CHAPITRE II
LE BUDGET DE L'OUTRE-MER
Votre rapporteur présentera tout d'abord les résultats de la gestion de l'exercice 1997 ainsi que l'état d'exécution de budget 1998, avant d'analyser l'évolution des dotations inscrites au titre de l'outre-mer dans le projet de loi de finances pour 1999.
I. LA GESTION DES EXERCICES 1997 ET 1998
A. L'EXECUTION DU BUDGET 1997
Pour
l'
exercice 1997
, les crédits définitivement
accordés au secrétariat d'Etat à l'outre-mer se sont
élevés à
5.737,5 millions de francs.
Si on le compare aux crédits ouverts au cours des exercices
antérieurs, ce budget confirme la progression continue des dotations du
budget de l'outre-mer à la suite en particulier du rattachement à
ce budget d'actions auparavant financées par d'autres ministères.
Les crédits ouverts pour le budget de l'outre-mer sont en effet
passés de 3.091,1 millions de francs en 1995 à
5.184,5 millions de francs en 1996 et 5.737,5 millions de francs en
1997.
La progression de 10,7 % constatée de 1996 à 1997 recouvre
cependant une légère diminution des dépenses ordinaires
(- 1,3 %) et une forte progression des dépenses en capital (+
30,7 %).
Comparés à la loi de finances initiale, les crédits
ouverts pour l'exercice 1997 sont supérieurs de 871,6 millions de
francs, soit 17,9 %
de la dotation initiale, du fait des mouvements
survenus en cours d'exercice.
En revanche, à la clôture de la gestion, les mandatements nets
n'ont représenté que 5.129,6 millions de francs, ce qui
correspond à un
taux d'exécution de 89,4 %
par
rapport aux crédits ouverts, ce taux étant de 93,1 % pour
les dépenses ordinaires et 77,1 % pour les crédits de
paiement.
1. Les mouvements intervenus en cours d'exercice : une majoration de 17,9 % de la dotation initiale
Les variations intervenant en cours d'exécution sont traditionnellement importantes au sein du budget de l'outre-mer, notamment en raison du montant très élevé des crédits de reports , qui ont atteint 958,6 millions de francs et qui proviennent essentiellement de crédits de paiement affectés au logement social et des subventions au Fonds d'investissement et de développement économique et social.
Récapitulation des mouvements intervenus au cours de l'execice 1997
(En millions de francs)
|
Titre III |
Titre IV |
Titre V |
Titre VI |
Total |
Loi de finances initiale |
1.002,3 |
2.578,2 |
32,1 |
1.253,3 |
4.865,9 |
Reports |
+ 5,7 |
+ 47,3 |
+ 6,8 |
+ 898,8 |
+ 956,6 |
Transferts/virements |
+ 12,6 |
- |
+ 6,0 |
+ 6,9 |
+ 25,4 |
Répartition des crédits |
+ 3,5 |
- 487,2 |
+ 2,0 |
+ 403,8 |
- 77,9 |
Fonds de concours |
+ 1,0 |
+ 66,5 |
+ 21,6 |
- |
+ 89,1 |
Ouvertures |
+ 78,6 |
+ 16,1 |
+ 5,0 |
+ 60,6 |
+ 160,3 |
Annulations |
- 6,4 |
- 110,9 |
- 4,0 |
- 162,8 |
- 284,1 |
Total des crédits ouverts |
1.097,3 |
2.110,1 |
69,5 |
2.460,6 |
5.735,5 |
Les
crédits ouverts par la loi de finances rectificative
ont atteint
160,3 millions de francs
, dont 78,6 millions de francs au
titre III pour abonder le chapitre relatif aux frais de justice, insuffisamment
doté pour faire face à la mise en jeu de la responsabilité
de l'Etat, 16,1 millions de francs au titre IV, essentiellement pour
ajuster les subventions de fonctionnement aux collectivités locales et
60,6 millions de francs au titre VI afin de régler partiellement
l'indemnité forfaitaire accordée par l'Etat à la SOFIDEG,
société départementale de crédit en Guyane
dépendant du groupe de l'Agence française de
développement, au titre de la convention d'aval du FIDOM établie
dans le cadre du plan vert de Guyane.
En ce qui concerne la régulation budgétaire, un gel de
353,8 millions de francs en moyens de paiement et de 332,5 millions
de francs en autorisations de programme, inférieur à celui de
1996, a été notifié dès le mois de mars 1997. Il
correspondait à un montant forfaitaire de 15 % sur les
dépenses ordinaires et de 25 % sur les crédits de paiement,
une certaine souplesse ayant été laissée aux services du
secrétariat d'Etat pour répartir le gel entre les
différents chapitres, ce qui a permis d'épargner les
crédits de personnel, les crédits de fonctionnement courant ou
ceux relatifs à la Nouvelle Calédonie.
Les
annulations
intervenues au mois de juillet 1997 puis en novembre,
ont été inférieures au gel initial et se sont
limités à 242,7 millions de francs en autorisations de
programme et
284,1 millions de francs en moyens de paiement.
Elles
ont principalement porté sur les crédits du Fonds pour l'emploi
dans les DOM (- 100 millions de francs) et les aides au logement
social (- 160 millions de francs).
2. La consommation des crédits dévolus aux différentes actions
En ce
qui concerne les
dépenses d'administration
générale
, la réalisation de la gestion 1997 appelle
peu de commentaires. Ces dépenses sont principalement constituées
des moyens des services (Titre III), dont les crédits ont connu un
taux de consommation de 98,6 %. Elles recouvrent également les
secours d'extrême urgence aux victimes de calamités publiques
(chapitre 46-93), dont la dotation a pratiquement été
consommé dans son intégralité au titre d'une aide
d'urgence allouée à la Nouvelle Calédonie, à Wallis
et Futuna et à la Polynésie française après le
passage de plusieurs cyclones. Les dépenses d'équipement
administratif (chapitre 57-91) ont connu d'importantes variations du fait de
rattachement de fonds de concours (en particulier une subvention du FEDER) et
d'un transfert de 6 millions de francs en provenance du budget de la
défense pour le financement de dépenses d'équipement au
profit du détachement du service militaire adapté en
Polynésie française. On peut observer que le rattachement tardif
de certains crédits de fonds de concours, notamment la subvention du
FEDER, n'a pas permis de les consommer, ce qui explique un taux de consommation
de 79 % par rapport aux crédits d'équipement administratifs
ouverts.
Les moyens dévolus aux
subventions aux collectivités
locales
se caractérisent toujours par un
faible taux de
consommation des crédits
, de l'ordre de 50 %, ce qui
entraîne d'une année sur l'autre des
reports importants
.
Les subventions de fonctionnement (chapitre 42-51 et 41-52) ont
été intégralement consommées, les dotations
inscrites en loi de finances initiale ayant en outre dû être
abondées en loi de finances rectificative pour faire face aux besoins,
en particulier pour l'application du protocole d'accord sur le redressement de
la situation financière de la ville de Cayenne, prévoyant une
subvention d'équilibre de 30 millions de francs
étalée sur 3 ans à raison de 10 millions de
francs par an à partir de 1996.
Les dotations du FIDOM et du FIDES "décentralisés" ont
également été consommées en totalité.
Tel n'est pas le cas, en revanche, des dotations des
chapitres 67-51
(travaux divers d'intérêt local) et
67-54
(subvention
d'équipement aux collectivités pour les dégâts
causés par les calamités publiques) sur lesquels
les taux de
consommation constatés s'établissent respectivement à
37,8 % et 19,1 %.
Cette
sous-consommation traduit la difficultés des
collectivités locales d'outre-mer
à mobiliser les
financements multiples nécessaires à la réalisation des
projets pour lesquels elles ont obtenu une subvention de l'Etat, mais aussi
à assumer leur propre part de financement. Elle génère un
volume important, et croissant, de reports d'une année sur l'autre.
Les dépenses de
subvention au développement social ou
économique
, qui constituaient près de 73 % des
crédits ouverts, ont donné lieu à une gestion assez
contrastée.
Le
Fonds pour l'emploi dans les DOM
(chapitre 44-02),
créé en 1994 pour regrouper l'ensemble des actions
spécifiques de l'Etat en faveur de l'emploi et de l'insertion dans les
DOM a vu sa dotation portée de 1.486,9 millions de francs en loi de
finances initiale à 1.568,3 millions de francs, une annulation de
100 millions de francs intervenue en juillet ayant été
compensée par le transfert en cours d'exercice de 184,6 millions de
francs provenant du chapitre 46-01 et représentant la part
dévolue à l'emploi et à l'insertion de la
" créance de proratisation " du RMI dans les DOM.
L'intégralité des crédits ouverts a été
consommée.
Les crédits de paiement du chapitre 65-01 relatifs à
l'aide
au
logement social
, qui étaient dotés de
463 millions de francs en loi de finances initiale ont été
portés à 1.363,6 millions de francs sous l'effet d'un
transfert de 556,1 millions de francs représentant la part logement
de la "créance de proratisation" du RMI, à la mise à
disposition de 444,4 millions de francs de crédits de reports
provenant de la gestion antérieure, alors que parallèlement sont
intervenues deux mesures d'annulations pour un montant total de
100 millions de francs.
Au cours de l'exercice 1997,
la gestion de ce chapitre
qui recouvre
l'ensemble des aides à la pierre pour le logement social dans les DOM
a été assainie
et l'écart entre crédits
disponibles et crédits consommés a été pratiquement
résorbé. De fait, le taux de consommation des crédits
disponibles s'est établi à 98,1 %, contre 70 % en 1994,
62,6 % en 1995 et 74,7 % en 1996.
Ce résultat provient à la fois de la baisse sensible du montant
des crédits disponibles, obtenue par une forte réduction de la
dotation prévue en loi de finances initiale et par de moindres reports,
et de l'augmentation en valeur absolue des crédits consommés, qui
traduit une certaine amélioration, localement, des procédures de
mise à disposition des fonds.
Les crédits du chapitre 46.94 (Action sociale et culturelle),
dotés en loi de finances initiale de 123 millions de francs, ont
été largement accrus en cours d'exercice par le rattachement de
fonds de concours pour un montant de 102 millions de francs (dont
36,3 millions de francs reportés de la gestion 1996),
principalement constitués de subventions du fonds social européen
finançant les actions de formation professionnelle du service militaire
adapté. On observera qu'à la différence des exercices
antérieurs, ce rattachement est intervenu suffisamment tôt pour
permettre une consommation convenable des crédits qui, sur l'ensemble du
chapitre, s'établit à 95,8 %.
Enfin, on aura constaté au cours de l'exercice 1997, un
faible taux
de consommation des crédits de paiements relatifs aux opérations
d'investissement.
Au chapitre 58-01 (infrastructures de Guyane), le fonds de concours
représentant la subvention du FEDER pour le financement de la
construction du quai A du port de Larivot a été rattaché
trop tardivement pour être consommé sur l'exercice.
Au chapitre 68-01 (FIDOM général), 60,6 millions de francs
de crédits de paiement ont été ouverts en loi de finances
rectificative au titre du règlement de l'indemnisation due par le FIDOM
à la SOFIDEG (société départementale de
crédit en Guyane), mais n'ont pu être consommés sur
l'exercice, pas plus que 25,6 millions de francs de crédits sans
emploi constaté en fin de gestion.
Quant au chapitre 68-90 (FIDES général), il a
bénéficié tardivement du transfert de 237,7 milliards
de francs en provenance du chapitre 68-93 (actions diverses pour le
développement de la Nouvelle-Calédonie), ce qui n'a pas permis
une consommation optimale des crédits. Sur l'ensemble du chapitre,
celle-ci n'a représenté que 47,4 % des crédits
ouverts.
En conclusion, votre rapporteur spécial constate qu'au cours de
l'exercice 1997,
plusieurs améliorations sont intervenues dans la
gestion des crédits à l'outre-mer :
- une régulation budgétaire à la fois plus
modérée et plus souple qui a permis aux services de mieux faire
face aux annulations,
- un assainissement de la gestion de la ligne budgétaire unique.
En revanche, on observe toujours des perturbations liées au
caractère tardif du rattachement de fonds de concours ou de la
répartition de crédits en cours d'exercice, alors que le taux de
consommation des crédits d'investissement reste faible, d'où
l'importance des reports d'un exercice à l'autre.
B. L'ETAT D'EXÉCUTION DU BUDGET 1998
Au 30
septembre 1998, les crédits ouverts au budget de l'outre-mer
s'établissaient à 5.821,5 millions de francs, soit
591,2 millions de francs de plus que la dotation en loi de finances
initiale (+ 11,3 %).
Les
reports de crédits
en provenance de la gestion 1997
s'élèvent à 594,1 millions de francs et ont
été principalement répartis entre les chapitres 68-90
(FIDES général) à hauteur de 326,3 millions de
francs, 67-54 (subventions aux collectivités locales pour des
dégâts causés par les catastrophes naturelles), à
hauteur de 100,4 millions de francs et 68-01 (FIDOM général)
à hauteur de 90,5 millions de francs, ce qui est la
conséquence logique des très faibles taux de consommation
enregistrés sur ces chapitres. Tout aussi logiquement, les reports du
chapitre 65-01 (aide au logement social), se limitent à
26,3 millions de francs, alors qu'ils avaient atteint 444 millions de
francs en 1997 et 620 millions de francs en 1996.
Les
annulations de crédits
sont demeurées très
modestes puisqu'elles se sont limitées à 6 millions de
francs, au mois de janvier, sur ce même chapitre 65-01, au titre de la
contribution aux mesures de solidarité en faveur des chômeurs, et
à 330.000 francs au mois d'août sur les frais de
fonctionnement et de dépenses d'action sociale, au titre de la
contribution du secrétariat d'Etat à la célébration
du cinquantenaire de la déclaration des droits de l'homme et à la
préparation du programme de célébration de l'an 2000.
Sont également intervenues en cours d'année les
répartitions de crédits provenant des chapitres 46-01 et
68-93.
Concernant le
chapitre 46-01
, c'est-à-dire la "
créance
de proratisation"
la dotation qui s'élevait à
790 millions de francs a été répartie :
- à hauteur de 192,2 millions de francs au profit des agences
départementales d'insertion, dans le cadre des crédits du FEDOM,
- à hauteur de 580,8 millions de francs au profit des aides au
logement social.
En outre, 17 millions de francs ont été
transférés au ministère du logement (5 millions de
francs) et de la santé et de la solidarité (12 millions de
francs).
Quant au
chapitre 68-93 (Actions diverses en faveur de la
Nouvelle-Calédonie)
, sa répartition est intervenue beaucoup
plus tôt que l'an passé, aux mois d'avril et d'août, si bien
que l'on peut espérer une meilleure consommation des crédits.
L'essentiel de l'enveloppe a été transférée au
FIDES (232,8 millions de francs) pour financer les contrats de
développement et le contrat de ville de Nouméa, au chapitre 41-91
(111,8 millions de francs) pour financer les subventions de fonctionnement
allouées aux collectivités locales dans le cadre des contrats de
développement et l'indemnité compensatrice pour charge
d'enseignement primaire et d'assistance médicale gratuite versée
à la province sud en application de la loi référendaire de
1988.
Au titre de l'action culturelle, 40,8 millions de francs ont
également été transférés au chapitre 46-94
pour financer des actions de formation, en particulier les opérations
"400 cadres" et jeunes stagiaires pour le développement.
Toujours à la date du 30 septembre, des rattachements de fonds de
concours se limitaient à 27,2 millions de francs, dont
25,6 millions de francs en provenance du fonds social européen pour
les actions de formation organisées par le service militaire
adapté dans les DOM.
Enfin, le
projet de loi de finances rectificative
pour 1998 devait
prévoir des
ouvertures de crédits
de 12,75 millions
de francs en autorisation de programme et
229,7 millions de francs en
crédits de paiement
. Les principaux chapitres majorés
seront :
- les frais de justice et de réparations civiles
(+ 148,2 millions de francs),
- l'aide au logement social (+ 40 millions de francs),
- l'ajustement de la " créance de proratisation " du RMI
(+ 18,8 millions de francs),
- un solde de paiement au titre du FIDOM décentralisé
(10 millions de francs),
- et le financement d'équipements administratifs, en particulier d'un
patrouilleur pour Saint-Pierre et Miquelon (12,8 millions de francs).
Parallèlement ne seront annulés que 56,8 millions de francs
en autorisations de programme (dont 50 millions de francs sur la ligne
budgétaire unique) et 8,8 millions de francs en crédits de
paiement (dont 6,8 millions de francs au FIDOM général).