyen annoncé est
de 500 à 1000 F la tonne.
Aujourd'hui, faute de filière réellement organisée en
France, la société est obligée d'importer ses plastiques
(1000 tonnes de Belgique par exemple). Mais, dès que la matière
est là, les gammes des produits proposés est larges : outre
les fameux piquets de vigne (2.000 tonnes quand même en 1998), on peut
citer les tubes, les enrobés d'autoroutes, les dalles, les
barrières de clôture, le mobilier urbain. Les arrosoirs verts
vendus en grande surfaces sont pour la
quasi
totalité, en
100 % plastiques recyclés.
142(
*
)
Depuis peu, la profession (Fédération de la plasturgie) a
néanmoins cherché à tester quelques opérations
pilotes
143(
*
)
. Sans trop
communiquer sur cette question, elle a également cherché à
déterminer le marché éventuel de la filière des
plastiques mélangés. Sur les seuls produits courants (hors
plastiques agricoles), le marché est de l'ordre de 49.000
tonnes.
Marchés potentiels pour les plastiques mélangés ménagers |
||
Produits |
Marché en tonnes/an
|
Prise de part potentielle de marché |
Sacs poubelle |
50.000 |
40 % |
Mandrins |
15.000 |
30 % |
Articles extrudés soufflés (hors emballage) |
20.000 |
20 % |
Piquets de vigne |
20.000 |
15 % |
Profilés - Tubes |
50.000 |
10 % |
Bitumes |
20.000 |
25 % |
Regards d'assainissement |
2.000 |
25 % |
Mur antibruit |
1.000 |
40 % |
Plaques |
500 |
25 % |
Dalles de sol |
10.000 |
40 % |
Moquette auto |
5.000 |
15 % |
Divers |
10.000 |
15 % |
Total |
193.500 tonnes/an |
48.775 tonnes/an |
Source : Fédération de la plasturgie |
Il faut
cependant raison garder. Le marché des plastiques en mélanges
est, certes, une nouvelle filière, mais son succès
dépend :
de la réussite de la collecte,
du
process
industriel. Ce n'est pas
parce que
les
sociétés travaillent sur des plastiques en mélange
qu'elles réussiront forcément. Elles ont surtout le bon process
et le bon choix de créneau (palettes, films...). Selon DSB, l'organisme
allemand comparable à Éco-Emballages qui a beaucoup soutenu cette
filière,
" un tiers des entreprises sur ce créneau
réussissent, un tiers vivotent et u tiers ont fait faillite "
.
Mais il ajoute,
" celles qui réussissent, réussissent
bien "
.Sans trop communiquer car ce créneau des matières
plastiques recyclées reste apparemment volontairement confidentiel.
D'ailleurs en Europe, la plupart des communications et messages axées
sur l'utilisation de produits recyclés ont souvent été
abandonnées.
de la volonté de s'engager dans cette direction
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*
)
.
Il s'agit là, en tous points, d'un choix technologique et d'un choix de
société.