D) Le point de vue de la mouvance écologiste
Votre
rapporteur pense que la ministre de l'Environnement est dans l'erreur
lorsqu'elle préconise l'arrêt programmé à partir de
2005 de l'énergie nucléaire et qu'Oskar Lafontaine l'est
davantage lorsqu'il demande l'arrêt des recherches sur le
nucléaire.
En effet, les centrales nucléaires en activité arriveront en fin
de vie vers 2040 et ce serait une erreur profonde de considérer qu'il ne
faut pas leur apporter des améliorations au cours d'une durée de
vie aussi longue.
En outre, la recherche sur l'élimination des déchets ne sera pas
aussi dynamique et les moyens ne seront pas de même ampleur si nous nous
plaçons dans une perspective d'arrêt de la production.
Ces réserves étant faites, il est de mon devoir de vous faire
part du point de vue des écologistes.
Les responsables de
Greenpeace
, que j'ai écoutés
avec une grande attention, m'ont plus parlé de la politique
énergétique dans son ensemble que du problème
spécifique du projet EPR, si ce n'est pour me signifier leur opposition
à l'emploi du combustible MOX et -cela va de soi- à la
construction de toute centrale nucléaire.
Les critiques du
Groupement des scientifiques pour l'information sur
l'énergie nucléaire
, et en particulier de
Mme Sené, concernent plus particulièrement le projet EPR.
Mme Sené convient d'abord de la nécessité, pour les
besoins de la maintenance, de garder un certain savoir-faire.
Elle regrette le caractère évolutionnaire du projet EPR, qui ne
permet pas de solutionner le problème des déchets
nucléaires, dont le règlement conditionne le développement
de l'énergie nucléaire. En attendant, les perspectives de l'EPR
à l'exportation lui paraissent nulles car elle considère qu'un
réacteur de cette puissance est invendable.
Pour elle, la proportion de combustible MOX utilisée dans l'EPR ne doit
pas dépasser 7 à 11 % car un taux supérieur fragilise
la cuve.
Il lui semble que, du fait du délai entre le départ du projet et
les perspectives de réalisation, les concepts ont vieilli et que la
politique énergétique de la France gagnerait à être
plus proche du terrain et à mieux utiliser les atouts locaux.
Je conviens qu'un certain nombre de ces critiques sont fondées car toute
démarche conduisant à la mise en oeuvre d'un projet lourd
implique des arbitrages, ne serait-ce qu'entre les solutions techniques et la
rentabilité économique.
J'ai noté, s'agissant du problème de l'utilisation du combustible
MOX, qu'EDF est extrêmement prudente sur ce point mais le fait qu'un fort
taux d'utilisation du MOX risque de fragiliser la cuve doit être pris en
considération, à mes yeux. Pour le reste, je ne reviendrai pas
sur l'analyse du caractère évolutionnaire du projet
réalisée à travers le titre premier de ce rapport.