B. LES FAIBLESSES DU FRET FERROVIAIRE

Des mesures ont été prises en 1998 et 1999 pour ouvrir le réseau ferroviaire français à l'Europe. Le décret n°98-1190 du 23 décembre 1998 a ouvert aux regroupements internationaux et aux entreprises ferroviaires exploitant des services internationaux de transport combiné la possibilité d'accéder au réseau ferré national. Un corridor de fret Est-Ouest a également été ouvert entre Glasgow, Dunkerque, Metz (avec une branche au Havre) et Sopron (frontière austro-hongroise) en 1999.

Dans ce contexte d'ouverture, il apparaît que la SNCF risque de ne pas être prête pour faire face au défi européen dans les années à venir, notamment en matière de fret ferroviaire.

Les projets de libéralisation du trafic ferroviaire dans l'Union européenne

Le " paquet ferroviaire " adopté par la commission européenne le 22 juillet 1998 comprend :

- une proposition de directive du conseil modifiant la directive 91/440/CEE relative au développement de chemins de fer communautaires ;

- une proposition de directive du conseil modifiant la directive 95/18/CE concernant les licences des entreprises ferroviaires ;

- une proposition de directive du Conseil concernant la répartition des capacités d'infrastructure ferroviaire, la tarification de l'infrastructure ferroviaire et la certification en matière de sécurité.

Ces trois propositions constituant le " paquet ferroviaire " sont destinées à permettre une mise en oeuvre effective des droits d'accès et de transit prévus par la directive 91/440. Ces propositions contiennent des dispositions relatives à :

- l'approfondissement de la séparation comptable entre entreprises ferroviaires et gestionnaires d'infrastructures , par la séparation des comptes de résultats et des bilans, à laquelle devrait s'ajouter la séparation comptable entre l'activité voyageurs et l'activité fret ;

- l'attribution à une instance indépendante des entreprises ferroviaires des fonctions essentielles (sécurité, tarification, délivrance des licences, répartition des capacités) pour garantir un accès équitable et non discriminatoire à l'infrastructure ;

- l'introduction de la notion de " candidats autorisés " pour réserver des sillons et le principe de fixation de la tarification au coût marginal , avec la possibilité d'intégrer des coûts externes.

Ces textes, soumis au Conseil transports du 1er octobre 1998, sont encore en débat en 1999 (notamment lors des conseils transports du 29 mars 1999 et du 17 juin 1999).

La proposition française est la suivante : faire progresser l'harmonisation technique, respecter les choix de chacun en matière d'organisation du secteur ferroviaire, créer un observatoire européen.

Un nouveau cadre financier a été défini pour les réseaux transeuropéens de transports le 19 juillet dernier. Le cadre financier est fixé à 4,6 milliards d'euros pour la période budgétaire 2000-2006 pour les trois catégories de réseaux que sont les transports, les télécommunications et l'énergie.

Pour 1999 , la Commission européenne a décidé l'octroi de concours financier communautaire pour 43,35 millions d'euros, concernant 14 opérations, dont, au titre des transports terrestres : Lyon-Turin (étude et amélioration de la ligne), TGV Est (300 millions d'euros), TGV Sud (France-Espagne), TGV Rhin-Rhône, TGV Méditerranée (18,25 millions d'euros), liaison ferroviaire France-Suisse.

S'agissant du fret, le transport ferroviaire a légèrement reculé par rapport à 1997 (-0,1%). Alors que la progression du trafic fret en 1997 résultait pour partie d'un transfert temporaire lié aux mouvements sociaux ayant affecté le transport routier en novembre 1997, le mouvement inverse peut être constaté en 1998. Ceci est dû aussi à une tension sur les moyens de production, qui entraîne une dégradation de la qualité du service. La part de marché de la SNCF a donc recommencé à chuter en 1998. L'activité fret recule encore de 4,7% au premier semestre 1999.

Dans ce contexte, les prévisions de trafic fret pour 2000 et 2001 (+3%) et surtout l'objectif de doublement du trafic fret d'ici 2010 semblent inaccessibles. Seule la réalisation d'infrastructures importantes, comme l'a souligné la commission d'enquête du Sénat, permettrait de répondre à ces objectifs ambitieux mais, en l'état actuel des équipements ferroviaires, irréalistes.

Le gouvernement annonce que le transport combiné est une de ses priorités, ce qui va entièrement dans le sens préconisé par le Sénat. Cependant, les moyens d'investissement qui y sont consacrés sont dérisoires : les dotations du FITTVN servent essentiellement aux lignes à grande vitesse et à la mise à niveau du réseau, la part consacrée au transport combiné représentait 430 millions de francs en 1999, dont seulement 120 millions de francs pour des chantiers de transport combiné. Pour 2000, aucune donnée chiffrée ne permet de connaître avec exactitude les dotations au transport combiné.

En conclusion, la priorité donnée au fret ferroviaire par le gouvernement apparaît comme une déclaration d'intention sans début de mise en pratique, alors même que l'alourdissement des charges de personnel pesant sur la SNCF, bien que non déclarée, est réelle.

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