Recyclage et valorisation des déchets ménagers
MIQUEL (Gérard)
RAPPORT 415 (98-99) - OFFICE PARLEMENTAIRE D'EVALUATION DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES
Table des matières
- INTRODUCTION
-
PREMIÈRE PARTIE
DONNÉES DE BASE- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
- II. CADRE JURIDIQUE ET RÉGLEMENTAIRE
-
III. DONNÉES ÉCONOMIQUES ET
FINANCIÈRES
-
A. ASPECTS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
- 1. Les activités éco-industrielles1313 Cette partie est rédigée, pour l'essentiel, à partir des informations et notes de conjoncture réalisées par le BIPE pour le compte du ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, de l'ADEME et de la Caisse des dépôts et consignations, Ecoloc 1998, et de la note pour le Comité de conjoncture sur Les activités éco-industrielles, décembre 1998
- 2. Les dépenses des collectivités locales dans la gestion des déchets
- 3. L'emploi
- B. ASPECTS FINANCIERS
-
A. ASPECTS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
- IV. PRÉALABLES ET COMPLÉMENTS À LA VALORISATION
-
DEUXIÈME PARTIE
LES MODES DE TRAITEMENT- I. MISE EN DÉCHARGE, STOCKAGE ET FERMENTATION
-
II. L'INCINÉRATION
- A. SITUATION
- B. L'APPROCHE ENVIRONNEMENTALE
- C. ASPECTS ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS
- D. LES MODES DE VALORISATION LIÉS À L'INCINÉRATION
- III. LA THERMOLYSE8989 Partie rédigée en collaboration avec M. le Professeur André Fontana, directeur du service de Chimie générale et industrielle, et le Docteur C. Gisèle Jung, de l'Université libre de Bruxelles.
-
TROISIÈME PARTIE
LES FILIÈRES- I. LES GRANDES FILIÈRES " MATÉRIAUX "
- II. LES FILIÈRES DES PRODUITS EN FIN DE VIE
- CONCLUSION
- ANNEXES
N° 1693
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N° 415
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Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale |
Annexe au procès-verbal de la séance du |
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le 14 juin 1999 |
10 juin 1999 |
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OFFICE
PARLEMENTAIRE D'ÉVALUATION
DES CHOIX SCIENTIFIQUES ET TECHNOLOGIQUES
RAPPORT
sur
LES
NOUVELLES TECHNIQUES
DE
RECYCLAGE
ET DE
VALORISATION
DES
DÉCHETS MÉNAGERS
ET DES
DÉCHETS INDUSTRIELS BANALS
par
M. Gérard MIQUEL,
Sénateur
et
M. Serge POIGNANT,
Député
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Déposé sur le Bureau de l'Assemblée
nationale
|
Déposé sur le Bureau du Sénat
|
Environnement.
INTRODUCTION
___
Le
dossier des déchets est arrivé à maturité. Les
directives européennes ont fixé des résultats à
atteindre, les lois françaises ont défini des obligations, les
techniques ont évolué, les connaissances se sont
améliorées, les industriels sont préparés, les
" citoyens consommateurs " sont disposés à adopter de
nouvelles règles de comportement, les collectivités locales sont
prêtes. Tout contribue au changement. C'est aujourd'hui l'heure des choix.
A la demande du groupe socialiste du Sénat, mais cela aurait pu
être d'un autre groupe, car ce dossier dépasse les clivages
politiques -comme en témoigne la présence de deux rapporteurs de
sensibilité différente-, l'Office parlementaire
d'évaluation des choix scientifiques et technologiques a choisi de
s'investir dans ce domaine.
Une première étude avait été conduite par l'Office,
il y a plusieurs années
1(
*
)
, mais depuis,
le contexte a radicalement changé. Pendant longtemps, l'alternative
était simple. Le gestionnaire de déchets n'avait d'autre choix
que celui de les mettre en décharge ou de les incinérer, de les
éloigner ou de les brûler, avec ou sans récupération
d'énergie, mais surtout s'en débarrasser, sans trop s'occuper des
conséquences qui, à terme, pouvaient survenir. La
" valorisation matière ", qui consiste au
" réemploi, au recyclage ou à toute autre action visant
à obtenir, à partir des déchets, des matériaux
réutilisables "
, était certes une voie toujours
citée, mais en réalité bien peu suivie. Faute de collecte
appropriée, faute de traitement adapté dans des conditions
économiques satisfaisantes, faute peut-être aussi, de
volonté claire. L'Office a donc jugé utile de présenter
à l'opinion les nouvelles possibilités de traitement des
déchets.
Mais comment trouver sa place dans un domaine où les rapports, les
études sont déjà extrêmement nombreux, où
l'information est continue, où les nouveautés sont
incessantes ? Comment rédiger un rapport qui ne soit pas seulement
un rapport de plus ?
Pour trouver cette place, ou, du moins, tenter de le faire, l'Office n'avait
qu'à respecter scrupuleusement les termes de la mission qui lui a
été définie par la loi :
" L'Office a pour
mission d'informer le Parlement des conséquences des choix de
caractère
(...)
technologique "
. A travers le Parlement,
c'est l'ensemble de l'opinion et de ses représentants, notamment les
élus locaux, qui est visé.
Ce rapport n'a donc pas pour objet d'étudier l'ensemble de ce secteur.
Il a pour seule ambition de présenter des options, d'ouvrir
l'éventail des possibilités, d'éclairer les choix de ceux
qui s'interrogent encore, mais qui ont la volonté d'agir dans ce domaine.
Cette mission nous a conduits à organiser plus de soixante auditions et
entretiens, et des dizaines de visites sur le terrain en France et en
Allemagne, notamment. Ce travail n'aurait surtout pu être
réalisé sans la contribution décisive du comité
d'experts qui nous accompagnait pendant toute cette période (voir
annexe 1). Nous voudrions ici remercier tout spécialement
M. le Professeur André Fontana, directeur du service de Chimie
générale et industrielle de l'Université libre de
Bruxelles, ainsi que son adjointe, Mme Gisèle Jung, qui nous ont
accompagnés sans discontinuité, avec une courtoisie constante et
une efficacité remarquable.
Ce rapport intervient à un moment où la France est à la
croisée des chemins. Trois éléments principaux doivent
être pris en compte : technique -c'est l'objet même du
présent rapport -, mais aussi social et politique.
Sur le plan social, nous constatons qu'en dépit des appréhensions
les plus pessimistes, la collecte sélective est un succès. Les
Français ont montré qu'ils pouvaient, qu'ils savaient et qu'ils
voulaient participer. Tout cela n'est pas une idée, encore moins une
idéologie, mais une réalité, que l'élu doit prendre
en compte.
Sur le plan politique, nous considérons que l'environnement sera l'un
des défis majeurs du siècle prochain, et qu'à l'heure
où le politique (le système, les hommes...) est
décrié, l'environnement est aussi une occasion exceptionnelle de
restaurer la fonction politique. C'est un domaine où les choix des
responsables sont attendus, visibles, déterminants, où le
consommateur peut être actif, acteur et partenaire, c'est-à-dire
en un mot, citoyen.
La politique des déchets est donc un défi à relever et une
chance à saisir.
PREMIÈRE PARTIE
DONNÉES DE
BASE
___
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE
A. DONNÉES STATISTIQUES
1. La production de déchets
a) Observations de méthode
Comment
mesurer les déchets ? En dépit de repères simples,
tant juridiques que pratiques, les déchets constituent des
mélanges hétérogènes mal définis, complexes,
variables, rendant les évaluations délicates. Les quatre
difficultés principales portent sur :
les définitions adoptées,
l'assiette adaptée,
le mode de calcul retenu,
le périmètre envisagé.
Les définitions : il y a " déchets et
déchets ".
Les difficultés commencent avec les définitions des
déchets. Les problèmes sont juridiques, pratiques. A quel moment
un objet devient-il un déchet, à quel moment cesse-t-il de
l'être ? La désintégration survient en effet dans tous
les cas, mais dans des délais extrêmement variables, entre
quelques semaines (déchets verts, feuilles mortes...) et plusieurs
milliers d'années (verre).
Par ailleurs, un objet peut être un déchet pour celui qui s'en
débarrasse, et un produit valorisable qui a une valeur marchande pour
celui qui le collecte ou qui l'assemble. Ainsi, les deux litres d'huile de
vidange sont un déchet pour l'automobiliste, mais les deux tonnes
d'huiles récupérées sont vendues en combustible. Le seul
fait d'avoir rassemblé les déchets individuels a
transformé le produit.
Autre exemple : le partage délicat entre ordures
ménagères et déchets ménagers. On appelle en
général " déchets ménagers " les
déchets produits par les ménages, et " ordures
ménagères " les déchets collectés dans le
cadre des ramassages organisés par les municipalités. Les deux
termes ne se recouvrent pas. Certains déchets ménagers, notamment
en milieu rural, sont éliminés par les habitants eux-mêmes
(brûlés dans les cheminées ou donnés aux animaux),
tandis que les collectivités locales collectent également les
déchets qui ne proviennent pas des ménages, mais des
commerçants et artisans.
L'assiette : " sec ou humide " ?
Il y a souvent une différence entre celui qui collecte un déchet
et celui qui le reçoit ou qui le traite, car les deux ne calculent pas
la même chose. La différence principale est entre le déchet
brut, collecté, et le déchet propre et sec. Les déchets
ménagers contiennent en moyenne 35 % d'eau. Pour certains
déchets, la teneur en eau est beaucoup plus importante. Pour les boues
de stations d'épuration par exemple, la teneur en eau varie entre 60 et
98 %. Les déchets solides sont donc considérablement
réduits par le seul séchage. Il faut aussi compter avec le
nettoyage, pour débarrasser les déchets entrant des
impuretés et salissures... Tous ces phénomènes expliquent
aussi les différences entre évaluations, notamment entre
collectivités locales et industriels traitants
2(
*
)
.
Le mode de calcul retenu : masse ou volume ?
Les déchets se mesurent en masse et non en volume. Les densités
sont extrêmement variables selon les matériaux, et même
selon les modes de collecte. Ainsi, la densité des ordures
ménagères est de 150 à 200 kg/m
3
en moyenne,
quand elles sont dans des sacs et des poubelles, et de 400 à
600 kg/m
3
quand elles sont compactées en bennes avec
tassement. Les écarts sont tels que, pour simplifier, on mesure les
déchets en masse, en tonnes.
Cette méthode peut, à elle seule, fausser les conclusions que
l'on peut tirer de telle ou telle filière de collecte. Ainsi, le
plastique a une densité deux fois moindre que la moyenne des ordures
ménagères non compactées, soit de l'ordre de 100
kg/m
3
. Sa part dans le volume de ces déchets est d'environ un
quart, alors que sa part dans la masse n'est que de 12 %. Cela a une
grande importance sur l'appréciation des coûts de la collecte.
Ramené à la masse, le coût de collecte des plastiques est
élevé, voire exorbitant pour certains plastiques, si on les
rapporte à la tonne collectée (comme les calages de plastique
expansé, dont la densité est de l'ordre de 10 kg/m
3
,
soit dix fois moindre que la densité moyenne des plastiques).
Aussi, pour obtenir un camion de dix tonnes d'ordures ménagères
compactées, il faut deux camions d'ordures ménagères
brutes, quatre camions de plastique, quarante camions de plastique
expansé... Les coûts, calculés à la tonne, seraient
évidemment différents si l'on calculait par rapport aux volumes
collectés.
En dépit de ses insuffisances et imperfections, cette méthode de
calcul en masse est aujourd'hui la seule utilisée. Si des
évolutions sont possibles, et même souhaitables, cette situation
doit aujourd'hui être considérée comme une donnée.
Le périmètre envisagé
Pour mesurer les déchets, il faut définir au préalable un
périmètre. S'intéresse-t-on aux déchets
ménagers, aux déchets gérés par les
collectivités locales, aux déchets produits en France, aux
déchets traités en France, dont le périmètre est
encore plus large puisqu'il inclut les importations de déchets -car l'on
importe des déchets dans des quantités non négligeables
(entre 600 et 700.000 tonnes par an)-. Même en excluant les
déchets nucléaires, les frontières et les passerelles sont
nombreuses. Les différentes évaluations communiquées
ci-après donnent une idée de cette complexité.
b) Évaluations
Les
évaluations courantes sur la production de déchets en France
varient entre deux chiffres : 21 millions de tonnes et 600 millions de
tonnes par an. On passe entre ces deux extrêmes par juxtapositions
successives.
Premier bloc. Les déchets ménagers et les déchets
municipaux
Les " déchets des ménages "
Il s'agit des déchets issus de l'activité domestique des
ménages qui se composent de trois parts distinctes :
les déchets provenant des collectes usuelles (19,2 millions
de tonnes),
les déchets provenant des collectes séparatives
(1,6 million de tonnes),
les déchets non collectés (auto-élimination)
(0,3 million de tonnes).
L'ensemble représente 21,1 millions de tonnes par an, soit
352 kilos par habitant et par an, soit environ un kilo par jour et par
habitant.
Les déchets assimilés aux déchets
ménagers
Il s'agit des déchets issus des commerces, de l'artisanat, des bureaux
et de l'industrie, mais collectés dans les mêmes conditions que
les déchets ménagers. Cette part est alors dite
" assimilée aux déchets ménagers ". Elle
représente 5,2 millions de tonnes.
Les ordures ménagères
On appelle " ordures ménagères ", ou
" déchets ménagers " au sens large, les déchets
collectés qui résultent de l'activité domestique des
ménages et des déchets assimilés.
Il s'agit de
l'évaluation la plus courante en France
. Le montant est
calculé par sommation des deux données précédentes
(21,1 + 5,2), desquelles on retire la part de déchets
auto-éliminée (- 0,3). L'ensemble représente
26
millions de tonnes, soit 434 kg/habitant et par an
. Les étapes du
calcul sont données dans le tableau ci-dessous :
Quantités de déchets ménagers (1995) en millions de tonnes |
|||||
|
Poubelles |
Collecte séparative |
Déchets collectés |
Auto-élimination |
Total déchets ménagers |
Déchets ménagers |
19,2 |
1,6 |
20,8 |
0,3 |
21,1 |
Déchets non ménagers mais assimilés |
5,2 |
|
5,2 |
|
|
Total |
24,4 |
1,6 |
26,0 |
0,3 |
26,3 |
Source : ADEME, Déchets municipaux, chiffres clefs , traitement OPECST |
Ce
chiffre moyen de 434 kg par habitant et par an recouvre des situations
très disparates selon les milieux géographiques et les
densités de population.
On distingue ainsi le milieu urbain, avec un
gisement d'ordures ménagères et assimilés de 520
kg/habitant et par an, le milieu semi urbain, avec un gisement d'ordures
ménagères et assimilés de 425 kg/habitant et par an,
et le milieu rural, avec un gisement d'ordures ménagères et
assimilés de 320 kg/habitant et par an
.
Les déchets municipaux
On ajoute à la quantité précédente, les autres
déchets collectés par les municipalités. Leur grande
diversité, la marge d'appréciation laissée aux
collectivités pour collecter ou non certains déchets
(déchets industriels banals, déchets automobiles...), expliquent
qu'il n'y a aucun chiffrage exhaustif dans ce domaine, et que les
évaluations éventuelles ne sont jamais concordantes. Les chiffres
suivants sont communiqués sous toutes réserves, et ne servent
qu'à donner un ordre de grandeur pour fixer les idées. On
distingue ainsi :
Les autres déchets des ménages
qui, en raison
de leur poids ou de leur volume ne peuvent être pris en compte par les
collectes usuelles. Il s'agit d'une part des
inertes
(résidus de
travaux et bricolage) et des
encombrants
ou " monstres "
(cuisinières, réfrigérateurs hors d'usage, sommiers...).
Cette partie est difficile à évaluer, car une fraction non
négligeable reste encore abandonnée " dans des
décharges sauvages ", tandis qu'une petite partie prend aujourd'hui
la direction des déchetteries organisées à cet effet. On
estime ce premier volet à environ 4,5 millions de tonnes. Les
déchets des ménages incluent d'autre part des
déchets
ménagers spéciaux
, qui normalement, ne sont pas
collectés avec les déchets courants (piles, huiles de vidange...)
Les
déchets
provenant de l'entretien des
espaces verts
(parcs et jardins), soit 1 million de tonnes, sans
compter l'entretien des autres espaces publics touristiques (plages...).
Les
déchets
de
nettoiement
(marchés et voies publiques).
Les
déchets
liés à
l'
automobile
(carcasses, pneus et huiles usagés) :
environ 2 millions de tonnes
Les
déchets
de l'
assainissement
collectif
, notamment les boues engendrées par les stations
d'épuration des eaux usées domestiques (9 millions de
tonnes) et les déchets de curage des réseaux (1 million de
tonnes).
Au total, et sous les réserves rappelées ci-dessus, l'ensemble
des " déchets municipaux hors déchets ménagers "
peut être estimé entre 15 et 20 millions de tonnes par an, ce
qui fait, au total, des déchets municipaux compris entre 40 et 45
millions de tonnes.
Deuxième bloc. Les déchets industriels
Les activités industrielles produisent 150 millions de tonnes de
déchets, dont :
30 millions de tonnes de déchets industriels banals,
assimilables aux ordures ménagères, et relevant du même
traitement ;
18 millions de tonnes d'éléments polluants
nécessitant des traitements spéciaux, d'où le nom de
" déchets industriels spéciaux " ;
plus de 100 millions de tonnes d'inertes (déblais, gravats...).
Il y a cependant, dans ce domaine, des écarts considérables selon
les sources, comme en témoigne la comparaison de ces deux documents
rédigés par la même agence, mais à cinq ans
d'intervalle.
Exemple de divergence
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ADEME
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ADEME
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" Les activités industrielles produisent 30 millions de tonnes de déchets banals assimilables aux ordures ménagères et relevant du même traitement " . |
|
" La production de DIB français est estimée à 94 millions de tonnes par an, dont 52 tonnes de DIB des industries et du commerce " . |
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Il y a également 100 millions de tonnes d'inertes. |
|
9 millions de tonnes des chantiers du bâtiment |
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Les déchets des industries agro-alimentaires (IAA) sont comptés parmi les déchets agricoles, et représentent 25 millions de tonnes . |
|
43 millions de tonnes des déchets organiques des industries agro-alimentaires. |
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Troisième bloc. Les déchets
agricoles
Les activités agricoles génèrent 400 millions de tonnes de
déchets par an, dont :
25 millions de tonnes de l'industrie agro-alimentaire,
65 millions de tonnes des cultures,
280 millions de tonnes de l'élevage.
L'ensemble peut être représenté dans le schéma
ci-après :
Les
déchets en France
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Déchets ménagers
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Déchets assimilés aux déchets
ménagers
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DÉCHETS MUNICIPAUX
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Autres
déchets municipaux
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Déchets industriels banals (DIB)
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Déchets industriels spéciaux (DIS)
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DÉCHETS INDUSTRIELS
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DECHETS TOTAUX
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Inertes
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Déchets IAA
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Déchets d'élevage
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DÉCHETS AGRICOLES
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Déchets des cultures
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Source : ADEME, traitement OPECST |
c) Comparaisons internationales
Les
mêmes difficultés se retrouvent amplifiées pour
établir des comparaisons internationales. Là encore, celles-ci ne
peuvent servir qu'à établir des repères. Le critère
le plus adapté est celui du montant par habitant. On constate alors que
la production de déchets est, en général, plutôt
liée à la richesse du pays, mais avec des exceptions notables,
tant dans les pays riches que dans les pays pauvres.
La France se situe dans une position moyenne parmi les pays
développés. Un Français produit deux fois moins de
déchets qu'un Américain (755 kilos par an, soit près de 2
kilos par jour et par personne), dix fois plus qu'un habitant d'un pays en
développement. En Europe, la France se situe dans une position moyenne,
légèrement supérieure à l'Allemagne ou au Royaume
Uni, largement inférieure aux pays nordiques, Norvège ou
Finlande.
Évolution de la production des déchets ménagers. Comparaison européenne |
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Pays |
Déchets ménagers (milliers de tonnes) |
Déchets ménagers par habitant (kilos) |
|||||||||
|
1980 |
1990 |
1980 |
1990 |
|||||||
France |
15.570 |
20.320 |
290 |
360 |
|||||||
Allemagne |
21.417 |
21.172 |
348 |
333 |
|||||||
Royaume Uni |
15.500 |
20.000 |
312 |
348 |
|||||||
Italie |
14.040 |
20.033 |
252 |
348 |
|||||||
Espagne |
10.100 |
18.540 |
270 |
322 |
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Source : Europe's Environment, statistical compendium for the Dobris Assessment, 1995 |
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|
Comparaison internationale de production de déchets (kg/habitant/an) |
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Russie |
159 |
|
France |
360 |
|
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|
Ukraine |
212 |
|
Suède |
374 |
|
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|
|
|
|
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|
Portugal |
257 |
|
Suisse |
441 |
|
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|
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|
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|
Grèce |
296 |
|
Norvège |
472 |
|
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|
|
|
|
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|
Espagne |
322 |
|
Pays Bas |
497 |
|
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|
Allemagne ( RFA) |
333 |
|
Autriche |
620 |
|
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|
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|
Belgique |
342 |
|
Finlande |
624 |
|
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|
Royaume Uni |
348 |
|
États-Unis |
755 |
|
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|
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Source
:
Europe's Environment,
|
2. La composition des déchets
Bien connaître la composition des ordures ménagères est capital pour déterminer les modes de tri et de traitement qui seront les mieux adaptés. Plus de la moitié des ordures ménagères (déchets ménagers et assimilés collectés dans les tournées de ramassage organisées par les collectivités locales) sont constituées de déchets putrescibles et de papiers cartons. Les emballages représentent 40 % des ordures ménagères, le verre, fait unique en Europe, plus de 13 %.
Composition des ordures ménagères |
||||
Répartition par grande masse |
Répartition fine |
|||
|
en % |
kg/hab/an |
|
en % |
Déchets putrescibles |
28,8 % |
125 |
Déchets putrescibles |
28,8 % |
Papier carton |
25,3 % |
109,8 |
Papier |
16,2 % |
Plastiques |
11,1 % |
48,2 |
Carton |
9,1 % |
Verre |
13,1 % |
56,8 |
Plastiques |
11,1 % |
Métaux |
4,1 % |
17,8 |
Verre |
13,1 % |
Autres |
17,6 % |
n.s. |
Métaux |
4,1 % |
Total |
100 % |
434 |
Incombustibles |
6,8 % |
|
|
|
Combustibles divers |
3,2 % |
|
|
|
Textiles |
2,6 % |
|
|
|
Textiles sanitaires |
3,1 % |
|
|
|
Complexes |
1,4 % |
|
|
|
Spéciaux |
0,5 % |
Source : ADEME, Déchets municipaux, les chiffres clefs - février 1998 |
La composition des déchets est variable selon les pays, sans qu'il puisse être établi une corrélation stricte avec les richesses. Néanmoins, on constate que, dans l'ensemble, la part des putrescibles (nourriture, déchets de jardin...) est surtout dominante dans les pays les moins avancés, et que la part des papiers journaux s'accroît dans les pays développés (jusqu'à représenter 43 % des déchets en Californie...). La position singulière de la France se caractérise par l'importance du verre dans les ordures ménagères, supérieure à tous les autres pays du monde.
B. LA VALORISATION DES DÉCHETS
1. Les modes de traitement des déchets
a) La situation en France
En 1995,
près de 95 % de la population française était
desservie par des installations de traitement ou par des décharges
autorisées recevant plus de 3.000 tonnes de déchets par an.
Le stockage reste le principal mode d'élimination de ces déchets.
En 1995, près de la moitié des ordures ménagères a
été stockée dans des décharges et/ou des centres
d'enfouissement technique (CET) réglementés. Environ 40 %
des ordures ménagères ont été
incinérées en 1995.
Le compostage et les autres traitements biologiques concernent un peu plus de
7 % des tonnages traités (essentiellement des ordures
ménagères).
Modes de traitement des ordures ménagères en 1995 |
||
Modes |
Quantités d'ordures ménagères traitées |
|
de traitement |
en millions de tonnes |
en % |
Recyclage des matériaux |
1,6 |
6,2 |
Traitements biologiques, |
1,7 |
6,5 |
Traitements thermiques, |
10,3 |
39,6 |
Mise en décharge |
12,4 |
47,7 |
Total |
26,0 |
100,0 |
Source : ADEME 1995 |
b) Comparaisons internationales
Comparaison des politiques nationales de traitement des déchets (juin 1997) |
|||
États |
Recyclage |
Incinération |
Décharge Stockage |
France |
12 % (dont 6 % de compost) |
40 % |
48 % |
Allemagne |
18 % (dont 2 % de compost) |
34 % |
48 % |
Suède |
23 % (dont 5 % de compost) |
40 % |
37 % |
Norvège |
13 % (dont 1 % de compost) |
18 % |
69 % |
Danemark |
20 % |
60 % |
20 % |
Pays-Bas |
43 % (dont 20 % de compost) |
26 % |
31 % |
Belgique (Flandre, Wallonie) |
35 % - 11 % |
29 % - 31 % |
36 % - 58 % |
Italie |
9 % (dont 2 % de compost) |
6 % |
85 % |
Royaume-Uni |
25 % |
5 % |
70 % |
États-Unis |
24 % |
15 % |
61 % |
Japon |
11 % (dont 2 % divers) |
74 % |
15 % |
Canada |
30 % |
4 % |
66 % |
Suisse |
39 % |
47 % |
14 % |
Autriche |
33 % (dont 17 % de compost) |
12 % |
55 % |
Espagne |
13 % (compost) |
4 % |
83 % |
Source : ADEME |
2. La valorisation
a) La valorisation, qu'est-ce que c'est ?
"
Valoriser : donner de la valeur à quelque
chose
" Peut on se satisfaire de cette définition et
s'applique-t-elle aux déchets ?
3(
*
)
Malgré des avancées législatives , la valorisation reste
un concept ambigu qui se définit surtout par opposition à
l'élimination qui, par définition, se contente de faire
disparaître. Mais est-ce un objectif principal, secondaire, à quel
moment peut - on estimer qu'il y a bien eu valorisation...?
La notion est apparue dans les textes en 1989
4(
*
)
, mais les textes de référence sont la
directive cadre européenne de 1991
5(
*
)
et
la loi française du 13 juillet 1992 aux termes de laquelle la
valorisation consiste dans
" le réemploi, le recyclage ou toute
autre action visant à obtenir, à partir des déchets, des
matériaux réutilisables ou de l'énergie ".
Il y
aurait donc une valorisation matière qui doit permettre de
réutiliser les éléments constitutifs du déchet en
les intégrant dans le circuit économique, et une valorisation
énergétique, sans que le législateur ait fixé une
priorité entre les deux.
Il convient de mesurer les inconvénients qu'il y a, à juxtaposer
ces deux types de valorisation qui si elles sont complémentaires,
peuvent aussi devenir contradictoires, car il peut y avoir en
réalité " cannibalisation " d'une technique par une
autre. Le développement d'une technique -l'incinération-
empêche, par un mouvement en spirale, tout développement de
l'autre -la valorisation matière-.
Tout procédé de traitement coûte cher, mais les effets
d'échelle sont importants en particulier pour l'incinération avec
valorisation énergétique. Il faut donc, dans cette logique,
construire grand et collecter beaucoup, pour parvenir à des coûts
satisfaisants. La " valorisation matière " suit la même
loi, appliquée cette fois à la baisse, puisque moins on fait de
valorisation, plus elle coûte cher, et moins on peut en faire. Au total,
même si tous les rapports l'évoquent, même si beaucoup de
responsables tentent de la développer, la " valorisation
matière " des déchets impose une grande détermination
politique.
Selon l'ADEME, les différents sens de la valorisation sont les
suivants :
Encadré n° 1
Récupération et valorisation
Les définitions de l'ADEME
___
La
valorisation
consiste dans "
le réemploi, le recyclage ou
toute autre action visant à obtenir, à partir des déchets,
des matériaux réutilisables ou de l'énergie
"
(loi du 13 juillet 1992).
Récupérer
un déchet, c'est le sortir de son
circuit traditionnel de collecte et de traitement. Par exemple, mettre des
bouteilles ou des journaux dans un conteneur spécial, au lieu de les
jeter à la poubelle. La récupération, qui suppose une
collecte séparée ou un tri, se situe en amont de la valorisation
qui consiste, d'une certaine façon, à redonner une valeur
marchande à ces déchets. La valorisation s'effectue par divers
moyens.
Le
recyclage
est la réintroduction directe d'un déchet
dans le cycle de production dont il est issu, en remplacement total ou partiel
d'une matière première neuve. Par exemple, prendre des bouteilles
cassées, les refondre, et en faire des bouteilles neuves.
Le
réemploi
: c'est un nouvel emploi d'un déchet
pour un usage analogue à celui de sa première utilisation. C'est,
en quelque sorte, prolonger la durée de vie du produit avant qu'il ne
devienne un déchet. Par exemple, la consigne des bouteilles, à
nouveau remplies après leur nettoyage.
La
réutilisation
consiste à utiliser un déchet
pour un usage différent de son premier emploi, ou à faire,
à partir d'un déchet, un autre produit que celui qui lui a
donné naissance. Par exemple, utiliser des pneus de voiture pour
protéger la coque des barques ou chalutiers.
La
régénération
consiste en un
procédé physique ou chimique qui redonne à un
déchet les caractéristiques permettant de l'utiliser en
remplacement d'une matière première neuve. C'est le cas, par
exemple, de la régénération des huiles usées ou des
solvants, ou du papier qui est à la fois recyclé et
régénéré par le désencrage.
La
valorisation énergétique
consiste à utiliser
les calories contenues dans les déchets, en les brûlant et en
récupérant l'énergie ainsi produite pour, par exemple,
chauffer des immeubles ou produire de l'électricité. C'est
l'exploitation du gisement d'énergie que contiennent les déchets.
Source : ADEME, Les déchets en France
b) La valorisation pour quoi faire ?
Quelques raisons d'y croire
Disons le clairement, valoriser les déchets est avant tout un choix
politique, un choix de société. A chaque époque correspond
un choix de traitement des déchets. Comme certains ont
préféré mettre leurs déchets en décharge
plutôt qu'au fond des bois, ou ont choisi de les brûler
plutôt qu'ils s'entassent et pourrissent à proximité de nos
villes, nous pensons que l'époque appelle aujourd'hui un changement
d'attitude. Plus positive, plus économe, plus responsable.
Les déchets constituent un produit qu'il faut utiliser au mieux de nos
possibilités du moment. La valorisation est non seulement utile, mais
aussi souhaitable. Toute l'activité humaine consiste à
créer des richesses en partant d'un produit pour en fabriquer un autre,
en transformant les choses pour en créer de nouvelles. Le déchet
peut être ce produit qu'il faut savoir utiliser et transformer pour en
faire un matériau utile, une véritable " matière
première secondaire ".
Car utiliser un déchet c'est préserver les matières
premières naturelles. Les déchets peuvent ainsi se substituer aux
importations de matériaux. C'est aussi, bien souvent, réaliser
une économie en termes financiers. Il existe de très nombreux cas
où utiliser un déchet est moins coûteux pour tout le monde
qu'utiliser une matière première naturelle (le verre,
l'aluminium, par exemple). De plus, dans un grand nombre de cas, les
dépenses de traitement sont réparties entre la
collectivité et la filière industrielle, et, si la dépense
totale est la même, le financement est plus
équilibré.
6(
*
)
Dans ce domaine comme dans beaucoup d'autres, il est indispensable
d'
anticiper
. Anticiper l'évolution de la réglementation,
de la demande sociale, des marchés, en particulier celui de
l'énergie. Aujourd'hui, les prévisionnistes mettent en garde
l'opinion mondiale sur l'illusion de l'énergie à bon
marché, et donnent à la planète un demi siècle de
répit. Au delà, ou le monde manquera de sources d'énergie
fossile ou son utilisation sera plus coûteuse. Certes les
découvertes de gisements ne sont pas terminées, mais l'extraction
et le transport du pétrole notamment seront de toutes façons plus
coûteux (cf. les nouvelles réserves de l'Asie centrale dont
l'acheminement en Europe passe nécessairement par des régions
instables). Sans que l'on sache quand ni comment, l'augmentation des
matières premières est inévitable. C'est cette
capacité de projection qui paraît déterminante, et
même être un devoir politique.
Nous pensons donc que valoriser les déchets, c'est une façon de
s'engager sur l'avenir. C'est parfois ce qui manque le plus en politique.
Gérer ses déchets est une garantie et une assurance sur l'avenir.
Tous ces arguments sont parfaitement connus et ne méritent pas qu'on s'y
étende davantage.
Partir des besoins ou partir du gisement ?
Une critique fréquente consiste à dire qu'il ne faut pas partir
du déchet, pour voir ce que l'on peut en faire, mais que la seule
attitude possible est de partir du marché, et voir alors si le
déchet peut être utilisé . Ainsi, dans les deux cas
précités, le verre et l'aluminium, les industriels ont
naturellement récupéré les déchets puisque la
fabrication de verre et d'aluminium à partir de matériaux
usagés coûtait moins cher que la même fabrication à
partir de matière première naturelle. C'est ce qu'on appelle
" partir du marché ", c'est à dire faire une analyse
de coûts, chercher une matière première et s'apercevoir que
l'utilisation des déchets est non seulement parfaitement valable mais en
plus, moins coûteuse que la fabrication à partir de la
matière vierge.
Nous pensons toutefois que cette attitude parfaitement rationnelle pour une
entreprise, ne peut fonder une véritable gestion des déchets qui
ne se limite pas à un calcul de court terme mais impose comme on l'a
dit, de se projeter sur l'avenir. Dans ce domaine, le seul marché ne
paraît pas suffisant pour faire émerger des solutions de fond. En
outre, contrairement à l'argument présenté ci dessus, il
existe de très nombreux exemples, où la réussite est
partie du déchet ou du sous-produit lui même. Ainsi, la
valorisation énergétique ou la valorisation des mâchefers
en technique routière ne sont pas les premiers
buts
de
l'incinération, mais les incinérateurs ont, à juste titre,
cherché à valoriser la chaleur et les matériaux qu'ils
avaient produits.
7(
*
)
Dans ce cas, la
démarche est bien partie du gisement , du sous produit (chaleur) ou du
déchet (mâchefer) pour chercher la valorisation.
La même démarche peut inspirer les collectivités locales
aujourd'hui. En dépit de certaines appréhensions, la collecte
sélective est un succès. Les français ont montré
qu'ils pouvaient, qu'ils voulaient trier leurs déchets, qu'ils
pouvaient, qu'ils voulaient participer. Les collectivités locales se
trouvent aujourd'hui devant de grandes masses de déchets propres parfois
imprévus (objets en plastiques de toutes sortes dans les conteneurs
réservés aux emballages, bois dans les déchetteries...).
L'élu est donc confronté à un triple défi :
tenir compte des contraintes économiques, mais aussi répondre aux
attentes des administrés et anticiper les évolutions.
Ce sont ces raisons qui fondent la politique de recyclage. Mais bien
évidemment, cette politique doit partir des contextes locaux (dispersion
de l'habitat, habitudes culturelles différentes en milieu urbain et en
milieu rural...), ainsi que de la géographie industrielle et des
initiatives locales. Car il est préférable d'avoir un gisement
à proximité d'une industrie, plutôt qu'être
obligé de traverser la France pour envoyer des déchets dans la
seule usine susceptible des les traiter aujourd'hui. L'élu doit d'abord
connaître son gisement et se demander où sont les industries qui
peuvent utiliser et valoriser les matières premières
secondaires, proposées par les collectivités locales ?
Histoire, géographie, économie, environnement, culture... tous
les ingrédients sont là pour faire de la politique des
déchets un projet national et une politique majeure du prochain
siècle.
II. CADRE JURIDIQUE ET RÉGLEMENTAIRE
La gestion des déchets est de plus en plus encadrée par un ensemble de textes formant un écheveau complexe et peu accessible suscitant, dans le meilleur des cas, réserves et perplexité, quand ce n'est pas craintes ou hostilité. Plusieurs conclusions se dégagent des auditions : la réglementation est mal connue, trop fluctuante, mais ni suffisante... ni toujours indispensable. Compte tenu de la grande confusion qui règne, il est nécessaire de distinguer la réglementation qui relève du cadre juridique européen et la réglementation purement nationale.
A. LA RÉGLEMENTATION EUROPÉENNE
Il est
hélas banal de rappeler combien les institutions européennes et
leur fonctionnement sont en France mal connus. Faute d'efforts pour la
comprendre, l'Europe est jugée lointaine, compliquée, souvent
contraignante, parfois manipulée par quelques États quand ce
n'est pas par quelques
lobbies
... L'implication de l'Europe dans les
questions d'environnement et, en particulier dans la gestion des
déchets, n'échappe pas à la règle. La plupart de
nos correspondants ont évoqué la réglementation
européenne et, surtout, les projets en cours, que bien peu, en
vérité, connaissent avec précision.
Il paraît indispensable de faire le point sur cette question, tant les
a priori
et approximations sont nombreux.
1. État de la réglementation européenne
La
réglementation européenne applicable aux déchets figure
dans l'encadré page suivante.
A deux exceptions près (un règlement sur le transfert des
déchets et une recommandation sur l'élimination des vieux
papiers), la réglementation européenne prend la forme de
directives
8(
*
)
, forme de
législation à deux étages qui fixe des objectifs à
atteindre, laissant le soin aux États membres de prendre les mesures
appropriées pour y parvenir (article 189 du Traité).
Encadré n° 2
La
réglementation européenne en matière de déchets
(hors déchets nucléaires)
___
I.
Réglementations horizontales (tous déchets ou par
installation)
Directive cadre 75/442/CEE du Conseil du 15 juillet 1975, relative aux
déchets
(JOCE 25 juillet 1975)
modifiée par la directive 91/156/CEE du 18 mars 1991 (JOCE 26 mars 1991)
complétée par une décision de la Commission 94/3/CE du 20
décembre 1993, établissant une liste de déchets dont le
détenteur a l'obligation de se défaire (JOCE 3 janvier 1994)
Directive 91/689/CEE du Conseil du 12 décembre 1991, relative au
déchets dangereux
(JOCE 31 décembre 1991)
complétée par une décision du Conseil (94/904/CE) du 22
décembre 1994, établissant une liste de déchets dangereux
(projets de modification en cours)
(JOCE 31 décembre 1994)
Règlement 259/93 du Conseil du 1
er
février 1993,
concernant la surveillance et le contrôle des
transferts de
déchets
à l'entrée et à la sortie de la
Communauté européenne
(modifications
régulières)
(JOCE 6 février 1993)
Directive 89/369/CEE du 8 juin 1989, concernant la prévention de
la pollution atmosphérique en provenance des
installations nouvelles
d'incinération des déchets municipaux
(JOCE 14 juin 1989)
Directive 89/429/CEE du Conseil du 21 juin 1989, concernant la
réduction de la pollution atmosphérique en provenance des
installations existantes d'incinération des déchets municipaux
(JOCE 15 juillet 1989)
Directive 94/67/CE du 16 décembre 1994, concernant
l'
incinération des déchets dangereux
(JOCE 31
décembre 1994)
Proposition de directive sur l'
incinération des déchets
municipaux
(actuellement soumise pour avis au comité des
régions)
.
II. Réglementations verticales (par types de déchets)
Directive 75/439/CEE du Conseil du 16 juin 1975, concernant
l'élimination des
huiles usagées
(JOCE 18 juin 1975)
Recommandation 81/972/CEE du Conseil du 3 décembre 1981,
concernant la réutilisation des vieux papiers et l'utilisation des
papiers recyclés
(JOCE 10 décembre 1981)
Directive 86/278/CEE du Conseil du 12 juin 1986, relative à la
protection de l'environnement et des sols lors de l'utilisation des
boues
d'épuration
en agriculture (JOCE 4 juillet 1986)
Directive 91/157/CEE du Conseil du 18 mars 1991, relative aux
piles et
accumulateurs
contenant certaines matières dangereuses (JOCE 26 mars
1991)
Directive 94/62/CE du Parlement et du Conseil du 20 décembre 1994,
relative aux
emballages
et aux déchets d'emballages (JOCE 31
décembre 1994)
Directive 96/59/CE du Conseil du 16 septembre 1996, concernant
l'élimination des
PCB et PCT
(JOCE 24 septembre 1996)
III. Perspectives
Il est important de distinguer les propositions et les projets. Une
proposition de directive, présentée par la Commission, est un
acte juridique, officiel, publié au JOCE. Un projet est une
réflexion en cours sur un sujet. Des informations complémentaires
peuvent être obtenues auprès des services de la Commission (DG XI).
Proposition de directive du Conseil, sur l'
incinération des
déchets
, présentée par la Commission le 29 octobre
1998 (doc. COM (98) 558 final)
Proposition de directive du Conseil relative à la
mise en
décharge
des déchets, présentée par la
Commission le 10 mars 1997 ( doc. COM (97) 105 final, JOCE 24mai 1997)
Proposition de directive du Parlement européen et du Conseil,
relative au
marquage des emballages
, présentée par la
Commission le 25 novembre 1996 (doc. COM (96) 191 final)
Proposition de directive du Conseil, relative aux
véhicules
hors d'usage
, présentée par la Commission le 3 juillet 1997
(doc. COM (97) 358 final)
Projet de directive sur les
déchets électriques et
électroniques
.
Projet de directive sur les
piles et accumulateurs
(toutes piles).
Projet de directive sur les
déchets domestiques dangereux
.
Projet de directive sur le
compostage et l'amendement des boues
.
En marge de cette réglementation, l'Union a également
établi en 1996/1997, une nouvelle "
stratégie
communautaire pour la gestion des déchets
" qui fait suite
à une première stratégie adoptée en
1989/1990.
9(
*
)
.
Les dispositions relatives aux déchets sont, pour l'essentiel, des
éléments de la politique de l'environnement et relèvent,
par conséquent, de l'article 130 S du Traité. Le rôle
du Parlement européen n'a cessé de s'étendre depuis les
premiers pas de la politique environnementale en 1975, où il
n'était que consulté pour avis (une lecture). Un pas
décisif est intervenu en 1992 avec le Traité de Maastricht et le
passage à la procédure de coopération (deux lectures). Le
Traité d'Amsterdam constitue la troisième étape importante
puisque la plupart des mesures liées à l'environnement, notamment
celles concernant les déchets, seront désormais prises en
codécision Parlement européen / Conseil (trois
lectures).
2. Observations
Cette réglementation appelle plusieurs observations :
a) Aucun texte n'a été imposé à la France
Il y a,
dans l'esprit de nos compatriotes, une méfiance générale,
due le plus souvent à la méconnaissance, à l'égard
des textes européens, comme s'ils étaient venus d'ailleurs.
Jusqu'à ces dernières années, la plupart de ces
directives, -dont les plus anciennes- relevaient du seul Conseil,
composé des ministres des États membres. A une exception
près, ces directives ont toutes été adoptées
à l'unanimité. La seule exception concerne la directive
" emballage " (le Danemark, les Pays-Bas et l'Allemagne ayant
voté contre, considérant que les normes prévues
n'étaient pas assez sévères). Ainsi, tous les
gouvernements depuis 1975 ont approuvé les dispositions initiées
au niveau européen.
Concernant l'initiative, quelques précisions doivent être
apportées. " Directives téléguidées ",
" services manipulés " au profit de quelques-uns,
habitués à des normes sévères et espérant
profiter d'une réglementation jugée plus contraignante par les
autres pour placer leurs techniques ou leurs produits... Beaucoup de choses ont
été dites, entendues ou sous-entendues, qui sont souvent des
fantasmes qu'il convient de lever.
Il n'est pas possible de retracer l'origine précise de chaque texte,
mais il est vraisemblable que tous les cas de figure coexistent. La fameuse
norme d'émission de dioxine applicable aux incinérateurs a
été expressément demandée par les Pays-Bas en 1994,
les premiers à avoir mis en évidence des traces de dioxine dans
le lait des vaches à proximité d'incinérateurs. Des
parlementaires européens, des ministres, des commissaires
impliqués et influents ont pu également initier tel ou tel texte.
Les industriels eux-mêmes sont parfois les plus ardents partisans d'une
réglementation européenne, de peur d'avoir à faire face
à quinze législations différentes. C'est ainsi que des
négociations sur les voitures en fin de vie, sur les produits
électriques et électroniques se sont engagées à
partir des demandes des industriels eux-mêmes.
Ces rappels n'ont d'autre but que de tenter de mettre fin aux fantasmes. La
réglementation européenne est la nôtre.
b) La réglementation ne suffit pas et, parfois, ne s'impose pas
Tout d'abord, le choix de la directive laisse aux
États
membres
" la compétence quant à la forme et aux
moyens "
de parvenir aux objectifs et aux résultats à
atteindre. Cela renvoie aux questions bien connues que sont la
transposition
et l'
application
.
Dans l'ensemble, les directives européennes ont été
transposées et appliquées. Plus ou moins bien. Les contentieux
restent exceptionnels
10(
*
)
, mais la situation
n'est pas satisfaisante sur de nombreux points. Concernant la valorisation, vos
rapporteurs ne peuvent que constater -avec regret- que tout était
déjà dit... en 1975.
Directive (75/442/CEE) du Conseil du 15 juillet 1975
relative aux déchets
(extraits)
__
Art. 3 -. Les États membres prennent les
mesures appropriées pour
promouvoir la prévention, le
recyclage
et la transformation des déchets,
l'obtention
à partir de ceux-ci
de matières premières
et,
éventuellement, d'énergie,
ainsi que toute autre
méthode permettant la réutilisation des déchets
.
Art. 6 -. Les autorités compétentes sont tenues
d'établir
aussitôt que possible
un ou plusieurs
plans
portant notamment sur les types de déchets à
éliminer (...), les sites (...), les mesures susceptibles d'encourager
la rationalisation de la collecte, le tri et le traitement des déchets
(...).
Ainsi, une orientation était fixée dès 1975, avec le
succès relatif que l'on sait. De même, des plans étaient
demandés et n'ont pas été réalisés. La
compétence des collectivités locales dans ce domaine ne constitue
pas un argument suffisant pour justifier ce retard. La Suède, dès
son adhésion, a immédiatement adressé à la
Commission plus de trois cents plans régionaux.
Les arguments et les prétextes masquent mal ce qu'il faut bien appeler
un relatif désintérêt de la nation dans son ensemble pour
ces questions.
Ensuite,
la réglementation ne suffit pas
sans l'effort et
l'implication de tous. " L'intendance suivra... " mais, en
l'espèce, ni l'intendance ni les responsables élus, ni les
opérateurs privés n'ont toujours suivi. Cette situation est
parfaitement résumée dans une formule de Mme Corinne Lepage,
alors ministre de l'Environnement :
" Il ne suffit pas de
décréter qu'un type de déchets présente des risques
pour l'environnement pour que des circuits de gestion de ces déchets se
mettent spontanément en place. "
Non, les circuits ne se sont pas mis spontanément en place. Sans doute
est-il plus facile de laisser faire les habitudes, que de regarder en face ses
responsabilités. Ce qui suppose une énergie, une volonté
et le courage d'organiser, d'innover, d'oser et de se projeter dans l'avenir.
Enfin,
la réglementation ne s'impose pas toujours
.
Plusieurs filières, et non des moindres, se sont organisées et
ont réussi sans cadre réglementaire étroit. Le verre, le
papier, l'aluminium sont recyclés alors que les obligations
légales ou réglementaires sont rares. Pour les autres produits,
il faut souvent une " révolution culturelle " de la part des
industriels comme de l'opinion publique, pour s'engager dans la voie du
recyclage. Pourtant, le déchet est aussi un produit, une matière
première et une source de richesse à qui veut s'en saisir. Au
risque de se salir les mains et de prendre des risques, mais au bout du compte,
les démarches économique et écologique, loin de s'opposer
se rejoignent souvent et se complètent. Quelques-uns l'ont compris avant
les autres.
B. LA RÉGLEMENTATION NATIONALE
Dans aucun État la réglementation nationale ne " plaque " la réglementation européenne, conformément d'ailleurs au principe même des directives laissant chaque État libre de prendre les mesures appropriées, les mieux adaptées au cadre juridique, géographique, historique, institutionnel qui est le sien. Les textes français sont, par conséquent, presque toujours différents des textes européens, même quand ils s'y rapportent expressément.
1. État de la réglementation
a) Présentation
Le mot
réglementation est ici utilisé dans son sens large, de
disposition fixant des normes ou des obligations, puisque, en
vérité, l'essentiel est issu de dispositions législatives,
et seulement accessoirement, de dispositions réglementaires, voire
infra
réglementaires.
Encadré n° 3
La
réglementation française en matière de déchets
___
I.
Réglementations horizontales
(tous déchets ou par
installation)
Loi n° 75-633 du 15 juillet 1975, relative à
l'
élimination
des
déchets
et à la
récupération des matériaux
(JO 16 juillet 1975)
précisée par le décret n° 77-151 du 7
février 1977 (JO du 20 février 1977) et la circulaire du 18 mai
1977 relative au service d'
élimination
des déchets des
ménages
(JO du 9 juillet 1977)
Loi n° 76-663 du 19 juillet 1976 relative aux installations
classées pour la
protection de l'environnement
(JO 20 juillet
1976)
Circulaire du 21 octobre 1981 relative au service d'
élimination
des déchets des ménages
Loi n° 88-1261 du 30 décembre 1988 sur
l'
élimination
et le
transit de certaines catégories de
déchets
(modifie la loi de 1975) (JO 4 janvier 1989)
Loi n° 92-646 du 13 juillet 1992 relative à
l'
élimination
des déchets
ainsi qu'aux
installations classées pour la
protection de l'environnement
(modification des lois de 1975 et 1976) (JO 14 juillet 1992)
Cette loi
prévoit de réserver la mise en décharge aux seuls
déchets ultimes, à compter du 1
er
juillet 2002.
Loi n° 95-101 du 2 février 1995 relative au
renforcement de la protection de l'environnement
(JO 3 février
1995)
Décret n° 96-1008 du 18 novembre 1996 relatif aux
plans d'élimination des déchets ménagers
(JO 24
novembre 1996)
Circulaire du 28 avril 1998 du ministre de l'Environnement sur la mise en
oeuvre de
plans départementaux d'élimination des
déchets ménagers et assimilés
II. Réglementations verticales (par types de déchets)
Décret n° 97-1133 du 8 décembre 1997 relatif
à l'
épandage
des boues issues du traitement des eaux
usées
(JO 10 décembre 1997)
complété par l'arrêté du 8 janvier 1998 fixant les
prescriptions techniques (transposition des directives 75/442/CEE et
86/278/CEE) (JO 31 janvier 1998)
Décret n° 79-981 du 21 novembre 1979 sur la
récupération des huiles usagées
(JO 23 novembre 1979)
Circulaire du 26 avril 1993 du ministre de l'Environnement tendant
à encourager les communes à
orienter les vieux papiers vers
des filières de récupération
Décret n° 92-377 du 1
er
avril 1992 portant
application pour les
déchets
résultant de l'abandon des
emballages de la loi n° 75-633 du 15 juillet 1975, (dit décret sur
les
emballages ménagers
)
Décret n° 94-609 du 13 juillet 1994 relatif aux
déchets d'emballage
dont les détenteurs ne sont pas les
ménages
(JO 21 juillet 1994), précisé par la
circulaire n° 95-49 du 13 avril 1995
Décret n° 99-374 du 12 mai 1999 relatif à la mise sur
le marché des piles
et accumulateurs et à leur
élimination
(JO 16 mai 1999). Ce décret abroge le
Décret n° 97-1328 du 30 décembre 1997 relatif à
la mise sur le marché des piles
et accumulateurs contenant
certaines matières dangereuses
b) Principaux textes
La loi du 15 juillet 1975
La loi du 15 juillet 1975, promulguée -notons-le, et ce n'est
sûrement pas un hasard - le même jour que la directive
européenne, reste le texte de base en matière
d'élimination des déchets. Rappelons, une fois encore, que tout
était dit.
D'abord, la
compétence des communes ou de leurs
groupements
:
" Les communes, ou les groupements
constitués entre elles, assurent
(...)
l'élimination des
déchets des ménages. Ces collectivités assurent
également l'élimination des autres déchets définis
par décret qu'elles peuvent, eu égard à leurs
caractéristiques et aux quantités produites, collecter et traiter
sans sujétions techniques particulières. "
(art. 12).
Ces deux dispositions sont aujourd'hui codifiées aux articles L.1222-13
et L.1222-14 du code des collectivités territoriales. La
compétence des communes concerne ainsi ce qu'on appellera par la suite
" les déchets ménagers et assimilés "
.
Ensuite, le
principe de
récupération
:
" L'élimination
des déchets comporte les opérations de collecte, transport,
stockage, tri et traitements nécessaires à
la
récupération des éléments et matériaux
réutilisables ou de l'énergie
... "
(art. 2).
" Des décrets en Conseil d'État peuvent
réglementer les modes d'utilisation de certains matériaux,
éléments ou formes d'énergie, afin de faciliter leur
récupération ou celle des matériaux et
éléments qui leur sont associés dans certaines
fabrications. La réglementation peut porter notamment sur l'interdiction
de certains traitements, mélanges ou associations avec d'autres
matériaux, ou sur l'obligation de se conformer à certains modes
de fabrication
" (art. 16).
" Le Gouvernement peut, en vue de contribuer à la sauvegarde de
l'environnement
(...)
fixer la proportion minimale de matériaux
ou éléments récupérés qui doit être
respectée pour la fabrication d'un produit ou d'une catégorie de
produits. "
(art. 17).
La loi fixe également quelques-unes des
modalités de
financement
. Les communes ont notamment la possibilité de
créer une redevance spéciale pour les déchets. Un
établissement public chargé de contribuer au financement
d'opérations concernant la récupération des déchets
est également créé -l'Agence nationale pour la
récupération et l'élimination des déchets (ANRED)-
transformé, quelques années plus tard, en Agence de
l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME).
La loi du 13 juillet 1992
La loi de 1992 a pour objectif de moderniser la politique globale des
déchets. Elle complète la loi de 1975 par trois apports
fondamentaux. Elle comporte un principe, une obligation et trois
définitions.
Un
principe de prévention
: les dispositions de la loi
ont pour objet de prévenir ou réduire la production et la
nocivité des déchets.
Une
obligation
: à compter du 1
er
juillet
2002, les installations d'élimination de déchets par stockage ne
seront autorisées à accueillir que des déchets ultimes.
Ainsi, la loi de 1992 est-elle connue pour être celle qui " met fin
à la mise en décharges ".
Si le principe des plans d'élimination des déchets avait
été posé en 1975, la loi de 1992 a précisé
le contenu et les procédures de ce plan. Chaque département doit
être couvert par un plan départemental ou
interdépartemental d'élimination des déchets
ménagers ou assimilés. Ces plans tendent à la
création d'ensembles coordonnés d'installations
d'élimination des déchets, et énoncent les
priorités à retenir pour atteindre les objectifs de la loi
précitée (prévention, valorisation...). Il a
été précisé plus tard que ces plans doivent
prévoir les installations nouvelles nécessaires et les
modalités permettant à la fois de réduire au minimum les
distances de transport, les volumes à transporter, ainsi que de
valoriser au mieux
les déchets concernés (question
écrite n° 38.055, JO AN 29 juillet 1996, p. 4146).
La loi comporte enfin
trois définitions
qui seront utiles
par la suite :
la
valorisation des déchets
. Le mot apparaît
pour la première fois dans la loi française. La valorisation des
déchets consiste dans
" le réemploi, le recyclage ou
toute autre action visant à obtenir, à partir de déchets,
des matériaux réutilisables ou de
l'énergie "
;
les
déchets industriels spéciaux
qui, en
raison de leur propriétés dangereuses figurent sur une liste
fixée par décret, et ne peuvent être déposés
dans des installations de stockage recevant d'autres catégories de
déchets ;
les
déchets ultimes
qui sont
" les
déchets résultant ou non du traitement d'un déchet qui
n'est plus susceptible d'être traité dans des conditions
techniques et économiques du moment, notamment par extraction de la part
valorisable ou par réduction de son caractère polluant et
dangereux "
.
Cette loi a été précisée par plusieurs
circulaires
successives, dont la plus récente est la circulaire
du 28 avril 1998 dite " circulaire Voynet ". Ce texte rappelle, d'une
part que
" l'objectif de résorption des décharges
(...)
devait être fermement maintenu. "
Il manifeste,
d'autre part, une volonté de réorientation des plans en faveur du
recyclage
.
" Cette réorientation doit se traduire par un
aménagement des objectifs antérieurement définis de
façon à intégrer davantage de recyclage matière et
organique et, ainsi, de limiter le recours à l'incinération et au
stockage aux seuls besoins. "
Le " décret emballages "
Le décret du 1
er
avril 1992 met en place une
réglementation spécifique concernant l'élimination des
déchets résultant de l'abandon d'emballages. Il met en oeuvre les
dispositions des directives européennes de 1975 et 1991 (directive
75/442 du 15 juillet 1975, modifiée par la directive 91/156 du 18 mars
1991). Le dispositif vise à éliminer les déchets
d'emballages dont les détenteurs finaux sont les ménages. Ainsi,
les emballages non ménagers sont-ils exclus du champ d'application du
décret.
Le principe est que le producteur, l'importateur ou le responsable de la
première mise sur le marché du produit est tenu de pourvoir ou
contribuer à l'
élimination
des déchets
d'emballages. Ainsi, n'y a-t-il pas d'obligation de valorisation, mais une
seule obligation de reprise. Ils peuvent donc récupérer et
éliminer eux-mêmes les emballages (système de consignation)
ou contribuer à un système collectif.
Le décret laisse les voies ouvertes quant à la nature dudit
système collectif, et quant aux modes de traitement (recyclage des
matériaux ou récupération d'énergie).
2. Observations
a) Observations d'ordre politique
La
législation sur les déchets traduit une grande continuité
et une ambition raisonnable. On observera tout d'abord que ce dossier
dépasse les clivages politiques traditionnels. Depuis la loi de 1992,
véritable déclencheur de l'action sur les déchets,
plusieurs ministres se sont succédés, mais tous, peu ou prou, ont
poursuivi la même politique. Il y a parfois des inflexions, parfois des
impulsions, mais la direction générale est la même. Ainsi,
la " loi Lalonde " de 1992 et la " circulaire Voynet " de
1998 se complètent-elles, et participent-elles à la même
politique qu'ont suivi, en leur temps, les ministres successifs de
l'environnement via le " plan Royal ", la " loi Barnier "
et la " circulaire Lepage "...
On observera que l'ambition reste raisonnable, que les choix des modes de
traitement sont ouverts et que la responsabilité repose sur les
élus locaux qui, collectivement, doivent adopter un plan
départemental.
b) La faiblesse des objectifs chiffrés.
Sauf exception, les contraintes sont mesurées. La
loi
ne fixe une contrainte nationale et une échéance précise
que sur les seules décharges. Pour le reste, la loi elle même ne
fixe pas d'objectif chiffré. On ne retrouve des indications
chiffrées que dans les textes d'accompagnement, parfois de façon
purement fortuite.
Comme ce fut le cas en 1991, au détour d'une question écrite.
"
L'objectif que s'est assigné le Gouvernement dans le cadre du
plan national pour l'environnement, qui a fait l'objet d'un débat
parlementaire le 9 octobre 1990, est de faire passer le taux de recyclage
global, hors matériaux de construction, des matières
premières industrielles, d'un tiers actuellement (1991), à la
moitié en l'an 2000, soit 50 % de plus en
moyenne
".
11(
*
)
Depuis, d'autres précisions ont été apportées mais
toujours hors des textes législatifs ou réglementaires. C'est
notamment le cas de la " circulaire Voynet " précitée
qui précise que "
l'objectif national retenu est
qu'à
terme, la moitié de la production des déchets
dont
l'élimination est de la responsabilité des collectivités
soit collectée pour récupérer des matériaux en vue
de leur réutilisation, de leur recyclage, pour un traitement biologique
ou pour l'épandage agricole
".
C'est aussi le cas de l'arrêté d'agrément
d'Éco-Emballages et d'Adelphe puisqu'un objectif de 75% des
déchets d'emballages ménagers a été fixé
par l'État.
On notera que, contrairement à la France qui fixe peu de chiffres
et un objectif " à terme " sans préciser lequel,
l'Union européenne et certains États ont adopté des
législations générales plus rigoureuses, en se fixant des
objectifs chiffrés et des échéances précises,
L'Union européenne s'est engagée dans des programmes
spécifiques précis. Le cinquième programme d'action
environnemental, adopté en 1992, prévoit pour l'an 2000 d'arriver
à 50 % de recyclage/réutilisation pour le papier, le verre
et les plastiques. En ce qui concerne le recyclage et la valorisation des
emballages, les objectifs précis à atteindre d'ici 2001 ont
été fixés par la directive européenne du 20
décembre 1994. A savoir : valorisation de 50 à 65 % en poids
des déchets d'emballages, et recyclage de 25 à 45 % en poids
des déchets d'emballages, avec un minimum en poids de 15 % pour chaque
matériau d'emballages.
Il s'agit certainement d'une tendance lourde puisque les nouvelles propositions
de directives comportent toutes des indications chiffrées (proposition
de directive sur la mise en décharge, proposition de directive sur les
véhicules hors d'usage par exemple...).
La législation française actuelle est, par conséquent,
encore peu contraignante au regard d'autres réglementations.
Encadré n° 4
La
législation californienne en matière de déchets
___
Le
cadre légal : l'AB 939
En matière d'environnement, la Californie se pose volontiers en
leader
. L'État s'implique de plus en plus sur l'eau, l'air, la
surpopulation, les déchets...
Adoptée par l'État de Californie en 1989, l'AB (
Assembly
Bill
) 939 et sa modification AB 2494, imposent que chaque
municipalité réduise ("
divert
") 25 % des
déchets mis en décharge en 1995, et 50 % en 2000. Des
amendes très importantes sont prévues en cas de non respect
(jusqu'à 10.000 $ par jour). C'est ce qu'on appelle le taux de
diversion.
Cette diversion n'est pas, à proprement parler, un taux de recyclage
(la diminution peut aussi être réalisée par une
réduction du volume des déchets à la source), mais dans
les faits, on assimile souvent taux de diversion et taux de recyclage. Le
recyclage préserve les ressources naturelles, réduit la
pollution, due notamment à l'exploitation minière, et augmente la
durée de vie des décharges existantes.
Cette loi de l'État de Californie est mise en oeuvre dans les 58
counties
et les villes de l'État
Nota : L'option est aujourd'hui entre mise en décharge et
recyclage. Nulle part, il n'est question d'incinération. Le sujet, le
mot même, sont tabou, associés à
" an emotional
toxicity "
.
Les résultats
L'ensemble des déchets représente 52 millions de tonnes chaque
année (pour les seuls déchets ménagers, 2 kg par jour et
par personne, soit 730 kg par an, contre 430 en France). L'objectif vise
donc à " divertir ", retirer des décharges, 26 millions
de tonnes par an. On mesure alors l'ampleur du défi.
La loi fédérale fixant l'objectif de 50 % de diversion a
été très controversée au début, puis a
été complètement intégrée.
Le taux de diversion est passé, en Californie, de 17 % en 1989,
à 32 % en 1997, alors que la moyenne nationale dans l'ensemble des
États-Unis est de 27 %. Certaines villes ont des objectifs et des
résultats bien supérieurs. Quarante-trois territoires ont
même déjà atteint le seuil de 50 %.
Conformément à la législation californienne, la
cité de Los Angeles a entrepris un programme de diversion (recyclage),
dit SBRE (
Source : Reduction and Recycling Element
), qui fixe des
objectifs supérieurs à ceux de la loi californienne :
36 % en 1995, 60 % en 2005. Si l'objectif de la ville sera
difficilement atteint, l'objectif de la loi californienne le sera : le
taux de diversion était de 46,6 % en 1997.
Il convient cependant d'observer que des réglementations trop strictes
ont aussi des effets pervers. D'une part les coûts sont souvent sans
commune mesure avec les prix français, d'autre part, les contraintes
conduisent parfois à des effets inattendus, comme par exemple exporter
ses déchets vers des pays, voisins ou éloignés, à
coûts et contraintes inférieures (transferts de déchets
d'Allemagne vers la France par exemple).
Observations d'ordre juridique
Loi d'avant-garde, et sans doute trop en avance sur son temps, la loi de 1975
n'a guère été appliquée. Mais elle a laissé
son empreinte dans ce qui tend à devenir un droit des déchets.
Droit aussi complexe que flou, tant les imprécisions sont nombreuses.
Première imprécision : les
déchets
industriels banals
(DIB)
Dès 1975, il était convenu que la compétence des communes
ne pouvait s'arrêter aux seuls déchets des ménages, mais
concernait également les autres déchets
" définis
par décret, qu'elles peuvent, eu égard à leurs
caractéristiques et aux quantités produites, collecter et traiter
sans sujétion particulière "
.
Cette assimilation a d'abord concerné les seuls déchets
commerciaux et artisanaux
" qui peuvent être
éliminés sans sujétion technique particulière et
sans risque pour les personnes et l'environnement "
(décret du
7 février 1977). Bien que ne figurant pas explicitement parmi les
déchets assimilables définis réglementairement, les
déchets industriels banals ont été progressivement
associés par voie de circulaire aux déchets ménagers ou,
plutôt, en quelque sorte, " assimilés aux déchets
assimilables ".
En dépit d'une méthodologie douteuse (extension d'une
compétence et d'une obligation communale par voie de
circulaires !), les DIB sont, aujourd'hui, pleinement
intégrés au " paysage des déchets municipaux ".
Les DIB ont été définis par une circulaire du
1
er
mars 1994 comme suit :
" L'appellation usuelle de
déchets industriels banals (DIB) désigne les déchets issus
des entreprises (commerce, artisanat, industrie, services) qui, par leur
nature, peuvent être traités ou stockés dans les
mêmes installations que les déchets ménagers "
.
Les DIB restent donc sujet à débat. Des contentieux existent, et
l'approche en est avant tout pragmatique. Cette nécessaire adaptation a
été formellement reconnue par la deuxième circulaire du 14
mars 1998 qui laisse à la collectivité intéressée
la tâche de définir son périmètre :
" Les collectivités n'ont pas de responsabilité
concernant les déchets industriels banals et les déchets du BTP,
sauf s'ils sont collectés dans le cadre du service public dans les
limites que se fixent les collectivités elles-mêmes. Ainsi donc
pour le dimensionnement des opérations de collecte et de traitement des
déchets ménagers et assimilés, la prise en compte
éventuelle des déchets non ménagers relève de la
responsabilité et de la décision des
collectivités. "
Deuxième imprécision :
les déchets
ultimes
La notion est apparue avec la loi du 13 juillet 1992 qui définit le
" déchet ultime " comme tout déchet
" résultant ou non du traitement d'un déchet, qui n'est
plus susceptible d'être traité dans des conditions techniques et
économiques du moment, notamment par extraction de sa part valorisable
ou par réduction de son caractère polluant ou
dangereux "
. Sitôt apparue, cette notion n'a cessé
d'être controversée. En raison non seulement de son
caractère instable dans le temps (un déchet " ultime "
hier, peut ne plus l'être demain, l'évaluation dépendant du
progrès technologique), mais aussi dans l'espace (
" Un
déchet ultime pour un producteur, ne l'est pas pour un autre "
.
Tout dépend du coût que chacun estime acceptable.) Ce doute a
été accru par une évolution des conceptions de
l'administration, puisqu'en 1996, la conception dominante était
d'assimiler les déchets ultimes aux résidus
d'incinération. Un premier revirement a eu lieu en 1997, afin
d'éviter que l'incinération ne devienne de fait un traitement
obligé avant la mise en décharge, confirmé et
amplifié en 1998 puisque la " circulaire Voynet " consacre de
longs développements sur cette question, et combine une
définition " matière " et une définition
" locale ".
" Le déchet ultime pouvant être mis
en décharge au delà de juillet 1992, se définit comme la
fraction non récupérable des déchets, et non comme le seul
résidu d'incinération.
(...)
Le déchet ultime
est propre à chaque périmètre d'élimination des
déchets ménagers et assimilés, pour tenir compte des
objectifs et des possibilités de récupération et de
traitement (propre à chaque territoire)."
Troisième imprécision : la
valorisation
Au terme de la loi de 1992, la valorisation consiste dans
" le
réemploi, le recyclage ou toute autre action visant à obtenir,
à partir des déchets, des matériaux réutilisables
ou de l'énergie "
; il existe donc deux types de
valorisation : la " valorisation matière " et la
" valorisation énergétique ". Sans doute
complémentaires, mais quelquefois substituables
12(
*
)
Quatrième imprécision : la
notion même de
déchet
La notion actuelle définie par la loi de 1975 combine deux
critères. Un critère physique :
" Tout résidu
de production, de transformation et d'utilisation, toute substance, tout
matériau ou produit "
. Un critère subjectif :
puisqu'il faut que le propriétaire de ces résidus,
matériaux ou
" plus généralement ces biens
meubles "
l'ait
" abandonné "
ou le
" destine à l'abandon "
.
Il ne semble pas que cette notion soit parfaitement adaptée aujourd'hui.
La notion d'abandon, en particulier, n'est plus pertinente. Elle ne rend pas
compte des traitements que peuvent subir les déchets, en vue d'une
opération de valorisation. Il n'y a, de toute évidence, pas
" abandon " d'un déchet qui, par la suite, peut trouver une
valeur.
Le seul fait de regrouper les déchets suffit parfois à leur
donner cette valeur. Une huile usagée est un déchet pour le
consommateur qui l'" abandonne ". Collectée par un ramasseur,
elle devient alors un produit qui a une valeur marchande, qui peut être
utilisé dans une cimenterie par exemple.
Un résidu qui peut être recyclé ou valorisé est-il
vraiment un déchet ? Ou plutôt, à quel moment
cesse-t-il d'être un déchet ?
Nombre de déchets sont en vérité de véritables
matières premières secondaires, tout aussi utiles que des
matières premières vierges.
Une nouvelle définition devrait prendre en compte cette nouvelle
dimension économique. Elle devrait également prendre acte du
contexte culturel. On le verra, dans la plupart des cas, les communications
fondées sur le recyclage ont été des échecs, car le
déchet est un mot qui fait peur. Beaucoup de professionnels s'efforcent
de requalifier leurs produits pour éviter le regard et le refus qu'il
comporte. Le déchet suscite la crainte, la peur même. Il est
rejeté en quelque sorte deux fois.
De nouvelles définitions seraient certainement bienvenues.
III. DONNÉES ÉCONOMIQUES ET FINANCIÈRES
A. ASPECTS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX
L'activité déchets est un secteur en pleine
expansion.
L'évolution, la fréquentation et le nombre de stands aux salons
spécialisés sont des signaux parmi d'autres d'un
intérêt croissant pour ces questions.
Le salon
Pollutec
consacré aux équipements, technologies
et services de l'environnement pour l'industrie et les collectivités
locales, a été créé en 1974. Il existe deux
éditions distinctes qui se tiennent en alternance : une
édition purement industrielle, qui se tient à Paris, une
édition élargie aux collectivités locales, qui se tient
à Lyon depuis 1986. Depuis son installation à Lyon, la
fréquentation a " explosé " depuis dix ans. En 1986, le
Salon occupait un hall d'exposition, il en occupe dix aujourd'hui. Même
si la progression s'est ralentie, elle demeure très importante, entre
+ 15 et + 20 % tous les deux ans.
Fréquentation du Salon Pollutec
|
1992 |
1994 |
1996 |
1998 |
Fréquentation |
36.200 |
41.600 |
51.500 |
58.000 |
Nombre d'exposants |
1.200 |
1.590 |
1.712 |
1.996 |
Surface utilisée |
50.000 m 2 |
60.000 m 2 |
70.000 m 2 |
80.000 m 2 |
Source : Pollutec |
Ce
courant, que l'on peut percevoir à de très nombreuses autres
occasions peut être apprécié par deux indicateurs :
l'activité économique,
l'activité des collectivités locales.
1. Les activités éco-industrielles13( * )
Le terme d'éco-industrie recouvre les industries travaillant directement dans le secteur des équipements liés à l'environnement (eau, déchets, air, sol...), depuis l'écran antibruit ou les poubelles, jusqu'à la station d'épuration ou l'usine d'incinération. Le marché des éco-industries est de l'ordre de 150 milliards de francs en 1999, dont plus de la moitié dans le domaine de l'eau. Le secteur des déchets est, depuis deux ans, l'un des plus dynamiques (+ 11 % en deux ans), et représente un chiffre d'affaires de 30 milliards de francs, soit 30 % du total des éco-industries.
Répartition des activités éco-industrielles |
|||
Domaines |
Millions de francs |
% |
Prévisions de croissance 1997/1999 |
Eau |
79.000 |
56,5 % |
+ 9,2 % |
Déchets |
27.020 |
29,3 % |
+ 11,3 % |
Récupération |
26.650 |
19,1 % |
-- |
Bruit |
3.180 |
2,3 % |
+ 11,8 % |
Cadre de vie |
2.020 |
1,5 % |
+ 8,2 % |
Autres |
1.740 |
1,3 % |
+ 9,2 % |
Total |
139.710 |
100 % |
+ 8,1 % |
Source : BIPE |
Il
s'agit d'un phénomène général en Europe où
certains pays souffrent d'une déficience globale de capacité de
traitement, et recourent encore de façon massive à la mise en
décharge, malgré des installations hors normes ou non
contrôlées. L'effort financier pour remettre à niveau ces
dispositifs et trouver des solutions alternatives devrait, par
conséquent, être très important dans ces pays (Italie et
Espagne
14(
*
)
, notamment...).
Ce secteur est sensible à la conjoncture générale et
à la réglementation, qui peut avoir un effet
d'accélérateur et/ou de freinage selon les domaines. La
révision de plans départementaux d'élimination des
déchets ménagers (voir ci-après le cadre
réglementaire) demandée en mai 1998, illustre ce
phénomène, en entraînant à la fois une nouvelle
poussée des collectes sélectives, et une grande incertitude sur
les projets d'incinération. Les évolutions internes sont donc
très contrastées.
Quelques domaines méritent une attention particulière : la
collecte sélective, l'incinération, la
récupération, car chacun d'eux traduit une évolution
spécifique :
la
collecte sélective
est désormais acceptée,
c'est aujourd'hui un
fait social
, allant presque de soi ;
l'
incinération
est, sinon compromise, du moins ralentie par
l'évolution
réglementaire
;
les métiers liés à la
récupération
restent, eux, totalement dépendants de
la
conjoncture économique internationale
.
La
collecte sélective
, dans ses différentes
composantes (collecte par bacs séparés, déchetterie ,
centres de tri...) est assurément l'activité la plus dynamique
des trois dernières années (On attend encore une hausse de
33 % du chiffre d'affaires en 1998/1999). Non seulement, le coût
relativement élevé par rapport à la collecte
traditionnelle est compensé par les aides à l'investissement et
au fonctionnement (attribuées par l'ADEME et Éco-Emballages),
mais la collecte sélective est, à juste titre,
considérée comme un " point de passage obligé "
pour une partie des déchets.
Cette situation s'est traduite par un activisme marqué des principaux
acteurs (industriels et équipementiers) du secteur qui se sont
engagés massivement dans l'exploitation de centres de transfert et de
centres de tri. On attend toutefois un repli progressif à partir de l'an
2000, dû à une maturité du marché.
L'
incinération
a été, de toute
évidence, le plus sensible à la demande de révision des
plans départementaux. En 1997/1998, de nombreux appels d'offres ont
été annulés ou retardés ou remis en cause (Vitry,
Marseille, Lille, Vesoul...). Selon le BIPE, le marché devrait rester
stable, voire repartir en 1999, sous l'effet des reports de décisions
freinées ces deux dernières années. La construction des
usines d'incinération d'ordures ménagères (UIOM)
représentait un marché d'un peu moins de deux milliards de francs
en 1997. Même si l'évaluation totale est très sensible aux
variations unitaires (de l'ordre de 300 millions de francs l'unité...),
le marché avait chuté de près de moitié entre 1996
et 1998.
On reviendra en détail sur les procédés
d'incinération, mais on peut, à ce stade, formuler trois
observations générales.
Tout d'abord, la remise en cause de la légitimité du traitement
par incinération a été accélérée par
la prise en compte de la problématique des dioxines. Cette
problématique est réelle, mais la passion qui lui est
associée, voire la sanction qui en résulte, sont souvent
excessives. Il y a, dans certains pays, une opposition totale,
frénétique, émotionnelle à ce type de traitement.
Pourtant les moyens existent pour réaliser des traitements thermiques
sans risque pour la santé humaine, au moins dans l'état des
connaissances actuelles. Il ne faut donc pas opposer systématiquement
incinération et autres modes de traitement, comme la valorisation
matière, par exemple.
Les différents modes de traitement sont,
en réalité, complémentaires, adaptés à des
situations locales, des contextes historiques ou géographiques
particuliers. Il n'y a pas de solution unique, ni même
privilégiée. Il n'y a que des solutions adaptées au cas
par cas
.
Ensuite, toute décision n'est pas exempte d'effet induit, et parfois
pervers. Ainsi, l'étude du BIPE montre, contre toute attente, que
" les fermetures d'usines obsolètes devraient produire à
court terme un effet de transfert des tonnages qu'elles traitaient vers la mise
en décharge, effet qui devrait se manifester pleinement en
1999 "
. Cette situation, pour le moins paradoxale, ne devrait
être évidemment que provisoire, puisque la fin de la mise en
décharge, comme procédé courant d'élimination des
déchets, est programmée pour le 1
er
juillet 2002. Ce
rappel a pour but de montrer que, dans ce domaine comme ailleurs, les effets
d'une décision ne sont jamais simples et univoques, mais sont souvent
imprécis et contradictoires.
Enfin, la stabilisation attendue en France devrait être plus que
largement compensée par un développement massif dans les autres
pays d'Europe. De nombreux pays se trouvent en effet confrontés à
la saturation des sites de mise en décharge existants et à
l'impossibilité d'en ouvrir de nouveaux. Même s'ils ont, par
ailleurs, choisi de nouvelles orientations, ils reconnaissent que le recyclage
matériaux ne pourra suffire à la gestion intégrale du
problème. Dans ces pays, comme l'Espagne ou l'Italie par exemple, la
seule alternative
de masse
à la mise en décharge
paraît être l'incinération. Dans ce secteur, marqué
par l'internationalisation des marchés, les groupes
français
15(
*
)
ont d'ailleurs
réussi à se positionner sur ces zones.
La récupération
. Contrairement aux deux domaines
précédents, les métiers liés à la
récupération sont intimement liés à la conjoncture
économique internationale. L'année 1998 s'est traduite par un
effondrement de la plupart des prix mondiaux des matières
premières et des matières de récupération
(matières premières secondaires) lié à la crise
asiatique (diminution de la demande), au développement des
capacités de production (dans les pays émergents) et à la
percée de nouveaux acteurs (exportation massive des pays de l'ancienne
URSS). Les cours de la plupart des produits ont chuté (papier,
plastique, acier, huiles...). Il faut donc reconnaître que le contexte
est peu favorable au recyclage.
Cette appréciation doit cependant être compensée par la
prise en compte du fait qu'on estime en général que, dans ce
domaine, les
cycles
sont
courts
. Pour certains produits, ils sont
directement liés à l'activité économique du moment,
comme c'est le cas pour les vieux papiers, par exemple, dont la demande
amplifie les variations du PIB. Pour d'autres produits, il faut attendre que
les capacités de production s'adaptent à la demande. Le
phénomène est particulièrement frappant pour le
plastique.
Le prix des plastiques est très volatile. Depuis quelques années,
ce prix a beaucoup baissé. On ne peut préjuger du prix des
matières premières qui dépend de quantités de
facteurs internationaux. Pour le PE et le PP, les prix évoluent dans une
fourchette comprise entre 3,00 F/3,10 F et
6,50 F/6,80 F/kg. Les producteurs estiment que le prix
d'équilibre est autour de 4,00 F/4,50 F. En ce moment, le prix
est déstabilisé par la crise en Asie. Il y a une dizaine de
fabricants de matières plastiques dans le monde. La baisse de la
consommation en Asie a entraîné une suroffre qui a fait baisser le
prix. Une variation de 5 % sur un marché entraîne un
déséquilibre sur le marché mondial. On estime en
général que les cycles du plastique sont courts, de l'ordre de
deux, trois ans, le temps que l'offre s'adapte à la demande, et il est
vraisemblable que les prix vont remonter avant l'an 2000.
2. Les dépenses des collectivités locales dans la gestion des déchets
Aidées par la progression des ressources fiscales et la baisse des taux, les collectivités locales affichent des perspectives très volontaristes dans le domaine de l'environnement en général et, plus particulièrement, dans la gestion des déchets qui représente aujourd'hui près du quart de l'ensemble des dépenses des collectivités locales dans l'environnement, et devrait être le secteur le plus dynamique. Selon l'ADEME, alors que les collectivités locales et les industriels ont engagé 16 milliards de francs d'investissements dans la politique de revalorisation des déchets depuis 1992, près de 20 milliards de francs d'investissements seraient dores et déjà programmés sur la période 1999/2001, dont plus de 5 milliards de francs cette année.
Dépenses d'environnement des collectivités locales (milliards de francs) |
|||||||||||
|
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2000 |
2001 |
|||||
Fonctionnement |
83 |
88,2 |
93,0 |
97,7 |
100 |
106,2 |
|||||
Investissement |
31 |
31,8 |
32,7 |
34,2 |
36 |
36,2 |
|||||
( dont déchets) |
2,6 |
1,9 |
3,15 |
5,1 |
15 |
||||||
Total |
114 |
120,0 |
125,7 |
131,9 |
136 |
142,0 |
|||||
Source : BIPE et ADEME |
|||||||||||
Dépenses des collectivités locales dans le domaine de l'environnement |
|||||||||||
|
Montant 1998* |
Montant 1999* |
Progression 1998/1999 |
Part dans le total 1999 |
|||||||
Gestion des eaux usées |
47,4 |
50,0 |
+ 5,7 % |
37,9 % |
|||||||
Eau potable |
30,5 |
31,2 |
+ 2,4 % |
23,7 % |
|||||||
Déchets |
29,9 |
32,0 |
+ 7,0 % |
24,3 % |
|||||||
Cadre de vie |
9,5 |
9,9 |
+ 4,0 % |
7,5 % |
|||||||
Nettoyage des rues |
5,8 |
6,0 |
+ 3,5 % |
4,5 % |
|||||||
Bruit |
0,7 |
0,7 |
+ 3,0 % |
0,5 % |
|||||||
Patrimoine |
1,9 |
2,0 |
+ 4,7 % |
1,5 % |
|||||||
Total |
125,7 |
131,8 |
+ 5,0 % |
100 % |
|||||||
* en milliards de francs |
|||||||||||
Source : BIPE, chiffres arrondis |
Ce
mouvement devrait s'accompagner de deux effets induits.
Tout d'abord, les collectivités locales s'attendent à une
croissance relativement forte
(7 % par an) du coût de
traitement qui passerait de 585 F par tonne en 1993 à 820 F et
1.150 F en 2003, soit un
quasi
doublement en dix ans. Si ce
chiffrage n'est qu'une estimation, une hausse paraît prévisible.
Pour le BIPE,
" la croissance du coût de la gestion d'une tonne
d'ordures ménagères serait, d'après les
collectivités enquêtées, essentiellement liée
à la construction de nouveaux équipements d'incinération,
renchérie par un effet de qualité conséquent
(procédés d'incinération plus chers, équipements de
capacité plus importante, projets plus globalisés, normes
d'émission plus strictes, notamment en matière de dioxines...),
au renchérissement de la mise en décharge (raréfaction de
l'offre, augmentation de la taxe, nouveaux traitements, notamment pour les
lixiviats), et à la mise en place de collectes sélectives (avec
un phénomène sensible d'anticipation de la
réglementation) "
.
Ensuite, 70 % des collectivités locales estiment que ce
mouvement s'accompagnera de
créations d'emplois
.
3. L'emploi
a) Repères quantitatifs
Les
collectivités locales, responsables de l'élimination des
déchets, sont évidemment les plus directement concernées
par les emplois induits par la valorisation des déchets. Selon une
enquête de l'AMF, plus de la moitié des communes (56 %)
créeront de un à cinq emplois ; 14 % des communes
représentant les trois quarts de la population devraient créer
plus de cinq emplois.
Les conséquences sur l'emploi sont principalement liées à
la collecte et au tri. Selon une étude de l'ADEME, à prix
égal, la collecte séparative génère dix fois plus
d'emplois que l'incinération, trente fois plus que la mise en
décharge. La collecte séparative entraîne une augmentation
des personnels de l'ordre de 5 à 10 % variable selon la
densité de l'habitat
16(
*
)
.
Si la collecte elle-même n'apporte que peu de changements en termes
d'emplois, le tri, qui est un complément indispensable, induit des
mouvements plus significatifs.
Selon cette étude, le nombre d'emplois créés pour une
collectivité de 100.000 habitants générant
420 kg/habitant/an, serait compris entre 20 et 35, selon le tonnage
collecté. Le passage d'une collecte en mélanges avec mise en
décharge, à un traitement par incinération, entraîne
quant à elle une augmentation du coût de 18 % et une
augmentation de l'emploi de 15 %. L'adjonction d'une filière de
valorisation matière entraîne une augmentation du coût de
10 % (soit moitié moindre), et une augmentation de l'emploi de
25 % (soit moitié plus).
Emplois induits par le tri et le traitement |
|||||||
|
|
Hypothèses :
|
|
||||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Collecte (en kg/habitant/an) |
40
|
50
|
70
|
90
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Emplois induits (dont tri) |
20
|
24
|
30
|
35
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : ADEME, Collectes séparatives : les clefs de la réussite , avril 1998 |
|
Cette
appréciation sur le potentiel d'emplois doit cependant être
nuancée. D'une part, la recherche de gains de productivité
devrait limiter le nombre de créations d'emplois. Deux voies sont
a
priori
ouvertes : l'une portant sur la collecte, l'autre sur le tri.
Concernant la collecte, la productivité est considérablement
améliorée par le ramassage semi-automatique. Outre l'effet direct
et immédiat (passage d'une collecte manuelle par équipe de trois
-un conducteur et deux agents- à une collecte semi-automatisée,
le conducteur pilotant de sa cabine l'opération de collecte),
l'amélioration des conditions de travail est incontestable.
Lors d'une mission organisée par Éco-Emballages aux
États-Unis, les responsables de la gestion des déchets de la
ville de San Diego ont ainsi estimé que la suppression des
" ripeurs " pour ne garder qu'un seul conducteur avait
" économisé " soixante-quinze emplois et avait
réduit très sensiblement le nombre d'incidents liés aux
manipulations : les blessures-accrochages, problèmes musculaires
ont été ramenés de vingt-cinq par mois à un ou deux.
Pour des raisons culturelles (habitudes), pratiques (disposition et
étroitesse des voies, voitures en stationnement), économiques et
financières (renouvellement récent du parc de camions de
ramassage, adaptés aux collectes sélectives...), l'automatisation
de la collecte n'est guère envisageable en France, au moins à
court et moyen terme.
En revanche, des potentialités demeurent au stade du tri. De l'avis de
tous les responsables interrogés ayant " testé "
plusieurs formules, le meilleur tri est celui qui combine tri
automatique
17(
*
)
et tri manuel dans une
combinaison adaptée à chaque centre.
b) Aspects qualitatifs
Ces
emplois induits par la mise en place de collectes sélectives peuvent
correspondre, pour partie, à des situations d'insertion (chômeurs
de longue durée, " RMistes " en fin de droits,...). Elle offre
de nouveaux métiers (" animateur déchets ", surveillant
de déchetterie...), de nouvelles formations (formation au dialogue avec
les usagers, mise en place d'un CAP/BEP de " valoriste "), voire de
nouvelles chances à une fraction de la population (emplois en sortie
d'incarcération
18(
*
)
...). C'est en
quelque sorte une " seconde vie " pour le produit, et une
" seconde chance " pour l'homme. La valorisation n'a alors jamais
aussi bien porté son nom.
Il faut cependant convenir que ces métiers sont souvent peu valorisants,
et " durs " physiquement, voire éprouvants, notamment dans les
centres de tri où certains employés peuvent trier, par
sélection sur un tapis roulant, jusqu'à une tonne de
déchets par heure. Certaines visites de centre de tri ont laissé
de fortes, voire de douloureuses impressions, mais le travail sur chaîne
de tri reste un travail sur chaîne, avec un défilement continu de
déchets recyclables.
Les pathologies liées au tri
Le tri est un métier dur qui présente, en outre, certains risques
qui ne peuvent être ignorés. Sans omettre la dimension
psychologique -car il n'est pas possible de mettre quelqu'un sur une ligne de
tri, ou de dire à quiconque qu'il sera sur une ligne de tri pendant
vingt ans- le tri manuel entraîne deux risques non
négligeables : les lésions musculaires, les contaminations.
Les lésions musculaires.
Pour un
" valoriste ", ou un agent de tri, l'opération consiste
à sélectionner visuellement l'objet à trier sur un tapis
roulant (bouteille en PVC ou en PET, journaux, magazines...) et le rejeter dans
un opercule qui se trouve soit en face du poste de travail (tri frontal), soit
sur le côté du poste de travail (tri latéral). L'objet
sélectionné tombe alors dans une benne qui ne contient
normalement que des objets de même nature et de même composition.
Le chargement répond, par conséquent, aux prescriptions
techniques minium (PTM) nécessaires à la réutilisation ou
la valorisation matière ultérieure.
La limite entre l'automatisme et l'automate est cependant étroite, et
les équipes tournent sur plusieurs postes afin de maintenir la vigilance
et d'éviter le passage de l'un à l'autre. Il n'en demeure pas
moins que les gestes sont là. Le tri frontal entraîne 2.500 gestes
(identiques) à l'heure. Le tri bilatéral entraîne
1.200 gestes à l'heure, avec rotation du corps, et
déplacement latéral. Avant toute décision, il convient de
réfléchir attentivement à l'ergonomie des installations,
pour minimiser les gestes et les problèmes musculaires
(déchirures, tensions ligamentaires...).
Les risques de souillures et de contamination.
En une
heure, près de quatre tonnes de déchets sont triés sur un
tapis roulant. Impossible de tout voir dans un tel foisonnement. Les risques
majeurs concernent les coupures (boites) et, surtout, les piqûres
liées aux rejets de seringues, avec parfois des risques de contamination
(hépatite B).
Il n'existe pas de réglementation générale sur la
prévention et les soins, qui relèvent de chaque centre. Le
protocole courant est de prévoir un traitement (vaccination
anti-tétanos...) chaque fois qu'un agent a été
blessé ou piqué, mais le traitement peut être trop tardif.
Le risque concerne surtout l'hépatite B.
Il y a un vide juridique sur ce point. Dans aucun centre, il n'existe de
vaccination obligatoire. L'opposition des personnels, pourtant les plus
directement concernés, les difficultés pratiques et le coût
financier constituent des obstacles sérieux à la mise en oeuvre
de cette mesure. Ni les unes, ni les autres, ne sont pourtant
rédhibitoires. Une amélioration est souhaitable.
Encadré n° 5
La
vaccination des personnels de tri ?
___
Les risques de blessure et de contamination en centre de tri, sans
être très importants, ne doivent pas être
sous-estimés. Ces risques, qui sont liés aux coupures (verre,
boites acier...) et aux piqûres, concernent principalement le
tétanos et l'hépatite B. Les risques de contamination sont
néanmoins limités par des protections manuelles (gants
obligatoires), et les conditions même de transmission
(l'hépatite B se transmet par contact direct avec le sang). Par
ailleurs, du fait de l'engouement dans les années 1996/1997, on estime
qu'un tiers de la population française est aujourd'hui vacciné
contre l'hépatite B. Cet engouement a toutefois été
stoppé net à la suite d'informations sur de possibles
complications et effets pervers de cette vaccination.
Il n'existe aujourd'hui, aucune
obligation de vaccination
des
personnels des centres de tri. Cette disposition n'est pas spécifique
à cette catégorie, puisque la vaccination n'est obligatoire que
dans deux cas. D'une part les enfants (vaccination contre la diphtérie,
le tétanos, la poliomyélite, dite " DT Polio ",
ainsi que la tuberculose), d'autre part, les personnels de santé
(article L.10 du code de Santé publique). Pour ces derniers, la
vaccination concerne le " DT Polio " auquel s'ajoute, pour le
personnel de laboratoires, la vaccination contre la typhoïde, et, pour les
personnels de santé
" travaillant dans des établissements
de prévention ou de soins "
(ce qui exclut les professions
libérales), la vaccination contre l'hépatite B, depuis 1991 (loi
du 18 janvier 1991),. Les étudiants en médecine ont la même
obligation (vaccination " DT Polio " et hépatite B).
Les rappels sont nécessaires tous les dix ans environ.
Pour les autres groupes ou professions, il n'existe pas d'obligation,
mais seulement des
recommandations
prévues dans deux cas.
Il y a tout d'abord les dispositions du code du travail relatives à la
protection des travailleurs contre les risques liés à
l'exposition des agents biologiques (dispositions du décret
n° 94-354 du 4 mai 1994, transposant les directives CEE n°
90-676 du 26 novembre 1990 et n° 93-88 du 12 octobre 1990).
Art. R.231-63-2.-
" Le chef d'établissement
établit, après avis du médecin du travail, une liste des
travailleurs qui sont exposés à des agents biologiques
(infectieux)
(...)
constituant un danger sérieux pour les
travailleurs.
(...)
Cette liste
(...)
est communiquée au
médecin du travail. "
Art. R.231-65-1.-
(...)
" Le chef
d'établissement recommande, s'il y a lieu et sur proposition du
médecin du travail, aux travailleurs non immunisés contre le ou
les agents biologiques pathogènes auxquels ils sont ou peuvent
être exposés, d'effectuer, à sa charge, les vaccinations
appropriées. "
Il existe, d'autre part, une recommandation du Conseil supérieur
d'hygiène de France qui, dans un avis de juin 1996, a
précisé les groupe à risques pour lesquels la vaccination
est recommandée.
Avis du Conseil supérieur d'hygiène de France concernant la
vaccination contre l'hépatite B
(avis des 17 et 23 juin
1998). Le comité préconise la vaccination (3 doses de type 0
- 1 - 6 mois) de certains groupes à risques. Sont classés parmi
les groupes à risques :
" Les personnes qui, dans le cadre
d'activités professionnelles,
(...)
sont susceptibles
d'être en contact direct
(...)
et/ou être exposées au
sang et autres produits biologiques, soit directement (contact direct,
projections), soit indirectement (manipulation et transport
(...)
de
déchets). Les professions et activités concernées sont les
suivantes :
(...)
, éboueurs,
(...)
.
Cette liste est donnée à titre indicatif et ne prétend pas
être exhaustive. L'intérêt de la vaccination doit être
évalué par la médecine du travail de l'entreprise
(...). "
Ainsi, aujourd'hui, le chef d'établissement
" recommande "
et le Conseil supérieur d'hygiène
de France
" préconise "
des vaccinations
appropriées.
Seule une modification du code de Santé publique par la voie
législative pourrait imposer une obligation de vaccination (sous forme
d'un article additionnel après l'article L.10 dudit code,
étendant à de nouvelles catégories les obligations
précitées).
Quelles seraient les conséquences financières d'une telle
décision ?
Coût d'un vaccin " DT Polio " (1 injection
rappel) : 43 F
Coût d'un vaccin hépatite B (3 injections) : 80 F x 3
= 240 F
Vacation de trois heures : 3 vacations pour 3 injections = 1000 F x
3 = 3000 F
Soit un minimum de 17.000 F pour un centre comportant 50 personnes
exposées.
B. ASPECTS FINANCIERS
1. Les coûts de gestion
Les
quantités produites et les conditions de gestion des déchets ont
radicalement changé en une génération, entraînant
une explosion des coûts de gestion. Selon le Conseil économique et
social, les coûts auraient été multipliés par vingt
en quarante ans, soit de 16 F à un minimum de 350 F par an pour une mise
en décharge. Ce mouvement devrait se poursuivre dans les années
à venir, tant du fait des exigences nouvelles de traitement qu'en raison
des restrictions apportées à la mise en décharge. Cette
perspective inquiète souvent les élus et les administrés.
L'Association des maires de France (AMF) et l'ADEME ont donc commandé
une étude très complète qui, sans nier cette augmentation
prévisible, tempère néanmoins les inquiétudes.
Premier constat.
Une très grande diversité des
coûts selon les caractéristiques de l'habitat
Les coûts de gestion peuvent être calculés soit par
habitant, soit par tonne traitée. Dans les deux cas, les coûts
dépendent fortement des caractéristiques de l'habitat.
Par ailleurs, il convient de distinguer le coût total et le coût
net pour la collectivité, déductions faites d'une part des
recettes liées à la vente des matériaux triés, et
répondant aux prescriptions techniques minimum (PTM), d'autre part des
aides et subventions reçues à l'équipement ou en
fonctionnement.
|
Coût net, pour la collectivité, de la gestion des déchets ménagers (francs)* |
|
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|
|
|
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|
|
|
|
Par habitant |
|
Par tonne collectée |
|
|
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|
|
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|
Coût moyen |
432 |
|
1.100 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Fourchette de coût |
300 - 565 |
|
575 - 1.645 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coût en milieu urbain |
300 - 425 |
|
575 - 820 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coût en milieu semi urbain |
320 - 475 |
|
755 -1.065 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coût en milieu rural |
305 - 565 |
|
945 - 1.645 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Coût net = coût de gestion pour la collectivité après recettes et subventions diverses |
|
|||
|
|
* Voir détail ci-après |
|
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Source : ADEME/AMF, Analyse des coûts de gestion des déchets municipaux , octobre 1998 |
Ce coût se répartit comme suit :
Composition des coûts de gestion |
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|
|
|
|
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|
Collecte |
40 - 55 % |
dont 50 % de dépenses de personnel |
|||||||
|
|
|
|
|||||||
|
Tri |
5 - 20 % |
dont 50 % de dépenses de personnel |
|||||||
|
|
|
|
|||||||
|
Transit |
0 - 10 % |
dont 50 % de dépenses de transport |
|||||||
|
|
|
|
|||||||
|
Incinération |
20 - 50 % |
dont 45 % d'investissements |
|||||||
|
|
|
|
|||||||
|
Compostage |
0 - 10 % |
dont 30 % de dépenses de personnel |
|||||||
|
Source : ADEME/AMF, traitement OPECST |
|||||||||
Coût de gestion des déchets ménagers (francs) |
||||||||||
|
Milieu urbain |
Milieu semi urbain |
Milieu rural |
|||||||
Hypothèse : |
|
|
|
|||||||
Gisement |
520 kg/hab./an |
425 kg/hab./an |
320 kg/hab./an |
|||||||
Valorisation matière |
18 % - 21 % |
19 % - 36 % |
28 % - 43 % |
|||||||
|
|
|
|
|||||||
|
Collecte sélective FFOM |
Collecte sélective FFOM |
Collecte sélective FFOM |
|||||||
|
Avec |
Sans |
Avec |
Sans |
Avec |
Sans |
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Coût par habitant : |
|
|
|
|
|
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Coût complet |
460 - 595 |
|
435 - 570 |
515 - 645 |
395 - 580 |
520 - 695 |
||||
Coût net |
400 - 530 |
|
380 - 515 |
470 - 595 |
360 - 540 |
510 - 655 |
||||
Coût aidé |
300 - 425 |
|
320 - 405 |
350 - 475 |
305 - 470 |
440 - 565 |
||||
|
|
|
|
|
|
|
||||
Coût par tonne : |
|
|
|
|
|
|
||||
Coût complet |
890 - 1150 |
|
1020 - 1340 |
1155 - 1445 |
1230 - 1820 |
1505 - 2010 |
||||
Coût net |
765 - 1020 |
|
890 - 1210 |
1045 - 1335 |
1125 - 1690 |
1480 - 1900 |
||||
Coût aidé |
575 - 820 |
|
755 -955 |
785 - 1065 |
945 - 1475 |
1280 - 1645 |
||||
Légende : coût complet = coût
total
brut
|
||||||||||
Source
: ADEME/AMF,
Analyse des coûts de
gestion des déchets municipaux
,
|
Nota : Les chiffres ci-dessus n'incluent ni la gestion des autres déchets municipaux (encombrants, déchets verts, déchets dangereux...) dont les coûts sont estimés entre 50 et 80 F par habitant et par an, ni le traitement des boues d'épuration.
Coûts de collecte (en francs) 1 |
|||
|
Collecte usuelle |
Collecte séparative en AV |
Collecte séparative en PAP |
Collecte |
200 - 400 |
350 - 400 |
550 - 770 |
Tri 2 |
|
200 |
350 - 700 |
Total |
200 - 400 |
550 - 600 |
900 - 1400 |
1
Coût total, avant recettes et soutiens
|
|||
Source : ADEME, Déchets municipaux, chiffres clefs, février 1998 |
Deuxième constat.
Une augmentation
prévisible des coûts, mais très variable selon les
collectivités
Toutes les études s'accordent sur une augmentation prévisible des
dépenses de gestion des déchets ménagers.
" La gestion des déchets municipaux coûte de plus en plus
cher et absorbe une part croissante du budget des communes. "
(ADEME,
Déchets municipaux : les chiffres clefs
, février 1998)
" La mise en oeuvre de collectes séparatives entraîne des
investissements nouveaux, et l'adoption d'une organisation complexe de collecte
qui entraîne une augmentation des coûts de fonctionnement. "
(ADEME,
Déchets municipaux : les chiffres clefs
,
février 1998)
" Dans le contexte réglementaire 2002, la collectivités
locales connaîtront une augmentation de leur coût. "
(Étude SOFRES pour le compte de l'AMF et de l'ADEME)
" Le Conseil économique et social observe une montée des
charges relatives à l'enlèvement et au traitement des
déchets pour les habitants et pour les collectivités
locales. "
(Conseil économique et social,
La gestion des
déchets ménagers
, 1999)
En revanche, seules quelques études apportent quelques nuances, pourtant
essentielles et indispensables.
Tout d'abord, l'augmentation sera d'autant plus importante que la
collectivité est en retard et n'a pas entrepris, en son temps, les
efforts de modernisation qui s'annonçaient comme inévitables. Il
existe encore, il faut le rappeler, de nombreux incinérateurs qui ne
sont pas aux normes aujourd'hui réservées aux nouvelles
constructions, mais dont chacun savait depuis longtemps qu'elles
s'appliqueraient un jour à toutes les installations. Il existe encore,
il faut le rappeler, des mises en décharge dans des conditions limites,
voire illégales. Il est alors certain que, dans ces conditions, la seule
mise en conformité entraînera une hausse massive de 80 à
350 F la tonne pour l'enfouissement, et de 150 à 550/600 F pour
l'incinération, sans compter les autres opérations.
On observera seulement, comme le fait d'ailleurs le Conseil économique
et social, qu'
" une décharge (mal) gérée pour 80 F
induit un coût environnemental (pollution, réhabilitation)
renvoyé sur les générations futures, que l'on peut estimer
entre 110 et 200 F par tonne ".
Cette première hausse n'est
alors pas autre chose que le prix de la responsabilité.
Troisième constat.
Les coûts peuvent être
minorés par quelques précautions
élémentaires
Il faut tout d'abord porter une attention particulière à la
logistique. La logistique qui comprend les opérations de collecte et de
transport, représente entre un tiers et deux tiers du coût de
gestion des déchets ménagers. L'amélioration de la
logistique, par une réduction des coûts de transport et/ou de
personnels (près de 40 % du coût total), paraît
nécessaire.
Une bonne étude préalable est nécessaire. Des
apports plus faibles que les estimations initiales majorent
considérablement le coût final. Des apports en collecte
sélective inférieurs de 30 % aux prévisions
entraînent une hausse de 15 % des coûts de gestion (50 F par
habitant et par an). Une diminution de 10 % du taux d'utilisation d'une
UIOM se traduit par une augmentation du coût d'incinération de
l'ordre de 8 %, soit 4 % pour l'ensemble des coûts de gestion.
L'effet d'apprentissage est important. En phase de démarrage d'une
collecte sélective, le coût est lié aux sous utilisations
d'équipements et aussi aux investissements immatériels annexes
(études et communication). Pour la phase de pré-lancement, le
coût de communication oscille entre 10 et 30 F par habitant. En phase de
lancement, le coût annexe est de 30 à 70 F par habitant. Ces
coûts disparaissent ou sont notablement réduits par la suite.
Enfin, le développement d'une collecte sélective performante peut
entraîner une baisse non négligeable des coûts de gestion.
" Dans certains cas, le budget annuel de gestion des ordures
ménagères peut être réduit. La mise en place d'une
collecte sélective performante des recyclables secs (avec de bons
apports en quantité et en qualité) peut permettre de
réduire, dans certains contextes, le budget annuel de gestion des
ordures ménagères d'une collectivité locale
(...)
.
Les expériences de terrain existant aujourd'hui permettent d'observer
qu'une augmentation du niveau de captage jusqu'à des valeurs moyennes ou
élevées peut s'accompagner d'une baisse des coûts
techniques de collecte et de tri. L'augmentation simultanée du soutien
à la tonne triée vient renforcer cette baisse des
coûts. "
L'impact des aides est fondamental. Parfois critiquées comme
inutiles -puisque les collectes sélectives et les valorisations existent
aussi dans des pays à économie libérale comme les
États-Unis- ou même dangereuses -puisqu'elles
" faussent " les règles du marché et orientent les
décisions des gestionnaires en faisant abstraction des
réalités du marché-, les aides publiques sont non
seulement incontournables, mais aussi parfaitement justifiées.
Peu de systèmes de collecte sélective et de valorisation sont
aujourd'hui compétitifs sans l'aide publique, tant en investissements
(ADEME), qu'en fonctionnement. Néanmoins, ce mécanisme permet de
réunir toutes les parties prenantes du système
d'élimination. Non seulement l'industriel fabricant qui,
conformément au principe du " pollueur payeur " participe au
financement de l'élimination de ses produits (en versant ses
contributions à Éco-Emballages qui redistribue aux
collectivités gestionnaires), mais aussi le consommateur citoyen qui
paye directement au moins une partie du coût précédent (la
contribution est répercutée tout ou partie sur les prix de vente
des produits) et indirectement par le biais de ses impôts
19(
*
)
.
Le système est donc très complet et parfaitement fondé.
Ainsi, les financements des aides sont-ils issus de prélèvements
sur l'industriel, le consommateur, le contribuable, l'habitant d'une commune.
Ainsi, sont mises à contribution toutes les facettes d'une seule et
même personne : le consommateur citoyen.
2. Le financement
a) Le financement par les communes
Présentation
La gestion et l'élimination des déchets ménagers et
assimilés incombe aux communes. Les communes et les
établissements de coopération intercommunale compétents
dans l'enlèvement et le traitement des ordures ménagères
ont le choix entre deux modes de financement : le financement par la
fiscalité locale, générale ou spécifique, le
financement par la redevance, à la charge des usagers du service.
Le financement fiscal
Le financement fiscal peut être assuré par les ressources globales
du budget communal ou par une ressource fiscale spécifique. La taxe
d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM)
20(
*
)
.
La TEOM, instituée par le conseil municipal, ou l'autorité
délibérante compétente, est due par les personnes
assujetties à la taxe foncière sur les propriétés
bâties, et recouvrée dans les mêmes conditions.
Des financements complémentaires sont possibles. Tout d'abord, le
produit peut être inférieur au coût réel du service,
auquel cas, le solde est financé par les ressources
générales du budget.
La commune (ou l'assemblée délibérante de
l'établissement public de coopération intercommunale) doit
également établir une " redevance spéciale sur les
déchets ménagers " destinée au financement du service
d'élimination des déchets issus d'activités
professionnelles assimilables aux déchets ménagers (art.
L.2333-78 du Code général des collectivités
territoriales). Depuis le 1
er
janvier 1993, cette redevance est
obligatoire. La redevance est calculée en fonction du service rendu et,
notamment, de la quantité de déchets éliminés.
Cette combinaison taxe / redevance est inhabituelle. La commune peut
exonérer une entreprise de la TEOM, auquel cas la redevance
spéciale finance l'intégralité du coût du service.
Enfin, la commune peut fixer une redevance spécifique pour les terrains
de camping (art. L.2333-77 du Code général des
collectivités territoriales).
En 1993, la TEOM a été appliquée dans 13.666 communes
et 245 groupements de communes. Elle a concerné 45,3 millions
d'habitants. Elle a rapporté 15,6 milliards de francs, soit 344 francs
par habitant.
Le financement par redevance
Le conseil municipal, ou l'assemblée délibérante
compétente, peut également instituer une redevance
d'enlèvement des ordures ménagères (REOM)
21(
*
)
. La redevance n'est pas un prélèvement
fiscal, mais est la contrepartie financière du service rendu. Son
produit doit donc équilibrer le montant total des dépenses du
service d'élimination des déchets. Il ne peut y avoir aucun
financement complémentaire.
Avec la redevance, c'est l'usager qui est visé, et non plus le
propriétaire.
La redevance est directement perçue par la commune, mais est
relativement délicate à appliquer. Le montant individuel doit
correspondre au coût réel du service fourni. L'adéquation
n'est pas toujours facile à apprécier, et les contentieux ne sont
pas rares. Notamment dans le cas de résidences comportant plusieurs
habitants, ou de résidences secondaires, il faut trouver un mode de
calcul qui soit aussi proche que possible du service rendu. Les assiettes
servant à une autre imposition ou les repères statistiques
(consommation d'eau) imaginés comme base de calcul à la redevance
ont été censurés par le juge administratif. Un habitant
peut être exonéré s'il n'utilise pas les services de la
commune.
En 1996, la REOM a été appliquée à
11.926 communes et 138 groupements, correspondant à
8,1 millions d'habitants. Elle a rapporté 1,42 milliard de
francs, soit 177 francs par habitant.
Les trois quarts de la population contribuent au service d'élimination
des déchets par une fiscalité spécifique.
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Typologie des différents modes de financement de l'enlèvement des ordures ménagères par les communes |
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Type de financement |
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Financement fiscal |
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Financement fiscal |
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Financement par redevance |
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Mode de financement |
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Financement par le budget communal |
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Taxe d'enlèvement des ordures ménagères (TEOM) |
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Redevance d'enlèvement des ordures ménagères (REOM) |
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Références |
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art. 1520 - 1526 du CGI |
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art. L.2333-76 à 80 du CGCT |
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Financements complémentaires |
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Non |
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Oui
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Non |
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Personnes assujetties |
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Tout contribuable de la commune |
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Toute personne assujettie à la taxe foncière sur les propriétés bâties |
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Toute personne bénéficiant du service d'enlèvement |
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Conséquences comptables |
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Dépenses incluses dans le budget de la commune |
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Dépenses incluses dans le budget de la commune |
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Budget annexe |
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Conséquences financières |
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Les dépenses sont couvertes par les recettes fiscales de la commune |
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Calcul forfaitaire Les recettes ne couvrent pas nécessairement les dépenses. Le solde peut être financé par le budget de la commune |
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Les recettes équilibrent les dépenses |
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Conséquences juridiques |
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Le service correspondant est un service public administratif avec compétence du juge administratif |
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Le service correspondant est un service public administratif avec compétence du juge administratif |
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Le service correspondant est un service public industriel et commercial avec compétence partielle du juge judiciaire |
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Nombre de communes (+ groupements) |
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10.000 |
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13.666 (+ 245 groupements) |
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11.926 (+ 138 groupements) |
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Population couverte |
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2,6 millions d'habitants |
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45,3 millions d'habitants |
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8,1 millions d'habitants |
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Produit (milliards de francs) |
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n.p. |
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15,6 |
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1,4 |
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Produit/habitant |
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n.p. |
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344 F |
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177 F |
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|
1
redevance spéciale pour les déchets
non
ménagers (art. L.2333-78 du CGCT)
|
Source
: ministère de l'Intérieur,
Direction des collectivités territoriales
|
b) Les perspectives du financement communal
Un toilettage nécessaire
Le dispositif actuel peut être amélioré sur trois points.
D'une part, quelque soit le mode adopté, le financement est
assuré par des taxes ou redevances d'
enlèvement
des
ordures ménagères. Cette formulation est évidemment
vieillie, puisque le service assuré par les collectivités locales
concerne la collecte, mais aussi le tri et le traitement, en un mot la gestion
des ordures ménagères. Une nouvelle formulation s'impose, plus
conforme à la pratique.
On observera que l'élimination était la seule visée par la
loi et la directive de 1975 sur
" l'élimination des
déchets "
précisément, mais que depuis 1991,
d'autres notions sont apparues dans les textes relatifs aux déchets
(directive de 1991, loi de 1992), notamment celle de valorisation. Il est temps
de faire prendre acte au Code général des impôts et au Code
général des collectivités territoriales de ces
évolutions.
D'autre part, le dispositif actuel ne tient pas compte des
modes de
collecte
. Que la collecte soit en mélange ou sélective, le
montant recouvert est le même. Ni la TEOM, ni la REOM ne poussent
à faire le tri. Le système est même pervers, puisqu'on peut
imaginer que la collecte sélective étant plus coûteuse que
la collecte en mélange, la redevance soit majorée en
conséquence, ce qui revient à pénaliser le trieur !...
En ne prenant pas en compte les modalités de collecte, le système
actuel est sclérosant, il freine ou empêche même toute
évolution. Il paraît indispensable que ceux qui réduisent
leurs déchets, et qui trient leurs déchets, puissent
bénéficier d'un " retour ", y compris financier, sous
forme d'allégement des charges.
Enfin,
le problème de la contribution des producteurs de
déchets assimilés aux déchets ménagers est mal
résolu.
Bien qu'elle soit normalement obligatoire depuis 1993, la
redevance spéciale n'est pas appliquée partout. Le
problème n'était pas trop grave lorsqu'il ne s'agissait que des
déchets des commerçants et artisans, mais les déchets
industriels banals (DIB) ont été assimilés et
englobés dans le même " lot ", sans être
définis au préalable. Or, quelque soit l'acceptation retenue, le
montant des déchets industriels banals augmente avec l'extension des
zones industrielles et des zones dites " artisanales " -qui sont
souvent de petites zones industrielles - le caractère artisanal
étant surtout lié au nombre d'emplois -. Ainsi, les zones de
collecte se sont étendues et les volumes se sont accrus.
Certes, les difficultés portent sur la capacité à mesurer
les déchets engendrés par entreprise puisque la redevance doit
correspondre au service rendu, mais, devant les nouveaux volumes et les
nouvelles responsabilités des communes, il est désormais
impératif d'appliquer les financements prévus.
Une liberté de choix à maintenir concernant le
partage taxe/redevance
On connaît les difficultés de l'arbitrage entre un financement par
redevance, qui lie le montant demandé au service rendu mais qui est
difficile à mettre en oeuvre, car il suscite des contentieux et des
changements brutaux dans les dépenses, et le financement par taxe,
totalement aveugle. La taxe est perçue à un montant donné,
quelque soit le volume des déchets pris en compte. Un retraité
isolé ou une famille nombreuse, une personne faisant son compost au fond
de son jardin ou s'alimentant à l'américaine par " boites
boisson " par centaines et plats préparés, une personne
s'efforçant de porter chaque jour ses déchets propres et secs aux
bornes d'apport volontaire ou mettant le tout à la poubelle, paieront la
même taxe, simplement parce que leur taxe foncière est la
même !... Il n'y a aucun lien entre le déchet et
l'impôt, entre l'usager et le service. Le système de TEOM ne
favorise ni la responsabilité, ni la prise de conscience. La TEOM est
également un frein à la coopération intercommunale puisque
deux habitants de deux communes voisines ne paieront pas le même service
au même prix, simplement parce que l'évaluation de l'assiette de
leur taxe diffère d'une commune à une autre.
Chaque système a ses avantages et plus encore ses inconvénients.
Les élus locaux arbitrent le plus souvent entre ces derniers qui sont
les plus manifestes aux yeux de l'opinion.
Il paraît important de rétablir, d'une façon ou d'une autre
le lien entre le coût du service et son paiement. Ce mouvement est
souhaitable Jusque là, la redevance a été surtout
appliquée aux communes rurales, en particulier dans les
départements de l'Est et du Sud de la France. Mais ce lien avec la
ruralité s'estompe. Des communes ou groupements de communes de 20
à 25.000 habitants commencent à se tourner vers la REOM.
Il ne faut cependant pas nier les difficultés de mise en place de la
redevance, notamment en termes sociaux. En effet, d'une part la redevance
pénalise les familles nombreuses et le basculement d'un système
à un autre peut s'avérer délicat en entraînant des
modifications importantes, sans tenir compte des capacités
contributives. D'autre part alors que la collecte sélective
démarre et semble fonctionner dans de bonnes conditions, il ne
paraît pas opportun de " casser " la mécanique par une
réforme fiscale qui pourrait annuler tous les efforts
Il peut arriver que la redevance entraîne, pour certains, une majoration
des prélèvements, mais le consommateur, le contribuable pourront
comprendre, et finalement accepter cette évolution, si on leur
présente et si on leur explique les chiffres. Avec un " parler
vrai ", on peut alors avoir de vrais chiffres. Cela suppose du courage et
de la transparence, mais cela permet d'avoir des citoyens partenaires.
Les difficultés d'évaluation du service rendu peuvent
également être limitées par l'introduction de
systèmes de pesée
22(
*
)
.
c) La taxe générale sur les activités polluantes
Comme on
le verra, les collectivités locales sont soutenues dans leurs efforts
d'équipement par les aides publiques de l'ADEME et les soutiens
d'organismes privés agréés. Ces soutiens seront
discutés ci après. Mais l'aide publique est aussi financée
au moyen de taxes dont l'importance est croissante et qu'il convient de
présenter.
Présentation
Jusqu'en 1999, l'ADEME était principalement financée par des
taxes fiscales et parafiscales
23(
*
)
dont l'objet
était de taxer les émissions polluantes. dont le rôle
était principalement (à 80 %) de financer la
réalisation d'équipements des communes dans la gestion des
déchets. Le système a été profondément
modifié en 1999. La taxe générale sur les activités
polluantes (TGAP) s'est substituée aux cinq taxes existantes. Les
changements portent sur la nature, l'assiette et la perception
de la taxe,
La nature de la ressource
. Tout d'abord, la TGAP est un
impôt qui alimente le budget de l'État. Il n'y a plus de lien
direct entre la taxe et l'agence. Le produit fiscal est perçu par
l'État qui reverse à l'ADEME les crédits
équivalents à ceux qu'elle aurait perçus dans le
régime antérieur.
L'assiette de la taxe
. La taxe est due par tout exploitant
d'une installation de stockage de déchets ménagers et
assimilés (art. 266
sexies
du CGI). Elle est assise sur le
poids des déchets réceptionnés. Sur la base de 60 F
la tonne (avec un montant minimal de 3.000 F par installation). Le
régime est identique pour les exploitants d'une installation de
déchets industriels spéciaux, par incinération, stockage,
traitement physico-chimique... Dans ce second cas, le tarif est toutefois
différencié selon les modes de traitement (60 F la tonne
pour une station d'élimination, 120 F la tonne pour une
installation de stockage). Il existe aussi d'autres faits
générateurs liés aux émissions polluantes, mais qui
ne sont pas directement liés aux déchets.
La perception de la taxe
. Ce lien, qui faisait l'un des
succès et fondait l'une de légitimité de l'ADEME, est
d'autant plus distendu que la taxe sera dorénavant recouvrée par
les services des Douanes. Ainsi, les services des Douanes doivent-ils collecter
des ressources qui seront, par la suite, affectées à
l'environnement et aux collectivités locales. Il existe, toutefois, un
régime dérogatoire, provisoire, pour l'année 1999, puisque
les anciennes taxes restent prélevées par l'ADEME, versées
au budget, et reversées sous forme de crédits budgétaires.
Observations
Cette mesure, présentée comme une amorce d'une refonte de la
fiscalité environnementale, ne va pas sans susciter certaines
appréhensions et regrets.
La première est la
disparition d'un lien direct
entre l'ADEME et
son financement. L'ADEME était financée par des contributions
assises sur les pollutions, et finançait des équipements des
collectivités locales pour améliorer leur gestion des
déchets. Ce lien est rompu puisque la TGAP est un impôt qui
alimente le budget de l'État, ce dernier versant à l'ADEME une
dotation budgétaire. Or, d'une part, chacun sait que les contributions
sont d'autant moins mal acceptées que le " parcours " du
produit fiscal peut être suivi
La deuxième est la crainte d'un
décalage entre les recettes
encaissées et la dotation reversée à l'ADEME.
Il ne
s'agit pas d'une pure hypothèse d'école puisque il a
été annoncé qu'une " écotaxe " (et la
TGAP est la première des " écotaxes ") pourrait
financer la diminution de la TVA. Tout lien entre la taxe et la gestion des
déchets serait évidemment rompu et l'ADEME serait alors
marginalisée face aux enjeux financiers que représente la
compensation de la TVA.
Si tel était le cas, le Parlement ne dispose en effet d'aucun moyen pour
majorer
une
dépense publique. Le Parlement est ligoté par
l'article 40 de la Constitution, qui interdit tout amendement qui aurait
pour conséquence la création ou l'aggravation d'
une
charge
publique. Aucune compensation n'est possible, le Parlement ne pouvant gager une
majoration, ou une perte, par une recette nouvelle, ou une économie sur
une autre dépense. Ce premier risque, exclu à court terme, ne
peut être exclu à moyen terme.
Troisièmement, le
barème
a pu être discuté.
Certains industriels ont regretté que la taxe, assise sur le poids des
déchets reçus par les exploitants de décharges, ne soit
pas différenciée selon le mode de traitement des déchets
en amont. Ils estiment qu'un barème différencié selon
l'importance de la valorisation aurait été incitatif et aurait
encouragé à développer celle ci. Malgré tout
l'intérêt que nous portons à cet objectif, nous ne pouvons
suivre cette logique. En effet, d'une part il ne faut pas oublier que,
bientôt, tous les déchets seront valorisé, d'autre part
qu'une éventuelle diminution du barème aurait pour
conséquence de réduire un produit fiscal qui constitue une
ressource importante pour aider les investissements des collectivités
locales dans le domaine des déchets. Nous considérons
également que l'objectif des industriels a été en grande
partie satisfait par la baisse de la TVA (ramenée du taux normal de
20,6% au taux minoré de 5,5%) sur les opérations de collecte, de
tri sélectif et de traitement des déchets ménagers, ce qui
constitue un soutien autrement plus efficace qu'une modulation du barème
de mise ne décharge.
24(
*
)
Quatrièmement, il faut s'interroger sur la
pertinence de
l'assiette
choisie aujourd'hui. L'interrogation porte sur l'exemption des
décharges internes
. Un grand nombre d'industriels disposent de
décharges internes qui servent à leurs propres déchets,
évitant ainsi les frais de transport, le coût du service et la
taxe, liés à la mise en décharge contrôlée.
Certes, tous les industriels ne se contentent pas de mettre leurs
déchets en tas ou dans un simple trou dans l'enceinte de l'usine, et
contrôlent de plus en plus étroitement leurs déchets (ne
serait ce que pour éviter les campagnes destructrices, en termes d'image
et de notoriété, en cas d'abus et de
" dérapage "), il n'en demeure pas moins que cela existe.
Or, ces déchets, comme les autres, ont la vie longue. Souvent plus
longue que celle des exploitations industrielles. Et l'expérience montre
qu'il arrive - souvent -, que les collectivités locales se trouvent
devant la responsabilité de traiter des " sites orphelins ",
abandonnés après la fermeture de l'usine. Les
collectivités doivent alors traiter les eaux, les lixiviats, le
ruissellement, les pollutions... Toutes ces opérations
représentent des coûts importants qu'il est impossible de
récupérer sur une entreprise en faillite ou en difficulté.
Il y a donc un transfert de charge et de responsabilité, de l'industriel
sur la collectivité locale. Une taxation des décharges internes
inciterait les entreprises à de meilleurs contrôles et permettrait
de mieux répartir les coûts à la fois dans le temps et
entre agents économiques. Sans nier les conséquences et les
coûts qu'entraînent les réglementations environnementales
(notamment dans le contexte de concurrence internationale avec des pays qui
n'ont pas les mêmes contraintes et obligations), il paraît utile
de réfléchir, en France et au niveau communautaire, à
cette possibilité.
Enfin, cette modification ne constitue qu'un pas encore bien timide vers une
réforme plus ambitieuse de la fiscalité de l'environnement
.
La TGAP a été présentée comme une amorce de refonte
du système fiscal environnemental qui comptait alors, rappelons-le,
soixante-quinze taxes différentes, et compte encore, après
réforme, soixante-et-onze taxes différentes...
Or, la fiscalité de l'environnement n'a pas seulement pour but de
produire des ressources, mais aussi de modifier des comportements. Elle fait
partie des fiscalités incitatives. Cet objectif n'est guère
atteint dans le système actuel qui, en réalité, cumule de
nombreux inconvénients. "
Que cherche-t-on : accroître les
ressources publiques ou diminuer les atteintes à l'environnement ?.
Dans le premier cas, il faut des taux bas et des assiettes larges, dans le
second, il faut des assiettes étroites très
précisément définies et des taux élevés,
mais ces deux logiques ne sont pas compatibles
"
25(
*
)
. L'annonce d'un éventuel financement de la
baisse des charges sociales par une " éco-taxe " ne peut
qu'augmenter le trouble.
d) Le financement par les industriels
Présentation
Il ne faudrait pas croire que la gestion des déchets repose
exclusivement sur la contrainte et que le coût est financé
uniquement par l'impôt. Les industriels ont pris leur part de
responsabilité et, de façon plus ou moins spontanée, ont
mis en place des structures de collecte et de gestion des déchets. Deux
formules peuvent être suivies. Tout d'abord, les industriels peuvent de
leur propre initiative s'organiser eux-mêmes, établir des
filières, s'engager sur des objectifs (la récupération des
huiles ou les engagements des constructeurs automobiles sur les
véhicules usagés par exemple). Une autre possibilité
consiste à passer par la voie d'organismes agréés. Cette
formule est appliquée aux déchets d'emballages. Le décret
du 1
er
avril 1992 rend responsable le producteur de déchets
d'emballages ménagers de leur élimination. Il peut alors soit
prendre en charge directement les emballages usagés (consigne, circuits
et emplacements réservés), soit faire prendre en charge les
emballages usagés par un organisme ou une entreprise
agréée. Ce décret est à l'origine de la naissance
des sociétés Adelphe, Éco-Emballages et de l'association
Cyclamed. Dans les deux cas, le système est financé par les
industriels fabricants et distributeurs.
Concernant Éco-Emballages, principale société intervenant
dans le secteur des emballages, les ressources proviennent, en
quasi
totalité, des contributions de producteurs, importateurs et
distributeurs d'emballages, selon un barème lié pour l'essentiel
au chiffre d'affaires, mais faisant intervenir également les
possibilités de recyclage des matériaux
26(
*
)
. Le paiement de la contribution est formalisée
par le " point vert " qui figure sur les emballages
27(
*
)
. Plus de 500 millions de francs ont été
collectés en 1998.
En 1999, le principe du doublement du barème de base a été
adopté, et certains emballages, non recyclables dans les conditions
actuelles, ont un tarif doublé par rapport au barème de
base
28(
*
)
. Ces nouveaux tarifs devraient entrer
en vigueur en 2000. La ressource prévue pour 2002 serait de 2 milliards
de francs
Discussion
On le verra, le système Éco-Emballages est de loin le plus
opérationnel, le plus efficace, le plus développé .
Mais il n'a pas que des avantages. Le tri vise à rendre les emballages
recyclables. Ainsi, les efforts pour envisager d'autres modes de valorisation
(qui ne soient pas des emballages) ou pour collecter d'autres matériaux
qui peuvent être valorisés tout aussi bien que les emballages
(collecte des fermentescibles par exemple), ne sont pas encouragés et
sont même dissuadés. C'est le risque lié à un
financement professionnel.
Le principe du " pollueur payeur " n'est encore que très
partiellement appliqué. Il n'a été intégré
ni dans la fiscalité locale, ni dans les filières industrielles
et commerciales alors que, dans le même temps, chacun constate une
augmentation des coûts de traitement. Une nouvelle organisation des
financements fondée sur un meilleur partage des coûts doit
être mise en place.
Toute proposition doit, nous semble-t-il, être fondée sur
quelques idées de base, simples et claires :
Tout d'abord, il n'est plus possible de mettre un produit sur le
marché, quel qu'il soit, sans se soucier de son devenir en fin de vie.
Ensuite, si les collectivités locales restent bien responsables
des services d'élimination des déchets, c'est à la
filière de production et de commercialisation (industriel fabricant,
importateur ou distributeur) de financer la plus grande part des coûts de
valorisation
.
La plus large souplesse doit être laissée dans les
modalités de récupération et de financement
.
Il est bien évident que, en dépit de la concurrence, une partie
de ces coûts sera répercutée sur le consommateur. La menace
d'une hausse prévisible du prix des produits, doit être
appréciée avec mesure. Le consommateur est-il prêt à
payer 5 ou 10 centimes pour éliminer le mercure et retraiter les
métaux lourds contenus dans les piles ? Est-il prêt à
payer 4 francs par pneu pour que les pneus soient recyclés au lieu
d'être mis en décharge ? Nous pensons que oui. Le
système de consigne, malgré son image désuète, ne
peut être écarté. On peut imaginer qu'un consommateur verse
une prime de 20 ou 50 francs lorsqu'il achète un
téléviseur, un magnétoscope ou un ordinateur, qui lui sera
retournée lorsqu'il rendra son matériel en fin de vie, mais qui
permettra de traiter les tubes et les écrans de télévision
chargés en métaux lourds.
La réflexion n'en est qu'à ses débuts, mais progresse
rapidement. On peut citer notamment la solution préconisée par le
Conseil économique et social (rapport du CES :
La gestion des
déchets ménagers
, 1999).
" Le Conseil économique et social propose une organisation du
financement du service public d'élimination des déchets
ménagers reposant sur :
une contribution des entreprises qui mettent sur le marché des
produits de consommation. Ces contributions doivent permettre de couvrir
l'essentiel des coûts d'élimination des déchets et produits
en fin de vie (internalisation des coûts) ;
une forte diminution en corollaire de la fiscalité locale
directe.
L'organisation proposée ne se conçoit que pour les communes ayant
engagé une politique de collecte sélective.
L'opérationalité de ces mesures est visualisée sur
l'organigramme ci-après. "
Proposition d'organisation du financement du service public d'élimination des déchets ménagers formulée par le Conseil économique et social
3. Les aides
Les
aides proviennent de trois sources différentes :
les autres collectivités locales,
l'État, par l'intermédiaire de l'ADEME,
les organismes privés, agréés par les pouvoirs
publics, et investis d'une mission d'intérêt général
en vue de favoriser la collecte sélective des déchets
valorisables.
Les aides des autres collectivités locales sont citées ici pour
mémoire. Selon une étude de l'Association des présidents
de conseils généraux (APCG), rapportée par le Conseil
économique et social, soixante-dix conseils généraux ont
mis en place une politique spécifique d'aide aux communes pour la
gestion des déchets. Les conseils régionaux se sont
également engagés dans ce domaine, notamment le conseil
régional d'Ile-de-France (210 millions de francs en 1998). Le
soutien porte sur la réalisation d'équipements, la
réhabilitation de décharges, les études, la
communication.
a) Les aides de l'ADEME aux équipements des communes
L'ADEME
(Agence de l'Environnement et de la maîtrise de l'énergie) est un
établissement public à caractère industriel et commercial,
sous la triple tutelle des ministères de l'Environnement, de l'Industrie
et de la Recherche, créé en 1990 par la fusion des anciens
organismes existants. Financée par des taxes, l'Ademe aide les
collectivités dans la réalisation d'équipements de gestion
des déchets. Tant le financement (voir supra ) que les dépenses
de l'Agence appellent toutefois des observations critiques.
Les dépenses
Jusqu'en 1998, le produit fiscal des différentes taxes alimentait un
fonds de modernisation de gestion des déchets (FMGD). Du fait du
relèvement périodique des taux, les ressources -et par
conséquent les dépenses- de l'ADEME ont considérablement
augmenté au cours de ces dernières années (le produit
fiscal est passé de 633 MF à 1.202 MF entre 1994 et 1997).
En cinq ans, entre 1994 et 1998, plus de deux milliards de francs ont
été reversés au soutien aux équipements des
collectivités locales. Les aides sont variables en fonction des
filières de traitement : aides élevées en amont des
filières (collectes sélectives, déchetteries, compostage,
aides plus faibles ou nulles sur l'incinération et la mise en
décharge). Les aides étaient réparties après avis
du comité consultatif de modernisation de la gestion des déchets
ménagers (CCMGD). Les montants des aides ont été plusieurs
fois modifiés et s'établissaient comme suit (avril
1999)
Nature des projets |
|
Modalités d'aide
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Déchetteries |
|
50 % |
|
|
|
Collectes séparatives de matériaux secs et de matières fermentescibles |
|
50 % (hors matériel roulant) |
|
|
|
Centres de tri |
|
50 % |
|
|
|
Unités de compostage ou de méthanisation de déchets organiques issus de collectes séparatives |
|
50 % |
|
|
|
Équipements de tri de métaux sur mâchefers des incinérateurs et plates-formes de maturation des mâchefers |
|
50 %
(équipements de tri et conditionnement des métaux)
|
|
|
|
Sensibilisation liée à des opérations |
|
30 % du montant TTC des dépenses |
Les critiques du système
L'ADEME a réalisé un travail exceptionnel dans
l'amélioration des connaissances sur les déchets. Plusieurs
observateurs, y compris officiels, reconnaissent que les engagements du
début des années 1990, -sans remonter à 1975- ont
été pris dans un contexte de grande méconnaissance du
secteur. Gisements, coûts, modalités, rien n'était vraiment
connu, et tout restait à faire. L'ADEME l'a fait, et son travail
d'analyse statistique est remarquable. Néanmoins, plusieurs critiques
d'inégale importance peuvent être formulées sur le
fonctionnement de l'ADEME.
En premier lieu, sur le plan formel, on observera que l'ancienne CCMGD a
disparu avec la réforme de la TGAP mais qu'elle n'a pas
été remplacée. Les aides de l'ADEME restent
néanmoins décidées, selon les seuils, après
consultation d'un comité national ou régional d'attribution
auxquels participent les représentants des administrations et les
élus. Dans un avis, le Conseil économique et social estimait que
" l'absence de représentation des associations de consommateurs
(dans l'ancienne CCMGD) méritait d'être corrigée lors de la
nouvelle instance qui serait chargée de la remplacer "
. Vos
rapporteurs soutiennent cette suggestion qui n'a pas encore reçu
d'application.
En second lieu, il a souvent été souligné que, au moins
jusqu'en 1998, "
le produit des taxes était parfois loin d'avoir
été entièrement engagé et que l'ADEME
plaçait ainsi cet excédent
" en placements financiers
(de préférence aux aides aux collectivités locales). On
peut donc se demander, après d'autres, si tel était bien la
vocation de l'Agence.
En troisième lieu, on peut aussi regretter que l'ADEME n'ait pas eu de
ligne directrice claire dans les soutiens qu'elle accordait aux
collectivités locales. On peut donc s'étonner des changements de
politiques brutaux qui consistent à majorer fortement les taux de
soutiens (pour faire taire les critiques précédentes),
jusqu'à 50 % des dépenses d'investissements, avant de voir,
l'année d'après, qu'une telle position n'était pas
tenable, et être alors obligé de revenir à des taux de
soutiens plus modérés. Dans ce domaine particulièrement,
les collectivités locales ont surtout besoin de visibilité et non
d'une politique en " coups d'accordéon ", ravageuse en termes
d'image et d'efficacité. En d'autres termes, il eut mieux valu fixer des
taux d'aide à 30% et s'y tenir, plutôt que d'afficher des pointes
à 50 % pour les abandonner aussitôt.
Mais surtout, la critique principale porte sur les aides elles mêmes.
Face à l'échéance de 2002, les soutiens aux
investissements devaient céder la priorité à la recherche.
Il fallait avant tout expérimenter des voies nouvelles, qualifier les
produits issus de nouveaux modes de valorisation. A quelques années
à peine de 2002, un grand nombre de filières se trouvent
aujourd'hui devant des blocages, faute de maîtrise suffisante des
processus, de connaissances, de garanties et de contrôles adaptés.
Le compost est-il un déchet ou un engrais ? A quel moment une boue
traitée change-t-elle de statut ? Le mâchefer est-il
utilisable en génie civil ? Les REFIOM d'incinérateur
à lits fluidisés sont-elles valorisables en l'état ?
Comment valoriser des gisements considérables qui se trouvent dans nos
poubelles et nos décharges (le plastique, le béton des
démolitions...) ?... Un grand nombre de techniques innovantes sont
subordonnées à des réponses à des questions de ce
type. C'était le rôle de l'ADEME de participer à
l'innovation. C'est aujourd'hui presque trop tard. Mais c'est aussi,
incontestablement, une occasion manquée.
b) Les aides des organismes agréés au fonctionnement des équipements de collecte et d'élimination des déchets ménagers
La mise
en oeuvre de la politique de gestion des déchets ménagers, et
plus particulièrement des emballages, fait également intervenir
des partenaires privés, sociétés ou associations,
agréés par les pouvoirs publics. Ces organismes se sont vu
confier une mission d'intérêt général en collectant
des financements et en redistribuant des aides, en favorisant la collecte et la
valorisation des emballages. Trois organismes ont été
agréés :
Adelphe
, dont la compétence porte essentiellement sur le
verre ;
Cyclamed
, dont la compétence porte uniquement sur les
médicaments ;
et, surtout,
Éco-Emballages
, puissante et efficace
organisation à compétence générale. Toute la
collecte sélective mise en place dans les communes repose sur les aides
d'Éco-Emballages (aides aux tonnes triées valorisables).
Les soutiens d'Éco-Emballages
Depuis quatre ans (1996/1999), 80 % des dépenses
d'Éco-Emballages sont affectées au soutien de la collecte, ainsi
qu'au tri et à la valorisation des emballages ménagers, les
20 % restants étant consacrés à la communication,
à la recherche, au fonctionnement... Près de 900 millions seront
reversés aux collectivités locales en 1999.
Principaux indicateurs financiers d'Éco-Emballages (millions de francs) |
||||||
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
Total des recettes |
517 |
546 |
571 |
566 |
505 |
540 |
dont contribution professionnelle |
|
537 |
562 |
566 |
n.p. |
n.p. |
Total des dépenses |
272 |
310 |
426 |
527 |
782 |
1.066 |
dont soutien aux collectivités locales |
135 |
194 |
302 |
417 |
653 |
897 |
Source : Éco-Emballages |
Devant l'augmentation massive des soutiens, la situation financière d'Éco-Emballages s'est radicalement transformée. Jusqu'en 1997, les recettes ont été supérieures aux dépenses. La situation a basculé en 1998, et surtout en 1999, car les recettes annuelles ne couvrent qu'à peine plus de 50 % des dépenses envisagées (le solde étant par conséquent financé sur les produits antérieurs, puisque pendant cinq ans les dépenses annuelles étaient inférieures aux recettes.) Cette situation n'est évidemment que provisoire, et Éco-Emballages a adopté le principe d'un doublement en 2000 de son tarif applicable aux producteurs et distributeurs d'emballages.
Soutien à la tonne triée |
|
Acier issu de la collecte sélective |
300 - 500 F (selon collecte) |
|
|
Acier issu des mâchefers |
75 F |
|
|
Aluminium |
1.500 - 2.200 F |
|
|
Aluminium issu des mâchefers |
500 F |
|
|
Papier carton |
750 - 1.950 F |
|
|
Plastiques |
1.500 - 6.050 F |
|
|
Verre |
20 - 30 F (AV) |
|
|
|
20 - 75 F (PAP) |
|
|
|
|
Garantie de reprise à un |
|
Acier issu de la collecte sélective |
50 - 200 F |
prix minimum pour un |
|
Acier issu des mâchefers |
0 - 50 F |
niveau de qualité défini |
|
Aluminium |
1.100 - 2.000 F * |
|
|
Aluminium issu des mâchefers |
750 - 1.300 F * |
|
|
Papier carton |
0 F * |
|
|
Plastiques |
0 F |
|
|
Verre |
150 F |
|
|
|
|
|
|
* + intéressement selon les cours |
|
|
|
|
|
Soutien à la valorisation |
|
Valorisation matière |
cf. prix de reprise |
|
|
Valorisation énergétique |
entre 100 et 500 F selon le taux de valorisation |
|
|
Compostage |
500 F par tonne |
|
|
|
|
Soutiens divers |
|
Communication locale |
9 F par habitant la première année, puis tarif dégressif pendant cinq ans |
|
|
Embauches - Aides forfaitaires |
20.000 - 40.000 F |
|
|
Démarrage de programmes |
7 F la première année, puis tarif dégressif pendant deux ans |
|
|
Habitats particuliers |
Majoration des soutiens à la tonne triée |
Ce
système a cependant des effets contradictoires.
Le premier effet, positif, est d'impliquer les producteurs et distributeurs
dans la filière recyclage, et de limiter leur production d'emballages
(pour réduire leur contribution) et surtout de développer la
collecte sélective qui a démarré, progressé et
réussi grâce aux soutiens d'Éco-Emballages .
Le second effet, plus discutable, est d'introduire sur certains produits (en
particulier le verre) un système en boucle, autocentré sur les
emballages (production d'emballages consommation récupération
tri retour au fabricant production d'emballages), ce qui a aussi pour effet
de concentrer l'attention des industriels sur leurs propres emballages et leurs
propres besoins. Ce qui limite par conséquent les innovations visant
à élargir la gamme des produits collectés ou des
valorisations possibles, hors emballages. (voir également
ci-après, " Discussion sur la collecte ")
IV. PRÉALABLES ET COMPLÉMENTS À LA VALORISATION
La
valorisation des déchets n'est qu'une étape d'un processus
complet dont on ne connaît vraiment ni le début (où
commence la production d'un déchet), ni la fin (tous les
matériaux finissent par se désagréger dans des
périodes plus ou moins longues, allant de quelques semaines à
plusieurs milliers d'années), et surtout dont les ramifications sont
multiples : culturelles, financières, industrielles, techniques,
logistiques, juridiques. Il paraît impossible d'appréhender la
question des déchets avec exhaustivité.
Ainsi, plusieurs " impasses " ont été faites. C'est
notamment le cas des aspects purement juridiques de la gestion des
déchets et des structures intercommunales adaptées. Non que ces
sujets ne soient pas importants, ils le sont, mais soit ils sont relativement
connexes par rapport à la question centrale de la valorisation, soit ils
ont été abondamment et excellemment traités par ailleurs,
et en tout état de cause échappent au champ de l'Office. D'autres
dossiers ne sont, hélas, que survolés ou entrouverts. C'est
notamment le cas de la politique de prévention et de la politique de
collecte, pourtant toutes deux fondamentales.
A. LA POLITIQUE DE PRÉVENTION
Conformément au souhait exprimé par plusieurs
membres
de l'office, quelques développements sont consacrés à la
politique de prévention, sujet consensuel s'il en est, dont la
nécessité est reconnue par tous. La présentation qui suit
reste toutefois sommaire, non que le sujet ne soit pas important -il l'est-,
mais parce qu'il est relativement connexe par rapport à la mission
centrale qui a été confiée à l'Office, et parce
qu'il n'appelle pas vraiment des bases scientifiques et technologiques, mais
plutôt des bases culturelles de société.
En France, la production de déchets augmente de près de 2 %
par an. Cette évolution est-elle inéluctable ? Et si le
concept de société à " zéro
déchets " est aussi illusoire que celui d'une " guerre
à zéro mort ", peut-on, tout au moins, réduire ou
stabiliser le volume ? Il faut, sur ce point, faire la part entre le
souhaitable et le possible, et examiner ce dernier sans fatalisme, mais avec
lucidité.
Malgré quelques initiatives exemplaires, l'expérience et
l'ampleur du défi invitent à contenir les ambitions aussi
louables soient-elles.
1. Situation
a) Présentation générale
La
prévention à la source consiste à réduire le volume
des déchets (diminution du nombre et du poids des emballages, par
exemple), et/ou réduire les impacts environnementaux des déchets
produits (diminuer ou éliminer les substances toxiques dans un
produit : piles à 0 % de mercure par exemple).
Dans la majorité des cas, la réduction de volume diminue les
coûts de traitement. Selon le rapport de la " Cellule
Prospective " du ministère de l'Environnement (dit " rapport
Dron "),
une politique de prévention qui réduirait du
quart la production de déchets ménagers et assimilés en
2000 diminuerait les dépenses de gestion des déchets de plus de
moitié "
.
Dans la grande majorité des cas, l'impact environnemental est
également atténué, même si le même rapport
observe que
" la réduction du volume n'est pas le remède
universel susceptible de guérir de tous les maux
. (...)
Ainsi une
réduction en volume consécutive par exemple à une
obligation de réemploi, pourrait se traduire par une production
supplémentaire de polluants dans un autre secteur "
(exemple : consigne obligatoire générant des dépenses
de transport pour réaffecter le produit, après consommation, au
lieu de production).
Les exceptions ou contre-indications ne remettent pas en cause
l'intérêt évident à limiter les déchets. La
nécessité d'engager des programmes de réduction des
déchets a été d'ailleurs affirmée dès 1975,
et systématiquement réaffirmée depuis.
Directive (75/442/CEE) du Conseil du 15 juillet 1975
relative aux déchets
(extraits)
__
Art. 3 -. " Les États membres prennent les mesures appropriées pour promouvoir la prévention (...) des déchets . (...) Ils informent la Commission de tout projet concernant la diminution des quantités de certains déchets ".
b) Résultats
Sauf
exception, les résultats sont on ne peut plus mitigés, depuis
1975, date de la première directive européenne et de la
première grande loi française sur les déchets. En France,
la production de déchets augmente de près de 2 % par an (290
kilos par habitant il y a vingt ans, 360 kilos en 1990 et 430 kg en 1996). Sauf
exception, cette évolution est générale en Europe, et
même s'accélère au cours des années récentes
(+ 25 % en France ou en Suisse en dix ans ; + 38 % en
Italie ; + 18 % en Autriche...).
Sur les quinze pays de l'Union européenne, seule l'Allemagne est
parvenue à stabiliser, voire à réduire pendant un moment,
la quantité de déchets produite.
Production de déchets municipaux. Quelques comparaisons internationales |
||||||||
|
Milliers de tonnes |
kg par habitant |
||||||
|
1975 |
1980 |
1985 |
1990 |
1975 |
1980 |
1985 |
1990 |
France |
14.330 |
15.570 |
16.220 |
20.320 |
271 |
289 |
294 |
360 |
Allemagne (Ouest) |
20.423 |
21.417 |
19.387 |
21.172 |
333 |
348 |
317 |
333 |
Italie |
14.095 |
14.041 |
15.000 |
20.033 |
257 |
252 |
265 |
348 |
Royaume Uni |
16.000 |
15.500 |
17.000 |
20.000 |
324 |
312 |
341 |
348 |
Suède |
2.400 |
2.510 |
2.650 |
3.200 |
293 |
302 |
317 |
374 |
Norvège |
1.700 |
1.700 |
1.970 |
2.000 |
424 |
416 |
474 |
472 |
Suisse |
1.900 |
2.240 |
2.500 |
3.000 |
297 |
351 |
383 |
441 |
Source : Statistical compendium for the Dobris Assessment, Eurostat, 1995 |
La production des déchets suit des grandes tendances de fond liées aux habitudes ou aux types de consommation qui sont des données culturelles ou de civilisation (papier informatique...). Pour ne donner qu'un seul chiffre, on ne peut qu'être frappé par le fait que, en dépit d'une amélioration constante de la qualité des eaux courantes, la consommation d'eaux minérales se soit accrue en France de 27 % en dix ans pour atteindre 5,54 milliards de litres, soit 83 litres par habitant (133 litres en Italie).
Production d'eaux minérales (millions de litres) |
||||||||||
|
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
France |
4.370 |
5.011 |
5.217 |
5.192 |
5.300 |
5.406 |
5.300 |
5537 |
5.450 |
5.540 |
CEE |
15.047 |
17.154 |
18.711 |
19.750 |
21.352 |
21.845 |
24.632 |
25.687 |
25.499 |
25.818 |
Source : Chambre syndicale des eaux minérales |
Dans la
compétition économique entre industriels et distributeurs,
l'emballage est également un élément de concurrence.
L'emballage fait la marque. La marque fait l'emballage (
Perrier
,
Orangina
...). Un produit doit se voir pour se vendre, et sa
présentation renvoie à des notions de service, de
sécurité, de propreté... La recherche d'économies
passe aussi souvent par le développement de promotions et, par
conséquent, d'achats groupés (lots) réunis par des
" sur-emballages " qui sont autant de déchets imposés.
Autant de tendances lourdes qui peuvent peut-être être
infléchies, mais ne seront pas renversées.
La recherche de la diminution du volume des déchets peut être
obtenue tant par une action sur les emballages proprement dits (suppression des
sur-emballages, diminution du volume et du poids, recharges...) que par une
amélioration du produit lui-même qui génère ainsi
beaucoup moins de déchets.
Quelques exemples illustrent parfaitement ces deux voies.
Première voie. La réduction des emballages
.
Cette réduction peut porter sur le nombre et le poids des emballages.
Tel est notamment le cas de la société
L'Oréal
qui
s'est engagée très tôt dans une politique de
réduction du volume des emballages, tant pour des raisons de coût,
que de stratégie commerciale/communication. En moyenne, le poids des
emballages a été divisé par deux en dix ans.
L'exemple le plus frappant est celui de la suppression de la cale
(
blister
) plastique des échantillons de soins
Lancôme
. Cette seule mesure a économisé (dans le
monde) 59 tonnes de plastique, 110 tonnes de cartons. Le volume de
transport a été réduit de 2000 palettes, 40 camions.
Cette diminution du poids peut prendre d'autres formes. La simple impression en
recto verso, et le fait de rédiger la notice de soins d'un produit de la
gamme
Vichy Laboratoire
en deux langues, au lieu de trois, a
entraîné une économie de plus de 4 tonnes de papier. La
société a également choisi, depuis peu, d'utiliser des
matériaux recyclés (l'emballage du shampooing "
one 2
one
" aux États-Unis incorpore 25 % de produits
recyclés). L'action principale réside aujourd'hui dans
l'optimisation des épaisseurs et du poids des emballages. La diminution
du poids des flacons entraîne des économies substantielles...
Autre exemple, la société
Procter et Gamble
a lancé
en 1989 la formule des " éco-recharges ". Le succès
fut alors mitigé, les distributeurs ne répercutant pas la baisse
des prix sur le consommateur. Après plusieurs mises en demeure, la
baisse a été répercutée, et le succès a
démarré. Aujourd'hui, sur les lessives, un tiers des ventes sont
en " éco-recharges ". Une " éco-recharge "
représente une économie d'emballages de 75 % par rapport
à un emballage rigide, ce qui représente pour le groupe une
économie de 3.500 tonnes de cartons.
La réduction des emballages est aussi l'intérêt des
fabricants et des distributeurs. Désormais, la plupart cherchent
" l'optimisation dimensionnelle ", génératrice
d'économies d'emballages, donc d'économies de déchets,
donc d'économies de dépenses. Attention toutefois à ne pas
être un " maximaliste forcené ", car les emballages ont
des fonctions essentielles qui ne doivent pas être oubliées.
L'emballage donne des informations sur le produit, le protège ,et est un
élément de concurrence entre les marques.
Deuxième voie. L'amélioration du produit
par
une diminution de sa nocivité, par un allongement de sa durée
d'utilisation. Là encore, de gros progrès ont été
faits soit par l'édiction de contraintes réglementaires (piles
à 0 % de mercure...), soit par la seule concurrence qui peut aussi
entraîner une diminution des déchets. Ainsi, les durées
d'utilisation des pneus, ou des huiles de vidange ont été
multipliées respectivement par trois et par six en vingt ans. Ce qui
génère par conséquent autant de déchets en
moins.
2. Perspectives
Quelques
succès, réels ou anecdotiques, ne peuvent faire oublier que,
globalement, les évolutions sont décevantes. Autant des
transformations importantes peuvent être constatées dans
l'approche de la gestion des déchets, autant le dossier de la
prévention, pour majeur qu'il soit, ne paraît pas être
arrivé à maturité. Faut-il se résigner ?
Assurément pas. Trois pistes peuvent être évoquées.
Première piste. L'initiative privée
Tout d'abord, les professionnels doivent avoir une réflexion technique,
sur les conséquences de leurs choix en matière d'emballages et de
déchets. Cela joue dans plusieurs sens.
D'une part, toutes les conséquences de l'évolution technologique
n'ont pas été tirées en matière d'emballages. La
pratique des " sur-emballages ", des lots pour achats groupés,
ne paraît plus indispensable dès lors que les outils informatiques
en caisse permettent tout aussi bien de calculer les réductions. Dans le
même ordre d'idées, on ne peut que saluer l'initiative de quelques
grands distributeurs pour limiter la fourniture de sacs plastiques et tenter
d'infléchir les comportements des consommateurs. Il faut
également mentionner les initiatives du Cercle national du Recyclage et
du Conseil national de l'emballage qui ont travaillé, avec les
professionnels, sur la diminution, en volume et en poids, des emballages.
D'autre part, innovation technique -dans la composition des produits- et
recherche dans les filières de recyclage sont loin d'être
complémentaires, et peuvent même s'opposer. Comme on le verra, la
famille des plastiques s'agrandit chaque mois de plusieurs plastiques
différents. Chaque grande catégorie a ses
spécificités chimiques propres, et est donc aujourd'hui
traitée séparément. C'est ainsi que se sont mises en
places, souvent avec difficulté, quelques filières, notamment la
filière de recyclage des bouteilles en PET. Certains plastiques connus
(PVC, PET...), de nouveaux plastiques utilisés en emballage sont
introduits sur le marché, mais ne peuvent être recyclés, et
sont même incompatibles avec les précédents, et doivent
être triés. La surenchère technique, poussée par la
surenchère en termes de marketing, limite les chances de réussite
des procédés de recyclage antérieurs et les rend
même plus coûteux (tri supplémentaire).
Les choses se compliquent avec l'arrivée des nouveaux matériaux,
matériaux composites mélangeant plusieurs matières
(plastique, carton, aluminium en trois couches, comme dans les " tetra
pack "), ou matériaux innovants. Ces matériaux sont la
plupart du temps incompatibles avec les anciens, et doivent donc être
retirés du circuit du recyclage précédent. Ainsi, un
nouveau plastique peut être à la fois impossible à recycler
(parce que le volume est encore trop faible pour que la filière soit
économiquement rentable), et constituer un handicap pour les
filières existantes (parce qu'il impose un tri complémentaire qui
majore le coût du recyclage).
Cette description n'est nullement un cas d'école et correspond à
la mise sur le marché d'une nouvelle bouteille de la marque
Pampryl
, avec un nouveau plastique incompatible avec les plastiques
usuels. Quand, de surcroît, les professionnels et les consommateurs
délivrent à ce nouveau plastique " l'oscar de l'emballage
1997 ", il y a de quoi être désemparé par ces
contradictions et ces incohérences.
Un message double est un message trouble. On ne peut à la fois
encourager la filière qui ose le recyclage et encourager les produits
qui ne le sont pas (ou pas encore).
Deuxième piste. La réglementation. La réduction
des volumes par la contrainte fiscale.
Il existe un principe, adopté il y a plus de dix ans, souvent
délicat à mettre en oeuvre, mais toujours
d'actualité : le principe du " polluant payeur ".
Traité CE
Art. 130 R (§ 2) -. " L'acti
vité de la Commission en matière d'environnement est
fondée sur les principes de précaution et d'action
préventive, sur le principe de correction, par priorité à
la source, des atteintes à l'environnement, sur le principe du
« pollueur payeur ». " (
Acte unique européen
de 1986)
De plus en plus, les fabricants incorporent dans leurs prix de vente un prix
d'élimination. Les sommes ainsi récupérées sont
utilisées pour financer les circuits de collecte, les coûts de
valorisation. Cette taxation a également pour effet indirect de limiter
les volumes. S'il est un secteur pour lequel cette limitation se fait attendre,
c'est celui de la distribution de prospectus publicitaires dans les boites aux
lettres qui n'a encore reçu qu'une réponse partielle et non
satisfaisante
29(
*
)
.
Troisième piste : l'éducation et la formation
Cette piste n'est rappelée que pour mémoire, tant elle est
évidente. Une action du quotidien sans cesse renouvelée. En
Allemagne par exemple, les consommateurs vident leurs caddies de courses
aussitôt après l'achat et se débarrassent des emballages
dans le magasin. Les distributeurs ont tôt fait de comprendre et de
s'adapter à cette évolution et limitent à leur tour les
emballages.
Autre exemple, à la fois modeste et courageux, ce simple affichage dans
le parc naturel du Mercantour, sur la durée de vie des
déchets
30(
*
)
. Une simple invitation/
incitation à prendre conscience de ses propres gestes. Une initiative
utile qui pourrait très facilement être suivie non seulement dans
tous les autres parcs naturels mais aussi dans toutes les communes et les
écoles de France.
La longue vie des déchets
B. LA COLLECTE
1. Situation
a) Présentation générale
Il n'y a
pas de recyclage sans une bonne récupération des produits
à recycler, c'est-à-dire sans une collecte adaptée. Au
départ, les intérêts de chacun sont opposés.
L'intérêt du collecteur est d'aller au plus simple et au moins
coûteux. Les déchets sont collectés en vrac -" en
mélange "-, dans des sacs poubelles, par les services de ramassage
des ordures. L'intérêt des professionnels du recyclage est, dans
la plupart des cas, d'avoir des produits les plus " propres "
possible, et en tout cas, des produits mono-matériaux -le verre, le
papier, le métal...- si possible séparés. Naturellement,
la collecte de produits " purs " ou "
quasi
purs "
est impossible. Il n'y a pas de collecte séparative sans tri. Les
bouteilles en verre comprennent toujours du papier, de la colle, des
bouchons... Le papier contient de l'encre, des agrafes... Mais, plus le produit
est livré homogène, et plus la valorisation sera facile pour la
société. Il y a donc un équilibre à trouver, voire
un arbitrage à opérer entre le possible et le souhaitable
L'équilibre a été trouvé par la " collecte
sélective ". Ainsi, à côté de la collecte
traditionnelle des ordures en mélange, du porte à porte, il
existe plusieurs formes de collecte séparative :
la collecte séparative en
porte à porte
qui
récupère une sélection de produits recyclables, au premier
rang desquels les emballages ;
la collecte par "
apport volontaire
" dans des colonnes,
dans des conteneurs spécifiques, en ville, qui récupèrent
les produits recyclables directement liés aux ordures
ménagères ;
les
déchetteries
, éloignées des villes. Les
déchetteries reçoivent des déchets qui, pour la plupart,
ne seraient pas traités par les services de ramassage
traditionnels.
Les formes de collecte |
||||
|
|
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|
|
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|
Collecte en mélange " porte à porte " |
|
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Bacs individuels(un ou plusieurs bacs) |
Déchets ménagers |
|
Collecte séparative " porte à porte " |
|
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Collecte séparative par apport volontaire (Colonnes) |
|
|
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|
|
|
Apport volontaire |
|
|
Déchetteries |
|
|
Dans tous les cas, les produits collectés doivent être regroupés (centres de transfert), puis triés (centres de tri), puis une nouvelle sélection des matériaux est opérée respectant une qualité minimum satisfaisant aux " prescriptions techniques minimales " (PTM), afin de pouvoir être utilisés par la suite dans des filières de recyclage.
b) La collecte séparative
Les
collectes séparatives consistent à collecter, dans un ou
plusieurs bacs ou conteneurs, les produits valorisables, en particulier les
emballages. Les collectes séparatives peuvent être en " porte
à porte " avec un ou plusieurs conteneurs individuels, ou en apport
volontaire, dans des " bennes " ou " colonnes "
situés à des emplacements étudiés en centre ville
ou en périphérie, de façon à permettre une desserte
satisfaisante de la population, sans avoir trop d'inconvénients. Les
collectes séparatives peuvent être à un, deux, trois,
quatre voire cinq flux. Un flux correspond en général à un
bac ou à un conteneur, mais deux opérations test ont
été lancées avec succès pour une collecte avec un
conteneur divisé en deux bacs, donc deux flux.
Dans la plupart des programmes de collecte sélective, la collecte peut
être en porte à porte (PAP), en apport volontaire (AV), ou en
mixte (avec un partage entre collecte PAP/AV, selon les zones desservies).
Encadré n° 6
Les
conteneurs
___
60 % de la population française est équipée de
conteneurs, soit 9 à 10 millions de conteneurs. En 1999, la France
comptera 27 millions de trieurs en collecte séparative, ce qui
représente 3,5 millions de conteneurs individuels et
70.000 conteneurs en " colonnes " d'apport volontaire.
Pour donner un ordre de grandeur, le prix des conteneurs est de 250 F pour un
bac de 120 litres, 280 F pour un bac de 280 litres, 1.300 F pour un bac de 660
litres.
Le marché des bacs, qui représente de l'ordre de 2,5 milliards
de francs, est partagé entre une douzaine d'industriels, dont les trois
principaux réalisent près de 90 % de l'ensemble (Plastic
Omnium 47 %, CITEC (filiale d'un groupe allemand) 25 %, Temaco
(filiale de SITA) 15 %).
Dans 70 % des cas, la collecte sélective en porte à porte a
lieu avec un bac unique, mais il existe aussi d'autres formules, soit sous
forme de petits bacs ou de caissettes individuelles (Cette formule, bien que
relativement dépassée, et ne facilitant pas la
mécanisation, existe dans le Sud de la France), soit sous forme de
conteneurs à deux compartiments (avec cloison séparative) :
un compartiment pour le verre, un compartiment pour les autres
" " propres et secs ". (Cette formule est testée avec
succès dans la communauté urbaine de Lille et dans le
périmètre du SITCOM de Rambouillet).
Sans nier l'intérêt de cette dernière formule qui donne
des résultats très encourageants, la collecte des recyclables
avec un bac unique donne également satisfaction. On peut même
considérer que la séparation interne a des coûts induits
qu'il ne faut pas négliger (camions spécifiques, entretien plus
complexe), sans éviter pour autant le tri ultérieur en centre de
tri.
Nous aurons par conséquent tendance à privilégier la
solution de facilité, avec collecte des produits recyclables hors verre
(collectés en apport volontaire), en bac unique, qui permet un geste
simple et, par conséquent, un message simple. Mais le dossier reste
ouvert, car l'important n'est évidemment pas le nombre de bacs, mais la
volonté de tous de s'en servir...
Les résultats en matière de collecte sont très directement
liés aux initiatives, aux efforts et aux soutiens financiers
apportés par les organismes agréés. Il faut saluer
particulièrement Éco-Emballages, qui a superbement fait
décoller la collecte sélective. Partant de rien en 1993, plus des
deux tiers de la population devrait être desservie dix ans plus tard en
2002. (voir aussi troisième partie)
Évolution de la population impliquée dans la collecte sélective (millions d'habitants) |
||||||||
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2002 |
Population sous contrat* |
0,3 |
14 |
17,3 |
22,3 |
25 |
32 |
38 |
52 |
Population desservie* |
-- |
2,8 |
4,9 |
9 |
12 |
19 |
27 |
40 |
Nota : La différence entre les deux notions s'explique par l'étalement de l'application des contrats dans le temps. |
||||||||
Source : Éco-Emballages |
Les produits ainsi collectés ne sont pas suffisamment homogènes et doivent faire l'objet d'un tri pour satisfaire aux " prescriptions techniques minimum " (PTM) imposées par les organismes agréés pour que les produits puissent être récupérés et valorisés par les filières correspondantes. On observera que cette étape est indispensable, même en cas de collecte séparative très fine (type 4 ou 5 flux). Cette opération s'opère en centres de tri. Le tri peut être " positif " ou " négatif ". L'opération de " tri négatif " consiste à extraire d'un flux les déchets indésirables pour ne conserver en fin de tri qu'une fraction résiduelle valorisable.
c) Les déchetteries
Présentation
Une déchetterie est un lieu d'apport de déchets, gardé,
ouvert aux particuliers et, éventuellement, aux artisans et
commerçants. Leur vocation est de recevoir des matériaux qui ne
peuvent être collectés par les services de ramassage courants,
à cause de leur nature (huiles), de leur taille (équipements
ménagers, coupes de bois...) et de leur quantité (gravats...). Le
nombre de déchets sélectionnés varie selon l'implantation
et l'importance de la déchetterie, mais la majorité comporte cinq
à sept bennes ou modules (avec, par ordre de priorité des
déchets sélectionnés triés, les métaux, le
papier carton, le verre, les déchets verts, les gravats, puis, loin
derrière, le bois, les pneus, les huiles...).
En 1996, la France comptait 1.438 déchetteries desservant
31,5 millions d'habitants. Depuis 1992, il s'ouvre plus de 200 nouvelles
déchetteries par an. Le parc a donc " explosé " en
quelques années, comme il est indiqué dans le tableau
ci-après :
Évolution du parc de déchetteries |
||
|
Nombre de déchetteries |
Population desservie (en millions d'habitants) |
1988 |
123 |
5,5 |
1989 |
171 |
6,8 |
1990 |
241 |
8,6 |
1991 |
360 |
11,4 |
1992 |
558 |
16,7 |
1993 |
752 |
20,6 |
1994 |
996 |
25,4 |
1995 |
1.234 |
28,6 |
1996 |
1.438 |
31,5 |
Source : ADEME, Les déchetteries en France , septembre 1998 |
En 1996,
les déchetteries ont collecté 3,8 millions de tonnes de
déchets. Le succès des déchetteries est lié :
à la
diversité de la formule
. La déchetterie
est un concept modulable en fonction de la localisation, des
caractéristiques et de l'importance de la population et des
déchets. Il faut bien connaître le flux des déchets avant
de s'engager dans un investissement, mais une fois le flux connu, il existe une
solution adaptée à chaque situation. Le coût d'une
déchetterie (investissement hors aide) est compris entre 240.000 F et
1,9 million de francs.
Coût d'investissement d'une déchetterie |
||
Mode |
Population desservie |
Coût |
Sans quai |
5.000 |
240.000 F |
Quai 4 modules |
5 - 10.000 |
600.000 F |
Quai 8 modules |
20 - 25.000 |
1.200.000 F |
Quai 12 modules |
30 - 40.000 |
1.900.000 F |
Source : ADEME |
à l'
adaptation à la demande
. Les
déchetteries répondent à un besoin latent de la part de la
population, totalement inassouvi jusque là. Que faire notamment des
gravats et des " monstres " (équipements
électroménagers hors d'usage) ? La déchetterie permet
un tri, et évite surtout, -hélas en partie seulement- les
décharges sauvages aussi nocives qu'affligeantes. A la condition qu'elle
soit accessible. Mais les règles de comportement sont aujourd'hui
parfaitement connues. (La notion de " population à 10 mn "
définit le rayon d'action de la déchetterie. On estime qu'au
delà, le particulier est peu incité à se déplacer.)
L'incidence sur l'emploi ne peut être oubliée. Le personnel est
indispensable à la bonne marche d'une déchetterie pour assurer la
surveillance, le nettoyage, le contrôle des déchets et
l'assistance aux particuliers, car la qualité du tri est très
importante. En 1996, les déchetteries employaient 2.176 personnes, soit
1.100 équivalents temps plein.
Les limites
Première limite.
En dépit d'une progression
constante, les
volumes
collectés restent
faibles
(3,8 millions de tonnes) et les fréquentations restent
occasionnelles : 0,8 visite par habitant et par an. Encore ne s'agit-il
que d'une moyenne, puisqu'on observe, une fois encore, un décalage
important entre les zones urbaines et les zones rurales. Les habitants des
zones rurales ont cinq fois plus de déchetteries que les habitants des
zones urbaines (0,5 visite par an et par habitant).
Le succès d'une déchetterie est également très
dépendant de sa situation et de son organisation. Encore plus que la
qualité, le gardiennage, la disponibilité du site est capitale au
succès d'une déchetterie qui peut tout simplement dépendre
des jours et heures d'ouverture, notamment en fin de semaine !...
Deuxième limite
. La déchetterie n'est pas
l'antichambre de la valorisation. Elle répond parfaitement à son
objectif prioritaire qui est de recevoir les matériaux non
collectés par ailleurs, mais près de la moitié des
déchets collectés vont en décharge. La fraction
valorisée n'est que de 40 %... Ces proportions sont logiques
puisque les gravats et inertes représentent à eux seuls
près du tiers des déchets collectés.
Composition et destination des déchets des déchetteries |
|||||
Composition |
Destination |
||||
|
Milliers de tonnes |
% |
|
Milliers de tonnes |
% |
Gravats et inertes |
1.221 |
32,2 |
Décharge |
1.783 |
47 |
Vrac |
844 |
22,2 |
Incinération ou valorisation énergétique |
114 |
3 |
Déchets verts |
726 |
19,1 |
Valorisation matière |
1.517 |
40 |
Autres |
1.002 |
26,5 |
Autres |
379 |
10 |
Total |
3.793 |
100 |
|
3.793 |
100 |
Source : ADEME - Traitement OPECST |
d) Indications de coûts
Les coûts de collecte proprement dits
Les coûts majeurs de collecte varient dans une fourchette large, comprise
entre 350 et 1.350 francs par tonne, selon le type d'habitat et les modes
de collecte.
Prix moyen de collecte (en francs par tonne) |
||
|
Habitat collectif |
Habitat individuel |
Collecte sélective propre et sec en porte à porte |
500 |
1.350 |
Collecte d'ordures ménagères résiduelles |
350 |
450 |
Encore, ne s'agit-il que de moyennes, les prix, là encore donnés à titre indicatif, dépendent surtout des modes de collecte sélective choisis (entre un flux, c'est-à-dire tous matériaux confondus, et quatre flux, chaque correspondant à un matériau déterminé).
Estimation des coûts de collecte selon les modes de collecte (en francs par tonne) |
|||
|
|
|
|
|
Apport volontaire verre |
|
195 - 230 |
|
|
|
|
|
Collecte sélective 1 flux |
Habitat individuel |
855 - 1.015 |
|
|
|
|
|
Collecte sélective 1 flux hors verre |
Habitat individuel |
1.250 - 1.485 |
|
|
|
|
|
Collecte sélective 2 flux verre / autres |
Habitat individuel |
1.100 - 1.290 |
|
|
|
|
|
Collecte sélective 2 flux hors verre / PCJM 1 / autres |
Habitat individuel |
1.505 - 1.770 |
|
|
|
|
|
Collecte sélective 3 flux |
Habitat individuel |
1.920 - 2.260 |
|
|
|
|
|
Ordures ménagères résiduelles |
Habitat individuel |
410 - 490 |
|
|
|
|
|
Collecte sélective 1 flux hors verre |
Habitat collectif |
850 - 1.015 |
|
|
|
|
|
Ordures ménagères résiduelles |
Habitat collectif |
290 - 425 |
|
|
|
|
1 PCJM : papiers, cartons, journaux, magazines |
|
|
|
Source : Étude SOFRES/AMF/ADEME |
Les coûts de tri
Les produits collectés par collecte séparative doivent ensuite
être triés pour satisfaire une prescription technique minimum
(PTM) qui leur permette d'être ensuite repris et valorisés par les
différentes filières.
Les coûts de tri s'échelonnent entre 750 et 1.100 francs par
tonne. Ce coût est imputable pour 50 à 60 % aux
dépenses en personnel, 20 % aux investissements, 10 % à
la gestion des refus de tri, qui sont généralement
incinérés (coût moyen d'incinération :
560 F/tonne). Avant incinération, les déchets sont
également dirigés vers des centres ou plates-formes de
transferts, qui permettent de regrouper les déchets. Chaque étape
entre la collecte et le traitement final impose évidemment un coût
supplémentaire.
e) Comparaisons internationales
La
France a choisi une formule de collectes qui se caractérise par une
certaine diversité, une bonne intégration des équipements
dans le paysage urbain, l'absence de contraintes. D'autres systèmes sont
naturellement concevables. Chaque pays, chaque région doit s'adapter au
contexte local. La disponibilité des équipements est une
étape, mais ce sont les habitudes individuelles et les mentalités
des collectivités qui font le succès ou non des opérations.
Autres pays, autres moeurs, autres systèmes, comme en témoignent
les deux exemples qui suivent.
Le système américain
Au début des années 1990, les États-Unis se sont
engagés dans une politique volontariste de valorisation et de
réduction des déchets mis en décharge, conditionnée
par une collecte adaptée. En Californie, qui se veut un modèle
dans le domaine du recyclage, la collecte est semi-automatique. Selon les
villes, il existe deux, trois ou quatre poubelles séparées par
matériaux (avec une poubelle spécifique pour les journaux et
revues, compte tenu de l'importance et de la valeur du gisement). Elles sont
disposées sur le trottoir, à même la chaussée. Le
chargement est latéral et automatique (prise du bac par une griffe,
montée du bac par crémaillère ou système
hydraulique, déversement dans la benne de ramassage et repose). Les
opérations sont pilotées par les conducteurs de camions. Mais,
dans certaines villes, comme à San José, les déchets verts
sont déposés à même le sol, en vrac, sur la
chaussée. Ces méthodes ne sont possibles que grâce à
la largeur des voies, et ne sont guère transposables en France. Autre
différence, dès lors que la collecte est automatisée, les
bacs doivent être disposés d'une certaine façon pour
permettre le versement. Cela impose une discipline stricte et un système
de surveillance et de pénalités très strict. En cas
d'inobservation des règles par l'habitant, plusieurs procédures
peuvent être enclenchées : notice, lettre de rappel, rappel
téléphonique, voire amende, et même prison...
Quelle est l'incidence du passage d'une collecte manuelle à une collecte
automatique ?
Bien que cette transformation radicale ne soit guère possible en France,
ne serait-ce que pour des raisons de largeur de voies, il peut être
intéressant de tirer les conclusions des rares expériences dans
ce domaine. L'exemple choisi est la ville américaine de San Diego
(100.000 conteneurs en ramassage automatique).
Les avantages constatés par le passage à la collecte automatique
sont les suivants :
une forte augmentation de la productivité (+ 18 % en
tonnages collectés, + 32 % de maisons collectées par
rapport à un ramassage manuel) ;
une forte augmentation de la sécurité (moins de fatigue, de
problèmes musculaires,
quasi
disparition des blessures) ;
une diminution du nombre de camions ;
une diminution importante du nombre des personnels ;
un très haut degré de satisfaction des usagers ;
une économie substantielle en fonctionnement (de l'ordre de
20 % sur l'ensemble de la période). Ainsi, l'investissement de
départ est amorti à 90 % par l'économie
réalisée en dix ans sur le fonctionnement.
Économies de fonctionnement réalisées par l'automatisation de la collecte à San Diego (États-Unis) |
|||
|
1994 |
1999 |
2004 |
|
|
|
|
Parc de camions |
|
|
|
Hypothèse collecte manuelle |
121 |
126 |
131 |
Hypothèse collecte automatique |
120 |
102 |
105 |
|
|
|
|
Personnel |
|
|
|
Hypothèse collecte manuelle |
214 |
223 |
231 |
Hypothèse collecte automatique |
214 |
145 |
140 |
|
|
|
|
Coût de fonctionnement (millions de $) |
|
|
|
Hypothèse collecte manuelle |
14,6 |
17,3 |
20,4 |
Hypothèse collecte automatique |
14,7 |
12,8 |
14,3 |
|
|
|
|
Le système allemand
L'Allemagne est certainement l'un des pays à avoir le plus
développé des systèmes de collecte séparative.
Une grande partie de la politique environnementale de l'Allemagne est
axée sur le recyclage des déchets. La logistique mise en place a
redéfini l'usager, désormais " producteur-trieur " de
ses ordures ménagères. Le décret du 12 juin 1991 impose au
citoyen allemand de faire lui-même le tri de ses ordures
ménagères. Équipé de plusieurs poubelles
sélectives, il s'est facilement plié à cette nouvelle
contrainte, avec le civisme et la discipline qui caractérisent la
mentalité allemande. Les collectes selon le type de déchets
ménagers sont nombreuses.
Les modes de collecte en Allemagne |
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Matériau |
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Contenu |
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Collecte porte à porte |
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Collecte par conteneur apport volontaire |
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Papier carton |
|
Papier carton journaux emballages |
|
Poubelle bleue Sac bleu une fois/mois |
|
Conteneur bleu une fois/mois |
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Verre |
|
Verres tous types (sauf ampoules) hors bouchons |
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|
Trois conteneurs par couleur verre blanc, verre vert, verre brun une fois/mois |
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|
Emballages |
|
Emballages légers, boites, capsules, sacs plastiques |
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Poubelle jaune sac jaune une fois/mois |
|
Conteneur jaune deux fois/mois |
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|
|
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|
|
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|
Déchets biodégradables |
|
Épluchures, déchets de jardin, coquilles... |
|
Poubelle verte toutes les deux semaines |
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|
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|
Déchets résiduels |
|
Restes de repas, cendres, autres... |
|
Poubelle toutes les deux semaines |
|
Conteneur une fois/semaine |
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|
|
|
|
|
|
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|
|
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|
Déchets encombrants |
|
Déchets encombrants (" monstres ") |
|
Poubelle petits encombrants toutes les deux semaines |
|
Conteneur gros encombrants une fois/semaine |
|
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|
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|
|
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|
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|
Substances dangereuses |
|
Peintures, piles, batteries... |
|
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|
Conteneurs spécifiques une fois par mois |
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Source : Ambassade de France en Allemagne |
La collecte est la clé du recyclage et de la valorisation. Ces deux exemples ne sont pas choisis au hasard. C'est parce que la collecte était importante dans ces deux pays -États-Unis, Allemagne- que les entreprises de recyclage y sont souvent aussi les plus performantes et les plus novatrices.
2. Perspectives
a) Une poursuite de l'effort d'équipement
La poursuite de l'équipement des
collectivités locales en collecte séparative
Sans atteindre le taux de croissance record de ces dernières
années, la collecte séparative et l'équipement des
collectivités locales devraient croître jusqu'en 2002. De grandes
villes du sud-ouest ou de la région parisienne ne disposent pas de
conteneurs (ni en collecte mélangée, ni en collecte
sélective). Dans trois ans, le marché changera de nature, et
deviendra plus un marché de renouvellement que d'équipements.
Mais le marché restera tiré par la pratique individuelle :
3,5 millions de poubelles de collecte séparative pour
60 millions d'habitants. La marge de croissance reste large.
Selon une enquête de l'Association des Maires de France, les trois quarts
des maires ont répondu qu'ils augmenteraient leurs dépenses
d'investissements dans la gestion des déchets dans les cinq prochaines
années. Plus de 60 % d'entre eux se sont décidés en
faveur des collectes sélectives et des déchetteries,
préalables à la valorisation. La hiérarchie de choix est
donnée dans le tableau ci-après.
Les
investissements prioritaires
|
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|
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|
Collecte sélective |
62 % |
|
|
|
|
Déchetterie |
60 % |
|
|
|
|
Résorption de décharges sauvages |
50 % |
|
|
|
|
Traitement de déchets toxiques |
42 % |
|
|
|
|
Compostage |
33 % |
|
|
|
|
Gestion des déchets non ménagers |
28 % |
|
|
|
|
Centre d'enfouissement technique |
24 % |
|
|
|
|
Traitement des sols pollués |
23 % |
|
|
|
|
Incinération avec récupération d'énergie |
19 % |
|
|
|
|
Collecte indifférenciée |
6 % |
|
|
|
|
Incinération sans récupération d'énergie |
6 % |
|
|
|
1 Il s'agit de communes ayant un potentiel fiscal supérieur à 2.000 F par habitant. Les réponses des communes ayant un potentiel fiscal inférieur à 1.000 F par habitant sont en général inférieures, sauf pour le compostage, et l'incinération qui ont les faveurs des petites communes. La préférence des petites communes pour le compostage traduit un enracinement rural plus propice à ce genre d'action ; la préférence pour l'incinération, qui peut paraître curieuse (40 % des réponses, contre 25 % seulement pour les communes à potentiel fiscal plus élevé), s'explique surtout par le retard des petites communes dans ce domaine, les grandes communes étant pour la plupart déjà équipées. |
||
Source : BIPE, Ecoloc , 1998 |
Encadré n° 7
Question :
" Avez-vous l'intention de mettre
déjà en place une collecte sélective ? "
___
% de
réponses
Population
favorables
représentée
Le verre 96 %
98 %
Les journaux et magazines 74 %
89 %
Le carton 65 %
83 %
Le plastique 62 %
79 %
Les déchets ménagers toxiques 54 %
75 %
Les déchets ménagers fermentescibles 50 %
71 %
L'acier/l'aluminium 48 %
68 %
Nota
: Le pourcentage indiqué correspond au pourcentage des
collectivités locales qui, ayant préalablement indiqué
qu'elles augmenteraient leurs dépenses concernant les déchets, se
sont prononcées en faveur de l'équipement considéré.
Source : Enquête PANEL AMF sur les déchets, 1997. (Panel de 1188 communes)
La poursuite du maillage du territoire en
déchetteries
Même ralentie, l'augmentation du parc de déchetteries devrait se
poursuivre. Les inégalités entre régions, et plus encore
entre départements, sont excessives, et une amélioration est
indispensable. En 1996, ni la Corse, ni les DOM, à l'exception de la
Réunion, n'avaient de déchetterie. Pour un nombre d'habitants
comparable, la Seine-Saint-Denis compte dix-sept fois moins de
déchetteries que la Loire-Atlantique. Il y a autant de
déchetteries dans le Lot que dans les Hauts-de-Seine qui comptent dix
fois plus d'habitants. Les retards doivent être comblés.
C'est une situation de fait que les collectivités ont aujourd'hui
à gérer. Certaines ont engagé des réflexions afin
de valoriser ces " nouveaux " gisements (bois
déchiqueté, utilisé comme support pour amendement
organique, plâtre utilisé en substitution de gypse en
cimenteries...).
La déchetterie est en quelque sorte un outil de dialogue en direct entre
la collectivité et le citoyen qui permet de suivre et d'anticiper la
demande sociale.
b) Le (faux) débat " collecte porte à porte " ou " apport volontaire "
Les
collecteurs en apport volontaire, dit improprement " bornes " ou
" colonnes " ou " igloos " (au Canada) exigent une
démarche personnelle et un acte fort de volontariat (puisqu'il faut se
déplacer avec ses bouteilles vides...). Cette formule donne une collecte
faible, mais soignée (les matériaux sont bien triés). Le
coût est aujourd'hui accessible, mais les problèmes
d'environnement sont importants (inconvénient d'ordre esthétique,
odeurs, bruit, guêpes en été...). L'emplacement et la
propreté sont capitaux à la réussite de l'apport
volontaire.
L'avantage en termes de coûts,
a priori
plus limité que
l'apport volontaire (puisqu'il y a moins de bornes, donc moins d'arrêts),
doit cependant être nuancé par le fait que les nouvelles
propositions de bornes en apport volontaire sont beaucoup plus coûteuses
que les précédentes (une borne enterrée revient à
60.000 F, soit dix fois plus qu'une borne normale) et que, de plus en plus, le
coût d'investissement sera complété par des coûts
d'entretien.
La collecte séparative en porte à porte donne une collecte
importante, mais moins soignée (mélange des produits dans des
bacs prévus pour une autre affectation). Le geste est plus facile. Elle
est un complément simple à la poubelle classique et n'impose pas
d'effort particulier, sauf celui de mettre les bons matériaux dans les
bons bacs. Plusieurs questions se posent alors.
Première difficulté. Le nombre de conteneurs
différents
Faut-il un, deux, trois bacs différents (en sus de la poubelle
principale) ? Même si certains pays ont choisi d'avoir des collectes
sélectives très fines, il convient d'être prudent dans ces
choix. Il y a tout d'abord des problèmes de place. Dans les quartiers
anciens, les maisons et immeubles n'étaient pas conçus pour avoir
deux, trois ou quatre poubelles, et il n'est guère possible de
multiplier les bacs
31(
*
)
. Par ailleurs, la
diversité entraîne aussi la complexité et les risques de se
tromper. On estime qu'il est imprudent de dépasser trois poubelles ou
trois bacs différents.
Comme se le demande l'un de nos interlocuteurs,
" Combien
d'informations peuvent «digérer
»
les
gens ? "
.
A trois poubelles, on constate que beaucoup de
personnes s'interrogent encore pour savoir ce qu'il faut mettre dedans. Au
delà, on va au devant du risque de se tromper, le message est confus.
C'est pire encore lorsque les gens sont rappelés à l'ordre car,
alors, tout s'arrête. Le problème se pose notamment pour les
plastiques qui gênent le message sur la collecte. Les habitants ne
comprennent pas pourquoi ils doivent mettre une bouteille et pas un pot de
yaourt. Or, dès que le message est confus, cela bloque la participation
des gens. Ils sont souvent de bonne volonté, mais quand on leur dit
" Non, il ne faut pas mettre ça ! "
, alors, ils
arrêtent tout. "
Deuxième difficulté. L'arbitrage volume/tri
La collecte en porte à porte donne des volumes beaucoup plus importants
que la collecte en apport volontaire, mais les produits collectés
doivent impérativement être triés pour parvenir aux
prescriptions techniques minimum.
On peut aussi noter que des bornes d'apport volontaire bien placées
peuvent avoir des résultats très satisfaisants pour un moindre
coût. Les performances de collecte par mode de collecte qui sont
données dans le tableau ci-dessous, montrent que si, en moyenne, les
performances des bornes d'apport volontaire sont très inférieures
au porte à porte, les résultats obtenus par les 10 %
meilleurs de chaque catégorie ne sont plus très
éloignés.
Performances de collecte par mode de collecte (kg/habitant/an) |
||||
|
Moyenne |
10 % meilleurs |
||
|
Porte à porte |
Apport volontaire |
Porte à porte |
Apport volontaire |
Acier |
2,08 |
0,30 |
4,54 |
1,35 |
Aluminium |
0,09 |
0,018 |
0,62 |
0,10 |
Journaux magazines |
17,26 |
9,04 |
33,95 |
22,11 |
Emballages ménagers, papiers carton |
10,14 |
4,02 |
16,76 |
10,96 |
Flacons plastique |
3,47 |
1,41 |
5,59 |
3,30 |
Verre |
31,35 |
17,12 |
47,03 |
42,22 |
Source : Éco-Emballages, mars 1999 |
La
diversité des techniques permet de trouver une solution adaptée
à chaque situation. Car, en réalité, les choix ne sont pas
cloisonnés. En zone rurale, l'expérience montre que l'une des
meilleures formules consiste en bacs de regroupements avec apport volontaire
pour cinq ou six maisons : les produits collectés sont
équivalents à ceux qui résulteraient du vrai porte
à porte, mais le nombre d'arrêts est considérablement
réduit et les coûts sont allégés.
Dans tous les cas, le choix des collectivités doit s'appuyer sur une
étude fine de la composition et des volumes des déchets
collectés. Sur dix-neuf millions d'habitants desservis par des
systèmes de collecte sélective, 60 % sont en apport
volontaire, 40 % sont en collecte porte à porte. On
considère que les proportions devraient s'inverser dans les cinq
prochaines années.
Il ne faut pas oublier que les aides d'Éco-Emballages sont liées
à la performance de collecte (il n'y a pas de distinction entre les deux
systèmes), et, par conséquent, il existe des réserves
importantes de montée en puissance des collectes porte à porte,
qui permettent de collecter des tonnages supérieurs.
c) L'évolution des équipements
En
matière d'équipements des collectivités locales en
conteneurs, quatre évolutions sont attendues :
l'amélioration des services liés à la collecte en
apport volontaire,
l'amélioration des services liés à la collecte en
porte à porte,
le retour de la collecte en sacs,
la recherche d'une meilleure cohérence de la part des
collectivités locales.
L'amélioration des services liés à la collecte en
apport volontaire
Cette amélioration passe par la recherche d'une meilleur
intégration des bornes d'apport volontaire dans les sites.
Cette intégration peut passer tout d'abord par une
amélioration des colonnes
elles-mêmes : telles
l'inflammabilité, la solidité, la présentation. Les
projets les plus avancés concernent les conteneurs enterrés qui
éviteront les pollutions visuelles et sonores. Le coût est
cependant encore élevé : de l'ordre de 60.000 F par
implantation (travaux de génie civil compris), soit dix fois le prix
d'un conteneur normal.
L'amélioration peut également concerner des services
liés à l'entretien
. Il y a un lien direct entre les
performances de collecte et la propreté des sites d'apport volontaire.
Ceux-ci n'ont pas toujours bonne presse : on se plaint de nuisances
diverses (guêpes, notamment, en été). " Le sale attire
le sale ", et très vite le site devient un repoussoir. Chacun
connaît ces exemples de bennes ou de colonnes dégorgeantes de
déchets et de verres brisés. Le mauvais entretien, comme la
mauvaise implantation, sont des moyens radicaux de tuer les meilleures
initiatives et de dire, avant même de lui donner une chance, " La
collecte sélective ne marche pas ".
Le parc doit être régulièrement entretenu. De plus en plus
souvent les sociétés proposent à cet effet des contrats
d'entretien et de lavage. Nul doute que la propreté améliorerait
la productivité des collectes, et éviterait de basculer trop
rapidement d'un système de collecte partagée entre apport
volontaire et porte à porte, à un système tourné
quasi
exclusivement vers la collecte en porte à porte.
L'amélioration des techniques du porte à porte
" l'informatique embarquée "
Le dispositif consiste à doter les conteneurs individuels de
" puces " d'identification électroniques permettant, dans un
premier temps, une meilleure gestion du parc (comptage, étude de poids,
fréquence, entretien...). Le contrôle de la qualité de tri
par le " ripeur " est facilité, et peut entraîner des
réactions immédiates (sensibilisation par les " ambassadeurs
de tri "...).
Un tel système est aujourd'hui en vigueur dans plusieurs pays d'Europe,
aux Pays-Bas en totalité, dans quelques collectivités en
Allemagne, en Belgique, et prochainement, en Suède et en Italie.
Dans un second temps, l'identification électronique pourrait
également permettre une facturation individuelle, en fonction du poids
collecté. Bien qu'elle soit au fondement même du choix des
collectivités belge et allemande, cette idée ne paraît pas
" mûre " en France. Un certain nombre de risques ont
été évoqués. Tout d'abord, le système
paraît plus adapté en milieu rural qu'en milieu dense, où
il est difficile d'individualiser les conteneurs. Ensuite, les craintes sont
liées au risque de voir les habitants charger la poubelle de leur
voisin, afin d'éviter de payer le ramassage... Un tel risque
paraît largement surestimé, en revanche, il ne peut être
exclu que le système de facturation à la pesée ne bloque
le développement de la collecte sélective et n'ait pour
conséquence de " déplacer " les déchets dans les
fossés ou dans les squares...
Ces menaces, réelles ou virtuelles, illustrent surtout une
réserve d'ordre culturel à l'encontre d'un mouvement vers
l'individualisation des coûts, alors que la culture collective milite au
contraire en faveur d'un partage et d'une communautarisation des
dépenses. Nul doute que s'il entre un jour en vigueur, ce système
suscitera alors un débat intense dans le pays... La pesée
individuelle et la facturation personnalisée sont cependant en cours de
test en Alsace, dans une communauté de communes regroupant environ
10.000 habitants, et en Loire Atlantique dans une commune de
6.000 habitants.
Le retour de la collecte en sacs
Les collectivités locales ont longtemps préféré la
collecte sélective en bacs. Mais, face aux performances nettement
supérieures de la collecte en sacs (les taux de refus seraient
inférieurs de moitié avec un sac transparent par rapport à
la collecte en bacs), la collecte en sacs transparents , réservée
jusque là aux petites collectivités tend à se mettre en
place y compris dans les zones urbanisées. Le gain en termes de
coût d'investissement (en bacs) en entretien, et en qualité est
cependant compensé en partie par une opération
supplémentaire à l'arrivée en centre de tri puisqu'il faut
alors recourir à des "ouvre-sacs" en tête de chaîne de tri.
Deux opérations sont en cours de test : l'ouvreur laser, et le
crible à étoiles en test à Fouesnant. Le coût de la
machine est de 350 à 400.000 francs (53.000 à 61.000 euros).
La recherche d'une plus grande cohérence des comportements de
la part des collectivités locales
La société Plastic Omnium est le principal industriel
opérant dans le secteur des bacs de collecte. Quelques-unes de ses
déconvenues récentes méritent d'être
rappelées.
Le recyclage des matières plastiques.
Bien que
l'incorporation de matières plastiques recyclées ne soit ni
obligatoire, ni même avantageuse en termes de prix (au contraire, un bac
100 % recyclé coûte plus cher qu'un bac en matière
vierge), la société a choisi d'utiliser, pour des raisons
stratégiques, des matières plastiques recyclées pour la
fabrication de ses bacs.
Le plastique recyclé entre dans la composition des nouveaux bacs
à hauteur de 25/30 % en moyenne (c'est une moyenne, certains bacs
peuvent être fabriqués à 100 % en matière
recyclée, d'autres à 10/15 %). Ce recyclage est
réalisé par l'usine de Creuset qui représente un
investissement de 30 millions de francs : 6 à 7.000 tonnes de
PE et de PP sont ainsi utilisées chaque année. Le plastique
utilisé provient, pour l'essentiel, des fûts de l'industrie
chimique et des anciens bacs.
Pendant un moment, il y avait une communication spécifique sur ce sujet,
du type " bac contenant 25 % (voire 100 %) de produits
recyclés ". Les réactions des collectivités et des
particuliers étaient, dans l'ensemble, négatives. La pratique
s'est poursuivie, mais cette communication a été
abandonnée.
Les concurrences déloyales.
La société
est en concurrence avec d'autres sociétés françaises et
européennes pour fournir les bacs de collecte. Or, toutes les
sociétés ne respectent pas les mêmes règles. C'est
notamment le cas de l'utilisation du cadmium, qui est normalement interdite.
Hélas, les collectivités locales, bien que rien ne les y oblige,
choisissent de plus en plus en fonction du prix, et prennent parfois ces bacs
" illégaux ". La société Plastic Omnium est
alors en porte à faux, car ou bien elle perd des marchés contre
des sociétés qui ne respectent pas les normes IFNOR, ou bien elle
engage des procédures contre la collectivité qui n'a pas
respecté les normes. Mais, quand elle gagne, elle perd quand même
le client, et peut-être même d'autres clients potentiels voisins.
Le cas s'est produit à Pontoise. La société a
attaqué le syndicat. Celui-ci a perdu, et a réattribué le
marché ... à une autre société.
Il serait bon que les règles soient rappelées, et que les
mêmes règles soient appliquées par tous, du moins en France
(ce pourrait être le rôle de l'AMF de communiquer sur ce
point).
d) La multiplication des lieux de collecte
Quelques
collectivités locales ont depuis longtemps " donné
l'exemple " en mettant en place des collectes sélectives et leurs
efforts ont souvent été couronnés de succès. Le
mouvement est lancé et ne s'arrêtera pas. Déjà une
vingtaine de collectivités locales expérimentent la collecte
séparative sur les fermentescibles. Mais d'autres lieux et d'autres
institutions peuvent également être concernés. Si les
administrations dans leur ensemble ne sont guère performantes, en
dépit de gisements considérables (notamment les papiers),
quelques-unes ont choisi une autre attitude. C'est notamment le cas des
armées.
Encadré n° 8
La
collecte et le traitement des déchets ménagers
et des déchets industriels banals dans le port militaire de Brest
___
La
collecte sélective des déchets ménagers et des
déchets industriels banals dans les armées, et en particulier
dans la Marine, s'est accélérée depuis 1997. L'exemple
choisi est celui du port militaire de Brest.
Les déchets des navires
La Marine s'est engagée à appliquer la convention international
MARPOI de protection de l'environnement, bien que celle-ci ne s'applique pas
aux bâtiments militaires. Ainsi, pour toute sortie en mer de plus de 24
heures :
les déchets alimentaires sont broyés ("pulpeur") et
rejetés à la mer à plus de 12 nautiques des
côtes ;
les plastiques, les papiers cartons, le bois, les métaux sont
broyés, compactés et stockés (chaque matériau
séparément) ;
le verre est stocké.
A terre, les déchets sont déchargés,
déposés dans des conteneurs. Le verre, le carton, les bouteilles
plastique sont vidés périodiquement, et acheminés vers une
déchetterie de la communauté urbaine de Brest qui les accepte
à un tarif inférieur à celui de l'incinération.
Les déchets dans le port militaire
L'organisation est la suivante :
La direction des travaux maritimes est chargée de la collecte des
déchets ménagers et des déchets industriels banals. Elle
dispose, à cet effet, d'une déchetterie dédiée aux
déchets industriels banals, triés par catégorie (bois,
ferrailles, peinture et solvants, piles...).
Le commissariat est chargé de la collecte des hydrocarbures (eaux
noires...).
La direction de la construction navale est chargée de la collecte
des déchets industriels spéciaux (acides...).
Appréciation
Malgré une organisation complexe (trois services différents
selon la nature des déchets), ces initiatives témoignent d'une
évolution importante des attitudes et des états d'esprit.
Une fois triés, les produits collectés sont, soit enlevés
gratuitement -pour le bois par exemple, le collecteur récupère
une partie du gisement (1100 palettes par an) et réinsère les
palettes saines dans le circuit professionnel-, soit enlevées par un
récupérateur après paiement par la Marine (le
récupérateur ayant été choisi après appel
d'offre, et étant en général celui ayant proposé le
tarif le plus bas).
On observera toutefois que, pour un service et des produits identiques, la
Marine américaine,
au lieu de payer
pour l'enlèvement,
se fait payer
les produits triés. Ainsi, la base navale de San
Diego récupère-t-elle 50 types de métaux, dont 12 types
d'aluminium, sans compter les cartons, papiers, verre, palettes... Tous ces
matériaux sont
achetés
par les industriels de la
récupération -y compris les bidons d'huile usagée
(40 dollars la tonne)-. La base navale américaine a même
acquis une machine qui compresse les filtres d'huile. L'huile est
récupérée, et les filtres sont eux aussi vendus
(25 dollars la tonne).
Une situation encore un peu imaginable en France. Ainsi, la Marine nationale a
fait un grand pas, mais elle ne peut le faire seule. Ce n'est pas encore demain
qu'un industriel français réussira à vendre ses bidons
d'huile usagés. Il est déjà bien satisfait quand il
réussit à trouver quelqu'un qui l'en débarrasse
gratuitement. Dans une génération,
peut-être ?...
e) La réorganisation probable des structures de collecte
La
collecte des emballages est aujourd'hui partagée entre plusieurs
sociétés agrées : Éco-Emballages, Adelphe qui
ne fut longtemps compétente que sur le seul secteur du verre avant
d'étendre son champ à tous les types d'emballages, et
l'association Cyclamed, sur les médicaments. La façon dont
Éco-Emballages, notamment, a su encourager la mise en place de la
collecte sélective est exceptionnelle. Tous ces organismes ont rempli
leur mission et doivent donc être salués.
Quelques interrogations demeurent. Faut-il encourager chaque secteur
d'activité à avoir son propre organisme sa propre structure de
collecte et de soutien ? En d'autres termes après un
Éco-Emballages, un " Éco-verre " et un
" Éco-médicaments " aurons-nous un
" Éco-pneus ", un
" Éco-télévision ", un
" Éco-produits blancs " ?... Il y a là un risque
dont il faut être conscient.
Cette juxtaposition se justifie d'autant moins quand deux
sociétés se trouvent sur le même marché avec des
prix et des conditions de soutiens identiques, comme c'est le cas entre
Éco-Emballages et Adelphe. Adelphe a été
créée en réponse à une inquiétude face au
modèle allemand de récupération par consigne. La consigne
des bouteilles de vin par exemple aurait été ingérable
à traiter en France et il était impératif d'éviter
à tout prix un tel système. La réponse a donc
été Adelphe et un système souple identique à celui
d'Éco-Emballages. L'objectif a été atteint. La menace de
la consigne paraît définitivement exclue. Dès lors,
peut-être est-il temps de se demander si le maintien de deux
sociétés est toujours justifié alors qu'elles ont un but,
des modalités d'intervention et des prix identiques. Nous n'en sommes
pas convaincus. Éco-Emballages a prouvé sa maîtrise et ses
capacités, et s'il n'en fallait qu'un...
f) L'extension du champ des produits collectés
La
collecte organisée, soutenue par Éco-Emballages, est une
réussite. Elle présente, néanmoins, certains
inconvénients qui pourraient s'avérer être des handicaps
pour l'avenir de la valorisation.
Il faut, en effet, rappeler que la collecte séparative
d'Éco-Emballages est une collecte destinée aux emballages, et
financée par les fabricants d'emballages. Les fabricants cotisent, les
collectivités locales collectent (avec un soutien
d'Éco-Emballages), puis trient, afin de respecter des prescriptions
techniques minimum qui leur permettront de bénéficier du soutien
financier d'Éco-Emballages. Ce tri n'ayant pas d'autre objet que celui
de sélectionner des emballages... qui, parfois, retournent aux
fabricants. Ce système a deux inconvénients.
D'une part, il est
quasi
fermé aux autres collectes, c'est
à dire aux collectes de produits qui ne sont pas des emballages. Pour la
simple raison qu'Éco-Emballages perçoit des contributions sur les
fabricants et distributeurs d'emballages, et n'a, par conséquent, aucune
raison de collecter les autres produits pour lesquels elle n'a rien
perçu. Ainsi, à l'exception des journaux et magazines
collectés avec les emballages, Éco-Emballages n'a aucun
intérêt à s'occuper de produits qui ne sont pas de son
champ. C'est en particulier le cas de la fraction fermentescible des
déchets ménagers qui représentent pourtant une part
majeure des quantités de déchets, et pour lesquels les
potentialités de valorisation sont importantes (compostage et
méthanisation
32(
*
)
).
D'autre part, le système mis en place n'est que peu réceptif aux
innovations visant à valoriser autrement qu'en emballages. Le
système autocentré est conçu sur une règle
simple : " je paye et je récupère " (d'où
des PTM très stricts pour faciliter le réemploi). En faisant
éventuellement sortir l'emballage collecté de son usage
jugé prioritaire par le fabricant (refaire des emballages), le
producteur continue de payer, mais ne récupère plus rien. Il y a
bien sûr, là encore, des exceptions (recyclage des bouteilles
plastiques en fibres textiles). Mais, dans l'ensemble, on ne peut pas dire que
le système soit très porté à l'innovation externe
qui pourrait consister par exemple à alléger la PTM, utiliser des
plastiques (films, objets et non plus seulement bouteilles et flacons) pour
d'autres utilisations (matériaux de jardin, BTP...).
Éco-Emballages a été, et reste, une chance, car la
société a fait preuve de son dynamisme et de son
efficacité. On peut se demander néanmoins si, à l'avenir,
d'autres modes d'organisation ne sont pas envisageables. La collecte des
fermentescibles et la diversification de l'utilisation des produits
collectés seront les enjeux des prochaines années.
DEUXIÈME PARTIE
LES MODES DE
TRAITEMENT
___
I. MISE EN DÉCHARGE, STOCKAGE ET FERMENTATION
A. LA MISE EN DÉCHARGE
1. Situation
a) Présentation générale
Contexte politique
La mise en décharge a été longtemps la solution de
facilité, la moins coûteuse et la plus répandue, de traiter
les déchets. Les décharges sont, depuis 1992, au centre de toutes
les polémiques liées au traitement des déchets, et la
situation en dix ans s'est radicalement transformée. Deux textes
fondamentaux sont l'expression de ce bouleversement.
la
loi du 13 juillet 1992
qui fixe l'interdiction de la mise en
décharge des déchets bruts au 1
er
juillet 2002, en
réservant les décharges aux seuls déchets ultimes dont on
aurait tiré toutes les possibilités de valorisation, et en
décidant l'instauration des plans départementaux
d'élimination des déchets ménagers et
assimilés ;
l'
arrêté
du 9 septembre 1997
qui
réglemente étroitement les conditions d'exploitation des
" centres de stockage des déchets ménagers et
assimilés ", dits aussi " décharges de classe II "
ou " centres d'enfouissement technique " (CET), appellation moins
négative que " décharge ".
On compte 6.700 décharges traditionnelles
33(
*
)
, dont 5.000 décharges brutes (non
autorisées) et 1.100 de classe II. Mais les décharges d'hier
(à 20 F la tonne), n'ont plus rien à voir avec les
décharges d'aujourd'hui qui coûtent 250 à 600 F la tonne.
Jusqu'à ces dernières années, les décharges ont
présenté de nombreux inconvénients et dangers :
nuisances multiples, incidence sur les émissions de méthane et de
gaz carbonique (CO
2
) contribuant à l'effet de serre, impact
sur l'état du sol et les eaux souterraines (par le
phénomène de lixiviation, d'écoulement des liquides)... En
outre, leur présence et leurs coûts ne pouvaient que
décourager le recours à d'autres modes d'élimination des
déchets présentant pourtant moins de risques pour l'environnement.
Importance de la mise en décharge
En 1997, 48 % des déchets municipaux allaient en décharge.
C'est donc encore en France le premier moyen de traitement des déchets.
Actuellement, la mise en décharge est utilisée comme une
méthode de gestion des déchets dans tous les États. Son
importance varie selon les pays, selon les conditions géographiques (au
Japon, par exemple, il n'y a pratiquement pas de décharge, faute
d'espace), géologiques (le sol argileux facilite les décharges au
Royaume Uni, en limitant notamment les dépenses
d'étanchéité) ou historiques.
La France serait dans une position moyenne, proche de celle de l'Allemagne
(43 %). D'autres pays comme l'Espagne (83 %), le Royaume-Uni
(85 %), l'Islande (99 %) utilisent les décharges comme moyen
de traitement privilégié. On notera également que les
particularités propres à chaque pays se retrouvent
également en ce qui concerne les tarifs puisque le tarif de mise en
décharge des déchets ménagers, hors produits toxiques,
s'échelonne dans une fourchette extrêmement large comprise entre
24 F ... et 1.250 F la tonne.
Importance et coûts de la mise en décharge dans différents pays |
||
États |
Décharge Stockage |
Tarifs décharge stockage |
France |
48 % |
290 à 440 F/t |
Allemagne |
48 % |
350 à 1.000 F/t |
Suède |
37 % |
225 à 695 F/t |
Norvège |
69 % |
300 à 800 F/t |
Danemark |
20 % |
388 à 428 F/t |
Pays-Bas |
31 % |
432 F/t |
Belgique (Flandre, Wallonie) |
36 % - 58 % |
170 F/t |
Italie |
85 % |
175 à 215 F/t |
Royaume-Uni |
70 % |
118 à 136 F/t |
États-Unis |
61 % |
50 à 600 F/t |
Japon |
15 % |
108 à 446 F/t |
Canada |
66 % |
40 à 140 F/t |
Suisse |
14 % |
400 à 800 F/t |
Autriche |
55 % |
1.100 à 1.250 F/t |
Espagne |
83 % |
24 à 48 F/t |
Source : ADEME, juin 1997 |
b) Description sommaire
Fonctionnement
Les centres d'enfouissement technique (CET) sont divisés en trois
catégories ou classes :
la classe I, réservée aux déchets dits
" spéciaux ou toxiques ",
la classe II, réservée aux déchets ménagers
et assimilés,
la classe III, réservée aux déchets inertes
(gravats...).
Un CET est un ensemble composé de casiers, indépendants sur le
plan hydraulique, eux-mêmes composés d'alvéoles, dans
lesquelles sont entreposés les déchets. Les casiers sont
entourés de digues étanches. L'étanchéité
est assurée par superposition d'une "géomembrane" en
mélange de fibres textiles en PEHD et de matériaux drainant. Les
lixiviats sont récupérés, traités par lagunage puis
envoyés en stations d'épuration ; l'ensemble est
entouré d'une digue périphérique. La hauteur et la pente
des digues, la distance des casiers par rapport à la limite de
l'exploitation, les contrôles etc... sont réglementés. La
duré d'exploitation est en général de vingt ans.
Les conditions d'exploitation et les très grandes difficultés
pour avoir de nouveaux sites font que les coûts d'exploitation n'ont plus
rien à voir avec les décharges d'autrefois.
Indications de coûts
Le coût de stockage en CET de classe II s'échelonne de
250 F à 600 F
34(
*
)
par tonne.
Le bas de la fourchette correspond à des installations de grosse taille
(100.000 tonnes/an, soit 250.000 habitants). Le haut de la fourchette
correspond à des installations de petite taille (20.000 tonnes/an, soit
50.000 habitants). La répartition des coûts s'établit
comme suit :
|
Réception enfouissement |
55 % |
|
Lixiviats (pompes, épuration, contrôle...) |
10 % |
|
Biogaz (analyse, torcherie...) |
10 % |
|
Post exploitation (traitement des lixiviats, aspects esthétiques...) |
10 % |
|
Taxe TGAP |
15 % |
|
Total |
100 % |
2. Perspectives
a) L'échéance du 1er juillet 2002
Même si les premiers pas ont débuté en
1975, la
loi du 13 juillet 1992 est le véritable tournant, le
véritable déclencheur de la politique moderne de gestion des
déchets, en fixant au 1
er
juillet 2002 la fin de la mise en
décharge comme mode de traitement courant des déchets
ménagers et en réservant les mises en décharge aux seuls
déchets ultimes. L'objectif fixé alors n'a jamais
été remis en cause depuis. Tous les gouvernements, quels qu'ils
soient, l'ont approuvé, soutenu, encouragé. Il n'en demeure pas
moins que, çà et là, des doutes ont pu être
émis sur l'intangibilité de cette " date butoir ".
Car, dès lors que, en 1992, la moitié des déchets allaient
en décharge, un tel objectif ne pouvait que susciter interrogations et
craintes. Il n'est pas rare de voir, en privé et en public, cette
échéance ouvertement discutée et critiquée. L'un
des relais de cette nouvelle attitude fut sans doute le " rapport
Guellec "
35(
*
)
qui, en 1997, plaida pour
une complémentarité des modes de traitement, dont les
décharges font partie, qui peuvent être
" environnementalement acceptables ", dès lors qu'elles sont
mieux gérées, plus contrôlées.
Les réserves sont aujourd'hui légion. Dans son étude sur
les coûts de gestion des déchets municipaux, la SOFRES
évoque la " date présumée " de la limitation de
la mise en décharge aux seuls déchets ultimes. D'autres sont plus
explicites encore, puisqu'on peut lire, par exemple, dans une brochure
publiée par Gaz de France :
" il est clair aujourd'hui
(1998)
que cet objectif ne sera pas atteint, et le rapport Guellec en
1997 précise et amplifie ce doute "
. On ne saurait être
plus clair.
Il ne rentre pas dans notre mission de discuter de l'opportunité de
tenir, maintenir, cette échéance. Même si la remise en
cause dans plusieurs départements des premiers plans
départementaux n'incite pas à un optimisme excessif, nous pensons
et espérons qu'elle le sera, et, en tout cas, que le mouvement sera
lancé pour que l'objectif fixé soit atteint rapidement par la
suite.
Nous voudrions surtout dire à ceux qui croient qu'un report
éventuel leur donnerait une liberté, leur permettait de garder
une situation acquise, et une sorte de confort, qu'ils se trompent et qu'ils
vont au devant de déconvenues.
Ce n'est pas seulement la loi qui a programmé cette
échéance, car, même sans la loi, les gens ne veulent plus
de décharges. Compte tenu de l'évolution -la dérive-
procéduriale de notre société, et de l'écho
toujours plus grand donné par les médias et la justice aux
individus dans leur " combat contre les institutions "
36(
*
)
, un report d'échéance ne peut que
susciter des contentieux, des oppositions, et de nouvelles contestations dont
la classe politique dans son ensemble peut se passer.
b) La future directive européenne
Encadré n° 9
Le
" feuilleton " de la Directive
Décharge
___
Une
proposition de directive du Conseil concernant la mise en décharge des
déchets est en cours de discussion depuis... 1991. L'adoption est
annoncée pour la fin de l'année.
Une première proposition de directive a été
présentée par la Commission en 1991. Le Conseil de l'Union
européenne a arrêté une position commune en 1995. Une
deuxième proposition de directive a été
présentée par la Commission en 1997. C'est elle qui sert de
proposition de base aux négociations en cours. Suite à l'avis du
Comité des régions du Conseil économique et social et du
Parlement européen, entre juin 1997 et février 1998, la
proposition de la Commission a été modifiée. Le Conseil a
adopté une position commune en juin 1998. Le Parlement européen a
examiné le texte au premier trimestre 1999. La Commission a
présenté une nouvelle rédaction en mars 1999.
La procédure de coopération s'applique pour cette directive, ce
qui signifie que le Conseil doit statuer à l'unanimité pour
passer outre le vote du Parlement européen. Vote qui, jusqu'au mois de
mai 1999, n'était pas totalement conforme à la position commune
du Conseil.
Lorsqu'on se souvient des positions des différents États membres
concernant les décharges, avec en particulier plus de 90 % de mise
en décharge en Irlande, plus de 85 % au Royaume-Uni, on
conçoit que cette directive suscite de leur part quelques
inquiétudes. Cette directive est néanmoins très
importante, compte tenu des précisions qui seront apportées.
Le Parlement européen a insisté pour que la mise en
décharge des déchets soit la dernière option après
la prévention, la réutilisation, le recyclage et
l'incinération.
Des objectifs chiffrés sont prévus. L'objectif est de
diminuer les déchets biodégradables mis en décharge de
25 % après cinq ans de la transposition, 50 % après
huit ans, 75 % après quinze ans.
Cette directive, une fois adoptée, devra être transposée
dans tous les États membres. D'où l'importance de trouver des
solutions innovantes pour les déchets organiques.
B. LA VALORISATION DES PRODUITS ORGANIQUES PAR MÉTHANISATION (BIOGAZ)
1. Présentation
a) Le biogaz
Le biogaz
est un gaz combustible mélange
de gaz
carbonique et de méthane qui provient de la dégradation des
matières organiques mortes, végétales ou animales, dans un
milieu en raréfaction d'air (dit " fermentation
anaérobie "). Cette fermentation est le résultat de
l'activité microbienne naturelle ou contrôlée. C'est
également un gaz riche en méthane, mais qui comporte des
éléments difficiles à traiter, notamment les organes
halogénés (chlore et fluor) provenant de la décomposition
des plastiques et de la présence de déchets toxiques (bidons de
lessive, piles...).
Le biogaz est produit à partir de la fermentation. Il existe donc
plusieurs sources possibles d'émission avec chacune leurs
caractéristiques :
les boues des stations d'épuration. Le biogaz provient des
matières organiques contenues dans les eaux. C'est un gaz riche en
méthane, en hydrogène sulfuré, mais aussi en métaux
lourds, provenant du recueil des eaux polluées par le lessivage des
routes par la pluie:
Les biogaz industriels ou agricoles (des industries agro-alimentaires, du
lisier de porc) ;
les biogaz des unités spécifiques de méthanisation
liée au compostage. Normalement, il n'y a pas de biogaz en cas de
compostage, puisque ce dernier nécessite, au contraire de la
méthanisation, un traitement avec apport d'air. Mais il existe
aujourd'hui des procédés mixtes qui permettent de produire
à la fois de l'amendement organique et du biogaz ;
le biogaz de décharge. Les décharges produisent
spontanément du biogaz car les déchets fermentescibles y sont
régulièrement déposés L'émission peut durer
plusieurs dizaines d'années, d'abord à un rythme croissant, puis
décroissant. Le processus peut être accéléré
en humidifiant la matière, auquel cas le potentiel de production peut
être récupéré entre 5 ou 10 ans. Sans installation
particulière autre que le captage des gaz dans les alvéoles, on
peut ainsi récupérer 60 m
3
de méthane par
tonne enfouie (système utilisé à
Saint-Étienne).
Composition du biogaz |
||
|
Méthane (CH 4 ) |
45 à 65 % |
|
Gaz carbonique (CO 2 ) |
25 à 45 % |
|
Eau (H 2 O) |
6 % |
|
Oxygène (O 2 ) |
|
|
Hydrogène sulfuré (H 2 S) |
traces |
|
Organo-halogénés (chlore, fluor) |
|
|
Métaux lourds |
|
Il
s'agit donc d'un gaz naturel relativement toxique (lié notamment
à la décomposition des plastiques, des lessives...). Le gaz
carbonique, et surtout le méthane (qui a un effet 35 fois plus
toxique que le gaz carbonique) contribuent notamment à l'effet de serre.
Ils doivent être au maximum éliminés. Ce gaz, relativement
toxique quand il se dégage spontanément, peut néanmoins
être utilisé comme source d'énergie. D'où
l'idée de contrôler et d'organiser de façon industrielle la
fabrication de ce biogaz : la méthanisation.
La méthanisation ou le processus industriel de fabrication de
biogaz
La méthanisation est la production d'un gaz à haute teneur en
méthane qui provient de la décomposition biologique des
matières organiques.
La production industrielle de biogaz consiste à stocker la
matière organique (en l'espèce les déchets) dans une cuve
hermétique ou " digesteur ", ou
" méthaniseur ", dans laquelle les matières organiques
sont soumises à l'action des bactéries. Un brassage des
matières, éventuellement un apport d'eau, mais surtout un
chauffage, accélèrent la fermentation et la production de gaz qui
dure environ deux semaines. La production peut alors être de
500 m
3
de gaz par tonne de déchets.
b) La valorisation du biogaz
Les différents procédés
L'arrêté du 9 septembre 1997 relatif aux décharges de
classe II impose la captation du biogaz de décharge, et la
recherche de solutions de valorisation, ou à défaut, sa
destruction par voie thermique. La valorisation n'est toutefois possible que
pour les grandes unités. Plusieurs procédés peuvent
être utilisés :
le
torcharge
. Il s'agit simplement de brûler le gaz. Ce
n'est pas une voie de valorisation proprement dite, mais c'est un moyen de
sécurité qui, de plus, limite l'impact du biogaz sur l'effet de
serre ;
la
combustion sous chaudière
. Il s'agit de brûler le
gaz pour en tirer de la chaleur, éventuellement utilisable par un
établissement à proximité. La décharge de Crozin
produit 3 millions de m
3
de biogaz, valorisés chez un
industriel ;
la
production d'électricité
. Le biogaz, comme toute
énergie, peut se transformer en électricité. Le biogaz
doit cependant comporter au moins 40 % de méthane, et avoir un
débit minimum de 500 m
3
/heure. La production
d'électricité peut être couplée avec celle de
chaleur dans le cas de co-génération
37(
*
)
.
Le pouvoir calorifique d'un mètre cube de biogaz épuré
(après traitement, évacuation de l'eau, de l'acide
sulfuré...) est équivalent à celui d'un litre de fuel
domestique.
Les demi réussites
Outre sa mauvaise image, sa composition instable dans le temps en fonction de
la nature des déchets, variable selon les mois et l'année, sa
toxicité intrinsèque, les rares expériences d'exploitation
industrielle ont plus ou moins échoué, notamment les
expériences de biogaz de ferme. Concernant les biogaz de
décharge, une seule entreprise a vraiment essayé de s'implanter
sur ce créneau en 1988. Elle a survécu avec difficultés.
Encadré n° 10
L'expérience
Valorga
à Amiens
___
Le
procédé
Valorga
est une filière complète du
traitement des ordures ménagères avec tri de déchets,
méthanisation de la part fermentescible, compostage des résidus
de fermentation, incinération du refus de tri, mise en décharge
des résidus obtenus. Le procédé a été
appliqué à Amiens en 1988
Valorga
a connu des difficultés importantes liées :
à l'abandon de l'incinération des refus de tri, les fours
en place n'étant alors pas capables de résister au pouvoir
calorifique élevé de ceux-ci ;
à l'abandon de la coopération avec Gaz de France. Le
biogaz a été injecté dans le réseau de gaz naturel
après purification, mais est désormais uniquement
brûlé pour alimenter en vapeur les industriels proches ;
à la valorisation nulle du compost qui contenait trop de
résidus ayant échappé au tri, le rendant impropre
à la commercialisation ;
et surtout, à un mauvais créneau.
Valorga
a
tenté cette valorisation sur un gisement d'ordures
ménagères brutes, alors que la méthanisation est
adaptée aux seuls fermentescibles.
La solution est de trier à la source, de façon à
n'introduire dans l'usine que des matières fermentescibles
(déchets de cuisine et de jardin...). En France, la collecte
séparative des fermentescibles n'en est qu'à son tout
début.
En 1998, la société a été rachetée par une
société allemande. La capacité de traitement de l'usine
est de 86.000 tonnes, et devrait passer à 100.000 tonnes. Ce
procédé de biocompostage se développe aussi à
l'étranger : aux Pays-Bas (une usine en 1994), en Allemagne (deux
usines en 1998), en Suisse (une usine en construction) et en Belgique
(projets).
2. Perspectives
Les échecs techniques et économiques des expériences anciennes sont liés par définition aux conditions techniques et économiques de l'époque. Une amélioration de la productivité, l'apparition de nouveaux process , les conditions financières qui ont radicalement changé, pourraient inciter à appréhender différemment le gisement que représente le biogaz.
a) Un gisement presque totalement inexploité
Concernant les seules ordures ménagères et
assimilées, le biogaz peut être produit à partir de tous
les déchets organiques fermentescibles (restes de repas,
épluchures...), mais aussi des invendus de grandes surfaces (fruits
avariés, produits périmés...) et des déchets de
restauration collective. L'avantage par rapport au compostage est que la
méthanisation n'entraîne que très peu d'odeurs (puisque le
traitement se fait dans une cuve hermétique). La méthanisation
est cependant un peu plus chère.
Le biogaz de décharge n'est, en outre, qu'une petite partie du gisement
potentiel qui se présente comme suit.
Le gisement de biogaz en France |
||||
|
Nombre de sites actuels |
Production actuelle (tep 1 /an) |
Nombre de sites potentiels |
Croissance potentielle (tep 1 /an) |
Stations d'épuration urbaines |
150 |
65.000 |
200 |
150.000 |
Stations d'épuration industrielles |
64 |
64.000 |
400 |
800.000 |
Décharges |
5 |
11.000 |
140 |
300.000 |
Méthanisation des déchets solides (IAA...) |
1 |
1.900 |
270 |
1.000.000 |
Digesteurs agricoles |
10 |
100 |
1.000 |
100.000 |
Total |
230 |
150.000 |
2.000 |
3.250.000 |
1 tep = tonne équivalent pétrole |
||||
Source : Centre d'information sur l'énergie et l'environnement |
Ainsi les ressources valorisables sont de 3,25 Mtep/an, toutes ressources confondues, ce qui équivaut à 11 % de la consommation nationale de gaz naturel. Sur cette masse, 10 % pourrait venir du biogaz de décharge.
b) Des nouvelles techniques prometteuses
Les nouvelles techniques de production
L'hydropulpeur.
L'hydropulpeur est développé
par une société allemande. Il s'agit d'une méthanisation
après traitement liquide composé de trois étapes :
un
prétraitement mécanique
au cours duquel les sacs
papiers (le procédé est en vigueur en Allemagne, et les
déchets fermentescibles sont collectés en sacs papiers) sont
ouverts par un broyeur, et les plus gros éléments sont
éliminés ;
le
passage dans l'hydropulpeur
. Il s'agit d'une cuve
métallique équipée d'une hélice centrale qui
entraîne l'éclatement des cellules végétales. Les
déchets sont mélangés à l'eau formant une pulpe
liquide. Les déchets légers sont éliminés par
flottation (plastiques, textiles), et extraits par peigne hydraulique. Les
déchets lourds (verre, cailloux...) décantent au fond du
" pulpeur " et sont évacués par un sas. Cette phase de
" pulpage " et de décantation permet d'éliminer les
indésirables. Les flottants sont pressés et
incinérés. Les lourds inertes sont mis en décharge ;
la
digestion de la " pulpe "
. Une fois
débarrassée des indésirables, la pulpe alimente un
" digesteur ", chauffé (35/37° C). La matière
reste deux semaines, et permet de dégager deux sous-produits. Tout
d'abord, la matière organique génère un biogaz qui peut
être valorisé sous forme de production d'énergie
(électricité et/ou chaleur) utilisée en autoconsommation
(broyeur, chauffage du " pulpeur ") ou revendue. Ensuite,
après deux semaines, la pulpe est retirée, puis renvoyée
en centrifugeuse permettant de séparer l'eau (recyclée dans le
process
au niveau de " l'hydropulpeur "), d'une partie solide,
le " digestat ". Ce résidu, mélangé avec des
structurants (broyats de déchets verts, écorces...), est
stabilisé, et forme un compost exempt de toute impureté
d'excellente qualité.
Les " digesteurs" de seconde génération par
" filtre anaérobie ".
Il s'agit d'augmenter
l'efficacité et la longévité des bactéries en leur
permettant de se fixer sur des particules mélangées aux
déchets. Selon ce procédé, la fermentation serait
considérablement accélérée (quelques jours au lieu
de deux semaines), et la productivité serait améliorée
dans une proportion de 1 à 4, voire de 1 à 10
38(
*
)
.
Les recherches sur les utilisations nouvelles
Il s'agit, d'une part de l'injection de biogaz dans les réseaux de gaz
naturel
39(
*
)
, d'autre part, de l'utilisation de
biogaz en carburant. Le biogaz doit alors contenir au moins 50 % de
méthane, il est épuré, stocké dans des bouteilles
et alimente des pompes où viennent s'approvisionner les véhicules
techniques des collectivités locales
40(
*
)
.
Il ne s'agit encore que d'expérimentations qui doivent être
confirmées.
c) Un marché émergent
La
méthanisation émerge en Europe et même en France, notamment
sous l'impulsion des Allemands, très actifs sur ce créneau.
Valorga, société française qui a connu les déboires
que l'on sait, a été rachetée, il y a cinq ans, par une
société allemande. Depuis, deux usines ont été
vendues aux Pays-Bas, une en Allemagne, une est en construction en Suisse, et
une est en projet en Belgique.
Même s'il n'existe toujours pas de responsable de la méthanisation
à l'ADEME, l'agence s'est cependant engagée à soutenir
financièrement la production de 10 MW
41(
*
)
(en 2000) et 50 MW (en 2002)
d'électricité réalisée à partir de biogaz.
Le groupe Vivendi vient d'acheter une licence allemande, et les appels d'offres
commencent à sortir : Valence, Amiens, Dunkerque (mai 1999)...
Quelques chiffres permettent de fixer les idées. L'investissement d'une
unité complète de méthanisation représente environ
30 millions de francs. L'investissement de simple captage des gaz est de
l'ordre de 2 millions de francs. L'investissement d'une unité
complète de méthanisation est de l'ordre de 30 millions de
francs (pour une unité traitant 20.000 tonnes). Le coût
d'exploitation est de 250 francs/tonne (hors amortissement), soit
350 francs tout compris (en incluant l'amortissement et en
déduisant les recettes).
Sur le plan énergétique, une tonne de déchets
méthanisés produit 300 kW utilisés en
électricité, 300 kW en énergie thermique (la
proportion entre valorisation thermique et valorisation
énergétique dépendant évidemment du contexte
local). Une usine traitant 110.000 tonnes produit 10.000 m
3
de
biogaz par jour, soit l'équivalent de 2,4 millions de litres de fuel par
an.
Le sort de cette technologie est totalement lié à la collecte
sélective, séparative des fermentescibles. L'expérience
Valorga a échoué parce que la société travaillait
sur des produits bruts, avec trop d'" indésirables ". Une
bonne collecte donnerait toutes ses chances au biogaz.
d) Le traitement : " mécano biologique "
Cette dernière piste n'est pas liée au biogaz et à la méthanisation. Elle concerne plutôt l'amont, c'est-à-dire la mise en décharge. Le recul et même l'arrêt donné aux mises en décharge sont liés à la nocivité induite par l'évolution (la fermentation) des matières organiques. L'idée est donc de rechercher à stabiliser la matière organique pour supprimer tout potentiel toxique. Le déchet organique, d'abord trié par traitement mécanique, puis en quelque sorte " inerté ", pourrait alors être dirigé vers la décharge sans inconvénient. Cette solution est très étudiée en Allemagne. Les Lander , qui se refusent à tout traitement thermique, mais qui sont inquiets devant la perspective de ne plus pouvoir mettre en décharge, cherchent en quelque sorte à réhabiliter la mise en décharge en essayant de limiter la toxicité des déchets et en travaillant sur le contenu (le déchet) plus que sur le contenant (la décharge).
C. LA VALORISATION DES PRODUITS ORGANIQUES PAR COMPOSTAGE
1. Présentation
a) Données techniques
Le
compostage est un procédé biologique qui consiste à
traiter des déchets organiques (déchets fermentescibles de
déchets ménagers, déchets verts, boues de stations
d'épuration) afin de réaliser un résidu solide, riche en
humus, semblable à du terreau : le compost.
Le compost naturel
Le compost est intimement lié au monde agricole. La production
végétale est fondée sur deux principes : la fonction
chlorophyllienne (la plante fabrique sa propre substance à partir du
carbone contenu dans l'air, dans l'eau et dans les éléments
minéraux prélevés dans le sol) et le cycle
végétal
(semence / pousse / maturité / nouvelle
semence et destruction de la matière organique qui se retrouve alors
dans le sol). Dans les fermes d'autrefois, les résidus étaient
accumulés pour subir une fermentation qui permettait la destruction des
parasites. Les deux formes traditionnelles de ce procédé
étaient le fumier (mélange de paille et de déjections
animales) et le compost (mélange de terre et de résidus
végétaux). Mélangé à la terre, le compost
restituait à celle-ci la matière minérale que la plante
avait prélevée.
Ce compostage traditionnel a quasiment disparu, non seulement en raison de la
dissociation lieu de production / lieu de consommation, mais aussi
parce que les résidus agricoles, et plus encore urbains, contiennent des
métaux lourds, nocifs aux cultures. L'appauvrissement en minéraux
est alors compensé par des engrais.
Le compost industriel
Dans le compostage moderne, la fermentation est simplement
accélérée par un traitement qui consiste
généralement, pour les déchets ménagers, à
éliminer, dans la mesure du possible, les matières non
fermentescibles (métaux, plastiques, verre, inertes...), et à
broyer la matière entrante, ou, pour les boues humides, à
réaliser un préséchage ou un épaississement par
chauffage et par apport d'air (ventilation). C'est pourquoi on dit que le
compostage est un " traitement aérobie ". Avec l'air, les
matières organiques s'oxydent rapidement, en augmentant la
température et en dégageant du dioxyde de carbone.
Les différents procédés utilisés aujourd'hui se
distinguent seulement par les modes de fermentation, qui peuvent être
soit en " cellules " ouvertes ou " andains "
(déchets verts, boues), soit en " digesteur "
42(
*
)
. On observera que dans ce cas, le
" digesteur " produit à la fois un gaz (le biogaz) et un
solide (le compost).
Tous les déchets organiques peuvent faire l'objet de compostage :
la fraction fermentescible des déchets ménagers (restes de
repas, épluchures...), comme les invendus de grandes surfaces ou les
restes de restauration collective ;
les boues de stations d'épuration (gisement 9 millions de
tonnes) ;
les déchets verts ménagers (tontes de pelouses, haies de
jardins, feuilles mortes...) ou municipaux (1 million de tonnes pour ce
seul segment) ;
les déchets de l'IAA, d'abattoirs, de poissons...
Lorsqu'il est de bonne qualité, le compost est un produit riche en
matière organique, en humus, comparable à un terreau. L'humus
qu'il contient permet d'améliorer les caractéristiques physiques
des sols et de lutter contre l'érosion. Les qualités du compost
dépendent naturellement avant tout de la matière entrante. Sous
l'appellation " compost ", on distingue en fait deux sous produits
distincts : le "
compost
" proprement dit, riche en
minéraux (azote, phosphore, potassium) -c'est notamment le cas du
compost issu des boues-, et l'"
amendement organique
",
fabriqué dans les mêmes conditions, mais moins riche (part
fermentescible des ordures ménagères, déchets
verts...).
b) Le compostage aujourd'hui
A
l'exception de l'Autriche et des Pays-Bas (17 % et 20 % des
déchets sont traités par compostage), le compostage n'est qu'un
mode mineur de traitement des déchets (6 % en France). Pour ce qui
concerne les ordures ménagères, les réalisations
industrielles sont encore rares (Mont-de-Marsan), et les réalisations
individuelles plus rares encore
43(
*
)
. Pour ce
qui concerne les déchets verts, 500.000 tonnes ont été
traités en 1996 sur une centaine de plates-formes de compostage. Le
compostage des boues ne fait que commencer mais offre de réelles
perpectives.
Indications de coûts.
Selon l'étude SOFRES/AMF/ADEME,
le coût de compostage varie beaucoup en fonction des capacités,
entre 200 F par tonne pour une capacité de 15.000 tonnes/an et
550 F par tonne pour une capacité de 6.000 tonnes par
an.
Coût du compostage. Détail (en francs/tonne) |
||
|
6.000 tonnes/an |
12.000 tonnes/an |
Investissement |
130 - 175 |
80 - 110 |
Fonctionnement fixe |
205 - 245 |
105 - 135 |
Fonctionnement variable |
35 - 100 |
30 - 85 |
Refus de compostage |
10 - 40 |
10 - 40 |
Coût brut |
385 - 515 |
225 - 370 |
Recettes |
0 - 55 |
0 - 55 |
Coût net |
385 - 515 |
225 - 320 |
Source : étude SOFRES/AMF/ADEME, Analyse des coûts de gestion des déch ets ménagers |
On
observera que l'amélioration de la collecte, en diminuant les refus de
tri, a un effet non négligeable sur les coûts. Chaque point
gagné (perdu) de refus de tri minore (majore) le coût de
traitement de 5 ou 6 F (un refus de tri de 2 % majore le coût
de traitement de 10 F, un refus de tri de 7 % majore le coût du
traitement de 40 %).
Aujourd'hui, le recours au compostage est directement lié à la
qualité du compost et, surtout, aux débouchés. Attention,
l'un peut annuler l'autre. En d'autres termes, un compost peut trouver des
débouchés (ce qui suppose un effet et une structure de
commercialisation) à condition de parvenir et garantir une
qualité (ce qui suppose des conditions de maturation et de traitement
plus coûteuses).
Encadré n° 11
Épandage et compost des boues
___
L'épandage des boues humides
Les boues des stations d'épuration sont le premier gisement
susceptible d'être utilisé pour former du compost (environ
9 millions de tonnes). Jusqu'à ce que cette filière se
développe, les boues sont traitées aujourd'hui par
épandage. Les boues humides sont transportées et
déversées sur les terrains agricoles, conformément
à des plans d'épandage établis en préfecture.
Cet épandage suscite des réserves croissantes de la part des
professions agricoles
44(
*
)
. Ces dernières
soulignent :
que les agriculteurs, contrairement à l'idée reçue, ne
sont pas demandeurs de boues,
qu'ils acceptent néanmoins l'épandage des boues sur le
principe de
" zéro franc rendu racine
" (rendu à
la parcelle), voire à prix négatif (ils se font payer pour
épandre) ;
que de plus en plus d'industriels de l'agro-alimentaire ont des
exigences de qualité qui récusent les exploitations ayant
reçu des boues. Cette clause, qui ne concernait jusqu'alors que les
légumes, s'étendrait même aux céréales (un
importateur allemand de blé a récemment exigé de son
fournisseur un engagement écrit selon lequel les blés
livrés n'avaient pas été produits sur une parcelle qui
aurait reçu des boues),
que les accusations sur les pollutions des eaux (nitrates), le
traumatisme lié à l'alimentation animale, la défiance
généralisée que les pouvoirs publics ont laissé se
développer à l'encontre des agriculteurs... n'incitent pas les
agriculteurs à récupérer des boues dont l'innocuité
à long terme n'a pas été parfaitement établie.
On observera néanmoins que cet épandage est encore possible,
pratiqué à grande échelle, à des coûts encore
sans comparaison avec le compostage...
L'épandage du compost de boues
On est là dans un tout autre cas de figure puisqu'il s'agit non de
boues humides, mais d'un solide sec, stockable, dont la
traçabilité est meilleure, à haute teneur en
minéraux, et utile face aux inconvénients que pose l'usage
immodéré de fertilisants agricoles. L'adjonction du
mélange avec d'autres déchets (déchets verts) peut
être utilisé.
Un procédé est développé par la
société Nexus, à Chateaurenard ; Un autre
procédé, allemand, est utilisé à Rambouillet.
Ainsi, le compost livré à un prix à définir est
à son tour épandé, versé, utilisé comme un
engrais. Signe de ce tout autre contexte, le compost de boues se négocie
entre 50 et 100 F la tonne.
2. Perspectives
a) Un gisement considérable, encore inexploité
Comme
l'observe le rapport Dron,
" la matière organique constitue sans
doute le premier gisement d'économies dans le dimensionnement des UIOM.
Même avec un PCI faible, les quantités en cause sont suffisantes
(de l'ordre de 25 millions de tonnes) pour influer sur les
capacités prévues pour les installations "
45(
*
)
. Compte tenu des masses concernées, il
s'agit d'un gisement prioritaire à exploiter. Les matières
organiques constituent en effet le premier composant des déchets
municipaux. Mis en décharge, ils dégagent du méthane,
nocif (quand il n'est pas capté et valorisé).
Incinérés, ils ont un pouvoir calorifique faible, et
représentent des volumes importants (déchets verts). Le compost
peut être également une solution au problème de
l'épandage des boues.
Les coûts sont très inférieurs aux futurs coûts
d'incinération, tant en investissement (une unité de compostage
représente de l'ordre de 20 millions de francs), qu'en
fonctionnement (de l'ordre de 300 F par tonne en moyenne, amortissement et
recettes inclus).
Le risque, perceptible dans des pays plus avancés que nous sur ce
créneau, est la surenchère technologique et, par
conséquent, une augmentation des coûts (il est arrivé, en
Allemagne, que le coût du compostage dépasse le prix,
déjà considérable, de l'incinération).
b) Les ouvertures possibles sont nombreuses
Sur le plan technique.
Comme on l'a vu,
l'exploitation
de ce gisement peut parfaitement être combinée avec une
méthanisation, ce qui permet d'avoir deux valorisations
(énergétique, matière) en même temps. Les
différents déchets entrants peuvent être
mélangés, notamment ordures ménagères et
déchets verts. Les boues sont en général traitées
à part, compte tenu de leur valeur agronomique supérieure.
Sur le plan juridique.
Dès lors que ses qualités
organiques sont reconnues, le compost peut perdre son statut de déchet,
et devient alors un
quasi
engrais.
Sur le plan commercial.
En raison de son origine rurale,
l'utilisation du compost a été envisagée jusque là
uniquement en agriculture. Compte tenu des réticences
manifestées, cette voie est aujourd'hui plus étroite. Mais
d'autres utilisations peuvent prendre le relais, notamment en milieu
périurbain (aménagement de carrefours et ronds-points, bordures
de routes...). Autant de réflexes à acquérir pour une
bonne valorisation du compost.
Sur le plan économique.
La technologie est parfaitement
adaptée à des gisements petits et moyens et peut, par
conséquent, mordre sur le créneau des mises en
décharge.
c) Les conditions de la réussite
L'émergence et, plus encore, la percée de cette
technique sont cependant subordonnées à plusieurs conditions.
La collecte séparative de la fraction fermentescible des
ordures ménagère.
Beaucoup de tentatives de compostage ont
échoué ou n'ont eu qu'un succès limité, faute d'un
tri suffisant à l'entrée, notamment pour le verre et le
plastique, que l'on retrouvait par morceaux dans le compost. Pour les raisons
déjà indiquées, la collecte des fermentescibles a pris
beaucoup de retard dans notre pays, mais démarre. Sur les deux
dernières années, une vingtaine de collectivités ont
lancé, à titre expérimental, des collectes
sélectives de fermentescibles. Les expériences de compostage se
multiplient elles aussi
46(
*
)
, et on compte
également (en mai 1999) une vingtaine d'appels d'offres sur ce
marché.
Des améliorations techniques sont encore attendues.
Toutes
les questions techniques ne sont pas totalement résolues. Il ne faut pas
cacher que si le compostage est bien une technologie propre et naturelle, il a
aussi une odeur. Dès lors qu'il y a injection d'air -au fondement
même du principe-, il faut bien le récupérer en sortie. Les
recherches pour limiter les odeurs doivent être poursuivies. Il faut
également s'attacher à une parfaite traçabilité,
c'est-à-dire identifier les lots et les traitements.
Le prix de reprise ou de vente du compost est un autre
élément d'incertitude.
Le compost, malgré ses
qualités agronomiques, souffre d'une mauvaise image, et se
négocie à des prix en baisse. Selon certains de nos
interlocuteurs, même s'il ne s'agit que d'un phénomène
transitoire qui peut connaître un revirement -compte tenu des besoins en
humus et de la qualité des produits-, cette tendance à la baisse
devrait se prolonger à court terme, jusqu'à arriver à un
prix de reprise nul. C'est donc bien plus dans l'économie
réalisée par rapport à d'autres modes de traitement que,
dans la perspective de retirer des recettes, qu'il faut analyser
l'opportunité du compostage.
D. LA VALORISATION DES INERTES
1. Présentation
Deux
chiffres méritent d'être rappelés :
le BTP utilise chaque année environ 380 millions de tonnes de
granulats, dans une proportion d'un tiers pour les bâtiments et de deux
tiers pour les travaux publics ;
le BTP génère chaque année environ 25 à 30
millions de tonnes de gravats, dont 90 % sont mis en
décharge.
Origine des gravats |
|||
|
Par type d'ouvrage |
|
Par type de chantier |
|
Logement 40 % |
|
Démolition 80 % |
|
Bâtiments industriels 35 % |
|
Construction 8 % |
|
Travaux publics 25 % |
|
Rénovation 12 % |
Source : IREX, mai 1990 |
Jusqu'à présent, il n'y avait aucune raison de
rapprocher ces deux chiffres, mais les circonstances pourraient amener à
changer d'attitude :
sur le plan
juridique
, l'échéance du
1
er
juillet 2002 est naturellement déterminante
puisque la mise en décharge sera normalement réservée aux
seuls déchets ultimes ;
sur le plan
économique
, on ne peut exclure que le secteur
connaisse quelques difficultés d'approvisionnement. L'offre de
matériaux traditionnels, notamment de granulats, sera affectée
par une difficulté grandissante à obtenir l'ouverture de
carrières, et par les contraintes touchant à l'extraction des
granulats alluvionnaires ;
en outre, les mairies, qui jusque là n'étaient pas
directement concernées par les déchets de démolition (les
déchets étaient mis en décharge par les professionnels du
bâtiment), vont le devenir, car non seulement elles seront
interrogées par les responsables du BTP pour savoir où mettre
leurs déchets et comment les valoriser, mais elles
récupéreront en outre une partie de ces gravats ou inertes par le
biais des déchetteries.
C'est d'ailleurs l'une des surprises de cet aménagement. Les
déchetteries ont été conçues pour être des
centres de récupération de matériaux et de
" pré-tri ", afin de les diriger vers les filières de
traitements adaptées. Leur organisation a été
fondée sur des hypothèses d'apports et de flux de déchets
dont certaines se sont avérées sous-estimées.
régularité. Ainsi, les déchets ne sont pas toujours ceux
qui étaient envisagés initialement. Certains centres
reçoivent en particulier d'importants volumes de bois (bois de coupes,
souches, chutes de menuiserie, portes...) qu'aucune étude n'avait
convenablement appréhendé. Il en est de même pour les
apports de plâtres. Les gisements existent, et les déchetteries
les ont fait apparaître.
A terme, ce sont donc plusieurs millions de tonnes qui seront à
gérer. Il convient en effet de rappeler les apports en
déchetterie. Un tiers des apports en déchetterie est
constitué par les gravats et inertes. Ainsi, pour un parc de 1.438
déchetteries, 1.220 tonnes de gravats ont été
collectées. Sur la base de 4.000 déchetteries, plus de 3 millions
de tonnes d'inertes et gravats seront collectés en
déchetteries.
2. Perspectives
Ainsi,
tandis que la demande de matériaux restera vive, l'offre de
matériaux potentiellement recyclables va croître. Le gisement est
même très important, mais force est de reconnaître que les
recherches ont été encore peu actives. Curieusement, les
recherches pour rapprocher cette offre et cette demande ont été
beaucoup plus poussées sur l'utilisation des mâchefers
d'incinération que sur l'utilisation des gravats de démolition
alors que les gisements sont sans comparaison. Quelques pistes peuvent
néanmoins être évoquées :
En amont
Les traitements " amont " visent à mieux préparer et
trier les déchets pour les rendre plus facilement valorisables, par
concassage notamment.
Les difficultés viennent du fait que les matériaux émanant
du génie civil, les gravats de démolition, et du bâtiment
présentent une assez grande
hétérogénéité avec une obligation de tri qui
obère leur rentabilité. Ils peuvent également incorporer
des composants qui les rendent impropres à leur utilisation
(matériaux amiantés, plomb...).
Les initiatives visent à généraliser la
déconstruction sélective, afin d'obtenir un matériau
facilement valorisable. Ces développements ne peuvent qu'être
progressifs, car ils génèrent de fortes perturbations dans la
structure même du secteur. En effet, les entreprises de démolition
sont essentiellement des petites et moyennes entreprises (PME), dont la
structure correspond aux besoins de souplesse et de régularité de
réaction du marché. Une déconstruction sélective
(en triant les différents matériaux) entraîne
inévitablement une plus grande technicité, parce qu'il ne s'agit
plus de récupérer pour transporter en décharge, mais de
sélectionner des matériaux susceptibles d'être
réutilisés. Il n'est pas exclu que l'on assiste à une
restructuration et à l'émergence d'un nouveau secteur,
chargé spécialement des démolitions.
En aval
Les traitements " aval " visent à mieux utiliser le gisement.
Quelques initiatives peuvent être évoquées :
le concassage des poteaux électriques en béton (300.000
tonnes par an) réalisé en partenariat avec EDF ;
l'utilisation de plâtres collectés en déchetteries,
dans la fabrication du ciment ;
l'utilisation de bois collecté en déchetteries, et
broyé comme support matière dans le compost des boues de stations.
Ces deux dernières initiatives sont développées par le
SYMIRIS de Rambouillet sur l'impulsion de son très actif
président, M. Jean-Philippe Assel.
II. L'INCINÉRATION
A. SITUATION
1. Présentation générale
a) Données de base
" Incinération : action de réduire
en
cendres, de détruire par le feu "
. Appliquée aux
déchets, on appelle " installation d'incinération ",
selon les termes de la proposition de directive du Conseil sur
l'incinération des déchets,
" tout équipement ou
unité technique, fixe ou mobile, affecté au traitement thermique
de déchets, avec ou sans récupération de la chaleur
produite par la combustion.
(...)
La présente définition
couvre le site et l'ensemble constitué par les installations
d'incinération, de réception, de stockage et de traitement
préalable des déchets sur le site même ; ses
systèmes d'alimentation en déchets, en combustible et en
air ; la chaudière ; les installations de traitement ou de
stockage des résidus, des gaz de combustion et des eaux
usées ; la cheminée ; les appareils et dispositifs de
commande des opérations d'incinération et les systèmes
d'enregistrement et de surveillance des conditions
d'incinération. "
On appelle aussi " installation de co-incinération ", une
installation dont l'objectif essentiel est de produire de l'énergie ou
des produits matériels (ciment), et qui utilise les déchets comme
combustible habituel ou d'appoint.
L'incinération est un mode d'élimination des déchets
ménagers, en les brûlant à haute température. La
première unité a été implantée au Royaume
Uni en 1876. La valorisation énergétique est venue beaucoup plus
tard, et reste partielle. Elle n'est d'ailleurs qu'une conséquence
-utile- de l'incinération, mais pas son but.
C'est aujourd'hui, en France et en Europe, le deuxième mode de
traitement des déchets ménagers, après la mise en
décharge. L'abandon de la mise en décharge comme mode de
traitement ordinaire des déchets ménagers devrait renforcer le
poids de l'incinération, mais les implantations de nouvelles
unités se heurtent à des difficultés croissantes. En
effet, en dépit des améliorations techniques depuis vingt-cinq
ans, cette option est devenue controversée, notamment en raison des
risques sur la santé et l'environnement, liés notamment aux
émissions de dioxine
47(
*
)
. Les risques
sont aujourd'hui totalement maîtrisés -pour les nouvelles
installations et au vu des connaissances scientifiques du moment-, mais l'image
demeure suspecte. Mauvaise image, que les contrôles sur les installations
anciennes n'ont pas contribué à atténuer.
Encadré n° 12
L'incinération : syndromes et contradictions
___
L'image
de l'incinération est mauvaise. Plusieurs syndromes se
développent, entraînant parfois quelques contradictions.
Il y a d'abord le syndrome NIMBY, acronyme de
" not in my back
yard "
(pas dans mon arrière cour). Personne ne veut avoir un
incinérateur près de chez soi (derrière sa cour), par
crainte des émissions toxiques. Ces nuisances étant d'autant plus
mal acceptées que les incinérateurs sont de grandes
installations, particulièrement visibles (même si le panache blanc
est surtout de la vapeur d'eau), qui récupèrent les
déchets " des autres " (pour atteindre des seuils de
rentabilité acceptables, il faut traiter de grosses quantités,
qui viennent d'autres communes, parfois éloignées).
Ce premier syndrome est doublé du syndrome NIMEY
" Not in my
election year "
(pas dans l'année de ma
(ré)élection). Il est, en effet, extrêmement difficile pour
un élu local de s'engager dans un projet aussi controversé, en
particulier l'année qui précède une échéance
électorale.
Les mêmes syndromes s'appliquent aux autres installations ou modes de
traitement, notamment les décharges, mais dans le cas des
incinérateurs, ces oppositions et ces freins conduisent à
quelques paradoxes.
Tout d'abord, la difficulté d'ouvrir de nouvelles installations,
modernes et moins polluantes peut contribuer à conserver les anciennes,
certes plus polluantes, mais qui ont le mérite d'exister.
Ensuite, les fermetures d'usines hors normes peuvent aussi conduire - au moins
dans un premier temps- à augmenter la mise en décharge...
Dans ces débats, l'important est de mettre les citoyens consommateurs
devant leurs responsabilités. Le mode de vie choisi a des
conséquences sur les déchets. A plus de 500 kg de
déchets par habitant et par an en zone urbaine, lorsque les bornes
d'apport volontaire sont détruites, et que les efforts de collecte
sélective sont vains, il faut, malgré tout, trouver une solution
pour traiter les déchets.
Dans tous les cas, une communication complète, adaptée, permet
parfois de mieux accepter les nuisances. Même si cela ne suffit pas
toujours.
b) Les données techniques
L'incinérateur n'est pas seulement un four de
combustion, c'est une
installation industrielle complète
,
comprenant :
le stockage des déchets entrants,
l'alimentation du four,
le chauffage du four,
la combustion des déchets, avec apport d'oxygène,
la récupération de chaleur sous forme de vapeur et
d'électricité,
le traitement des résidus solides (les mâchefers),
le contrôle et l'élimination des pollutions (les REFIOM).
Les conditions d'exploitation sont étroitement
réglementées
48(
*
)
. Les gaz
résultant de l'incinération doivent être portés
à une température de 850° minimum pendant au moins deux
secondes. Les installations doivent donc être munies de brûleurs
auxiliaires au gaz ou au gazole qui servent soit au démarrage du four,
soit lorsque la température tombe en dessous de 850°.
Les installations sont de tailles extrêmement variables qui peuvent aller
de 50 tonnes à plus de 1.000 tonnes par jour, soit entre 2 et 50
(voire 80) tonnes/heure. Dans le cas de ces très grands tonnages, les
installations sont divisées en ligne. Chaque ligne correspondant
à un four. Les évaluations les plus courantes sont données
en capacité (en tonnage), par heure ou par an. Une capacité
exprimée en tonnes/an est égale à la capacité en
tonnes/heure x 7500 heures/an (exemple : 6 tonnes/heure = 45.000
tonnes/an).
Les technologies habituelles sont celles du
four à grille
ou du
four tournant
. Dans le four à grille, les déchets
sont introduits dans le four et brûlés pendant une durée de
deux à trois heures à une température de 750°
à 1000°. On utilise une grille pour permettre le passage de l'air
à travers la couche en ignition. Les technologies diffèrent selon
la grille (grille fixe ou mobile), le mélange des déchets et de
l'air pour parvenir à une meilleure combustion (injection
latérale d'air...), et, par conséquent, la production
d'imbrûlés et de cendres.
On utilise les fours tournants, notamment pour les déchets industriels.
Les métaux détérioreraient la grille en fondant, et les
déchets sont donc introduits dans un four tournant avec une
aération longitudinale, ce qui permet d'optimiser les mélanges
(déchets/air), et des températures supérieures
(1.200°).
2. L'incinération, mode majeur de traitement des déchets
a) L'importance de l'incinération dans le traitement des ordures ménagères
40 % des ordures ménagères ont
été
incinérés en 1995, contre 48 % mises en décharges. Il
s'agit donc du second mode de traitement des ordures ménagères,
après la mise en décharge. Quelque soit l'évolution du
mode de traitement, l'incinération conservera une place majeure dans les
procédés de traitement. En raison de l'histoire (il faut partir
de ce qui existe, et le parc existe, même s'il doit être
restructuré), de son adaptation à traiter certains gisements
(gros gisements urbains), ou certains produits (petits déchets
ménagers souillés, résidus de bois, de peintures...), de
sa technique éprouvée de récupération de
l'énergie (qui peut encore être étendue à de
nouveaux sites), et surtout, parce que la mise en décharge cessera dans
moins de trois ans d'être un mode de gestion des déchets, alors
que dans le même temps, la masse des déchets à traiter
continuera à progresser. Ce phénomène est
général en Europe. Selon une étude britannique, 57 %
des opérateurs s'attendent à voir leurs capacités
augmenter dans les sept ans à venir (horizon 2005), 27 % pensent
qu'elles seront constantes, 18 % seulement qu'elles diminueront.
A l'inverse, l'augmentation des coûts, les risques de pollution, les
problèmes posés par les résidus, et surtout l'acceptation
sociale, peuvent freiner ce mouvement. Ces différents
éléments peuvent se résumer comme suit.
Encadré n° 13
Avantages et inconvénients de l'incinération
|
|
AVANTAGES |
INCONVÉNIENTS |
|
|
Réduction des volumes de 90 % |
Cendres, résidus polluants |
Rapidité de traitement |
Problème des seuils de rentabilité pour les petites unités |
Pas de prétraitement |
Production d'énergie électrique peu efficace dans la plupart des cas |
Adaptation aux gros gisements |
Investissements élevés |
Ne produit pas de méthane |
Coûts de fonctionnement en forte croissance |
Possibilité de récupérer et valoriser l'énergie (économie d'énergie possible) |
Empêche toute inflexion de la politique des déchets |
Possibilité de récupérer les métaux |
Oppositions sociales croissantes |
Garantie de long terme |
|
b) État du parc d'incinération
La France compte 303 unités traitant 11,4 millions de tonnes de déchets. 70 % sont à faible capacité (inférieure à 3 tonnes/heure, soit 22.500 tonnes/an). Le quart des incinérateurs traite plus des trois quarts des déchets traités en incinération. Près des trois quarts de l'ensemble du parc ne disposent pas de récupération d'énergie.
Le parc d'incinérateurs (1997) |
|||||
|
1 t/h |
entre 1 et 3 t/h |
entre 3 et 6 t/h |
6 t/h |
Total |
Avec récupération d'énergie |
4 |
13 |
20 |
42 |
79 |
Sans récupération d'énergie |
135 |
62 |
15 |
10 |
224 |
Total |
139 |
75 |
35 |
54 |
303 |
Source : ministère de l'Environnement |
La
France fait partie du peloton de tête des pays équipés en
incinérateurs, mais, contrairement aux idées reçues, n'est
pas
leader
. Elle est derrière la Suède (45 %), le
Danemark (56 %), la Suisse (60 %), et surtout le Japon, où
l'incinération (faute de place pour les décharges) est le mode
ultra dominant du traitement des déchets (75 % des déchets
sont incinérés, dans près de 800 unités).
On compte également 22 cimenteries (sur un total de 42) utilisant des
déchets comme combustible de substitution.
Encadré n° 14
La
co-incinération en cimenterie
___
On
parle de co-incinération lorsque les déchets sont
incinérés avec d'autres matériaux. C'est notamment le cas
des sidérurgistes et surtout des cimenteries qui sont de très
gros consommateurs d'énergie.
La production de ciment consiste à chauffer à haute
température (1.450°, ce qui exige une flamme à 2000°)
des matières broyées composées principalement de calcaire,
d'argile et de schistes pour obtenir un
clinker
. Le
clinker
est
ensuite mélangé avec du gypse pour faire du ciment.
Les cimenteries ont d'abord utilisé massivement le charbon comme source
d'énergie, puis se sont tournées vers des combustibles de
substitution susceptibles de dégager une énergie thermique
comparable.
Les déchets sont utilisés comme combustible de substitution
depuis une douzaine d'années, et leur importance ne fait que
croître. Les déchets utilisés sont surtout les huiles
usées, les pneus usagés et, dans une moindre mesure, les
résidus de bois, de boues de curage, de plastique... Les composés
organiques sont détruits par la combustion, et les métaux sont
fixés et intégrés au
clinker
.
La part des déchets dans le combustible de cimenterie ne cesse de
progresser : 1 % en 1985, 5 % en 1989, 10 % en 1992 et
près de 20 % en 1997 (+ 7 points en deux ans). 50 % des
déchets utilisés sont constitués d'huile et de pneus
usagés, non seulement à cause de leur très haut pouvoir
calorifique, mais aussi à cause de la régularité de la
matière et de l'approvisionnement, éléments importants
dans les choix industriels.
A noter que la répartition entre sources d'énergie est
extrêmement variable selon les années et même les mois. Il y
a en permanence un examen comparatif des coûts de chaque source
potentielle, charbon, gaz, coke de pétrole... et les choix se font en
conséquence.
Sur les quarante-deux cimenteries françaises, vingt-deux brûlent
des déchets.
3. Les nouvelles techniques d'incinération. l'incinération en four à " lit fluidisé "
a) Présentation
Le principe
Le principe de la technique dite du " lit fluidisé " est
d'effectuer la combustion des produits solides dans un lit de matériaux
inertes mis en suspension par une injection d'air chaud. Il s'agit, le plus
souvent, d'un mélange de sable auquel on ajoute une petite fraction de
déchets (5%) qui forment la base du " lit ". L'ensemble est
rendu fluide par injection d'air (vertical, horizontal, à la base ou en
parois du four...). La technique du lit fluidisé a été
mise au point pour brûler le charbon. Elle a été
adaptée depuis quelques années au traitement des déchets
ménagers.
Même si plusieurs techniques sont proposées, le principe est le
même. Le lit fluidisé peut être concentré à la
base du four (lit fluidisé dense), ou être réparti dans
l'ensemble de la chambre de combustion. Les déchets sont ajoutés
progressivement et versés dans la chambre à mi hauteur. Sous
l'effet de la turbulence et de la chaleur, les déchets se
séparent en deux fractions ; une, solide, qui se consume d'autant
mieux que le lit est fluide, et l'autre, gazeuse, dont une partie se consume
également grâce à l'apport d'air. Dans la plupart des cas,
les déchets doivent cependant être préalablement
triés (élimination des éléments lourds par
séparateurs aérauliques), déferraillés (par
séparateurs magnétiques), broyés (pour parvenir à
une certaine granulométrie, variable selon les techniques), avant
injection dans le four. Une fois la combustion opérée, les gaz et
les particules minérales sont évacuées en partie haute,
puis traitées (récupération des gaz de combustion en
chaudières et traitement des fumées).
Les techniques
Il existe trois techniques différentes.
Le four à " lit fluidisé dense ".
Dans
cette technique, les particules minérales et l'air sont injectés
à la base du four. Le mélange avec les déchets,
préalablement broyés avec une granulométrie de
150 mm, est concentré en partie inférieure. Les
déchets sont portés à 700°. La combustion est
très bonne. Il s'agit de la technologie la plus simple techniquement,
adaptée à des installations de petites capacités (2
à 10 tonnes/heure), et à une large gamme de déchets
(après broyage), avec une plage de PCI comprise entre 1500 kcal/kg
et 6000 kcal/kg.
Cette technologie est notamment développée par la
société TMC (four dit " L4F "). Elle a
été choisie par les SITCOM de Mantes-la-Jolie et Doulens.
Le four à " lit fluidisé rotatif ".
Le
principe est le même que dans le cas précédent, avec deux
modifications. D'une part, à la différence du
procédé classique où l'air suit un mouvement ascendant, le
lit fluidisé rotatif opère avec des injections d'air
latérales réparties sur la hauteur du four. L'écart de
densité du lit entre la zone centrale et les zones extérieures
crée des mouvement rotatifs. D'autre part, la géométrie du
four présente une sorte de goulot d'étranglement en son milieu
qui accélère la circulation du lit. Ces deux modifications
permettent d'avoir un meilleur brassage et, par conséquent, une
meilleure combustion. La température de combustion est d'ailleurs un peu
plus faible que dans le four classique de l'ordre de 650 à 700°.
Cette technique est spécialement adaptée aux déchets. Tous
les types de déchets peuvent être traités (ordures
ménagères, déchets industriels banals, boues,
pneumatiques...). Le déferraillage et le broyage sont moins exigeants
(la préparation est ramenée à une granulométrie de
300 mm). En revanche, les performances concernant les gaz polluants sont
moins bonnes, et l'économie sur le prétraitement des
déchets est compensée par une dépense plus importante sur
le traitement des gaz.
Cette technique est notamment développée par la
société ABT. Elle a été mise en oeuvre au Japon et
dans plusieurs pays d'Europe, et a été choisie par les SITCOM de
Gien et de Mulhouse.
Le four à " lit fluidisé circulant ".
Ce
troisième procédé, dit aussi " lit ascendant "
présente deux caractéristiques. D'une part, l'injection d'air
à la base du four se fait à une vitesse supérieure, de
façon à ce que les particules soient en suspension sur l'ensemble
de la hauteur du four. D'autre part, les particules de sable (auxquelles est
ajoutée une injection de calcaire -carbonate de calcium- afin de traiter
en même temps le SO
2
et le HCl) qui sont
évacuées avec les gaz de combustion en partie haute du four, sont
récupérées dans un cyclone, puis réinjectées
dans le foyer de combustion jusqu'à ce que tous les déchets
soient brûlés. Cette technologie nécessite un
déferraillage et un broyage fin (50 à 100 mm), ainsi qu'une
extraction du verre (pour limiter l'érosion) et une température
élevée (850°). Elle est adaptée aux installations
d'assez forte capacité (10 à 15 tonnes/heure). Le rendement est
cependant élevé avec une bonne production
d'électricité, et il y a peu de mâchefers (10 %) et
d'imbrûlés (3 %).
Cette technologie est notamment développée par la
société CNIM (procédé dit
"
Pyroflow
"). Les réalisations sont surtout à
l'étranger, notamment à Londres (trois usines pour une
capacité de 480.000 tonnes/an).
b) Appréciation
Les avantages
Par rapport à la technique traditionnelle des fours à grille, les
fours à lits fluidisés présentent un certain nombre
d'avantages.
Les
coûts
d'entretien et de maintenance sont
réduits
(il n'y a pas de démontage et d'entretien des
grilles, les températures sont plus faibles).
Les
gammes
de produits traités sont
plus larges
. La
combustion est définie par la règle des
" trois T " : température, turbulence, temps de
réponse. Le lit fluidisé a sur chacun un avantage. La turbulence
est au fondement même du procédé, la température et
le temps de réponse sont inférieurs.
Le lit fluidisé accepte aussi une
humidité plus
élevée
, ce qui est intéressant pour le traitement des
boues. Il est également intéressant pour les déchets
spéciaux, les déchets industriels banals et les déchets
hospitaliers. Il prend en charge des déchets dans une fourchette plus
large de PCI de 1500 à 3500 kcal/kg, contre un maximum de 2500 à
2800 kcal/kg pour un four à grille.
Le
rendement
énergétique est
meilleur
.
Grâce au mélange de sable et d'air pulsé, les
températures sont homogènes, la combustion est meilleure,
malgré des températures inférieures à celles
requises par l'incinération en four à grille (de l'ordre de 650
à 800° selon les techniques contre 1100 à 1200° en four
à grille), les taux d'imbrûlés sont réduits, la
récupération d'énergie est supérieure (de l'ordre
de 85 à 90 % au lieu de 70 % environ), la qualité des
gaz de combustion est améliorée (avec une diminution de
production d'oxydes d'azote de moitié -environ
200 mg/Nm
3
comparés aux 300 à 400
mg/Nm
3
observés en four à grille).
Les
sous-produits
sont différents, avec une diminution
sensible des mâchefers. Alors que 90 % des résidus d'une
incinération à grille sont constitués de mâchefers,
cette proportion tombe à 40 % dans le cas de fours à lit
fluidisé. Le mâchefer est, en outre, de meilleure qualité.
Tandis que le mâchefer issu du four à grille subit un traitement
de plusieurs semaines (tri et maturation), avant d'être
éventuellement valorisé en sous-couches de revêtement
routier, les mâchefers issus des lits fluidisés ne demandent pas
de maturation.
Interrogations et limites
On observera, tout d'abord, que le " retour d'expérience " est
encore limité, et que si les projets et les débuts de
réalisation sont nombreux, les unités en fonctionnement sont
encore rares. Seul le suivi de ces opérations permettra de tirer
les enseignements nécessaires sur la tenue industrielle de ces
équipements
.
Aujourd'hui, la seule certitude concerne le
coût d'investissements, supérieur de 10 à 20 %
à un four à grilles.
Le problème principal concerne les sous-produits obtenus. Dans une
incinération en four à grille, 90 % à 95 % des
résidus sont des mâchefers (soit 220 à 230 kg/tonne) et 5
à 10 % des REFIOM (20 à 30 kg/tonne). Dans une
incinération à lit fluidisé, le taux d'envol est
très supérieur, et la répartition entre mâchefers et
cendres volantes est de 40 / 60 %. Ainsi, les sous-produits
d'incinération en lit fluidisé ont des caractéristiques
très différentes de celles de l'incinération classique.
Pour encourager le développement des fours à lits
fluidisés pour l'incinération des déchets ménagers,
le ministère de l'Environnement avait établi à titre
provisoire des règles de classification dérogatoires facilitant
les utilisations des résidus d'incinération de déchets
ménagers en four à lit fluidisé
49(
*
)
. Ces règles distinguaient d'une part les
cendres sous foyer et les résidus de l'épuration des gaz,
considérés comme des mâchefers et des REFIOM identiques
à ceux de l'incinération sous grille et devant donc être
traitées et utilisées dans les mêmes conditions
(stabilisation avant enfouissement en centre de stockage ou valorisation), et
d'autre part les
résidus intermédiaires
pour
lesquels un régime particulier avait été adopté.
Ces résidus sont les cendres sous chaudière et les cendres de
pré-dépoussiérage, filtrés en sortie haute du four
(les cendres sont très importantes dans la technique du four à
lit circulant). Contrairement au régime normal des fours à
grille, il était convenu que ces résidus ne soient pas mis
automatiquement en décharge de classe I, mais puissent être
considérés comme des produits spécifiques qui
obéissent à des contrôles spécifiques : analyse
des teneurs en métaux lourds, test de lixiviation. Ce n'est qu'au vu des
résultats que ces résidus étaient dirigés sur
trois voies : classe I, classe II, ou valorisation.
Aussi, tandis que les cendres volantes produites par les fours à grille
ou les fours de thermolyse- devaient aller en classe I, la destination des
cendres volantes produites par les lits fluidisés était ouverte,.
Cette initiative, heureuse pour les lits fluidisés, pénalisait
les autres procédés et a été attaquée puis
annulée fin 1998. Les fumées et résidus de fours à
lits fluidisés obéissent désormais aux mêmes
règles que les autres. Il s'agit certainement d'un coup dur pour cette
technique, mais cette expérience pourrit être mise à profit
pour l'avenir. Si un régime dérogatoire n'est en effet pas
justifié et pas défendable, comme l'observe
M. Jean-Claude Oppeneau, conseiller à l'ADEME,
"
il
serait souhaitable d'éviter de qualifier de " déchets "
tout ce qui reste à l'issue d'un procédé de
traitement ; il faut chercher davantage à les classer en fonction
de leur toxicité, de leur potentiel de lixiviation et de l'utilisation
qu'on pourra en faire
"
.
B. L'APPROCHE ENVIRONNEMENTALE
La
sensibilité croissante des populations aux questions environnementales
est devenue extrême lorsqu'il s'est agit de l'incinération des
ordures ménagères, jugée en partie responsable de
l'émission de polluants dangereux, dont la fameuse
" dioxine ".
" Alerte à la dioxine "
,
" La dioxine tue "
pouvait-on lire dans la presse, accablant
au passage les incinérateurs "
tueurs "
ou
"
cancérigènes
". Avec beaucoup d'excès,
d'injustice et de méconnaissance. Mais le mal était fait.
L'incinération est même un mot tabou dans certains pays
50(
*
)
, et la dioxine, après l'" effet de
serre ", paraît être devenue le symbole de la pollution de la
fin du siècle.
Il paraît nécessaire de faire le point sur cette question qui a
largement dépassé le niveau technique pour devenir, à elle
seule, un débat de société, tant les passions ont
été et peuvent être fortes à ce sujet.
1. Présentation
a) L'évolution politique
Pendant
plus d'un demi-siècle, l'incinération a parfaitement rempli la
principale fonction, et souvent la seule, qui lui était
assignée : éliminer les déchets. Sans qu'on se pose
de questions sur les conséquences éventuelles et l'impact sur
l'environnement.
Des fumées ? Il fallait bien
brûler ! Des odeurs ? Normal, avec les déchets !
Des risques ? Quels risques !
Tout a basculé au milieu des années soixante-dix avec
l'émergence d'une prise de conscience environnementale (premières
réglementations, premières limitations d'émission de
poussières...) et, surtout, l'accident survenu en 1976 à Seveso
(Italie), à la suite de l'emballement d'un réacteur produisant un
gaz chloré fortement toxique (deux kilogrammes de dioxines furent alors
libérés dans l'atmosphère, alors qu'un gramme suffit
à saturer la population de la planète pour un jour). Une nouvelle
accélération intervient à la fin des années
quatre-vingt lorsqu'on s'aperçut qu'un lait, aux Pays-Bas, était
chargé en dioxine. Ce lait provenait d'un élevage situé
à proximité d'un incinérateur...
Comme on le verra, la dioxine fait partie des composés chlorés
organiques, c'est-à-dire de molécules organiques
(composées de carbone, d'hydrogène, d'oxygène et d'azote)
qui contiennent aussi plusieurs atomes de chlore.
Inutile de bannir le chlore d'une façon générale. Le
chlore a deux images : le sel génère le chlore, toutes les
combustions depuis le feu de bois jusqu'à la métallurgie
génèrent du chlore, un cinquième des médicaments
consommés dans le monde contient du chlore, nous épurons l'eau
à l'aide de chlore... Mais il est aussi tout à fait certain que
le chlore a des applications moins " bienveillantes " ou utiles.
Les études toxicologiques ont montré les risques encourus,
périodiquement revus à la hausse. Les mesures ont montré
la responsabilité -non exclusive, mais importante- des
incinérateurs dans les émissions ainsi que les retards manifestes
d'un grand nombre d'incinérateurs anciens dans le traitement des
dioxines. Tout cela était plus que suffisant pour bloquer toute nouvelle
initiative, et handicaper toute nouvelle proposition.
Même si les fumées peuvent être traitées, et
même si les nouveaux incinérateurs sont parfaitement conformes aux
exigences du moment, l'incinérateur souffre d'une image dont il ne
sortira pas facilement. Même s'il ne s'agit plus seulement d'un
débat technique, cette évolution sociale doit être
considérée.
b) Les émissions et résidus d'incinération
L'incinération décompose la matière
à
travers l'oxydation, et réduit le volume des déchets dans une
proportion de 90 %. En brûlant, l'incinération dégage
cinq types d'émissions :
de l'eau,
des gaz (CO, CO
2
, NOx, SO
2
, HCl),
de la poussière minérale (cendres),
des métaux lourds (plomb, cuivre, mercure, cadmium, nickel,
arsenic),
des molécules organiques (carbone...).
Ces émissions peuvent être traitées par des mesures
spécifiques
51(
*
)
, mais il n'en demeure
pas moins que nombre d'entre elles présentent un potentiel toxique pour
les hommes et l'environnement. Les problèmes sont cependant
différents selon les polluants.
L'incinération génère naturellement du
gaz
carbonique
(CO
2
), issu de la combustion des résidus de
végétaux, de bois, de plastique, de papier..., et surtout de
l'injection d'air. Il faut un excès d'air pour brûler à
haute température, et une tonne de déchets
incinérés génère 5.000 m
3
de
fumées et de CO
2
. On peut régler les quantités
de CO
2
en réglant les débits d'air et la
qualité de la combustion, mais on ne peut capter le CO
2
qui
est le stade final de la décomposition de la matière organique.
Hélas, le CO
2
est l'un des principaux facteurs concourant
à l'effet de serre.
Mais, d'une part, la part de l'incinération dans les émissions de
CO
2
paraît cependant négligeable par comparaison
à d'autres sources (automobiles, activités industrielles,
chauffage et combustion du charbon), d'autre part, plusieurs études ont
montré que la mise en décharge dégageait davantage
d'" équivalent CO
2
" que l'incinération.
Selon une étude Novergie, la quantité totale d'équivalent
CO
2
d'une tonne de déchets mis en décharge est de
3.491 kg contre 972 kg lorsque les déchets sont incinérés,
soit 3,6 fois plus. D'autres études, britanniques notamment, conduisent
aux mêmes conclusions (UK, Royal Commission of Environmental Pollution,
1993). Sans parler des comparaisons par rapport aux autres sources
d'émission. Selon Novergie, "
sur la base de la
réglementation prévue pour 2002, l'utilisateur d'une
véhicule automobile produira 600 fois plus de CO, 200 fois plus de
CO
2
, que le gaz produit par une UIOM
".
Les NOx
. L'appellation d'oxyde d'azote s'applique
généralement au monoxyde d'azote (NO), appelé aussi oxyde
nitreux, et au dioxyde d'azote (NO
2
). Il existe aussi plusieurs
autres gaz de même famille. Mais seuls les NO et NO
2
sont
couramment désignés sous la formulation abrégée
NOx. Le NOx, en particulier, est un liquide et un gaz irritant. Présent
en grande quantité dans l'atmosphère, il donne une coloration
brunâtre aux masses d'air qui recouvrent les zones urbanisées et
contribuent aux " pluies acides ". L'incinération
génère des doses de NOx très faibles par comparaison
à d'autres sources (automobile notamment). Elles peuvent
également être limitées en abaissant les
températures, et par adjonction d'ammoniaque, qui, en présence de
catalyseurs, réagit avec les NOx et les réduit On
considère que la part des incinérateurs dans l'ensemble des
émissions anthropiques françaises est de 1%.
Jusqu'en 1999, aucune norme n'était fixée concernant les rejets
de NOx. La proposition de directive européenne sur les
incinérateurs a inclus une limite de 200ng/m
3
. Si cette
mesure est adoptée, l'augmentation des coûts d'incinération
sera importante (voir ci après),
Les métaux lourds
. La plupart des métaux lourds ne
peuvent être détruits par la combustion, et se retrouvent, par
conséquent, dans les résidus. Pour réduire leur influence,
la meilleure solution est de les éliminer en amont, avant
incinération. D'où l'intérêt, et même la
nécessité, de collecter séparément les piles et
batteries par exemple. A défaut, les métaux lourds sont
captés par filtres successifs à l'issue de l'incinération.
On distingue trois grandes catégories :
les métaux lourds
toxiques
, tels que le mercure (Hg), le
Cadmium (Cd), le chrome (Cr), le plomb (Pb) ;
les métaux
moyennement toxiques
, tels que le cuivre (Cu),
le nickel (Ni). Ils sont moins toxiques que les précédents, mais
ont un effet catalyseur, en particulier pour la post formation de dioxine dans
les effluents gazeux ;
les métaux
faiblement toxiques
, tels que le fer (Fe) ou
l'aluminium (Al).
Les problèmes posés par les métaux devraient diminuer
à l'avenir, à la fois par un meilleur tri en amont (collecte
sélective des piles, des emballages acier et aluminium), et par une
diminution du gisement toxique (disparition du mercure dans les piles,
disparition annoncée du mercure dans les thermomètres,
disparition progressive des tuyaux et canalisations en plomb).
Reste le cas des dioxines et furanes, moins problématique (car les
traitements sont aujourd'hui assurés) qu'emblématique, tant la
fixation est forte et les passions sont exacerbées.
c) Les normes
En vingt
ans, l'évolution des attitudes et, par conséquent, des normes sur
les rejets gazeux des UIOM a été spectaculaire.
En 1972, une loi limitait l'émission de poussières. En 1986, la
réglementation introduit des seuils pour l'acide chlorhydrique (HCl) et
les métaux lourds. La réglementation s'accélère
à partir des années quatre-vingt-dix, sous l'impulsion
européenne. Une première directive de 1989, transposée en
1991, réduit les seuils pour les poussières, les HCl et les
métaux lourds, et impose un nouveau seuil sur l'anhydride sulfureux
(SO
2
). Une seconde directive, alors applicable uniquement aux usines
d'incinération traitant les déchets industriels, réduit
à nouveau ces seuils, et impose un nouveau seuil sur les dioxines et
furanes. Cette réglementation s'étendra prochainement aux IUOM,
avec, en outre, un nouveau seuil sur les NOx.
La proposition de directive
52(
*
)
du Conseil sur
l'incinération des déchets, a été adoptée
par la Commission en décembre 1998. Elle a été soumise
pour avis au Comité des régions au printemps, et devrait
être adoptée par le Conseil avant la fin de l'année.
Ainsi, en 1986, 1991, 1996, 1999, chaque nouvelle réglementation
entraîne un rehaussement des seuils antérieurs, et ajoute un
nouveau seuil sur un autre polluant. Novergie a ainsi calculé
l'incidence que représentait les normes de la future directive
européenne par rapport à la réglementation de 1972
(première limitation sur les poussières). L'évolution est
considérable : la future norme européenne représente
une diminution des poussières et polluants de :
|
98,0 % |
pour les poussières |
|
99,0 % |
pour l'acide chlorhydrique (HCl) |
|
95,0 % |
pour les acides fluorhydrique (HF) |
|
83,0 % |
pour l'anhydride sulfureux (SO 2 ) |
|
99,5 % |
pour les métaux lourds non volatiles |
|
96,5 % |
pour les métaux lourds volatiles |
|
99,0 % |
pour la dioxine |
2. Les dioxines
a) Aspects techniques
Composition
Les dioxines sont des composés organiques chlorés qui se forment
dans toute combustion. Il s'agit d'une famille de 210 éléments
caractérisés par le nombre d'atomes de chlore (de 1 à 8
atomes de chlore), et la position qu'ils occupent dans la molécule. On
distingue deux sous groupes : les dioxines proprement dites :
dibenzo-dioxines polychlorés ou polychlorodibenzo-dioxines (PCDD), et
les furanes : dibenzo-furanes polychlorés ou
polychlorodibenzo-furanes (PCDF). Parmi ces 210 composés, dix-sept sont
reconnus comme toxiques, dont le plus connu est le tetrachlorodibenzo-dioxine
(2, 3, 7, 8 TCDD), la dioxine de Seveso. Toutes les
congénères toxiques comportent au moins quatre atomes de chlore
occupant ces positions (2, 3, 7, 8). Leur toxicité est variable, et
mesurée par rapport à la plus toxique le
2, 3, 7, 8 TCDD, affectée d'un coefficient 1. Les seize
autres sont affectées de coefficients variant de 0,001 à 0,5. La
concentration totale est mesurée en " équivalents
toxiques ", et obtenue en additionnant les différents facteurs.
Ces substances sont présentes dans le sol et l'air, mais elles sont
aussi produites au cours d'un processus industriel, et en cours de combustion
d'origine naturelle (volcans, feux de forêt) ou volontaire, mettant en
présence du chlore et des substances organiques.
Les dioxines seraient, dans un premier temps, détruites à haute
température, puis se reformeraient dans la phase de refroidissement
(- 500°), aidées par la présence de certains
métaux, notamment le cuivre.
Toxicité. Épidémiologie
Les dioxines ont pour particularité d'être peu
biodégradables, et d'être fortement lyophiles, c'est-à-dire
solubles dans les solvants et les graisses. Elles se concentrent, par
conséquent, dans la chaîne alimentaire et chez l'homme, en
particulier dans le lait animal et le lait maternel.
Par ailleurs, la toxicité de ces composés se traduit par des
effets cutanés et des atteintes hépatiques. En 1974, la dioxine
la plus toxique a été reconnue comme cancérogène
pour l'homme par le Centre international de recherche sur le cancer,
dépendant de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS). La
dioxine TCDD serait un facteur d'accroissement des risques
53(
*
)
de 40 % après plus de 15 à 20 ans
d'exposition. Les risques sont périodiquement
réévalués. Ainsi, en 1990, les experts de l'OMS avaient
fixé la dose journalière admissible de TCDD à 10
picogrammes par kilogramme de poids. En 1998, cette dose a été
ramenée entre 1 et 4 picogrammes
54(
*
)
.
La cancérogénéité des autres dioxines n'a pu
être formellement établie.
Mesures et inventaires
Tout d'abord, une concentration des dioxines dans l'air ambiant (les sols, la
végétation, le lait) a été mise en évidence
à proximité d'incinérateurs de déchets ou
d'installations industrielles. Même si ce constat pourrait laisser penser
qu'il y a un lien direct entre ces installations et la concentration, une
approche scientifique incite à une certaine prudence, dans la mesure
où les dioxines présentes sous forme gazeuse ou absorbées
sur des particules de très petite taille, sont susceptibles d'être
transportées à longue distance, et peuvent être
modifiées par des réactions chimiques se produisant sur les sols.
Ainsi, est-il difficile d'établir un lien incontestable entre source
d'émission et niveaux de pollution constatés.
Ensuite, un inventaire des émissions atmosphériques a
été réalisé. Il existe deux sources industrielles
majoritaires : l'incinération des déchets et
l'agglomération de minerai de fer (sidérurgie,
métallurgie...) qui sont à l'origine d'au moins 50 % des
émissions. Selon certains inventaires, la part des incinérateurs
serait de l'ordre de 30 à 40 %. A noter que la combustion
résidentielle de bois serait également une source importante qui
pourrait atteindre 17 %.
85 % des dioxines émises par les incinérateurs se trouvent
dans les résidus d'épuration des gaz (cendres volantes). Le reste
était dans les fumées (10 %) et dans les mâchefers
(5 %).
A noter toutefois que, depuis les contrôles et les préventions,
tant la contribution des incinérateurs aux rejets de dioxines, que les
doses de dioxines absorbées chez les humains, ont baissé depuis
cinq ans
55(
*
)
.
b) Les normes
La réglementation sur les HCl
La combustion du chlore présent dans les déchets (sel de cuisine,
PVC
56(
*
)
...) entraîne le dégagement
d'acide chlorhydrique (HCl). La présence d'HCl n'est pas néfaste
en soi. Dans ce domaine, tout est une question de mesure selon la formule
" le poison, c'est la dose ".
57(
*
)
En
sortie de four, la concentration d'HCl est comprise entre 700 et 1.200
mg/Nm
3
( montant variable selon la présence ou non de PVC).
L'arrêté du 25 janvier 1991 relatif aux usines
d'incinération fixe des normes d'émission d'HCl en fonction de la
capacité de l'incinérateur
58(
*
)
.
Ces normes s'appliquent aux nouvelles installations. Les anciennes disposent
d'un délai pour se mettre en conformité
59(
*
)
.
La réglementation sur la dioxine
Dans ce contexte alarmiste, la plupart des pays et l'Union européenne
ont décidé de réduire les émissions de dioxines de
façon drastique. Dans le cinquième programme d'action de l'Union
européenne pour l'environnement, il est prévu de réduire
de 90 % les émissions de dioxine entre 1985 et 2005.
Dès lors que les principales sources d'émission susceptibles
d'être contrôlées sont les incinérateurs, les normes
ont porté sur ces derniers, avec une réduction drastique des
seuils tolérés. Un premier seuil a été fixé
à 10 nanogrammes
60(
*
)
(ng) de
dioxine par mètre cube de fumée. Le seuil actuel, par
référence et par anticipation à la future directive
européenne qui sera votée en 1999, est de 0,1 ng/m
3
.
Cette réglementation suscite plusieurs observations.
On
observera :
que la plupart des
normes
adoptées ou en cours d'adoption
en France et dans l'Union européenne sont directement
inspirées
des normes appliquées depuis de nombreuses
années par certains États membres, notamment l'
Allemagne
(ordonnance de novembre 1990) et les Pays-Bas (décret d'août
1989) ;
que l'apparition d'une
norme
générale
européenne sur la dioxine est en fait très
récente
,
puisqu'elle remonte à 1994. Elle ne concernait alors que les
incinérateurs de déchets spéciaux, mais sur le principe
élémentaire que
" l'important est ce qui sort, et non ce
qui entre "
, cette norme sera prochainement appliquée aux
déchets ménagers ;
que si le dossier dioxine est entendu -la future norme de 0,1
ng/m
3
est acquise-, l'interrogation majeure porte aujourd'hui sur
les futures normes sur les
oxydes d'azote
, dits NOx, dont les
coûts induits peuvent être très importants
61(
*
)
.
que, sur le strict
plan juridique
, les informations de presse
faisant état d'" infractions " et de " non respect des
normes d'émission de dioxines " sont souvent infondées,
puisque dans la plupart des cas, ces normes ne sont pas applicables aux
installations anciennes. En revanche, il est tout à fait certain que les
émissions révélées au cours des campagnes de
contrôle sont très supérieures aux futures normes
européennes -et, par conséquent françaises- et même
parfois alarmistes
62(
*
)
.
enfin, certain pays maintiennent une
avance technologique
dans les
traitements de fumées leur permettant d'obtenir des résultats
déjà nettement inférieurs aux
futures
normes
européennes, encore en discussion. Une usine d'incinération mise
en service en 1998 à Cologne (Allemagne) a un traitement des
fumées lui permettant d'atteindre 0,0001 ng/m
3
, soit mille
fois moins que la future norme européenne !
Encadré n° 15
La
réglementation des émissions de dioxine et NOx pour les usines
d'incinération
|
|
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|
TEXTES EUROPÉENS |
TEXTES FRANÇAIS |
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Directive UIOM du 8 juin 1989 |
Arrêté UIOM du 25 janvier 1989 |
Champ et objet : conditions d'exploitation des UIOM. Seuil de polluants. |
Transposition de la directive |
Normes dioxine : néant |
Normes dioxine : néant |
Normes NOx : néant |
Normes NOx : néant |
|
|
Directive UIDS du 16 décembre 1991 |
Arrêté UIDS du 10 octobre 1991 |
Champ et objet : conditions d'exploitation des UIOS. Seuils de polluants. |
Transposition directive UIOS Déchets industriels spéciaux |
Normes dioxine : 0,1 ng/m3 |
Normes dioxine : 0,1 ng/m3 |
Normes NOx : néant |
Normes NOx : néant |
|
|
|
Note : application de nouvelles normes étalées dans le temps : immédiat pour nouvelles installations, échéance 2000 pour installations existantes |
|
|
Proposition de directive UIOM |
Circulaire du 24 février 1997 |
Champ et objet : conditions d'exploitation UIOM. Seuils de polluants |
Champ et objet : anticipation directive pour nouvelles installations UIOM |
Normes dioxine : 0,1 ng/m3 |
Normes dioxine : 0,1 ng/m3 |
Normes NOx : 200 ng/m3 |
Normes NOx : néant |
|
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|
Circulaire (Environnement) UIOM du 30 mai 1997 |
|
Champ et objet : mesure des émissions de dioxine pour installations UIOM de plus de 6 tonnes/heure |
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|
|
Circulaire (Environnement) du 7 novembre 1997 |
|
Champ et objet : mesure des émissions de dioxine par les usines sidérurgie/métallurgie |
|
|
UIOM =
usine d'incinération des ordures ménagères
|
La campagne de mesures d'émission de
dioxine
63(
*
)
Cette campagne portait sur les soixante-et-onze installations de plus de 6
tonnes/heure qui traitent les deux tiers des déchets
incinérés, mais qui ne représentent que le quart des
usines totales.
Bilan du contrôle des mesures (fin 1996)
|
|
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|
Installations avec émission de dioxine 10
ng/m
3
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|
Installations avec émission de dioxine 0,1 ng/m 3 (future norme européenne) non précisé |
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Usines
contrôlées
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Installations avec émission de dioxine 10
ng/m
3
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Nombre
d'incinérateurs
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Résultats en attente ou installations non
testées
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Usines
non contrôlées
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Source : ministère de l'Environnement |
Ainsi,
si l'on garde l'hypothèse -vraisemblable- que les petites usines
d'incinération ne rentreraient pas dans le seuil de 10 ng/m
3
,
on peut, en 1998, estimer que plus de 85 % des usines françaises
avaient des doses de dioxine supérieures à cent fois la future
norme européenne. Seules 15 % avaient des émissions
comprises entre une et cent fois la future norme d'émission.
Avec de tels résultats, on comprend que l'incinération ait eu des
handicaps considérables, en termes d'image et d'acceptabilité.
Ces handicaps ne sont pas irréversibles
Il faut être parfaitement clair sur ce point :
les fumées peuvent être traitées (la mise aux normes
représente toutefois un coût important) ;
les nouveaux incinérateurs en construction ou en projet sont
parfaitement conformes aux futures normes.
Ainsi, sur une usine nouvelle génération, sans traitement
spécifique pour les dioxines, les réglages et conditions de
combustion permettent d'obtenir des émissions de dioxine de 1 à
10 ng/m
3
. Les traitements de fumées ramènent ces
émissions à 0,1 ng/m
3
.
C. ASPECTS ÉCONOMIQUES ET FINANCIERS
1. Les coûts
a) Présentation générale
Cette
partie, relative à l'économie du système de traitement des
ordures ménagères par incinération, sera hélas
sommaire, tant il et difficile et délicat de donner des
évaluations sur un dossier aussi sensible et, surtout, aussi
évolutif. Les chiffres qui suivent ne peuvent être que des
indications grossières
64(
*
)
. Tous les
services et instituts ont buté sur les mêmes
difficultés : les variations de prix sont très importantes,
selon l'ancienneté de l'usine, la technologie utilisée, les
revenus retirés de la valorisation énergétique, la nature
des déchets et, surtout, les normes environnementales appliquées.
L'évolution de ces dernières est un facteur déterminant
pour l'évolution des coûts.
On s'en tiendra donc à quelques axes. Mais la tendance est
incontestablement à l'augmentation des coûts
d'incinération. Notamment lorsque les coûts sont bas, comme ils le
sont en France. A titre d'information, on pourra rappeler cette comparaison
internationale, particulièrement édifiante :
Comparaison internationale du coût moyen d'incinération (francs/tonne) |
||||||
Suède |
Danemark |
France 1 |
Belgique |
Pays-Bas |
Allemagne |
Suisse |
250 |
400 |
410 |
620 |
630 |
1.210 |
1.220 |
1 Coût correspondant aux conditions d'exploitation en 1997. Le coût attendu est de 700 F. |
||||||
Source : Juniper Consultancy, UK, 1998, citée dans Laurent Bontoux, The incineration of waste in Europe : issues and perspectives , mars 1999 |
b) Les éléments du coût
Le
coût de l'incinération en investissements et en fonctionnement est
fonction :
du
dimensionnement
qui est calibré sur un gisement et un
pouvoir calorifique (PCI) des déchets entrants donné. Plus le
nombre de lignes est élevé, plus l'investissement est important.
Pour une même capacité globale, l'investissement est plus
élevé lorsque le nombre de lignes est important. Chaque ligne
supplémentaire représente un surcoût de 20 % (ainsi,
à capacité égale, le coût d'une incinération
à 3 lignes est égal à 1,2 fois le coût d'une
incinération à 2 lignes). L'incinération est
également qualifiée pour un PCI donné. Les investissements
sont proportionnels au PCI. Le dimensionnement est un élément
essentiel. La sous utilisation peut entraîner des augmentation de
coût importantes :
de la
réglementation
. Il s'agit là d'un point
capital. La nouvelle réglementation annoncée, et appliquée
par anticipation, entraîne une augmentation très sensible des
coûts. Trois éléments interviennent :
les investissements complémentaires pour les émissions de
dioxine,
les investissements complémentaires pour les émissions de
NOx,
une diminution des recettes énergétiques (de l'ordre de 5
à 10 %).
du
traitement des
fumées
;
de la
valorisation énergétique
;
de la
gestion des sous produits
(mâchefers et REFIOM) qu'il
faut stabiliser avant utilisation ou stockage en CET de classe I (pour les
REFIOM) ou II (pour les mâchefers), ou éventuellement
valorisation. Au sein de ce poste, la répartition est de 70 % pour
le traitement des REFIOM, 30 % pour le traitement des
mâchefers ;
les
recettes
qui sont issues de la valorisation
énergétique et de la vente des métaux
65(
*
)
.
A l'ensemble de ces coûts, qui représentent le coût de
l'incinération proprement dite, il faut ajouter les
coûts de
transport
, qui ne sont pas inclus parmi les coûts directs
d'incinération, mais qu'il faut prendre en compte pour apprécier
l'ensemble du coût.
c) Résultats
Évaluation générale des coûts de traitement. Les coûts sont très variables selon la taille et la capacité. En revanche, la répartition interne est à peu près constante. Ces deux éléments sont donnés dans les tableaux ci-après :
Coûts d'incinération (données sommaires) |
||||||
Capacité |
20.000 tonne/an |
40.000 tonne/an |
120.000 tonne/an |
|||
Nombre d'habitants |
70.000 |
150.000 |
300.000 |
|||
Coût du traitement |
750 / 900 F |
500 / 700 F |
450 / 500 F |
|||
Source : AMF/ADEME, étude SOFRES |
||||||
|
Fonction principale |
60 % |
||||
|
dont amortissement |
43 % |
||||
|
dont personnel |
10 % |
||||
|
|
|
||||
|
Traitement des fumées |
10 % |
||||
|
|
|
||||
|
Valorisation énergétique |
8 % |
||||
|
|
|
||||
|
Extraction des mâchefers |
2 % |
||||
|
|
|
||||
|
Gestion des sous produits |
20 % |
||||
|
|
|
||||
|
Coût brut |
100 % |
||||
|
|
|
||||
|
- Recettes |
- 10 % |
Les détails des coûts s'établissent comme suit 66( * ) :
Évaluation des coûts d'incinération (en francs/tonne) |
||||
Capacité (en tonnes) |
18.700 |
37.500 |
75.000 |
150.000 |
Investissements |
360 - 410 |
275 - 320 |
255 - 320 |
275 - 340 |
Fonctionnement fixe |
255 - 295 |
180 - 210 |
145 - 170 |
120 - 145 |
Fonctionnement variable |
115 - 120 |
100 - 105 |
90 - 100 |
110 - 115 |
Gestion des sous produits 1 |
110 - 120 |
110 - 120 |
100 - 110 |
80 - 85 |
Coût brut |
850- 940 |
675 - 750 |
600 - 670 |
585 - 680 |
- Recettes |
70 - 80 |
70 - 80 |
70 - 80 |
150 - 155 |
Coût net total |
780 - 860 |
605 - 670 |
530 - 590 |
435 - 525 |
1 Au sein de ce poste, le coût de traitement des REFIOM représente environ 70 % du coût total, et 30 % pour les mâchefers. |
||||
Source : étude SOFRES/AMF/ADEME |
2. Éléments de discussion
Les coûts d'incinération sont, en vérité, beaucoup plus variables que ces tableaux ne le laissent supposer. Un certain nombre d'éléments viennent s'ajouter aux hypothèses de base, perturbant les évolutions.
a) La vulnérabilité des coûts de traitement
L'incidence des normes environnementales
L'application de nouvelles normes d'émission (fumées, dioxines et
NOx) entraînera des modifications majeures pour les incinérateurs.
Selon le ministère de l'Environnement, pour une usine de capacité
de 100.000 tonnes par an, l'augmentation du coût global de
traitement lié au passage de la norme de 1989 à la norme de 1999,
est de
+ 14 %, avec la nouvelle norme dioxine, et de 27 %
avec la nouvelle norme dioxine + NOx
. Un éventuel
abaissement de cette dernière norme de 200 ng/m
3
à 80 ng/m
3
entraînerait une augmentation totale de
36 %. Selon l'étude SOFRES, le surcoût du dispositif
complémentaire de NOx à 200 ng pour une installation
neuve
en conformité avec la circulaire de 1997 (c'est-à-dire respectant
les 0,1 ng/m
3
d'émission de dioxine) est de 10 à
15 %.
Pour une usine de 50.000 tonnes, l'augmentation est de 41 % avec la
nouvelle norme dioxine, 64 % avec la nouvelle norme
dioxine + NOx, et serait de 73 % en cas d'abaissement du seuil
d'émission des NOx.
On estime que plus de la moitié des installations aujourd'hui en
fonctionnement devraient être fermées, soit environ 150. Ces
fermetures concernent notamment des unités petites ou anciennes qui ne
représentent toutefois qu'une capacité de 2 millions de tonnes.
On rappellera, à cet égard, que la campagne de mesures
décidée par le ministère de l'Environnement en 1997 ne
portait que sur les installations de plus de 6 tonnes/heure, tant le
coût d'une campagne d'évaluation (30.000 F), que la
quasi
certitude des résultats, ont été dissuasifs.
L'incidence du bon dimensionnement
Le dimensionnement d'une installation est calibré sur le long terme. Il
est fréquent qu'une UIOM soit sous utilisée lors des phases de
démarrage ou, par la suite, lorsque le gisement est inférieur
à celui attendu. Compte tenu de l'importance des coûts fixes,
notamment l'amortissement (40 à 45 % du coût total), la sous
utilisation entraîne une majoration des coûts de traitement. Selon
l'étude SOFRES/AMF/ADEME,
" une diminution de l'ordre de
10 % du taux d'utilisation entraîne une augmentation de 10 % du
coût net total "
.
Cette situation est d'autant plus regrettable que pour bénéficier
de coûts de traitement supposés inférieurs et sous
l'impulsion des constructeurs exploitants, les collectivités locales
sont parfois tentées de recourir aux grosses unités, qui
s'avèrent vite être en surcapacité. Celle ci est alors un
frein à la mise en place de collecte sélective qui a pour effet
de réduire les quantités traitées par
incinération.
b) Seuils de viabilité et effets d'échelle67( * )
Il
existe de très nombreux discours et évaluations sur les seuils de
viabilité, technique et financière, des UIOM. Nous avons pu lire
ou entendre pratiquement tous les chiffres compris entre 10.000 et
150.000 tonnes/an, avec un seuil, apparemment le plus discuté,
autour de 30 à 50.000 tonnes/an. Compte tenu des nombreux
paramètres à prendre en compte, il n'est naturellement pas
possible de trancher cette question sensible, mais on pourra, là encore,
donner quelques points de repère utiles.
Il y a, incontestablement, des effets d'échelle sur le coût
d'incinération. Ces effets concernent :
L'investissement.
En 1997 (avant l'application de la norme
dioxine), l'investissement était de 16 à 18 millions de francs la
tonne pour les grosses unités de plus de 100.000 tonnes/an et de
20 millions de francs par tonne pour les petites.
Le personnel.
On peut approcher le poste personnel à l'aide
le la formule suivante :
Salaire total (en milliers de francs/an) |
= |
1.250 + ( 30 x capacité annuelle en milliers de tonnes) |
Ce qui signifie qu'il y a un coût fixe invariable qui pénalise par conséquent les petites unités.
Exemples : |
|
|||||
|
Usine de 20.000 tonnes |
Salaire total = |
1.250 + (30 x 20) |
= 1.850 KF |
||
|
Usine de 100.000 tonnes |
Salaire total = |
1.250 + (30 x 100) |
= 4.250 KF |
Le
coût en personnel est 2,3 fois plus important dans la grand usine, pour
une capacité 5 fois plus grande.
Les recettes provenant de la valorisation énergétique et
la valorisation matière.
La valorisation thermique est plus facile
pour les petites unités (proximité supposée), mais les
grosses unités peuvent avoir un complément de recettes par la
vente d'électricité en ajoutant un turboalternateur
(co-génération de chaleur et d'électricité).
Dans le cas où l'on ne trouve pas de consommateur de chaleur, la seule
solution de valorisation réside dans la production
électrique ; en deçà d'une capacité de 30.000
tonnes/an environ, certaines techniques ne sont plus économiquement
accessibles, et l'on est alors conduit à adopter des solutions moins
performantes, conduisant à un très faible taux de valorisation.
La grosse usine atteindra assez systématiquement 80 à
100 F/tonne de recettes, alors que la petite ne peut espérer que 30
à 50 F, sauf situation locale. La valorisation matière (fer
et aluminium) est, quant à elle, peu accessible aux petites
unités.
Au total (investissements et fonctionnement), il était estimé
en 1997 que le coût décroît de 700 F à
400 F/tonne lorsque la capacité croît de 20.000 à
150.000 tonnes/an
. En outre, sauf conditions locales, la recette de petites
unités est notablement inférieure à celle des grandes.
Ainsi, les économies d'échelle ont-elles été mises
en évidence dans plusieurs situations possibles : le passage des
petites unités aux moyennes avec un point d'inflexion autour de 30
à 50.000 tonnes.
Le passage des grandes unités aux très grandes
unités
Source : N. Delaroche, Beture Environnement, Communication Euroform, juin
1997
Source : Royal Commission on Environmental pollution, 17
th
report, cité dans
Waste treatment and disposal
, 1998
L'incidence du transport
La réduction du coût de traitement dans les grosses unités
peut conduire les collectivités à se regrouper, à se
raccorder à une grande unité, de préférence
à une gestion de proximité plus onéreuse. Cet avantage
joue en particulier pour les petites collectivités.
Selon l'étude SOFRES/AMF/ADEME, le passage d'une UIOM de 18.500
tonnes/an à une UIOM de 75.000 tonnes permet une économie de
250 F par tonne de déchets incinérés. Ainsi, les
collectivités générant 18 à 20.000 tonnes
peuvent être incitées à se regrouper. De même,
passage d'une UIOM de 75.000 tonnes à une UIOM de 150.000 tonnes
permet une économie de 80 F/tonne incinérée. Ainsi,
deux collectivités générant 75.000 tonnes chacune
peuvent être incitées à se regrouper.
Ce raccordement impose cependant des frais de transport qui, bien qu'ils ne
soient pas directement incorporés parmi les frais d'incinération
proprement dits, seront à la charge du gestionnaire chargé de
l'élimination.
Sur le strict plan financier, la problématique " gestion de
proximité/raccordement éloignés " se résume en
une comparaison entre un gain lié à la taille de
l'incinération et un surcoût issu du coût du transport.
Plusieurs études ont montré l'importance déterminante des
coûts de transport. Naturellement, l'évolution des coûts de
différentiel de coût de transport doit se faire au cas par cas. En
fonction du tonnage, de la densité du territoire, des distances (ce
n'est pas la même chose de se raccorder à une usine qui se trouve
à 30 ou 50 km, que de se raccorder à une usine qui se trouve
à 200 ou 250 km), de l'évolution des déchets
traités
68(
*
)
, voire des modes de
transport. Le transport routier, solution
quasi
unique jusqu'à
ces dernières années, pourrait être entamé par le
transport fluvial (solution retenue à Compiègne, avec transport
fluvial sur l'Oise) ou le fer, apparemment moins coûteux
69(
*
)
.
Le très gros incinérateur de Cologne en Allemagne est
alimenté essentiellement par train. Les wagons sont munis de conteneurs
hermétiques qui se placent à 20 centimètres
près sur le quai de déchargement. Ils sont
déchargés automatiquement par un système de grues qui
accrochent le conteneur, et l'amènent par des rails jusqu'à
l'entrée de la cuve de réception (avant le four). Le conteneur
est placé devant un sas. Les déchets sont alors
évacués vers la cuve par un poussoir hydraulique. Le conteneur
est refermé et est repositionné sur le wagon. L'ensemble est
totalement automatisé. Il n'y a pratiquement aucun contact avec l'air et
pas un papier par terre...
L'autre élément déterminant dans le choix est de savoir
comment se fait la répartition des coûts entre communes. En
d'autres termes, si les communes ont le choix entre l'incinération au
centre du périmètre qu'elles forment, ou deux
incinérateurs répartis dans deux communes, les deux communes
choisies ont un gain de coût de transport, tandis que les autres ont une
perte, puisque leur coût de transport est encore plus élevé
que dans le cas initial. Il faut donc déterminer comment se fait le
partage du surcoût. Ce qui suppose une péréquation des
coûts de transport et des coûts de traitement.
Concernant le coût proprement dit, on retient généralement
le
ratio
1 F/tonne/kilomètre d'éloignement
70(
*
)
.
Un rapide calcul permet donc de définir certaines règles. En
termes financiers, le gain réalisé sur le coût du
traitement ne doit pas être annulé par la perte
réalisée sur les coûts de transport. Ainsi, sur la base de
un franc la tonne transportée, le gain de 100 F sur le coût
du traitement n'est valable que si la commune est située à moins
de cent kilomètres de l'incinérateur principal.
Un schéma très simple permet d'illustrer ces différentes
possibilités.
Le choix entre un ou deux incinérateurs |
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Hypothèse générale
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Hypothèse 1 |
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Hypothèse 2 |
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1 incinérateur |
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|
2 incinérateurs |
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B |
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A |
|
B |
|
A |
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C |
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D |
|
C |
|
D |
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Hypothèse 1 |
|
Hypothèse 2 |
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1 incinérateur au centre |
|
2 incinérateurs situés en A et en C |
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Coût : 500 F/tonne |
|
Coût : 600 F/tonne |
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Coût d'incinération
|
|
Coût d'incinération
|
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Coût du transport
|
|
Coût du transport
|
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|
|
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|
Coût total : 6,8 MF |
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|
Coût total : 6,8 MF |
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Source : OPECST |
Dans ce
cas, il y a égalité globale de coûts (en supposant qu'il y
ait péréquation entre communes). Mais :
si le coût d'incinération (petit incinérateur) est
supérieur à 600 F,
ou si le coût du transport est supérieur à 1
F/tonne/km,
ou si, pour un coût de traitement donné (+ 100 F/tonne
par rapport à l'incinérateur central), la distance est
supérieure à 50 km pour les deux communes B et D,
alors, la solution à deux incinérateurs est plus
intéressante.
D'autres techniques peuvent éviter les surcoûts constatés
aujourd'hui chez les petites unités. La technique de
l'incinération à lits fluidisés et, surtout la technique
de thermolyse peuvent être des solutions parfaitement adaptées
pour traiter les petits gisements, sans qu'il soit besoin de les raccrocher
à de gros gisements.
Cet élément financier est capital dans les choix. D'autres
éléments, non financiers, peuvent intervenir pour éviter
les transports systématiques de déchets, ou au contraire choisir
la voie de l'incinération centralisée, liés à la
géographie industrielle (présence ou non d'usines de traitement
des mâchefers, de cimenteries, de proximité des installations
d'incinération), l'emploi (les pertes en emplois routiers sont
compensées par les gains en emplois de proximité,
a
contrario
le choix du transport fluvial permet de soutenir ce secteur
fragile), l'environnement (nuisances diverses liées au transport des
déchets) et, bien sûr, l'évolution technique.
Nous pensons d'une façon générale, que
l'incinération doit être conçue et dimensionnée pour
le traitement des résidus lorsque tous les produits susceptibles
d'être valorisés en valorisation matière ont
été collectés et traités dans les filières
appropriées. Ce n'est qu'à la suite de ces opérations, que
les unités de traitement thermique (incinération ou thermolyse en
fonction des densités de population et du périmètre de
collecte) ont leur place dans la filière de traitement global des
déchets.
D. LES MODES DE VALORISATION LIÉS À L'INCINÉRATION
L'incinération génère trois types de
production :
de la
chaleur
et de la vapeur ;
des
mâchefers
, résidus solides de la combustion des
déchets, restant en sortie basse de four (on les appelle aussi les MIOM
-mâchefers d'incinération d'ordures
ménagères-) ;
des
poussières
, cendres volantes et résidus de
traitement des gaz, récupérés en sortie haute de four (on
les appelle les REFIOM -résidus de l'épuration des fumées
de l'incinération des ordures ménagères-).
Dans ces deux derniers cas, les quantités produites sont très
importantes : 1 tonne de déchets incinérés
génère 275 à 300 kg de mâchefers, 2 à
5 kg de REFIOM, soit, pour un peu plus de 10 millions de tonnes
incinérées, environ 3 millions de tonnes de mâchefers.
Chacun de ces éléments est susceptible d'être
valorisé.
1. La valorisation énergétique
a) Rappels
Contrairement aux allégations
répétées, martelées, l'incinération est un
système d'
élimination
des déchets. La valorisation
énergétique n'est qu'une
conséquence
possible
-souhaitable-, mais qui n'est pas systématique.
En 1997, 80 incinérateurs étaient équipés. On
observera ainsi que les trois quarts des incinérateurs, toutes tailles
confondues, ne disposent pas de récupération d'énergie, et
que, même parmi les incinérateurs les plus importants,
supérieurs à 3 tonnes/heure, seulement 72 % d'entre eux
étaient équipés, en 1997, de dispositifs de
récupération d'énergie. Il s'agit du plus mauvais
résultat de tous les pays d'Europe (à l'exception de la
Grèce et de l'Islande dont les résultats n'ont pas
été communiqués). Dans neuf pays sur quinze États
membres de l'Union européenne, 100 % des incinérateurs sont
équipés.
Ce retard français est peu explicable, et peu admissible.
D'où vient la valorisation énergétique ?
Dans ce domaine, l'évidence est trompeuse. On pourrait penser, en effet,
que la valorisation énergétique provient du simple fait que la
matière brûlée à haute température
génère une chaleur qui peut être
récupérée. D'autant plus que la matière
déchet a un pouvoir calorifique élevé. On mesure ce
pouvoir calorifique par le PCI
71(
*
)
. Le pouvoir
calorifique est en moyenne de 7.828 kJ/kg, soit 1.870 kcal/kg (on dit que le
PCI est de 1.870). L'équivalent énergétique d'une tonne
d'ordures ménagères correspond à environ 150 litres de
fuel.
En fait, le potentiel de récupération de chaleur provient moins
de la chaleur dégagée par le four, que du processus de
refroidissement des gaz. Les gaz, qui en chambre de combustion sont à
800/1100°, doivent être refroidis à 250/300° pour
être traités par les procédés appropriés
(filtres électrostatiques, filtres à charbon...). Le
refroidissement a lieu à l'aide de tubes de refroidissement sur lesquels
coulent de grandes quantités d'eau qui se transforme en vapeur, par le
contact avec la chaleur du four (d'où les fameux panaches de
fumée blanche, en sortie de cheminée).
Encadré n° 16
Les
performances de l'incinération
sont-elles sensibles à la collecte sélective ?
___
On a pu craindre à un moment que la collecte sélective ne modifie sensiblement le PCI (pouvoir calorifique inférieur) des déchets incinérés, et perturbe les combustions, notamment la maintenance des grilles. On a noté en effet une hausse du PCI , puisque le PCI moyen serait aujourd'hui de l'ordre de 2.000 à 2.100 contre 1.800 il y a cinq ans, sous l'effet notamment du retrait du verre et des déchets verts, qui ont un pouvoir calorifique faible. Cette hausse est toutefois compensée par une baisse induite par le retrait d'autres matériaux qui, eux, ont un pouvoir calorifique élevé (les plastiques par exemple). Ainsi, les deux mouvements, hausse et baisse du PCI, se neutralisent-ils en partie. Il est indiqué, d'une part que la hausse récente devrait se stabiliser, d'autre part qu'à ce niveau, elle n'a que très peu d'incidence sur les conditions de combustion actuelles. Il est cependant certain qu'une hausse continue et massive du PCI poserait des problèmes , si elle devait se poursuivre.
b) La valorisation énergétique
Les modes de valorisation
La valorisation énergétique peut prendre la voie de la
valorisation thermique et/ou de la valorisation électrique. La vapeur,
condensée, passe dans une turbine et un alternateur qui transforme
l'énergie en énergie électrique. Le choix entre les deux
formules, ou parfois les deux formules combinées (on parle alors de
co-génération), dépend avant tout des conditions locales.
Concernant la
valorisation thermique
, il faut tout simplement savoir si
la chaleur peut être utilisée à proximité de l'usine
(présence d'une demande et d'un réseau), et si les tarifs sont
attractifs. Le client qui achète une énergie thermique, quelle
que soit son origine (en l'espèce une valorisation thermique
d'incinération), raisonne en termes de substitution : il a le choix
entre le fuel, le gaz ou la chaleur du four. Cela dépend en fait des
prix des autres. En revanche, le rendement initial est bon : de l'ordre de
85 % à 90 % par rapport à l'énergie initiale.
Les pertes sont cependant rapides (pertes en réseau,
échangeurs...).
Dans le cas de l'
énergie
électrique
, le rendement
est très sensiblement inférieur, et ne dépasse pas 25
à 30 %. Mais l'énergie électrique est plus facile
à transporter. Là encore, tout va dépendre du prix des
combustibles à un moment donné.
La co-génération qui mixte les deux valorisations donne les
meilleurs résultats.
Les avantages de cette valorisation
Cette valorisation a plusieurs avantages. Elle est directement
utile
: une tonne d'ordures ménagères
génère 2,2 Mwh, ; une UIOM de 10 t/h est équivalente
à un générateur de 22 MW ; les UIOM ont produit
environ 0,8 million de MWh électrique et commercialisé
7,5 millions de MWh thermique dans des réseaux de chaleur ou des
entreprises industrielles
72(
*
)
.
La valorisation énergétique entraîne une
économie
de combustibles nobles (gaz, fuel...), même s'il
faut rappeler que 80 % de l'électricité produite en France
est d'origine nucléaire. Aujourd'hui, seule une partie des
déchets (10 millions de tonnes) est valorisée sous forme
d'énergie thermique et/ou électrique. Selon Novergie
" l'ensemble des déchets des collectivités
(33 millions de tonnes) représenterait un gisement potentiel de 6
à 7 millions de tonnes d'équivalent pétrole
".
Enfin, elle a permis, par la vente de l'énergie de
diminuer
de
20 % le prix du traitement des déchets urbains.
Encadré n° 17
Les
tarifs de rachat
de l'électricité produite par les incinérateurs
___
Électricité de France (EDF) a l'obligation de racheter
l'électricité produite en France d'où qu'elle vienne.
Cette règle ne sera vraisemblablement pas remise en cause par la
dérégulation prochaine. Le tarif de rachat, dit " tarif
vert ", est applicable à la plupart des productions industrielles
ou particulières (production hydraulique de la SNCF, production
thermique privée...), et compris entre 25 et 30 centimes. Il existe un
tarif légèrement supérieur en cas de
co-génération.
Les incinérateurs ont pu regretter que ce tarif soit si modeste, et
surtout inférieur à celui mis en place pour certaines autres
énergies renouvelables (éolienne, petite hydraulique). Ces tarifs
seraient également, -semble-t-il- les plus bas d'Europe.
Pour EDF,
" les tarifs ne sont pas fait pour être
incitatifs "
, ils sont le reflet des coûts et des courbes de
charge. D'ailleurs, des tarifs majorés sont appliqués lors de
certaines pointes, en hiver, qui ne peuvent être que de quelques heures,
mais qui peuvent représenter des sommes très importantes
(jusqu'à 2,50 F, soit près de dix fois le tarif normal). Les
UIOM qui ne sont pas en sous capacité peuvent utiliser cette
particularité grâce à leurs fosses de stockage (en stockant
à l'automne, et en brûlant en hiver, au moment des pointes).
EDF observe également que le système des primes au rachat
d'électricité d'UIOM, comme cela se pratique en Belgique,
entraîne une augmentation des dépenses pour le distributeur qui
est compensée ailleurs, sur les consommateurs, et qu'il y a seulement un
transfert de charges.
Néanmoins, des ouvertures ne semblent pas exclues pour une
évolution des tarifs appliqués à l'énergie produite
par les sources thermiques (incinération, méthanisation), sur la
base de tarifs majorés appliqués à la
co-génération.
2. La valorisation des mâchefers
a) Les mâchefers issus d'incinération
Les mâchefers issus d'incinération des
ordures
ménagères (MIOM)
sont des scories solides résultant de
l'incinération des ordures ménagères. Ils se
présentent sous la forme de granules de couleur grise, mélange de
métaux, de verre, de silice, d'alumine, de calcaire, de chaux,
d'imbrûlés et d'eau.
Depuis 1991
73(
*
)
, les mâchefers doivent
être traités séparément des autres résidus
des combustions (les REFIOM), car la toxicité de ces derniers
empêcherait toute éventuelle utilisation des mâchefers.
Les masses sont très importantes. Une tonne d'ordures
ménagères génère 275 à 300 kg de
mâchefers.
Que faire de ces mâchefers ? Deux possibilités sont offertes
aux gestionnaires d'UIOM : soit les mettre en décharge de classe
II, soit les retraiter, les stocker provisoirement, et les diriger vers une
plate-forme de traitement, pour une valorisation matière.
L'alternative est subordonnée aux conditions économiques des deux
filières (la valorisation matière est moins chère que la
mise en décharge, mais suppose des débouchés
locaux
74(
*
)
), et aux caractéristiques
techniques des mâchefers, en fonction de leur potentiel polluant.
Selon une estimation Novergie
75(
*
)
, en 1997,
60 % des mâchefers étaient mis en décharge, 30 %
étaient valorisés, dont 10 % par l'intermédiaire
d'une plate-forme, 10 % étaient stockés sur site
(décharges internes d'usines d'incinération).
L'analyse chimique des mâchefers avant valorisation.
Les
mâchefers sont classés en fonction de leur potentiel polluant.
Depuis 1994
76(
*
)
, les mâchefers doivent
subir un test de lixiviation qui va déterminer leur possibilité
de valorisation en technique routière et permettre un classement. Ce
test consiste à mettre en contact un échantillon de cent grammes
de mâchefers avec un litre d'eau, afin d'évaluer les
quantités de polluants solubilisés. Ce test est appliqué
une première fois pour un tiers dans l'usine d'UIOM, pendant la campagne
de caractérisation du mâchefer, puis de façon
régulière par un tiers ou en autocontrôle par la suite.
L'application de ce test
77(
*
)
conduit à
classer les mâchefers dans l'une des trois catégories
suivantes :
" V " : valorisable directement
" M " : valorisable après maturation
" S " : stockable en centre d'enfouissement de classe
II.
b) Le traitement des mâchefers
Le prétraitement en UIOM
En sortie de four, les mâchefers subissent plusieurs traitements. Ils
sont tout d'abord refroidis, le plus souvent par lavage à l'eau. La
teneur en eau monte alors jusqu'à 25 %. Ensuite, les grosses
pièces imbrûlées sont éliminées par criblage
(passage des mâchefers sur des grilles qui " filtrent " les
éléments inférieurs à 200 mm, les
éléments plus volumineux sont alors retirés). Un premier
déferraillage, par tri magnétique, peut également
intervenir selon la qualité du mâchefer. Quand il n'est pas
opéré en sortie de four, le déferraillage est
réalisé ultérieurement, dans les plates-formes de
traitement des mâchefers.
Après ce premier traitement, les mâchefers sont stockés
dans l'attente d'une évacuation vers des installations de traitement,
dites " installations de maturation et d'élaboration " (IME).
La maturation et l'élaboration des mâchefers valorisables
en IME
Les IME sont des installations de plein air classées au titre de la
protection de l'environnement, destinées à traiter le
mâchefer des usines d'incinération d'ordures
ménagères. L'aménagement,
l'étanchéité, la collecte des eaux de ruissellement, de
même que le traitement de chaque lot, sont étroitement
réglementés. Les lots de mâchefers d'UIOM sont
stockés par lots, identifiés par usine de production.
Deux opérations interviennent : la maturation et
l'élaboration du mâchefer valorisable.
La maturation.
Pendant la durée du stockage, qui
peut être de trois mois à une année, une maturation
intervient qui permet de stabiliser les caractéristiques
chimiques : oxydation naturelle du mâchefer, carbonation de la
chaux, baisse du potentiel d'hydrogène (pH
4
)
78(
*
)
réduisant ainsi le potentiel polluant du
mâchefer.
L'élaboration
, ou la préparation proprement
dite, qui a pour but de donner une homogénéité au
mâchefer et de retirer, soit les éléments
indésirables, soit au contraire les éléments valorisables.
Plusieurs opérations interviennent :
le tri aéraulique pour éliminer les imbrûlés
légers (plastiques, papiers
79(
*
)
),
le tri magnétique pour éliminer les métaux
ferreux
80(
*
)
,
le tri par induction pour éliminer l'aluminium
81(
*
)
.
A l'issue de ces différentes opérations, le mâchefer
présente les caractéristiques suivantes :
|
Silice et alumine |
62 % |
|
Calcaire et chaux |
18 % |
|
Eau |
15 % |
|
Sels |
2 % |
|
Imbrûlés |
2 % |
|
Métaux lourds |
1 % |
Après traitement en IME, une part des MIOM classés en " M " peut alors passer en " V ". Les MIOM qui, après un an, ne correspondent pas aux exigences du " V ", sont alors éliminées et stockées en décharge.
c) La valorisation des mâchefers
La valorisation par la revente des métaux
Le double tri magnétique et par induction (courant de Foucault) permet
d'isoler les métaux ferreux, notamment l'acier et l'aluminium. Ces deux
métaux sont ensuite rachetés par les filières
correspondantes.
Le prix de vente de l'acier issu du mâchefer peut être
estimé à 40 F/tonne, ce qui assure 1 F de recette par
tonne de déchets incinérés. Le prix de vente de
l'aluminium issu du mâchefer est de l'ordre de 1.500 F/tonne, ce qui
assure 3 F de recettes par tonne de déchets incinérés.
On observera que la récupération de l'acier et de l'aluminium
obéissent à deux logiques distinctes. La
récupération de l'acier vise essentiellement à
déferrailler le mâchefer pour lui donner une composition
homogène, et lui permettre ainsi d'être éventuellement
utilisé. La récupération de l'aluminium a aussi un
objectif financier : bien qu'elle concerne des volumes beaucoup plus
faibles, elle rapporte aussi davantage (l'aluminium représente trois
fois moins en masse, mais rapporte trois fois plus que l'acier).
La valorisation en technique routière
Il s'agit là du véritable enjeu de la valorisation des
mâchefers. La récupération des métaux ne porte que
sur des petits gisements. Une fois les imbrûlés et les
métaux enlevés, il reste encore 90 % de la masse, soit
près de 250 kg par tonne incinérée...
Les caractéristiques physiques du mâchefer, composé de
particules scoriacées, à texture granuleuse, presque anguleuse
(notamment les micro-particules de verre ou d'éléments
métalliques), lui confèrent un frottement élevé et,
par conséquent, une bonne portance, qui peut être utilisée
en technique routière. Cette utilisation est expressément
prévue par le
Guide technique pour la réalisation de
terrassements (GTR)
qui distingue à son tour les mâchefers
valorisables (de la catégorie " V "), en fonction de la
durée de stockage, des dates de production, de la teneur en eau, du
chargement en éléments toxiques
82(
*
)
.
Les principales utilisations concernent : les remblais (soubassements
d'ouvrages d'art ou de routes), les couches de forme (sous-couches de voirie ou
de parking), la chaussée (fondations de chaussées à faible
trafic).
Les conditions d'utilisation sont précisées dans chaque cas
(épaisseur, couvertures par un enduit, largeur des couches de terre sur
les flancs...), avec un certain nombre d'interdictions (zones inondables,
proximité de cours d'eau, distance minimum des canalisations
métalliques pour éviter les risques de corrosion...). Le
problème principal est, en effet, celui de la sensibilité
à l'eau. D'une part, l'eau réduit la capacité de portance
en créant un effet " matelassage " de la couche, d'autre part,
l'eau peut se charger en éléments polluants
83(
*
)
.
Les mâchefers sont utilisés dans les grands chantiers de travaux
publics. 21.000 tonnes ont été utilisées pour le Stade de
France (12.000 tonnes en remblai du quai de la gare SNCF, 9.000 tonnes en
sous-couches pour la liaison gare/RN) ; 117.000 tonnes ont
été utilisées pour le chantier d'Euro-Disney.
d) Perspectives : Des potentialités de développement importantes
La
valorisation des mâchefers paraît possible en prenant en compte des
arguments économiques, techniques et financiers.
Il faut tout d'abord partir du
marché
. La situation est,
sur ce point, paradoxale, puisqu'il existe une demande de matériaux qui
n'est pas toujours satisfaite, et une offre de matériaux qui ne trouve
pas toujours preneur.
En BTP, l'offre de matériaux traditionnels, notamment de granulats, sera
affectée par la difficulté grandissante d'obtenir l'ouverture de
nouvelles carrières ou d'extraire des granulats alluvionnaires. On ne
peut donc écarter l'hypothèse de difficultés
d'approvisionnement pour les matériaux de base.
A contrario
,
l'offre de matériaux recyclables va augmenter avec la limitation de
l'accès aux décharges et, par conséquent, une augmentation
prévisible de l'incinération et des mâchefers. Il s'agit
d'un gisement très important et, de surcroît, renouvelable. On
prévoit, pour les seuls mâchefers, une production de
15 millions de tonnes dans les dix prochaines années. On estime que
60 % du gisement (soit 3 millions de tonnes) pourrait être
valorisable.
Cette évolution sera facilitée par une évolution technique
et une analyse des coûts.
Sur le
plan technique
, tous les mâchefers d'UIOM ne sont pas
valorisables aujourd'hui. Il faut, en effet, une qualité minimum, une
régularité et une quantité suffisantes pour que le
mâchefer puisse être valorisé, que les petites unités
d'UIOM n'offrent pas toujours. Mais l'amélioration technique (diminution
des imbrûlés, récupération des métaux...), et
les possibles regroupements d'usines vers des unités de taille plus
importante, devraient permettre de satisfaire l'une et l'autre.
Par ailleurs, des recherches sont conduites pour envisager l'utilisation des
MIOM combinées avec d'autres matériaux, notamment avec des liants
(bitumes, goudrons...) adaptés selon les caractéristiques de
chaque mâchefer.
Des conditions financières attractives.
Sur le plan
financier, l'analyse des coûts montre que la valorisation matière
des mâchefers est une solution économique avantageuse, dès
lors qu'il existe des débouchés.
Le coût de stockage des mâchefers en décharge est de l'ordre
de 200 à 250 F la tonne, et peut même aller jusqu'à
300 F la tonne pour les petits centres
84(
*
)
. Cependant, le coût est extrêmement
sensible à la distance entre le lieu de production (l'UIOM) et la
décharge. Le coût peut monter jusqu'à 440 F la tonne
stockée, lorsque le CET est situé à 200 km de l'UIOM.
Le coût de traitement en plate-forme est au moins deux fois moins
important. Selon l'étude SOFRES/AMF/ADEME,
" la valorisation des
mâchefers permet de réduire le coût de gestion des
mâchefers d'un facteur de 2 à 4 selon la distance du CET, soit
d'environ 7 à 15 % du coût d'incinération, et
d'environ 2 à 5 % du coût de gestion des ordures
ménagères. "
Comparaison du coût du traitement des mâchefers |
||||
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|
CET classe II |
|
IME |
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Mise en décharge |
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Valorisation |
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(CET - classe 2) |
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(IME) |
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Le coût du stockage des mâchefers est de l'ordre de 200/250 F/tonne, soit 50 F la tonne incinérée. |
|
Le coût du traitement des mâchefers en IME est de l'ordre de 120 F/tonne, soit 30 F la tonne incinérée. |
|
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|
Il existe une grande dépendance à l'égard de la distance. |
|
Il existe une grande dépendance à l'égard des débouchés locaux. |
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|
|
Le coût peut monter jusqu'à 440 F la tonne traitée, soit 110 F la tonne incinéré lorsque le CET est à plus de 200 km. |
|
En l'absence de débouchés, le mâchefer traité va alors en décharge et les coûts sont alors cumulés. |
|
|
|
|
|
|
Source : Étude SOFRES/ADEME/AMF, op. Cit. |
Il est vraisemblable que cet écart de coûts se maintienne, voire s'amplifie, en fonction des contraintes apportées aux centres d'enfouissement et, surtout, de la raréfaction de l'offre (les capacités des centres ne sont pas illimitées, et les ouvertures de nouvelles décharges seront rares).
e) Perspectives : un accompagnement nécessaire
Des précautions nécessaires
Avant une utilisation généralisée des mâchefers en
génie civil, certaines précautions doivent être prises,
tant dans le domaine écologique que dans le domaine économique.
Les
précautions d'ordre écologique
. Le principal
problème que pose l'utilisation des mâchefers est celui de son
comportement face aux écoulements d'eau, qu'il s'agisse du ruissellement
des eaux de pluie, mais surtout des eaux souterraines. Les
phénomènes de variation des niveaux de la nappe phréatique
et de remontée des eaux par capillarité doivent retenir
l'attention. Or, l'eau est le facteur principal de diffusion des polluants.
Elle peut, par conséquent, se charger en métaux lourds, avant
d'alimenter les eaux souterraines. La question se pose en particulier pour le
plomb. Les normes françaises sont moins rigoureuses que les normes
d'autres pays, ce qui suscite des interrogations.
Aujourd'hui, les tests de lixiviation permettent de caractériser le
potentiel polluant d'un déchet, mais ne donnent guère de
précisions sur les modes de diffusion des polluants
in situ
, en
fonction des sols. Il est très important d'améliorer la recherche
sur la traçabilité qui permet de suivre le parcours des
pollutions et, par conséquent, d'évaluer les risques en fonction
des conditions géologiques.
Une amélioration des tests de lixiviation paraît
nécessaire. D'autres progrès (protocole d'échantillonnage
des mâchefers, limitation ou encadrement des auto-contrôles...) ont
également pour objectif d'obtenir une réelle
caractérisation des matériaux.
Sur le
plan économique
, plusieurs problèmes doivent
être posés. Tout d'abord, les UIOM et la plate-forme de traitement
doivent s'engager sur un contrat qualité qui n'est pas évident.
La nature des déchets et, par conséquent, des mâchefers,
change selon les mois, voire même selon les semaines. Il n'est pas
question d'avoir des mâchefers irréguliers en fonction des
fêtes de fin d'année ! Seule une gestion en amont des
différents déchets, des différentes sources (ordures
ménagères / déchets industriels banals...)
permettra d'obtenir cette régularité indispensable.
Ensuite, il convient d'arbitrer entre deux solutions techniques : ou bien
diluer les mâchefers valorisables en petites quantités dans de
nombreux sites, ou bien concentrer les utilisations sur quelques points, ce qui
permet une meilleure surveillance, mais, à l'inverse, ne permet pas
d'assurer un écoulement régulier des matériaux.
Enfin, il n'est pas question d'arriver dans trois ou cinq ans avec
3 millions de tonnes de mâchefers valorisables que la profession
serait incapable d'absorber, faute de marché, faute de
préparation et de concertation
85(
*
)
.
C'est à cette occasion que peuvent intervenir les collectivités
locales.
Une nouvelle place pour les collectivités locales
" Les collectivités locales sont concernées au double
titre de maître d'ouvrage et de responsables directs ou indirects de la
gestion des déchets ménagers ou industriels. Ce double statut
pourrait permettre aux collectivités locales d'assumer à terme un
rôle moteur dans le développement des matériaux de
substitution. "
86(
*
)
Les mâchefers qui étaient mis en décharge de façon
quasi systématique il y a encore dix ans, sont devenus une
matière première secondaire à part entière. Encore
faut-il qu'il y ait une plate forme de traitement et, sinon des incitations, du
moins une meilleure connaissance de la part des prescripteurs et de leurs
conseillers, notamment les directions départementales de
l'équipement. Les mâchefers ne sont qu'un des matériaux
valorisable en génie civil. Il en existe bien d'autres : les pneus,
le verre, les gravats. Mais leur seule évocation suffit parfois à
provoquer des réactions de défiance et de rejet.
On regrettera une fois encore que l'ADEME, bras financier du ministère
de l'Environnement, n'ait pas consacré plus de moyens à la
recherche, afin de valider certaines options, et de mieux caractériser
les produits et matériaux de seconde vie, qui représentent des
gisements considérables.
Ces rejets s'expliquent souvent moins par réticence expresse, que par
méconnaissance. Une action d'information, de pédagogie
d'envergure, est vivement souhaitable à partir des chantiers pilote et
des chantiers de démonstration, avec la participation des prescripteurs,
des constructeurs, des utilisateurs, des institutionnels, des scientifiques et
des associations.
Les collectivités locales peuvent être le lieu de cette nouvelle
impulsion.
3. La valorisation des REFIOM
a) Les REFIOM
L'incinération des déchets ménagers
génère des résidus solides et gazeux dont une partie est
récupérée en partie basse de four (les mâchefers) et
dont l'autre partie est récupérée lors des
différentes phases d'épuration des fumées : les
résidus d'épuration de fumées d'incinération des
ordures ménagères (REFIOM).
Le traitement des fumées
peut prendre trois voies
distinctes.
Il existe tout d'abord un dépoussiérage par
électro-filtres : les poussières se collent sur des
espèces de fils électriques placés dans la chambre de
dépoussiérage, puis sont récupérées par
gravité.
Il existe ensuite un traitement par filtres humides. La neutralisation des gaz
acides et la captation des métaux lourds s'opèrent par une sorte
de " douche ". C'est ce qu'on appelle le " lavage des
fumées " qui explique les panaches de fumées blanches en
sortie de cheminée. Ces fumées sont composées à
99 % de vapeur d'eau. Les poussières
récupérées forment le " gâteau de
filtration ", sorte de pâte humide qui récupère les
poussières toxiques.
Il existe, enfin, le traitement par filtres sec, ou " traitement par
charbon actif ". Le carbone a pour principale caractéristique
d'absorber des quantités de gaz, tant qu'il n'a pas été
mis à l'air. Les gaz les plus solubles dans l'eau sont également
les plus facilement absorbables par le carbone. Il s'agit, par ordre
décroissant, de l'ammoniaque, l'acide chlorhydrique, l'anhydride
sulfureux, l'acide sulfurique, le bioxyde d'azote... Cette
caractéristique est fondamentale puisqu'elle va permettre de
piéger les différents gaz toxiques issus de
l'incinération. Un charbon actif est un carbone qui a subi un traitement
à hautes températures pour le rendre très poreux. Les
propriétés du carbone connu pour ses possibilités de
capter les gaz sont alors renforcées.
Les REFIOM
Sous le terme de REFIOM est regroupé l'ensemble des résidus
résultant des traitements des fumées d'incinération,
à savoir les cendres sous chaudes, les cendres volantes et les
" gâteaux de filtration ". Ils sont constitués d'une
part de substances minérales dépourvues de nocivité
(silice, calcaire), qui constituent la majeure partie de ces résidus
(jusqu'à 90 %), d'autre part de métaux, notamment de
métaux lourds
87(
*
)
. Ils concentrent ainsi
les polluants contenus dans les déchets incinérés,
à savoir les métaux lourds volatiles, ainsi que le chlore les
dioxines et les furanes. Les cendres volantes contiennent 100 fois plus de
dioxines que l'air émis à la sortie de la chambre de combustion.
Compte tenu de leurs caractéristiques polluantes, notamment de leur
forte teneur en métaux lourds aisément entraînables dans
les lixiviats, les REFIOM ne sont pas mélangés aux
mâchefers, et obéissent à un régime
spécifique. Ils sont classés dans la catégorie des
" déchets industriels spéciaux " assimilés
à des déchets ultimes. Ils sont tout d'abord stockés,
avant enfouissement en décharge pour les stabiliser et réduire
ainsi leur fraction lixiviable. Ils sont ensuite évacués en
centres de stockage des déchets ultimes (CSDU) de classe I. Ils
sont réceptionnés en silos, mélangés à des
liants hydrauliques (béton). Le béton obtenu, qui constitue un
prégage pour les éléments polluants, est coulé dans
des alvéoles spécifiques.
Une tonne d'ordures ménagères produit en moyenne 3 % de
REFIOM par tonne incinérée, avec une plage courante d'oscillation
comprise entre 2 et 5 %. La France produit chaque année 300
à 400.000 tonnes de REFIOM qui rejoignent les déchets industriels
spéciaux dans les décharges de classe I. Le stockage ultime
représente un coût de 1.500 F/tonne.
b) La valorisation des REFIOM ?
Jusqu'à ces dernières années, la seule
voie
possible pour éliminer les REFIOM était la mise en
décharge, les REFIOM étant considérés comme des
déchets ultimes en fin du processus d'incinération. Mais comme on
l'a vu, la notion de déchet ultime est associée à
l'évolution technologique qui, dans ce domaine, a été
très rapide.
L'une des dernières avancées consiste dans la vitrification des
REFIOM, c'est à dire la fusion des cendres à haute
température, qui, non seulement garantit la destruction des polluants,
mais rend le produit final éventuellement valorisable. Ce
procédé vise au " zéro déchet ".
Les techniques
Plusieurs procédés sont en cours d'expérimentation, dont
le principal est la
vitrification par torche à plasma
. Cette
technologie fait l'objet d'importants travaux, notamment de la part
d'Électricité de France (EDF), d'Aérospatiale
(étude des comportements d'entrée des missiles nucléaires
dans l'atmosphère) et d'Europlasma, société
constituée d'anciens collaborateurs de cette société qui
développe également une technologie à partir de brevets de
celle-ci.
Les cendres sont introduites dans un four dans lequel se trouvent deux
électrodes générant un arc électrique chauffant un
gaz (l'air) à haute température (1.300 à 1.700°).
L'air est insufflé par une torchère. C'est le principe de la
torche à plasma
88(
*
)
. L'écoulement
d'air plasmagène génère des réactions
thermochimiques et porte en fusion les produits à traiter qui
refroidissent brutalement se transformant alors en un granulat vitreux, opaque,
noir, très dur. C'est par ce passage d'une très haute
température à une basse température que s'opère la
vitrification. Ce procédé est développé par la
société Europlasma, près de Bordeaux (voir ci
après).
Le vitrificat représente environ 90 % de la masse traitée
(900 kg), mais le volume ne représente que 15 % du volume
initial. Le vitrificat ainsi réalisé est inerte. Il peut alors
être soit stocké en décharge de classe III, - variante
dite de banalisation-, soit valorisé en technique routière -
variante dite de valorisation-. Les REFIOM inertes peuvent en effet servir
comme matériaux de soubassement routier, ballast de voies
ferrées, granulats pour parking, bordures de trottoir...
Le coût de traitement annoncé est de l'ordre de 2.500 francs
la tonne traitée (Des estimations supérieures ont toutefois
été données en auditions). Ce coût important doit
être comparé au coût de mise en décharge de
classe I, frais de transport inclus.
D'autres procédés visant à inerter les déchets
toxiques sont possibles ou en cours d'expérimentation. La vitrification
par arc électrique (sans projection d'air) ; le traitement dit
" à froid " (par opposition au traitement thermique haute
température comme la torche à plasma), utilisant des liants
hydrauliques qui permettent de solidifier les REFIOM.(Les filiales de Vivendi
et de la SITA étudient ce procédé) ; le traitement
par vaporisation. Mis en contact avec de l'acide chlorhydrique gazeux dans un
lit fluidisé, les métaux lourds se transforment en sels
métalliques qui se vaporisent, c'est à dire passent à
l'état de vapeur, s'ils sont portés à haute
température (environ 900°; à température plus
élevée, les substances minérales se vitrifient et l'on
retombe sur l'autre procédé). La vapeur est
entraînée par le flux de gaz, puis refroidie et condensée.
Cette technique permet d'isoler la plus grande partie des métaux lourds
et de les séparer des substances minérales non toxiques. Cette
partie peut alors être utilisée sans difficulté.
Perspectives
Sur le plan
technique
, une étude dite " Vivaldi " est
en cours pour caractériser le vitrificat de l'usine de Cenon (voir ci
après). Une première phase s'est récemment achevée
pour évaluer le comportement du vitrificat à long terme. Une
seconde phase porte sur les voies de valorisation en BTP et sous-couches
routières.
Sur le plan
commercial
, pour le moment, le marché de la
vitrification se trouve principalement au Japon, où la dioxine vient
d'être officiellement désignée comme substance toxique. La
fusion des cendres est la technique privilégiée au Japon. Le
nombre d'installations est passé de 21 en 1994 à 38 en 1997.
Selon les responsables d'Europlasma,
" le marché européen
reste encore à créer ".
L'unité de vitrification
industrielle de Bordeaux-Cenon est une première européenne.
L'usine est destinée à traiter les REFIOM de l'usine
d'incinération de Cenon qui traite les déchets de la
communauté urbaine de Bordeaux. Auparavant, les REFIOM étaient
dirigés dans les centres de déchets ultimes de Bellegarde, dans
le Gard, ou au nord de Paris (respectivement 450 et 650 km du site de
production). Le Sytcom a lancé un appel d'offre portant sur la
vitrification des REFIOM de l'incinérateur de Saint-Ouen.
III. LA THERMOLYSE89( * )
A. PRÉSENTATION
1. Description
La thermolyse est un procédé de traitement thermique des déchets en l'absence d'air. Les déchets ne sont pas brûlés, mais sont mis dans un four hermétique chauffé à moyenne température (450 à 750°). La chaleur et l'absence d'air entraînent une décomposition des matières organiques en deux parties : un composant solide (formé de cendres, de matières minérales et de carbone) et un gaz chaud.
a) Le composant solide
Le solide contient des cendres, des matières minérales qui n'ont pas été détruites par la chaleur du four (métaux ferreux et non ferreux, inertes ou infusibles, verre, céramiques, cailloux...), et surtout du carbone, composant fondamental de toute matière vivante végétale ou animale. Après séparation physique du verre et des métaux, on obtient un composant solide de thermolyse constitué de 30 à 40 % de cendres, qui s'apparente à un charbon de qualité médiocre. La thermolyse n'est, en fait, qu'une application adaptée aux déchets, de la technique ancestrale de la fabrication du charbon de bois 90( * ) .
b) Les gaz
Un
dégagement de gaz a lieu pendant la première phase de thermolyse,
c'est-à-dire avant que le carbone ne soit formé. Ce gaz est
constitué d'une fraction condensable, c'est-à-dire qui peut
être liquéfiée, se transformer en huile (vapeurs d'essence,
vapeurs d'eau) et d'une fraction non condensable, c'est-à-dire qui reste
à l'état gazeux (hydrogène, méthane, oxyde de
carbone, hydrocarbures...).
Le gaz qui s'échappe par le haut du four, mélangé aux
poussières, peut ensuite être traité de façon
classique : dépoussiérage et combustion. Dans certains cas,
le déchet doit être prétraité pour améliorer
la thermolyse : le déchet entrant est auparavant
séché, " déferraillé " et broyé
pour obtenir un déchet plus homogène. Ainsi, peut-on
décomposer le processus et le bilan matière comme suit.
Bilan matière de thermolyse d'ordures ménagères
Cas général 91( * ) |
Procédé Eddith de Thide 92( * ) |
Procédé Softer de Nexus 93( * ) |
|||
1 tonne entrant |
1 tonne entrant |
1 tonne entrant |
|||
|
Déferraillage : 40 kg |
|
|||
|
Inertes : 60 kg |
|
|||
200 kg eau - séchage |
Séchage : 200 kg |
|
|||
Déchets à traiter : 800 kg |
Déchets à traiter : 700 kg |
Déchets à traiter : 1000 kg |
|||
Solides carbonés : 400 kg |
Gaz de thermolyse : 400 kg |
Solides carbonés : 310 kg |
Gaz de thermolyse : 390 kg (13 MJ/kg) |
Solides carbonés : 360 kg |
Gaz de thermolyse : 640 kg (14 MJ/kg) |
Résidus solides minéraux 95 kg |
|
Résidus solides |
|
Métaux ferreux : 45 kg |
|
Métaux ferreux : 45 kg |
|
minéraux : 60 kg |
|
Métaux non ferreux : 5 kg |
|
Métaux non ferreux : 5 kg |
|
|
|
Verre :70 kg |
|
Inertes, verre, pierres : 45 kg |
|
sels
(déchloration)
|
|
|
|
Résidus carbonés : 255 kg dont 40 % de cendres (17/18/MJ/kg) |
|
Résidus carbonés : 240 kg (18 MJ/kg) |
|
Résidus carbonés : 240 kg (9,5 MJ/kg) dont 40 % de cendres |
|
Résidus ultimes (cendres) : 120 kg |
Résidus ultimes (cendres) : 120 kg |
Résidus ultimes (cendres) : 100 kg |
Nota : les chiffres en italique représentent le pouvoir calorifique des gaz et matières par kilo
2. Les traitements complémentaires
Chacun des sous-produits de la thermolyse est traité dans les conditions suivantes.
a) Le traitement des gaz
Les
différents procédés industriels se distinguent par le mode
de combustion et d'utilisation des gaz issus de la thermolyse. Il peut y avoir
une combustion seule, une combustion après
craquage
94(
*
)
, une combustion mixte (combustion du gaz issu de
la thermolyse et du gaz issu de la gazéification du résidu
carboné).
Dans le cas le plus simple (Thide), le gaz de thermolyse (environ 400 kg)
est caractérisé par un PCI
95(
*
)
de
l'ordre de 13 MJ/kg, de sorte qu'il correspond à un contenu
énergétique d'environ 5.000 MJ/tonne de déchets
entrants
96(
*
)
.
La combustion du gaz (à 1200/1400°) peut être utilisée
pour chauffer les parois du four à 550/600° (le chauffage du four
à cette température n'exige que 1.000 MJ par tonne de
déchets entrants). Les utilisations complémentaires concernent
les chaufferies annexes, le séchage des déchets ou des boues, et,
éventuellement, la co-génération...
b) Les premiers traitements du résidu carboné en fin de thermolyse
En
sortie de réacteur, apparaît un résidu carboné qui
doit subir un premier traitement constitué par un lavage qui
améliore la déchloration et un triage qui permet une valorisation
matière.
Lavage et refroidissement.
Le résidu sort du four à
450°, et doit être refroidi. Le refroidissement peut avoir lieu sous
azote ou, plus généralement, par l'eau. L'eau permet de capter
une partie du chlore. Le chlore peut à son tour être
aisément retiré (déchloration) par dissolution dans l'eau,
suivie d'une évaporation de l'eau. Une tonne de déchets entrants
donne dix kilogrammes de chlore en solution (chlorure de sodium et chlorure de
calcium) qui va, par la suite, en décharge de classe I. Une
valorisation serait encore théoriquement possible à ce stade
(utilisation en sel de déneigement...), mais dépend des
conditions locales (proximité...).
L'élimination du chlore en sortie de four n'est pas effectuée par
tous les procédés industriels. Les Japonais, par exemple,
brûlent le résidu, et éliminent le chlore dans les
fumées.
Tri et valorisation matière.
Après lavage, le
résidu est grossièrement trié pour éliminer les
éléments indésirables. Un premier tri, par grille, peut
être opéré pour éliminer le verre et les inertes
(graviers, céramiques). Le lavage permet de séparer le coke des
métaux et inertes. Le coke de carbone (ou semi-coke), léger,
reste en suspension dans l'eau, tandis que les inertes (graviers, verre,
céramique) et les métaux sont récupérés par
gravité. Un deuxième tri peut être retenu pour
améliorer la valorisation matière. En effet, les métaux
ferreux et non ferreux qui n'ont pas été brûlés
sortent de thermolyse non oxydés et, par conséquent, avec un
très grand degré de pureté. Ainsi les feuilles d'aluminium
ménager sont-elles récupérées pratiquement
intactes. Les procédés habituels de tri (tri magnétique
pour les métaux ferreux ou par courant de Foucault pour l'aluminium)
sont parfaitement adaptés, en fonction de l'importance du gisement (en
quantité et en qualité). Un mélange approprié de
déchets ménagers et de déchets industriels banals permet
d'obtenir des quantités suffisantes pour que le tri soit alors rentable.
Débarrassé d'une partie des matières minérales
(verre, cailloux) et des métaux, le résidu est uniquement
constitué de carbone et de cendres, et s'apparente à un charbon
de mauvaise qualité.
L'utilisation de ce résidu ultime carboné [appelé aussi
" semi-coke ", " combustible solide de thermolyse " (CST),
" char ", ou encore "
Carbor
", marque
déposée par Thide, ou "
Combuster
", marque
déposée par Nexus] fait toutefois l'objet d'un débat, car,
en dépit de son pouvoir énergétique réel, des
discussions sont en cours pour l'accepter comme combustible de substitution,
notamment en cimenterie (voir ci-après).
3. Les différents procédés
Plusieurs techniques ont été
développées
depuis quelques années par des sociétés allemandes (PKA,
Siemens, Thermoselect) ou françaises (Nexus, Thide, Traidec). Si le
principe est le même, les différences importantes portent sur la
conception, le fonctionnement, les modalités plus ou moins complexes
d'utilisation des gaz et du solide.
Les différences sur la conception et le fonctionnement.
Les
fours de thermolyse peuvent être fixes ou tournants. Dans le premier cas,
les déchets sont versés dans une sorte de wagonnet mobile de 15
m
3
qui avance à l'intérieur du four fixe, et en
ressort à l'issue de la thermolyse. Les durées de chauffage sont
plus longues afin que les températures soient atteintes et permettent
les réactions attendues dans les déchets qui se trouvent au
centre du tas (procédé
Softer
, en pilote en France,
à Châteaurenard. Ce procédé a été
choisi par le SITCOM de la Loupe à Digny en Eure-et-Loir). Dans le
second cas (four tournant), les déchets sont introduits dans un
réacteur tournant, horizontal ou légèrement
incliné, d'une vingtaine de mètres de long. La rotation et
l'effet de la chaleur font " avancer " les déchets. La
durée de réaction est inférieure à une heure. Le
four est " alimenté " en continu -procédés
Noell
,
PKA
,
Thermoselect
, en fonctionnement en Allemagne,
et procédé
Eddith
, en pilote en France à
Vernouillet-. Le procédé a de bonnes chances d'être retenu
par la communauté urbaine d'Arras.
Les différences sur l'utilisation des composants solides et
gazeux de thermolyse.
On distingue alors les " procédés
intégrés " et les procédés non
intégrés, ou " thermolyse simple ".
Dans la thermolyse seule, il n'y a pas de combustion immédiate du
résidu solide. Ce dernier est stocké pour une valorisation
ultérieure. On parle de " procédé
intégré " lorsque des procédés de combustion
ou de gazéification du résidu solide sont ajoutés
après la thermolyse, qui ne constitue qu'un traitement partiel du
déchet. On a vu en effet que la phase de thermolyse conduit à
deux produits à valeurs énergétiques distinctes. L'un
réel, et dont l'usage est obligatoire sur le site (le gaz ne peut
être stocké et doit être brûlé), l'autre,
potentiel, qui est le résidu carboné. On dit que l'usine est
intégrée lorsque le solide issu de thermolyse est
brûlé ou gazéifié dans l'usine, ce qui a pour effet
d'accroître sensiblement le rendement énergétique de
l'installation. Un premier procédé consiste dans la
gazéification du combustible solide (technologie Thermoselect, PKA
intégrée). Le résidu est introduit dans un four à
très haute température (1300/1500°), ce qui entraîne
une gazéification. A cette température, le résidu
(cendres) est vitrifié. Il peut aussi y avoir une combustion directe du
semi-coke, soit avec le gaz de thermolyse (Siemens), soit sans le gaz de
thermolyse (Nexus).
Les différences sur la nature des déchets
traités
Les unités de thermolyse peuvent traiter une très grande
variété de déchets, mais quelques sociétés
se sont spécialisées dans le traitement de déchets
spéciaux ou difficiles à traiter par les moyens conventionnels.
C'est notamment le cas de la société Traidec qui, avec son
procédé DTV (dissociation thermique et valorisation), traite
essentiellement les déchets animaux (produits d'équarrissage,
farines animales), les déchets hospitaliers (qui doivent subir des
traitements spécifiques, isolés des déchets
ménagers) et certains déchets industriels spéciaux
(déchets papetiers, pneumatiques...). Des perspectives s'ouvrent sur le
premier créneau, car les cendres produites peuvent être
valorisées en amendements agricoles, mais le second reste, en France,
encore inaccessible à la thermolyse, puisque la réglementation
impose de traiter les déchets hospitaliers à une
température minimum de 900°(soit une température
supérieure à celle de la thermolyse). La société
vient cependant d'emporter un marché en France sur les tissus
biologiques provenant de l'Institut Pasteur et sur les déchets d'un
hôpital au Mexique.
Présentation des différents procédés de thermolyse
|
Thide (Thermolyse seule) |
Softer (Thermolyse seule) |
PKA
|
PKA (Thermolyse intégrée) |
Siemens (Thermolyse intégrée) |
|||||
Préparation |
|
|
|
|
|
|||||
Séchage |
oui |
non |
non |
non |
non |
|||||
Température |
450/600° |
450/600° |
450/600° |
450/600° |
450/600° |
|||||
Durée |
30 mn/1 heure |
4 ou 5 heures |
1 heure |
1 heure |
1 heure |
|||||
Utilisation des gaz |
|
|
|
|
|
|||||
Masse |
390 kg |
640 kg |
650 kg |
650 kg |
650 kg |
|||||
Mode de valorisation |
Combustion sur site |
Séparation huiles/gaz |
Cracking 1300° |
Cracking 1300° |
Combustion 1300° |
|||||
Valorisation énergétique totale |
5.000 MJ |
|
7.600 MJ |
7.600 MJ |
|
|||||
Résidu solide |
|
|
|
|
|
|||||
Masse en sortie de four |
410 kg |
360 kg |
350 kg |
350 kg |
350 kg |
|||||
Résidu carboné |
240 kg |
255 kg |
255 kg |
255 kg |
255 kg |
|||||
Mode de valorisation |
Combustion hors site |
Mélange avec les huiles Combustion sur site |
|
Gazéification à 1300° mixage avec gaz |
Combustion avec gaz |
|||||
Valorisation énergétique |
4000 MJ |
10.000 MJ |
4.000 MJ |
7.600 MJ |
|
|||||
|
|
Source : Université libre de Bruxelles, sociétés correspondantes, Traitement OPECST |
||||||||
|
Les procédés français de thermolyse |
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Le procédé Softer |
|
Le procédé Eddith |
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Société Nexus technologies |
|
Société Thide Environnement |
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Constructeur
|
|
Constructeur/Exploitant |
|
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|
|
|
|
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|
Pilote à Châteaurenard (13) |
|
Pilote à Vernouillet (28) |
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|
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|
|
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|
Prétraitement : déchiquetage/déferraillage/séchage |
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|
Thermolyse en four fixe |
|
Thermolyse en four tournant |
|
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|
||||||
|
Gaz de thermolyse |
|
Gaz de thermolyse |
|
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|
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|
Résidu solide : le " Combuster " |
|
Résidu solide : le " Carbor " |
|
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Combustion sur place |
|
Vente du " Carbor " en cimenteries |
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Marché 1997 :
|
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Marché 1998 :
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|
Nouveau contrat en perspective pour fin 1999 |
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Perspectives : sélection sur appel d'offres 1999
d'Arras
(110/130 MF)
|
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|
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B. DISCUSSION CRITIQUE
La thermolyse a certainement une place à prendre parmi les techniques de traitement des déchets ménagers. Un certain nombre de réserves doivent cependant être levées au préalable.
1. Les inconvénients
Il ne faut pas nier que la thermolyse souffre d'un certain nombre de handicaps.
a) Des premiers pas hésitants
En
premier lieu, il convient de rappeler qu'
il
ne s'agit pas à
proprement parler, d'un " nouvelle technologie "
. On aurait
même quelques difficultés à présenter comme
innovante une technologie qui n'est, en vérité, pas autre chose
que celle du charbon de bois... Il faut cependant souligner que la thermolyse
ne constitue pas un traitement total des déchets, mais un traitement
partiel qui débouche sur un combustible solide. La thermolyse doit donc
être conçue en amont d'une unité industrielle existante
capable d'utiliser ce combustible.
En second lieu,
quelques expériences en Europe n'ont
guère été concluantes.
Sauf quelques exceptions, la
plupart des réalisations en Europe soit ont du mal à
démarrer (le procédé Siemens sur le site industriel
Fürth), soit sont encore au stade expérimental. Certes, le
marché semble s'ébranler. Le marché japonais semble le
plus prometteur, avec un parc de 800 incinérateurs de petite
capacité à rénover ou changer. Thide, ainsi que plusieurs
sociétés allemandes ont vendu leurs licences à quelques
grands opérateurs japonais. De nouvelles installations sont
programmées ou ont démarré en 1998/1999, en Allemagne et
en Hongrie, notamment.
Encadré n° 18
Les raisons de l'échec du procédé PTR de Siemens à Fürth
Siemens
a installé en 1998 une thermolyse de grande capacité (150.000
tonnes/an) à Fürth, en Allemagne. Cette installation a
été interrompue à plusieurs reprises. Plusieurs
dysfonctionnements de parties de l'installation sont en effet apparus.
Tout d'abord, Siemens semble avoir extrapolé à grande
échelle un pilote industriel installé à Ulm, sans tenir
compte des caractéristiques techniques différentes des
déchets traités sur le site de Fürth.
Ensuite, le prétraitement des déchets (avant entrée
dans le four) était manifestement mal adapté aux
caractéristiques spécifiques de la technologie innovante de
Siemens (avec des tuyaux de chauffage incorporés dans le four et non
à l'extérieur de celui-ci). La présence de ferrailles,
insuffisamment broyées, a entraîné des dysfonctionnements
manifestes.
Enfin, la technologie du traitement des solides issus de thermolyse
n'était pas suffisamment performante.
Cette expérience doit inciter à multiplier les
précautions : tests sur déchets réels
in situ
,
modalités techniques éprouvées...
En troisième lieu
, les premières expériences en
France sont hésitantes
. Il est même certain que la technique a
connu des échecs. L'une des premières usines a été
installée à Créteil en 1977 à partir d'un
procédé américain complexe qui combinait pyrolyse et
fusion à haute température avec production de carbone.
Après plusieurs déboires et modifications successives, l'usine ne
traite plus que les déchets hospitaliers, difficiles à
éliminer par incinération.
Aujourd'hui, les principaux constructeurs sont les sociétés Nexus
(procédé
Softer
avec réacteur horizontal fixe),
Thide (procédé
Eddith
avec réacteur horizontal
tournant) et Traidec (spécialisé sur les déchets
spéciaux). Les sociétés ne disposent encore que de pilotes
industriels de taille modeste. Les recherches et investissements ont
été lourds et pratiquement sans subventions... et sans commande
jusqu'à l'année dernière.
En France, là aussi, le marché semble mûr pour le
changement. Outre l'opération japonaise, Thide est en lice pour
installer un réacteur de thermolyse à Arras. Le marché
devrait se conclure avant la fin 1999. Nexus a également
été sélectionné en 1998 pour une thermolyse de
30.000 tonnes par an à Digny, en Eure-et-Loir. La construction devrait
démarrer en septembre 1999. On observera toutefois que, d'une part, le
syndicat ne s'est engagé à fournir que la moitié de la
capacité du four, et que, d'autre part, un nouvel incinérateur de
80.000 tonnes est également en construction dans le même
département, ce qui n'est pas de nature à faciliter le
succès de l'opération. D'autres départements
réfléchissent activement à des installations de thermolyse
(Lot, Cher).
En quatrième lieu, l'
expectative
des
décideurs
ne peut être que renforcée par les brocards,
pour ne pas dire plus, des conseilleurs habituels et par les réticences,
pour ne pas dire plus, des financeurs. Il y a certes le soutien de l'ADEME (de
l'ordre de 20 % de l'investissement), mais les banques, elles, sont
absentes. Trop d'inconnues, donc trop de risques. Trop de risques, donc pas
d'argent. On retrouve là l'une des caractéristiques, hélas
bien connue, du système bancaire français.
Dernier inconvénient, et non des moindres, l'installation d'usines
de traitement différentes, sans pollution, même de taille beaucoup
plus modestes que les incinérateurs, ne va pas sans
difficultés sur le terrain
. Les unités de thermolyse
paraissent particulièrement adaptées pour traiter les petits
gisements. Mais, dans l'hypothèse où il faut deux, voire trois
usines pour traiter l'équivalent d'une grosse usine
d'incinération, les difficultés d'implantation sont, elles aussi,
multipliées par deux ou trois. Même si, comme on le verra, la
plupart des critiques (portées aux incinérateurs) ne s'appliquent
pas à la thermolyse (voir ci-après), dans tous les cas, une telle
installation ne peut intervenir qu'après une longue phase de
préparation et d'explications.
En conclusion. Ça et là quelques signes apparaissent. Mais ils
sont souvent trop fragiles pour en tirer des conclusions ou un optimiste
exagéré. Une ébauche, peut-être, un engouement,
certainement pas.
Peu d'innovation, peu d'expériences, trop de risques et pas d'argent...
La thermolyse part incontestablement avec quelques handicaps.
b) L'utilisation des résidus carbonés
Le résidu de thermolyse
Le résidu carboné se présente sous la forme d'une poudre
de charbon noire, homogène, constituée d'éléments
de quelques millimètres. Son pouvoir calorifique dépend
évidemment des déchets entrants. Le résidu issu de
déchets ménagers standard a un pouvoir calorifique de 18/20
MJ/kg, ce qui le situe dans la catégorie des charbons cendreux maigres.
Il s'agit donc d'un combustible. C'est pourquoi, la thermolyse est parfois
présentée comme une technique de prétraitement des
déchets, puisque la fabrication de ce résidu carboné doit
normalement être complétée par son élimination.
Appréciation
Ce combustible présente des avantages : un combustible de
substitution renouvelable à l'infini, au pouvoir calorifique important,
avec des possibilités de consommation étalées dans le
temps, puisqu'il peut être stocké avant une utilisation future,
correspondant à une pointe de consommation (stations estivales...).
Mais, force est de reconnaître que, jusque là, cette valorisation
énergétique s'est heurtée à plusieurs obstacles.
technique
, tout d'abord, puisqu'il s'agit d'un semi-coke. Il faut
donc des installations qui utilisent ou peuvent utiliser ce type de charbons,
de qualité moyenne de surcroît ;
juridique
, ensuite. Le combustible issu de la thermolyse est-il un
déchet ? Il l'est, au vu de la réglementation actuelle, bien
qu'il ait des caractéristiques physico-chimiques de certains charbons
qui, eux, n'en sont pas. Les installations qui brûlent le résidu
carboné doivent donc respecter les normes des installations qui traitent
les déchets, et les cendres provenant de sa combustion seraient
aujourd'hui stockées en décharges de classe I, et doivent
être stabilisées pour pouvoir être stockées en
décharge de classe II, ce qui ajoute au coût.
La situation paraît,
a priori
, quelque peu bloquée, puisque
personne n'est prêt à s'engager sur l'utilisation d'un combustible
de second rang qui, pour l'instant, n'a pas été produit en
quantité et avec une régularité suffisantes pour qu'il
soit parfaitement caractérisé et testé industriellement et
pour que sa compatibilité avec l'usage recherché soit
vérifiée. Ainsi, en Allemagne, quelque usines stockent leurs
résidus carbonés en décharge, faute d'avoir trouvé
des utilisations ou des preneurs.
Certaines pistes et ouvertures méritent cependant d'être
évoquées
Le combustible solide peut intéresser des industriels
équipés, et grands consommateurs d'énergie,
désireux d'augmenter les taux de substitution de leurs autres
combustibles. Les utilisations en métallurgie et en centrale
électrique sont à l'étude. Mais, surtout, les utilisations
en cimenterie constituent la meilleure piste aujourd'hui.
Les contacts que nous avons pu établir à l'occasion de la visite
des Cimenteries Calcia, permettent d'affirmer que, s'il est bien évident
que les cimentiers ne veulent pas être transformés en usines de
traitement de déchets, ils sont ouverts à toute proposition
visant à élargir leurs sources d'énergie. Le choix final
devant intégrer les volumes produits, la régularité des
quantités produites, la qualité des résidus, et le prix.
Le prix de reprise du combustible solide en thermolyse est évidemment un
élément majeur à considérer. Il peut être
positif, nul ou négatif, en fonction des impuretés contenues dans
les produits, des économies réalisables sur les autres
combustibles et des distances.
L'important est de rappeler que l'utilisation en cimenteries supprimerait tous
les résidus solides ultimes en incorporant les matières
minérales contenues dans le coke dans les composants du ciment.
La question du débouché du résidu carboné
est fondamentale
S'il faut le mettre en décharge (de classe I de surcroît), le
coût devient prohibitif. L'économie réalisée sur le
coût de collecte et le coût de traitement des petits volumes est
alors totalement annulée par le surcoût de mise en
décharge. La solution de la décharge interne, adoptée par
quelques usines en Allemagne, n'est pas une solution adaptée.
Malgré ses avantages (voir ci-après), M. le Professeur
André Fontana et Mme Gisèle Jung estimaient qu'ils
" ne pourraient conseiller ce type de traitement à une
collectivité seulement lorsque la réalité d'un contrat de
reprise du combustible solide sera acquise "
.
2. Les avantages
Ces handicaps, réels et sérieux, peuvent être surmontés en prenant en compte certains éléments.
a) Premier argument : le marché
Il existe vraisemblablement un marché privilégié pour la thermolyse qui est celui des petites unités, pour des petits gisements, de faible tonnage. En dessous d'un certain seuil, que l'on peut estimer à 50.000 tonnes/an, l'incinération classique est moins performante et représente des coûts élevés. Certes, de nombreux modes d'incinération à fours fluidisés permettent d'abaisser les seuils de rentabilité, mais ne vont apparemment pas jusqu'aux unités de moins de 30.000 tonnes. Le marché de la thermolyse n'est, en réalité, nullement concurrent du marché de l'incinération, mais parfaitement complémentaire. Il permet également de délester les décharges sans être contraints au transport continue vers de grosses unités d'incinération.
b) Deuxième argument : la technique
La
technique de la thermolyse se caractérise par une grande souplesse de
fonctionnement (multimatériaux, multicapacités...), et produit
moins de résidus ultimes et moins de pollution. Cet argument aura de
plus en plus d'importance.
Une grande souplesse d'utilisation
D'une part, contrairement à l'incinération qui a un seuil
d'efficacité en deçà duquel la rentabilité
financière et même le fonctionnement technique sont compromis, le
four de thermolyse peut fonctionner à 50 % de sa capacité
sans difficultés, car alors, l'énergie nécessaire pour
maintenir le four à température est réduite.
D'autre part, la thermolyse permet de traiter des déchets variés,
quelle que soit leur valeur calorifique ou énergétique (pneus
usagés, plastiques, déchets dangereux, peintures, boues des
stations d'épuration...).
Plusieurs technologies, et Thide, ont ainsi testé les traitements des
déchets suivants :
ordures ménagères,
pneus,
plastiques,
déchets spéciaux (peinture...),
boues des stations d'épuration,
boues des papeteries,
boues de revalorisation des plastiques,
fientes de volailles,
résidus de broyage automobile,
refus de compostage,
refus de traitement mécano-biologique.
Le bilan matière et énergie varie cependant nettement selon la
nature des déchets.
Bilan matière et PCI 1 selon les déchets traités en thermolyse |
|||||
|
Ordures ménagères |
Pneus |
RBA 2 |
Plastiques |
Boues |
Gaz (kilos/tonne) |
480 |
560 |
450 |
680 |
660 |
Potentiel énergétique PCI |
17 MJ/kg |
40 MJ/kg |
12 MJ/kg |
28 MJ/kg |
n.p. |
Semi-coke (kg/tonne) |
300 |
330 |
300 |
280 |
340 |
Métaux/inertes (kg/tonne) |
100 :120 |
150 |
100 :150 |
40 |
-- |
Potentiel énergétique du semi-coke |
18 MJ/kg |
29 MJ/kg |
7 MJ/kg |
5 MJ/kg |
7 MJ/kg |
1
PCI de 1 kg de charbon = 30 MJ/kg
|
|||||
Source : Université libre de Bruxelles |
Une excellente récupération des
métaux
Les températures de traitement étant faibles, et la thermolyse
étant réalisée sans oxygène, les métaux
lourds
97(
*
)
ne sont ni oxydés, ni
volatilisés (à l'exception du mercure, du cadmium dont les
émissions sont inférieures aux normes), ce qui facilite leur
récupération et leur élimination
98(
*
)
.
c) Troisième argument : une technique propre
La
thermolyse ne génère que très peu de pollution. Tout
d'abord, puisqu'il n'y a pas de combustion de déchets, mais seulement
combustion de gaz, le volume des fumées est réduit (baisse de
50 % environ par rapport à l'incinération). Mais, surtout,
le système permet une parfaite captation du chlore par lavage du solide
carboné.
Le chlore
Le chlore est initialement présent dans les déchets entrants sous
forme minérale (sel) ou organique (plastiques, PVC notamment). Au cours
de la décomposition thermique, le chlore se retrouve soit capté
par le résidu solide (on a vu que c'est même l'une des
caractéristiques principales du carbone) sous forme de chlorures
lixiviables, soit dans les gaz de la thermolyse sous forme d'acide
chlorhydrique (HCl). La répartition du chlore entre le gaz et le solide
dépend de la nature et, en particulier, du rapport cellulose/lignine du
déchet entrant. Sans apport particulier, on estime que la
répartition moyenne après traitement d'ordures
ménagères est de 70 %dans le gaz/30 % dans le
semi-coke. Cette proportion peut être modifiée par l'adjonction
d'autres matériaux " inertants " (calcaire) destinés
à entraîner une augmentation de la rétention du chlore dans
le semi-coke (au détriment des gaz). La répartition du chlore est
alors modifiée jusqu'à 2 % (dans le gaz), 98 % (dans le
coke). Le chlore peut ensuite être purgé par simple lavage
(dechloruration). Le chlore est capté par l'eau qui peut alors
être traitée sans difficulté. Dans le procédé
Thide, le chlore récupéré représente environ
10 kg/tonne.
Exemple de destruction de contaminants par thermolyse : mélange avec organochlorés |
|||
|
Contaminants entrants |
Destruction |
|
|
ug/kg 1 |
mg/h 2 |
après thermolyse |
Dioxines (PCDD) |
21,1 |
22,8 |
87 % |
Furanes (PCDF) |
111,9 |
128,8 |
90 % |
Sous total PCDD + PCDF |
133,0 |
151,6 |
89 % |
Polychlorobiphénil (PCBS) |
20.200 |
22.700 |
75 % |
Chlorobenzènes |
3.500 |
4.000 |
68 % |
1
ug/kg = microgrammes/kilogramme
|
|||
Source : Test Noell |
La dioxine
Encadré n° 19
Pourquoi la thermolyse ne génère-t-elle pas de
dioxine ?
___
Pour
fabriquer de la dioxine, il faut trois conditions : du chlore, de
l'oxygène, une certaine température (de l'ordre de 300 à
400° C).
En incinération, la dioxine est d'abord détruite par la chaleur
pour se reformer au moment du refroidissement.
En thermolyse, les conditions ne sont donc pas réunies, puisque, s'il y
a bien du chlore, il n'y a pas d'oxygène (c'est le principe même
de la thermolyse).
Quand on brûle le gaz, ou qu'on brûle ou gazéifie le
combustible solide, on retrouve les conditions qui pourraient permettre la
reformation des dioxines, puisqu'on brûle avec de l'oxygène. Cette
reformation n'apparaît cependant pratiquement pas, car on capte
facilement le chlore dans le solide qui peut également être
facilement lavé pour enlever le chlore et, dès lors, il manque la
première condition pour fabriquer la dioxine.
Le solde éventuel (puisque le chlore n'est pas totalement
éliminé) peut être filtré par charbon actif lors du
traitement des fumées.
d) Quatrième argument : un coût de traitement compétitif
En
dessous d'un certain seuil, que la plupart des observateurs fixent à 50
ou 80.000 tonnes/an, l'incinération traditionnelle est moins attractive
et a des difficultés à rentrer dans les appels d'offre. Les
nouvelles techniques de fours à lit fluidisé permettent
d'abaisser le seuil de rentabilité, mais les investissements restent
lourds. Il n'y a en vérité que très peu de traitements
adaptés aux créneaux des moyennes (50 /80.000 tonnes/an) et
plus encore des petites capacités (inférieures à 50.000
tonnes/an), notamment lorsque l'habitat est dispersé, car la collecte
impose des coûts de transport prohibitifs.
C'est précisément sur ce créneau de petits tonnages, et
dans les régions à l'habitat dispersé, que peut intervenir
la thermolyse avec des coûts de traitement parfaitement
compétitifs.
Comparaison des coûts de traitement |
||||||
|
Incinération 200.000 t |
Thermolyse 200.000 t |
Incinération 50.000 t 2 |
Thermolyse intégrée 50.000 t |
Thermolyse non intégrée 50.000 t 3 |
|
Investissement MF 1 |
790 |
630 - 730 |
130 |
240 |
100 |
200 |
Amortissement F /t |
330 |
275 - 290 |
300 |
380 |
130 |
300 |
Coût opérations F/t |
220 |
140 - 240 |
270 |
310 |
200 |
275 |
Coût traitement F/t |
550 |
430 - 315 |
570 |
690 |
340 |
575 |
1
MF : millions de francs
|
||||||
Source : Prof. André Fontana, Université libre de Bruxelles |
L'évolution de ces coûts dépend de
plusieurs
facteurs.
De la récupération des métaux.
Métaux
ferreux et non ferreux en sortie de thermolyse ont une qualité
incomparable avec celle des métaux en sortie d'incinération (il
ne sont pas mélangés aux déchets), et même meilleure
que celle des métaux récupérés en centre de tri
(puisqu'ils sont débarrassés de tout élément
complémentaire (plastique, peinture, eau...). Le prix de reprise devrait
donc être élevé. Il ne s'agit que d'une recette potentielle
qui dépend de la récupération (courant magnétique,
courant de Foucault...). Il peut donc y avoir un intérêt :
mélanger les déchets traités avec des DIB afin
d'accroître la part valorisable et justifier ainsi une installation de
tri complémentaire. Ces coûts n'ont pas été inclus
dans le tableau précédent.
Du sort réservé aux résidus.
Si le
résidu carboné doit être mis en décharge de classe
I, le coût est alors prohibitif. Si le résidu doit être
transporté dans une cimenterie très éloignée du
four de thermolyse, l'avantage et l'économie réalisées sur
la collecte en amont est alors annulée par le surcoût en aval, si
le résidu doit être stocké en décharge interne
(comme dans certains centres en Allemagne), le problème n'est que
reporté, et la solution n'est, de toute évidence, pas
satisfaisante.
Ainsi, l'utilisation de ce résidu carboné est un
élément clef dans le calcul des coûts. Il peut
néanmoins être réglé soit par une combustion
associée (choix de Nexus, procédé
Softer
), soit par
des contrats de reprise qui ne sont pas encore conclus, mais qui ne sont
désormais plus exclus, notamment par les cimenteries.
e) Cinquième argument : le temps
Il faut
surtout appréhender le marché auquel s'adresse la thermolyse dans
le nouveau contexte formé par l'échéance de 2002, date
à partir de laquelle la mise en décharge cessera d'être un
mode de " traitement " courant.
L'échéance de 2002 crée un vide et une interrogation. Que
faire des déchets qui, jusqu'alors, étaient mis en
décharge ? L'incinération, dont le seuil minimum de
rentabilité est en général fixé à 80.000
tonnes/an, ne couvre pas toutes les situations locales ou imposerait des
collectes de plus en plus éloignées.
La thermolyse est une solution efficace et raisonnable lorsque la mise en
décharge est exclue et que l'incinération n'est pas
adaptée.
Ainsi, d'une part il y a un vide et une attente, d'autre part, il y a une
possibilité technique qui comblent l'une et l'autre, mais qui n'est ni
perçue comme telle, ni
a fortiori
, utilisée.
Nous sommes persuadés que cette situation est provisoire, et que la fin
des échéances modifiera les comportements. La plupart des
blocages seront levés... quand on ne pourra plus faire autrement.
Euro/thermolyse.
Mêmes échéances, même
période transitoire.
La comparaison est osée, et pourtant instructive, car nous sommes
persuadés que dans les deux cas il faudra attendre la fin des
échéances pour constater un changement d'attitude.
La monnaie unique a été décidée en 1992, et existe
depuis le 1° janvier 1999. Mais, hormis les financiers, peu de
personnes ont changé leurs habitudes et utilisent l'euro dans leur vie
quotidienne. Chacun fait comme s'il avait le temps. Tout
s'accélérera en 2002 lorsqu'on ne pourra plus faire autrement,
puisqu'à compter du 1° janvier 2002, les pièces et billets
en euros seront mis en circulation et que le 1
er
juillet 2002, les
francs seront définitivement retirés.
La même échéance conduit aux mêmes
conséquences et au même comportement. La fin de la mise en
décharge comme mode de traitement courant a été
décidée en 1992, et est programmée, elle aussi, pour le
1
er
juillet 2002. Jusque là, on s'interroge, mais
on conserve ses habitudes. Tout se passe comme s'il y avait le temps. Certains
mêmes pronostiquent et espèrent un report de
l'échéance qui donnerait une marge supplémentaire... Mais,
là encore, tout s'accélérera en 2002 lorsqu'on sera au
pied du mur. Que faire des déchets jusque là mis en
décharge ? La thermolyse trouvera alors sa place et son
créneau.
3. Thermolyse et incinération
Encadré n° 20
Quelles sont les différences entre thermolyse et
incinération ?
___
Bien
qu'elles soient parfois confondues, puisqu'il s'agit, dans les deux cas, de
traitement thermique des déchets, les deux techniques sont radicalement
différentes.
Les principes sont différents
L'incinération consiste à éliminer un déchet
en le brûlant (température supérieure à
850° C).
La thermolyse consiste à décomposer un déchet en le
chauffant dans un four sans oxygène (température comprise entre
450 et 750° C).
Les marchés sont différents
L'incinération est adaptée aux gros gisements, aux grosses
capacités (150.000 tonnes/an).
La thermolyse est adaptée aux gisements moyens ou petits (-
50.000 tonnes/an).
Les risques de pollution sont différents
L'incinération génère un volume important de
fumées polluées qui doivent être traitées.
La thermolyse génère un volume de fumées moins
important et moins pollué, puisque le chlore est capté en sortie
de four. Le potentiel de reformation de dioxine est réduit.
Les installations sont différentes
Les usines d'incinération de grosses capacités sont
toujours de grandes unités visibles nécessitant des
investissements lourds avec des cheminées très hautes
(20/25 mètres).
Les installations de thermolyse de petite capacité sont de taille
modeste avec des cheminées de 12/15 mètres. Elles peuvent
être installées sans inconvénient à proximité
de zones d'habitation.
Les coûts sont différents ou plutôt les coûts
sont adaptés à chaque cas
Les coûts des usines d'incinération sont plus
élevés pour des installations de moins de 50.000 tonnes que pour
des unités de thermolyse de même capacité.
Pour les grosses unités, l'incinération paraît plus
compétitive que n'importe quelle autre forme de traitement.
Les logiques politiques qui les sous-tendent sont
différentes
Le choix de l'incinération se justifie sur certains
créneaux pour des raisons de coût de traitement, mais est aussi
fondé sur le poids des habitudes, le prestige et l'influence des grands
groupes qui la soutiennent.
La thermolyse est un traitement de proximité qui s'inscrit dans
une logique de réduction des coûts de transport, de multiplication
des emplois de proximité et d'aménagement du territoire.
Conclusion
Thermolyse et incinération sont parfaitement complémentaires.
Encadré n° 21
Dix
questions au Professeur André FONTANA
___
1. A
quel marché s'adresse la thermolyse ?
La thermolyse, qui consiste en un traitement partiel du déchet, est
particulièrement bien adaptée au traitement des déchets
dans des unités de faibles capacités (5.000 -
10.000 tonnes/an), selon le principe de proximité pour les
gisements dispersés de déchets. Cette technique se
présente comme alternative à l'enfouissement technique et au
regroupement des déchets et à leur transport vers des
unités d'incinération de plus grandes capacités.
2. Quel est l'avantage de la thermolyse par rapport à
l'incinération ?
Les coûts d'investissements et de traitement par thermolyse non
intégrée dans des unités de faibles capacités
(5.000 - 50.000 tonnes/an) sont nettement inférieurs à ce qui
peut être pratiqué par incinération dans cette gamme de
capacité. De plus, par rapport à l'incinération en
capacité moyenne, le traitement selon le principe de proximité
permet de réaliser des économies au niveau du transport du
déchet brut.
La thermolyse produit un combustible solide qui peut être
valorisé de manière différée dans l'espace et le
temps en tant que combustible de substitution. La thermolyse ne
dégradant pas les métaux, permet de les recycler directement. La
thermolyse permet de réduire la quantité de résidus
ultimes.
3. Quel est l'avantage de l'incinération par rapport à la
thermolyse ?
L'incinération permet de traiter les déchets de manière
économique dans des unités de plus de 50.000 tonnes/an. Lorsque
les mâchefers ont subi un traitement adéquat, ils peuvent
être utilisés en construction routière ou dans la
construction de digues.
4. Quels sont les avantages environnementaux de la thermolyse ?
Sur le site de traitement, seuls les gaz de thermolyse sont
brûlés, de sorte que les émissions de fumées sont
réduites de près de la moitié par rapport à
l'incinération directe. Il en résulte un traitement de
fumées d'autant simplifié que les dioxines initialement
présentes dans les déchets sont détruites au cours de ce
traitement.
Le lavage du solide issu de la thermolyse permet d'éliminer une part
importante du chlore, des inertes et des métaux contenus qui ne se
retrouveront donc pas dans les résidus.
L'implantation d'une unité de thermolyse devrait être
idéalement située à proximité d'un utilisateur
d'énergie fossile (valorisation des gaz de thermolyse). Le combustible
solide de thermolyse est idéalement utilisé en tant que
combustible de substitution en cimenterie
Si le combustible solide de thermolyse est utilisé en cimenterie, il
n'y a que très peu de résidus ultimes. En outre, par rapport
à l'incinération avec production d'énergie
électrique, il y a réduction des émissions de dioxyde de
carbone.
5. Pourquoi un four de thermolyse peut-il fonctionner en sous
capacité et traiter une gamme plus large de produits que
l'incinération ?
La fonction chauffage du four étant régulée
indépendamment de la quantité et de la nature de la charge
entrante, ce procédé est très souple au niveau des
conditions opératoires.
6. Si le combustible est brûlé après la thermolyse,
alors quelle est la différence avec l'incinération ?
Globalement parlant, il n'y a bien sûr pas de différence
fondamentale. Comme la thermolyse est un traitement partiel du déchet
qui produit deux combustibles (gazeux et solide), ceux-ci peuvent être
brûlés dans des conditions plus régulières que le
déchet brut en incinération directe. L'air nécessaire
à la combustion peut donc être plus faible et
générer un débit de fumées nettement
inférieur. En outre, le criblage du solide de thermolyse permet
d'éliminer très facilement les matières minérales,
les métaux de bien meilleure qualité que dans les mâchefers
d'incinération. De plus, le chlore peut être éliminé
par lavage ce qui réduit ainsi considérablement le potentiel de
formation de dioxines.
Enfin, si le combustible solide de thermolyse est utilisé en tant que
combustible de substitution en cimenterie, le volume de fumées
émises lors du traitement du déchet est celui qui correspond
à la combustion des gaz de thermolyse. Il en résulte donc un
volume d'émissions nettement inférieur qu'en incinération
directe (moins de 3.000 Nm3/tonne contre 6.000 Nm3/tonne en
incinération). Les quantités totales de polluants émises
sont beaucoup plus faibles tout en respectant les normes de concentration.
7. Si la clef de la thermolyse est le combustible carboné, pourquoi
ce résidu ne trouve-t-il pas preneur, s'il est aussi bon que vous le
dites ?
Ce combustible s'apparente à un charbon de qualité
médiocre. Il contient une certaine quantité de cendres qui
peuvent contenir des métaux lourds. Il doit donc être
utilisé en tant que combustible de substitution dans une installation
industrielle pourvue d'unités de traitement de fumées
performantes. Tel est précisément le cas des centrales thermiques
et des fours de cimenteries. Pour ces dernières installations, grosses
consommatrices d'énergie, il y a place pour une substitution partielle
sans inconvénients pour le processus de fabrication. Des études
effectuées en France et en Belgique ont conduit à une acceptation
de principe de ce combustible.
Jusqu'à ce jour, les industriels candidats repreneurs ne disposaient
pas de suffisamment de ce combustible pour leur permettre de le tester à
grande échelle dans leurs installations. Aujourd'hui, c'est chose faite,
les pilotes industriels de thermolyse sont entrés en phase de production
(500 kg/h), et des lots de plusieurs dizaines de tonnes de ce combustible de
substitution sont actuellement testés à grande échelle.
Nous prévoyons un débouché à court terme.
8. Comment expliquer que les premiers contrats de reprise du combustible
solide de thermolyse envisagent un prix de reprise négatif ?
L'utilisation du combustible solide de thermolyse en cimenterie
nécessite des investissements au niveau réception et manutention
de ce nouveau produit. De plus, malgré le bénéfice
lié à l'économie potentielle d'énergie, il est
prévu des pénalités dans le cas où les
concentrations de certains polluants dépasseraient certaines limites
(excès d'humidité, chlore, métaux lourds, ...). De plus,
il faut prévoir des coûts liés au contrôle de la
composition à la réception de ce combustible.
9. Si des métaux lourds sont ainsi incorporés au ciment, ne
peut-on pas craindre de déplacer le problème ?
Les conditions physico-chimiques qui prévalent au niveau de la flamme
d'un four de cimenterie (1800 - 1900°C) conduit à une vitrification
des cendres et leur "inertage" lors de l'incorporation du
clinker
.
10. Quel est l'avenir de la thermolyse ?
Aujourd'hui, la thermolyse, comprise comme un traitement partiel du
déchet, présente une solution complémentaire à
l'incinération pour les gisements de déchets
particulièrement bien adaptés au traitement de faible
capacité selon le principe de proximité, en alternative à
l'enfouissement technique.
Certaines technologie ont aujourd'hui fait leurs preuves, et
l'acceptabilité du combustible solide est prête d'aboutir. Cette
solution est économiquement attrayante pour les collectivités,
avec récupération locale d'énergie.
TROISIÈME PARTIE
LES
FILIÈRES
___
I. LES GRANDES FILIÈRES " MATÉRIAUX "
A. LE VERRE
|
|
|
Données de base |
|
|
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||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marché |
|
Importance dans les ordures ménagères |
|
Cadre juridique |
|
Traitement Utilisations |
|
|
Production : 5 millions de tonnes, dont 4
millions
de tonnes pour le verre creux (emballages)
|
|
12 % des ordures ménagères |
|
Loi du
15 juillet 1975 relative à l'élimination des déchets
|
|
Toutes réutilisations du verre coloré |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1. Situation
a) Gisement. Collecte
Hors
verre industriel, le gisement de verre d'emballage ou " verre creux "
est de l'ordre de 3 millions de tonnes, ce qui correspond à une
moyenne de 50 kg/habitant/an. Les trois quarts (2,3 millions de tonnes)
constituent le gisement ménager, le quart (0,7 million de tonnes)
constitue le gisement professionnel (cafés, hôtels,
restaurants...).
Le verre d'emballage est constitué à 87 % de bouteilles. Il
se répartit en trois composants : un tiers pour les vins et
champagne, un tiers pour la bière, un tiers pour les autres liquides
(eau, alcool...).
La collecte du verre ménager s'est considérablement
développée : 1,5 million de tonnes ont
été récupérées en 1997, grâce à
un parc de 70.000 conteneurs. Chaque Français a
déposé en moyenne 20 kg de verre. Dans les deux cas
(collecte et parc) les progressions ont été
spectaculaires.
|
1985 |
1990 |
1995 |
1996 |
Parc de conteneurs à verre |
25.000 |
40.000 |
68.000 |
70.000 |
Tonnage récupéré |
600.000 t |
900.000 t |
1,3 Mt |
1,5 Mt |
Source : Verre Avenir |
On constate, cependant, que les résultats sont très variables selon les collectivités, les densités de population et l'éloignement des conteneurs. Le rendement varie de 1 à 8. Les moyennes s'établissent comme suit.
Taille de la collectivité (nombre d'habitants) |
Densité du parc (nombre d' habitants par conteneur ) |
Résultats (par habitant) |
|
|
|
|
|
|
Moins de 5.000 |
300 à 350 |
24 kg |
|
|
|
|
|
De 5.000 à 20.000 |
400 à 600 |
21 kg |
|
|
|
|
|
De 20.000 à 100.000 |
800 à 850 |
14 kg |
|
|
|
|
|
Plus de 100.000 |
1.000 à 1.500 |
5 à 10 kg |
|
|
|
|
Source : Verre Avenir, 1997 |
b) Le traitement. Le recyclage
Le verre
peut être produit presque indifféremment à partir de
matière minérale vierge (silice) ou de calcin (verre
broyé) de récupération.
Le verre usagé peut être recyclé soit par réemploi
direct (système de consigne où les bouteilles sont
récupérées, lavées et réutilisées
(système allemand), soit en refabriquant de la matière
première. C'est le système français.
Le verre récupéré, exempt de polluants, se recycle
indéfiniment sans perdre ses qualités originelles. Il doit
être néanmoins finement traité, avant réutilisation.
Les opérations de traitement sont les suivantes :
broyage,
lavage, élimination des colles, étiquettes,
capsules
99(
*
)
...
séparation du verre et des métaux ferreux (tri
magnétique), non ferreux (tri par courant de Foucault),
élimination des infusibles (porcelaine, cailloux...) par tri
optique électronique et électrovanne. Les différents
fragments passent devant une sorte de caméra. L'image est
transformée en signal électrique qui varie selon la transparence
et la densité. Les éléments indésirables ainsi
séparés sont ensuite éjectés au moyen d'un jet
d'air précis et récupérés dans une trémie de
réception.
Le calcin, ainsi libéré de corps étrangers, est devenu une
matière première, et peut ensuite être utilisé pour
fabriquer du verre.
c) Les avantages du recyclage
La
fabrication du verre à partir de calcin de récupération
présente tout d'abord des
économies matière
, que ce
soit en minéraux (1,5 million de tonnes
récupérées économise 1,3 million de tonnes de
sable), ou en énergie, puisque les frais de transport (extraction et
transport des matières premières issues des carrières) et
les frais de fusion sont abaissés. L'économie, partagée
pour moitié entre les deux postes, est évaluée à
100 kg de fuel par tonne de calcin enfournée. Selon la profession,
le recyclage du verre aurait permis d'économiser 1,3 million de
tonnes d'équivalent pétrole en vingt ans. Sans oublier les
conséquences pour l'emploi. La profession estime à 10.000 le
nombre d'emplois, directs ou indirects, induits par le recyclage du verre.
L'autre intérêt est, pour les collectivités locales,
de
diminuer le coût du traitement des déchets
ménagers
. En raison du partage des coûts avec
l'industrie
100(
*
)
, la
récupération et le recyclage du verre reviennent aujourd'hui
entre 50 et 100 F la tonne, soit un coût très
inférieur au prix de la mise en décharge (350 à
750 F), ou de l'incinération (400 à 900 F). Par
comparaison à la seule mise en décharge, le recyclage de
1,5 million de tonnes de verre aurait permis d'économiser, en 1997,
entre 500 et 750 millions de francs
101(
*
)
.
Cette économie est principalement fondée sur un partage des
coûts entre la collectivité -qui finance le conteneur
(achat/entretien)- et la profession, qui finance la filière soit
directement -par le biais d'un organisme agréé financé par
les fabricants de verre creux d'emballage-, soit directement. La
répartition des coûts et des financements s'établit comme
suit :
Coûts et répartition du recyclage du verre, 1996 (francs par tonne) |
|||||
|
|
|
Répartition par financement |
||
Opération |
Opérateur |
Coût |
Collectivité |
Organisme agréé |
Verrier |
Emplacement des conteneurs |
Collectivité |
5 |
5 |
|
|
Financement et entretien conteneurs |
Collectivité |
83 |
53 |
30 |
|
Collecte et transport |
Collectivité/ Verrier |
230 |
|
30 |
200 |
divers |
Verrier |
14 |
|
|
14 |
Coût total par tonne collectée |
|
332 |
58 |
60 |
214 |
Perte (5 %) |
Verrier |
10 |
|
|
10 |
Traitement |
Verrier |
97 |
|
|
97 |
Transport |
Verrier |
15 |
|
|
15 |
Coût total tonne traitée |
|
454 |
58 |
60 |
336 |
Communication Gestion |
|
20 |
np |
np |
20 |
Coût total |
|
|
|
|
356 |
Source : étude ADEME, données 1996 |
d) Comparaisons internationales
Malgré la hausse constante de la
récupération,
les résultats français restent modestes au regard des autres
pays. Avec un taux de recyclage de 50 %, la France est dans la -petite-
moyenne européenne. Sur les quinze pays de l'Union européenne,
elle est au dixième rang, loin devant le Royaume-Uni (22 %) ou la
Grèce (29 %), mais aussi loin derrière l'Allemagne
(79 %) ou les Pays-Bas (81 %). Sans compter la Suisse qui collecte
près de 90 % de son gisement verre.
On observera toutefois que ces comparaisons doivent être
interprétées avec prudence. Les bons résultats
constatés en Allemagne et en Suisse, par exemple, s'expliquent aussi par
un mode de collecte fondé principalement sur la consigne, et des
coûts de traitement sans commune mesure avec les coûts
français, notamment pour ce qui concerne la part restant à la
charge des collectivités locales...
Le recyclage du verre. Comparaisons internationales, 1996 |
|||||
Pays |
Allemagne |
Suisse |
France |
Belgique |
Italie |
Tonnage collecté |
2.839 |
259 |
1.400 |
224 |
894 |
Taux de recyclage |
79 % |
89 % |
50 % |
66 % |
53 % |
Prix du traitement 1 |
886 |
763 |
431 |
428 |
392 |
Prix payé par les verriers |
329 |
298 |
400 |
302 |
303 |
Prix à la charge de la collectivité |
557 |
465 |
31 |
126 |
89 |
1 Prix à la tonne triée |
|||||
Source
: Volume et taux :
Glass
Gazette
,
septembre 1996
|
2. Perspectives
a) Améliorer la collecte
Bien que
le " geste verre " (vert) soit familier pour les trois quarts de la
population, le pourcentage de verre collecté reste faible, notamment au
regard de nos partenaires européens. Les sociétés
agréées se sont engagées contractuellement auprès
des pouvoirs publics à valoriser 75 % des emballages
ménagers. Le gisement de verre ménager étant estimé
à 2,275 millions de tonnes (source ADEME/Adelphe, 1993), la
collecte devra donc dépasser 2 millions de tonnes.
Cet objectif peut être atteint par plusieurs processus : une
poursuite du maillage du territoire
et de l'équipement des
communes en parcs de conteneurs. La profession estime que le parc actuel d'un
conteneur pour 800 habitants devrait être augmenté pour
parvenir à un conteneur pour 500 habitants.
D'autres voies sont également envisagées. La
collecte porte
à porte
, avec collecte verre séparée, se
développe avec succès. Les recherches portent également,
aujourd'hui, sur la récupération du verre issu des
mâchefers d'incinération.
L'amélioration de la collecte peut également être obtenue
par une
amélioration du contenant
. Les recherches portent en
particulier sur la limitation des nuisances, tant visuelles (conteneurs
enterrés)
102(
*
)
, que sonores
(insonorisation des conteneurs à verre
103(
*
)
).
b) Nouveaux marchés et nouveaux gisements
On
observera que jusqu'à présent la seule voie de recyclage
évoquée a été le verre d'emballage. Ce circuit en
boucle (verre d'emballage utilisation collecte tri calcin verre
d'emballage) a déjà été expliqué. Il n'en
demeure pas moins que d'autres voies sont possibles. La profession en a
recensé une soixantaine : matériaux de construction,
peinture réfléchissante pour routes, pavés...
De nouveaux gisements peuvent également être
envisagés. La valorisation est cependant plus délicate et
coûteuse, et n'en est encore qu'au stade des expérimentations.
La valorisation du verre industriel
|
Les filières opératoires |
Les filières qui démarrent |
Les filières exploratoires |
||||
Matériaux |
Verre plat |
Verre feuilleté |
Miroir |
Verre automobile |
Verre automobile |
Écrans TV |
Tubes fluorescents |
Applications |
Bâtiment (vitrages...) |
Bâtiment (vitrages, vitrines) |
Miroir |
Pare-brise, lunette arrière |
Vitres latérales |
Écrans TV |
Tubes fluorescents |
Collecte |
Miroiteries |
Miroiteries |
Miroiteries |
Garages, "déconstructeurs" |
Garages, "déconstructeurs" |
Distributeurs |
|
Gisement |
n.p. |
n.p. |
n.p. |
30.000 t/an + 30.000 t/an |
30.000 t |
2 millions d'écrans par an |
|
Recyclé |
30.000 t/an |
150.000 t/an |
10.000 t/an |
150 t/an |
démarrage |
0 |
|
Débouchés |
Industrie, microbilles, peinture, enduits, céramique, laine de verre |
Même utilisation que verre plat (microbilles...) |
Sablage de façade, abrasifs |
Granulats |
Même utilisation que bouteilles + industrie (microbilles...) |
|
|
Observations |
Le verre blanc est exempt d'impuretés. Il est très facile à recycler |
Beaucoup de pertes parce que des morceaux de verre restent collés à la feuille plastique |
|
Pertes élevées (fils antenne, résistances de dégivrage). Collecte coûteuse et embryonnaire |
|
Recherches au tout début. Problème du plomb |
Prototype EDF. Problème du gaz, des métaux lourds |
Source : CYCLEM |
Encadré n° 22
Le
recyclage des lampes et des tubes fluorescents
___
Près de 50 millions de lampes et de tubes fluorescents et lampes
contenant du mercure sont produits chaque année.
Les lampes fluorescentes produisent de la lumière par le passage d'un
courant électrique à travers une vapeur ou un gaz : la
vapeur de mercure. Les lampes fluorescentes sont utilisées pour
l'éclairage des activités industrielles, ainsi que par les
administrations et les collectivités (halls d'usines, bureaux, grandes
surfaces, éclairage des villes, des autoroutes...).
Jusqu'en 1998, ces lampes finissaient chaque année leur vie dans les
décharges, en qualité de déchets banals assimilés
aux ordures ménagères, et généraient près
d'une tonne de mercure et 250 tonnes de poudre fluorescente, avec un impact
important sur l'environnement. Cette situation a changé en 1998, puisque
le décret de 1997 (décret n° 97-517 du 15 mai 1997, JO
du 23 mai 1997) classe les lampes contenant du mercure parmi les déchets
dangereux
Ces nouvelles exigences réglementaires imposent donc une
démarche spécifique pour l'élimination des lampes et des
tubes fluorescents.
Les déchets contenant du mercure et des poudres fluorescentes doivent
faire l'objet de précautions particulières lors de leur collecte,
stockage, transport et traitement, afin d'éviter tout rejet dans
l'environnement.
Depuis 1996, EDF a créé une filiale (la société
Provalor), chargée de la collecte, du transport, du recyclage et de la
valorisation des sources lumineuses usagées contenant du mercure.
Provalor met en oeuvre, actuellement, trois installations mobiles (camions)
pour traiter les tubes.
Les tubes fluorescents sont collectés par le camion, les culots sont
découpés et séparés du verre, puis ils sont
chauffés à 360°C pour éliminer le mercure à
l'état de dépôt. Le verre, une fois broyé, part avec
les poudres dans un second circuit. Les poudres sont séparées du
verre. Le verre est alors chauffé à 550° C pour
éliminer le restant de mercure. Dans les deux circuits, le mercure
s'évapore, et rejoint l'air enrichi de mercure provenant du broyeur.
L'ensemble de cet air passe au travers de charbons actifs, dans lesquels la
totalité du mercure est retenu. Le verre, les métaux, le mercure
et les poudres sont compartimentés et prêts à être
réutilisés.
A l'heure actuelle, Provalor est le seul opérateur en France à
garantir une valorisation à 100 % des tubes fluorescents. EDF
rejoint ainsi une démarche déjà adoptée par un
certain nombre de pays européens tels que les Pays-Bas, la Belgique,
l'Allemagne et la Suisse.
Source : Électricité de France - Provalor
c) Le tri par teinte ?
Encadré n° 23
Le tri
par teinte
___
Pourquoi les Allemands ont-ils trois conteneurs de verre
(verre
blanc, verre brun, verre vert) et les Français un seul ?
Cette différence s'explique par le marché et une raison
technique. En Allemagne, 50 % des verres creux sont en verre blanc. En
France, 70 % des verres creux sont en verre vert (20 % en verre
blanc, 10 % en verre d'autres couleurs).
Or, contrairement au verre de couleur qui peut être fabriqué en
tout ou partie à partir de calcin de toutes couleurs (le verre vert peut
utiliser 100 % de verres colorés toutes couleurs, le verre rouge
60 %), le verre blanc ne peut être fabriqué qu'à
partir de verre lui-même blanc (ou, évidemment, à partir de
silice, comme c'est le cas en France).
Ainsi, en France, 80 % de la production n'exige pas de séparer les
couleurs, alors qu'en Allemagne le tri par couleur est incontournable.
Pourquoi changer ?
Pour atteindre l'objectif de recyclage de 75 %, le recyclage doit
être porté de 1,5 million de tonnes à un peu plus de
2,1 millions de tonnes (sur la base d'un gisement de 2,9 millions de tonnes),
ce qui représente 600.000 tonnes à recycler de plus. Cette
progression ne peut se faire qu'en recyclant le verre également sur le
segment des verres blancs... ce qui suppose un tri par couleur.
Les premières expériences de tri par couleur ont
démarré en 1997, en disposant deux conteneurs différents
(verre blanc et verre couleur). Les résultats sont bons puisque, sans
communication spécifique, la collecte totale a augmenté de
20 % (+ 25 % pour la collecte de verre blanc, + 15 %
pour la collecte de verre coloré). Quatre expériences sont en
cours en 1999.
Attention toutefois à deux dérives
D'une part, il n'est pas utile de mettre des bornes
différenciées partout, puisque, comme on l'a vu, la verrerie
française accepte parfaitement le recyclage des verres en mélange.
D'autre part, il est tout à fait fondamental d'éviter le
tri par teinte en porte à porte. Le tri par couleur ne doit être
organisé que sur la base de l'apport volontaire. A domicile, la collecte
individuelle impose un message et un geste les plus simples possibles. Il faut
donc éviter la multiplication des bacs qui ne pourrait que
décourager les meilleures volontés.
d) Les difficultés prévisibles
Elles
sont contradictoires. Tout d'abord, sur la base du gisement actuel, les
capacités de retraitement seront-elles suffisantes pour parvenir au taux
de recyclage fixe ? Ensuite, les verriers doivent se poser une question
bien plus importante : et si le verre avait vécu ? Enfin, la
structure professionnelle de collecte est fragile.
Les capacités
Les capacités de retraitement actuelles sont de l'ordre de 1,8 à
1,9 million de tonnes par an. Sur la base d'un gisement de
2,9 millions de tonnes, et pour respecter l'objectif du taux de
valorisation retenu par les sociétés agréées, le
recyclage devrait être porté à 2,15 millions de
tonnes. Il manque donc environ 200.000 tonnes pour que les capacités de
traitement répondent aux besoins. A moins que le gisement ne s'effrite,
voire ne s'effondre.
La concurrence du plastique
Et si l'époque du verre avait vécu ? Le verre a
résisté au carton, à l'acier, à l'aluminium.
Résistera-t-il au plastique ? Une première alerte a
été donnée sur le marché des eaux minérales,
puisque le verre n'est plus utilisé que dans 30 % des cas
(47 % en Europe et 100 % en Allemagne).
Répartition de la production d'eaux minérales selon les emballages |
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Allemagne |
France |
Italie |
Royaume Uni |
Europe 1 |
Total (millions de litres) |
7.155 |
5.540 |
7.540 |
561 |
np |
Verre |
100 % |
30 % |
28 % |
15 % |
47,9 % |
Plastique |
n.p. |
70 % |
70 % |
85 % |
47,4 % |
Autres |
n.p. |
n.p. |
2 % |
n.p. |
4,7 % |
1 Europe = Union européenne + quelques autres pays non membres |
|||||
Source : GISEMES, Groupement international des eaux minérales et eaux de source |
Après les eaux, le verre résistera-t-il au
plastique
sur le créneau majeur des bouteilles de bière qui
représente encore le tiers des bouteilles vendues en France et
près de la moitié de l'activité de la verrerie
mondiale
104(
*
)
?...
La réorganisation des structures de collecte
La démarche qui a présidé à la création de
l'Adelphe, en 1992, était à la fois positive (la
récupération du verre est relativement facile à organiser,
le recyclage est économiquement intéressant parce qu'il engendre
des économies d'énergie, la création d'une filière
spécifique répond à un besoin économique et social)
et préventive, pour ne pas dire défensive. L'enjeu, pour les
industriels, était d'éviter une directive européenne
s'inspirant du modèle allemand fondé essentiellement sur la
consigne.
Ce choix allemand n'était d'ailleurs pas inspiré par des
considérations uniquement techniques ni écologiques, mais
était un moyen détourné, mais efficace, d'éviter la
concurrence des eaux étrangères (en l'espèce les eaux
italiennes et surtout françaises). En effet, un système de
consigne, obligeant au réemploi, est extrêmement coûteux et,
par conséquent, dissuasif pour les sociétés
françaises qui se trouvent à plusieurs centaines de
kilomètres des lieux de consommation.
Adelphe a donc été créée à cet effet. Et son
succès est total. Vingt ans plus tard, cette menace a disparu. Le
système français a fait ses preuves. Le retraitement est aussi
bien assuré par la transformation du calcin (après broyage),
comme dans le système français, que par le réemploi
après lavage, comme dans le système allemand. Adelphe et
Éco-Emballages ont formidablement réussi à mettre en place
et à développer la collecte sélective.
En 1996, à l'occasion du renouvellement de son agrément, Adelphe
a étendu sa compétence, suscitant même quelques surprises,
comme en témoigne cet article de presse (
Le Figaro
du 25 juin
1996) :
"
Contre toute attente
, la société
Adelphe, spécialisée dans le développement et le
financement de la collecte sélective et la récupération du
verre a vu étendre son champ d'intervention aux autres matériaux
recyclables, un secteur couvert exclusivement par Éco-Emballages
jusqu'à présent. "
. Depuis l'extension de son champ
d'action à l'ensemble des produits d'emballage, Adelphe a donc perdu sa
spécificité, et se trouve aujourd'hui sur le même
créneau que Éco-Emballages. Sans qu'il y ait aucune
compétition entre les deux, puisque les conditions d'intervention, les
prix, le soutien, sont pratiquement les mêmes. Dès lors, on peut
se poser la question de l'opportunité de maintenir une structure
spécifique axée principalement sur le verre.
Nous considérons qu'un regroupement est souhaitable. Nous
considérons également que Éco-Emballages est mieux
placé pour en assurer la direction.
B. LE PAPIER CARTON
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Données de base |
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Marché |
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Importance dans les ordures ménagères |
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Cadre juridique |
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Traitement Utilisations |
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Consommation de papier carton : 10,3 millions
de
tonnes
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Papier : 16,1 % des déchets
ménagers,
soit 67,3 kg/habitant/an
|
|
Loi n° 75-633 du 15 juillet 1975 relative
à
l'élimination des déchets et à la
récupération des matériaux
|
|
Pratiquement toutes les utilisations courantes issues de
la
pâte vierge
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1. Situation
Depuis
l'imprimerie et les premiers emballages carton, la production du papier carton
n'a cessé de progresser. La société de l'image et
l'évolution technologique n'ont pas entamé ce mouvement, puisque
la consommation de papier augmente avec le développement et la richesse
d'un pays (photocopies, imprimantes...). Aux États-Unis, la consommation
individuelle de papier est six fois supérieure à celle de la
moyenne mondiale. La consommation mondiale devrait s'accroître
annuellement de 9 millions de tonnes pour atteindre 350 millions de tonnes
en 2005.
Pendant longtemps, le papier a été réalisé à
partir de fibre de cellulose issue de sous-produits de la forêt (petits
bois d'éclaircies, copeaux, délignification de feuillus ou de
résineux), transformés sous forme de pâte. Mais la
quasi
totalité des produits à base de papiers sont recyclables,
c'est-à-dire qu'ils peuvent être utilisés pour fabriquer
des produits comparables. Ainsi, la récupération et l'utilisation
de vieux papiers n'ont-elles cessé de progresser depuis la Seconde
Guerre mondiale.
L'exploitation de cette matière première secondaire a
donné naissance à une véritable industrie de
transformation : 121 millions de tonnes sont recyclées dans le
monde, dont 35 millions de tonnes en Europe et 4,5 millions de tonnes
en France.
a) La récupération
Le gisement est triple :
le circuit industriel.
Il s'agit des sous produits de la
production et de la transformation des papiers-cartons (chutes de fabrication,
rognures d'imprimerie...) ;
le circuit commercial.
Il s'agit des produits qui -après
usage- peuvent être récupérés (emballages, journaux
invendus...) ;
le circuit des déchets ménagers.
Il concerne les
produits issus de la consommation des ménages (journaux, magazines,
produits de bureaux, emballages ménagers...).
Les différents circuits n'ont pas la même importance. 93 %
des fibres récupérées sont issues du circuit industriel et
commercial. L'ensemble se présente comme dans le schéma de la
page suivante.
Les circuits collectés se sont structurés. Les industriels sont
regroupés dans le Groupement français des papetiers utilisateurs
de papiers recyclables et de cartons recyclables (REVIPAP, REVIPAC). Ces deux
syndicats professionnels ont signé avec Éco-Emballages une
convention portant sur un engagement total de reprise, sans limite
quantitative, des déchets de vieux papiers et cartons collectés
et triés.
Depuis 1988, dans le cadre d'un " protocole d'accord vieux papiers ",
les papetiers garantissent l'écoulement des matériaux
récupérés. Quatre cents contrats liant les
collectivités locales, les récupérateurs et les recycleurs
ont été signés.
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Cycle de vie du papier carton |
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Bois de trituration (éclaircies, déchets de scieries...) |
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Papiers cartons récupérés |
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Matière de base |
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Transformation |
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Papier carton |
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Produits industriels |
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Produits de consommation |
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Chutes industrielles (chutes de coupes) |
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Cartons Emballages Journaux |
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Cartons Emballages |
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Bureaux |
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Journaux Magazines |
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Papier de consommation (papier absorbant, papier toilette) |
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Déchets récupérés (grandes surfaces, invendus...) |
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Déchets récupérés |
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Déchets récupérés |
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Déchets récupérés |
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Papier carton récupéré |
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Résultats
En 1998, ces trois circuits ont représenté une consommation de
papiers et cartons de 10,7 millions de tonnes. 4 millions de tonnes ont
été récupérées, soit un taux de
récupération de 43,7 % (défini par le rapport entre
la récupération de vieux papiers et cartons, et la consommation
de papiers et cartons). Malgré son augmentation en 1998, ce taux est
relativement faible par rapport à d'autres pays
105(
*
)
.
Il ne couvre pas les besoins nationaux en vieux papiers. L'industrie
papetière française est donc importatrice de vieux papiers. Les
importations oscillent entre 1 et 1,2 million de tonnes. Malgré des
exportations non négligeables (entre 750 et 900.000 tonnes depuis cinq
ans), la balance des échanges des vieux papiers est déficitaire
(en 1998, 1,15 million de tonnes importées, 840.000 tonnes
exportées, soit un solde net de - 315.000 tonnes).
b) Le recyclage
Description technique
L'industrie du recyclage des vieux papiers et cartons est mature. Le circuit
industriel se présente de la façon suivante :
Pré-traitement
Détenteur (industriel, grande surface, collectivité
locale) tri sélectif éventuel
(papiers/journaux/cartons...) conditionnement (balles)
transport vers l'usine de
recyclage deuxième
tri premier traitement physique.
Premier traitement physique
Au cours de cette phase de traitement, sont éliminées les
impuretés :
+
grandes que les fibres (plastique, agrafes...) par
procédé de grilles et
densimétrie
,
+
lourdes que les fibres (sable, verre...) par
procédé de
gravimétrie
,
+
légères que les fibres (plastiques, colles...) par
procédé mécanique de "
centrifugage
".
L'opération principale consiste dans le " défibrage ".
Le produit est inséré dans un mixeur (un " pulpeur ")
avec apport d'eau, qui casse les liaisons entre les fibres. Le papier-carton se
transforme en pâte, et les principales impuretés peuvent
être éliminées par les procédés
évoqués.
Deuxième traitement physico-chimique
Le désencrage
.
La fibre,
débarrassée des impuretés solides, est nettoyée par
injection de produit dissolvant et d'air. Le système, basé sur la
flottaison différente des matières, va faire remonter l'encre et
les matières ayant des propriétés de surface
différentes des fibres (vernis...). On observe que si le
défibrage est, dans tous les cas, indispensable pour éliminer les
impuretés physiques, le désencrage n'est pas systématique,
et n'est mis en oeuvre que lorsque la qualité du produit physique
l'exige. Les boues de désencrage sont une conséquence de l'encre
qui préexiste sur le papier. Ces différents
procédés ont pu faire douter du bilan strictement
écologique du recyclage des papiers. Certaines boues peuvent cependant,
par la suite, être valorisés dans l'amendement des sols.
Les FCR (fibres cellulosiques de
récupération).
A l'issue de ces différents
traitements, le produit est lavé, et constitue les FCR qui peuvent
être traitées comme, ou avec, des fibres vierges. Il convient
cependant de noter que les fibres recyclées ne se substituent pas aux
fibres vierges. Cette notion, encore en vigueur il y a quelques années,
est aujourd'hui dépassée. La
quasi
totalité des
papetiers utilisent des fibres recyclées, soit en complément des
fibres vierges, soit pour des utilisations spécifiques. S'il n'y avait
pas de récupération en France, les fibres seraient
achetées à l'étranger. D'ailleurs, lorsque la
récupération est insuffisante, les vieux papiers et cartons sont
importés.
Résultats
Les capacités de recyclage se sont beaucoup développées au
cours des dernières années. On dénombre soixante
sociétés, environ cent usines, traitant 4,5 millions de
tonnes. Plus d'un million de tonnes de capacités supplémentaires
en France ont été ajoutées au cours des cinq
dernières années. Plus d'un million et demi de tonnes l'ont
été pour les seules capacités de désencrage en
Europe en deux ans.
La consommation de produits papiers et cartons récupérés
est en constante augmentation. Près de 4,5 millions de tonnes de
produits papiers et cartons ont été recyclées en 1997 par
l'industrie papetière pour une production globale avoisinant les neuf
millions de tonnes, tous secteurs confondus. La collecte a progressé de
59 % en dix ans.
Évolution de la consommation de produits papiers-cartons de récupération (en milliers de tonnes) |
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1988 |
2.812 |
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1993 |
3.778 |
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1989 |
3.086 |
|
1994 |
4.075 |
|
|
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|
1990 |
3.295 |
|
1995 |
4.160 |
|
|
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|
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|
|
1991 |
3.367 |
|
1996 |
4.192 |
|
|
|
|
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1992 |
3.527 |
|
1997 |
4.470 |
|
|
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|
|
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|
1998 |
4.931 |
|
|
Source : REVIPAP |
|
L'importance de cette valorisation matière est
donnée
par le
taux d'utilisation
qui mesure la part des vieux papiers et
cartons consommée par l'industrie papetière dans l'ensemble des
quantités produites. Depuis quelques années, cette part oscille
entre 47 et 49 %. Ainsi, près de la moitié de la production
papetière est-elle réalisée en France à partir de
fibres recyclées.
Le taux d'utilisation des vieux papiers s'est sensiblement
amélioré au cours des dernières années, notamment
dans la presse et l'emballage.
Évolution du taux d'utilisation de fibres de récupération |
||
Papiers et cartons produits |
1988 |
1997 |
Journal |
42,3 % |
61,3 % |
Impression / Écriture |
9,6 % |
7,6 % |
Emballage et conditionnement |
77,1 % |
82,6 % |
Sanitaire et domestique |
35,5 % |
41,0 % |
Industriels et spéciaux |
23,5 % |
30,5 % |
Total |
44,5 % |
48,9 % |
Source :REVIPAP. |
Néanmoins, il s'agit d'un taux relativement médiocre par rapport à d'autres pays d'Europe (à l'exception des grands pays forestiers et " papetiers ") 106( * ) .
Le
recyclage des vieux papiers
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Pays |
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Taux de récupération |
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Taux d'utilisation |
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France |
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41,6 % |
|
49,6 % |
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Allemagne |
|
71,1 % |
|
73,6 % |
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|
Suisse |
|
67,4 % |
|
64,9 % |
|
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Pays-Bas |
|
64,7 % |
|
70,5 % |
|
||||
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|
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||||
|
Espagne |
|
41,1 % |
|
73,6 % |
|
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|
Royaume Uni |
|
39,6 % |
|
69,9 % |
|
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|
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||||
|
Italie |
|
30,7 % |
|
50,5 % |
|
||||
|
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|
|
|
|
||||
|
États-Unis |
|
45,0 % |
|
|
|
||||
|
|
|
|
|
|
|
||||
|
Japon |
|
51,3 % |
|
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||||
Taux de récupération = récupération des vieux papiers et cartons / consommation de vieux papiers et cartons |
||||||||||
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Taux d'utilisation = consommation de vieux papiers et cartons / production de vieux papiers et cartons |
||||||||||
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Nota : On observera cependant que les taux 100 % de récupération ou 100 % d'utilisation n'existent pas. Il existe une fraction qui ne peut être récupérée (car elle est soit stockée -livres-, soit consommée -papiers ménagers-) et un apport de fibre vierge est, de toute façon indispensable, ne serait-ce que pour satisfaire la croissance de la demande mondiale de papier. |
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Source : REVIPAP |
Encadré n° 24
Le
recyclage des billets de banque
___
Le
recyclage des papiers peut prendre des formes inattendues. Aux
États-Unis, une société a ainsi recyclé deux tonnes
de dollars américains usagés en les transformant en panneaux pour
cloisons. Les problèmes techniques étaient importants, mais
l'opération a rencontré un net succès commercial.
Une piste pour les billets en francs qui seront retirés de la
circulation entre le 1
er
janvier et le 30 juin 2002 ?
Chaque année, 700 millions de billets, soit 700 tonnes (un billet
pèse environ un gramme) sont détruits, brûlés. La
chaleur dégagée par cette opération fournit 25 % de
la vapeur nécessaire à la fabrication de nouveaux billets.
En 2002, 1,3 milliard de billets seront récupérés, soit
1.300 tonnes.
" La voie du recyclage est indiscutablement la plus
économique "
. La profession a ainsi calculé que le
recyclage, par rapport à l'incinération avec
récupération d'énergie, permet une économie globale
de l'ordre de 250 à 600 F la tonne.
Ce chiffrage paraît quelque peu contestable dans la mesure où la
comparaison n'inclut pas les coûts de collecte qui sont
déterminants. On peut même estimer que le surcoût de la
collecte sélective par rapport à la collecte en mélange
gomme une large partie de l'avantage financier théorique de la
valorisation matière.
Il ne faut cependant pas s'arrêter là, car l'intérêt
n'est pas dans la seule économie réalisée, mais
plutôt dans le partage des financements. En effet, dans la formule
" collecte des déchets / incinération ",
l'ensemble du coût est supporté par la collectivité
(indépendamment des aides publiques ou privées et des recettes
liées à la vente d'énergie), tandis que dans la formule
" collecte séparative / tri
conditionnement / traitement ", toute la partie traitement
matière (y compris le transport du centre de tri à l'industrie)
est prise en charge par le recycleur. Ainsi, le financement est-il
partagé entre la collectivité et la profession.
Mais les relations entre les deux s'équilibrent dans le temps. Au
départ, la collecte et le tri sont à la charge de la
collectivité, et l'élimination / valorisation est
à la charge du recycleur. Mais, plus la collecte est importante et mieux
le produit est trié, plus vite la collectivité change de statut
pour devenir, non seulement un partenaire, mais un véritable
fournisseur. Les relations s'équilibrent à l'avantage de tous.
Encadré n° 25
Le
marché international des vieux papiers
___
Il
existe un marché spécifique des vieux papiers et cartons de
récupération en marge du marché de la fibre vierge. En
1998, 35 millions de tonnes ont été échangées sur
le marché international.
Première raison. : le décalage entre lieux de production
et lieux de consommation
Le cartonnage est gros consommateur de vieux papiers et cartons de
récupération, notamment. Le problème vient du fait que les
lieux de consommation et les lieux de production sont différents ;
il y a des besoins dans les pays du Sud (emballages des produits des industries
agricoles et agro-alimentaires), alors que les consommateurs sont plutôt
dans les pays du Nord. Les cartons sont donc réexpédiés,
vides, vers le Sud.
Deuxième raison : il existe des marchés
spécifiques pour les vieux papiers qui ne peuvent être satisfaits
par la fibre vierge
Rappelons que le bois contient 50 % d'eau. Il faut, par
conséquent, deux tonnes de bois pour faire une tonne de papier, et
quatre tonnes de bois pour faire une tonne de cartons d'emballages. Le bois et
la fibre vierge, a priori moins chers, peuvent s'avérer plus
coûteux que la fibre récupérée qui contient beaucoup
moins d'eau, et est plus facile à traiter, notamment pour les
emballages. C'est ce qui explique que la Finlande et la Suède, parmi les
plus gros producteurs de bois et de fibres, sont néanmoins importateurs
nets de vieux papiers. En 1997, le déficit commercial de la Suède
sur ce secteur était même supérieur à celui de la
France !
Troisième raison : des segments de marché très
différenciés
Pourquoi la France, qui manque de papiers-cartons de
récupération, en exporte-t-elle ? Il existe, en
réalité, une très grande diversité de
papiers-cartons, et les qualités demandées sur un marché
ne sont pas forcément celles que l'on récupère. En France,
en raison du poids des grandes enseignes commerciales, on
récupère beaucoup de cartons d'emballages, catégorie dite
" des CCR " (caisses cartons de récupération). Il y a
donc une exportation de cartons. 50 % des exportations françaises
sont des CCR, notamment en Espagne qui absorbe 60 % de nos exportations
totales.
Quatrième raison : la stabilité des bateaux
L'Asie est gros acheteur de papiers et cartons de récupération.
Pour la simple raison que, tant pour des raisons de coût que de
stabilité, un bateau ne peut naviguer à vide... C'est pourquoi on
remplit les bateaux de vieux papiers !...
2. Perspectives
L'industrie du recyclage des papiers et cartons est mature, et
peu
de bouleversements sont attendus. Néanmoins, la physionomie de la
filière devrait être modifiée par plusieurs facteurs. Ces
modifications concernent :
la concurrence des plastiques,
les techniques de tri et de traitement,
la récupération et ses limites,
l'inconnue des coûts,
le " serpent de mer " des journaux gratuits.
a) La concurrence des plastiques
Il
convient de bien différencier les potentialités de
récupération et de recyclage selon les segments de marché.
Si le carton ondulé présente encore des possibilités de
développement importantes, à partir de fibres recyclées,
d'autres utilisations et, par conséquent, d'autres gisements sont plus
problématiques. Deux situations peuvent être
évoquées : la politique des distributeurs et les nouveaux
matériaux (le " tetra pack ").
La politique des distributeurs
D'autres segments pourraient connaître la même évolution en
défaveur du carton, menacé par l'utilisation croissante des
plastiques. La politique menée par les grandes enseignes de distribution
devrait accélérer la substitution du plastique au carton. Cela
concerne tout d'abord les sur-emballages, et surtout les caisses de manutention
et les palettes (auquel cas la substitution porte sur le bois et non le
carton). La grande distribution tend à mettre directement en rayon les
caisses et palettes, ce qui évite la manutention. Le plastique se
prête idéalement à ces nouvelles présentations
commerciales, tant pour des raisons d'esthétique et de commodité,
que de marketing. Le glissement vers le plastique permet en effet d'avoir des
caisses à la fois standardisées, faciles à manipuler, et
individualisées selon la marque. La caisse plastique permet d'imposer
plus facilement (par la forme, la couleur...) la marque du distributeur.
Ainsi, derrière le choix du matériau, se profilent d'autres
enjeux économiques, notamment le rapport (de force ?) entre
producteurs -qui cherchent l'individualisation des produits et des marques
(politique d'appellations contrôlées...)- et distributeurs -qui
cherchent à tirer la valeur ajoutée vers eux en ayant des
sous-traitants interchangeables et en développant leur propre marque
distributeur.
Ces reculs probables du carton ne font que renforcer l'importance que
revêtira, à l'avenir, la collecte sélective soutenue par
les collectivités locales.
Encadré n° 26
Le
tetra pack
___
Depuis
les premières utilisations en 1930 aux États-Unis (il s'agissait
alors de boites pliantes en carton baigné dans un bain de paraffine), le
carton est couramment utilisé dans les emballages alimentaires liquides,
en mélange avec d'autres matériaux. On les appelle les emballages
complexes, dont le plus connu est le " tetra pack ",
utilisé pour le lait à longue conservation.
Les packs sont constitués de deux ou trois matériaux : le
carton à 95 %, l'aluminium -avec un film de 6,35 microns
(0,00635 mm) en couche interne- pour le lait, le plastique -en couche interne
ou externe- (pour les jus de fruits), ou les trois à la fois.
Le marché mondial des emballages complexes à base de carton est
considérable : 100 milliards d'unités par an, ce qui
représente 20 millions de tonnes de carton. 60 % du marché
concerne le pack de lait, 40 % du marché concerne les jus de fruits.
Les États-Unis sont le premier marché mondial, sous l'effet
d'une consommation de lait importante (140 litres de lait par personne, moins
que le record de 260 litres de lait en Islande, contre 60 litres en France). Le
marché français représente 6/7 % du marché
mondial.
La récupération et la valorisation des emballages en carton pose
des problèmes techniques et économiques. La difficulté de
traitement (puisqu'il faut des installations spéciales pour
séparer les différents éléments) a
été longtemps compensée par une bonne qualité des
cartons utilisés, à partir de fibres longues. La qualité a
toutefois commencé à baisser il y a quinze ans, grâce
à la technique des " multijets ". Avec le
" monojet ", on recouvre une couche de carton par deux couches
-intérieure, extérieure- de plastique. Avec le double jet, deux
épaisseurs de cartons sont collées entre elles, et recouvertes
par deux couches extérieures de plastique. Mais, tandis que le
" monojet " utilisait des fibres longues, le double jet se contente
de fibres courtes, moins intéressantes à valoriser.
Sur le plan économique, le marché des packs est très
évolutif. D'une part le segment des packs de lait régresse,
tandis que le segment des jus de fruits se développe très
fortement. D'autre part, il est très vraisemblable qu'un glissement
s'opère en faveur des emballages plastique, beaucoup moins chers :
une brique carton/aluminium coûte environ 70 centimes
une brique carton/plastique, 50 centimes
une bouteille plastique, 30 à 35 centimes
un sac plastique, 15 à 20 centimes
(prix de l'emballage imprimé couleur, étiqueté,
près à l'emploi...)
Le marché du carton, déjà vulnérable sur les prix,
pourrait souffrir d'une concurrence accrue du plastique.
b) Les avancées technologiques
Les
recherches sur les techniques de récupération et de valorisation
concernent le tri et les techniques de recyclage.
Le tri
Il existe une gamme très étendue de papiers et cartons, selon les
utilisateurs (grammage, finesse, blancheur, résistance...). En France,
les industriels ont développé des filières et des
équipements qui n'imposent pas de tris très fins, contrairement
à l'Allemagne par exemple qui, en jouant sur un gisement et une
récupération beaucoup plus importants, a choisi des modes de
traitement avec un tri assez fin.
Cette situation française est à la fois un avantage pour le
centre de tri, qui n'opère qu'un tri léger, et pour l'industriel,
puisqu'il est mieux préparé que d'autres à recevoir des
papiers en mélange, et un inconvénient, car le produit revendu en
mélange n'a qu'une faible valeur, et que l'industriel, à son
tour, n'apporte qu'une faible valeur ajoutée.
Lorsque le gisement et la récupération progressent, la question
du tri par matière (carton, journaux, magazines, autres...) se repose.
Encadré n° 27
La
machine à trier le carton
___
Bien
qu'elle soit très spécifique, l'expérience
américaine de tri automatique de cartons mérite d'être
évoquée.
Deux éléments doivent cependant être rappelés au
préalable.
Aux États-Unis, la consommation individuelle de papier est dix
fois supérieure à la moyenne mondiale.
Aux États-Unis, les papiers, journaux et cartons collectés
dans les déchets ménagers représentent plus de 80 %
de l'ensemble des déchets collectés.
Fort de ces deux caractéristiques, le prix des matériaux est
assez élevé : 40 dollars pour les papiers
mélangés, le double, soit 80 dollars, pour les journaux et,
surtout, les cartons triés.
Le carton étant le produit récupéré qui avait le
plus de valeur marchande, il est apparu intéressant de parvenir à
trier le carton de façon mécanique. La machine conçue par
la société Talco est un séparateur à peigne
tournant qui permet de séparer les papiers et les cartons, les papiers
tombant à travers de larges alvéoles, les cartons, rigides,
remontant le long du tapis, et étant éjectés en fin de
parcours. L'investissement est de 80.000 dollars.
Selon l'industriel, cette machine permet de trier 10 tonnes/heure. Sur
une hypothèse de 6 tonnes/heure, un tri manuel équivalant exige
dans le meilleur des cas 6 personnes (1 personne par tonne par
heure). Le séparateur fait le même travail avec seulement
2 personnes, soit, pour un coût annuel de 20.000 dollars par
personne, 80.000 dollars d'économies.
Concernant les
techniques de recyclage
, il existe deux courants
contradictoires. Les avancées technologiques sur le recyclage
lui-même sont compensées par les innovations constantes dans les
papiers. Des améliorations sont attendues tant :
dans la préparation des FCR (séparation des fibres courtes,
pour des utilisations dans le secteur imprimerie et graphique, et des fibres
longues, plutôt utilisées dans les emballages),
dans le désencrage et la qualité des encres (encore qu'il
faille se méfier des fausses bonnes idées, telles que les encres
à l'eau qui ne contiennent pas de solvant, et sont moins polluantes
à fabriquer, mais beaucoup plus difficiles à séparer),
et, surtout, dans les techniques de traitement (raffinage haute
concentration...) et les processus de fabrication qui permettront
d'accroître, de façon significative (de 10 à 30 %), la
part des produits recyclés dans une fibre, sans changer les
caractéristiques ou les qualités du produit.
Dans le même ordre d'idées, et suivant une pratique bien
établie pour d'autres matériaux, les pratiques nouvelles tendent
à développer des utilisations en mélange (par exemple une
couverture extérieure en fibre vierge et intérieure en fibre de
récupération).
A l'inverse, les papiers -comme les emballages- complexes ou multicouches
(couvertures pelliculées, résistance à
l'humidité...) peuvent diminuer la recyclabilité. Quelques doses
de produit additionnel peuvent même interdire la réutilisation de
l'ensemble. Cette composante est intégrée par les fabricants qui,
souvent, ont les deux activités (producteurs de fibres à partir
de matière vierge et à partir de FCR), mais les pressions
à l'innovation et au positionnement
marketing
sont
fortes.
c) La récupération
La seule
limite vraiment importante de la valorisation est la
récupération. C'est une phase clef pour l'ensemble de la
filière. Or, cette phase n'est pas, aujourd'hui, satisfaisante.
" Le taux de récupération en France de produits à
base de papiers et cartons destinés au recyclage demeure encore l'un des
plus faibles d'Europe : 41,6 % comparé à la moyenne
européenne (49,8 % en 1996) ou à l'Allemagne
(71,1 %). "
Dans ce pays, la progression a été
considérable, le double de celle de la France : 12 points en
deux ans (59,3 % en 1994, 71,1 % en 1996), contre 5,5 points
seulement en France (36,1 % en 1996, 41,6 % en 1996).
L'amélioration de la récupération est d'autant plus
nécessaire que l'outil de traitement existe, et qu'elle conditionne la
rentabilité des investissements. L'industrie papetière est une
industrie lourde, très capitalistique. L'investissement pour le
traitement des vieux papiers représente environ deux années de
son chiffre d'affaires. On note, en outre, une évolution constante vers
des installations de grande capacité. Il y a vingt ans, les usines
traitaient de 30 à 60.000 tonnes. Aujourd'hui, on estime la taille
critique à 150/200.000 tonnes. Mais il existe en Europe et en France des
projets d'usines de 200/300.000 tonnes.
L'industriel ne s'engage pas dans de tels investissements sans avoir une
garantie d'apport. Le seul marché français ne suffira pas
(même un grand hypermarché ne représente que 2.000 tonnes
par an), et la collecte sera européenne, voire mondiale. Il n'en demeure
pas moins que la récupération dans notre pays peut et doit
s'améliorer.
Deux gisements sont encore insuffisamment exploités.
Le
premier gisement
est celui des
ménages
. REVIPAP
ne dispose pas, hélas, de taux de récupération des papiers
et cartons ménagers, mais ce taux devrait être très faible.
Selon Éco-Emballages, la récupération des seuls emballages
cartons (hors papiers et journaux) des ménages ne serait pas
supérieure à 11 %. Là encore, des
améliorations sont possibles.
Ainsi, chaque année, 2,5 millions de tonnes de produits papiers et
cartons usagés sont mises en décharge ; 2,3 millions de
tonnes sont incinérées. On estime que 70 % peuvent
être recyclables (ce qui représente tout de même 3,36
millions de tonnes). Encore faut-il que ces produits soient
récupérés.
Le
second gisement
est celui des
bureaux
. Les quelques
dispositifs qui existent dans ce domaine devraient se multiplier. Les
administrations, et pas seulement les services du ministère de
l'Environnement, pourraient, devraient concourir bien davantage qu'aujourd'hui
à la récupération des papiers usagés, triés.
Encadré n° 28
La
collecte des papiers de bureau
___
Chaque
employé produit en moyenne 100 kg de déchets de bureau par
an, dont 70 à 85 % sont constitués de papiers et cartons. Le
gisement annuel des papiers de bureau est de l'ordre de 1,5 million de tonnes.
L'enjeu de la récupération des papiers de bureau
Pour la collectivité.
La récupération et la
valorisation des papiers de bureau évite la mise en décharge
(minimum 250 F/tonne) ou l'incinération (minium 400 F/tonne).
Ces coûts ne peuvent que croître à l'avenir.
Par ailleurs, selon Federec (Fédération des entreprises de
récupération), entre 5 et 10.000 emplois sont liés
aujourd'hui à la collecte et au tri des papiers cartons. La collecte, le
tri, le recyclage de 1000 tonne de papiers de bureau entraîne la
création de deux emplois, soit 2.000 emplois pour un million de tonnes.
Pour la filière.
La filière de traitement des vieux
papiers et cartons est en surcapacité. La récupération est
insuffisante par rapport aux possibilités de traitement. Or,
aujourd'hui, moins de 15 % du gisement des papiers de bureau est
recyclé. Il s'agit d'un petit gisement, mais dont les marges de
progression sont les plus fortes, d'autant que la récupération
est relativement simple à organiser.
Pour l'entreprise.
Les papiers de bureau sont des déchets
industriels banals, assimilables aux ordures ménagères. S'il n'y
a pas aujourd'hui d'obligation formelle, le contexte réglementaire et
financier devrait changer sous deux effets. Tout d'abord, la loi du 13 juillet
1992 ne permet plus de mettre les papiers de bureau en décharge
(puisqu'ils peuvent être valorisés, et ne constituent donc pas des
déchets ultimes). Ensuite, le coût de l'incinération
devrait augmenter très sensiblement. Enfin, même si peu de
communes l'on encore appliquée, la redevance spéciale
instituée par les communes qui assurent la collecte des déchets
industriels banals devrait se généraliser, ce qui conduira les
entreprises à payer -et donc s'efforcer de maîtriser les
coûts correspondants-. Par ailleurs, la collecte sélective des
papiers de bureau est une opportunité de communication interne et un
dispositif facile à mettre en oeuvre.
La procédure
La collecte sélective suit un circuit simple :
collecte : en général, bacs près des
photocopieuses. Coût des bacs entre 5 F (carton) et 300 F
(poubelle acier à plusieurs compartiments) ;
stockage interne : éventuellement broyage (pour papiers
confidentiels) ;
regroupement avant enlèvement (bennes de 5.000 F à
25.000 F selon taille et fermeture) ;
enlèvement par opérateurs extérieurs ;
achat des " sortes ". Les " sortes " sont des
catégories de vieux papiers et cartons définis par une norme
européenne dite " EN 643 ". Cette nomenclature distingue
54 " sortes " différentes ;
traitement en filière (élimination des agrafes, trombones,
colles... puis traitement courant).
Appréciation
Le
bilan financier
est positif. L'économie
réalisée (coût du service
-
recettes des
récupérations, comparé au coût de traitement sans
collecte sélective) est de 10 à 40 %. Il existe toutefois un
seuil de rentabilité évalué à 500 kg/mois.
En 1999, la collecte sélective des déchets est
opérationnelle dans deux administrations : le ministère de
l'Équipement (administration centrale et services
déconcentrés) et le ministère de l'Environnement. Dans les
deux cas, le budget " gestion des déchets " a
été divisé par deux après deux ans (de 600.000
à 300.000 F pour l'Équipement, de 400.000 à
200.000 F pour l'Environnement).
Des
retours d'expérience
encore incertains. La collecte
sélective se développe assez rapidement depuis trois ans, avec
cependant des résultats parfois décevants. La collecte est
souvent inférieure aux prévisions. Attention également aux
baisses de motivation (baisse des quantités recueillies) et de vigilance
(moindre tri).
Les
conditions financières
des contrats doivent être
préparées avec précaution. Les prix de reprise sont non
seulement très variables -comme sur l'ensemble de la filière
papiers cartons recyclés-, mais subissent une décote par rapport
aux barèmes internationaux (les tarifs sont donnés pour des
" sortes " triées, et pas après la première
collecte). Les pénalités, notamment en cas de non respect des
qualités requises, peuvent être lourdes, ce qui impose de rappeler
les consignes de tri régulièrement.
Des possibilités d'entraînement
La collecte des vieux papiers est un élément d'une
stratégie environnementale d'une gestion dite " verte "
beaucoup plus ambitieuse. Elle peut, par conséquent, être
accompagnée ou suivie par d'autres actions concourant aux mêmes
objectifs.
Concernant les déchets proprement dits, privilégier les
fournisseurs qui offrent des services de reprise d'équipements en fin de
vie, privilégier les communications par tableau au niveau des services
-de préférence aux notes de service-, redécouvrir le
recto
des feuilles pour les brouillons, étendre le tri
sélectif à d'autres matériaux (boites, piles...),
favoriser l'utilisation de matériaux recyclés (si le papier clair
reste dans la
quasi
totalité des cas réalisé
à partir de pâte à papier vierge, le papier de bureau
recyclé peut être utilisé dans des conditions parfaitement
compétitives pour le carton, les chemises, les dossiers...
L'extension à d'autres domaines. Une nouvelle gestion des papiers
peut aussi entraîner une nouvelle approche d'autres
éléments du fonctionnement des administrations et
entreprises : eau, parc automobile, énergie... Il n'y eut,
jusqu'à présent que de petites mesures ponctuelles, le plus
souvent inappliquées. Mais une véritable politique appuyée
sur une volonté manifeste, des formations adaptées et des
contrôles intérieurs ou extérieurs manquent encore -ce
pourrait être le rôle des rapporteurs spéciaux des
commissions des Finances-.
Comme l'observe notre collègue sénateur, Serge
Lepeltier
1
, au sujet d'économies d'énergie,
" une impulsion politique dans les administrations publiques pourrait
être un signal fort pour les entreprises et les citoyens. "
. Ses
propos peuvent être parfaitement transposés dans le domaine des
déchets.
Des possibilités de développement
Répétons-le, le gisement existe, et est incroyablement sous
exploité. Des marges de progression existent. Notamment dans les
collectivités locales (sous réserve d'atteindre un seuil minimum
de 500 kg/mois), les administrations centrales et déconcentrées.
En 1999, le ministère de l'Intérieur s'est, à son tour,
engagé dans le processus, mais d'autres administrations pourraient s'en
inspirer.
Selon l'un de nos interlocuteurs, une collecte sélective des papiers
blancs organisée par le ministère de l'Économie, des
Finances et de l'Industrie, entraînerait une économie de plus d'un
million de francs par an. Aujourd'hui, seuls les journaux et magazines sont
collectés. Le gisement valorisable est considérable. Pour celui
qui le veut, tout est valorisable.
La collecte sélective des papiers de bureau est une occasion et un
nouvel état d'esprit.
________________________
1
Rapport de M. Serge Lepeltier au nom de la
Délégation du Sénat pour la Planification (Sénat
1998-1999, n° 346) :
" La réglementation qui
limite à 19° C la température dans les locaux publics
habités ou recevant du public n'est pas contrôlée et n'est,
le plus souvent, pas respectée. L'immeuble emblématique du
ministère des Finances à Bercy a même été
conçu pour réguler avec une grande précision la
température de chaque bureau à 21° C. Il s'agit là
d'une observation d'autant plus regrettable que ce bâtiment abrite
désormais le ministre en charge de faire respecter ladite
réglementation
(...)
"
. On ajoutera sur ce point qu'un
degré de plus augmente le coût de fonctionnement de l'ordre de
7 %.
Source : ADEME, 1998
d) Les limites de la récupération
Si des
potentialités existent, notamment sur le gisement des ménages, la
récupération nouvelle ne va pas sans difficultés.
Tout d'abord, l'évolution du marché vers la concentration des
capacités a pour effet d'
éloigner le gisement
de la
localisation des usines de recyclage. Le phénomène, qui existait
au plan international, générant des flux de trafic importants
entre zones de production de vieux papiers et cartons (Allemagne...) et zones
de consommation (Europe du Sud, Asie...), va se reproduire, cette fois au plan
national. Il existe, aujourd'hui, une centaine d'usines de retraitement des
vieux papiers et cartons récupérés. La concentration des
installations va entraîner des flux de transport nouveaux ; d'autant
plus que le gisement sera diffus.
Ensuite, on peut s'attendre à une
augmentation des coûts
.
La matière collectée sera moins " pure " que
précédemment. Les chutes industrielles, les journaux invendus,
les emballages issus des grands centres commerciaux sont parfaitement
homogènes. Ce qui n'est pas le cas des papiers, journaux et cartons
issus des collectes sélectives des déchets ménagers. Il
est, par ailleurs, parfaitement utopique d'envisager que la matière
arrive parfaitement " propre " et triée par type de papier ou
de carton. Aucun circuit ne survivrait à une telle exigence, et le
coût prohibitif casserait la filière.
En allant chercher des gisements de plus en plus difficiles à traiter,
la séparation s'impose. Il faut donc s'attendre à recevoir des
produits en mélange qu'il faudra trier, le moins mal possible, dans un
rapport de coût / efficacité acceptable. Même si
les équipements français sont adaptés à un
traitement multifibres, la tendance va probablement vers une
amélioration des tris en amont, notamment pour les emballages
cartons
107(
*
)
.
Autre conséquence des collectes des papiers des ménages, les
déchets ultimes vont progresser
. La part des déchets
ultimes est aujourd'hui de l'ordre de 10 à 12 % (incluant les
plastiques, les métaux -agrafes, trombones...-, les colles...). Cette
évolution entraînera, elle aussi, une légère
augmentation du coût du traitement.
Ces augmentations devraient toutefois être compensées par un effet
" volume ", voire un effet " qualité " (s'il y a eu
tri) qui augmenterait la valeur des produits collectés revendus aux
recycleurs.
Troisième conséquence : le
basculement des
coûts
. On a vu que, pour la collectivité,
l'intérêt réside principalement dans le fait que les
coûts du recyclage sont partagés. Le traitement est pris en charge
par l'industrie, tandis que la collectivité finance la collecte et le
tri. En s'orientant délibérément vers la
récupération des papiers et emballages ménagers, la
collecte, et surtout le tri, sont alors majorés de façon
significative. La recette ne peut augmenter dans les mêmes proportions
que moyennant un tri très fin pour parvenir à des produits
homogènes.
e) L'inconnue du prix du papier
Signe
parmi d'autres, Éco-Emballages verse un soutien financier à la
tonne triée de 750 à 1.950 francs par tonne, mais a fixé
sa garantie de prix de reprise à ... 0 franc la tonne -prix garanti,
complété par " un intéressement selon
l'évolution des cours "- tant l'évolution des cours est
erratique.
Deux phénomènes complémentaires ont été
constatés au cours des années récentes. Tout d'abord, le
lien fibre vierge / fibre de récupération s'est
distendu. Les deux marchés, qui représentent chacun environ la
moitié des besoins de production, ont une taille critique : les
franges de substitution sont faibles, chaque fibre a son marché propre.
Par conséquent, le marché directeur n'est plus celui de la
pâte à papier, et moins encore celui du bois.
Mais si les deux marchés sont
quasi
indépendants, ils sont
tous deux déterminés sur le marché mondial. Or, il existe
une surcapacité structurelle dans chacun des deux marchés, de
l'ordre de 15 %. Lorsque la demande baisse, les chutes des cours sont
alors vertigineuses sur les deux marchés, le temps que la production
s'ajuste. Ainsi, la valorisation reste-t-elle toujours une activité
à risques ou, plutôt, une activité cyclique, avec des
périodes à risques et des périodes de
prospérité.
Il existe, en outre, de fortes particularités locales, en fonction de la
demande. Ainsi, aux États-Unis, le prix des cartons
récupérés parmi les déchets industriels ou les
déchets ménagers a-t-il considérablement augmenté,
en huit ans. Des sociétés qui se sont bâties sur le
recyclage et sur des déchets spécifiques (petit mobilier,
décors de studios...) à une époque où le carton
était bon marché sont évidemment très
vulnérables à une telle hausse de prix, même si la
matière première ne représente que 3 % du coût
du produit final. Car, outre le prix, les petites sociétés sont
en concurrence avec des sociétés qui travaillent sur la
matière vierge, ou en fibres mélangées qui, elles, sont de
très grosses unités. Les coûts de production sont alors
radicalement différents.
En période de crise, seules quatre grosses unités ont la
capacité de résister, et les déconvenues des
sociétés misant sur des niches étroites sont
fréquentes.
f) Le " serpent de mer " des journaux gratuits
L'information commerciale et institutionnelle gratuite dans les
boites aux lettres connaît une véritable explosion depuis quelques
années. Elle représente chaque année en moyenne 36 kilos
par boite aux lettres, c'est à dire par foyer. Les chiffres sont
périodiquement réévalués. Ils étaient
estimés, dans le rapport Dron (1997)
108(
*
)
, à 30 kilos par foyer et par an, avec un
taux de croissance annuel de 10 % ; selon le cercle national du recyclage,
on serait aujourd'hui à 36 kilos avec une progression de 15% par an,
soit un doublement en cinq ans. A raison de 2,7 personnes par foyer, cela
représente 13,3 kilos par habitant soit 750.000 tonnes.
Ce phénomène a des conséquences multiples : sociales
(risques accrus de cambriolages...), économiques (captation de la
publicité dont aurait normalement bénéficié la
presse), et, dans notre optique, source de gaspillage, de pollution et,
surtout, de coûts de collecte et de traitement pour les
collectivités locales . Ainsi, tandis que la distribution massive
dans les boites aux lettres sont, la plupart du temps, à l'initiative ou
au bénéfice des grands commerces présents dans la
région, leur quantité croissante est une charge pour les
municipalités. Sur la base d'un coût minimum de traitement de
400 francs la tonne, les journaux gratuits représentent une charge
pour les collectivités locales de l'ordre de 300 millions de francs
Cette situation est déplorée par un très grand nombre
d'élus, de tous bords, comme en témoignent les initiatives
nombreuses visant à réguler cette évolution par la
fiscalité.
|
Proposition de loi tendant à protéger les particuliers contre la distribution abusive de prospectus publicitaires ou publications gratuites non adressées, de MM. Jean Besson et Bernard Hugo, sénateurs (Sénat n° 137, 1994-1995) |
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|
Proposition de loi visant à instituer une taxe sur la diffusion non nominative de prospectus publicitaires gratuits à but commercial, de M. Jean-Louis Masson, député (AN n° 350, onzième législature) |
|
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|
Proposition de loi tendant à créer une taxe communale sur les documents répondant à un but lucratif distribués gratuitement en nombre, émanant des membres du groupe communiste et apparenté (AN n° 623, onzième législature) |
|
|
|
Proposition de loi portant sur l'élimination des déchets et la récupération des matériaux, émanant de plusieurs membres du groupe RPR (Sénat n° 163, 1998-1999) |
Ces
initiatives ont été l'occasion de suggérer quelques
pistes. Parfois hétérodoxes. La dernière proposition vise
notamment à taxer la distribution de journaux gratuits, et à
financer la construction d'incinérateurs. Vos deux rapporteurs expriment
des réserves sur cette dernière suggestion, considérant
que, dès lors que la filière du recyclage existe et ne demande
qu'à s'amplifier, comme c'est précisément le cas pour le
papier-carton, d'autres formes de traitement permettant une valorisation
matière paraissent plus appropriées. Mais ces questions
techniques de périmètres et d'affectation ne sont pas de vraies
querelles. Une solution de compromis doit pouvoir être trouvée car
tous les responsables locaux sont d'accord sur le constat, et attendent une
amélioration.
Malgré cette
quasi
unanimité, une telle solution ne s'est
pas encore imposée. La difficulté vient du fait que les maires
n'ont pas été les seuls à se plaindre, et que les journaux
gratuits font aussi d'autres victimes, en particulier la presse écrite
qui se voit pénalisée par une baisse de ses recettes
publicitaires. C'est ainsi qu'une taxe d'origine parlementaire a
été votée en 1997, lors de la discussion du projet de loi
de finances pour 1998 visant à créer une taxe dont le produit
permettrait d'abonder le fonds de modernisation de la presse
109(
*
)
.
Ainsi, une taxe sur les journaux gratuits a bien été
adoptée, en 1997 mais elle vise un tout autre objet que celui qui
préoccupe la totalité des maires de France. Il n'en demeure pas
moins que le dossier est aujourd'hui plus délicat qu'hier, et qu'il
paraît difficile de créer une nouvelle taxe deux ans après
la première
110(
*
)
. Ne doutons pas que
les experts de Bercy sauront trouver une solution au problème qui leur
est posé par les 36.000 maires de France.
C. L'ACIER
|
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Données de base |
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Marché |
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Importance dans les ordures ménagères |
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Cadre juridique |
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Traitement Utilisations |
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Production d'acier : 18 millions de tonnes |
|
dont 500.000 tonnes d'emballages acier ménagers |
|
Loi n° 75-633 du 15 juillet 1975 relative
à
l'élimination des déchets et à la
récupération des matériaux
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Toutes utilisations de l'acier |
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1. Situation
L'acier
est un alliage de fer et de carbone auquel on ajoute d'autres
éléments dans des proportions variables pour parvenir aux
caractéristiques souhaitées.
L'acier a été à la base du développement
industriel. L'acier, matériau de l'armement, de la construction (les
7.500 tonnes de fer de la Tour Eiffel), des transports (trains, automobiles), a
opéré sa révolution technologique pour être
aujourd'hui présent dans presque tous les secteurs de l'activité
économique (depuis les poutrelles et les armatures de béton
armé, jusqu'aux aiguilles et aux prothèses de hanche), et se
trouve au coeur de la vie quotidienne (boites, conserves...). C'est
principalement à ce titre qu'il se retrouve dans les ordures
ménagères. L'acier est aussi le premier matériaux à
avoir été récupéré, à la fois parce
qu'il est facile à collecter, et parce qu'il est facile à
réutiliser.
a) Le gisement
Il
existe trois grands gisements d'acier.
Le
gisement professionnel
qui est lié soit à la
sidérurgie (chutes d'acier ou de fonte des
sidérurgistes
111(
*
)
, dites aussi
" ferrailles internes "), soit aux fabrications elles-mêmes
(chutes d'acier des usines de transformation, dites aussi " ferrailles
neuves "), les produits en fin de vie (matériel électrique,
épaves de navires, automobiles -l'acier automobile représente
toujours entre le quart et le tiers du montant des ferrailles
collectées-), emballages industriels (fûts, bidons qui servent
à emballer les produits industriels liquides...).
Le
gisement ménager
, avec d'une part les
" monstres " qu'on retrouve dans les déchetteries, les
décharges, voire les décharges sauvages -c'est-à-dire les
vieux équipements ménagers " blancs ",
réfrigérateurs, lave-linge...), et d'autre part les emballages
ménagers. L'acier est utilisé pour trois types d'emballages :
la " boite boisson ", ou " canette " :
4 milliards de boites sont fabriquées et consommées en
France (24 milliards en Europe, 150 milliards dans le monde). Les
trois quarts des " boites boisson " consommées en France sont
en acier ;
les conserves ou boites " oppertisées ". Les quatre
cinquièmes des conserves sont en acier ;
les boites à spécialités, destinées aux
autres produits ménagers (aérosols, peintures...).
Ces aciers, autrefois connus sous le nom de " fer blanc ", sont
regroupés sous la sigle des aciers pour emballages (APE). Ce sont des
aciers plats de faible épaisseur (0,24 mm) recouverts
d'étain et vernis.
Malgré une progression du plastique, la domination de l'acier dans le
marché des emballages et, en particulier, des emballages alimentaires,
est incontestable. L'acier représente les trois quarts des emballages
alimentaires, loin devant le verre (11 %), l'aluminium (8 %), le
carton (5 %), le plastique (1 %). L'acier est utilisé à
plus de 85 % dans les plats cuisinés, à 94 % dans les
conserves pour animaux. La diminution du poids
112(
*
)
, les développements techniques (ouvertures
faciles, vernissage, traitements de surface, apparition de boîtiers deux
pièces...) ont permis de " mordre " sur les autres
matériaux, notamment l'aluminium, beaucoup plus onéreux.
Mille tonnes d'acier permettent de fabriquer 13 millions d'emballages. Les
emballages acier rejetés représentent plus de 6 milliards
d'unités, soit 500.000 tonnes.
Les temps de récupération sont évidemment variables selon
les produits : un an pour une " boite boisson ", dix ans pour
une voiture, de trente à cent cinquante ans pour un pont ou un
bâtiment.
b) La récupération
A
l'exception de la mise en décharge, tous les modes de traitement des
déchets permettent de récupérer l'acier, grâce au
caractère magnétique du matériau qui lui permet
d'être attiré par un aimant.
La récupération d'acier à l'issue
d'incinération
En sortie d'incinération à 800°, le résidu solide
contient tous les métaux incombustibles présents dans les ordures
ménagères. L'acier représente de 1 à 2 % de la
charge enfournée et 10 % du mâchefer. Le mâchefer est
mis sur une bande transporteuse, au bout de laquelle se trouve un dispositif de
tri magnétique qui permet de sélectionner (par tri positif), des
produits dont la teneur en fer est supérieure à 50/60 %. Ce
tri peut être effectué, soit en sortie d'incinération, soit
en centre de traitement des mâchefers. Ce produit n'est pas suffisamment
riche en fer pour être considéré comme une ferraille. Il
est important de séparer convenablement les résidus pour
améliorer la concentration en fer dans la ferraille finale. Cette
concentration est obtenue par broyage dans un broyeur à marteaux, suivi
d'un nouveau tri magnétique. Depuis quelques années, le broyage a
lieu après séchage, afin que le mâchefer adhérant
à la ferraille grossière tombe en poussière. Ces tris
successifs permettent d'obtenir des ferrailles à plus de 90 % de
fer. Les ferrailles sont ainsi nettoyées, broyées,
densifiées par tris magnétiques successifs. Ce mode de tri
fournit 87 % de l'acier récupéré.
Les autres modes de collecte permettent également de
récupérer l'acier, en utilisant le même principe du tri
positif. Dans le compostage, l'acier est récupéré
après broyage dans un " trommel " et sélectionné
par tri magnétique. Dans la collecte sélective, les emballages
sont mis en " balles " après sélection par tri
magnétique sur la ligne de triage. On observera que seule la mise en
décharge ne permet pas la reprise de l'acier.
L'acier récupéré doit répondre à des
exigences de qualité fixées par un
"
Référentiel européen des ferrailles
",
sorte de catalogue des ferrailles réparties en vingt catégories
selon leur origine et leurs caractéristiques, et les prescriptions
techniques minimum (PTM) dans le cadre des contrats d'Éco-Emballages.
Ces caractéristiques portent notamment sur la teneur minimum en fer et
les teneur maximum en autres métaux (70 millièmes d'étain,
500 millièmes de cuivre...).
Ces normes sont vérifiées à partir d'échantillons,
soit par fusion qui permet de vérifier la composition précise de
tous les éléments, soit par la méthode dite
" BSL " (broyage, séparation, lavage) qui permet de mesurer la
teneur d'une ferraille en éléments magnétiques.
Les PTM sont différentes selon les modes de collecte. Les prix de
reprise font l'objet de négociations entre les fabricants ou collecteurs
de matériaux, les repreneurs et Éco-Emballages.
Conditions de reprise de l'acier 1 |
||||
Collecte |
Mâchefer issu d'incinération |
Collecte sélective |
||
Conditionnement |
Vrac |
Vrac |
Balles 300 kg |
Paquets (après presse) |
Teneur en fer 2 |
55 % |
60 % |
90 % |
90 % |
Humidité 3 |
6 % |
6 % |
10 % |
10 % |
Densité |
0,3 |
0,3 |
0,3 |
1,2 |
Prix de reprise/tonne |
0 F |
50 F |
50 F |
200 F |
Soutien direct d'Éco-Emballages |
75 F |
75 F |
300 F |
300 F |
1
Tarifs 1997
|
||||
Source : Le recyclage de l'acier dans les emballages ménagers , Dominique Aufauvre, Traitement OPECST |
En 1995, la collecte des ferrailles, toutes catégories confondues, a représenté environ 10 millions de tonnes, dont 9 millions ont été utilisées en France. La répartition s'établit comme suit :
Collecte de ferraille (1993) |
||
|
Total |
% |
Chutes de production |
1,7 MT |
16,6 % |
Chutes neuves de transformation |
2,3 MT |
22,5 % |
Collecte de produits usagés |
6 MT |
59 % |
Emballages domestiques |
0,2 MT |
1,9 % |
Total |
10,2 MT |
100 % |
Source : Généralités sur les aciers, ferrailles de collecte , Bernard Gros, Traitement OPECST |
En
France, la récupération ne porte toutefois que sur les deux tiers
du gisement, contre les trois quarts dans l'Union européenne
113(
*
)
.
Concernant l'acier issu des ordures ménagères, la
répartition par mode de collecte s'établit comme
suit :
|
Acier issu d'incinération avec récupération de chaleur |
66 % |
|
|
|
|
Acier issu d'incinération sans récupération de chaleur |
21 % |
|
|
|
|
Acier issu de compostage |
70% |
|
|
|
|
Acier issu de déchetteries |
3 % |
|
|
|
|
Acier issu de collecte sélective |
3 % |
|
|
|
|
Total |
100 % |
c) La valorisation
L'acier
peut être fabriqué presque indifféremment à partir
de minerai de fer, dans des aciéries dites " de conversion "
(ou convertisseurs à oxygène qui produisent de la fonte), ou
à partir des ferrailles récupérées, dans des
aciéries électriques. En effet, l'acier est recyclable à
l'infini. D'ailleurs, 40 % de la production d'acier en France provient du
recyclage de ferrailles récupérées. Les ferrailles sont
fondues dans un four électrique, cuve garnie de réfractaires dans
laquelle sont plongées des électrodes. La chaleur
dégagée par les arcs électriques (1.600°) fait fondre
la ferraille. L'acier liquide est récupéré à la
sortie du four, et utilisé dans les mêmes conditions que l'acier
produit à partir de minerai.
La fabrication initiale à partir de minerai de fer se fait dans des
convertisseurs à oxygène qui produisent de la fonte. Aujourd'hui,
même dans cette famille, on ajoute une partie de ferrailles. En revanche,
la filière électrique est uniquement réservée aux
ferrailles.
Les opérations principales de la fabrication de l'acier sont les
suivantes :
Ferraille + oxygène en four électrique acier liquide +
adjonction de composants pour parvenir aux caractéristiques
souhaitées
114(
*
)
acier liquide
ajusté (1600°) coulé en lingots ou en barres
laminage à chaud (800°/1200°) tôle de 1,2
à 5 mm d'épaisseur laminage à froid par
étirement et écrasement pour mettre l'acier à
l'épaisseur voulue (jusqu'à 0,09 mm) nouvelle cuisson
pour brillant, vernissage... fabrication du demi-produit, prêt
à utilisation.
Sauf exception (pour certains emballages), les aciers plats au carbone de haute
pureté utilisés pour l'automobile, l'acier issu de minerai et
l'acier issu de ferrailles sont utilisés indifféremment.
50 % de la production sidérurgique de l'Union européenne,
40 % de la production française sont réalisées
à partir d'acier recyclé.
L'acier recyclé représente néanmoins des avantages et des
économies substantielles : chaque tonne d'acier recyclé
représente une économie de 1,5 tonne de minerai de fer,
0,5 tonne de coke, et utilise 40 % d'eau (pour le lavage des
fumées) par rapport à l'acier issu de minerai.
La filière " électrique " demande trois fois moins
d'énergie que la filière " fonte ", puisqu'il faut
0,218 tonne d'équivalent pétrole pour produire une tonne d'acier
à partir de ferrailles, contre 0,592 tonne par la voie à partir
du minerai.
2. Perpectives
La filière acier a atteint sa maturité. Quelque progrès sont néanmoins attendus dans deux domaines différents.
a) Le travail sur la filière en général
La
création de
filières spécifiques
sur certains
secteurs gros utilisateurs, notamment l'
automobile
. Malgré les
progrès des autres matériaux (aluminium, plastique...), l'acier
représente toujours les deux tiers du poids d'une automobile. En France,
deux millions de véhicules hors d'usage sont broyés chaque
année (dix millions en Europe). Le gisement automobile représente
environ le quart du gisement total des ferrailles récupérables.
L'enjeu industriel économique est donc fondamental, ce qui explique et
justifie la mise sur pied d'une filière spécifique
115(
*
)
.
Au stade de la
conception des produits
. Le recyclage de l'acier
s'est développé à l'initiative des industriels, et remonte
même aux origines de la métallurgie. Si les raisons
économiques et la logique du marché ont été au
fondement de la démarche, d'autres motifs poussent au recyclage.
L'" éco-bilan " est positif, en raison des économies en
minerai, en eau, en énergie..., le message est percutant
(" La
boite acier, c'est facile à recycler "
). Les industriels
utilisateurs incorporent de plus en plus cette dimension parmi leurs objectifs,
et cherchent à améliorer les possibilités de
récupération de métaux dès la conception du
produit : accessibilité, facilité de démontage... Les
constructeurs automobiles se sont aussi engagés à concevoir des
véhicules aisément recyclables, et à ramener de 15 %
à 5 % la masse des déchets ultimes mis en décharge.
L'
utilisation
des produits recyclés
. Pour lever
toute ambiguïté, il convient tout d'abord de rappeler que,
malgré la progression des autres matériaux, notamment le
plastique, l'acier restera un matériau incontournable, tant pour des
raisons techniques (amélioration constante des caractéristiques,
des possibilités de traitement...), que pour des raisons
économiques, car l'acier bénéficie d'une bonne
prévisibilité, et même d'une stabilité des prix, car
il est peu affecté par les spéculations sur les matières
premières.
Cette domination de l'acier va de pair avec une utilisation croissante de
l'acier de récupération. Désormais, la quantité
d'acier recyclé s'accroît avec la quantité d'acier
fabriqué. Ceci est la conséquence du choix fait par la plupart
des sidérurgistes de développer la filière
électrique (qui repose sur l'utilisation des ferrailles) dont les
nouvelles unités se substituent aux installations à
oxygène (à partir du minerai).
Part de la filière électrique dans la fabrication de l'acier |
||||
|
1985 |
1990 |
1995 |
2000 |
France |
19 % |
28 % |
36 % |
40 % |
Union européenne |
29 % |
31 % |
35 % |
40/50 % 1 |
1 Part variable selon les sources |
||||
Source : Usinor et divers |
Ainsi, tout tend à montrer que le problème n'est pas de trouver des débouchés pour l'acier recyclé, mais bien de trouver de nouvelles ressources, ce qui implique une exploitation accrue des ferrailles.
b) La collecte des ferrailles
Une fois
les problèmes techniques résolus et l'orientation
décidée, la collecte des ferrailles est au coeur des
préoccupations. Les collectivités locales, jusque là
accessoires dans la filière, voire marginalisées, peuvent trouver
leur place dans ce nouveau dispositif.
L'amélioration de la collecte s'impose, tant en quantité qu'en
qualité.
L'amélioration des quantités collectées
Il convient tout d'abord de noter que les résultats constatés en
France sont inférieurs de dix points à la moyenne
européenne. 64 % du gisement de ferrailles sont collectés,
contre 74 % dans l'Union européenne.
Volumes et pourcentages de récupération des ferrailles en France et dans l'Union européenne (1993) |
||||||
|
Union européenne |
France |
||||
Ferrailles |
Gisement |
Récupération |
Taux de récupération |
Gisement |
Récupération |
Taux de récupération |
|
|
|
|
|
|
|
Chutes neuves |
13 Mt |
13 Mt |
100 % |
2 Mt |
2 Mt |
100 % |
dont automobile |
3,1 Mt |
3,1 Mt |
100 % |
0,9 Mt |
0,9 Mt |
100 % |
|
|
|
|
|
|
|
Vieille ferraille |
65 Mt |
45 Mt |
70 % |
12 Mt |
7,1 MT |
60 % |
dont automobile |
11,1 Mt |
10,6 Mt |
95 % |
2,2 Mt |
2,1 Mt |
95 % |
|
|
|
|
|
|
|
Total |
78 Mt |
58 Mt |
74 % |
14 Mt |
9 Mt |
64 % |
dont automobile |
14,2 Mt |
13,7 Mt |
96 % |
3,1 Mt |
3 Mt |
96 % |
Source : Bernard Gros, Données 1993, à partir de documents remis lors de l'audition, Traitement OPECST |
De
surcroît, la ressource en ferraille neuve devrait décroître
en raison de l'amélioration des rendements des usines
sidérurgiques et des usines de transformation, et la collecte des
vieilles ferrailles jouera alors un rôle de plus en plus
prépondérant.
Certes, le gisement des vieilles ferrailles reste, dans sa grande
majorité un gisement industriel, mais les collectivités locales
peuvent intervenir dans certains segments :
soit
indirectement
, lorsqu'il s'agit de soutenir les
récupération
des
produits non ménagers
.
C'est en particulier le cas des emballages industriels (fûts, tonnelets,
boites et bidons) qui sont traditionnellement recyclés en mélange
avec d'autres ferrailles de collecte. On estime que, sur ce créneau, le
recyclage n'atteint que 70 %, alors qu'un objectif de 100 % recyclage
n'est pas hors de portée. La première cible visée est
celle des artisans pour lesquels les réseaux de collecte traditionnelle
(les " ferrailleurs ") seront vraisemblablement doublés par
les collectes sélectives et les déchetteries ;
soit
directement
, lorsqu'il s'agit des
déchets
ménagers
. Le tonnage globalement accessible est de l'ordre de
800.000 tonnes, parmi lesquelles 5 à 600.000 tonnes d'emballages. On
estime que 30 % du gisement était repris par la filière en
1993, 50 % en 1996, avec un objectif réaliste de 75 % en 2002,
en raison des progrès des collectes sélectives.
Il ne faut cependant pas nier que cette orientation ne va pas sans
inconvénients, dont le principal est lié à la dispersion
et, par conséquent, au coût de transport. Miser sur la collecte
sélective, c'est aussi disperser les centres de
récupération et, par conséquent, accroître les
coûts de transport. On estime, aujourd'hui, que le coût de
transport est compris entre 30 et 250 F par tonne, selon la localisation
(auquel s'ajoutent 200 F par tonne pour le broyage).
Cet inconvénient est cependant limité par la nouvelle
distribution géographique des fours électriques qui
représentent des unités beaucoup moins lourdes et moins
onéreuses (l'investissement est divisé par trois) que les
compresseurs à hydrogène. On compte ainsi trois aciéries
à l'oxygène situées dans deux ports (Dunkerque et Fos) et
dans l'Est, et vingt-cinq fours électriques répartis presque
partout dans l'Hexagone, à l'exception de l'Ouest de la France.
L'amélioration de la qualité de la collecte
La ferraille compactée issue du tri sélectif a un aspect familier
pour les particuliers qui y reconnaissent les produits de consommation courante
qui sortent de leurs réfrigérateurs. Bien qu'elle soit connue,
facilement repérable, cette " ferraille
ménagères " n'a pas toujours les qualités requises
pour un traitement en four électrique. Plusieurs problèmes
apparaissent.
Tout d'abord, la plupart des conserves sont souillées (restes de
nourriture, présence de peintures, produits toxiques...). Ensuite, le
particulier a la tentation de remplir les emballages vides avec d'autres
déchets, voire d'autres emballages, qui ne sont pas en acier, et qui
peuvent perturber la transformation. Enfin, la
quasi
totalité des
emballages contiennent de l'étain qui pose un problème
spécifique.
Encadré n° 29
Le
problème de l'étain dans les aciers issus de collecte
sélective
___
Si le
problème principal entre l'incinération et la collecte
sélective réside dans les volumes traités et
récupérés, il existe également une
différence dans la nature des produits collectés.
La teneur en étain varie sensiblement selon les gisements.
L'écart peut être de 1 à 4 selon les modes de traitement.
La proportion d'étain est de 0,25 % dans la ferraille issue du tri
sélectif, de 0,11 % en sortie de four, et de 0,08 % en sortie
de four après broyage. Cette différence s'explique d'une part par
le fait que la collecte sélective porte
quasi
exclusivement sur
les emballages acier, qui sont pour la plupart revêtus d'étain, et
d'autre part, parce que l'incinération élimine une partie de ce
métal (le " désétamage ").
Il a été établi qu'avec le recyclage systématique,
la teneur en étain augmentait pendant près d'un siècle, et
que, avec un recyclage à 100 % issu de collecte sélective,
la teneur en étain était, en fin de période, sept fois
plus grande qu'avec la ferraille d'incinération. Dans le pire des cas,
la teneur resterait toutefois en dessous du référentiel
établi par les industriels. Il ne s'agit donc pas d'un véritable
danger, mais d'un point à surveiller. Les professionnels veulent
éviter que l'étain passe d'un statut de revêtement à
celui d'élément d'alliage dans l'acier, ce qui serait nocif au
delà de certaines teneurs.
En outre, même compactés, les déchets
récupérés n'atteignent pas toujours la densité
souhaitable pour une utilisation optimum. On considère que le
délai moyen entre deux fusions successives ("
top to
top
") est d'une heure. L'un des facteurs de réussite est la
densité du produit enfourné. Moins le produit est dense, plus le
délai s'allonge, et plus le rendement diminue.
Plusieurs pistes sont envisagées pour améliorer la qualité
des ferrailles collectées en tri sélectif. La solution la moins
coûteuse est le compactage systématique (entre 120 et 150 F
la tonne). Le broyage à marteaux, aujourd'hui réservé aux
aciers en sortie d'incinération, représente un investissement
lourd, et certainement inaccessible pour les petites unités (de l'ordre
de 20 à 50 millions de francs), mais le broyeur à couteaux
peut être adapté aux collectes sélectives (1 à
2 millions de francs). Le broyage, adapté aux petites
unités, est aujourd'hui à l'étude (méthode Usinor
soutenue par Éco-Emballages). Le seuil de rentabilité ne
descendrait pas en dessous de 500 tonnes d'acier annuel.
Enfin, d'autres gisements n'ont pas encore été exploités.
Au moins 250.000 tonnes échappent aujourd'hui à la collecte.
La thermolyse permettrait d'isoler et de récupérer très
facilement les métaux contenus dans les déchets ménagers,
mais aussi dans d'autres gisements, comme les pneus par exemple (une tonne de
pneus en thermolyse permet de récupérer 100 à 150 kilos
d'acier).
D. LES MÉTAUX NON FERREUX116( * )
1. Situation
Le
recyclage des métaux non ferreux (MNF) est une activité
industrielle traditionnelle. Tout ce qui est techniquement et
économiquement valorisable est valorisé, pour la simple raison
qu'il n'y a pratiquement aucune différence entre le métal
primaire (raffiné), fabriqué à partir de minerai, et le
métal secondaire (affiné), fabriqué à partir des
produits collectés. Les principaux MNF sont avant tout l'aluminium, puis
le cuivre, le zinc, le plomb, le nickel, auxquels on peut ajouter, pour
mémoire, quelques métaux rares (or, argent, manganèse...).
Les besoins annuels en France sont de l'ordre de 2,4 millions de tonnes.
Comme pour l'acier, le gisement récupérable a trois
origines : les chutes de production, les chutes de l'industrie de
transformation, les produits en fin de vie collectés tels quels ou
après un premier traitement (récupération en sortie
d'incinération ou après broyage...).
Les gisements actuels sont partagés pour moitié entre les
gisements purement professionnels (chutes de fonderie et d'industrie) et les
produits en fin de vie. Les MNF se trouvent essentiellement dans les
automobiles, mais aussi dans les câbles électriques (cuivre), le
bâtiment (aluminium, zinc), les batteries (plomb et nickel),
l'équipement électroménager (aluminium, zinc), les
emballages (aluminium), les pièces de monnaie (nickel).
La plupart des produits en fin de vie peuvent être
récupérés cinq, dix ou quarante ans après leur mise
sur le marché.
Dans la plupart des cas, la filière suit un processus
éprouvé : collecte, récupération, compactage,
apport à l'industrie, tri, broyage, fusion, affinage...
Dans la plupart des cas, également, la filière est
entièrement maîtrisée par les circuits professionnels. Six
cents entreprises se sont spécialisées dans la
récupération des déchets métalliques. Non seulement
les gisements de MNF dans les déchets ménagers sont faibles,
mais, jusqu'à ces dernières années, leur traitement
n'était pas organisé pour fournir un apport en MNF, même
d'appoint.
Ces six cent entreprises fournissent les cinquante affineurs (deux mille
personnes) qui utilisent exclusivement les produits de
récupération, et une trentaine de transformateurs qui utilisent
les matières premières secondaires en complément de leur
approvisionnement en métal neuf.
Cette organisation professionnelle a permis d'obtenir un taux de recyclage
(pourcentage de métal recyclé / gisement total)
élevé sur certains produits : 95 à 100 % des
lignes électriques, 95 % du zinc de toiture, 85 à 90 %
des batteries automobiles.
On observera, d'une part que la collecte d'aluminium (auquel le chapitre
suivant est consacré) commande les autres -en cherchant et en isolant
l'aluminium, on peut aussi collecter les autres métaux-, d'autre part,
les filières et les produits ne sont pas indépendants. Les
alliages métalliques sont courants (acier + nickel,
plomb + zinc, acier + zinc, cuivre + zinc,
aluminium + cuivre...), et même de plus en plus
fréquents. La recherche de performances techniques conduit à
l'utilisation de matériaux composites qui rendent le recyclage plus
onéreux, voire impossible.
Au total, la récupération assure 37 % des besoins nationaux
en MNF. La seule récupération des produits en fin de vie assure
20 % des besoins.
2. Perspectives
a) Une tendance au développement du recyclage
Plusieurs facteurs poussent à donner au recyclage des
MNF une
importance croissante, non seulement en France, mais dans le monde.
D'une part, à l'exception du nickel de Nouvelle-Calédonie, la
production de minerais a disparu en France. La France importe le minerai
correspondant aux métaux recherchés. Les produits
récupérés -les déchets- sont donc la seule
" mine de surface " disponible : une mine renouvelable,
contrairement aux mines naturelles. Les réserves mondiales
prévues pour le cuivre, le plomb et le zinc sont inférieures
à trente ans de production, les réserves de nickel sont de
soixante ans. Seules les réserves de bauxite, à l'origine de
l'aluminium, sont importantes (deux siècles). Dans tous les cas, la
réutilisation des produits de récupération permet
d'économiser des matières premières.
D'autre part, la fabrication de produits secondaires coûte beaucoup moins
cher que la fabrication de produits primaires, à partir de minerai. Les
investissements nécessaires sont beaucoup moins importants
(l'investissement est souvent trois à quatre fois moins
élevé que pour le raffinage) et le fonctionnement est, lui aussi,
moins coûteux.
L'économie d'énergie par rapport à la production de
métal primaire est de 20 à 50 % pour le plomb, 60 à
80 % pour le cuivre, 90 % pour le zinc, 90 à 98 % pour
l'aluminium.
En Europe, les économies sur la fabrication sont toutefois
compensées par des coûts de collecte et des contraintes
environnementales (filtres de dépollution). Ces limites n'existent pas
dans les pays émergents et en voie de développement qui utilisent
de plus en plus ce mode de fabrication, et importent, par conséquent,
des produits de récupération.
Ainsi, les matériaux en fin de vie deviendront-ils la principale source
de métal secondaire. Leur collecte locale sera d'autant plus
nécessaire que les autres sources (métal
primaire / importations) vont diminuer et se renchérir, sous
le double effet de la raréfaction de la ressource et des concurrences
sur le marché international des produits de récupération.
Encadré n° 30
Le
recyclage des pièces de monnaie
___
Les
pièces de monnaie ont un " cours légal " qui n'a plus
rien à voir avec la valeur du métal. C'est ce qu'on appelle la
fiduciarisation des monnaies.
Périodiquement, certaines pièces, comme certains billets, n'ont
plus de " cours légal ", elles sont
" démonétisées " et n'ont donc plus de valeur
d'échange. Elles sont retirées de la circulation et
échangées contre de nouvelles pièces (exemple :
retrait en 1988 des pièces en cuivre de 10 F gravées par
Mathieu au profit des nouvelles pièces bimétalliques
représentant le génie de la Bastille). Les anciennes
pièces sont récupérées par la Banque de France et
remises au Trésor qui charge l'une de ses directions (la Monnaie de
Paris) du recyclage des différents métaux (nickel, cuivre...).
Entre le 1
er
janvier et le 30 juin 2002, les francs seront
retirés de la circulation. On estime que 18 milliards de pièces
ont été émises et 11 milliards sont en circulation (
pertes, " exportation " par les touristes ...) En 1988, les 2/3 des
pièces avaient été remises et échangées. Sur
cette base, 7,5 milliards de pièces et les métaux correspondants
devraient être récupérées en 2002 ( nickel et cuivre
pour les pièces de 10 francs, nickel quasi pur pour les pièces
de 1 F et ½ franc, cuivre (92%), aluminium (6%) et nickel (2%) pour les
pièces en centimes).
12.000 tonnes de nickel devraient ainsi être
récupérées. Une bonne nouvelle pour l'industrie de la
récupération , ... et une moins bonne pour les producteurs de
nickel de Nouvelle Calédonie.
b) Une amélioration des taux de collecte
Des
marges de progression existent, en faisant émerger de nouveaux
partenaires. Les chutes neuves et les résidus industriels sont d'ores et
déjà totalement exploités. Ce premier gisement devrait
même se réduire avec la recherche de rendements croissants,
diminuant les résidus. Les améliorations ne peuvent donc
être attendues que sur l'autre gisement : les produits en fin de
vie, qu'ils soient industriels (câbles, bâtiments, automobiles) ou
ménagers.
Tout d'abord, une meilleure conception des produits qui intégrerait la
dimension " recyclage " faciliterait la récupération.
Ensuite, le gisement ménager -déchets ménagers et
encombrants apportés en déchetteries- ne peut être
négligé.
Selon les professionnels, la marge de
progression sur la
récupération, facilement accessible, est de + 5 % (sur
30.000 tonnes). La moitié de cette progression devrait provenir des
ordures ménagères par des collectes adaptées
:
tri sélectif, machines à courant de Foucault
117(
*
)
, voire déchetteries qui peuvent constituer
des sources d'appoint.
Les collectes sélectives et les efforts des collectivités locales
pour promouvoir de nouvelles formes de gestion des déchets s'inscrivent
dans ce courant.
c) La diversification des modes de valorisation
Toutes
les sources et tous les modes de valorisation n'ont pas été
exploités. En complément de la valorisation métallurgique
des résidus industriels et produits en fin de vie, deux pistes nouvelles
peuvent être évoquées :
La valorisation des résidus des procédés
métallurgiques.
Outre les chutes, les traitements de métaux
produisent un grand nombre de résidus peu ou mal exploités
aujourd'hui. Selon la profession, plusieurs résidus peuvent être
valorisés. L'" écume " de première fusion, les
" crasses " et " scories " de deuxième fusion
d'aluminium, la " motte " de cuivre ou de zinc provenant de
l'affinage du plomb, les " poussières de nickel " dans les
fours électriques produisant de l'acier inoxydable... La profession
évalue la ressource métal extraite des résidus
métallurgiques à 80.000 tonnes, soit près de 10 % du
métal recyclé.
La valorisation matière des résidus.
Dans cette
seconde voie, ce ne sont pas les propriétés
métallurgiques, mais les caractéristiques physiques des
résidus qui sont recherchées. L'une des recherches concerne les
" boues rouges " issues de la transformation de la bauxite. La
production d'aluminium primaire entraîne des volumes très
importants de résidus, de l'ordre de trois à quatre fois les
tonnages extraits, soit 300.000 tonnes par an, aujourd'hui stockés dans
des fosses sous-marines, près de Cassis. Les recherches consistent
à étudier les possibilités d'utilisation en remblais
routiers, en couches étanches pour les décharges... Les
résidus issus de la transformation d'autres minerais peuvent
également être utilisés en génie civil. On observera
que, pour cette seconde piste, la solution n'est pas purement industrielle et
écologique (étude des comportements à long terme), mais
aussi juridique (traçabilité) et culturelle (importance et
acceptation du message sur la valorisation en génie civil).
d) Les difficultés
La
valorisation des MNF se heurte à deux difficultés principales.
La première est d'ordre
économique
. Même si le
présent rapport est concentré sur les réalisations et
perspectives dans notre pays, le marché des MNF, de première ou
de deuxième fusion, est mondial. Or, le marché est
caractérisé par une surcapacité structurelle et une
très grande volatilité des prix. La plupart des grandes zones
industrielles anciennes ou nouvelles se sont dotées d'installations
d'affinage de métaux de récupération, et la
surcapacité, chronique, est mise en évidence à l'occasion
du moindre choc. Les entreprises sont fragiles. Cette fragilité est
renforcée par le caractère spéculatif d'une partie du
marché, rendant très difficile toute prévision, et
conduisant à des mouvements de prix brusques et erratiques.
Il n'est pas rare que les prix des minerais -et, par conséquent, des
métaux de récupération- passent du simple au double en
moins d'un an, puis redescendent de moitié l'année
d'après !... De surcroît, les courbes d'évaluation ne
sont pas toujours identiques selon les métaux, rendant les
prévisions
quasi
impossibles : tandis que les cours de
l'aluminium et du zinc explosaient (
quasi
doublement) entre la mi 1996
et la mi 1997, le cours du plomb diminuait...
Cette volatilité constitue une difficulté majeure à la
valorisation des MNF.
La compétitivité des filières existantes n'est donc
nullement définitivement acquise, et l'amélioration de la
collecte doit être une préoccupation constante partagée par
tous (sans pour autant instituer de taxe sur l'utilisation des minerais car,
malgré le développement des filières secondaires,
l'industrie continue d'exploiter la filière du raffinage du minerai. Une
éventuelle taxe -une de plus- compromettrait l'ensemble de la
profession.)
La seconde difficulté est d'ordre
juridique
et
culturel
. On remarquera qu'au cours de cette présentation, il n'a
jamais été fait référence aux
" déchets ". La matière récupérée,
même en fin de vie ou " abandonnée " par son
utilisateur, est une véritable matière première
secondaire, et doit être traitée comme telle.
Les produits récupérés ne sont pas des déchets,
fussent-ils qualifiés de spéciaux, et les installations
correspondantes ne sont pas des installations d'élimination de
déchets.
La qualification est très importante, car elle entraîne des
contraintes spécifiques, et conditionne l'" accueil " des
populations. On observera, par exemple, que certains résidus, comme
l'écume de première fusion d'aluminium, sont classés comme
déchets industriels spéciaux en Europe, mais figurent sur la
liste des déchets non dangereux de la convention de Bâle de
l'Organisation de coopération et de développement
économique (OCDE), et ne sont même pas considérés
comme déchets aux États-Unis. Autre exemple, les scories de
métallurgie primaire du plomb et du zinc sont catalogués en DIS
et stockées en terrils, alors même qu'elles sont couramment
utilisées en technique routière et en génie civil dans
d'autres pays d'Europe (construction de digues par exemple).
La valorisation impose aussi un changement d'attitude. Le principe de
précaution ne doit pas conduire à bloquer toute
initiative.
E. L'ALUMINIUM
|
|
|
Données de base |
|
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Marché |
|
Importance dans les ordures ménagères |
|
Cadre juridique |
|
Traitement Utilisations |
|
|
Total Europe : 7 millions de tonnes, dont 7
millions
d'emballages
|
|
0,5 % des déchets ménagers, soit 2 kg/habitant/an |
|
Pas de texte spécifique. Application des textes
sur les
emballages :
|
|
Toutes utilisations. Pas de différence entre " aluminium primaire ", fabriqué à partir de bauxite et d'alumine, et " aluminium secondaire ", fabriqué à partir de matière recyclée |
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
1. Situation
a) Le gisement
L'aluminium professionnel
Grâce à ses nombreuses qualités
(légèreté, résistance, conductivité,
durabilité, possibilité de façonnage), l'aluminium trouve
des applications dans de très nombreux secteurs.
Répartition de la consommation d'aluminium |
|||
Europe
|
France
|
||
Transport |
26 % |
Transport |
29 % |
Bâtiment |
24 % |
Bâtiment |
20 % |
Emballage |
14 % |
Emballage |
12 % |
Électricité |
8 % |
Électricité |
11 % |
Mécanique |
8 % |
Mécanique |
4 % |
Divers |
20 % |
Équipements domestiques |
9 % |
|
|
Divers |
15 % |
|
100 % |
|
100 % |
Source : Fédération des minerais et métaux, Chambre syndicale de l'aluminium . |
Les
utilisations se différentient également par leur mode de
fabrication. On distingue :
le
filage
qui consiste à introduire des
" billettes " d'aluminium dans un conteneur qui donne au métal
sa forme finale (châssis de fenêtre...) ;
le
laminage
qui consiste à faire des feuilles
d'épaisseur variée (boites, barquettes, feuilles...) ;
l'
étirage
qui consiste à transformer l'aluminium en
fil (câbles de transmission...) ;
la
fonderie
de moulage : l'aluminium est livré en
lingots ou en liquide, puis injecté dans des moules (applications
automobiles, carters...).
Les quatre cinquièmes des utilisations sont des utilisations
industrielles. L'aluminium est également utilisé par les
ménages dans une gamme de produits qui est, elle aussi,
extrêmement diverse. Comme on le verra par la suite, cette
diversité aura de l'importance dans le choix des modes de valorisation.
L'aluminium ménager
L'aluminium utilisé par les ménages est de l'ordre de 72.000
tonnes, réparties en quatre gisements distincts, en fonction notamment
de l'épaisseur du métal qui s'échelonne entre 0,3 mm
(300 microns) pour les boites, jusqu'à 6,35 microns pour les
feuilles d'aluminium incorporées dans d'autres emballages en
multicouches (feuilles d'aluminium dans les " briques " de lait).
Les
emballages aluminium
. On appelle " emballage
aluminium " les emballages où l'aluminium est majoritaire en poids.
Ces emballages entrent dans la catégorie des produits dits rigides
(conserves, " boites boisson ", aérosols) ou semi-rigides
(barquettes, boites de nourriture pour animaux...). Ce gisement
représente 40.000 tonnes, ce qui est très faible par rapport
à d'autres pays qui ont des habitudes de consommation beaucoup plus
tournées vers l'alimentation préparée et les " boites
boisson ".
La France n'a pas la " culture de la boite " comme d'autres pays qui
ont des consommations trois fois (Royaume Uni), voire huit fois plus
élevées (États-Unis). En outre, en France, seulement
30 % des " boites boisson " sont en aluminium (contre 50 %
en Europe, 75 % au Royaume Uni et plus de 90 % aux États-Unis
ou en Suède).
Consommation de " boites boisson " par habitant en 1997 |
||||||
France |
Allemagne |
Italie |
Espagne |
Royaume-Uni |
Europe de l'Ouest (moyenne) |
États-Unis |
40 |
78 |
32 |
91 |
134 |
73 |
373 |
Nota : En 1998, la consommation a augmenté, et devrait être de 50 boites en France, 400 boites par personne et par an aux États-Unis. |
||||||
Source : Péchiney, Rhenalu |
Le
volume annuel des emballages aluminium est de l'ordre de 40.000 tonnes (La
répartition est donnée dans le tableau suivant).
Les autres gisements concernent l'aluminium contenu dans des emballages
où l'
aluminium
est
minoritaire
. Il peut
s'agir, soit d'emballages associant plusieurs matériaux dans
différentes pièces, tels que les pots de yaourt (avec corps
plastique et opercule en aluminium de 38 microns d'épaisseur) et,
surtout, les " boites boisson " acier dans lesquelles le corps est en
acier (11/15 grammes), mais le couvercle (3 grammes) et l'anneau
(0,3 grammes) sont presque toujours en aluminium ; soit d'emballages
multimatériaux ou " multicouches ", incorporant une fine
feuille d'aluminium dans d'autres couches de matériaux :
plastique/aluminium, plastique/aluminium/carton, tels que les
" briques " de lait...
L'autre poste concerne les
feuilles aluminium
vendues en
rouleaux qui ne sont pas classées comme emballages au sens de la
directive européenne
118(
*
)
. Puisqu'elles
sont destinées à " couvrir ", elles ne
" contiennent " pas de marchandises au moment de l'achat. Ces
feuilles aluminium, utilisées seules ou en multicouches, ont une
épaisseur comprise entre 6,35 et 20 microns.
Enfin, on peut aussi mentionner, pour mémoire, les
équipements ménagers
(casseroles, cendriers...) qui
représentent un gisement ancien, en voie d'extinction (la plupart
étant remplacés par des équipements inox).
Le gisement de l'aluminium ménager est estimé à 1 %
du volume d'ordures ménagères, et se répartit comme
suit :
Aluminium ménager, 1997 (tonnes) |
|
Emballages aluminium |
|
Boites boisson |
8.700 t |
Boites de conserve |
7.100 t |
Aérosols |
9.000 t |
Tubes |
4.100 t |
Semi-souples et souples |
11.000 t |
Sous total |
39.900 t |
Emballages à aluminium minoritaire |
22.000 t |
Feuilles aluminium |
10.000 t |
Total* |
72.000 t |
* hors équipements ménagers |
|
Source : Chambre syndicale de l'aluminium. Compilation |
b) La récupération
Outre
ses propriétés physiques qui ont fait son succès,
l'aluminium partage, avec le verre, la caractéristique d'être
pratiquement recyclable à l'infini, dans des conditions avantageuses.
Les producteurs d'aluminium se sont donc intéressés très
tôt à la récupération de l'aluminium d'abord
industriel, puis ménager.
Les déchets d'aluminium sont, en vérité, une
véritable " mine de surface " à exploiter. Outre les
importations qui représentent, pour l'ensemble des métaux non
ferreux (MNF), 20 % des matières premières utilisées
dans le recyclage, il faut distinguer trois modes de collecte.
La récupération de l'aluminium industriel
Outre les contrats directs entre producteurs et utilisateurs de boites, la
récupération d'aluminium, comme de l'ensemble des MNF, est un
métier à part entière. Il existe plus de 600 entreprises
spécialisées dans la récupération des
déchets métalliques dont l'aluminium (chutes industrielles,
copeaux, débris, câbles...). Cette activité échappe
largement aux collectivités locales. La collecte de l'aluminium
ménager utilise des moyens radicalement différents.
La collecte en centre de tri
Les emballages aluminium peuvent être collectés par un
système de collecte sélective, comme tous les emballages,
c'est-à-dire essentiellement par collecte séparative porte
à porte et, accessoirement, par bornes d'apport volontaire. La
difficulté vient après, au moment du tri.
En France, les emballages aluminium sont récupérés par la
collecte sélective, avec les autres emballages (essentiellement par
collecte porte à porte). La faiblesse du gisement explique qu'il n'y a
pas, à une exception près, de collecte séparative pour
l'aluminium, contrairement à d'autres pays, comme la Suède ou les
États-Unis. Ces deux pays ont adopté un système de
consigne. Un ticket est remis à celui qui rapporte la boite dans un
collecteur ou un supermarché, qui est remboursé par la suite. En
France, les différents emballages arrivent en vrac, la difficulté
survient au moment du tri.
Les quelques exemples de tri automatique par machine à courant de
Foucault (voir ci-après) n'ont pas donné les résultats
attendus, dans la mesure où la machine sélectionne tout emballage
ayant une trace d'aluminium, y compris par conséquent les emballages
multicouches, multimatériaux, tels que les " tetra-packs ",
dont plus de 90 % est en carton. Le tri machine n'évite pas un tri
manuel, avec identification pièce par pièce.
Les volumes récupérés en collecte sélective restent
cependant encore extrêmement faibles : 400 tonnes en 1997, soit
1 % du gisement... Autant dire que la
quasi
totalité de
l'aluminium prend aujourd'hui d'autres voies : mise en décharge ou
incinération.
La récupération de l'aluminium issu du mâchefer
d'incinération
La récupération de l'aluminium issu du mâchefer
d'incinération est aujourd'hui réalisée par une machine
à courant de Foucault, basée sur le principe de la
réactivité de l'aluminium à un champ magnétique.
Encadré n° 31
Le tri
par courant de Foucault
___
Le tri
par courant de Foucault est un tri magnétique. Les pièces
à trier avancent sur un tapis roulant, au bout duquel se trouve
placée une roue polaire munie d'aimants dont les pôles sont
alternés, chacun générant un champ magnétique.
En application du principe de Maxwell, le champ magnétique crée
un courant dans tout objet conducteur passant à proximité (en
l'espèce l'aluminium). Du fait de l'alternance des pôles, le
courant produit par la rotation de la roue est un courant alternatif qui
crée, à son tour, un champ magnétique qui s'oppose au
premier.
L'objet réagit comme un aimant dont le pôle situé du
côté de la roue polaire est toujours du même signe que
l'aimant de la roue polaire à l'aplomb. Il y a donc création de
forces radiales auxquelles s'ajoutent des forces tangentielles dues à la
rotation. La résultante soulève l'objet et le projette.
Ainsi, dans les mâchefers composites placés sur le tapis, les
métaux ferreux restent accrochés et tombent par gravité
sous la roue, les inertes (cailloux, verre...) tombent par gravité
devant la roue, les métaux non ferreux sont éjectés devant
la roue.
Cette machine a été mise au point pour les broyeurs de voiture.
Il s'agissait alors de machines importantes adaptées à de
très grandes quantités (chaque année, en France,
2 millions de voitures, soit 2 millions de tonnes sont mises à la
casse) et à des broyages sommaires. Grâce à
l'amélioration des performances des aimants, l'idée a donc
été de miniaturiser l'installation pour récupérer
l'aluminium collecté et/ou broyé dans les ordures
ménagères.
La miniaturisation a eu lieu, mais les premières applications, en
centres de collecte, ont échoué (voir ci-dessus). En
éjectant l'aluminium, la machine isolait tous les emballages qui
contenaient ce métal, y compris les emballages complexes n'incorporant
qu'une micro-feuille d'aluminium (" tetra-pack " dont plus de
90 % est en carton, boites de lait...). L'utilisation a été
reportée sur le tri de mâchefer issu d'incinérateurs. Ce
tri, par machine à courant de Foucault, peut s'effectuer soit en sortie
d'incinérateur, soit en centre de traitement des mâchefers, soit
en centre de tri.
On estime que les mâchefers contiennent 20 % d'aluminium, ce qui
peut justifier une collecte.
Le parc de machines à courant de Foucault est aujourd'hui de
40 machines (27 installées sur les unités de traitement des
mâchefers, 11 en centres de tri, 2 en sortie d'usines
d'incinération), mais les potentialités de développement
paraissent importantes. (voir ci-après " Perspectives ").
L'aluminium récupéré à partir des mâchefers
d'incinération représentait en 1998, 4.500 tonnes (dix fois plus
que l'aluminium des centres de tri).
Le prix de récupération varie en fonction du mode de collecte
(collecte sélective des mâchefers), de la teneur en aluminium
récupérable, et du cours de l'aluminium sur le marché
international. En tenant compte des impuretés, l'aluminium
collecté à partir des mâchefers subit une décote de
l'ordre de 30 % par rapport au prix de l'aluminium
récupéré à partir des centres de tri.
Prix de récupération de l'aluminium (avant correctif LME*) en francs/tonne |
||
Teneur en aluminium récupérable |
Aluminium issu de la collecte sélective |
Aluminium issu des mâchefers d'incinération |
55 % |
hors PTM** |
hors PTM |
55 - 60 |
1.000 |
750 |
60 - 65 |
1.250 |
750 |
65 - 70 |
1.500 |
1.000 |
70 - 75 |
1.750 |
1.200 |
75 % |
2.000 |
1.300 |
* Le
prix s'entend livré en vrac ou en balle, chargé sur camion,
à la sortie du centre (avant transport). En sus du prix de base, un
bonus s'applique en fonction du cours de l'aluminium sur le marché de
Londres-LME (
London Market Exchange
). Ce bonus est compris entre 100
F/tonne pour un cours d'aluminium de 8.500 F/tonne, et 1.500 F/tonne pour
un cours d'aluminium supérieur à 14.500 F. En septembre 1998, le
" bonus " était de 400 F.
|
||
Source : audition de M. François Ringeval |
c) La valorisation
Le recyclage
L'aluminium présente des qualités de recyclage exceptionnelles,
puisqu'il peut être recyclé à l'infini, sans perdre aucune
de ses qualités par rapport à la fabrication d'aluminium primaire
à partir de bauxite. 355.000 tonnes d'aluminium ont
été recyclées, ce qui correspond à un
ratio
de recyclage (pourcentage de métal recyclé par rapport à
la consommation totale de ce métal) de 35 %.
A l'issue de la collecte, intervient une phase de tri et de préparation
(cassage, broyage, compression) qui permet d'obtenir des matières aptes
à la fusion dans un four à haute température. Le
métal est alors affiné à l'aide d'un traitement
métallurgique approprié, c'est-à-dire purifié, pour
éliminer les impuretés et le soumettre aux normes de son
utilisateur final. Il est livré en lingots ou en fusion. Le métal
peut aussi être transformé pour fabriquer des demi-produits.
Compte tenu des caractéristiques de l'aluminium
récupéré, l'aluminium recyclé est surtout
utilisé en filage ou en fonderie (roues, carters, pièces de
moteurs automobiles), plus qu'en étirage et en laminage, mais si le
gisement était plus important, techniquement, rien n'empêcherait
de refabriquer des boites par exemple (c'est d'ailleurs le cas aux
États-Unis).
Ce recyclage est non seulement parfaitement possible, mais même vivement
recherché, dans la mesure où la fabrication d'aluminium, à
partir de produits recyclés, d'une part évite une partie des
problèmes environnementaux (on se souvient des problèmes des
" boues rouges " en Méditerranée, liées au
traitement du minerai brut) et, d'autre part, est moins coûteux que la
fabrication du même produit à partir de la matière
première vierge (extraction de l'alumine à partir de bauxite).
Une tonne d'aluminium recyclé représente une économie de
quatre tonnes de bauxite. Par ailleurs, l'économie d'énergie est
de 95 %. Comme l'énergie représente environ 20 % du
coût total de fabrication de l'aluminium primaire, l'utilisation de
produits recyclés représente une économie de 19 % sur
un produit primaire identique, toutes choses égales par ailleurs. C'est
ce qui explique le prix important de rachat de l'aluminium usagé.
La valorisation énergétique
La
quasi
totalité de l'aluminium (plus de 90 %)
utilisé par les ménages va aujourd'hui en incinération.
L'aluminium a toutefois un pouvoir calorifique élevé qui peut
être utilisé. En chauffant, l'aluminium s'oxyde, et dégage
de l'énergie. Dans de bonnes conditions (température de
850°C minimum, temps de combustion, turbulence et apport d'air),
l'oxydation d'un kilo d'aluminium dégage autant d'énergie que la
combustion d'un kilo de charbon, de 0,8 litres de fuel, près de deux
fois et demi plus que le papier.
Sur le strict plan énergétique, on peut même
considérer que le recyclage de l'aluminium, bien que n'utilisant que
90 % de l'énergie nécessaire à l'aluminium vierge,
implique quand même une consommation d'énergie de 3 megajoules par
kilo, tandis que l'incinération dégage une énergie dix
fois plus grande. Ce qui n'enlève rien à l'utilité du
recyclage matière qui est, comme on l'a vu, extrêmement
performant, mais qui nous rappelle la difficulté d'établir des
comparaisons économiques exhaustives.
Tout l'aluminium n'est pas brûlé. Les solides se retrouvent par la
suite dans le mâchefer d'incinération, et peuvent être,
à leur tour, récupérés aux fins de valorisation
matière cette fois.
2. Perspectives
a) Une amélioration de la collecte
La collecte sélective
En combinant effet d'apprentissage, accoutumance et multiplication des lieux de
collecte, les résultats de la collecte sélective (par porte
à porte) devraient sensiblement s'améliorer. Des marges de
progression existent.
Malgré leur haute valeur, les canettes restent parmi les produits les
moins collectés séparément (19 % seulement des
personnes interrogées indiquent qu'elles rejettent les canettes dans des
containers spécifiques, contre 57 % pour le papier, 87 % pour
le verre).
D'autres initiatives, plus ciblées, peuvent également
compléter le dispositif existant.
Dans les lieux publics, notamment à fort passage (gares, stations de
métro...), l'Allemagne a adopté le système d'une poubelle
unique, mais à quatre compartiments, spécialisés par type
de produit (verre, journaux/papiers, canettes, autres). Cette formule n'a pas
été suivie en France. Les arguments sont d'ordre financier,
d'esthétique et de sécurité. Soit. L'argument n'est pas
irrecevable, mais le risque d'attentat et collecte séparative
paraît bien mince pour être accepté sans exprimer certaines
réserves. Faudra-t-il un jour supprimer les poubelles ? D'ailleurs,
le système allemand ne consiste pas à multiplier les poubelles,
mais simplement à séparer les collectes. L'argument
sécuritaire est, par conséquent, peu pertinent.
D'une façon générale, nous pensons que les gisements
existent et qu'il suffit bien souvent d'aller les chercher. Comme en
témoigne cet exemple.
Encadré n° 32
Moto,
auto, canettes
(L'expérience toulonnaise)
___
Devant
les quantités importantes de " boites boisson "
consommées lors des grands prix motos ou autos du circuit Paul Ricard,
situé sur une des communes du syndicat, une opération de collecte
a été mise en place en 1991 par le SITTOMAT (syndicat
intercommunal de transport et de traitement des ordures ménagères
de l'Aire toulonnaise). Le succès a été tel que
l'opération a été poursuivie pendant la période
estivale d'abord, sur les seules communes touristiques, puis sur toutes les
communes du syndicat. La collecte a été étendue
(1997/1998) aux sites militaires.
En 1992, 200.000 boites ont été récupérées.
En 1997, 400.000 boites, soit 3 tonnes d'aluminium et 6 tonnes d'acier.
L'objectif est de récupérer 6 tonnes d'aluminium et
10 tonnes d'acier.
Source : IIIe Assises des déchets d'Agen, 1998
Exposé de M. Gilles Vincent, vice-président du SITTOMAT
Certes,
cette expérience n'est pas totalement transposable, car si elle a
fonctionné, c'est aussi parce que la région abrite la seule usine
française de fabrication de boites en aluminium, qui avait donc un
intérêt direct à la collecte. Néanmoins, elle montre
que des solutions nouvelles existent et sont offertes à ceux qui le
veulent. Sous réserve d'adaptation, de telles mesures peuvent être
adoptées à proximité des campings, ou à l'occasion
des grands événements sportifs (A l'exception du Stade de France
où les canettes et les bouteilles en verre sont interdites. Toutes les
consommations utilisent des matériaux en carton ou en plastique).
La récupération en centres de tri
Comme il a été indiqué, la machine à courant de
Foucault, bien adaptée à l'extraction des nodules d'aluminium des
mâchefers, n'a pas donné de résultats satisfaisants en
centres de tri. Le tri est encore manuel dans la plupart des cas, et le taux
d'extraction est encore faible, de l'ordre de 40 %. D'autres
systèmes sont aujourd'hui envisagés pour améliorer la
récupération.
Le couplage détection magnétique/volume.
L'un
des inconvénients des machines à courant de Foucault est de faire
réagir l'aluminium quelque soit sa masse, et de trier, par
conséquent, tous les objets contenant de l'aluminium. L'idée est
de pouvoir séparer les objets en aluminium majoritaire (canettes) et les
objets à aluminium minoritaire (" tetra-pack "). La prochaine
génération de machines devrait permettre cet ajustement, pour un
prix cependant élevé (autour d'un million de francs).
Le couplage détection/éjection.
Il s'agit
d'un système de détection par capteur, couplé à un
système d'éjection par air comprimé et impulsion
électromagnétique. Le pilote de Decines Charpieu (Rhône) a
montré un taux d'extraction quatre fois supérieur au tri manuel.
Une deuxième unité sera installée très
prochainement au centre de tri de Rochy-Condé près de Beauvais
(Oise). L'équipement est de 450.000 francs, et devrait baisser autour de
300/350.000 francs.
Le couplage détection/signal/tri manuel.
Le capteur
est alors couplé à un signal sonore ou visuel qui avertit un
trieur sur la chaîne. Le coût serait réduit à environ
100/150.000 francs.
L'utilisation de machines couplant détection/éjection ou
détecteur/signal devrait doubler le taux d'extraction.
La récupération de l'aluminium des mâchefers
Comme il a été indiqué, la machine à courant de
Foucault donne toute satisfaction pour extraire l'aluminium des
mâchefers. Cette extraction peut intervenir, soit en centre de
récupération des mâchefers, soit dès la sortie
d'incinération. L'évolution va en ce sens. Pour
M. François Ringeval, de la Fédération des chambres
syndicales des minerais, minerais industriels et métaux non ferreux,
" il ne fait plus de doute aujourd'hui que, pour tout
incinérateur traitant les ordures ménagères de
communautés de 100.000 habitants et plus, l'installation d'une
machine à courant de Foucault est une opération industrielle
rentable "
, compte tenu de la baisse régulière du
coût des équipements et du prix de reprise de l'aluminium, sans
compter les éventuelles aides à l'investissement versées
par l'ADEME ou la Région, et la valorisation des mâchefers
démétallisés.
Aujourd'hui, 50 % des incinérateurs (de capacité
supérieure à 5 tonnes/heure) sont équipés de
machines à courant de Foucault, et l'ensemble du parc recèle un
potentiel de croissance.
Selon des informations communiquées au
IIIe Assises des
déchets à Agen
, l'agglomération grenobloise (377.000
habitants) a installé une machine à courant de Foucault en sortie
d'incinérateur (coût 950.000 francs). Le taux d'extraction se
situe à 90 %, soit un tonnage de 390 tonnes par an. Compte tenu des
aides, le syndicat estime pouvoir amortir son investissement sur deux ans.
Selon la chambre syndicale des métaux non ferreux, le
ratio
de
recyclage de l'aluminium devrait doubler d'ici 2002.
Perspectives de recyclage de l'aluminium ménager |
|||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
2002 |
Aluminium de collecte sélective |
-- |
100 |
300 |
400 |
2/3.000 |
Nodules issus du mâchefer |
100 |
1.000 |
3.000 |
4.500 |
10/12.000 |
Diffus |
2.200 |
2.200 |
2.100 |
2.100 |
2.000 |
Total |
2.300 |
3.300 |
5.400 |
7.000 |
14 à 17.000 |
Nota : Ces chiffres ne permettent pas de fixer avec précision le taux de recyclage des emballages aluminium. En effet, les mâchefers issus d'incinération contiennent aussi des emballages à aluminium minoritaire ou des parties en aluminium qui ne viennent pas des emballages, mais des produits ménagers et quelquefois de DIB. On estime que sur le chiffre total (7.000 tonnes en 1998 ; 14 à 17.000 tonnes en 2002), 90 à 95 % sont issus des emballages aluminium, sur un total d'emballages aluminium de 40.000 tonnes en 1998. |
|||||
Source : audition de M. François Ringeval |
b) Limites
Malgré le développement des collectes, des
techniques
de récupération et de traitement
119(
*
)
, malgré aussi son intérêt
économique évident, l'aluminium reste un matériau marginal.
Le marché des boites -" boites boisson " et barquettes- ne
progresse que lentement. Seul le marché de la feuille connaît un
réel développement (+ de 10 % par an), en raison des
nouveaux procédés de fabrication des emballages
multimatériaux. Mais les volumes restent faibles, sinon insignifiants,
dans l'ensemble des ordures ménagères : moins de 1 % du
total.
Pourquoi, dès lors, tant d'efforts ? Pour les 1.000 ou 1.500 F la
tonne ? Pour abaisser de quelques centimes le coût de fabrication
d'un carter automobile ? Non, la seule raison financière ou
économique ne suffit pas. L'aluminium est un matériau moderne, la
boite est son symbole, jetable certes, mais identifiable et identifié
comme " triable ", et réutilisable. L'aluminium est, encore
mieux que le verre, le produit qui permet de diffuser la collecte
sélective. Ce ne sont pas les 11 grammes d'aluminium que la boite
contient qui importent. C'est, à travers elle, le geste que l'on apprend
et qui, peu à peu, devient une habitude.
F. LES PLASTIQUES
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Données de base |
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Marché |
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Importance dans les ordures ménagères |
|
Cadre juridique |
|
Traitement Utilisations |
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consommation: 4,9 millions de tonnes, dont 1,9 millions de tonnes d'emballages |
|
20 % du volume et 11 % du poids des déchets ménagers |
|
Loi n° 75-633 du 15/07/75 relative à
l'élimination des déchets et à la
récupération des matériaux .
|
|
Valorisation énergétique, valorisation matière et valorisation chimique |
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1. Situation
a) Présentation générale
Le plastique
Le plastique est un matériau totalement et incroyablement
exceptionnel . Légèreté, malléabilité,
imperméabilité, esthétique (coloration),
résistance, rigidité, inflammabilité, modulabilité
à l'envi, techniques de production adaptées à chaque
produit et, bien sûr, excellent rapport
propriétés/coût, expliquent son succès
phénoménal. Du maillot de bain aux pare-chocs automobiles en
passant par l'emballage, l'agriculture, l'électroménager, la
construction, les objets de loisirs, le plastique est partout. Le plastique est
le matériau phare de la génération 2000 (ordinateurs,
téléphones, portables...) et, plus encore, de celle qui va
suivre. Le plastique a pratiquement gagné toutes les batailles et
s'apprête à en gagner de nouvelles.
Le plastique a connu un développement foudroyant, sans comparaison avec
celui des autres matériaux.
Évolution de la production mondiale de matériaux ( millions de tonnes) |
|||||
|
1980 |
1985 |
1990 |
1995 |
1997 |
Acier |
716 |
721 |
770 |
752 |
794 |
Aluminium |
16 |
17 |
19 |
20 |
21 |
Plastique |
48 |
68 |
92 |
122 |
134 |
Source : SPMP (Syndicat des producteurs de matières plastiques) |
Pour
reprendre le joli slogan de la profession
" Le plastique a/est une
matière d'avance... "
... Mais, comme ajoute l'un de nos
interlocuteurs,
" le plastique a toutes les qualités. Son seul
problème, c'est son image "
.
Et cette image est liée à son élimination. Car,
léger, le plastique s'envole au premier coup de vent, jonche les aires
des grandes surfaces et le bord des routes. Un sac plastique, un gobelet ou une
plaque de polystyrène a une durée de vie de plusieurs centaines
d'années. Quand il n'est pas récupéré, le plastique
est un désastre. Quand il l'est, le plastique est, dans la très
grande majorité des cas, mis en décharge ou brûlé.
La mise en décharge étant prohibée, et
l'incinération rendue plus difficile. D'autres voies sont-elles
possibles ?
Elles sont non seulement possibles, mais souhaitables. Car le plastique ne
pourra vraiment être le matériau du prochain siècle que si
les conditions de sa valorisation sont trouvées.
Les plastiques
Les plastiques constituent un terme générique pour nommer, en
réalité, une famille de matières fabriquées
à partir du pétrole
120(
*
)
. Le
pétrole est raffiné, distillé, la fraction d'essences
légères ou " naphta " est isolée puis
" craquée " (distillée) à la vapeur, ce qui
permet d'obtenir des molécules chimiques de base : les
monomères (éthylène, propylène...)
constitués d'atomes de carbone, d'hydrogène, d'oxygène...
Les molécules sont assemblées entre elles sous forme de
chaînes, linéaires ou en réseau, qu'on appelle les
polymères. D'autres éléments interviennent dans la
composition des polymères, pour donner des caractéristiques
spécifiques au produit (ajout de chlore, d'azote...).
Trois grandes familles peuvent alors être distinguées.
Les thermoplastiques
qui caractérisent les
plastiques malléables qui peuvent être chauffés, refroidis
pour donner une forme, puis chauffés à nouveau pour une autre
forme. Cette caractéristique permet la recyclabilité de la
matière. Entrent dans cette catégorie :
Principaux thermoplastiques |
||
|
Propriétés |
Applications |
PE (polyéthylène) |
Transparence, souplesse |
Films, sacs, bouteilles |
PEhd (polyéthylène haute densité) |
Opacité, rigidité |
Bidons, conteneurs, poubelles, seaux, jouets, bouteille de lait |
PVC (polychlorure de vinyle) |
Transparence, rigidité |
Mobilier (bancs, fenêtres...), barrières, jouets, sols |
PET (polyéthylène terephtalate) |
Transparence, tenue à la pression interne |
Bouteilles, boissons gazeuses, pull, rembourrage |
PP (polypropylène) |
Rigidité, résistance aux chocs |
Boites, bacs, conteneurs, pare-chocs, tubes |
PS (polystyrène) |
|
Bouteilles, pots de yaourt |
PA (polyamide) |
|
Tissus |
Les thermodurcissables
qui
caractérisent
les plastiques qui se figent, se rigidifient dès la première
transformation, et sont très difficiles à recycler (exemple, le
PU -polyuréthanne-, le silicone...).
Les élastomères
qui caractérisent les
plastiques qui se déforment (caoutchouc...).
Au total, on compte une centaine de familles de polymères, chacune
déclinée en de nombreux grades de propriétés, soit
au total plus de mille produits commerciaux différents, sans compter les
alliages obtenus par mélange de plusieurs polymères. On compte
ainsi, entre mille ou deux mille " plastiques
différents ".
121(
*
)
Elément de diversité supplémentaire, les plastiques ne
sont pas toujours compatibles ou miscibles entre eux en fonction principalement
de leur réaction à la chaleur et leur température de
fusion.
Exemples de compatibilité chimique |
||||
|
PA |
PE |
PP |
PVC |
PA |
oui |
|
|
|
PE |
non |
oui |
|
|
PP |
variable |
variable |
oui |
|
PVC |
non |
non |
non |
oui |
On
distingue également plusieurs modes de fabrication parmi lesquels :
l'extrusion
. Dans un cylindre chauffé, une vis pousse la
masse à mouler vers l'avant, la compression la ramollit et
l'homogénéise. A la sortie du cylindre, la masse
plastifiée prend la forme désirée (granules) ;
on peut aussi combiner l'extrusion avec le
soufflage
. Ainsi,
à la sortie du cylindre, la matière est collée contre les
parois d'un moule, ce qui permet de fabriquer des corps creux à des
cadences de production très élevées ;
le
moulage
, par compression, par injection ou par trempage (pour
la fabrication d'objets minces ou de films plastiques utilisés pour les
sacs et les couvertures agricoles...).
b) La collecte des emballages ménagers
Le marché des emballages
Les emballages sont le premier secteur d'application des matières
plastiques avec 39 % de la consommation totale française. La
progression de la consommation d'emballages plastiques est
évaluée à 4,5 % par an. Ces résultats
s'expliquent par le coût et les qualités (poids, performances)
exceptionnelles
122(
*
)
. Ces différents
éléments sont illustrés par le tableau
suivant :
Quelques indications
|
|||||
Répartition par application |
Répartition par résine |
Répartition des emballages |
|||
Toutes applications Total 4,9 millions de tonnes |
Toutes applications Total 4,9 millions de tonnes |
Total 1,9 millions de tonnes |
|||
Emballages |
39 % |
PVC |
18 % |
Sacs |
38 % |
Bâtiment |
22 % |
PEBD |
17 % |
Bouteilles, flacons |
23 % |
Électronique |
9 % |
PEHD |
11 % |
Boites, caisses, pots |
14 % |
Transport |
12 % |
PET |
5 % |
Bâchage |
10 % |
Loisirs |
4 % |
PP |
16 % |
|
|
Autres |
14 % |
Autres |
33 % |
Autres |
15 % |
Total |
100 % |
Total |
100 % |
Total |
100 % |
La collecte des emballages ménagers
A l'exception des chutes industrielles récupérées et
traitées comme dans n'importe quelle autre filière de production
(récupération de bobines de plastique inutilisées...), la
seule collecte organisée à ce jour porte sur les emballages
ménagers (soit 60 % du marché total des emballages) ou,
plutôt, sur une fraction des emballages ménagers, puisqu'il ne
s'agit en réalité, pour le moment, que des seuls corps creux,
d'une certaine taille (bouteilles, flacons, bidons) qui ne représentent
que le quart du gisement emballages, soit 15 % seulement du gisement
plastique.
Cette collecte répond aux conditions fixées par le décret
du 1
er
avril 1992 qui impose aux producteurs importateurs ou toute
autre personne responsable de la mise sur le marché d'un emballage
ménager de pourvoir à l'élimination de ce produit,
notamment recourant aux services d'un organisme agréé.
Éco-Emballages est le principal organisme agréé qui prend
en charge la responsabilité d'élimination de ces emballages d'une
part, en mettant en place une collecte sélective, d'autre part, en
proposant une garantie de reprise. Sous réserve que des conditions de
qualité soient respectées : les " prescriptions
techniques minimum " (PTM). Ces PTM ont été définies
avec la société Valorplast qui regroupe les producteurs et
transformateurs de résine, qui joue donc le rôle de correspondant
d'Éco-Emballages pour la filière plastique.
La collecte peut être réalisée indifféremment en
porte à porte ou en apport volontaire. Comme on l'a dit, elle ne porte
aujourd'hui que sur les seuls corps creux d'une certaine taille (bouteilles,
flacons, bidons) constitués dans l'un des trois principaux
polymères (PEhd, PVC, PET).
Sur les 900.000 tonnes d'emballages plastique ménagers, le gisement des
corps creux représente, selon les sources, entre le quart et le tiers,
soit entre 225 et 300.000 tonnes. Sur ce gisement, 35 % (humides) ont
été récupérés, dont 60 % en
PET.
c) La valorisation énergétique
C'est le
premier mode de valorisation. Le plus naturel (puisque le plastique est issu du
pétrole) et ... celui qui a les préférences de la
profession, comme le reconnaît M. Marc Lebossé,
président de la CSEMD,
" le recyclage nous permet
d'éliminer le seul problème du plastique qui est un
problème d'image.
(Mais)
nous pensons en notre for
intérieur que la valorisation thermique est une bonne
solution. "
Trois arguments militent en ce sens.
Tout d'abord, le plastique a un pouvoir calorifique élevé,
comparable, voire supérieur, aux sources d'énergie
traditionnelles. Encore convient-il de noter que le PCI des déchets
d'emballages usagers est nettement inférieur à celui des
polymères purs.
Le pouvoir calorifique des déchets d'emballage |
||||
Matériaux |
PCI matériaux purs |
PCI déchets d'emballage |
Comparaisons autres matériaux |
|
PE |
46 |
22 |
Fuel |
44 |
PET |
45 |
13 |
Charbon |
29 |
PP |
44 |
np |
Papier carton |
17 |
PVC |
20 |
12 |
Bois |
16 |
|
|
|
Ordures ménagères |
8 |
PCI = pouvoir calorifique inférieur |
||||
Source : Centre national du recyclage |
Le
plastique permet ainsi d'améliorer la combustion et donne moins
d'imbrûlés dans les mâchefers. Au total, la combustion du
plastique dans les 80 UIOM (usines d'incinération d'ordures
ménagères) équipées d'un système de
récupération de chaleur permettrait d'économiser chaque
année 300.000 tonnes d'équivalent pétrole.
Le plastique peut également être utilisé comme combustible
dans les chaudières industrielles (Soplaril à Arras qui utilise
ses déchets de fabrication pour former de la vapeur pour fabriquer ses
films d'emballage) ou en cimenteries (les déchets utilisés sont
des déchets industriels).
Ensuite, l'incinération est une solution facile pour des
quantités
d'emballages qui sont trop souillées ou trop
petites pour être récupérées (sachets, pots de
yaourt...).
Enfin, l'incinération des plastiques ne pose pas de problème
spécifique en termes de nuisances. Si le plastique dégage du gaz
carbonique, comme les autres déchets, il ne contient que très peu
de fluor et pas de soufre. Ainsi, selon le SPMP
123(
*
)
, si, par hypothèse, on retirait les
plastiques des déchets ménagers incinérés, on
arriverait au résultat paradoxal que la combustion dégagerait
davantage de polluants sans les plastiques qu'avec. Reste le problème du
chlore qui n'est pas toujours analysé sans passion et, par
conséquent, parfois sans suffisamment de précaution.
Le plastique ne contient que très peu de chlore. A l'exception d'un
polymère : le PVC.
Le PVC
Depuis quelques années, le PVC (polychlorure de vinyle,
poly-vinyl-chloride
en anglais-) fait l'objet de contestations. Cette
contestation porte moins sur son utilisation que sur les conditions de son
élimination.
Présentation
.
Le PVC est composé de chlore
(57 % en poids) et d'éthylène (hydrocarbure issu du
pétrole composé de carbone et d'hydrogène)
124(
*
)
. Le PVC absorbe en France 46 % de la production
annuelle de chlore. Le PVC mélangé avec des additifs est
utilisé pour un grand nombre d'applications souples (feuilles, films
d'étanchéité, poches de sang...) ou rigides
(canalisations, jouets, tuyaux, cartes de crédit,
" profilés " de fenêtres...). 50 % de son
marché concerne le BTP, 30 % les emballages (bouteilles, notamment
les bouteilles contenant des liquides gazeux).
L'essor du PVC.
Jusqu'à la fin des années
80, le PVC a été la deuxième matière plastique
produite dans le monde, entre 17 et 19 millions de tonnes, soit un
cinquième de l'ensemble des matières plastiques, en raison de la
conjonction de deux phénomènes. Tout d'abord, la réponse
aux besoins en BTP et en logement. Les canalisations en PVC ont remplacé
avantageusement -sur tous les plans- les canalisations en plomb, et le
succès de la fenêtre en PVC est connu : 3 millions de
fenêtres en PVC sont posées chaque année. Ensuite, l'essor
du PVC s'est accéléré à la fin des années
soixante-dix, dans le contexte des suites de la crise pétrolière.
Le PVC était plus intéressant, car il utilise beaucoup moins de
pétrole que les autres matières premières (compte tenu de
la part de chlore).
Le déclin du PVC.
Une première alerte s'est
produite avec la mise en évidence des risques sanitaires encourus par
les professionnels (les ouvriers chargés de nettoyer les cuves de
polymérisation étaient atteints d'une maladie atteignant les
doigts, l'acroostéolyse). Ce risque, qui a contribué au
développement d'un " syndrome des bâtiments malsains ",
est aujourd'hui supprimé par une diminution radicale (50 fois moins), et
un contrôle strict des concentrations de chlorure de vinyle dans les
ateliers. L'autre inquiétude a porté sur les conditions
d'incinération du PVC.
Le pouvoir calorifique du PVC.
Le PVC a un pouvoir
calorifique faible par rapport aux autres plastiques, d'environ 20MJ/kg propre,
soit 12 MJ/kg avec humidité et impuretés après usage,
soit un niveau proche de celui du bois. La Commission européenne donne
des évolutions différentes, mais dans tous les cas
inférieures à celui du PE (15,6 MJ/kg, soit moins de la
moitié des 36,7 MJ/kg du PE).
La combustion d'une tonne de PVC produit néanmoins 425 kg de gaz
combustible pouvant fournir 170 kg d'équivalent pétrole.
L'incinération de 100.000 tonnes de bouteilles PVC produirait, par
conséquent, 42.500. tonnes de gaz combustible, dont la quantité
de chaleur est équivalente à 17.000 tonnes de pétrole.
Le dégagement de chlore.
Le PVC renferme 57 %
de chlore dans sa molécule et, par conséquent, dégage du
chlore en brûlant. La combustion d'une tonne de PVC produit 584 kg d'HCl
(acide chlorhydrique). On estimait en 1994 que 40 % de l'acide
chlorhydrique émis en incinération étaient dus au PVC,
60 % à d'autres produits (notamment le sel de cuisine). La
concentration d'HCl en sortie de four est donc plus forte avec du PVC : de
l'ordre de 1.200 ng/Nm
3
, contre 700 ng/Nm
3
sans PVC.
Cette menace a été considérée comme suffisamment
grave pour susciter des déclarations inquiétantes, voire
alarmistes. Ainsi, selon la Commission européenne,
" l'élimination du PVC par incinération pose de
sérieux problèmes, car le chlorure produit de l'acide
chlorhydrique susceptible d'entraîner la formation de dioxine.
(...)
De fortes concentrations de dioxine et d'acide chlorhydrique apparaissent en
cas de feu de PVC. "
125(
*
)
Appréciation.
Ces arguments doivent être pris
avec beaucoup de précautions.
Tout d'abord, le
marché s'est radicalement transformé
en
quelques années. L'utilisation du PVC dans les emballages s'est
effondré, en particulier dans les bouteilles, au profit du PET :
170.000 tonnes en 1995, 60.000 tonnes aujourd'hui et vraisemblablement 25.000
tonnes d'ici deux ans. Le PVC reste utilisé pour les canalisations, les
gaines, mais beaucoup moins pour les emballages et, par conséquent,
moins dans les usines d'incinération.
Ensuite, force est de reconnaître que les
allégations sont mal
étayées par un constat scientifique
. Plusieurs études
ont montré au contraire que la présence de PVC dans les
déchets à incinérer n'augmente pas la quantité de
dioxines formées dans l'incinération des déchets
ménagers. L'étude de l'incendie d'un entrepôt de PVC
(200 tonnes de PVC, 500 tonnes de tapis en PVC) a montré que
l'augmentation de dioxine était réelle, de l'ordre de
6,67 micro-grammes par tonne de PVC, mais deux fois moindre que celle que
produirait la combustion d'une tonne de bois dans un foyer ouvert.
La " menace acide chlorhydrique " est mal
appréhendée.
Il est tout à fait exact que la
combustion du PVC majore les émissions d'HCl dans des proportions
significatives, en sortie de four (on passe de 800 ng/Nm
3
sans PVC
à 1.200 ng/Nm
3
). Cependant, il faut rappeler qu'avec ou sans
PVC les émissions d'HCl devraient être de toute façon
réduites de façon drastique pour passer de 800 ng/Nm
3
à la norme de 50 ng/Nm
3
(seize fois moins). Ce n'est pas
parce qu'il y a du PVC qu'il y a traitement de fumées. Le PVC ne fait
qu'augmenter les émissions. C'est déjà beaucoup, mais ce
n'est pas aussi dramatique que le laissent à penser les
déclarations précitées.
Si la menace écologique est contestable, il est, en revanche, tout
à fait exact que le PVC entraîne une
majoration des coûts
de traitement des fumées
. L'absorption de l'HCl se fait par
adjonction de chaux. Les volumes de chaux requis pour éliminer l'HCl
issu du PVC sont donc plus importants. Ainsi, selon la Commission
européenne, le coût de l'incinération de plastiques
comprenant 11 % de PVC est de l'ordre de 20 à 49 écus par
tonne, tandis que le coût de l'incinération du PVC seul est
pratiquement dix fois supérieur (240 à 400 écus par
tonne).
d) La valorisation matière
Tandis
que la valorisation énergétique est utile, mais n'apporte aucune
valeur ajoutée, la valorisation matière consiste à
utiliser la matière collectée pour fabriquer de nouveaux produits.
Le recyclage matière des emballages plastiques ménagers concerne,
pour le moment, presque exclusivement les corps creux (bouteilles, flacons,
bidons) qui constituent la fraction la plus importante et la plus
homogène du gisement. Les étapes de la valorisation sont les
suivantes :
Le tri
Il s'agit du tri par matière, c'est-à-dire par type de
polymères (les différents polymères sont incompatibles, ne
peuvent être traités ensembles), et par objet
126(
*
)
. Le tri est réalisé par les
collectivités locales ou le prestataire afin de parvenir aux
prescriptions techniques minimales (PTM). Les PTM sont fixées en sortie
de tri par la filière Valorplast. Ne sont concernés par une
éventuelle valorisation que les seuls corps creux (bouteilles, flacons,
bidons ménagers), en trois polymères (PVC, PET, PEhd). Le cahier
des charges impose des conditions de tri, des taux limites d'impureté,
de restriction en termes de contenance etc.
Le premier tri, lié aux PTM impose un maximum de 2 %
d'impuretés. Le tri complémentaire après
élimination des étiquettes, eau, est de faire passer ces 2 %
à 0,02 %. Sur 100 tonnes entrantes, on obtient alors 80 tonnes
régénérées.
La régénération
La régénération consiste à retrouver les
résines plastique que va permettre d'obtenir des matières
premières secondaires destinées à l'industrie du
recyclage. Cette régénération comprend le broyage, le
lavage, la granulation, la micronisation, selon les polymères :
le
PEhd
(lait...) après broyage, lavage et extrusion donne
des
granules
. 100 tonnes entrantes donnent 79 tonnes de granules ;
le
PET
(Coca Cola, eaux minérales), après broyage,
lavage, donne des
paillettes
, ou, si l'on ajoute l'extrusion, des
granules
. 100 tonnes entrantes donnent 81 tonnes de granules ou de
paillettes ;
le
PVC
(
Badoit
,
Vichy Saint-Yorre
), après
broyage, lavage, donne une
poudre
(C'est ce qu'on appelle la
micronisation). 100 tonnes entrantes donnent 81 tonnes de poudre en sortie.
Le recyclage proprement dit
Le recyclage consiste à utiliser les résines
régénérées (granulats, paillettes ou poudre) pour
fabriquer de nouveaux produits :
recyclage du PEhd en flacons et bas,
recyclage du PET en fibres, rembourrage,
recyclage du PVC en tuyaux, contreforts et chaussures, fibres textiles
pour la fabrication de pulls.
Contrairement à ce que l'on croit dans le grand public
127(
*
)
, les bouteilles recyclées ne font pas
d'autres bouteilles. la voie privilégiée aujourd'hui est la
transformation en fibres. Le PVC peut être retraité en fibres
textiles pour la fabrication de pulls (dite " laine " [sic]
polaire...). Le PET est surtout utilisé en fibres industrielles
(rembourrage de couettes, tapis automobile...).
Recyclage des matières plastique. " L'image et la réalité " |
|||
L'image
|
La
réalité
|
||
Bouteilles et récipients |
32 % |
Textiles |
44 % |
Tissus, vêtements |
18 % |
Tubes |
39 % |
Emballages |
5 % |
Chaussures |
7 % |
Aménagement intérieur des voitures |
4 % |
Soufflage (bouteilles) |
1 % |
Sacs, bâches |
4 % |
|
|
Source
:
|
e) Résultats récapitulatifs
Quels sont les résultats de la
valorisation ?
Question simple. Réponse complexe. Tout
dépend de ce que l'on mesure. Car un emballage plastique double de poids
après usage.
Deux indicateurs peuvent être utilisées :
le chiffrage professionnel.
Selon la profession
128(
*
)
, la valorisation des déchets d'emballages
ménagers est de l'ordre du tiers en 1997, répartis en 25 %
au titre de la valorisation énergétique et 8 % au titre du
recyclage matière.
La valorisation des emballages plastiques, 1997 (en tonnes et %) |
||||
|
Emballages ménagers |
Emballages industriels et commerciaux |
Total |
Total en % |
Gisement |
900.000 |
400.000 |
1.300.000 |
100 % |
Valorisation énergétique |
315.000 |
20.000 |
335.000 |
26 % |
valorisation matière |
29.000 |
70.000 |
29.000 |
8% |
Total valorisation |
344.000 |
90.000 |
434.000 |
33,3 % |
% de valorisation |
38 % |
22,5 % |
33 % |
33 % |
Source : SPMP/CSEMP, mars 1999 |
L'" autre chiffrage ".
Cet autre
chiffrage " prend en compte le fait que les emballages valorisés ne
doivent pas être comparés aux emballages mis sur le marché,
mais aux emballages récupérés après usage,
c'est-à-dire chargés d'humidité, de salissures et,
eux-mêmes " suremballés " par des sacs poubelles.
Le passage des emballages aux déchets d'emballages s'établit
comme indiqué page suivante.
Sur cette autre base augmentée, les taux de valorisation sont par
conséquent réduits et pratiquement diminués de
moitié. Selon le Cercle national du recyclage, le taux de valorisation
énergétique s'établirait en 1994 à 10 % et le
taux de valorisation matière à 4 %
129(
*
)
.
Des emballages aux déchets d'emballages (données 1994) en millions de tonnes |
||||||
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|
Emballages plastiques 1500 |
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Emballages ménagers
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|
Emballages non ménagers
|
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Ordures ménagères théoriques 100 % = 900 |
|
Ordures ménagères théoriques 310 = 52 % |
|
Déchets industriels banals théoriques 290 = 48 % |
||
|
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||
Déchets ménagers collectés
|
|
Déchets ménagers collectés 576 (avec humidité / impuretés) |
|
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|
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+
Sacs poubelles
1
|
|
+ Sacs poubelles 1 40 |
|
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=
ordures ménagères collectées
|
|
= ordures ménagères collectées |
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|
Déchets d'emballages plastiques 2370 |
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||
1 Le sac de collecte ne fait pas partie des emballages stricto sensu |
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Source : Centre national du recyclage. Calculs sur données ADEME, 1994. Traitement OPECST |
||||||
|
2. Perspectives
a) La nouvelle configuration
Le
marché du plastique est loin d'être parvenu à
maturité. L'explosion constatée au cours des dix dernières
années va se poursuivre avec deux phénomènes
fondamentaux :
les percées du plastique sur les nouveaux créneaux et la
domination du PET.
Le plastique s'apprête à mordre sur des
marchés encore détenus par d'autres matériaux. Trois
" concurrences " se préparent :
plastique " contre " acier.
Cette
" concurrence " s'exerce surtout dans l'automobile. Le plastique
prend une part de plus en plus importante dans la construction d'une
automobile. 115 kg en 1990, 200 aujourd'hui, et vraisemblablement 400 en
20005 / 2010
130(
*
)
;
plastique " contre " bois et carton.
Conformément à leur stratégie axée sur la baisse
des coûts externes et le développement parallèle d'une
politique de marque, la société de grande distribution souhaite
disposer de palettes et cartons de présentation qui soient performants,
à faible prix, maniables (présentation des palettes directement
en rayon) et à leur marque. Les palettes en plastique répondent
à ces objectifs. Sans doute, un élément de tension de plus
entre producteur et distributeurs et une nouvelle bataille en perspective ;
plastique " contre " verre.
Mais ces deux
" concurrences " ne sont rien par rapport au " vrai
combat " du " plastique
versus
verre ". En particulier
sur le marché de la bouteille de bière.
Encadré n° 33
La
bouteille de bière plastique
___
Le
marché de la bière est considérable. 300 milliards
d'unités dans le monde (les trois quarts en bouteilles de verre, un
quart en " canettes " emballage acier ou aluminium). La bière
représente plus de la moitié du chiffre d'affaires mondial de la
verrerie. Le marché est à la veille de connaître un
bouleversement profond, avec l'apparition de la bouteille plastique.
Il existe une dizaine d'expériences en cours reposant sur
plusieurs
techniques
différentes
L'option monocouche.
Il s'agit d'une bouteille en PET. Le PET ne
connaît pas une étanchéité parfaite (il laisse
s'évaporer les gaz). La durée de conservation est limitée
à trente jours.
Kronenbourg
utilise les bouteilles monocouche
pour des bières dites " événementielles "
(bière de mars...).
L'option tricouches, ou cinq couches.
Il s'agit de juxtaposer
plusieurs couches de PET mêlées à d'autres matériaux
(nylon...), afin d'améliorer la conservation qui passe à trois
mois (tricouches) ou six mois (cinq couches).
Continental Can
a
développé une bouteille de ce type.
Les nouveaux plastiques monocouches.
Il existe plusieurs
recherches (le PEN ou PAN), mais c'est encore très cher.
Le monocouche pulvérisé au carbone.
Cette technique
japonaise permet d'obtenir, sur une monocouche en PET -donc facile à
recycler-, une barrière garantissant l'étanchéité.
La durée d'utilisation est de six mois.
Les premières introduction se heurtent encore à des
difficultés
. Ainsi, aux États-Unis, la première
expérience a été conduite en Californie avec la
bière
Miller
, comportant plusieurs couches de plastiques et de
nylon qui, de ce fait, ne pouvait être recyclable. L'arrivée sur
le marché d'un tel produit contrecarre les investissements massifs
réalisés par les villes et l'État de Californie pour
développer la collecte sélective et le recyclage. La ville de Los
Angeles, notamment, qui ne veut pas payer le tri complémentaire, a donc
voté une résolution condamnant la mise en service de cette
nouvelle bouteille, tout en proposant de soutenir la recherche d'une solution
technique.
Il ne s'agit que d'une résolution, pas d'une loi. Il est exclu
d'interdire une nouvelle matière. Un contentieux éventuel serait
certainement défavorable à la ville, mais il faut compter sur le
leadership
de Los Angeles et de la Californie. Si l'opposition à
cette nouvelle bouteille se développe dans d'autres États, cela
fera " boule de neige ", et entraînera une modification. Cela
n'est pas encore le cas, puisque, après
Miller
,
Budweiser
a lancé à son tour sa nouvelle bouteille de bière en
Arizona (Phoenix).
Un phénomène similaire se développe en France, avec de
nouvelles bouteilles en plastiques multicouches ou en nouveau matériau.
Ainsi,
Miller
a été suivi en Europe par
Heineken
,
avec sa bière
" 33 export "
, et bientôt,
Kronenbourg.
Cela a suscité, là aussi, une crainte des
collectivités locales et une réaction d'Éco-Emballages..
Il existe en effet, un conflit entre la recherche de nouvelles matières,
résultat du développement technologique et le système de
recyclage existant. En France, la réponse a été
financière. Le principe du doublement du barème de contribution
à Éco-Emballages sur les produits non recyclables (aux conditions
du moment) a été doublé par rapport au tarif
appliqué aux emballages en plastiques recyclables.
Ces oppositions ne sont cependant pas irréductibles.
Beaucoup pronostiquent
que la
bouteille de bière
plastique
, encore en gestation,
s'imposera
:
pour des raisons techniques.
La dernière technique
japonaise de monocouche PET durci au carbone paraît très
prometteuse ;
pour des raisons économiques.
Passé le premier
développement, la bouteille plastique sera beaucoup moins coûteuse
que tous les autres emballages ;
pour des raison
marketing
.
Il est apparu que le
marché de la bière est de plus en plus concurrencé par
celui des
" soft drink "
(boissons et sodas sans alcool). Un
nouveau souffle ne peut être attendu du contenu (les tentatives dans ce
domaine restent très marginales : bières sans alcool,
bières aromatisées...), mais des contenants. Le plastique permet
d'adopter un
marketing
spécial, beaucoup plus sophistiqué
et proche du
marketing
alimentaire.
L'Europe est le lieu idéal de cette nouvelle percée, tant parce
que les oppositions écologiques y sont moins fortes, que parce que le
marketing
alimentaire y est beaucoup plus développée
qu'ailleurs. Selon une étude du SIDEL, le démarrage devrait
intervenir dans les deux ans, avec 5 % d'emballages de bière en PET
en 2002. Simple début
La percée du PET
Le PET s'impose comme le premier plastique des dix prochaines années. Sa
progression est fulgurante : 90.000 tonnes en 1990, 210.000 tonnes en
1993, 250.000 tonnes annoncées vers 2002. Le PET s'est quasiment
substitué au PVC
131(
*
)
. Le seul
changement de matière entraîne une économie de 20 % en
poids. Aussi assiste-t-on non seulement à une augmentation, mais une
uniformisation du gisement déchets. Le marché est aujourd'hui mur
pour de nouvelles solutions de traitement.
b) L'élargissement du gisement récupérable
Les
capacités de traitement existent. Les nouvelles technologies se
développent
132(
*
)
, mais les industriels
ont tous la même demande :
" Donnez-nous du
plastique ! "
. Or, à l'exception des chutes et d'une
partie des emballages industriels, seule une fraction des emballages
ménagers est collectée et utilisée. Il ne s'agit que d'une
fraction minoritaire des utilisations des plastiques. Beaucoup de gisements
restent à explorer. Certains resteront difficilement accessibles, mais
d'autres sont ouverts.
Une collecte à améliorer : la
récupération des bouteilles et flacons
La progression des bouteilles collectées (et recyclées) est
directement liée à la progression de la collecte
sélective. On attend une collecte de 100.000 tonnes, soit 2,5 milliards
de bouteilles en 2001.
Évolution du nombre de bouteilles et flacons recyclés |
|||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Objectif 2001 |
Nombre de bouteilles (millions) |
300 |
500 |
650 |
1.000 |
2.500 |
Tonnage (tonnes) |
12.000 |
19.000 |
29.000 |
40.000 |
100.000 |
Source : Valorplast |
Ce
premier gisement traditionnel peut être accompagné par de
nouvelles méthodes de tri. Aujourd'hui, la plupart des tris sont
effectués de façon manuelle. Des tris automatiques, en amont,
permettraient d'améliorer les performances et de diminuer les taux de
refus. Plusieurs expérimentations sont en cours :
l'
ouverture
automatique des sacs
, test à Fouesnant
(Bretagne). Coût 350 à 400.000 francs (soit 53 à 61.000
euros) ;
le
crible étoilé
qui permet d'éliminer les
plastiques pollués par des putrescibles ou des indésirables, test
à Fouesnant ;
la
pesée automatique
, tests à Saint-Brice,
Courcelles (Marne) et à Vironvay (Eure-et-Loir). Coût 400.000
francs, soit 61.000 euros (hors subvention).
les
tri infrarouge
qui permettent de trier, à grande
vitesse, des plastiques par couleur (72.000 bouteilles/heure, avec un taux
d'erreur inférieur à 1 %). le procédé par
spectrométrie effectue une centaine de mesures par bouteille pour
déterminer le composant majoritaire (coût 1 million de francs,
soit 151.000 euros). Test à Fouesnant.
Tous ces procédés en cours de test, sont soutenus par l'ADEME.
Les coûts sont encore élevés, mais le marché
évolue. Selon l'expression du président de Sorepla qui
procède au tri et à la régénération des
matériaux plastique,
" quand on décide de mettre la
technique au service d'un nouveau métier, après cela va
très vite "
133(
*
)
.
Une collecte à structurer : les plastiques
ménagers
Comme on l'a vu sur le tonnage des déchets d'emballages ménagers
plastiques (DEM) dont la collectivité locale a la charge, de nombreuses
restrictions ont été faites sur la nature des plastiques à
collecter et à trier en vue de leur recyclage. Ne sont concernés
par leur éventuelle valorisation matière que les seuls DEM
plastiques type corps creux (bouteilles, flacons, bidons ménagers).
Seules trois matières plastiques sont aujourd'hui concernées par
les PTM : le PVC, le PET et le PEhd. Sur les 900.000 tonnes d'emballages
ménagers plastiques consommées, le gisement potentiellement
concerné par l'ensemble de ces dispositions correspond approximativement
à un quart ou un tiers de ce tonnage. Ce cahier des charges n'est donc
pas applicable aux autres matériaux (PP, PS...), aux autres
déchets d'emballages ménagers plastiques, c'est-à-dire aux
DEM (même si ces DEM sont des corps creux), ni aux films de
suremballages, sacs et sachets, même s'ils sont en PE.
Or, non seulement ces déchets représentent des gisements
importants (les sacs, par exemple, représentent à eux seuls
38 % du marché des emballages plastiques
134(
*
)
), mais ils sont
spontanément
mis dans
les poubelles de collecte sélective des corps creux. Il n'est pas
toujours facile d'expliquer pourquoi une bouteille en PET est recyclable, alors
qu'un sac dans la même matière ne l'est pas, pourquoi une
bouteille en PVC est recyclable et pourquoi un seau ou un jouet dans la
même matière ne l'est pas.
On constate que, spontanément, la collecte des plastiques
non
recyclables au vu des PTM
est de 1 kg par habitant.
Ce gisement est totalement inexploité. Pour chaque type de
polymère, les balles de plastique doivent respecter quatorze
critères simultanément pour pouvoir être
récupérés par la filière. Comme le note le Centre
national du recyclage
135(
*
)
,
" afin de
garantir la conformité aux PTM des matériaux qu'elles mobilisent,
beaucoup de collectivités locales n'hésitent pas à
écarter tout déchet d'emballage plastique pur lequel un doute
apparaît quant à sa valorisation, détournant ainsi un
tonnage considérable de déchets d'emballages ménagers
effectivement recyclables vers les refus de tri "
(et par
conséquent vers l'incinération).
Une filière à mettre en place : les plastiques
agricoles
Les films agricoles représentent un gisement important
(170.000 tonnes) relativement facile à récupérer
auprès d'une profession organisée (coopératives...).
Même souillés (terre, végétaux...), ils peuvent
être transportés après un minimum de traitement
(séchage, mise en balle) et être utilisés dans la
filières encore en gestation des plastiques mélangés.
Mais c'est la filière de récupération qui fait encore
défaut.
Encadré n° 34
Les
plastiques agricoles
|
|||
Le
plastique a aussi investi l'agriculture. L'industrie du plastique propose aux
agriculteurs une large panoplie de matières et de films répondant
à leurs besoins. Chaque année, 170.000 tonnes de plastiques sont
utilisées en agriculture. La matière a même fait
naître un nouveau secteur : la " plasticulture ". C'est
à dire la culture mise en place sous ou sur un film plastique.
|
|||
|
|||
Les différents plastiques agricoles (total 170.000 tonnes) |
|||
Films |
Tonnage
|
Utilisation |
Caractéristiques |
Films de paillage |
14.000 t
|
Cultures maraîchères (film noir au pied des plantes) |
Il limite l'évaporation, le tassement ou le ravinement des sols (bords d'autoroutes). Il agit comme un véritable accélérateur de croissance. Il délivre une récolte propre en évitant le contact des fruits et légumes avec la terre |
Films de serre et tunnels |
17.000 t
|
Cultures maraîchères, fleurs, (films transparents) |
Il permet d'obtenir un " microclimat (réglage température, humidité...). Il favorise la production et permet de modifier le calendrier de production (dates des semis, des récoltes...) |
Films d'ensilage |
25.000 t
|
Silos de protection, fourrage, betteraves (film épais) |
Protection étanche en silos |
Autres |
PP / PVC |
Divers |
Liens : 18.000 t (PP)
|
Source : Comité des plastiques en agriculture - Traitement OPECST |
|||
|
|||
Les
plastiques agricoles usagés posent cependant plusieurs problèmes
spécifiques : la dispersion géographique (ensilage en
Bretagne, paillage dans les pays de Loire...), la saisonnabilité
(bâches et films sont enlevés quasiment au même moment
à la fin du printemps ou de l'automne), et surtout, la salissure. Les
films et bâches sont utilisés en contact direct avec le sol, une
partie est enterrée et les films sont chargés de terre et de
débris végétaux.
|
Les autres gisements
Malgré des initiatives et quelques projets, la
récupération et l'exploitation des autres gisements ne paraissent
pas encore " mures ".
Le BTP.
Le plastique utilisé dans le BTP représente
100.000 tonnes (fenêtres, tubes, sols...). Mais les quantités sont
faibles par unité (100.000 tonnes à comparer aux 30 millions
de tonnes de gravats) et les plastiques sont souillés par d'autres
matériaux (ciment, peinture), ce qui implique des moyens de tri. Le
bilan des premières expériences en cours serait
mitigé : expérience de collecte de canalisations de tubes
PVC en Alsace, collecte de revêtements de sols en Allemagne,
opérations pilote de récupération des déchets de
construction à Villeurbanne (quelques kilos seulement), création
de la première unité européenne de recyclage des
fenêtres PVC en Allemagne.
Dans tous les cas, coûts de tri, de transport, de valorisation et
quantités récupérées sont encore prohibitifs ou
décevants (le traitement de revêtements de sols reviendrait entre
3.500 et 5.250 francs/tonne).
Les transports.
L'utilisation de plastique dans
l'automobile est fortement croissante, mais récente. Elle posera
à terme de sérieux problèmes. Mais, compte tenu des
durées de vie des véhicules, le problème ne s'est pas
encore posé
136(
*
)
.
c) La valorisation chimique
En
complément de la valorisation énergétique et de la
valorisation matière, les recherches portent aujourd'hui sur la
valorisation chimique ou " recyclage matière première "
qui consiste, par certains traitements appropriés, à redonner les
constituants de base, c'est-à-dire soit les monomères de
départ, soit même le produit pétrochimique de base (le
naphta, ou pétrole raffiné et distillé). Les produits
obtenus permettent une utilisation ans les mêmes conditions que les
matières premières vierges.
La principale technique envisagée est celle de la
dépolymérisation qui permet de séparer deux constituants
de base du PET
137(
*
)
(seul plastique traitable
aujourd'hui par dépolymérisation). Deux procédés
sont expérimentés. Le procédé
Tredi
et le
procédé
TBI
(pilote en fonctionnement à Issoire,
Puy-de-Dôme). La valorisation chimique peut également utiliser la
technique de pyrolyse c'est à dire par chauffage sans oxygène
(pilote en Allemagne développé par BASF, et en Écosse), ou
de gazéification (pilotes en Allemagne et aux Pays-Bas).
Ces
process
sont encore coûteux. Mais, surtout, la
difficulté vient du besoin de retrouver une résine vierge
utilisable, mais aussi de s'en différencier suffisamment pour être
utilisée de préférence au PET vierge. En effet, le
coût de traitement est encore très supérieur au coût
du PET vierge (de l'ordre de 5 à 6 F, contre 2 à 4 F
pour la résine vierge). Pour le procédé TBI, le PET
dépolymérisé est transformé en une résine
qui sert à la fabrication de mousses polyuréthannes isolantes.
Cette résine prête à l'emploi, peut donc être vendue
plus chère que la résine vierge. Le marché estimé
est de 10.000 tonnes en 1999, 25.000 en 2002 (soit la transformation de 12
à 18.000 tonnes de PET, soit 350 à 550 millions de bouteilles).
Cette dernière solution est prometteuse car le recyclage chimique se
positionne sur un marché qui est lui-même en croissance (le
marché des résines polyuréthannes est estimé
à 30.000 tonnes/an et 150.000 tonnes en Europe).
d) Les plastiques mélangés
Présentation. Qu'est-ce que la filière
des
plastiques mélangés ?
La valorisation des matières plastiques mélangées consiste
à utiliser des matières plastiques de toutes origines pour
fabriquer de nouveaux produits. On a vu que le seul gisement exploité
aujourd'hui est celui des corps creux propres et homogènes, alors que
des gisements beaucoup plus importants sont, soit à portée de
main (les refus de tri), soit à portée de collecte (objets
plastiques, sacs plastiques, films agricoles...).
Une filière émerge aujourd'hui qui consiste à valoriser
des produits plastiques moins sélectionnés, mais sur des
utilisations plus larges. C'est ce qu'on appelle la " valorisation des
plastiques mélangés ".
Cette expression paraît préférable à celle pourtant
couramment utilisée de " plastiques en mélange ", car
en réalité, ce sont rarement les
plastiques
, les
polymères qui sont traités ensembles (il reste des
incompatibilités entre matières), mais les
produits
qui
sont mélangés.
Le principe est identique à celui de la valorisation matière
traditionnelle, à savoir collecte/tri
sommaire
/ broyage / lavage
/ chauffage / extrusion
138(
*
)
, mais avec deux
différences. D'une part, l'éventail des matériaux
utilisés est extrêmement ouvert. Ainsi, outre les corps creux, on
trouve aussi les tubes, tuyaux, sacs, films ménagers, films
professionnels, jouets, palettes... D'autre part, les utilisations sont
beaucoup plus larges, puisque la valorisation des plastiques
mélangés porte sur tous les grands types d'utilisation des
plastiques, à l'exception des corps creux à usage
alimentaire : films, sacs poubelles, bâches, tuyaux, palettes,
objets divers, piquets, barrières, mobilier urbain (conteneurs,
bancs...).
Pourquoi cette filière ne s'est-elle pas
développée jusqu'à présent ?
De nombreux freins peuvent expliquer ce retard ou, plutôt,
l'émergence timide de cette filière. Outre des
tâtonnements
techniques, c'est à la fois le résultat
d'un
système
, solidement établi, et de
choix
stratégiques
, difficiles à remettre en cause.
Tout d'abord, il faut reconnaître que les premières utilisations
ont été plutôt anecdotiques ou médiocres. La
première réalisation connue est celle ses " piquets de
vigne " réalisés en plastique à partir de plastiques
mélangés. Le piquet est flexible, imputrescible et 10 %
moins cher que le piquet de bois. Mais le produit reste marginal
139(
*
)
. D'autres réalisations comme les moquettes
par exemple, ne présentaient pas des caractéristiques techniques
et esthétiques suffisantes.
Ensuite, comme on l'a vu, le système de collecte/recyclage est un
système en boucle : les fabricants d'
emballages
versent une
contribution à Éco-Emballages qui organise la collecte des
emballages
, et d'eux seuls (à l'exception des journaux et
magazines). Il n'y a, par conséquent, aucune raison pour
qu'Éco-Emballages favorise la collecte d'autres produits pour lesquels
elle n'a reçu ni contribution, ni mandat. La collecte s'est donc
naturellement limitée aux bouteilles, principal emballage, facile
à collecter.
Enfin, le choix de la profession a été un choix de
qualité, sur un créneau étroit. L'idée est que les
produits sont d'autant plus facilement valorisables qu'ils sont
sélectionnés, triés et purs. D'où l'idée de
PTM rigoureuses, la recherche d'une grande homogénéité,
limitée aux bouteilles, flacons et bidons, à deux ou trois
matières (PE, PET, PVC). Les PTM étant d'autant plus rigoureuses
que la valorisation portait principalement sur le segment étroit des
fibres.
Le soutien de la filière va encore aujourd'hui principalement dans cette
direction, lancée avec courage et à grands frais il y a quelques
années mais qui fonctionne encore en sous capacité. Selon l'un
des interlocuteurs
140(
*
)
,
" jusqu'en
1996-1997, la situation a été très difficile. Sans le
soutien et la caution des grands groupes de plasturgie, la filière du
recyclage matière -monomatériaux- n'aurait jamais
émergée. Cela démarre vraiment aujourd'hui. "
On conçoit aisément, dans ces conditions, que la perspective de
remettre en cause un choix stratégique et de voir de nouveaux acteurs
entrer sur une filière certes différente (puisqu'il s'agit de
valoriser une large gamme de produits plastiques), mais tout de même
très voisine, voire substituable (puisque les sociétés de
plastiques en mélanges peuvent également traiter le gisement des
bouteilles), ne suscite pas un enthousiasme excessif. Les capacités de
traitement sont déjà excédentaires par rapport à la
collecte réelle. En réduisant les apports (par la concurrence
d'une nouvelle filière), la filière actuelle se trouverait
sérieusement compromise.
Cette perspective des plastiques en mélange suscite par
conséquent de la part des professionnels de la plasturgie,
réserves et même quelques craintes. Signe de cette
réticence, la SOFRES a réalisé en avril dernier un sondage
édifiant sur
Les Français et le recyclage des matières
plastiques
.
Encadré n° 35
Un
sondage édifiant
" Les Français et le recyclage des matières
plastiques "
___
La
SOFRES a réalisé, à la demande des professionnels de la
plasturgie et du recyclage un sondage sur
Les Français et le
recyclage des matières plastiques
.
Quatre questions étaient posées.
1.
Vous savez qu'un certain nombre de matériaux sont
recyclés et transformés en nouveaux produits. Pour chacun de ces
matériaux, pouvez-vous me dire s'il est possible ou non de les
recycler ?
oui
Papier carton 94
Verre 97
Matières plastiques (
bouteilles
, et flacons) 92
Acier 90
Aluminium 90
2. Pour recycler les
bouteilles plastiques
, il faut d'abord
les trier et les collecter séparément. Si vous disposiez d'une
poubelle ou d'un conteneur spécial, seriez-vous prêt à les
séparer des autres ordures ménagères ?
Oui, certainement 54
Oui, probablement 40
Je le fais déjà 44
Probablement pas 2
3. Selon vous, les débouchés pour les
bouteilles
plastiques
sont-ils :
Importants 38
Assez importants 47
Pas très importants 12
Sans opinion
4. Pouvez-vous me donner un exemple de débouché pour
les
bouteilles plastiques
recyclées ?
Bouteilles et récipients 32
Tissus 18
Emballages 4
Aménagement intérieur des voitures 4
Tubes 3
Un sondage sur
Les français et le recyclage des
matières
plastiques
... mais des questions uniquement sur le recyclage des
bouteilles plastiques
... Dans ce cas, comme souvent, la question est
encore plus intéressante que la réponse.
Les avantages attendus de la filière plastique
mélangés
La valorisation des plastiques mélangés présente cependant
plusieurs avantages par rapport au choix actuel :
passer du " propre et sec " au " sale et en
mélange ". La technologie permet de prendre pratiquement tous les
produits, même les refusés (on peut prendre des films agricoles
contenant jusqu'à 30 % de terre), même les interdits (les
bidons d'huile
141(
*
)
, totalement
prohibés dans le système actuel peuvent être traités
en mélange) ;
elle permet d'accéder et d'utiliser des gisements
inexploités : films agricoles, objets plastiques, tuyaux, sacs de
caisse, films de suremballages...
elle évite l'opération de tri fin en centre de tri qui est
toujours coûteuse pour les collectivités locales ;
elle permet un message simple. L'habitant se prête d'autant mieux
à la collecte sélective que le message est simple. Si on lui dit
qu'il peut mettre dans sa poubelle des bouteilles, mais pas de sacs plastiques,
ou des bouteilles de lait, mais pas de bouteilles d'huile, il est
perturbé, et ne fait pas toujours attention. Cette hésitation est
reportée en coût pour la collectivité, en centre de
tri ;
le coût annoncé est envisagé entre 500 et 1.000
francs/tonne, soit un coût compétitif par rapport à celui
de l'incinération.
Les perspectives
Plusieurs sociétés apparaissent sur ce nouveau créneau.
Une société canadienne a pour ambition d'être le
leader
mondial des palettes fabriquées à partir de
plastiques mélangés.
Leader
au Canada et aux
États-Unis, elle s'intéressera inévitablement au
marché européen (palettes automobiles) et, en particulier, au
marché français (palettes de grandes surfaces).
La palette est fabriquée dans une proportion de 70 % PEhd et
30 % PEbd pour trouver l'équilibre entre
légèreté et résistance. Au Canada, la
société prend -achète- tous les produits PEhd, y compris
les pots de yaourt. Mais la qualité de collecte est très
supérieure aux États-Unis et au Canada qu'en France. 600 millions
de palettes sont utilisées chaque année aux États-Unis. En
France, on estime le marché de la palette à 60 millions. Si
5 % seulement était pris par les plastiques en mélanges,
cela représenterait 3 millions de palettes. Le prix de revient aux
États-Unis est de 600 à 700 F. En France, le prix de revient
devrait être majoré de 100 F pour le lavage des produits
collectés. L'opération exige toutefois une garantie de collecte
de 10.000 tonnes.
En France, une poignée de sociétés sont également
sur ce créneau dont la plus connue est la société SERP
Recyclage. La société est " prête à tout
prendre ", les refus de tri, les nouveaux gisements. Le coût est
dépendant de l'exigence de dépollution. Les bidons d'huile, par
exemple, qui sont parmi les produits les plus coûteux à traiter,
se régénèrent à 1.100 ou 1.200 F la tonne.
C'est encore cher par rapport au prix de l'incinération, mais
aujourd'hui, personne n'en veut, ni les incinérateurs, ni les
cimentiers... Pour les autres produits, le coût moyen annoncé est
de 500 à 1000 F la tonne.
Aujourd'hui, faute de filière réellement organisée en
France, la société est obligée d'importer ses plastiques
(1000 tonnes de Belgique par exemple). Mais, dès que la matière
est là, les gammes des produits proposés est larges : outre
les fameux piquets de vigne (2.000 tonnes quand même en 1998), on peut
citer les tubes, les enrobés d'autoroutes, les dalles, les
barrières de clôture, le mobilier urbain. Les arrosoirs verts
vendus en grande surfaces sont pour la
quasi
totalité, en
100 % plastiques recyclés.
142(
*
)
Depuis peu, la profession (Fédération de la plasturgie) a
néanmoins cherché à tester quelques opérations
pilotes
143(
*
)
. Sans trop communiquer sur cette
question, elle a également cherché à déterminer le
marché éventuel de la filière des plastiques
mélangés. Sur les seuls produits courants (hors plastiques
agricoles), le marché est de l'ordre de 49.000 tonnes.
Marchés potentiels pour les plastiques mélangés ménagers |
||
Produits |
Marché en tonnes/an
|
Prise de part potentielle de marché |
Sacs poubelle |
50.000 |
40 % |
Mandrins |
15.000 |
30 % |
Articles extrudés soufflés (hors emballage) |
20.000 |
20 % |
Piquets de vigne |
20.000 |
15 % |
Profilés - Tubes |
50.000 |
10 % |
Bitumes |
20.000 |
25 % |
Regards d'assainissement |
2.000 |
25 % |
Mur antibruit |
1.000 |
40 % |
Plaques |
500 |
25 % |
Dalles de sol |
10.000 |
40 % |
Moquette auto |
5.000 |
15 % |
Divers |
10.000 |
15 % |
Total |
193.500 tonnes/an |
48.775 tonnes/an |
Source : Fédération de la plasturgie |
Il faut
cependant raison garder. Le marché des plastiques en mélanges
est, certes, une nouvelle filière, mais son succès
dépend :
de la réussite de la collecte,
du
process
industriel. Ce n'est pas
parce que
les
sociétés travaillent sur des plastiques en mélange
qu'elles réussiront forcément. Elles ont surtout le bon process
et le bon choix de créneau (palettes, films...). Selon DSB, l'organisme
allemand comparable à Éco-Emballages qui a beaucoup soutenu cette
filière,
" un tiers des entreprises sur ce créneau
réussissent, un tiers vivotent et u tiers ont fait faillite "
.
Mais il ajoute,
" celles qui réussissent, réussissent
bien "
.Sans trop communiquer car ce créneau des matières
plastiques recyclées reste apparemment volontairement confidentiel.
D'ailleurs en Europe, la plupart des communications et messages axées
sur l'utilisation de produits recyclés ont souvent été
abandonnées.
de la volonté de s'engager dans cette direction
144(
*
)
.
Il s'agit là, en tous points, d'un choix technologique et d'un choix de
société.
II. LES FILIÈRES DES PRODUITS EN FIN DE VIE
A. LES EMBALLAGES
|
|
|
Données de base |
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marché |
|
Importance dans les ordures ménagères |
|
Cadre juridique |
|
Traitement Utilisations |
|
|
Production : 5 millions de tonnes, dont 4
millions
de tonnes pour le verre creux (emballages)
|
|
12 % des ordures ménagères |
|
Directive du 20 décembre 1994
|
|
valorisation matière, voir parties correspondantes aux différents matériaux |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1. Situation
a) Présentation
Les mécanismes
Le décret n° 92-377 du 1
er
avril 1992
précise les conditions d'élimination des déchets
d'emballages ménagers. Ce décret confie aux producteurs,
importateurs ou toute autre personne responsable de la mise sur le
marché d'un produit, l'obligation de contribuer ou de pourvoir à
l'élimination des déchets générés par ce
produit. Plusieurs possibilités s'offrent aux personnes
concernées par ce décret pour s'acquitter de cette
obligation :
établir un système de consignation de leur emballage,
organiser, pour le dépôt de ces emballages, des emplacements
spécifiquement destinés à cet effet ;
recourir aux services d'un organisme ou d'une société
agréé pour prendre en charge leur responsabilité
d'élimination de ces emballages usagés.
La très grande majorité des industriels a choisi de contribuer
à un organisme agréé (Éco-Emballages ou
Adelphe)
145(
*
)
.
Un système comparable est organisé pour les emballages dont les
détenteurs ne sont pas des ménages (décret du 13 juillet
1994), mais il n'y a pas d'aide aux collectivités locales.
Les différents barèmes
d'Éco-Emballages
146(
*
)
Éco-Emballages apporte aux collectivités locales un soutien
financier aux programmes de collecte sélective et de valorisation des
emballages. Le barème d'aide, élaboré en concertation avec
l'Association des maires de France, et les conditions d'application sont
définies par un arrêté d'agrément des pouvoirs
publics. Les soutiens entrent dans quatre catégories :
un soutien à la tonne triée de matériaux
recyclables ;
une garantie de reprise à un prix minimum pour un niveau de
qualité défini ;
un soutien variable selon les modes de valorisation ;
une batterie de soutiens, plus spécifiques : soutien à
la sensibilisation et à l'information, soutien à l'embauche,
soutien en milieu rural dispersé ou en zone d'habitat vertical...
Le soutien prioritaire est un soutien à la
performance
de la
collecte et du tri. Le soutien à la tonne peut doubler, voire
quadrupler, selon les quantités triées.
Le gisement total est estimé à près de 11,5 milliers de
tonnes, soit 18 % des déchets ménagers.
Gisement d'emballages 1994 (milliers de tonnes) |
||||||
|
Métaux |
Papier carton |
Plastiques |
Verre |
Autres |
Total |
Emballages ménagers |
400 |
1.000 |
900 |
2.300 |
20 |
4.620 |
Emballages non ménagers |
400 |
3.000 |
600 |
600 |
2.000 |
6.600 |
Total |
800 |
4.000 |
1.500 |
2.900 |
2.200 |
11.420 |
Source : ADEME |
b) Les résultats
La collecte
Éco-Emballages a formidablement fait décoller la collecte
sélective en multipliant les partenariats avec les collectivités
locales.
Il convient de distinguer trois notions :
la
population " sous contrat ".
Éco-Emballages
octroie des aides financières aux communes qui s'engagent dans les
collectes sélectives. Ces aides et les collectes correspondantes, sont
négociées par contrat. Les populations de communes
correspondantes sont dites " populations sous contrat " ;
la
population " trieuse "
ou
population
" desservie "
. Il s'agit de la population ayant à sa
disposition des moyens de trier, soit en porte à porte, soit en apport
volontaire. La différence avec la population sous contrat vient du temps
nécessaire à la mis en place de la collecte sélective. On
estime que 80 % à 90 % de la population desservie
trie
effectivement
, et utilise les moyens de collecte séparative.
Le développement de la collecte sélective est extrêmement
rapide. Partant de rien en 1993, plus des deux tiers de la population devrait
être desservie dix ans plus tard en 2002.
Évolution de la population impliquée dans la collecte sélective (millions d'habitants) |
||||||||
|
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2002 |
Population sous contrat |
0,3 |
14 |
17,3 |
22,3 |
25 |
32 |
38 |
52 |
Population desservie |
-- |
2,8 |
4,9 |
9 |
12 |
19 |
27 |
40 |
Source : Éco-Emballages |
La typologie des programmes de collecte sélective se présente comme suit :
Typologie des programmes de collecte sélective 1 |
|||
Nombre de flux |
Traitement du verre |
Composition |
Fréquence 2 |
1 flux
|
verre mélangé |
tous matériaux |
|
2 flux
|
verre mélangé |
papier/carton
|
3 % |
2 flux
|
verre séparé |
verre
|
25 % |
3 flux
|
verre séparé |
verre
|
42 % |
3 flux
|
verre séparé |
verre
|
22 % |
4 flux
|
verre séparé |
verre
|
3 % |
1
Sur la base des contrats signés par
Éco-Emballages en 1997/1998
|
|||
Source : Éco-Emballages |
La valorisation
Les résultats de la valorisation peuvent être
appréciés de deux façons différentes. En tonnages
et en taux. Les tonnages recyclés progressent relativement peu et, en
tout cas, relativement moins vite que le nombre de la population desservie.
Tandis que la population desservie a été multipliée par 5
en cinq ans, les tonnages valorisés n'ont été
multipliés que par 2,5. Ce décalage est naturel, car la collecte
sélective impose des changements d'habitude, et la montée en
puissance pour atteindre une " vitesse de croisière " est
relativement lente.
En revanche, les taux de recyclage et de valorisation, en fonction du gisement
" emballages ", ont progressé très fortement au cours
des années récentes.
On appelle " taux de recyclage ", le rapport entre les tonnes
recyclées et le gisement
147(
*
)
.
On appelle " taux de valorisation " le rapport entre tonnes
valorisées (valorisation matière ou énergétique) et
le gisement. Ce taux est de 66,6 % en 1999.
Tonnages d'emballages valorisés 1 |
|||||||
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
2002 |
Tonnages recyclés |
253 |
479 |
1.168 |
1.344 |
1.450 |
1.650 |
2.100 |
Tonnages avec valorisation énergétique |
|
284 |
501 |
425 |
550 |
550 |
600 |
Total |
|
703 |
1.669 |
1.769 |
2.000 |
2.200 |
2.700 |
1 Ces chiffres doivent se comparer au gisement d'emballages, soit 3,3 millions de tonnes |
|||||||
Source : Éco-Emballages |
En 1994, les résultats par matière s'établissaient comme suit (les chiffres doivent cependant être revus pour tenir compte de la progression rapide survenue en quatre ans) :
Taux de recyclage selon les matériaux en 1994 |
|||||
|
Métaux |
Papier carton |
Plastique |
Verre |
Total |
Taux de valorisation énergétique |
|
17 |
26 |
|
|
Taux de recyclage matière |
23 |
43 |
4 |
39 |
28 |
Taux de valorisation |
23 |
60 |
30 |
39 |
39 |
Source : ADEME |
2. Perspectives
a) Les objectifs
Les
emballages sont parmi les rares déchets pour lesquels il y a des
objectifs chiffrés et des échéances précises.
Ainsi, la directive européenne 94/62/CE du 20 décembre 1994
relative aux emballages et aux déchets d'emballages, fixe des objectifs
pour juillet 2001 :
50 à 65 % en poids de déchets d'emballages
valorisés
, dont
25 à 45 % en poids de déchets d'emballages
recyclés
avec, un minimum de 15 %.de recyclage pour chaque
matériau.
Ces objectifs ont été confirmés et complétés
dans les contrats d'agrément des organismes précités.
Ainsi, outre la prise en charge de la responsabilité
d'élimination des emballages usagés de leurs adhérents, et
outre les objectifs fixés par la directive européenne,
Éco-Emballages s'est engagé à valoriser 75 % des
emballages issus de ses adhérents d'ici la fin 2002.
Comme on l'a vu, la collecte est la clef du recyclage. Compte tenu de la
progression de la première, les objectifs sur le second seront
vraisemblablement atteints. Éco-Emballages a, d'ores et
déjà, annoncé que les objectifs globaux de la directive
européenne sont atteints, avec un taux de recyclage de 50 % et un
taux de valorisation d'un tiers.
Perspectives 1999
|
Restent les derniers 10 % pour parvenir à l'objectif de 75 %. Compte tenu de la progression de la collecte, de la fin de la mise en décharge et du bouleversement culturel en cours, cet objectif est réaliste. Au moins pour la partie Éco-Emballages 148( * ) .
b) Discussion
Le
système Éco-Emballages, ses avantages, ses limites, ont
déjà été abondamment discutés dans le cours
de ce rapport, que ce soit dans la partie " financement ", dans la
partie " collecte ", dans la partie " aides
financières ", ou à l'occasion de la description des
" filières de valorisation ". Le lecteur pourra revenir sur
chacun de ces éléments.
La critique générale sur laquelle il faut
réfléchir, porte sur les effets ambigus du système en
boucle, tel qu'il est conçu aujourd'hui. Les
emballeurs
financent
la collecte des
emballages
, qu'ils font trier pour refabriquer de
emballages
. Il y a bien sûr quelques exceptions (collecte des
papiers journaux, associée aux emballages, fabrications nouvelles, hors
emballages...), mais dans l'ensemble le système fonctionne ainsi.
Les réussites spectaculaires en termes de collecte, les changements de
mentalité et la " révolution culturelle " qu'elle a
provoqué ne doivent pas faire oublier les deux inconvénients de
ce système : ni les collectes d'autres matériaux (collecte
des fermentescibles, collecte des plastiques hors emballages), ni les nouveaux
modes de recyclage (plastiques en mélange), ne sont encouragés.
Éco-Emballages a formidablement réussi la première
étape. D'autres étapes doivent aujourd'hui être
franchies.
B. LES PILES
|
|
|
Données de base |
|
|
|
||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Marché |
|
Importance dans les ordures ménagères |
|
Cadre juridique |
|
Traitement |
|
|
600 millions de piles sont vendues chaque année en France, représentant environ 25.000 tonnes |
|
0,5 % des déchets ménagers. |
|
Directive 91/157/CEE du Conseil du 18/03/91 relative aux
piles
et accumulateurs contenant certaines matières dangereuses,
Nouvelle
directive " toutes piles " en préparation
|
|
Extraction des composants chimiques, réutilisation pour piles ou utilisations chimiques |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1. Situation
Le traitement des piles usagées a environ dix ans : dix ans d'hésitations et, bien souvent, d'échecs. Mais dix ans d'expériences extrêmement utiles, car elles démontrent, de façon presque éclatante, deux choses. La première est l'inutilité, l'inefficacité des réglementations trop complexes et, a contrario , la nécessité, l'impératif de disposer et de dispenser un message simple et clair. La seconde est la possibilité d'évolution des comportements, notamment des professionnels directement concernés, longtemps réservés à l'égard des collectes sélectives, et désormais plus ouverts.
a) Présentation générale
Une pile
est une source d'énergie électrique obtenue par transformation
d'énergie chimique. Celle-ci est libérée par le contact
d'électrodes (ou de couples électrochimiques) dans un milieu
chimique propice (les électrolytes). Les piles peuvent avoir un temps
d'usage déterminé ou être rechargeables. Elles portent
alors le nom d'accumulateurs. Les performances sont liées à la
qualité de l'électrolyte. On distingue ainsi les piles salines
(électrolyte constituée de chlorure de zinc et/ou de chlorure
d'ammonium), les piles alcalines (avec de l'hydroxyde de potassium), les
accumulateurs au plomb, au nickel cadmium, au nickel métalhydrure...
Jusqu'à une période récente, le mercure était
également utilisé dans les piles alcalines pour en
améliorer l'efficacité.
90 % des piles vendues en France sont des piles salines et
alcalines.
Répartition du marché |
|||
|
|
En tonnes |
|
|
Piles salines |
9.000 |
|
|
Piles alcalines |
13.000 |
|
|
Accumulateurs nickel/cadmium* |
1.600 |
|
|
Autres piles et accumulateurs* |
1.100 |
|
|
|
Total |
25.000 |
* Piles et accumulateurs relevant de la directive de 1991 |
|||
Source :Communications économiques et sociales |
Les
piles sont donc un concentré de substances chimiques à des doses
variables, enveloppées dans une gaine de métal et de
plastiques : manganèse, zinc, cadmium, plomb, nickel, lithium,
mercure, dont la plupart sont considérés comme des
" substances dangereuses "
149(
*
)
.
D'ailleurs, en dépit de connaissances techniques limitées, le
consommateur considère, de façon intuitive -mais à juste
raison-, que les piles sont un produit toxique présentant un risque pour
la sécurité et l'environnement.
Ce risque, longtemps diffus, est apparu de façon criante avec la
multiplication des piles au mercure dans les années 1980, classé
parmi les produits à très haute toxicité. Il
n'était dès lors plus question de mettre chaque année en
décharge plusieurs tonnes de mercure
150(
*
)
ou plusieurs centaines de tonnes de piles
dangereuses. D'où un repositionnement rapide de la profession et, en
parallèle, une première réglementation.
Le cadre réglementaire
.
La directive 91/157/CEE du Conseil du 18 mars 1991 porte sur les seules piles
et accumulateurs contenant certaines matières dangereuses
151(
*
)
: le mercure, le cadmium et le plomb, pour
lesquelles il existe des contraintes de mise sur le marché
(affichage...) et l'obligation d'élimination et de traitement.
Cette directive fixe deux objectifs principaux :
la réduction de la teneur en métaux lourds dans les piles
et accumulateurs et, parallèlement, l'interdiction progressive de mise
sur le marché et la promotion de piles contenant des matières
moins polluantes ;
la collecte séparée (c'est-à-dire en dehors des
ordures ménagères) de piles et accumulateurs usagés
contenant des matières dangereuses, en vue de leur valorisation et de
leur élimination. Les États membres devaient à cette fin,
établir des programmes en vue de réduire la quantité de
piles et accumulateurs dans les ordures ménagères, promouvoir des
systèmes de recyclage et d'élimination séparée.
Si le premier objectif a été en partie atteint, avec un
repositionnement rapide de l'industrie européenne (lancement de piles
" 0 % de mercure "), par ailleurs satisfaite d'être
protégée contre des concurrents extérieurs,
(l'interdiction de mise sur le marché de piles au mercure avait pour
effet de supprimer les importations de piles en provenance d'Asie
152(
*
)
), le second volet, lié à la collecte,
l'élimination séparée ou le recyclage, a été
très inégalement suivi. Une partie de la réglementation,
concernant les batteries automobiles a été correctement
appliquée puisque 85 % des batteries sont aujourd'hui
collectés et recyclées. En revanche, la collecte,
l'élimination et le recyclage des piles courantes a rapidement
rencontré ses limites
153(
*
)
.
b) Le traitement des piles
On
distingue deux familles de recyclage des piles, accumulateurs et
batteries :
l'hydrométallurgie qui consiste à séparer les
éléments par broyage pour traiter de façon chimique la
solution obtenue, pour récupérer les métaux non ferreux
contenus dans les piles ;
les différents fours de traitement thermique qui consiste,
après préparation par traitement mécanique (broyage...),
à chauffer la matière à haute température. Les
métaux qui ont des points d'évaporation différents sont
récupérés grâce à des systèmes de
condensation et de lavage de gaz.
Les composants métalliques sont récupérés et
valorisés, les composants chimiques sont soit détruits dans des
installations adaptées, soit réutilisés pour la
fabrication d'autres piles, soit recyclés dans l'industrie chimique
(engrais, notamment).
c) Les difficultés rencontrées
Cette
réglementation s'est rapidement avérée inefficace et
illusoire.
Tout d'abord, la France s'est surtout singularisée par ses
lenteurs
. Deux contentieux ont été engagés par la
Commission. Le premier, en 1996, pour non transposition. Le décret
transposant la directive
154(
*
)
n'est intervenu
qu'après la condamnation par la CJCE
155(
*
)
, soit sept ans après l'adoption de la
directive. Le second, en 1998, pour non application (contentieux en cours).
Ensuite, la
distinction
entre "
piles contenant des
matières dangereuses
", les seules visées par la
réglementation et les autres piles, est apparue
contestable
.
Entre ces deux catégories, il y a moins une différence de nature
que de degré, car les " autres piles " -en fait les piles
salines et alcalines qui représentent 90 % du marché-
supposées sans risque, et/ou présentées comme telles par
les industriels, ne sont pas exemptes de toute dangerosité, loin s'en
faut (teneur en zinc notamment). On peut donc s'interroger sur
l'opportunité de fixer des obligations de collecte et
d'élimination contrôlée pour 10 % du marché, et
de laisser les 90 % autres en décharge, dans la mesure où la
moindre toxicité individuelle des piles de la seconde catégorie
est largement compensée par l'effet volume.
Cette situation paradoxale est parfaitement illustrée dans cet
échange entre notre collègue Jean-Yves Le Déaut (alors
président de l'Office) et Mme Corinne Lepage (alors ministre de
l'Environnement).
Question de M. Jean-Yves Le Déaut (27 mai 1996)
.
" M. Jean-Yves Le Déaut s'inquiète que les piles
salines et alcalines usagées ne soit pas classées en
déchet spécial (dans le projet de décret transposant la
directive européenne), ce qui incite les utilisateurs à les
rejeter en décharge plutôt qu'à les recycler afin de
valoriser ses éléments constitutifs en récupérant
le mercure, le fer, les sulfates de zinc et de manganèse... "
Réponse de Mme Corinne Lepage, ministre de l'Environnement
.
" Le projet de décret transpose la directive européenne
(directive 91/157) qui ne retient pas les piles salines et alcalines parmi les
déchets dangereux (...). Il sera bien sûr nécessaire, dans
un futur plus ou moins proche, de mettre en place des modalités de
gestion pour ces piles, à l'origine d'une part non
négligeable
156(
*
)
de la teneur en zinc
des déchets ménagers et des résidus de traitement qui en
sont issus. "
Troisièmement, les
circuits ont tardé à se mettre
en place
. Alors que les industriels allemands s'organisaient dès
1988, soit trois ans avant la directive européenne, leurs homologues
opérant en France ont, dans l'ensemble, incontestablement tardé.
Les initiatives éparses (collecte des appareils photos jetables,
opérations de quelques distributeurs), voire quelques réussites
(collecte des batteries de démarrage automobile, aujourd'hui
assurée à 85 %), soutenues le cas échéant par
les collectivités locales (bacs séparés et
déchetteries) ou l'appui tardif de l'État (une circulaire
soutenant la collecte séparée en juin 1997), masquent un
incontestable retard. De surcroît, comme l'observe la Commission dans son
contentieux qui l'oppose à la France,
" une série
d'exemples sectoriels ne saurait constituer un véritable
programme "
, comme l'exigeait la directive de 1991.
C'est d'ailleurs sur ce problème des piles que Mme Corinne Lepage, alors
ministre de l'Environnement, avouera, quelque peu
désabusée :
" Il ne suffit pas de
décréter qu'un type de déchets présente des risques
pour l'environnement pour que des circuits de gestion de ces déchets se
mettent spontanément en place. "
Enfin, la collecte s'est heurtée à de nombreux
déboires
. Le système de reprise, quand il s'est
organisé, n'a pas eu les résultats espérés. Les
consommateurs n'ont ramené qu'un nombre limité de piles
dangereuses, et ont ramené en plus grand nombre les autres piles, pour
lesquelles il n'y avait ni obligation de collecte, ni obligation de recyclage.
Dans la quasi totalité des cas, l'utilisateur ne cherchait
évidemment pas à distinguer les piles qui contenaient
0,025 % de leur poids en mercure ou en cadmium, et apportait donc
les piles, quelles qu'elles soient. La réglementation, trop fine pour
être accessible, doublée d'une signalisation par symbole chimique,
inadaptée au grand public, ont rendu le système ingérable.
Des piles triées, dont une petite partie prenait le circuit prévu
de l'élimination et/ou la valorisation, et dont la grande masse...
était mise en décharge.
Ainsi, huit années d'expérimentations, de maladresses, de retard
et de mauvaise volonté accumulés ont conduit à ce qu'on
peut appeler un échec, tempéré cependant par un signal
positif : quand elle existe, la collecte porte ses fruits.
2. Perspectives
Une nouvelle réglementation a été adoptée au niveau national 157( * ) et est en cours à l'échelon communautaire. Elle imposera la collecte et l'élimination de l'ensemble des piles et accumulateurs. Cette nouvelle réglementation appelle plusieurs remarques.
a) Les motifs de satisfaction
Sur le
plan pratique, on ne peut que souligner une fois encore l'intérêt,
l'exigence même, de la simplicité. Il n'y a pas, il ne peut y
avoir de réussite dans le domaine de la gestion des déchets sans
un message clair. C'est pour cela que la première expérience
" pile " a été utile, et qu'il conviendra d'en tirer
les leçons pour les autres matériaux
158(
*
)
.
Sur le plan de la gestion administrative, on observera que, une fois n'est pas
coutume, le décret français anticipe cette fois la
réglementation communautaire. Ce renversement est à la fois un
motif de satisfaction, car il témoigne d'une nouvelle approche
politique, et un motif d'inquiétude, car deux réglementations
successives (l'une sur les seules piles dangereuses, l'autre sur toutes les
piles), en l'intervalle de moins de dix-huit mois, ne donnent pas l'image d'une
gestion administrative irréprochable.
La nouvelle réglementation est elle-même anticipée par une
réaction des professionnels fabricants
159(
*
)
qui, à leur tour, se sont organisés.
Eux aussi tirent la leçon de l'échec, et ne souhaitent ni
être à la traîne, ni subir ce qu'ils peuvent
considérer comme des contraintes qu'ils savent inéluctables.
Une réglementation plus simple, une réaction anticipée
sont autant de signes qui paraissent favorables. Néanmoins, la vigilance
s'impose, pour ne pas être, une fois encore, surpris par des
déconvenues.
b) Les risques
Premier risque. Un nouvel échec lié aux
divergences entre fabricants et distributeurs
L'initiative évoquée ci-dessus émane des industriels,
fabricants et importateurs. Les distributeurs, qui ont en France un poids tout
à fait considérable et unique en Europe, ont une position
sensiblement différente. En France, la plupart des grands distributeurs
ont développé leurs propres marques de piles (qui
représentent environ 50 % du marché des principales piles).
Or, selon des informations concordantes, les distributeurs ne se seraient pas
pressés pour anticiper une réglementation et une
autorégulation souhaitée par les fabricants. Si tel était
le cas, une situation de ce type reviendrait par conséquent à ce
qu'une partie des piles mises sur le marché par les fabricants soit
gérée par une filière financée par une contribution
volontaire (voir ci-après), tandis qu'une autre partie, mise sur le
marché par les distributeurs, ne serait pas passible de cette
contribution. Néanmoins, le consommateur qui ne pourrait
évidemment pas faire la différence entre une " pile
fabricant " et une " pile distributeur " apporterait les deux de
la même façon au circuit de collecte.
On arriverait donc à une situation absurde à plus d'un titre
puisque toutes les piles seraient collectées, tandis qu'une partie
seulement serait " taxée ". Provisoirement, d'ailleurs,
puisque cette partie taxée -les piles fabricants- serait vite
éliminée du marché. L'effort de collecte condamnerait
celui qui l'initie !
Aussi, force est de reconnaître que le marché ne suffit pas
à faire émerger et appliquer des solutions raisonnables et que,
lorsque le type de risque se présente, une réglementation est
nécessaire. Quelques orientations méritent d'être
affinées. En premier lieu, il convient d'éviter à tout
prix un échéancier différent entre les fabricants et les
distributeurs. En second lieu, si la contribution volontaire s'avère
inapplicable, il faut envisager une solution plus radicale et contraignante.
Deuxième risque. Le déséquilibre
recettes/dépenses
Le traitement des piles est une opération coûteuse. Une
contribution unitaire, selon le principe du " pollueur payeur "
devrait néanmoins assurer l'équilibre de la filière dans
des conditions satisfaisantes.
Le coût est réparti entre collecte (répartie sur 150.000
points de vente), récupération (assemblage des collectes
individuelles), tri (tri entre piles dangereuses et autres piles à
traiter), et traitement (récupération des métaux et
acides).
Le coût technique est de l'ordre de 15.000 à 21.000 F la tonne
sans compter les frais de collecte et les frais annexes (communication, frais
de structures...), soit 24.000 à 28.000 F au total. Le gisement
collecté escompté est compris entre le cinquième et la
moitié du gisement total, soit entre 4.400 tonnes et 10.000 tonnes
(en Suisse, après plusieurs années d'expérience, le taux
de captation n'a pas dépassé 56 %).
Coût du traitement des piles usagées (hypothèse 5.000 tonnes) |
||
|
Prix unitaire en FF par kilo |
Total en millions de F |
Collecte |
entre 3 et 5 F |
entre 15 et 25 MF |
Traitement : |
|
|
Logistique amont |
1 F |
|
Récupération |
5 F |
|
Tri |
1 F |
|
Traitement matière |
entre 8 et 10 F |
|
Sous total |
entre 15 et 17 F |
entre 75 et 85 MF |
Autres |
6 F |
30 MF |
Total |
entre 24 et 28 F |
entre 120 et 140 MF |
Source : FIBAT |
Le
financement devrait être assuré par une contribution volontaire,
dite " contribution environnement " variable selon le poids des
piles
160(
*
)
. La recette est estimée
entre 150 MF et 200 MF.
L'une des difficultés vient du fait que les piles collectées pour
être traitées et les piles " taxées " ne sont pas
forcément les mêmes. Outre le problème majeur des
distributeurs, déjà évoqué, on peut imaginer que la
contribution ne s'applique pas à toutes les piles (importateurs, piles
incluses dans les jouets...), ce qui explique l'écart des
évaluations.
Les deux opérations -financement / dépenses- doivent
évidemment être équilibrées. Si les recettes sont
inférieures aux dépenses, la filière s'écroule
avant même d'exister. Si les dépenses sont inférieures aux
recettes, le système paraît vite détourné par les
opérateurs, et est alors -à juste titre- critiqué.
Troisième risque. L'absence de traitement
L'hypothèse envisagée est celle où les fabricants
prélèvent une contribution " environnement " ... pour
finalement ne pas l'utiliser aux fins prévues. Cette hypothèse
n'est pas que pure invention, comme en témoigne l'exemple allemand
" éclairant " à plus d'un titre.
Encadré n° 36
Le
recyclage des piles
Le bon (et le mauvais) exemple allemand
Histoire et bilan d'une initiative
___
Depuis
1996, en Allemagne, tous les fabricants et distributeurs de piles sont tenus de
les reprendre après usage. Seules les piles dangereuses sont
éliminées dans un circuit
ad hoc
. Les autres sont
collectées, triées ... et mises en décharge.
En Allemagne, les industriels ont pris l'initiative, sans attendre la
réglementation. En 1988, soit trois ans avant la directive
européenne, les fabricants, importateurs, commerçants et
distributeurs concluent un engagement volontaire relatif à
l'organisation de l'élimination des piles contenant des substances
dangereuses
" évitant ainsi au gouvernement
fédéral le devoir d'adopter des règlements pour
résoudre ce problème "
. Un second accord intervient en
1996, qui concerne cette fois toutes les piles, soit deux ans avant le
règlement du gouvernement fédéral qui prévoit la
collecte séparée et l'élimination de toutes les piles.
Les fabricants et importateurs constituent un
pool
financé en
proportion de leur part de marché, chargé d'organiser la
filière d'élimination. Tous ceux qui vendent des piles, à
quelque niveau que ce soit, s'engagent à reprendre les piles
usagées qui leur sont apportées. Les coûts
d'élimination sont intégrés dans le prix des piles
achetées par le distributeur (de 20 à 80 centimes par pile)
et isolés de la facture, à charge pour lui de répercuter
ou non ce coût sur le prix de vente final.
Les piles ainsi collectées sont triées à la main (pour le
moment). Les piles dangereuses sont dirigées vers un circuit
spécialisé et recyclées. Quant aux autre piles
" tant qu'il n'existe pas d'installation ou de procédé
rentable et efficace de recyclage, l'élimination ne peut se faire que
dans des décharges "
. Les fabricants fixent ce seuil de
rentabilité à 1.000 DM/tonne.
Cette position ne manque pas de surprendre à trois titres :
Il peut paraître curieux d'informer, de collecter, de transporter,
de trier... pour finalement mettre en décharge.
Dès lors que le prix d'élimination est reporté sur
le prix de vente, une majoration permet de trouver une solution à
l'élimination des piles courantes, sachant qu'une fois que la
filière existe, ce coût se réduit automatiquement.
Enfin, il peut paraître curieux de facturer au consommateur un
coût d'élimination... pour finalement n'en éliminer qu'une
partie et garder la différence.
Source : JOCE 06.06.1998,
Communication de l'Allemagne à la Commission européenne
La
gestion par les seuls industriels a montré son intérêt,
mais aussi ses limites. Il serait imprudent de se laisser proposer un
système " clef en main " où tout le circuit serait
programmé par eux seuls (collecte, transport, tri...), mais où,
finalement, les trois quarts des piles finiraient en décharges ou en
incinérateurs.
A priori
, cette situation ne devrait pas se produire en France. En
prévision d'un nouveau marché, plusieurs industriels ont investi
dans ce nouveau créneau, et la France est aujourd'hui le pays d'Europe
qui possède la plus grosse capacité de traitement des piles
usagées (environ 40.000 tonnes, soit largement plus que le gisement
français). Même si toutes les sociétés
prévoient d'augmenter de 50 % leurs quantités
traitées en 1999, les capacités restent excédentaires. La
France pourrait intervenir en amont de la future directive européenne
pour dissuader de la pérennité d'un système à
l'allemande, critiquable à plus d'un titre.
Cette capacité doit être mise à profit le plus tôt
possible, sous réserve de contrôle des capacités techniques
et des garanties de sécurité. Ce n'est hélas qu'en
décembre 1998 que l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de
l'énergie (ADEME) a lancé un appel d'offre destiné
à confier à un consultant le soin de réaliser une
étude d'évaluation sur les opérateurs existant.
A l'issue de cette courte analyse, il apparaît que le dossier
" piles " est loin d'être arrivé à son terme. Les
difficultés d'une réglementation longtemps rendue inapplicable
par sa complexité sont aujourd'hui relayées par l'absence d'un
échéancier précis. Malgré les intentions
affichées, les réticences et le poids des habitudes ont vite fait
de s'engouffrer dans l'espace laissé libre par l'absence de
volonté et de stratégie claires.
C. LES HUILES
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Données de base |
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Marché |
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Importance dans les déchets ménagers |
|
Cadre juridique |
|
Valorisation |
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|
886.000 tonnes de lubrifiants sont utilisées chaque année en France dans le transport et l'industrie, générant 295.000 tonnes d'huiles usagées |
|
Hormis les cas d'autoconsommation, les huiles sont plutôt des déchets industriels banals |
|
Directive 75/439/CEE du Conseil du 16 juin 1975 relative aux huiles usagées, transposée en droit français par le décret n° 79-981 du 21 novembre 1979 ( texte modifié à plusieurs reprises depuis) |
|
240.000 tonnes sont récupérées. Les huiles ainsi collectées sont soit régénérées (nouvelles huiles), soit brûlées (incinération, cimenterie...) |
|
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|
1. Situation
a) Présentation générale
La
filière de récupération et de valorisation des huiles
usagées est l'une des plus anciennes. Elle est apparue au cours de la
Seconde Guerre mondiale, lorsqu'il s'agissait de contourner le manque de
matières premières. Ce lien avec une économie de
pénurie s'est confirmé trente ans plus tard, puisque la
filière s'est à nouveau organisée à la suite du
premier choc pétrolier.
Les premières grandes directives européennes sur les
déchets et les huiles -adoptées la même année en
1975- se situent dans ce contexte de crise et de menace pour
l'approvisionnement énergétique. C'est en 1979 que la directive
sera transposée en droit français et qu'une taxe parafiscale sera
créée pour financer
" la collecte, le traitement et
l'élimination des huiles, selon la technique la plus
adaptée "
.
C'est ce rappel historique qui explique notamment que la " filière
huile " soit plutôt bien organisée et assez bien
répartie sur l'ensemble du territoire. Ce point, comme on le verra, aura
de l'importance pour l'avenir.
b) Le gisement
Il existe deux types d'utilisation des lubrifiants : l'huile moteurs (voitures particulières, poids lourds, matériels agricoles, avions...), l'huile industrielle (SNCF, métallurgie...). Toutes utilisations confondues, sur un volume de lubrifiant donné, 56 % est autoconsommé et 44 % génère une huile usagée. Pour l'huile moteur, les proportions sont inversées : 47 % est autoconsommé et 53 % génère une huile usagée. La production d'huiles usagées était, en 1995, de 386.000 tonnes. Le circuit et les grandes masses sont donnés dans la présentation et le tableau suivants.
Gisement d'huiles usagées (en milliers de litres) |
|||
|
|
volume |
et % |
|
|
récupérés |
|
Huiles moteurs |
|
|
|
Voitures particulières |
115 |
|
|
Poids lourds, cars... |
87 |
|
|
Matériel agricole |
23 |
|
|
Motos |
2 |
|
|
Aviation |
30 |
|
|
Engrenages, divers |
14 |
|
|
Sous-total huiles moteurs |
271 |
224 |
82 % |
Huiles industrielles noires |
24 |
11 |
46 % |
Huiles industrielles claires |
91 |
2,5 |
1,6 % |
Sous-total huiles industrielles |
115 |
13,5 |
10,8 |
Total huiles |
386 |
237,5 |
61 % |
Source : ADEME |
De
l'huile consommée à l'huile usagée
(en milliers de tonnes et en pourcentage du " pavé "
précédent)
|
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|
Huile
détruite*
|
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Moteurs
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|
|
Huiles
usagées
|
|
|
Total
lubrifiants
|
|
|
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|
|
Total
huiles usagées 386.000 t
|
|
|
|
|
Huiles
usagées noires
|
|
|
|
|
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|
Utilisations industrielles
|
|
Huiles
usagées claires
|
|
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|
|
Auto-destruction
|
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*Une partie de l'huile mise dans le moteur ou dans le mécanisme est utilisée ou " consommée " par ces derniers, et disparaît . |
||||||
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|
Source : ADEME.
Gisement français d'huile
usagées
, données 1995,
|
||||||
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|
|
|
|
c) La collecte
La
filière
met en jeu trois partenaires successifs.
les
détenteurs
d'huiles usagées chargés de
recueillir les huiles et de les stocker (garages...).
les
ramasseurs
d'huiles usagées responsables de la collecte
des huiles usagées. Les entreprises de ramassage sont agrées par
les préfets de départements. Un département peut avoir
plusieurs entreprises agréées. Une entreprise peut être
agréée dans plusieurs départements. Il existait
soixante-dix entreprises agréées (au 30 juin 1997). La collecte
est obligatoire. Jusqu'en 1999, les ramasseurs devaient procéder
à l'enlèvement de tout lot d'huile supérieur à 200
litres. Ce seuil est passé à 600 litres en 1999.
les
éliminateurs
d'huiles usagées exploitent des
installations qui traitent les huiles. Les entreprises sont
agréées par le ministère de l'Environnement. Le traitement
prend deux formes distinctes (voir ce point en détail
ci-après) : la régénération des huiles
usagées qui consiste à fabriquer de nouvelles huiles à
partir des anciennes, et l'utilisation industrielle qui consiste à
utiliser l'huile comme combustible. Il existe quarante éliminateurs
(quinze par la régénération, vingt-cinq par la combustion).
Ce passage en trois étapes (détenteur, ramasseur,
éliminateur) traduit aussi une transformation dans la nature même
du produit. Au premier stade, l'huile usagée est un déchet et
considéré comme tel. L'usager s'en débarrasse, le
détenteur est obligé de la reprendre, mais la remet au ramasseur
à prix zéro.
A ce stade, " l'huile déchet " change de nature. Elle devient
alors une matière première susceptible d'être
traitée pour refaire des huiles ou d'être brûlée, en
jouant sur son haut pouvoir calorifique. Par la collecte et la masse critique
atteinte, " l'huile déchet " se transforme en " huile
matière première ".
Les résultats
Concernant la collecte, il faut distinguer les huiles moteurs et les huiles
industrielles. Les taux de collecte des huiles moteurs sont importants, de
l'ordre de 82 % par rapport au gisement. L'efficacité de la
collecte n'a cessé de s'améliorer depuis dix ans, puisqu'on
comptait 100.000 tonnes collectées en 1986, 150.000 tonnes en 1990,
200.000 tonnes en 1994 et 237.000 tonnes en 1996.
Par comparaison, les taux de collecte des huiles industrielles paraissent
très faibles, puisqu'ils ne représentent que moins de 11 %
du gisement, et même 2 % pour les huiles claires
161(
*
)
. Ce chiffre est cependant trompeur car ce type
d'huile fait souvent l'objet de revente directe ou d'un traitement sur place.
Les huiles usagées qui intéressent les collectivités
locales sont, pour l'essentiel, des huiles moteurs. Le circuit repose, pour
l'essentiel, sur les industriels qui ont organisé les structures de
collecte. Près de la moitié est collectée dans les
stations services. Les collectivités locales ne sont qu'un intervenant
mineur puisqu'elles n'assurent que 6 % de la collecte aujourd'hui. La
répartition des différents points de collecte est donnée
dans le tableau suivant.
La collecte des huiles usagées (1996) |
||
Détenteurs |
Volume
|
Part dans le total |
Garages, stations service |
115 |
48,5 % |
Sociétés de transport |
26 |
11 % |
Industries |
35 |
14,8 % |
Monde agricole |
5 |
2,1 % |
Grosses collectivités (armée, PTT...) |
13 |
5,5 % |
Autres détenteurs |
29 |
12,2 % |
Conteneurs (déchetteries des municipalités) |
14 |
5,9 % |
Total |
237 |
100 % |
Source : ADEME, Bilan de la collecte des huiles usagées , 1996 |
Ces bons résultats d'ensemble ne doivent pas masquer certaines lacunes. La partie non collectée, même faible, suscite notamment quelques inquiétudes. Quand il n'entre pas dans la filière de collecte traditionnelle, l'usager se débarrasse de l'huile usagée soit en la jetant, soit en la brûlant. Or, compte tenu des caractéristiques des huiles, ces deux " solutions " sont dangereuses.
d) Le traitement des huiles usagées
Les
propriétés des huiles dépendent des méthodes de
fabrication et des additifs
162(
*
)
, notamment
les métaux lourds (plomb, phosphore, zinc, cadmium) et le chlore. Une
huile contient entre 5 et 25 % d'additifs qui se concentrent dans les
huiles usagées.
Citant une étude du Laboratoire national d'essais, l'ADEME estime que
" la combustion non contrôlée des huiles usagées
peut entraîner la mise en atmosphère de l'émission de plomb
organique en faible quantité, mais qui présente un
caractère toxique prononcé. "
L'épandage et la combustion sauvages multiplient les risques pour
l'environnement et la santé. Or, chacun sait que de telles pratiques,
sans être courantes, ne sont pas exceptionnelles. Le pouvoir calorifique
des huiles est ainsi utilisé localement dans les serres notamment, et la
simple caractéristique physique des huiles est mise à profit pour
absorber d'autres huiles beaucoup plus nocives. (Les huiles des anciens
transformateurs EDF comportant de l'acide, sont mélangées avec
les huiles noires issues des moteurs et brûlées.) Cette fraction
échappe aux circuits de collecte classiques. Le problème repose
alors sur les municipalités, tout aussi démunies devant une
difficulté plus culturelle que technique.
Les huiles usagées sont traitées par trois filières
La
régénération
(ou re-raffinage) qui
consiste,
via
un traitement industriel lourd, à
refabriquer
une huile de base
, semblable aux huiles de base neuves (avant additifs...).
Les installations de régénération d'huiles usagées
sont de véritables petites raffineries en miniature comportant une
succession de plusieurs cylindres de plusieurs mètres de haut dans
lesquels les huiles ruissellent sous vide (déshydratation par
distillation atmosphérique puis distillation sous vide). La finition des
huiles est assurée par un procédé d'hydrogénation
ou par un procédé de filtres composés de terres
" activées ", destinés à absorber les
dernières particules métalliques et hydrocarbures
indésirables.
Les autres traitements destinés à une
réutilisation sous forme d'huile
sont pour la plupart
basés sur des principes de distillation et/ou filtration, avec
élimination de l'eau, des particules métalliques et des
hydrocarbures lourds. On distingue les procédés simples de
re-raffinage (
reprocessing
) qui consiste à faire un début
de re-raffinage afin d'obtenir du fuel utilisable en combustible dans certains
secteurs (station d'enrobage de bitumes, combustible pour diesels de moteurs
marine), et les procédés de filtration fine,
réservés aux huiles industrielles claires (procédés
dits de
" laundering "
et de
" reclamation "
,
donnant une huile utilisable en démoulage (coffrages de béton
armé) ou pour les chaînes de tronçonneuses...
L'utilisation des huiles comme
combustible
, que ce soit en
cimenterie ou dans des centres d'incinération de déchets
industriels spéciaux. Même si la présence de produits
légers (essence) et d'eau en émulsion rendent leurs conditions
d'incinération délicates, le pouvoir calorifique des huiles
usagées est estimé à 98 % de celui du fuel lourd.
La première voie est, normalement, privilégiée, ainsi que
l'indique clairement l'article 7 du décret initial du 21 novembre
1979 :
" Les seuls modes d'élimination autorisés
pour les huiles usagées sont le recyclage ou la
régénération dans des conditions économiques
acceptables ou
à défaut
, l'utilisation industrielle comme
combustible "
.
En réalité, cette hiérarchie n'a pas été
respectée. Les résultats en Europe sont très
diversifiés, mais dans l'ensemble, décevants. Il n'y a qu'en
Italie que la régénération a trouvé sa place
grâce à la combinaison d'investissements importants et d'une
fiscalité incitative, puisque le prélèvement sur les
huiles régénérées est moitié moindre de
celui sur les huiles neuves.
Traitement des huiles usagées. Comparaison internationale |
||||||||
|
Europe |
France |
Allemagne |
Belgique |
Danemark |
Italie |
Espagne |
Russie |
Régénération |
32 |
42 |
41 |
0 |
0 |
80 |
13 |
0 |
Combustion |
32 |
52 |
35 |
33 |
25 |
7 |
50 |
23 |
Autres réutilisations |
36 |
6 |
24 |
67 |
75 |
13 |
32 |
77 |
Source : Concawe |
En France, les pratiques comme l'évolution récente des conditions économiques ont renversé l'ordre des priorités. La régénération, qui s'appliquait à 70 % des volumes traités en 1990, ne s'applique plus qu'à 31 % des volumes traités en 1996.
Évolution en France de la répartition des traitements des huiles usagées* |
||||||||
|
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Volume traité |
158 |
167 |
151 |
193 |
197 |
214 |
226 |
229 |
Valorisation énergétique |
30 % |
34 % |
42 % |
55 % |
60 % |
57 % |
60 % |
69 % |
Régénération |
70 % |
66 % |
58 % |
45 % |
40 % |
43 % |
40 % |
31 % |
* Huiles noires usagées, à l'exclusion des huiles claires. |
||||||||
Source : ADEME |
Ces
résultats s'expliquent par des raisons liées à
l'environnement et par des raisons économiques. Les filières se
sont montées en Europe dans une période où les
préoccupations d'environnement n'étaient pas ce qu'elles sont
aujourd'hui. Les techniques utilisées par la
régénération des huiles usagées étaient
relativement sommaires et polluantes (dégagement de soufre, terre
contaminée après filtrage des huiles...). En France, les
installations ont donc été progressivement fermées, soit
spontanément, soit de façon autoritaire. La France comptait
quatre usines à la fin des années 1980. Il n'en existe plus
qu'une aujourd'hui.
Ce mouvement en faveur de la régénération s'est produit
alors que le marché se transformait radicalement. La
régénération des huiles, justifiée dans un contexte
de pénurie, ne l'est plus dans un contexte d'excédent. Pour des
raisons tenant tant à la qualité des huiles (la durée
d'utilisation d'une huile a été multipliée par 5 en vingt
ans), qu'aux investissements réalisés dans le monde, il y a
aujourd'hui une importante surcapacité, notamment en Europe. Le
marché mondial est estimé à 40 millions de tonnes. La
surcapacité est de l'ordre de 10 %, soit 4 millions de tonnes, dont
2 millions de tonnes en Europe... Ainsi, en Europe, la production potentielle
est de 6 millions de tonnes, la production réelle est de 4 millions
de tonnes, soit une surcapacité de 2 millions, un tiers de la
capacité totale. Pendant une période, cette surcapacité a
été atténuée par des exportations aux
États-Unis et en Asie du sud-est, mais le paysage mondial a
changé. Des installations modernes ont été construites
(dont une unité de 600.000 tonnes aux États-Unis), et la crise
asiatique, certes conjoncturelle, a entraîné une chute de l'a
consommation locale. Le contexte est par conséquent très
défavorable à la régénération.
e) Le soutien économique de la filière
La taxation
Dès l'origine, les pouvoirs publics ont soutenu la filière en
créant une taxe parafiscale destinée à indemniser les
opérateurs intervenant sur le ramassage et l'élimination des
huiles usagées
163(
*
)
. Le produit de la
taxe était
" affecté à des aides à la
collecte, au traitement et à l'élimination des huiles
usées, selon la technique la plus adaptée "
. Un
décret instituant la taxe, définissant l'assiette (qui
était alors la tonne d'huile de base) et un taux plafond ; un
arrêté fixant le montant définitif.
Le taux a augmenté par paliers : de 40 F la tonne en 1979, à
70 F en 1987, et 150 F en 1994. La taxe a été
perçue à ce taux jusqu'en septembre 1998, jusqu'à son
annulation par le Conseil d'État
164(
*
)
.
Depuis le 1
er
janvier 1999, cette taxe parafiscale spécifique
est remplacée par la taxe générale sur les
activités polluantes, assise sur le produit fini, et non plus sur
l'huile de base, comme dans la taxe parafiscale. Le taux est aujourd'hui de 200
F la tonne, ce qui revient à peu près au taux antérieur,
compte tenu du changement d'assiette.
En 1996, le produit de la taxe perçue au taux de 150 F la tonne,
était de 118 millions de francs pour 784.000 tonnes d'huiles de
base
165(
*
)
.
Malgré des critiques, qui ont d'ailleurs conduit à ce que le
Conseil d'État annule le décret instituant la taxe fin 1998, le
prélèvement n'est pas un problème majeur. D'une part, il
reste relativement modeste, et surtout
quasi
indolore au niveau du
consommateur (18 centimes par litre dont le prix varie entre 25 et 50 F).
D'autre part, l'augmentation du taux n'a pas empêché une forte
hausse de la collecte d'huiles usagées (cf. tableau).
L'affectation de la taxe, en revanche, a suscité quelques
interrogations.
2. Perspectives
a) Les critiques du système d'affectation de la taxe
Le
produit de cette taxe était affecté à l'ADEME et
réparti entre les différents opérateurs par un
comité de gestion
166(
*
)
, avec un
barème distinct par opérateur. Un système comparable sera
appliqué avec la nouvelle TGAP. Ce système -que la nouvelle TGAP
ne remet pas fondamentalement en cause- a été souvent
critiqué. Les arguments ne manquent pas de pertinence.
La première dérive, évidente, est liée aux
pesanteurs administratives
d'un système administré (fixation
des taux par arrêté ministériel impliquant au moins trois
ministres ou secrétaires d'État différents : celui
chargé du budget, celui chargé de l'Industrie, celui
chargé de l'Environnement).
On observera alors que le taux de collecte de l'huile usagée est
pratiquement équivalent au Royaume-Uni, qu'il n'y a pas de taxe
spécifique dans ce pays. On notera également qu'en 1992 la
proposition de libéraliser le système en confiant la
responsabilité de la collecte et le financement aux industriels
fabricants, notamment aux pétroliers, s'est heurté à une
opposition ferme et massive.
La deuxième dérive est liée au
manque d'adaptation aux
réalités du terrain
. Le barème est aujourd'hui
fixé par activité, par type d'utilisations ([x] francs la
tonne livrée aux régénérateurs; [y] francs la
tonne livrée aux cimenteries...), sans prendre en compte la
diversité des situations locales. Situations en effet très
différentes lorsque les ramasseurs doivent collecter auprès des
détenteurs dispersés et livrer à des éliminateurs
éloignés, ou lorsqu'ils sont à proximité. La
géographie industrielle montre des inégalités fortes entre
départements. Un barème unique se traduit donc par une
inégalité de fait. Dans le premier cas (éloignement,
dispersion de la collecte), la subvention équilibre le coût, voire
reste insuffisante, dans le second, la subvention se transforme en une rente de
situation
. Il conviendrait d'adapter le barème en fonction de la
distance, comme c'est le cas pour le verre par exemple dans le système
d'Éco-Emballages.
Une telle situation conduit à un système bloqué où
la subvention publique est détournée de son objet initial.
La troisième dérive est liée à l'importance prise
par les unités d'incinération dans le traitement des huiles
usagées. L'huile a un très haut pouvoir calorifique,
particulièrement recherché par les cimenteries, grosses
consommatrices d'énergie. Celles-ci, aidées de surcroît par
des implantations bien réparties dans l'Hexagone, sont devenues les
partenaires privilégiés des ramasseurs d'huiles, puisqu'elles
assurent aujourd'hui plus des deux tiers de l'élimination des huiles
usagées.
Les deux parties sont cependant inégales et les cimenteries
achètent l'huile quasiment au prix du coke de pétrole,
c'est-à-dire à un prix voisin de zéro. L'huile
matière première est achetée au prix de l'huile
déchet.
L'opération est évidemment intéressante pour les
cimenteries, pour lesquelles le prix de l'énergie est la donnée
clef de la rentabilité. Elle l'est également dans une moindre
mesure pour les ramasseurs qui ont un débouché simple et garanti,
financé en partie par la taxe. On peut toutefois s'interroger sur
l'opportunité d'un système de taxation destiné normalement
à soutenir la collecte et la valorisation des huiles usagées et
qui, en définitive, sert en pratique à réduire le prix de
revient des cimenteries.
Le système paraît par conséquent vicié avec une
régénération dans l'impasse et une aide à la
combustion discutable. Tout l'effort pour opérer ce passage de l'huile
déchet à l'huile matière première se solde en
définitive par ce qu'on peut appeler un échec.
b) La place croissante des collectivités locales dans la collecte
Comme on
l'a vu, cette place est aujourd'hui réduite. Les municipalités
n'assurent que 6 % environ de la collecte totale par le biais de
conteneurs spécifiques, généralement installés dans
les déchetteries. On comptait 3381 points de collecte fin 1996
permettant de collecter environ 14.000 tonnes. Toutefois, cette part
aujourd'hui limitée est amenée à augmenter dans les
prochaines années sous deux effets.
Tout d'abord, les obligations de collecte imposées aux ramasseurs ont
été modifiées. Jusqu'en 1998, les ramasseurs
agréés devaient procéder à un enlèvement de
tout lot d'huiles usagées supérieur à 200 litres. A partir
de cette année, le seuil est passé à 600 litres. Cette
mesure, favorable à la filière, puisqu'elle réduit les
coûts de collecte (en évitant de déplacer un camion
spécial pour seulement 200 litres), va en revanche freiner la
progression des taux de collecte, et peut-être même les
réduire. Le problème se pose pour les détenteurs qui ont
un stock d'huiles inférieur à 600 litres, et qui peuvent
être tentés par des solutions de facilité (épandage
sauvage, brûlerie). Pour éviter ces dégradations, les
collectivités locales peuvent être conduites à installer de
nouveaux conteneurs de proximité.
Le second élément est lié à l'autoconsommation. On
estime qu'environ un tiers des automobilistes effectuent eux-mêmes la
vidange de leur véhicule. Les quantités d'huiles usagées
correspondantes étant de l'ordre de 20.000 tonnes par an. Une fraction
(un tiers, la moitié ?) n'est collectée par personne et se
trouve parfois rejetée dans les caniveaux...
Le poids croissant pris par la grande distribution qui vend l'huile mais ne la
collecte pas
167(
*
)
, ne peut qu'accentuer cette
dérive. Si les municipalités veulent y faire face, elles devront
multiplier les points d'apport. Certaines ont déjà
installé des "
récup-huiles
" comme elles ont
installé des bornes de collecte de verre. Les résultats sont
particulièrement positifs.
c) L'élargissement des possibilités de valorisation
Il
existe un projet de réforme de la directive européenne sur les
huiles usagées. Selon les informations communiquées par l'UFIP,
ce projet, partant de résultats décevants (en matière de
traitement) réaffirmerait la priorité absolue (90 % ?)
à la régénération. Les conditions modernes de
traitement (notamment par un procédé de traitement à
l'hydrogène, en remplacement des procédés de traitement
par filtres de terre, aujourd'hui dépassés) permettent en effet
d'obtenir une régénération de qualité et sans
impact environnemental. Cette régénération pouvant prendre
la voie soit d'une huile nouvelle, comme aujourd'hui, soit sous la forme d'une
obligation faite aux producteurs d'huiles d'incorporer un certain pourcentage
d'huiles régénérées.
Selon l'UFIP, le coût d'une nouvelle usine de
régénération de 100.000 tonnes de capacité serait
compris entre 200 et 250 millions de francs, le coût de reformulation
d'une gamme de lubrifiants (trois huiles moteur de base) incorporant 15 %
des huiles régénérées serait entre 2,2 et 2,5
millions de francs, l'impact de l'éventuelle directive serait alors de
2000 francs (300 euros) la tonne, ce qui conduirait à doubler le
prix de l'huile de base et une augmentation du prix unitaire au consommateur
compris entre 10 et 30 %, particulièrement inappropriée
s'agissant des huiles pour les poids lourds, les lubrifiants agricoles...
Parmi ces chiffres -non vérifiés- il en est un qui doit retenir
l'attention. L'hypothèse est faite sur la base d'une usine de 100.000
tonnes, seuil considéré comme rentable pour l'investissement
réalisé. Compte tenu du gisement français, cela signifie
que 80 à 90 % des besoins de notre pays seraient alors couverts par
deux usines.
Selon un adage bien connu,
" le mieux est l'ennemi du bien "
.
Ainsi, en l'espèce, la recherche de modes de valorisation efficaces
impose une concentration qui va à l'encontre de l'objectif
recherché. La taille, les transports induits des nouvelles
installations, ne paraissent pas constituer de bonnes solutions, au moins en
France.
Comme cela a été dit à plusieurs reprises, le choix de la
valorisation doit tenir compte de la répartition des hommes et des
sites, de l'aménagement du territoire et de la géographie
industrielle.
La régénération, telle qu'elle est pratiquée
aujourd'hui, paraît sinon condamnée, du moins compromise. A court
terme, pour des raisons économiques (surproduction), à long terme
pour des raisons écologiques (les procédés actuels par
traitement hydraulique et filtrage laissent des métaux lourds et
génèrent des déchets toxiques).
Mais d'autres voies existent, comme le montrent les exemples étrangers.
La géographie industrielle est là : 70 entreprises de
ramassage, 40 éliminateurs, mais aussi 13 raffineries
réparties pratiquement sur tout l'hexagone constituent la base à
partir de laquelle il faut travailler. Les solutions envisagées
aujourd'hui, inspirées de pratiques étrangères, sont
dans :
le recyclage en raffinerie qui permet, après distillation,
d'enlever le chlore et de refabriquer un produit pétrolier de base, le
" craqueur ",
l'utilisation d'huiles en combustible spécifique (huiles de
moteurs marins),
l'utilisation à la fois en combustible et en matière
première (huiles en enrobages routiers bitumineux) ou en
co-génération.
L'ouverture des possibilités devrait également entraîner
une refonte des barèmes d'aide et une révision des modes
d'attribution de l'aide publique. Le comité de gestion est excessivement
centré sur l'administration de l'économie, des finances et de
l'industrie, et ne comporte aucun élu.
D. LES MÉDICAMENTS
|
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|
Données de base |
|
|
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|
Marché |
|
Importance dans les ordures ménagères |
|
Cadre juridique |
|
Valorisation |
|
|
3 milliards de boites, soit 70.000 tonnes d'emballages et de médicaments |
|
0,25 % des déchets ménagers, soit 1 kg/habitant/an |
|
Application de la réglementation générale sur les emballages + accord syndicat professionnel / pouvoirs publics (20 septembre 1993 - 13 août 1997) |
|
Réaffectation des produits
|
|
|
|
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|
|
|
|
|
|
1. Situation
a) Le gisement
Les
déchets issus des médicaments (DIM) sont évalués
à 70.000 tonnes, soit 1 kg par an et par habitant (La
comparaison avec les déchets ménagers est facile puisque ces
derniers représentent 1 kg par jour et par habitant). 90 % des
DIM sont constitués par des notices et emballages (flacons, ampoules,
carton, plastique, aluminium...), et 10 % sont des médicaments. Sur
100 grammes de médicaments, 1 à 2 % sont des composants
actifs et 98 / 99 % sont des excipients de confort.
Après une croissance régulière (la France est connue pour
sa " boulimie médicamenteuse "), le volume a tendance à
se stabiliser (sensibilisation des médecins prestataires aux efforts
d'économies...). Il ne faut cependant pas s'attendre à une chute
brutale. L'automédication reste une pratique courante en France. Quant
à la réduction du nombre de médicaments (mini-doses,
plaquettes plus petites...), elle n'aurait aucun effet sur les déchets,
au contraire (multiplication des emballages). La suppression des emballages est
d'ailleurs impossible, puisque l'Union européenne interdit la vente de
médicaments à l'unité.
b) La collecte
Trois
événements ont favorisé une mobilisation de la profession
pour
" prendre en charge le médicament du berceau à la
tombe "
, et s'intéresser au devenir des produits qu'elle
distribue. Tout d'abord, les médicaments non utilisés (MNU) sont
spontanément considérés par le consommateur comme un
produit toxique ou dangereux. Ensuite, bien qu'elle ne soit pas
expressément visée par la loi de 1992, sur la suppression des
décharges, ou le décret du 1
er
avril 1992, sur les
déchets d'emballage, ces deux textes constituaient un contexte favorable
à une action. Enfin, au début des années 1990, des
organisations humanitaires avaient lancé des opérations de
collecte de médicaments qui avaient alors été
reçues favorablement par l'opinion, et avaient donné des
résultats.
C'est ainsi qu'a été créée en 1993, à
l'
initiative de la profession pharmaceutique
, l'association Cyclamed,
dont l'objet est de
" valoriser l'ensemble des déchets issus des
médicaments "
. Après un test dans deux régions,
l'association a été agréée par les pouvoirs
publics
168(
*
)
, et l'action s'est
généralisée à partir de 1995 dans l'ensemble du
territoire métropolitain. Les pharmaciens participant à
l'opération reçoivent en officine les médicaments et
emballages non utilisés, et procèdent à un premier tri
entre les médicaments réutilisables à des fins
humanitaires (mis en " carton vert "), et les emballages et
médicaments périmés (mis en " cartons rouges ").
Les cartons sont ensuite collectés, à l'occasion des livraisons,
par les répartiteurs qui opèrent un second tri parmi les
médicaments réutilisables.
c) La valorisation
Jusqu'à l'intervention du Cyclamed, plus de la
moitié
des DIM était mise en décharge. Désormais, les DIM
récupérés sont valorisés, les répartiteurs
opérant le tri final préalable aux deux voies de valorisation.
La valorisation humanitaire.
Il s'agit de redistribuer les
médicaments non utilisés aux associations et organisations non
gouvernementales partenaires du Cyclamed. En 1998, cette redistribution a
porté sur 15 millions de boites, soit moins de 1.000 tonnes. On note
toutefois une nette diminution de cette action qui ne représente plus
que 10 % de la valorisation totale en 1998, contre 22 % en 1995. Ce
mouvement est lié notamment à une sélection rigoureuse des
médicaments réutilisés, qui exclut les médicaments
de confort, une réorientation de l'aide vers les pays d'Afrique et
d'Asie, qui implique des médicaments adaptés aux pathologies
spécifiques et des dates de péremption éloignées,
et un glissement vers la valorisation énergétique, plus simple
à mettre en oeuvre.
La valorisation énergétique.
On notera, au
préalable, que la faiblesse des gisements et la multiplication des
matériaux des emballages (verre, carton, plastique, aluminium...) exclut
toute valorisation matière. Les DIM correspondant aux médicaments
non réutilisables et aux emballages sont dirigés vers les
incinérateurs avec récupération d'énergie. Cela
représentait, en 1998, 9.300 tonnes, ce qui aurait permis de chauffer et
d'éclairer 5.000 logements.
La répartition entre les différentes formes de valorisation
s'établit comme suit :
Collecte et valorisation des médicaments (en tonnes) |
||||
|
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
Valorisation humanitaire |
1.515 t |
1.508 t |
1.031 t |
963 t |
Valorisation énergétique |
5.379 t |
7.714 t |
8.635 t |
9.330 t |
Total |
6.894 t |
9.222 t |
9.666 t |
10.293 t |
Source : Cyclamed |
2. Commentaires et perspectives
a) Les motifs de satisfaction
La mobilisation d'une profession
Cyclamed est une action exemplaire, car elle a été
entièrement organisée et financée par une profession qui
s'est engagée à prendre en charge
" du berceau
jusqu'à la tombe "
le devenir des produits qu'elle fabriquait
et qu'elle distribuait.
Le financement de l'opération (transport, matériels, bennes,
communication) repose sur le volontariat, sur un engagement des producteurs qui
élaborent, fabriquent et conditionnent les médicaments. 98 %
des cotisations potentielles ont été perçues. On observera
que pendant deux ans, 1993 et 1994, la profession a contribué au
financement d'une opération qui n'a eu d'effets visibles que deux ans
plus tard, à partir de 1995. Le budget de l'association était de
48,5 millions de francs en 1997.
Outre ce financement des actions externes, l'essentiel repose sur le
pharmacien, en officine, qui récupère et trie les
médicaments usagés. 90 % des 22.500 officines de France
métropolitaine participent à cette opération. Il peut
être intéressant de constater que cette action a été
parfaitement perçue par les intéressés, comme faisant
partie de leur responsabilité propre. Avec le temps, leur
appréciation sur le rôle écologique de cette action, et
plus encore sur la responsabilité des citoyens, s'est en revanche
beaucoup effritée.
Appréciation de l'opération Cyclamed (total 100 avec les multi-réponses) |
||
|
Ensemble
|
Pharmaciens ayant un rôle actif dans l'opération |
C'est le rôle du pharmacien |
31 |
49 |
C'est écologique |
29 |
16 |
Cela permet le recyclage de médicaments |
21 |
10 |
Cela participe à l'aide humanitaire |
19 |
15 |
Cela responsabilise les gens |
12 |
n.p. |
Source : Cyclamed, Rapport d'activité 1997 |
Le
succès de l'opération a été facilité par
l'organisation rigoureuse d'une profession extrêmement encadrée
sur le plan juridique, par l'importance du réseau (22.500 officines) et
des habitudes des Français : chaque jour, 3 millions de personnes
vont dans une pharmacie.
L'adhésion des consommateurs
Le " réflexe Cyclamed " s'est bien imposé. La
notoriété est bonne (14 % de notoriété
spontanée, 73 % de notoriété assistée), et
plus de la moitié des personnes interrogées disent qu'elles
rapportent leurs médicaments en officine, fusse occasionnellement. Cette
adhésion est certainement le résultat d'une intense communication
axée sur deux piliers : les campagnes TV
" seul
média susceptible de faire changer les comportements
", et la
communication de proximité en officine. L'" apprentissage " a
d'ailleurs été rapide, avec une augmentation de la collecte de
près de 50 % en trois ans.
On notera également que les régions les moins riches ou
plutôt rurales (Limousin, Bretagne) ont des résultats par habitant
très sensiblement supérieurs (de l'ordre du tiers à la
moitié) aux régions urbaines (Ile-de-France, PACA).
Peut-être faut-il voir, dans ce décalage, quelques traces d'une
" sagesse paysanne " où l'on avait l'habitude de
récupérer et de ne pas jeter comme en ville. Ce
phénomène, qui peut être constaté pour d'autres
collectes, a son importance dans le choix des modes de traitement des
déchets ménagers.
b) Limites ou interrogations
Le périmètre d'action. Le
problème des
aiguilles
La très grande majorité des seringues et aiguilles
utilisées vient du milieu hospitalier et des professions
libérales de santé, et suit le circuit des déchets
industriels spéciaux. Il existe, cependant, une petite part
d'auto-injection, légale (diabétiques) et illégale
(toxicomanie) qui, elle, pose des problèmes importants de santé
publique au moment de l'élimination (piqûre, risque de
contamination). Il n'est pas rare de retrouver des aiguilles sur les tapis en
centres de tri, en vrac, ou dans des bouteilles plastiques.
Ce problème n'a pas trouvé de réponse satisfaisante. Les
aiguilles ne sont ni des médicaments, ni des emballages, mais des
accessoires, et ne sont par conséquent pas collectées par le
circuit Cyclamed. Comme l'a précisé M. Bernard
Mesuré, président du Cyclamed, lors de son audition,
" il
y a bien eu une opération test pour inclure les seringues parmi les
produits collectés, mais cela a failli faire exploser le dispositif.
Devant les risques d'incidents et d'accidents, les pharmaciens ne voulaient
plus rien collecter du tout "
.
L'opération étant fondée sur le volontariat, et
étant totalement autofinancée par les industriels, il
paraît difficile d'imposer une contrainte aussi lourde sans un support
matériel et/ou financier public. D'un autre côté, il faut
rappeler que l'association bénéficie d'un agrément des
pouvoirs publics, et que toute recherche de solution qui impliquerait les
professionnels de santé ne peut être écartée
d'emblée.
Les voies sont aujourd'hui cherchées en amont. Tout d'abord, les
recherches sont aujourd'hui menées sur des aiguilles rétractables
ou des poches hermétiques destinées aux usages individuels. Une
autre solution consisterait à faire travailler ensemble les professions
médicales et les collectivités locales afin d'identifier la
population à risques (diabétiques notamment), et mener une action
conjointe d'information pour les inciter à limiter les risques pour
autrui en évitant de mettre des seringues parmi d'autres déchets
valorisables.
La pérennité du système
L'opération Cyclamed est un succès. La progression des volumes
collectés, l'image positive auprès de la population, et surtout
l'implication totale de la profession, ont montré que la collecte
sélective sur des niches bien spécifiques est possible.
D'ailleurs, l'expérience française a été suivie
dans d'autres pays, notamment dans les pays où il existe un
quasi
monopole pharmaceutique : l'Espagne, le Portugal, la Belgique et,
bientôt, l'Allemagne.
Néanmoins, deux éléments incitent à une certaine
prudence quant à la pérennité du système. Tout
d'abord, la " performance " reste modeste, 14 % seulement du
gisement est capté, tandis que le surplus de travail que
représente cette mission de service public ne peut être
considéré comme négligeable face au développement
de nouvelles concurrences, telles la vente en grandes surfaces ou en
parapharmacie qui n'ont pas les mêmes pratiques.
Ensuite, le système était parfaitement justifié dans un
contexte, à une période, où plus de la moitié des
médicaments allaient en décharge. La valorisation
énergétique était alors un plus par rapport à la
mise en décharge. Or, celle-ci ne sera plus possible à compter de
juillet 2002, et l'incinération avec récupération de
chaleur deviendra alors l'un des modes courants d'élimination des
déchets non valorisables par une valorisation matière. Les
pharmaciens peuvent alors s'interroger sur l'opportunité de maintenir un
système de collecte spécifique, alors que, dans 80 % des cas
(c'est-à-dire hors valorisation humanitaire), le produit collecté
avec tant de soins et d'efforts aura la même destination que s'il avait
été mis à la poubelle...
E. LES NOUVEAUX CRÉNEAUX
1. Les véhicules hors d'usage
a) Présentation
Les
" véhicules en fin de vie " ou " véhicules hors
d'usage " (VHU) représentent une source importante de
déchets. En Europe, entre 8 et 9 millions de VHU sont mis en rebut
(soit entre 8 et 9 millions de tonnes par an). En France, le nombre annuel de
VHU est de 1,8 à 1,9 million (soit 1,8 à 1,9 million de tonnes).
La
quasi
totalité de ces VHU est récupérée
par les filières industrielles (garages, concessionnaires...), mais
7 % constituent des épaves à l'abandon dans l'environnement.
Les VHU sont constitués de deux fractions :
des
métaux ferreux
et
non ferreux
. Malgré une
diminution de la part des métaux ferreux (acier et fonte) dans
l'automobile (au détriment de l'aluminium et du plastique), la part de
ces matériaux dans l'automobile reste largement majoritaire. Les
métaux (ferreux et non ferreux) représentent encore 70 à
75 % du poids total. Les métaux ferreux constituent à eux
seuls 63 à 67 % du poids total d'une automobile. L'automobile
représente entre 17 (moyenne Union européenne) et 30 %
(France) du marché de l'acier.
les
résidus de broyage
formés d'un mélange de
verre, plastique, caoutchouc, lubrifiants... Ils contiennent des fluides
dangereux pour l'environnement (huile moteur, liquide de freins, antigel, CFC
-chlorofluocarbones- ou PCB -biphenyl polychloré-), voire même
quelques substances explosives liées au dispositif d'éjection des
airbags
. 40 % sont récupérés et
utilisés (produits électriques), 60 % sont des
déchets qui vont jusqu'à présent en décharge.
" Déconstruction " d'un véhicule hors d'usage (en poids)
|
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10 % métaux ferreux |
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70 / 75 % métaux |
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10 % métaux non ferreux |
100 |
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60 % de déchets |
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25 / 30 % % résidus de broyage |
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40 % divers (produits électriques) |
|
|
|
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|
Aujourd'hui, la valorisation ne concerne que les métaux. Les VHU sont démontés, la ferraille est collectée (l'automobile représente entre 23 % (moyenne Union européenne) et 33 % (France) de l'offre totale des ferrailles. La ferraille est réutilisée dans le circuit de la sidérurgie, comme n'importe quelle autre ferraille. Comme l'indique M. Bernard Gros, responsable du projet recyclage à Usinor-Sacilor, " la sidérurgie peut consommer les ferrailles broyées sans limitation de volume en les incorporant dans le processus de production de l'acier pour le secteur automobile lui-même " . Ainsi, on estime que près de la moitié du contenu en acier ou fonte d'une automobile est issue de ferrailles récupérées 169( * ) et que, par conséquent, le tiers du poids total d'une automobile vient de l'acier récupéré.
b) Perspectives
Les difficultés de la filière
Tout d'abord, la
rentabilité de la filière ferraille est mal
assurée
. Par le passé, l'existence de marchés
d'occasion faisait du traitement des VHU une activité rentable, mais les
conditions se sont modifiées en raison de l'utilisation croissante
d'éléments métalliques.
La filière recyclage des métaux automobiles et, d'une
façon générale, la filière ferrailles est surtout
subordonnée au prix de l'acier (qui est très bas en raison des
surcapacités), mais aussi au tarif de mise en décharge dans le
pays considéré ou ailleurs. Ces dernières années,
jusqu'à 70 % des VHU en Allemagne ont été
exportés aux Pays-Bas, en Pologne et en France ! Ces importations
ont un effet déstabilisant pour les filières nationales mises en
place par les constructeurs et récupérateurs.
Ensuite,
sur le plan technique, il ne faut guère attendre de
bouleversements
. La filière est mature, organisée. Les marges
de progression sont réduites. Citons néanmoins quelques
améliorations marginales, d'ordre technique (valorisation des
co-produits tels que zinc et plomb qui se volatilisent mais peuvent être
récupérés une fois piégés dans les filtres),
économique (réorganisation de la profession de démolisseur
pour les mettre en conformité avec les normes de dépollution),
voire juridique (éventuel renforcement des sanctions en cas d'abandon de
véhicules).
La future directive européenne sur les VHU
Dans la plupart des pays d'Europe, les constructeurs se sont engagés
à améliorer la gestion des VHU du point de vue de
l'environnement. Les engagements visent à limiter la fraction des VHU
mis en décharges et/ou à fixer des objectifs de valorisation.
Les réglementation ou engagements contractuels entre profession et
pouvoirs publics diffèrent sur les taux et les échéances,
mais concourent aux mêmes objectifs. En France, l'engagement des
constructeurs est que les nouveaux modèles pourraient être
recyclés de telle sorte que les déchets ultimes n'excèdent
pas 10 %.
Devant ce foisonnement, la Commission a été tentée de
proposer d'uniformiser les objectifs. L'objectif fixé par la proposition
de directive
170(
*
)
est de parvenir à un
taux de réutilisation/valorisation de 85 % du poids du
véhicule d'ici 2005 et 25 % d'ici 2015 et un taux de
réutilisation/recyclage de 80 % d'ici 2005 et 95 % d'ici 2015.
Etant donné qu'actuellement 75 % des VHU sont recyclés (la
fraction métallique est recyclée à 95 %, voire
100 %), l'objectif visé par la directive ne concerne en
réalité que la seule fraction des résidus automobiles et
vise à un gain de 10 % supplémentaire d'ici 2005, 20 %
d'ici 2015.
Selon la Commission, le démontage et recyclage de 10 millions de
véhicules hors d'usage représente un gisement de 10 à
15.000 emplois.
Cet objectif paraît tout à fait accessible. Le marché du
recyclage matière notamment peut être accru en recyclant le verre,
les pneus
171(
*
)
. En revanche, les
professionnels sont moins optimistes que la Commission concernant les
plastiques.
Encadré n° 37
Le
plastique dans l'automobile
___
Le
poids du plastique dans une automobile n'a cessé de croître :
8 kg en 1960, 115 kg en 1990, 200 kg aujourd'hui, et probablement 400 kg
en 2005/2010. 20 % du poids moyen d'une automobile L'échec commercial de
la Smart ne doit pas faire oublier les performances techniques puisqu'il s'agit
du premier véhicule réalisé essentiellement en plastique
sur une armature métallique (C'est ce qui explique les deux couleurs de
la voiture. L'armature en métal et les autres pièces en plastique
sont d'une couleur distincte), y compris le capot qui posait encore
jusqu'à présent quelques difficultés (chauffage...).
Cette substitution acier/plastique ne s'est pas traduite par un
allégement du poids total, car dans le même temps, les fonctions
se sont multipliées (poids croissant de l'électronique...). En
dépit de cette augmentation en volume, les matières plastiques
représentent seulement 10 % du poids total d'une voiture. Mais on estime
que 100 kg de plastiques remplacent en moyenne 200 à 300 kg de
matériaux traditionnels, ce qui permet d `économiser 750
litres de carburant sur la durée de vie d'une automobile.
Plastic Omnium est l'une des sociétés françaises qui a
investi sur ce créneau. La société travaille
désormais en partenariat étroit avec les constructeurs,
dès la conception de la voiture. Elle réalise des pièces
entières, et la valeur ajoutée s'est considérablement
accrue. Ainsi, la société ne fabrique plus de
" pare-chocs ", mais un "
module avant
" avec
réflecteurs, projecteurs intégrés..., ni de " tableau
de bord ", mais des "
modules cockpit
", ni de
" réservoirs ", mais des "
systèmes à
carburant
" incorporant des fonctions complètes (jauge,
électronique...). La valeur ajoutée a été
multipliée par dix (exemple : tableau de bord à 300 F,
module cockpit à 4.000 F).
Le plastique recyclé est encore très peu utilisé.
L'esthétique est très importante dans une voiture, et les
ingénieurs ne veulent prendre aucun risque. Le risque
toléré sur les pare-chocs est de 1 défaut sur 50.000
pièces. D'une façon générale, quand il y a des
plastiques recyclés, il n'y a pas de communication spéciale sur
le sujet. On évite plutôt d'en parler.
Le recyclage du plastique utilisé dans les automobiles n'est pas encore
au point. C'est un gros problème. Les voitures avec matériaux en
plastique ne sont pas encore arrivées en fin de vie, et le
problème ne s'est pas encore posé, mais il se posera. La peinture
sur les plastiques et la composition même des plastiques utilisés
sont des obstacles au recyclage.
Les travaux et recherches sur les plastiques mélangés devraient
permettre des trouver des solutions à ces problèmes.
Source : Entretien avec M. Dominique Pelabon, directeur général de Plastic Omnium
Les pneus
Encadré n° 38
La
valorisation des pneus
___
30 millions de vieux pneumatiques, soit 400.000 tonnes sont rejetés
chaque année en France. Moins du tiers est aujourd'hui recyclé et
valorisé.
La voie la plus ancienne est celle du rechapage, qui consiste à
resculpter le pneu usagé pour lui donner des performances comparables au
neuf. Cette pratique, quoique courante dans d'autres pays -il existe même
un marché international des pneus rechapés-, est très peu
développée en France, sauf pour les pneus de camions. En ce qui
concerne les pneus de voiture, on considère qu'un pneu sur trois peut
être rechapé dans des conditions techniques satisfaisantes, mais
seulement un pneu sur dix l'est. Le rechapage représente 20 % du
tonnage, en incluant les pneus de camions (huit sur dix sont rechapés).
Les autres voies de valorisation concernent la valorisation
énergétique en cimenterie (8 % du tonnage, soit 32.000
tonnes) et la fabrication de " poudrette ", c'est-à-dire de
poudre de caoutchouc réalisée par broyage (environ 3 % du
tonnage). Les deux tiers vont donc en décharge, externe ou interne,
contrôlée... ou sauvage...
Selon les professionnels, il n'existe pas de filière organisée
de valorisation, pour des raisons de coût, ou plutôt de
financement. La valorisation représente au minimum un coût de 400
à 500 F la tonne, soit 4 F par pneu. C'est peu, mais personne
ne veut les payer. La concurrence éventuelle avec les pneus neufs n'est
pas un argument satisfaisant, puisqu'au maximum un tiers des pneus pourrait
être rechapable, et qu'il existerait toujours deux tiers de pneus
à utiliser.
Quelques voies s'ouvrent aujourd'hui, encore timides ou
expérimentales : murs anti-chutes, revêtements de sols
sportifs. Les pneus peuvent notamment servir en parement de remblais. Les pneus
sont découpés, empilés, ligaturés, remplis de
remblais, ce qui assure une bonne stabilité du terrain
(procédé
Pneusol
).
C'est évidemment toujours plus cher qu'abandonner les pneus en
décharge sauvage...
Selon une étude citée dans la proposition de directive
européenne sur les VHU, deux tonnes de pneus triés entraîne
la création d'un emploi. Rappelons ce chiffre : la valorisation
revient à 4 F par pneu, soit 12 F par voiture.
Il serait vivement souhaitable qu'un système se mette en place sur le
modèle des huiles. Une contribution modeste permettrait d'alimenter un
fonds chargé de financer la filière de recyclage et
d'éviter ainsi aux collectivités locales de se retrouver avec un
stock de pneus dont elles ne savent que faire...
2. Les produits électriques et électroniques
C'est un
marché nouveau. Il y a seulement quatre ans, il n'y avait rien sur le
sujet. Les postes TV, camescopes, ordinateurs étaient
éliminés en décharge, pour la plupart d'entre eux,.
Avec la prise de conscience des nécessités du recyclage et du
danger des matériaux fortement chargés en métaux lourds
(écrans chargés en plomb...), le contexte s'est radicalement
transformé. La seule indication des volumes concernés
amène à réfléchir au devenir de ces produits.
Chaque année en France, 3 millions de postes TV sont mis sur le
marché (100.000 tonnes) et environ 1,5 million d'ordinateurs.
Le retraitement des postes pose deux problèmes :
la collecte tout d'abord.
Car si le gisement théorique est
important, le gisement collectable l'est beaucoup moins. Beaucoup de gens
gardent leur vieux poste en réserve, dans une autre pièce ou en
résidence secondaire. Le même phénomène se produira
pour les ordinateurs. Ainsi la durée de vie théorique (douze ans
pour un poste TV, cinq ans pour un micro) est souvent élargie. Or, la
technique et les coûts du retraitement des postes sont tels qu'il faut
passer au stade industriel, basé sur une collecte suffisante.
le traitement technique d'autre part.
Les postes sont
constitués d'une enveloppe plastique qui ne pose pas de
problèmes, et surtout d'un bloc technique, hautement toxique. Ce bloc
est constitué d'un cône (partie arrière qui reçoit
toute l'électronique, canons à faisceaux...) et d'une dalle
(constituée par l'écran luminescent chargé de plomb
soudé au reste du cône
172(
*
)
). Le
cône doit être dirigé en classe I, la dalle en classe II.
Compte tenu du différentiel de prix, l'intérêt est, au
minimum, de séparer les deux parties du bloc. La séparation peut
avoir lieu par sciage en faisant fondre la soudure entre les deux parties ou
par choc thermique
173(
*
)
.
Ce sont les Américains, et surtout les Allemands, qui ont investi ce
créneau. Malgré des coûts de traitement
élevés (1.000 DM/tonne), 300 industriels allemands
travaillent sur le recyclage de postes de TV, dont 40 uniquement sur les
tubes. En France, aucun
174(
*
)
.
Perspectives de traitement des produits bruns en Europe |
||||
|
TV |
Tonnes écrans |
PC moniteur |
Tonnes écrans |
1998 - 1999 |
100.000 |
1.500 |
50.000 |
300 |
1999 - 2000 |
400.000 |
6.000 |
200.000 |
1.200 |
2000 - 2001 |
1.000.000 |
15.000 |
500.000 |
3.000 |
Source : colloque Ademe/Intertronic juin 1998 |
Les produits blancs ne posent pas les mêmes
problèmes
L'essentiel est constitué de métaux, et la
récupération industrielle est déjà
organisée. Reste le problème des produits déposés
en déchetteries (machines à laver le linge ou la vaisselle,
réfrigérateurs...). L'expérience a montré que
90 % des pannes peuvent être résolues avec une seule
intervention de moins d'une heure. A Rambouillet, un tel système a
été mis en place. Les produits réparés sont ensuite
revendus et exportés.
3. Les textiles
Les
déchets textiles sont constitués par les chutes et autres
déchets industriels banals, les déchets d'emballages,
professionnels (housses, cartons...). et ménagers, et les déchets
des textiles en fin de vie. Là encore, les changements du contexte
réglementaire et législatif modifient profondément les
données du traitement des déchets textiles. La profession est
concernée par trois textes : le décret du 1
er
avril 1992 sur les déchets d'emballages dont les détenteurs sont
les ménages, le décret du 13 juillet 1994 sur les déchets
d'emballages professionnels, et la loi du 13 juillet 1992 qui limite la mise en
décharge aux seuls déchets ultimes. Les fabricants doivent
à ce titre pourvoir à la valorisation des déchets
d'emballages en adhérant à une société
agréée.
La profession de l'industrie de l'habillement
175(
*
)
génère 27.000 tonnes de déchets
industriels banals par an. En moyenne, la fabrication de
1000 pièces de vêtement génère 230 kg de
déchets (tissus, papiers, emballages, ce qui représente
160 francs pour leur élimination (bacs, compacteur, benne, mise en
décharge.). La hausse prévisible du coût de la mise en
décharge va modifier cette situation Selon le centre d'étude
technique des industries de l'habillement, le coût de la mise en
décharge pourrait doubler d'ici 2002 pour atteindre 1.200 francs,
entraînant une utilisation plus systématique de la filière
énergétique, jusque là pratiquement exclue et elle aussi
plus coûteuse.
La réaction de la profession est cependant de considérer le
" coût déchet " comme une des composantes du coût
de production et chercher par conséquent à le
réduire : réduction à la source, tri aussi tôt
que possible pour guider les déchets valorisables dans la filière
adaptée, réemploi des déchets d'emballages (utilisation du
même carton pour l'envoi et le retour par exemple). Dans ce domaine comme
dans beaucoup d'autres, l'interdiction de la mise en décharge a
amené une prise de conscience et un basculement des attitudes.
Les textiles en fin de vie posent d'autres problèmes liés cette
fois à la collecte et aux débouchés. Le gisement est de
3,5 kg par habitant et par an, soit un gisement potentiel de 210.000 tonnes de
vêtements usagés. Moins de 50.000 sont collectés
aujourd'hui (la collecte serait six fois plus importante en Allemagne). Les
vêtements, triés, partent soit vers le circuit commercial de la
fripe traditionnelle, soit vers le circuit caritatif, soit vers le recyclage en
défibrage (fils effilochés pour rembourrage ou chiffons).
Quelques uns déjà, appellent une vision à plus ambitieuse
et de long terme.
" Aujourd'hui, on consomme 60 millions de tonnes de
fibres pour habiller 3 milliards d'habitants. Dans cinquante ans,
13 milliards d'habitants consommeront 200 millions de tonnes de
fibres Comment va-t-on habiller l'humanité ? Il faudra bien un
jour, réintégrer les fibres dans la filière de
production "
. Dans ce domaine comme ailleurs, la gestion des
déchets a encore de l'avenir.
CONCLUSION
___
Ce
rapport n'a pas la prétention d'apporter des réponses à
toutes les questions que se posent les élus, confrontés au
délicat problème de la gestion des déchets ménagers
et des déchets industriels banals.
Nous l'avons conçu comme un "
guide d'aide à la
décision
", car les solutions sont différentes d'une
région à une autre. Elles sont liées à la
composition du gisement, aux quantités à traiter, à
l'existence d'installations de traitement...
Les ordures ménagères et les déchets industriels banals
doivent être considérés d'abord comme un
gisement de
matières premières secondaires
que les collectivités
et les industriels ont le devoir de valoriser avec
quatre
objectifs
complémentaires
:
préserver les ressources naturelles
pour les
générations futures
,
faire oeuvre utile
pour l'
environnement
,
créer
de
l'
activité économique
et de
l'
emploi
,
faire participer nos concitoyens
à l'action collective
mobilisatrice
.
Nos visites sur le terrain, les très nombreuses auditions que nous avons
menées, nous ont permis d'enrichir ce rapport et de vous apporter des
renseignements précis sur les techniques de recyclage et de traitement,
et sur les systèmes d'organisation à mettre en place pour
optimiser les collectes, l'objectif étant de
maintenir les
coûts
à un
niveau supportable
pour nos concitoyens.
Les nouvelles technologies de traitement et de recyclage devraient être
plus fortement soutenues.
Nous devons sans cesse
faire évoluer notre réglementation
afin de l'adapter aux évolutions technologiques.
Merci à toutes celles et à tous ceux qui ont apporté leur
contribution précieuse.
ANNEXES
___
Annexe 1
Saisine
Annexe 2
Composition du comité d'experts
Annexe 3
Liste des encadrés
Annexe 4
Auditions, entretiens et visites
Annexe 5
Examen par l'Office
Annexe 1
Saisine
Annexe 2
Composition du comité d'experts
|
|
|
|
|
|
M. le Professeur |
André |
FONTANA |
Directeur du service de Chimie générale et
Carbochimie
|
|
|
|
|
|
|
Docteur |
C. Gisèle |
JUNG |
Service
de Chimie générale et industrielle
|
|
|
|
|
|
|
M. |
Henri |
MÉLLOTÉE |
Responsable du programme
Éco Dev
|
|
|
|
|
|
|
M. |
Jean-Claude |
OPPENEAU |
Conseiller technologique auprès du directeur
général
|
|
|
|
|
|
Annexe
3
Liste des encadrés
|
|
|
|
|
N° |
|
Titres |
|
Pages |
|
|
|
|
|
1 |
|
Récupération et valorisation. Les définitions de l'Ademe |
|
21 |
|
|
|
|
|
2 |
|
Les réglementations européennes en matière de déchets |
|
26 |
|
|
|
|
|
3 |
|
La réglementation française en matière de déchets |
|
31 |
|
|
|
|
|
4 |
|
La législation californienne en matière de déchets |
|
37 |
|
|
|
|
|
5 |
|
La vaccination des personnels de tri |
|
49 |
|
|
|
|
|
6 |
|
Les conteneurs |
|
82 |
|
|
|
|
|
7 |
|
Avez-vous l'intention de mettre déjà en place une collecte sélective ? (Questionnaire) |
|
91 |
|
|
|
|
|
8 |
|
La collecte et le traitement des déchets ménagers et des déchets industriels banals dans le port militaire de Brest |
|
98 |
|
|
|
|
|
9 |
|
Le " feuilleton " de la Directive décharge |
|
106 |
|
|
|
|
|
10 |
|
L'expérience Valorga |
|
109 |
|
|
|
|
|
11 |
|
Épandage et compost des boues |
|
116 |
|
|
|
|
|
12 |
|
L'incinération : syndromes et contradictions |
|
123 |
|
|
|
|
|
13 |
|
Avantages et inconvénients de l'incinération |
|
125 |
|
|
|
|
|
14 |
|
La co-incinération en cimenterie |
|
126 |
|
|
|
|
|
15 |
|
La réglementation des émissions de dioxine et NOx pour les usines d'incinération |
|
138 |
|
|
|
|
|
16 |
|
Les performances de l'incinération sont-elles sensibles à la collecte sélective ? |
|
152 |
|
|
|
|
|
17 |
|
Les tarifs de rachat de l'électricité produite par les incinérateurs |
|
154 |
|
|
|
|
|
18 |
|
Les raisons de l'échec du procédé PTR de Siemens à Furth |
|
175 |
|
|
|
|
|
19 |
|
Pourquoi la thermolyse ne génère-t-elle pas de dioxine ? |
|
182 |
|
|
|
|
|
20 |
|
Quelles sont les différences entre thermolyse et incinération ? |
|
185 |
|
|
|
|
|
21 |
|
Dix questions au Professeur André Fontana |
|
187 |
|
|
|
|
|
22 |
|
Le recyclage des lampes et des tubes fluorescents |
|
198 |
|
|
|
|
|
23 |
|
Le tri par teinte |
|
199 |
|
|
|
|
|
24 |
|
Le recyclage des billets de banque |
|
208 |
|
|
|
|
|
25 |
|
Le marché international des vieux papiers |
|
210 |
|
|
|
|
|
26 |
|
Le tetra pack |
|
212 |
|
|
|
|
|
27 |
|
La machine à trier le carton |
|
213 |
|
|
|
|
|
28 |
|
La collecte des papiers de bureau |
|
216 |
|
|
|
|
|
29 |
|
Le problème de l'étain dans les aciers issus de collecte sélective |
|
232 |
|
|
|
|
|
30 |
|
Le recyclage des pièces de monnaie |
|
235 |
|
|
|
|
|
31 |
|
Le tri par courant de Foucault |
|
244 |
|
|
|
|
|
32 |
|
Moto, auto, canettes. L'expérience toulonnaise |
|
248 |
|
|
|
|
|
33 |
|
La bouteille de bière plastique |
|
265 |
|
|
|
|
|
34 |
|
Les plastiques agricoles |
|
270 |
|
|
|
|
|
35 |
|
Un sondage édifiant. " Les Français et le recyclage des matières premières " |
|
276 |
|
|
|
|
|
36 |
|
Le recyclage des piles. Le bon (et le mauvais) exemple allemand |
|
295 |
|
|
|
|
|
37 |
|
Le plastique dans l'automobile |
|
319 |
|
|
|
|
|
38 |
|
La valorisation des pneus |
|
320 |
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Annexe
4
Auditions, entretiens et visites
Auditions et entretiens |
|
|||||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
Arnaud d' |
ARAMA |
Directeur, Elf Atochem |
Production et valorisation des plastiques |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
Jean-Philippe |
ASSEL |
Maire-adjoint de Rambouillet |
Les centres de tri |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
Mme |
Katia |
AUFFRET |
NEXUS Technologies |
La méthanisation |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
Jacques |
AUMONIER |
Secrétaire général du Cyclamed |
La récupération et la valorisation des médicaments non utilisés |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
Emmanuel |
BEAUREPAIRE |
Communications économiques et sociales |
Les piles |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
Daniel |
BÉGUIN |
Directeur du département Déchets municipaux , ADEME |
Vue d'ensemble sur le traitement des déchets |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
|
BRIAND |
Président du SYCLEM (Syndicat national des entreprises de collecte et traitement par le recyclage du verre et des emballages ménagers en verre) |
Collecte et recyclage du verre industriel |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
Jean-Paul |
CAMOU |
Directeur, SCODEV International |
Les plastiques |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
|
CARVALLO |
UFIP |
Les huiles |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
Paul |
DEFFONTAINE |
Président du Cercle national du recyclage |
Le recyclage |
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M. |
Camille |
DEFOSSE |
Ciments Calcia |
Les cimenteries |
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M. |
Vincent |
DENBY WILKES |
Directeur général de l' ADEME |
Vue d'ensemble sur le traitement des déchets |
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M. |
Jacques |
DUMAS |
Président de VALORSPLAST |
Collecte, tri et recyclage du plastique |
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||||||||
M. |
François |
DUPOUX |
Directeur général adjoint, ELYO (groupe Lyonnaise des Eaux) |
L'incinération |
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||||||||
M. |
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ÉLIASCO |
Directeur Environnement , Péchiney |
Collecte et valorisation de l'aluminium (déchets ménagers) |
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||||||||
Mme |
Georges |
FLATTEAU |
Directeur général de l' ADELPHE |
Organisation de la collecte des emballages verriers |
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M. |
Denis |
GASQUET |
Directeur général, Compagnie générale d'entreprises automobiles (CGEA) |
L'incinération |
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||||||||
Mme |
Françoise |
GÉRARDI |
Chambre syndicale d'emballages en matière plastique |
Production et valorisation des plastiques |
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||||||||
M. |
Bernard |
GROS |
Directeur, USINOR (Fédération française de l'acier) |
Collecte et recyclage du plastique |
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||||||||
M. |
Éric |
GUILLON |
Directeur général, Éco-Emballages |
La collecte sélective des emballages |
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||||||||
M. |
Jean-François |
HERVIEU |
Président de l' APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture) |
La valorisation des boues d'épuration en agriculture |
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||||||||
M. |
Jean-François |
HESSE |
Directeur Verre Avenir , Département communication, Chambre syndicale du Verre |
Le recyclage du verre |
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||||||||
M. |
Christian |
HURÉ |
Directeur, VALORSPLAST |
Collecte, tri et recyclage du plastique |
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||||||||
M. |
Dominique |
IRASTORZA |
Conseiller technique, URSIF (Union des syndicats de l'industrie routière française) |
Utilisation des plastiques en mélange dans les bitumes |
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M. |
François |
JALLON |
Directeur du département Environnement , Fédération de la Plasturgie |
Les plastiques mélangés |
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M. |
Roland |
JOURZAC |
Directeur Recyclage , BSN |
Le recyclage du verre |
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||||||||
M. |
Ludwig |
KRAEMER |
Commission européenne, DG XII |
Projets de directives concernant les déchets solides (ménagers et DIB) |
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M. |
Marc |
LEBOSSÉ |
Président, Chambre syndicale d'emballages en matière plastique |
Production et valorisation des plastiques |
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||||||||
M. |
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LEHOUX |
Président, FEDEREC (Fédération française de la récupération pour la gestion industrielle de l'environnement et du recyclage) |
Les métiers du recyclage |
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||||||||
M. |
Claude |
LEROI |
Président de la Commission Aménagement et Environnement , Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) |
Collecte et valorisation des DIB. Industrie du recyclage. Situation et perspectives |
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||||||||
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||||||||
M. |
Éric |
LESUEUR |
Responsable du département Prospective et innovations , Compagnie générale des entreprises automobiles (CGEA) |
L'incinération |
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M. |
Jacques |
LUBETZKI |
Président de Novergie |
Collecte et recyclage des déchets |
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M. |
Noël |
MANGIN |
Directeur général, REVIPAP (Groupement français des papetiers utilisateurs de papiers recyclés) |
Le recyclage des papiers cartons |
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||||||||
M. |
Bernard |
MESURÉ |
Président du Cyclamed |
La récupération et la valorisation des médicaments non utilisés |
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||||||||
M. |
Max |
MORICE |
Directeur, SOLPLASTIQUES |
Fabrication de plastique à partir de plastiques recyclés |
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||||||||
M. |
Jean-Pierre |
PAILLARD |
Délégué général, FNADE (Fédération nationale des activités du déchet et de l'environnement) |
Les métiers du recyclage |
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||||||||
M. |
Marcel |
PEDENAUD |
Chambre syndicale nationale de l'industrie des lubrifiants |
Les huiles |
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||||||||
M. |
Jacques |
PETRY |
Président de SITA |
Vue d'ensemble sur le traitement des déchets |
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||||||||
M. |
Bernard |
PILLON |
Directeur commercial, SERP Recyclage |
Les plastiques mélangés |
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||||||||
M. |
Dominique |
PIN |
Directeur général de SITA |
Vue d'ensemble sur le traitement des déchets |
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|
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||||||||
M. |
François |
PRUVOST |
Directeur, France Alu Recyclage |
Collecte et valorisation de l'aluminium (déchets ménagers) |
||||||||
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||||||||
M. |
Pierre |
REYMOND |
Consultant, FIECC , (Fédération des industries électriques, électroniques et de communication) |
Collecte et recyclage des produits blancs |
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||
M. |
François |
RINGEVAL |
Directeur chargé de l'Environnement, Fédération des chambres syndicales des minéraux, minéraux industriels et métaux non ferreux |
Collecte et valorisation des métaux non ferreux |
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|
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||||||||
M. |
Michel |
ROCHET |
Directeur du département de l'Industrie, ADEME |
Vue d'ensemble sur le traitement des déchets |
||||||||
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||||||||
M. |
Jean-Paul |
SANDRAZ |
Président de REVIPAP (Groupement français des papetiers utilisateurs de papiers recyclés) |
Le recyclage des papiers cartons |
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||||||||
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||||||||
M. |
Jean |
SORBIER |
Président-directeur général de SERP Recyclage |
Les plastiques mélangés |
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||||||||
M. |
Michel |
SOTTON |
Directeur, Institut textile de France |
Collecte et recyclage des textiles |
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||||||||
M. |
Jean-Marc |
SOUVERET |
Novergie |
L'incinération |
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||||||||
M. |
|
STREBELLE |
Directeur Productions des déchets , Ministère de l'Aménagement du territoire et de l'Environnement |
Vue d'ensemble sur le traitement des déchets |
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||||||||
Mme |
Anne-Marie de |
VAIVRE |
FIBAT |
Les piles |
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||||||||
M. |
Guy |
VASSEUR |
Président de la commission Environnement , APCA (Assemblée permanente des chambres d'agriculture) |
La valorisation des boues d'épuration en agriculture |
||||||||
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|
|
||||||||
M. |
Alexandre |
VAUDOIS |
Chef du département Environnement , Chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP) |
Collecte et valorisation des DIB. Industrie du recyclage. Situation et perspectives |
||||||||
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||||||||
M. |
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WAQUET |
Directeur du Centre technique de l'habillement |
Collecte et valorisation des textiles |
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Visites |
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Commissariat à l'énergie atomique (juin 1998) |
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Usine d'incinération de la communauté urbaine de Bordeaux (juillet 1998) |
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||||||||
Centre de traitement de Bègles (juillet 1998) |
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||||||||
Centre de traitement de Catus ( juillet 1998) |
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||||||||
Société NEXUS à Avignon (octobre 1998) |
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||||||||
Centre de tri de Rambouillet (octobre 1998) |
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||||||||
Salon Pollutec (novembre 1998) |
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||||||||
Usine Wellman à Verdun (novembre 1998) |
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||||||||
Usine Sorepla à Neufchâteau (novembre 1998) |
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||||||||
Ambassade de France à Bonn, service pour la science et la technologie (décembre 1998) |
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||||||||
BMU (ministère allemand de l'Environnement) et BMBF (ministère allemand de la Recherche e de la Technologie) (décembre 1998) |
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Centre de traitement des déchets de la ville de Cologne (décembre 1998) |
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||||||||
Usine Palmann de fabrication de matériels de tri et broyage à Sarrebruck (décembre 1998) |
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||||||||
Usine PKA de thermolyse à Aalen (décembre 1998) |
||||||||||||
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||||||||
Usine de traitement des plastiques DKR près de Cologne (décembre 1998) |
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||||||||
Usine de Couvrot des Cimenteries Calcia (décembre 1998) |
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||||||||
Participation à la mission d'Éco-Emballages aux États-Unis [San Francisco, San José, Los Angeles, San Diego] (mars 1999) |
||||||||||||
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|
Annexe
5
Présentation devant l'Office
Lors de
sa réunion du
mercredi 9 juin 1999
, les députés et
sénateurs membres de l'Office ont procédé à
l'
examen
des conclusions de l'étude
présentée par
M. Gérard Miquel,
sénateur
, et
M. Serge Poignant, député
,
sur
" Les nouvelles techniques de recyclage et de valorisation des
déchets ménagers et des déchets industriels
banals "
.
A la suite de la présentation de l'étude par les rapporteurs,
M. Henri Revol, sénateur, président
, a salué
le travail d'encyclopédiste des rapporteurs. Il a
considéré que ce rapport permettrait d'éclairer les choix
des responsables locaux.
M. Jean-Claude Lenoir, député
, a estimé que
les efforts des collectivités locales pour trouver des solutions au
traitement des déchets se heurtaient souvent à l'opinion
publique. Il a considéré que les modes de financement
n'étaient pas adaptés, et que, compte tenu des
inconvénients des deux formules actuelles (taxation et redevance), il
était nécessaire de sortir de la fiscalité locale et de
trouver une troisième voie fondée tout simplement sur le principe
du " pollueur payeur ", et qu'il fallait que les coûts
d'élimination soient inclus dans les coûts de production. Il a
également considéré qu'il était inadmissible que le
produit de la taxe générale sur les activités polluantes
(TGAP) puisse servir à autre chose qu'à alimenter l'Ademe et, par
voie de conséquence, la recherche et les investissements sur les
déchets. Il a souhaité que l'Office exprime clairement sa
réprobation sur ce point.
M. Serge Poignant, député, rapporteur
, a
rappelé que le système de financement était parfois
partagé avec les industriels, comme c'est le cas pour les emballages ou
les huiles. Il a indiqué qu'il était salutaire de poursuivre
cette voie, mais qu'un certain nombre de produits ne se prêtaient pas
à un tel système. C'est en particulier le cas des produits
d'alimentation et des déchets verts.
M. Gérard Miquel, sénateur, rapporteur
, a
rappelé que la taxe d'enlèvement des ordures
ménagères était, certes, plus facile à mettre en
oeuvre que la redevance, mais était une entrave à
l'intercommunalité, dans la mesure où deux habitations
comparables de deux communes voisines pouvaient avoir deux taxations
différentes. Il a estimé que, dans une conception moderne, le
traitement des déchets assuré par les collectivités
locales était un véritable service, et qu'il fallait imaginer des
formules de contribution plus justes.
Mme Michèle Rivasi, député
, a
considéré qu'il y avait un effort indispensable à mener
pour réduire les emballages, et que la clef de toute solution
était dans un changement de culture vis-à-vis des déchets,
notamment en favorisant l'utilisation de produits recyclés. Elle a
estimé que le choix de l'incinération avait
pénalisé le recyclage, et qu'il n'y avait pas de vraie politique
de recyclage aujourd'hui. Elle a considéré que cet état
d'esprit se manifestait à tout niveau dans les esprits et dans les
réglementations. Elle a estimé que la collecte séparative
devait être envisagée dès la conception des logements car,
par la suite, il était très difficile de revenir sur une
architecture mal conçue pour la collecte. Elle a préconisé
un élargissement des usages des produits en fin de vie. Évoquant
le cas de la " poudrette " de pneus qui peut être
incorporée dans les enrobés bitumineux pour en diminuer le bruit,
elle a souhaité que les administrations des collectivités
locales, les établissements d'enseignement devaient donner l'exemple.
Elle a enfin regretté qu'à l'exception de l'Ademe, le traitement
des déchets ne fasse pas l'objet d'études de la part des grands
organismes de recherche.
M. Gérard Miquel, sénateur, rapporteur
, a
estimé que la France était très fermée aux
innovations en général, et que, s'il était persuadé
que la filière des plastiques mélangés allait s'ouvrir, il
avait fallu plusieurs années et le combat permanent d'élus de
toutes origines pour en arriver là. Il a estimé que, dans de
nombreux cas, les techniques existaient, mais que les producteurs
étaient réticents, et que personne ne voulait partager le
financement. Il a reconnu qu'un travail considérable était
à faire pour motiver les collectivités locales, les
administrations et les écoles. Il a rappelé que le recyclage
imposait une démarche de tous les instants, et qu'il fallait lutter
contre les inerties et les habitudes. Il a noté que les maires devaient
insister pour pouvoir mettre deux poubelles en même temps, y compris dans
les constructions nouvelles d'habitations à loyer modéré.
M. Guy Lemaire, sénateur
, a estimé que le travail des
rapporteurs montrait qu'il existait d'autres possibilités que
l'incinération pour toutes les tailles de collectivités et que
l'augmentation des prix conduirait nombre d'élus à
appréhender la gestion des déchets de façon
différente.
M. Gérard Miquel, sénateur, rapporteur
, a
rappelé que l'augmentation des prix n'était pas liée aux
techniques de valorisation mais aux décisions sur la fin de la mise en
décharge et aux normes environnementales sur l'incinération. Il a
considéré que les tenants de l'incinération avaient
effrayé les élus sur ce point, alors que l'on pouvait
gérer les déchets à des coûts supportables, autour
de 1.100 francs la tonne, partagés pour moitié entre la
collecte et le traitement, à la condition de bien connaître son
gisement et de ne pas se tromper sur les outils pour éviter les
surcapacités.
Au terme du débat,
les membres de l'Office ont approuvé,
à l'unanimité des présents, le rapport qui leur
était soumis
.
Le
Sénat sur internet : http://www.senat.fr
minitel : 3615 - code senatel
L'Espace Librairie du Sénat : tél. (1) 42 34 21 21
1
Rapports de M. Michel Pelchat sur
Les
problèmes posés par les déchets ménagers et les
déchets industriels
(AN n
os
3246 et 2146 [9
e
législature] - Sénat n
os
200 et 415, 1992-1993).
2
Voir notamment l'écart d'évaluation entre la
valorisation des emballages plastiques selon que l'on compte les emballages mis
sur le marché, propres et secs, et les emballages
récupérés après usage. La différence de
poids entre les deux est de près de 80%
3
Voir notamment
La notion de valorisation des
déchets
, Manuel Gros, Pierre Marsal, in
Revue du marché
unique européen
, 1/1997
4
Communication de la Commission au Conseil du 14 septembre 1989
sur la stratégie communautaire pour la gestion des déchets
5
Directive cadre 91/156/CEE du 18 mars 1991
6
Ainsi, dans le cas du papier, on entend souvent dire que
l'utilisation du papier recyclé coûte plus cher que l'utilisation
de papier vierge, mais avec le recyclage, le coût est partagé
entre la collectivité et l'industrie, alors que l'incinération ou
la mise en décharge sont financés par la seule
collectivité. Il y donc bien, sinon une économie, du moins un
partage équilibré et équitable des financements.
7
Autre exemple, purement commercial celui-là. Plusieurs
centaines de milliers de citrouilles sont utilisées chaque année
lors de la fête américaine d'"
Halloween
",
générant d'importantes quantités de déchets,
notamment des graines. Un industriel s'est un jour demandé que faire de
ces déchets -car il s'agissait bien de déchets-, et a simplement
séché, cuit et salé les fameuses graines,
commercialisées aujourd'hui dans l'ensemble des États-Unis, les
"
David's pumpkin seeds
". Il avait simplement su innover, et
prendre la matière là où elle était. Fût-ce
un " déchet ".
8
Le choix de la base juridique est fondamental avant toute
décision. C'est lui qui conditionne les pouvoirs respectifs de chaque
institution. Le partage se fait principalement entre
" environnement " (article 130 S avec coopération c'est
à dire avec simple avis du Parlement) et " marché
intérieur " (article 100 A, avec codécision du
Parlement). C'est ce qui explique la diversité des formes des directives
(" directive pile " du seul Conseil, ou " directive
emballage " du Conseil/Parlement européen), peu
compréhensible au profane.
Cette difficulté sera levée avec l'entrée en vigueur du
Traité d'Amsterdam puisque presque toutes les mesures seront prises en
codécision.
9
Cette stratégie prend la forme d'une communication de la
Commission approuvée par le Conseil et le Parlement européen,
après avis du comité économique et social et du
Comité des régions. Communication de la Commission concernant le
réexamen de la stratégie communautaire pour la gestion des
déchets (Doc. Com (96) 399 final du 30 juillet 1996)
Résolution du Parlement européen du 14 novembre 1996
n° C362 (JOCE du 2 décembre 1996)
Résolution du Conseil du 24 février 1997 n° C76 (JOCE
du 11 mars 1997)
10
Voir, ci-après, les contentieux sur l'élimination
des piles et accumulateurs
11
JO AN Questions, 19 août 1991, p. 3337
12
Voir infra " la valorisation qu'est-ce que
c'est ? " in Chapitre Premier, I, B, 2
13
Cette partie est rédigée, pour l'essentiel,
à partir des informations et notes de conjoncture
réalisées par le BIPE pour le compte du ministère de
l'Aménagement du territoire et de l'Environnement, de l'ADEME et de la
Caisse des dépôts et consignations,
Ecoloc 1998
, et de la
note pour le Comité de conjoncture sur
Les activités
éco-industrielles
, décembre 1998
14
Ce retard est parfois comblé par des initiatives
quasi
" révolutionnaires ", telle la mise en place,
dans certains quartiers de Barcelone, d'un système souterrain de
collecte, comparable à un réseau d'électricité ou
d'alimentation en eau ou en gaz, par canalisation et " aspiration "
des déchets.
15
Au premier rang desquels Vivendi (CGEA et Onyx) et Suez
Lyonnaise (Sita et Nicollin) se partagent environ 80 % du marché
français de la collecte et du traitement des déchets
ménagers.
16 L'augmentation peut même aller jusqu'à 50 % en milieu rural
17
Tri par gravimétrie, tri par
densimétrie, tri optique, tri par soufflerie, tri par courant de
Foucault -voir partie aluminium-, tri par induction magnétique -voir
partie acier-, tri par peigne -voir partie cartons-....
18
On peut évoquer, sur ce point, l'expérience
exemplaire du SITCOM de Rambouillet qui, à l'initiative de
M. Jean-Philippe Assel, maire adjoint de Rambouillet, emploie des anciens
détenus pour des contrats de courte durée (un ou deux ans). Ces
personnels sont chargés de réparer les " monstres "
(équipements électroménagers) arrivés en
déchetterie. Il s'est avéré que dans la moitié des
cas, les rejets et abandons de matériels provenait de pièces
et/ou pannes élémentaires. Une fois réparés, les
équipements sont revendus à des grossistes et livrés, le
plus souvent hors d'Europe.
19
L'" affectation " du produit de la TGAP à
l'ADEME n'est qu'un artifice de présentation puisqu'un impôt ne
peut être " affecté ". D'ailleurs, rien ne dit que les
produits recouvrés et les ressources de l'établissement seront,
à l'avenir, correspondants
20
Articles 1520 à 1526 du Code général des
impôts
21
Art. L.2333-77 du Code général des
collectivités territoriales
22
Voir ci après in Première partie,
IV. Préalables et compléments à la valorisation,
B. La collecte, 2. Perspectives
23
La taxe sur le stockage des déchets ménagers
et assimilés (art. 7 de la loi n° 92-646 du
13 juillet 1992, JO 14 juillet 1992)
La taxe sur les déchets industriels spéciaux (loi
n° 95-101 du 2 février 1995,
JO 3 février 1995)
La taxe parafiscale sur la pollution atmosphérique (décret
n° 85-582 du 7 juin 1985, JO 9 juin 1985)
La taxe sur les nuisances sonores aéroportuaires (Loi
n° 92-1444 du 31 décembre 1992, JO 1
er
janvier
1993)
La taxe parafiscale sur les huiles de base (décret
n° 94-753 du 31 août 1994,
JO 1
er
septembre 1994)
L'ADEME recevait également une dotation budgétaire qui
représentait 20 % de ses recettes totales.
24
Même s'il est difficile de connaître l'impact fiscal
réel de cette mesure, qui a été chiffrée par le
gouvernement successivement à 600, puis 900, puis 1.300 millions de
francs.
25
Voir notamment Guillaume Santenay,
Quelle fiscalité
de l'environnement ?
, in
Revue française des finances
publiques
, n° 63, septembre 1998
26
La contribution sur une bouteille d'eau plastique de 1,5 litres
est de l'ordre de 1 centime (0,15 cents)
27
. On observera que ce point vert ne signifie donc pas que le
matériau est recyclable, encore moins qu'il sera recyclé , mais
simplement qu'un industriel a versé sa contribution au système
collectif de collecte
28
Voir notamment l'encadré n° 33 sur "
La
bouteille de bière plastique
"
29
Voir in Troisième Partie, I. Les grandes filières
matériaux, B. le papier carton
30
A noter que ce document et cette initiative ne sont, en
vérité, que la réplique d'une initiative
nationale
des parcs naturels italiens, Comitato Parchi Nazionali, Roma Le tableau est
présenté page suivante avec l'aimable autorisation de ce dernier.
31
Ces difficultés ne sont d'ailleurs pas exclusivement
réservées au seul habitat ancien. L'expérience montre que
les maires doivent fermement insister pour pouvoir mettre deux poubelles en
même temps, y compris dans les constructions neuves d'habitation à
loyer modéré.
32
Voir ci-après " Deuxième partie I. A et
B "
33
Sans compter 25.000 décharges et dépôts
illégaux
34
Nota : Les coûts de stockage des mâchefers en
classe II sont inférieurs car ils ne nécessitent pas autant de
précautions hydrauliques
35
Déchets ménagers : pour un retour à
la raison
, rapport d'information de M. Ambroise Guellec, n° 3380,
AN dixième législature
36
Le plan départemental d'élimination des
déchets du Cher a été attaqué -et annulé-
par un seul habitant du département
37
La décharge de Soignolles-en-Brie, en Ile-de-France,
produit de l'électricité en hiver et de la chaleur pour chauffer
la luzerne en été
38
Source :
Énergie
, n° 213, 15 octobre 1998
39
Une expérience est en cours à Montech dans le
Sud-Ouest. La décharge est exploitée par le DRIMM, filiale de la
Caisse des dépôts
40
Trois expériences sont en cours à Lille,
Chambéry, Sonzay (près de Tours)
41
1 MW (1 Mégawatt) = 1.000 kW (1000 Kilowatts). Une usine
traitant 20.000 tonnes de déchets a une puissance de 500 kW
42
Voir ci-dessus " B. La méthanisation "
43
Deux détails de la vie quotidienne illustrent cette
totale méconnaissance du compostage. Plusieurs expériences ont
montré que les responsables des rayons " jardin " des grandes
chaînes de distribution ignorent totalement cette possibilité, et
ne savent même pas ce que c'est. Par ailleurs, on observera qu'aucun
stand ne comportait d'installation de ce type à la " Foire de
Paris ", pourtant censée présenter les dernières
" nouveautés " dans l'équipement des ménages.
Deux détails, sans doute, mais révélateurs d'un retard
considérable par rapport à d'autres pays comme l'Allemagne par
exemple, où le compostage individuel est pratique courante.
44
Audition de M. Guy Vasseur, président de la
Commission
Environnement
de l'Assemblée permanente des chambres
d'agriculture (APCA)
45
Dominique Dron,, cellule prospective et stratégique,
rapport au ministre de l'environnement, " déchets municipaux,
coopérer pour prévenir " Documentation française, 1997
46
Rambouillet, Lille, Dunkerque, Laon
47
Voir ci-après
48
Arrêté du 25/01/1991 relatif aux installations
d'incinération des résidus urbains, nouvelles normes applicables
aux installations nouvelles adoptées par circulaire du 24/02/97
49
Circulaire du 10 janvier 1996
50
Dans certains comtés de Californie, il est même
interdit de faire un feu de bois dans les cheminées ou de
préparer un barbecue au charbon de bois (en oubliant qu'à
côté de cela, les États-Unis sont parmi les plus gros
pollueurs au monde en gaz carbonique... Sans doute l'un des nombreux paradoxes
américaines).
51
Voir, ci-après, les REFIOM
52
Proposition de directive du Conseil sur l'incinération
des déchets (COM [1998] 558 final - JOCE 372 du 2 décembre 1998).
53
Encore faut-il distinguer les risques des personnes susceptibles
d'être exposées à la dioxine et les risques des
travailleurs directement en contact, qui sont de cent à mille fois plus
importants que pour les premières
54
1 picogramme = 1 millionième de millionième de
gramme (1 pg = 10
-12
g)
55
source : Laurent Boutoux.,
Communiqué à
l'Organisation mondiale de la Santé
, 3 juin 1998
56
Voir également Troisième partie, chapitre I, sous
partie E (les plastiques), encadré sur le PVC
57
On estime même que la présence d'une petite
quantité d'HCl améliore la combustion et permet d'extraire les
métaux lourds des résidus solides. Ainsi sans HCl, les
mâchefers seraient chargés de façon plus importante en
métaux lourds rendant leur éventuelle utilisation plus
délicate
58
La norme est de 50 mg/Nm
3
pour les installations de
plus de 3 t/h, de 100 mg pour les installations comprises entre 1et 3 t/h, et
200 mg pour les installations de capacité inférieure
à 1 t/h
59
1
er
décembre 1996 pour les installations de
plus de 6 T/h ; 1
er
décembre 2000 pour les unités
de moins de 6 t/h
60
1 nanogramme = 1 milliardième de gramme (1 ng =
10
-9
g)
61
Voir ci-après
62
Voir ci-après
63
Circulaire du 30 mai 1997 du ministère de l'Environnement
relative à la mesure des dioxines dans les UIOM d'une capacité
supérieure ou égale à 6 tonnes/heure.
64
On ne peut que conseiller au lecteur la lecture du rapport
commandé par l'ADEME et l'AMF à SORFES conseils, relatif à
L'analyse des coûts de gestion des déchets municipaux
,
avril 1999
65
Voir parties correspondantes.
66
Voir aussi les 80 pages de calcul du rapport SOFRES/AMF/ADEME,
op. cit.
67
Partie rédigée à partir d'une communication
de M. N. Delaroche, Beture Environnement, Communication Euroform, juin 1997.
68
Il est très important qu'un incinérateur ne baisse
pas en dessous d'une certaine capacité. En cas de diminution des
déchets collectés, ce qui est peu vraisemblable compte tenu de
l'augmentation constante des déchets générés,
l'incinérateur doit donc collecter ses déchets de plus en plus
loin pour atteindre la capacité pour laquelle il a été
conçu.
69
Même si plusieurs collectivités et
opérateurs semblent sceptiques lorsque la SNCF, dans sa démarche
commerciale volontariste, et désireuse de prendre des parts du
marché sur ce créneau, annonce qu'elle est prête à
proposer systématiquement 10 % de moins que la meilleure offre par route.
70
Cette valeur résulte d'une évaluation du
mètre cube transporté (0,3 F/m
3
/km), compte tenu
des densités des ordures ménagères (0,4
tonne/m
3
) et des fractions de recyclables issus des collectes
sélectives (0,1 J/t - 0,2 t/m
3
), ce qui donne environ
1 F/tonne/kilomètre.
71
PCI : pouvoir calorifique inférieur
72
Par comparaison, une centrale thermique de 600 MWe
corresspond à environ 1500 MW
73
Arrêté du 21 janvier 1991 du
ministre de
l'Environnement
74
Voir ci-après
75
Estimations citées dans la revue
techniques
,
n° 1559, juillet/août 1997
76
Circulaire du 9 mai 1994 du ministère de l'Environnement
77
Ces tests portent sur la quantité de plomb de
mercure, de cadmium... lixiviables. Le dépassement d'un seul de ces
seuils conduit au classement supérieur
.
78
Le pH est un indice exprimant la concentration d'ions
d'hydrogène dans une solution. Si le pH est inférieur à 7,
la solution est acide, s'il est supérieur, elle est alcaline.
79
Les annuaires, par exemple, bien qu'en papier, brûlent
très mal
80
On estime que les métaux ferreux représentent
10 % du poids total des mâchefers, dont la moitié est de
l'acier, soit 13,5 kg pour une tonne d'ordures ménagères
81
Voir partie correspondante. L'aluminium représente
0,8 du poids des mâchefers, soit 2 kg pour une tonne d'ordures
ménagères
82
Cette classification fait référence à la
norme NFP 11-300
" Matériaux utilisables dans la construction
des remblais et couches de forme "
83
Voir ci-après
84
On observera que le coût de stockage des mâchefers
est inférieur au coût moyen des décharges de classe II dans
la mesure où le produit ne demande qu'assez peu d'adaptations techniques
85
On observera que, dans certains pays, Pays-Bas par exemple,
l'utilisation des mâchefers en génie civil est beaucoup plus
répandue qu'en France
86
Institut pour la recherche appliquée et
l'expérimentation en génie civil (IREX),
Les matériaux
de substitution en génie civil,
1994
87
Les métaux lourds sont le mercure, le cadmium, le plomb,
le cuivre , le chrome, le manganèse, le nickel, l'arsenic...
88
Le plasma est caractérisé par l'ionisation d'une
fraction importante des molécules d'un gaz, appelé aussi le
quatrième état de la matière (solide, liquide, gazeux,
plasma).
89
Partie rédigée en collaboration avec
M. le
Professeur
André Fontana
, directeur du service de Chimie
générale et industrielle, et
le Docteur C. Gisèle
Jung
, de l'Université libre de Bruxelles.
90
Le charbon de bois résulte de la combustion incomplète
du bois, pratiquement sans apport d'oxygène. Le procédé
consiste à faire un tas de bois, recouvert de terre. Le bois est
enflammé à l'aide de petites ouvertures pour permettre
l'accès de l'air, qui sont obturées au fur et à mesure que
la combustion avance. Quand celle-ci a envahi toute la masse, on ferme alors
toutes les ouvertures, et la combustion se poursuit sans air. Le bois se
transforme en charbon de bois, c'est-à-dire en carbone.
91
Source
: Université libre de Bruxelles,
Séminaire EFE, Paris
92
Source
: Thide
93
Source
: Nexus
94
Le gaz contient des longues molécules d'hydrocarbures qui
se condensent pour faire des huiles et du goudron. Le
craquage
(ou
cracking
) permet de couper les molécules en de plus petites
unités qui cessent alors d'être condensables. On a donc un gaz qui
ne peut être transformé en liquide
95
PCI : pouvoir calorifique inférieur
96
Joule : unité de mesure d'énergie et de
quantité de chaleur. 1 cal = 4,18 J ; 1 MJ = 10
6
J ; 15 MJ = 15 x 10
6
J = la puissance calorifique
dégagée par un demi kilo de charbon à 5 % de cendres
(anthracite) ; 5.000 MJ/tonne = 15 MJ/kg + 400 kg de gaz pour une
tonne de déchets entrants
97
Rappel, métaux lourds : mercure, cadmium, plomb,
chrome, cuivre, manganèse, nickel, arsenic...
98
Température de fusion des différents
métaux : étain (232°), cadmium (320°), plomb
(327°), zinc (420°), aluminium (660°), argent (960°),
cuivre (1084°), manganèse (1244°), nickel (1452°), fer
(1535°). A moins de 600°, la plupart de métaux sortent donc
intacts.
99
Le gisement total des capsules est estimé à 7.000
tonnes
Le gisement total d'étiquettes est estimé à 8.000 tonnes
100
Voir ci-après
101
Le calcul a été fait pour Lyon. Dans
l'agglomération de Lyon, le gisement verre est estimé à
plus de 50.000 tonnes : la collecte n'est que de 12.000 tonnes. Ainsi,
environ 40.000 tonnes vont en décharge ou en incinération. Sur la
base d'un prix actuel d'incinération de 900 F/tonne, contre un prix
de revient de collecte sélective verre à 100 F, la collecte
du gisement valorisable représenterait une économie de 30
millions de francs
102
Voir ci-dessus, in " Première partie,
IV. Préalables et compléments à la valorisation,
B. La collecte "
103
Voir notamment le protocole sur l'insonorisation des conteneurs
à verre, conclu entre Adelphe et la Mairie de Paris.
104
Voir encadré n° 33 "
La bouteille de
bière en plastique
", in " Troisième Partie,
I. Les filières matériaux, F. Les
plastiques "
105
Encore convient-il de rappeler qu'une partie de la consommation
ne peut être récupérée, puisqu'elle est soit
stockée (cartons d'isolation, livres...), soit éliminée
après usage (papiers ménagers...).
106
Voir ci-après " Perspectives ".
107
Voir ci-dessus " Perspectives techniques "
108
Dominique Dron,
Déchets municipaux
, rapport au
ministre de l'Environnement, Cellule prospective et stratégie,
Documentation française, 1997
109
Cette disposition est aujourd'hui codifiée à
l'article 302
bis
MA du Code général des impôts. Le
produit fiscal a été de 140 millions de francs en 1998
110
Encore que, lorsqu'il le faut, le gouvernement -suivi par le
Parlement- ne s'embarrasse pas toujours de ce genre de précautions, et
sait juxtaposer les taxes en cascade
111
L'acier est fabriqué à partir de minerai de fer,
à l'aide d'un combustible obtenu par purification de la houille,
composé de carbone pur, le coke. Minerai et coke sont enfournés
à 2.000°. La combustion du coke entraîne la formation d'oxyde
de carbone qui va réduire les oxydes de fer, c'est-à-dire leur
prendre leur oxygène et, ainsi, isoler le fer. La chaleur fait fondre le
fer et la gangue qui l'entoure en une masse liquide à base de fer, la
fonte. Par la suite, on appelle " fonte " un mélange de fer et
de carbone dans lequel le carbone représente 2 à 6 % du
total.
112
La " boite boisson " acier a perdu 20 % de son
poids en quinze ans, pour atteindre 24 grammes aujourd'hui.
113
Voir, ci-après, Perspectives
114
L'élément principal n'est pas la méthode
de fabrication, mais plutôt l'importance du carbone et l'adjonction
d'autres éléments pour donner les caractéristiques
souhaitées. Le carbone est le principal facteur de dureté
Exemples :
Acier avec peu de carbone pour les glissières de
sécurité (pour permettre une déformation qui absorbe les
chocs)
Acier à haute teneur de carbone pour accroître la
résistance (câbles, carcasses de pneus)
Acier + zinc pour les carcasses d'automobiles
Acier + étain pour les " boites boisson " (dites aussi
" fer blanc ")
Acier + chrome pour les couvercles
Acier + chrome + nickel pour l'inox
115
Voir ci-après, in " Chapitre II. Les
filières des matériaux en fin de vie, D. Les VHU "
116
Voir également le chapitre suivant sur l'aluminium,
principal MNF
117
Voir ci-après dans la partie " aluminium "
118
Directive 94/62/CE du Parlement européen et du Conseil
du 20 décembre 1994 relative aux emballages et déchets
d'emballages :
" Art. 3.1. - On entend par emballage tout produit
(...)
destiné à contenir et protéger des
marchandises ... "
119
Un centre de recherche japonais vient de développer une
technique d'extraction qui permet de récupérer le fer contenu
dans les alliages d'aluminium fondée sur la rotation du métal en
fusion. Les impuretés contenant le fer sont évacuées par
force centrifuge, ce qui permet d'abaisser le taux de fer de 2 % à
0,3 % dans les alliages d'aluminium. (Source :
Vigie
environnement
, n° 21, avril 1997)
120
4% du pétrole est utilisé pour la fabriquer la
totalité des matières plastiques
121
Sans compter les plastiques qui, bien que connus, sont
utilisés pour de nouvelles applications notamment en emballages comme ce
fut le cas pour la bouteille de jus de fruits en PAN, (polyacrylonitrile)
122
Exemple : un sac de caisse de 6 grammes peut contenir
jusqu'à 10 kg. Le poids d'un sac de caisse a diminué de
70 % en vingt ans. Une bouteille de 30 grammes contient 1,5 litre. Le
seul passage d'une bouteille PVC à une bouteille PET diminue le poids de
20 %
123
Syndicat des producteurs de matières plastiques
124
Il existe un moyen très simple permet de
reconnaître le PVC :c'est l'un des rares plastiques qui coule dans
l'eau (densité 1)
125
Commission européenne, proposition de directive sur les
véhicules hors d'usage (COM (97) 358 final
126
Exemples : bouteilles de
Badoit
, de
Vichy
(PVC), bouteilles d'eau, de
Coca Cola
(PET), bidon de lessive (PEhd). La
présence d'une bouteille d'huile (à cause des résidus
d'huile) annule l'ensemble du lot.
127
Sondage SOFRES, avril 1999,
Les Français et le
recyclage des matières plastiques
128
Document élaboré pour l'OPECST par le SPMP
(Syndicat des producteurs de matières plastiques) et le CSEMP (Chambre
syndicale des emballages en matière plastique)
129
Il convient cependant de noter que les années
référencées ne sont pas exactement comparables (les
chiffres de la profession sont donnés pour 1997, les chiffes
" corrigés " sont donnés pour 1994)
130
Voir encadré n° 37 sur
Le plastique dans
l'automobile
, in " Troisième partie, II. Les filières de
produits en fin de vie ; E. Les nouveaux créneaux, 1. Les
véhicules hors d'usage "
131
Voir ci-dessus
132 Voir c) La valorisation chimique
133
Ce tri infrarouge, par exemple, est directement
inspiré du tri appliqué au grain de riz (pour éliminer les
grains noirs).
134
Selon une étude de
Plasteuro Film
, la France
serait le deuxième marché européen de sacs de caisse et
films de protection, derrière l'Italie, soit 139 milliers de tonnes
135
Centre national du recyclage,
Les emballages plastiques de
la fabrication à la valorisation
, avril 1999
136
Voir, sur ce point, les véhicules hors d'usage (VHU)
137
L'éthylène glicol et l'acide
téréphtalique
138
Selon le procédé mis au point par SERP Recyclage,
le circuit complet se présente comme suit : collecte / tri minimum
(élimination des métaux) / broyage / lavage / centrifugage (pour
éliminer les papiers et étiquettes) / broyage / lavage /
compactage (pour essorer) / séchage / extrusion (fabrication des
granules).
139
Malgré 2000 tonnes en 1998, et des utilisations encore
possibles sur les piquets sous serre (l'humidité est très
néfaste au bois), et des dérivés multiples basés
sur le même principe, c'est à dire une association d'une armature
de fer au milieu, " enrobée " de plastiques recyclés
140
Visite de SOREPLA
141
Un bidon d'huile contient encore 20 à 25 % de son
poids en huile. L'huile extraite repart dans la " filière
huiles " à zéro franc , le contenant, lui, est
traité.
142
La société SERP réalise 130 à 150
millions de francs de chiffre d'affaires. Signe parmi d'autres d'une bonne
santé financière, SERP est entrée en Bourse à
145 F en juin 1997 et son cours est à 1.100 F en juin 1999
143
Onze sites ont été retenus, parmi
lesquels :Tiercé (49), Catus (46), Torcy (71), Rambouillet (78)
144
C'est ainsi que l'utilisation la plus courante d'objets
fabriqués à partir de plastiques mélangés se trouve
notamment sur la côte Ouest des États-Unis, dont le
leadership
en matière d'environnement est notable.
145
L'adhésion au système est signalée par le
" point vert " qui signifie que le fabricant a versé sa
contribution. Cela ne signifie donc pas que l'emballage est valorisable (les
petits emballages par exemple ne sont pratiquement pas valorisés
aujourd'hui), ni encore moins qu'il sera valorisé
146
Voir détails in " Première partie,
III. Données économiques et financières,
B. Aspects financiers, 3. Les aides "
147
Progression du taux de recyclage : 40 % en 1997,
50 % en 1999
148
La défection de l'autre partenaire (Adelphe) sonnerait
certainement le début de son déclin et sa mort proche.
149
La quasi totalité des métaux utilisés dans
les piles et accumulateurs figurent parmi les substances dangereuses, soit en
tant que " très toxique " (oxyde de mercure),
" toxique " (bioxyde de plomb), " nocif " (bioxyde de
manganèse), " corrosif " (chlorure de zinc des
électrolytes, ou acide sulfurique des accumulateurs en plomb),
" facilement inflammables " (lithium). Extrait de la classification
européenne des substances dangereuses.
150
En 1990, le poids de mercure contenu dans les ventes annuelles
de piles en France était de plus de 18 tonnes
151
Directive 91/157/CEE relative à la mise sur le
marché des piles ou accumulateurs contenant certaines matières
dangereuses. Sont visées :
les piles dont la teneur en mercure est supérieure à 25
milligrammes par élément, ou 0,025 % du poids (ce dernier
seuil est applicable aux piles alcalines au manganèse) ;
les piles dont la teneur en cadmium est supérieure à
0,025 % en poids ;
les piles dont la teneur en plomb est supérieure à
0,4 % en poids (soit toutes les batteries de démarrage automobile
et quelques piles pour alarmes).
152
Ces importations n'ont cependant pas totalement cessé.
Les piles au mercure sont incorporées dans le jeux et les jouets
prêts à l'emploi, fournis avec piles
153
On peut cependant déplorer que certaines grandes
enseignes de distribution, parmi les plus connues en France et dans le monde,
n'aient pas organisé ce circuit de collecte et de traitement
154
Décret n° 97-1328 du 30 décembre 1997
publié au JO le 1
er
janvier 1998
155
Aff. C-282/96 et C-283/96 du 29 mai 1997
156
Part estimée à 20 % selon une étude
parue dans les
Annales des Mines
, 1996
157
Décret 99-374 du
12/05/99
relatif à l'élimination des piles et accumulateurs
158
Notamment pour le plastique. Il est difficile de
comprendre que seules, les bouteilles platiques sont collectées
séparément et éventuellement valorisées, alors que
les sacs vont en décharge ou en incinérateur
.
159
La FIBAT (Fiabilité des batteries)
160
Selon un barème indicatif de la FIBAT, la contribution
serait comprise entre 12 centimes pour les petites piles " bouton "
(piles de montres...) et 9,50 F pour les piles supérieures à
1 kg (transformateurs...) ; la contribution des piles courantes,
comprise entre 5 et 30 grammes, étant de l'ordre de 30 centimes par
pile
161
Les huiles noires sont pour l'essentiel des huiles moteurs
usagées. Les huiles claires correspondent aux huiles utilisées en
hydraulique et en électricité (transformateurs...).
162
La teneur en métaux lourds des huiles moteurs
usagées s'établit comme suit :
|
Plomb (Pb)
|
Phosphores (P)
|
Zinc (Zn)
|
Cadmium
(Ca)
|
Essence |
1750 - 3080 |
725 - 760 |
650 - 920 |
1120 - 1660 |
Diesel |
68 - 0350 |
685 - 694 |
615 - 850 |
1080 - 2300 |
Source : ADEME, Collecte et élimination des huiles usagées en France |
163
Taxe parafiscale sur les huiles de base
créée pour une durée de cinq ans par les décrets
n° 86-549 du 14 mars 1986, n° 89-649 du 31 août 1989
et n° 94-753 du 31 août 1994 :
Cette taxe parafiscale a fait l'objet de contentieux
répétés, à l'initiative des sociétés
de l'industrie chimique. En 1986, une première requête,
fondée sur une différence de barème entre les
différentes huiles, a été rejetée. En revanche, en
1998, le Conseil d'État a suivi l'argumentation des requérants,
fondée cette fois sur l'assiette de la taxe " incorporant des
huiles de base n'engendrant pas d'huiles usagées ". Le nouveau
décret instituant la
taxe
parafiscale a été
annulé.
164
Arrêt du Conseil d'État du 5 octobre 1998. Cette
annulation pose d'ailleurs un problème économique non
négligeable puisque, en attendant l'application de la TGAP à
compter du 1
er
janvier 1999, la taxe parafiscale n'a pas
été perçue par l'ADEME sur les trois derniers mois de 1998.
165
Il n'y a pas de concordance parfaite entre l'ancienne taxe
parafiscale et la TGAP. Le produit fiscal de la taxe parafiscale était
de 125 millions de tonnes en 1997. Le produit fiscal de la TGAP huile sera de
135 millions de francs en 1999, dont 118,5 millions de francs seulement seront
affectés au traitement des huiles.
166
Le comité de gestion est constitué de seize
membres : huit membres de l'administration, dont six représentants
du ministère de l'Économie, des Finances et de l'Industrie, huit
membres représentant les groupements concernés et les
consommateurs. Il n'y a qu'un représentant du ministère de
l'Environnement et pas un seul élu.
167
Pourcentage des points de vente ayant des dispositifs de collecte : |
||
|
Stations service |
100 % |
|
Centres spécialisés |
100 % |
|
Garages |
80 % |
|
Hypermarchés |
45 % |
Source : Concawe, rapport n° 5/96 , Collection and disposal of used lubrificating, vol 1996 |
168
Premier agrément par
arrêté du
20 septembre 1993, complété par un protocole d'accord du
6 avril 1994. L'agrément a été renouvelé par
l'arrêté du 13 août 1997.
169
Les aciers plats ont un contenu moyen en ferraille
précitée de l'ordre de 1 %. Les aciers alliés, longs
et inox, ainsi que les fontes ont un contenu en ferraille de 100 %. Compte
tenu des parts respectives de chacun, l'automobile a donc un contenu en
métaux récupérés de 49 %.
170
Proposition de directive du Conseil COM 97 final 358, JOCE 9
juillet 1997.
171
Voir ci-après
172
Soudure dite aussi " fritte ", constituée d'un
mélange de trois quarts d'oxyde de plomb, d'un quart d'oxyde de zinc
173
On applique un fil chauffant à 1500° sur la soudure
qui, brutalement refroidie, se rompt. Cette pratique est utilisée aux
États-Unis
174
La récupération et le recyclage n'existent que
sur des produits particuliers. Ainsi, France Télécom
récupère, depuis 1996, près de 2 millions de minitels par
an. Cette filière aurait permis de créer 80 emplois.
175
Hors la profession du textile proprement dite, filature et
tissage qui génèrent leurs propres déchets, soit 1.320.000
tonnes pour le textile, 36.000 tonnes pour la filature