CHAPITRE II :
L'ÉQUILIBRE DU PROJET DE LOI DE
FINANCES
Le
gouvernement prévoit pour 2000 une croissance spontanée des
recettes de 79,4 milliards de francs par rapport à la loi de finances
initiale. La répartition de ces moyens nouveaux s'opère, ainsi
que cela ressort de l'exposé des motifs du présent projet de loi
de finances, en quatre parts bien distinctes :
15 milliards de francs (soit 18,9 % du total) sont affectés
à l'augmentation des dépenses correspondant aux priorités
du gouvernement ;
39 milliards de francs (soit 49,1 %) sont consacrés à la
baisse des prélèvements, dont un peu plus de la moitié
seulement, soit 23,6 milliards de francs, correspond à des mesures
figurant dans le présent projet
5(
*
)
;
4,2 milliards de francs (soit 5,3 %) permettent de financer des
rebudgétisations et la dégradation du solde des comptes
spéciaux du Trésor ;
21,2 milliards de francs (soit 26,70 %) sont affectés à la
réduction du déficit.
L'affectation en 2000 des recettes issues de la croissance peut ainsi
être résumée : la moitié est affectée
à la baisse des prélèvements, le quart seulement à
la réduction du déficit, et le cinquième à
l'augmentation des dépenses de l'Etat.
Source : exposé des motifs du projet de loi de
finances
De ce fait, le projet de loi de finances prévoit pour 2000, un
solde
général
s'établissant à
- 215,4 milliards de francs
contre - 236,6 milliards
de francs dans la loi de finances initiale pour 1999, soit une réduction
limitée à 21,15 milliards de francs, et
légèrement inférieure à celle prévue
l'année dernière qui était de 21,33 milliards de
francs.
Ainsi, nonobstant les perspectives favorables de croissance, le gouvernement
perpétue une politique de facilité en ne faisant pas jouer au
budget son rôle contra-cyclique. Les perspectives favorables
enregistrées par l'économie française ne sont pas mises
à profit pour réduire le champ de la sphère publique ou
diminuer plus avant le déficit budgétaire, et contribuer ainsi,
de façon énergique et déterminée au
nécessaire désendettement de l'Etat afin de préserver les
générations futures.
Cela était d'ailleurs implicitement confirmé par le ministre de
l'économie lorsqu'il déclarait lors de la discussion
générale à l'Assemblée nationale que :
" Quand les autres sont au pouvoir, on trouve toujours que le
déficit ne diminue pas assez.
J'admets en tout cas que vous disiez
que la baisse du déficit n'est pas suffisante
"
6(
*
)
.
I. LES DIFFÉRENTES PRÉSENTATIONS DE L'ÉQUILIBRE BUDGÉTAIRE
Afin d'appréhender de façon correcte et complète l'équilibre tel qu'il résulte du présent projet de loi de finances, différentes présentations complémentaires peuvent en être faites : qu'il s'agisse de celle résultant de l'article d'équilibre, ou de la présentation dite " synthétique ". Il est par ailleurs nécessaire de disposer également d'un indicateur retraçant les dépenses réelles ainsi que leur progression.
1. La présentation de l'article d'équilibre
Sous forme simplifiée, l'article d'équilibre se présente comme suit :
(en millions de francs)
|
Ressources brutes |
Dépenses brutes ou plafonds de charges |
Solde |
Budget général |
1.790.083 |
2.008.482 |
|
(hors remboursements et dégrèvements) |
(1.459.353) |
(1.677.752) |
|
Comptes d'affectation spéciale (CAS) |
42.904 |
42.903 |
|
Budgets annexes |
104.957 |
104.957 |
|
Total opérations définitives |
1.937.944 |
2.156.342 |
|
Solde opérations définitives (A) |
|
|
- 218.398 |
Total opérations temporaires (CST) |
387.390 |
384.392 |
|
Solde opérations temporaires (B) |
|
|
2.998 |
Total général |
2.325.334 |
2.540.734 |
|
Solde général (A + B) |
|
|
- 215.400 |
L'article d'équilibre fait apparaître les
opérations définitives (budget général, budgets
annexes, comptes spéciaux du Trésor) et leur solde, puis les
opérations temporaires des comptes spéciaux du Trésor et
leur solde.
L'intérêt de cette présentation est de montrer le volume
total des flux transitant par l'Etat, que ce soit de façon temporaire
(opérations d'une durée infra-annuelle et prêts) ou
définitive.
L'Etat encaissera 2.325,3 milliards de francs en 2000, et
décaissera 2.540,7 milliards de francs, soit 27,7 % du PIB.
2. La présentation synthétique
Cette
présentation révèle trois différences essentielles
avec la précédente :
- les opérations définitives des comptes d'affectation
spéciale ne sont présentées qu'en solde (ce qui minore le
" volume " du budget) ;
- les opérations des budgets annexes ne sont retracées ni
dans le total des ressources ni dans celui des dépenses puisqu'elles
sont, par construction, équilibrées en ressources et en
emplois ;
- les dépenses du budget général sont
présentées nettes des dépenses d'ordre et des recettes
d'ordre, liées à la gestion de trésorerie de l'Etat, ainsi
que des remboursements et dégrèvements d'impôts.
Cette présentation fait apparaître, à structure
constante, une progression des dépenses du budget général
de 0,9 %, et des recettes nettes de 3,14 %
7(
*
)
.
Ce budget a néanmoins été affecté de très
importantes variations de structure qui nuisent à sa lisibilité
et rendent ainsi plus difficiles et délicates les comparaisons d'un
exercice budgétaire à l'autre
8(
*
)
.
|
LFI 1999 |
PLF 2000 |
Variation |
|
(en milliards de francs) |
en % |
|
A. Titre I. (hors dépenses et recettes d'ordre) |
240,7 |
238,2 |
- 1,04 % |
B. Budgets civils |
|
|
|
Titre II. |
4,5 |
4,6 |
+ 2,1 % |
Titre III. |
607,3 |
624,5 |
+ 2,8 % |
Titre IV. |
495,7 |
496,5 |
+ 0,16 % |
Titres V et VI. |
78,8 |
78,9 |
+ 0,13 % |
Sous-total B |
1.186,3 |
1.204,5 |
+ 1,53 % |
C. Défense |
|
|
|
Titre III. |
157,5 |
159,9 |
+ 1,52 % |
Titres V et VI. |
86,0 |
82,9 |
- 3,60 % |
Sous-total C |
243,5 |
242,8 |
- 0,29 % |
D. Total des dépenses du budget général à structure constante |
|
|
|
D'. Total des dépenses du budget général après modifications de périmètre en 2000 [A + B + C] |
|
|
|
E. Solde des comptes spéciaux du Trésor |
- 3,1 |
- 3,0 |
|
F. Total des charges à structure constante [D + E] |
1.667,5 |
1.682,5 |
|
F'. Total des charges après modifications de périmètre en 2000 [D' + E] |
|
|
|
G. Recettes nettes y compris modifications de périmètre en 2000 |
|
|
|
H. Solde général (G - F') |
- 236,6 |
- 215,4 |
|
Source : Ministère de l'Economie
3. Le chiffrage des dépenses réelles
Cette
présentation, développée par la commission des finances de
l'Assemblée nationale depuis plusieurs années, permet de mettre
en évidence les divers agrégats qui reflètent, tous,
l'ensemble des dépenses de l'Etat.
Elle convient néanmoins d'être maniée avec
précaution, dans la mesure où il faut également prendre en
compte les changements de périmètre qui affectent le
présent projet de loi de finances.
Charges budgétaires avant correction des changements
de
périmètre :
Les agrégats et leur taux d'évolution (en milliards de
francs)
|
|
Exécution 1998 (a) |
LFI 1999 |
LFI 1999/LFI 1998 |
PLF 2000 |
Evolution 2000/1999 (en %) |
PLF 2000 Structure constante |
PLF 2000 sc/LFI 1999 |
1. Dépenses nettes du budget général |
1.600,48 |
1.608,00 |
1.686,56 |
5,38 % |
1.677,75 |
- 0,52 % |
1.702,70 |
0,96 % |
2. - Pour mémoire : dépenses d'ordre relatives à la dette |
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|
|
Opérations définitives des comptes d'affectation spéciale : |
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|
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|
3. - dépenses |
61,02 |
83,65 |
46,66 |
|
42,90 |
|
44,01 |
|
4. - charge nette |
0,04 |
- 3,64 |
- 3,44 |
|
0,00 |
|
0 |
|
5. - Charges définitives (=1+3) |
1.666,50 |
1.691,65 |
1.733,22 |
4,32 % |
1.720,65 |
- 0,73 % |
1.746,71 |
0,78 % |
6. - Charge nette des opérations temporaires |
4,56 |
- 0,85 |
0,33 |
|
- 3,00 |
|
- 3,00 |
|
Charges du budget de l'Etat (présentation du tableau d'équilibre) |
|
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|
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|
A. - Budget général + charge nette des comptes spéciaux du Trésor (=1+4+6) |
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|
B. - Charges définitives + charge nette temporaire (=1+3+6) |
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|
Charges du budget de l'Etat (en termes de dette nette) |
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C.-
Budget général - dépenses d'ordre + charge nette des
comptes spéciaux du Trésor
|
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D.- Charges définitives - dépenses d'ordre + charge nette temporaire (=1-2+3+6) |
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a) Hors FMI, FSC et fonds de concours (égaux à 65 milliards de francs en 1998). Dépenses nettes du budget général, y compris fonds de concours : 1.674,25 milliards de francs.
Le nouveau système de comptabilité nationale
Le
système européen des comptes, version 1995 (SEC 95), a
été adopté par tous les pays de l'Union européenne,
le traité de Maastricht prévoyant le recours à une norme
comptable commune.
Le changement de système a été l'occasion d'une
réestimation de l'ensemble des données des comptes nationaux. La
base 80 a ainsi fait place à la base 95.
La France a mis en application le SEC 95 au cours de l'année 1999. Cette
opération repose sur trois modifications principales :
- l'utilisation de nouvelles sources statistiques ;
- des modifications conceptuelles : le concept de formation brute de
capital fixe (FBCF) est étendu aux logiciels, aux oeuvres
littéraires et artistiques littéraires, et aux frais de
prospection minière et pétrolière, mais non aux
résultats de la recherche-développement (les
précédents systèmes de comptabilité nationale
limitaient, par principe, ce concept aux biens) ; par ailleurs, le concept
de consommation a été affiné, tandis que la production est
désormais valorisée au prix de base ;
- l'intégration des départements d'outre-mer dans le territoire
économique, qui a pour effet de relever le niveau du PIB d'environ 2 %.
Certains de ces changements ont des conséquences directes sur le
calcul du déficit et de la dette publiques :
- certaines unités sortent du secteur des administrations publiques,
comme les crèches, les syndicats communaux et les régies, tandis
que d'autres y entrent, notamment les structures de défaisance
(Crédit Lyonnais, Comptoir des entrepreneurs, GAN), la mise en place de
la structure de défaisance du Crédit Lyonnais en 1995 se
traduisant par un impact de 0,6 point de PIB sur la dette publique ;
- les opérations, notamment les impôts et cotisations sociales,
sont désormais enregistrées au moment du fait
générateur, selon une logique dite de droits
constatés : les intérêts ne sont plus
comptabilisés à la date du versement mais au fil du temps
lorsqu'ils sont dus (passage d'un système d'intérêts
échus à un système d'intérêts courus).