E. L'ALUMINIUM
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Données de base |
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Marché |
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Importance dans les ordures ménagères |
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Cadre juridique |
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Traitement Utilisations |
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Total Europe : 7 millions de tonnes, dont 7
millions
d'emballages
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0,5 % des déchets ménagers, soit 2 kg/habitant/an |
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Pas de texte spécifique. Application des textes
sur les
emballages :
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Toutes utilisations. Pas de différence entre " aluminium primaire ", fabriqué à partir de bauxite et d'alumine, et " aluminium secondaire ", fabriqué à partir de matière recyclée |
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1. Situation
a) Le gisement
L'aluminium professionnel
Grâce à ses nombreuses qualités
(légèreté, résistance, conductivité,
durabilité, possibilité de façonnage), l'aluminium trouve
des applications dans de très nombreux secteurs.
Répartition de la consommation d'aluminium |
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Europe
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France
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Transport |
26 % |
Transport |
29 % |
Bâtiment |
24 % |
Bâtiment |
20 % |
Emballage |
14 % |
Emballage |
12 % |
Électricité |
8 % |
Électricité |
11 % |
Mécanique |
8 % |
Mécanique |
4 % |
Divers |
20 % |
Équipements domestiques |
9 % |
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Divers |
15 % |
|
100 % |
|
100 % |
Source : Fédération des minerais et métaux, Chambre syndicale de l'aluminium . |
Les
utilisations se différentient également par leur mode de
fabrication. On distingue :
le
filage
qui consiste à introduire des
" billettes " d'aluminium dans un conteneur qui donne au métal
sa forme finale (châssis de fenêtre...) ;
le
laminage
qui consiste à faire des feuilles
d'épaisseur variée (boites, barquettes, feuilles...) ;
l'
étirage
qui consiste à transformer l'aluminium en
fil (câbles de transmission...) ;
la
fonderie
de moulage : l'aluminium est livré en
lingots ou en liquide, puis injecté dans des moules (applications
automobiles, carters...).
Les quatre cinquièmes des utilisations sont des utilisations
industrielles. L'aluminium est également utilisé par les
ménages dans une gamme de produits qui est, elle aussi,
extrêmement diverse. Comme on le verra par la suite, cette
diversité aura de l'importance dans le choix des modes de valorisation.
L'aluminium ménager
L'aluminium utilisé par les ménages est de l'ordre de 72.000
tonnes, réparties en quatre gisements distincts, en fonction notamment
de l'épaisseur du métal qui s'échelonne entre 0,3 mm
(300 microns) pour les boites, jusqu'à 6,35 microns pour les
feuilles d'aluminium incorporées dans d'autres emballages en
multicouches (feuilles d'aluminium dans les " briques " de lait).
Les
emballages aluminium
. On appelle " emballage
aluminium " les emballages où l'aluminium est majoritaire en poids.
Ces emballages entrent dans la catégorie des produits dits rigides
(conserves, " boites boisson ", aérosols) ou semi-rigides
(barquettes, boites de nourriture pour animaux...). Ce gisement
représente 40.000 tonnes, ce qui est très faible par rapport
à d'autres pays qui ont des habitudes de consommation beaucoup plus
tournées vers l'alimentation préparée et les " boites
boisson ".
La France n'a pas la " culture de la boite " comme d'autres pays qui
ont des consommations trois fois (Royaume Uni), voire huit fois plus
élevées (États-Unis). En outre, en France, seulement
30 % des " boites boisson " sont en aluminium (contre 50 %
en Europe, 75 % au Royaume Uni et plus de 90 % aux États-Unis
ou en Suède).
Consommation de " boites boisson " par habitant en 1997 |
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France |
Allemagne |
Italie |
Espagne |
Royaume-Uni |
Europe de l'Ouest (moyenne) |
États-Unis |
40 |
78 |
32 |
91 |
134 |
73 |
373 |
Nota : En 1998, la consommation a augmenté, et devrait être de 50 boites en France, 400 boites par personne et par an aux États-Unis. |
||||||
Source : Péchiney, Rhenalu |
Le
volume annuel des emballages aluminium est de l'ordre de 40.000 tonnes (La
répartition est donnée dans le tableau suivant).
Les autres gisements concernent l'aluminium contenu dans des emballages
où l'
aluminium
est
minoritaire
. Il peut
s'agir, soit d'emballages associant plusieurs matériaux dans
différentes pièces, tels que les pots de yaourt (avec corps
plastique et opercule en aluminium de 38 microns d'épaisseur) et,
surtout, les " boites boisson " acier dans lesquelles le corps est en
acier (11/15 grammes), mais le couvercle (3 grammes) et l'anneau
(0,3 grammes) sont presque toujours en aluminium ; soit d'emballages
multimatériaux ou " multicouches ", incorporant une fine
feuille d'aluminium dans d'autres couches de matériaux :
plastique/aluminium, plastique/aluminium/carton, tels que les
" briques " de lait...
L'autre poste concerne les
feuilles aluminium
vendues en
rouleaux qui ne sont pas classées comme emballages au sens de la
directive européenne
118(
*
)
. Puisqu'elles sont destinées
à " couvrir ", elles ne " contiennent " pas de
marchandises au moment de l'achat. Ces feuilles aluminium, utilisées
seules ou en multicouches, ont une épaisseur comprise entre 6,35 et
20 microns.
Enfin, on peut aussi mentionner, pour mémoire, les
équipements ménagers
(casseroles, cendriers...) qui
représentent un gisement ancien, en voie d'extinction (la plupart
étant remplacés par des équipements inox).
Le gisement de l'aluminium ménager est estimé à 1 %
du volume d'ordures ménagères, et se répartit comme
suit :
Aluminium ménager, 1997 (tonnes) |
|
Emballages aluminium |
|
Boites boisson |
8.700 t |
Boites de conserve |
7.100 t |
Aérosols |
9.000 t |
Tubes |
4.100 t |
Semi-souples et souples |
11.000 t |
Sous total |
39.900 t |
Emballages à aluminium minoritaire |
22.000 t |
Feuilles aluminium |
10.000 t |
Total* |
72.000 t |
* hors équipements ménagers |
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Source : Chambre syndicale de l'aluminium. Compilation |
b) La récupération
Outre
ses propriétés physiques qui ont fait son succès,
l'aluminium partage, avec le verre, la caractéristique d'être
pratiquement recyclable à l'infini, dans des conditions avantageuses.
Les producteurs d'aluminium se sont donc intéressés très
tôt à la récupération de l'aluminium d'abord
industriel, puis ménager.
Les déchets d'aluminium sont, en vérité, une
véritable " mine de surface " à exploiter. Outre les
importations qui représentent, pour l'ensemble des métaux non
ferreux (MNF), 20 % des matières premières utilisées
dans le recyclage, il faut distinguer trois modes de collecte.
La récupération de l'aluminium industriel
Outre les contrats directs entre producteurs et utilisateurs de boites, la
récupération d'aluminium, comme de l'ensemble des MNF, est un
métier à part entière. Il existe plus de 600 entreprises
spécialisées dans la récupération des
déchets métalliques dont l'aluminium (chutes industrielles,
copeaux, débris, câbles...). Cette activité échappe
largement aux collectivités locales. La collecte de l'aluminium
ménager utilise des moyens radicalement différents.
La collecte en centre de tri
Les emballages aluminium peuvent être collectés par un
système de collecte sélective, comme tous les emballages,
c'est-à-dire essentiellement par collecte séparative porte
à porte et, accessoirement, par bornes d'apport volontaire. La
difficulté vient après, au moment du tri.
En France, les emballages aluminium sont récupérés par la
collecte sélective, avec les autres emballages (essentiellement par
collecte porte à porte). La faiblesse du gisement explique qu'il n'y a
pas, à une exception près, de collecte séparative pour
l'aluminium, contrairement à d'autres pays, comme la Suède ou les
États-Unis. Ces deux pays ont adopté un système de
consigne. Un ticket est remis à celui qui rapporte la boite dans un
collecteur ou un supermarché, qui est remboursé par la suite. En
France, les différents emballages arrivent en vrac, la difficulté
survient au moment du tri.
Les quelques exemples de tri automatique par machine à courant de
Foucault (voir ci-après) n'ont pas donné les résultats
attendus, dans la mesure où la machine sélectionne tout emballage
ayant une trace d'aluminium, y compris par conséquent les emballages
multicouches, multimatériaux, tels que les " tetra-packs ",
dont plus de 90 % est en carton. Le tri machine n'évite pas un tri
manuel, avec identification pièce par pièce.
Les volumes récupérés en collecte sélective restent
cependant encore extrêmement faibles : 400 tonnes en 1997, soit
1 % du gisement... Autant dire que la
quasi
totalité de
l'aluminium prend aujourd'hui d'autres voies : mise en décharge ou
incinération.
La récupération de l'aluminium issu du mâchefer
d'incinération
La récupération de l'aluminium issu du mâchefer
d'incinération est aujourd'hui réalisée par une machine
à courant de Foucault, basée sur le principe de la
réactivité de l'aluminium à un champ magnétique.
Encadré n° 31
Le tri
par courant de Foucault
___
Le tri
par courant de Foucault est un tri magnétique. Les pièces
à trier avancent sur un tapis roulant, au bout duquel se trouve
placée une roue polaire munie d'aimants dont les pôles sont
alternés, chacun générant un champ magnétique.
En application du principe de Maxwell, le champ magnétique crée
un courant dans tout objet conducteur passant à proximité (en
l'espèce l'aluminium). Du fait de l'alternance des pôles, le
courant produit par la rotation de la roue est un courant alternatif qui
crée, à son tour, un champ magnétique qui s'oppose au
premier.
L'objet réagit comme un aimant dont le pôle situé du
côté de la roue polaire est toujours du même signe que
l'aimant de la roue polaire à l'aplomb. Il y a donc création de
forces radiales auxquelles s'ajoutent des forces tangentielles dues à la
rotation. La résultante soulève l'objet et le projette.
Ainsi, dans les mâchefers composites placés sur le tapis, les
métaux ferreux restent accrochés et tombent par gravité
sous la roue, les inertes (cailloux, verre...) tombent par gravité
devant la roue, les métaux non ferreux sont éjectés devant
la roue.
Cette machine a été mise au point pour les broyeurs de voiture.
Il s'agissait alors de machines importantes adaptées à de
très grandes quantités (chaque année, en France,
2 millions de voitures, soit 2 millions de tonnes sont mises à la
casse) et à des broyages sommaires. Grâce à
l'amélioration des performances des aimants, l'idée a donc
été de miniaturiser l'installation pour récupérer
l'aluminium collecté et/ou broyé dans les ordures
ménagères.
La miniaturisation a eu lieu, mais les premières applications, en
centres de collecte, ont échoué (voir ci-dessus). En
éjectant l'aluminium, la machine isolait tous les emballages qui
contenaient ce métal, y compris les emballages complexes n'incorporant
qu'une micro-feuille d'aluminium (" tetra-pack " dont plus de
90 % est en carton, boites de lait...). L'utilisation a été
reportée sur le tri de mâchefer issu d'incinérateurs. Ce
tri, par machine à courant de Foucault, peut s'effectuer soit en sortie
d'incinérateur, soit en centre de traitement des mâchefers, soit
en centre de tri.
On estime que les mâchefers contiennent 20 % d'aluminium, ce qui
peut justifier une collecte.
Le parc de machines à courant de Foucault est aujourd'hui de
40 machines (27 installées sur les unités de traitement des
mâchefers, 11 en centres de tri, 2 en sortie d'usines
d'incinération), mais les potentialités de développement
paraissent importantes. (voir ci-après " Perspectives ").
L'aluminium récupéré à partir des mâchefers
d'incinération représentait en 1998, 4.500 tonnes (dix fois plus
que l'aluminium des centres de tri).
Le prix de récupération varie en fonction du mode de collecte
(collecte sélective des mâchefers), de la teneur en aluminium
récupérable, et du cours de l'aluminium sur le marché
international. En tenant compte des impuretés, l'aluminium
collecté à partir des mâchefers subit une décote de
l'ordre de 30 % par rapport au prix de l'aluminium
récupéré à partir des centres de tri.
Prix de récupération de l'aluminium (avant correctif LME*) en francs/tonne |
||
Teneur en aluminium récupérable |
Aluminium issu de la collecte sélective |
Aluminium issu des mâchefers d'incinération |
55 % |
hors PTM** |
hors PTM |
55 - 60 |
1.000 |
750 |
60 - 65 |
1.250 |
750 |
65 - 70 |
1.500 |
1.000 |
70 - 75 |
1.750 |
1.200 |
75 % |
2.000 |
1.300 |
* Le
prix s'entend livré en vrac ou en balle, chargé sur camion,
à la sortie du centre (avant transport). En sus du prix de base, un
bonus s'applique en fonction du cours de l'aluminium sur le marché de
Londres-LME (
London Market Exchange
). Ce bonus est compris entre 100
F/tonne pour un cours d'aluminium de 8.500 F/tonne, et 1.500 F/tonne pour
un cours d'aluminium supérieur à 14.500 F. En septembre 1998, le
" bonus " était de 400 F.
|
||
Source : audition de M. François Ringeval |
c) La valorisation
Le recyclage
L'aluminium présente des qualités de recyclage exceptionnelles,
puisqu'il peut être recyclé à l'infini, sans perdre aucune
de ses qualités par rapport à la fabrication d'aluminium primaire
à partir de bauxite. 355.000 tonnes d'aluminium ont
été recyclées, ce qui correspond à un
ratio
de recyclage (pourcentage de métal recyclé par rapport à
la consommation totale de ce métal) de 35 %.
A l'issue de la collecte, intervient une phase de tri et de préparation
(cassage, broyage, compression) qui permet d'obtenir des matières aptes
à la fusion dans un four à haute température. Le
métal est alors affiné à l'aide d'un traitement
métallurgique approprié, c'est-à-dire purifié, pour
éliminer les impuretés et le soumettre aux normes de son
utilisateur final. Il est livré en lingots ou en fusion. Le métal
peut aussi être transformé pour fabriquer des demi-produits.
Compte tenu des caractéristiques de l'aluminium
récupéré, l'aluminium recyclé est surtout
utilisé en filage ou en fonderie (roues, carters, pièces de
moteurs automobiles), plus qu'en étirage et en laminage, mais si le
gisement était plus important, techniquement, rien n'empêcherait
de refabriquer des boites par exemple (c'est d'ailleurs le cas aux
États-Unis).
Ce recyclage est non seulement parfaitement possible, mais même vivement
recherché, dans la mesure où la fabrication d'aluminium, à
partir de produits recyclés, d'une part évite une partie des
problèmes environnementaux (on se souvient des problèmes des
" boues rouges " en Méditerranée, liées au
traitement du minerai brut) et, d'autre part, est moins coûteux que la
fabrication du même produit à partir de la matière
première vierge (extraction de l'alumine à partir de bauxite).
Une tonne d'aluminium recyclé représente une économie de
quatre tonnes de bauxite. Par ailleurs, l'économie d'énergie est
de 95 %. Comme l'énergie représente environ 20 % du
coût total de fabrication de l'aluminium primaire, l'utilisation de
produits recyclés représente une économie de 19 % sur
un produit primaire identique, toutes choses égales par ailleurs. C'est
ce qui explique le prix important de rachat de l'aluminium usagé.
La valorisation énergétique
La
quasi
totalité de l'aluminium (plus de 90 %)
utilisé par les ménages va aujourd'hui en incinération.
L'aluminium a toutefois un pouvoir calorifique élevé qui peut
être utilisé. En chauffant, l'aluminium s'oxyde, et dégage
de l'énergie. Dans de bonnes conditions (température de
850°C minimum, temps de combustion, turbulence et apport d'air),
l'oxydation d'un kilo d'aluminium dégage autant d'énergie que la
combustion d'un kilo de charbon, de 0,8 litres de fuel, près de deux
fois et demi plus que le papier.
Sur le strict plan énergétique, on peut même
considérer que le recyclage de l'aluminium, bien que n'utilisant que
90 % de l'énergie nécessaire à l'aluminium vierge,
implique quand même une consommation d'énergie de 3 megajoules par
kilo, tandis que l'incinération dégage une énergie dix
fois plus grande. Ce qui n'enlève rien à l'utilité du
recyclage matière qui est, comme on l'a vu, extrêmement
performant, mais qui nous rappelle la difficulté d'établir des
comparaisons économiques exhaustives.
Tout l'aluminium n'est pas brûlé. Les solides se retrouvent par la
suite dans le mâchefer d'incinération, et peuvent être,
à leur tour, récupérés aux fins de valorisation
matière cette fois.
2. Perspectives
a) Une amélioration de la collecte
La collecte sélective
En combinant effet d'apprentissage, accoutumance et multiplication des lieux de
collecte, les résultats de la collecte sélective (par porte
à porte) devraient sensiblement s'améliorer. Des marges de
progression existent.
Malgré leur haute valeur, les canettes restent parmi les produits les
moins collectés séparément (19 % seulement des
personnes interrogées indiquent qu'elles rejettent les canettes dans des
containers spécifiques, contre 57 % pour le papier, 87 % pour
le verre).
D'autres initiatives, plus ciblées, peuvent également
compléter le dispositif existant.
Dans les lieux publics, notamment à fort passage (gares, stations de
métro...), l'Allemagne a adopté le système d'une poubelle
unique, mais à quatre compartiments, spécialisés par type
de produit (verre, journaux/papiers, canettes, autres). Cette formule n'a pas
été suivie en France. Les arguments sont d'ordre financier,
d'esthétique et de sécurité. Soit. L'argument n'est pas
irrecevable, mais le risque d'attentat et collecte séparative
paraît bien mince pour être accepté sans exprimer certaines
réserves. Faudra-t-il un jour supprimer les poubelles ? D'ailleurs,
le système allemand ne consiste pas à multiplier les poubelles,
mais simplement à séparer les collectes. L'argument
sécuritaire est, par conséquent, peu pertinent.
D'une façon générale, nous pensons que les gisements
existent et qu'il suffit bien souvent d'aller les chercher. Comme en
témoigne cet exemple.
Encadré n° 32
Moto,
auto, canettes
(L'expérience toulonnaise)
___
Devant
les quantités importantes de " boites boisson "
consommées lors des grands prix motos ou autos du circuit Paul Ricard,
situé sur une des communes du syndicat, une opération de collecte
a été mise en place en 1991 par le SITTOMAT (syndicat
intercommunal de transport et de traitement des ordures ménagères
de l'Aire toulonnaise). Le succès a été tel que
l'opération a été poursuivie pendant la période
estivale d'abord, sur les seules communes touristiques, puis sur toutes les
communes du syndicat. La collecte a été étendue
(1997/1998) aux sites militaires.
En 1992, 200.000 boites ont été récupérées.
En 1997, 400.000 boites, soit 3 tonnes d'aluminium et 6 tonnes d'acier.
L'objectif est de récupérer 6 tonnes d'aluminium et
10 tonnes d'acier.
Source : IIIe Assises des déchets d'Agen, 1998
Exposé de M. Gilles Vincent, vice-président du SITTOMAT
Certes,
cette expérience n'est pas totalement transposable, car si elle a
fonctionné, c'est aussi parce que la région abrite la seule usine
française de fabrication de boites en aluminium, qui avait donc un
intérêt direct à la collecte. Néanmoins, elle montre
que des solutions nouvelles existent et sont offertes à ceux qui le
veulent. Sous réserve d'adaptation, de telles mesures peuvent être
adoptées à proximité des campings, ou à l'occasion
des grands événements sportifs (A l'exception du Stade de France
où les canettes et les bouteilles en verre sont interdites. Toutes les
consommations utilisent des matériaux en carton ou en plastique).
La récupération en centres de tri
Comme il a été indiqué, la machine à courant de
Foucault, bien adaptée à l'extraction des nodules d'aluminium des
mâchefers, n'a pas donné de résultats satisfaisants en
centres de tri. Le tri est encore manuel dans la plupart des cas, et le taux
d'extraction est encore faible, de l'ordre de 40 %. D'autres
systèmes sont aujourd'hui envisagés pour améliorer la
récupération.
Le couplage détection magnétique/volume.
L'un
des inconvénients des machines à courant de Foucault est de faire
réagir l'aluminium quelque soit sa masse, et de trier, par
conséquent, tous les objets contenant de l'aluminium. L'idée est
de pouvoir séparer les objets en aluminium majoritaire (canettes) et les
objets à aluminium minoritaire (" tetra-pack "). La prochaine
génération de machines devrait permettre cet ajustement, pour un
prix cependant élevé (autour d'un million de francs).
Le couplage détection/éjection.
Il s'agit
d'un système de détection par capteur, couplé à un
système d'éjection par air comprimé et impulsion
électromagnétique. Le pilote de Decines Charpieu (Rhône) a
montré un taux d'extraction quatre fois supérieur au tri manuel.
Une deuxième unité sera installée très
prochainement au centre de tri de Rochy-Condé près de Beauvais
(Oise). L'équipement est de 450.000 francs, et devrait baisser autour de
300/350.000 francs.
Le couplage détection/signal/tri manuel.
Le capteur
est alors couplé à un signal sonore ou visuel qui avertit un
trieur sur la chaîne. Le coût serait réduit à environ
100/150.000 francs.
L'utilisation de machines couplant détection/éjection ou
détecteur/signal devrait doubler le taux d'extraction.
La récupération de l'aluminium des mâchefers
Comme il a été indiqué, la machine à courant de
Foucault donne toute satisfaction pour extraire l'aluminium des
mâchefers. Cette extraction peut intervenir, soit en centre de
récupération des mâchefers, soit dès la sortie
d'incinération. L'évolution va en ce sens. Pour
M. François Ringeval, de la Fédération des chambres
syndicales des minerais, minerais industriels et métaux non ferreux,
" il ne fait plus de doute aujourd'hui que, pour tout
incinérateur traitant les ordures ménagères de
communautés de 100.000 habitants et plus, l'installation d'une
machine à courant de Foucault est une opération industrielle
rentable "
, compte tenu de la baisse régulière du
coût des équipements et du prix de reprise de l'aluminium, sans
compter les éventuelles aides à l'investissement versées
par l'ADEME ou la Région, et la valorisation des mâchefers
démétallisés.
Aujourd'hui, 50 % des incinérateurs (de capacité
supérieure à 5 tonnes/heure) sont équipés de
machines à courant de Foucault, et l'ensemble du parc recèle un
potentiel de croissance.
Selon des informations communiquées au
IIIe Assises des
déchets à Agen
, l'agglomération grenobloise (377.000
habitants) a installé une machine à courant de Foucault en sortie
d'incinérateur (coût 950.000 francs). Le taux d'extraction se
situe à 90 %, soit un tonnage de 390 tonnes par an. Compte tenu des
aides, le syndicat estime pouvoir amortir son investissement sur deux ans.
Selon la chambre syndicale des métaux non ferreux, le
ratio
de
recyclage de l'aluminium devrait doubler d'ici 2002.
Perspectives de recyclage de l'aluminium ménager |
|||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
2002 |
Aluminium de collecte sélective |
-- |
100 |
300 |
400 |
2/3.000 |
Nodules issus du mâchefer |
100 |
1.000 |
3.000 |
4.500 |
10/12.000 |
Diffus |
2.200 |
2.200 |
2.100 |
2.100 |
2.000 |
Total |
2.300 |
3.300 |
5.400 |
7.000 |
14 à 17.000 |
Nota : Ces chiffres ne permettent pas de fixer avec précision le taux de recyclage des emballages aluminium. En effet, les mâchefers issus d'incinération contiennent aussi des emballages à aluminium minoritaire ou des parties en aluminium qui ne viennent pas des emballages, mais des produits ménagers et quelquefois de DIB. On estime que sur le chiffre total (7.000 tonnes en 1998 ; 14 à 17.000 tonnes en 2002), 90 à 95 % sont issus des emballages aluminium, sur un total d'emballages aluminium de 40.000 tonnes en 1998. |
|||||
Source : audition de M. François Ringeval |
b) Limites
Malgré le développement des collectes, des
techniques
de récupération et de traitement
119(
*
)
, malgré aussi son
intérêt économique évident, l'aluminium reste un
matériau marginal.
Le marché des boites -" boites boisson " et barquettes- ne
progresse que lentement. Seul le marché de la feuille connaît un
réel développement (+ de 10 % par an), en raison des
nouveaux procédés de fabrication des emballages
multimatériaux. Mais les volumes restent faibles, sinon insignifiants,
dans l'ensemble des ordures ménagères : moins de 1 % du
total.
Pourquoi, dès lors, tant d'efforts ? Pour les 1.000 ou 1.500 F la
tonne ? Pour abaisser de quelques centimes le coût de fabrication
d'un carter automobile ? Non, la seule raison financière ou
économique ne suffit pas. L'aluminium est un matériau moderne, la
boite est son symbole, jetable certes, mais identifiable et identifié
comme " triable ", et réutilisable. L'aluminium est, encore
mieux que le verre, le produit qui permet de diffuser la collecte
sélective. Ce ne sont pas les 11 grammes d'aluminium que la boite
contient qui importent. C'est, à travers elle, le geste que l'on apprend
et qui, peu à peu, devient une habitude.