VI. LES DÉPENSES D'INTÉGRATION ET DE LUTTE CONTRE L'EXCLUSION
Les crédits consacrés aux politiques d'intégration et de lutte contre l'exclusion s'élèvent pour 1999 à 35,514 milliards de francs , en augmentation de + 18,9 % par rapport au budget voté de 1998. Ils représentent 44,4 % du budget de la Santé et de la solidarité.
A. LE REVENU MINIMUM D'INSERTION
Les
crédits consacrés à
l'allocation du RMI
(chapitre
46-21) s'accroissent de 1,073 milliard de francs par rapport à 1998 et
atteignent
26,4 milliards de francs, soit une progression de + 4,3
%.
Ces moyens nouveaux tiennent compte de l'augmentation prévue du
nombre des bénéficiaires et de la revalorisation de l'allocation.
L'évolution des effectifs du RMI en métropole a été
forte jusqu'en 1994, avec une croissance annuelle moyenne de 15 % par an,
liée d'abord à la montée en charge initiale du RMI puis
à la mauvaise conjoncture de 1993. Depuis 1995, le rythme a
diminué sensiblement : 4,7 % en 1995 et 7,5 % en 1996.
L'année 1997, malgré un contexte de baisse de chômage en
fin d'année, se clôture par un résultat se situant dans la
moyenne des deux années précédentes, avec une hausse de
5,8 % en 1997.
Les premiers effets de l'amélioration de la situation
de l'emploi sur l'évolution des effectifs du RMI devraient se faire
sentir en 1998.
Année |
Métropole |
DOM |
Total |
Evolution |
1991 |
488.422 |
93.939 |
582.361 |
14,1 % |
1992 |
575.035 |
96.208 |
671.243 |
15,2 % |
1993 |
696.589 |
96.335 |
792.944 |
18,1 % |
1994 |
840.839 |
104.171 |
946.010 |
4,1 % |
1995 |
903.804 |
106.668 |
110.472 |
6,8 % |
1997 |
956.596 |
101.305 |
106.790 |
5,7 % |
Le
nombre d'allocataires du RMI au 31 décembre 1997 s'élevait
à 1.067.901 : 956.596 en métropole et 111.305 dans les
départements d'outre-mer. Le RMI couvrait ainsi, avec les conjoints ou
les concubins et les enfants à charge, 2.029.485 personnes, soit
3,1 % de la population en métropole et 16 % dans les
départements d'outre-mer.
La progression du nombre d'allocataires a atteint 5,7 % en 1997, elle et
en recul de plus d'un point par rapport à celle enregistrée en
1996. Le ralentissement de la croissance a été un peu plus
sensible en métropole, où le taux de progression, 5,8 %, est
en baisse de près de deux points. Dans les départements
d'outre-mer, après deux années d'évolution mesurée,
l'augmentation du nombre d'allocataires a été plus importante en
1997 : + 4,3 %, mais s'est maintenue en-dessous du niveau
métropolitain.
Les disparités départementales restent importantes en 1997, six
départements enregistrent une baisse de leurs effectifs, tandis que dans
huit départements la progression est supérieure à
10 %.
La carte du RMI recouvre en fait celle du chômage : les
départements où la proportion de bénéficiaires du
RMI est forte sont en général ceux où le taux de
chômage est important.
Le profil des bénéficiaires a fort peu évolué
depuis la création du dispositif. L'âge des allocataires, la
composition des familles, la répartition homme/femme sont ainsi
restés stables, même si par ailleurs les jeunes notamment sont
plus diplômés qu'il y a neuf ans, ce qui s'explique largement par
l'évolution générale des nivaux de formation.
Les allocataires du RMI constituent une population relativement jeune :
trois sur dix ont moins de trente ans, alors que la condition d'âge
interdit l'entrée aux jeunes de moins de 25 ans sauf s'ils ont des
enfants. Les plus de 60 ans sont à l'inverse
sous-représentés, ces personnes bénéficiant de
droits à la retraite, ou au minimum vieillesse pour les plus
démunis. La prépondérance des jeunes s'explique par leurs
droits limités à l'indemnité du chômage ainsi que
par la plus forte proportion de personnes isolées parmi cette population.
Le nombre de contrats d'insertion signés en 1997 s'est
élevé à 711.797 en métropole, soit une hausse de
12,1 % par rapport à 1996. Cette progression, deux fois plus
importante que la hausse du nombre d'allocataires (5,8 %), est la plus
forte enregistrée ces trois dernières années en
métropole.
|
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
Contrats signés ou renouvelés |
557.950 |
601.191 |
634.945 |
711.797 |
Progression annuelle |
|
7,7 % |
5,7 % |
12,1 % |
Les
contrats initiaux sont en progression de 5,5 % par an et
représentent 32 % des contrats signés. Les renouvellements
de contrats augmentent plus sensiblement, traduisant la continuité du
suivi des personnes qui ont le plus de difficultés à se
réinsérer.
Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des crédits
consacrés par l'Etat à l'allocation du RMI depuis 1991.
Crédits d'allocation du RMI
(En millions de francs)
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1998 |
1999 |
14.318 |
13.163 |
16.631 |
19.217 |
22.022 |
23.000 |
24.230 |
25.327 |
26.400 |
Les
dépenses d'allocation ne constituent pas les seuls crédits
engagés par l'Etat au titre du RMI. Il convient d'y ajouter :
- les dépenses de gestion et d'animation du dispositif, soit
250 millions de francs en 1997 ;
- la créance de proratisation versée aux DOM, soit
817 millions de francs en 1997 ;
- les mesures emplois bénéficiant aux allocataires du RMI (CES,
CIE, SIFE, ACCME), soit 6,7 milliards de francs en 1997 ;
- les majorations d'aide au logement dont bénéficient les
allocataires du RMI, soit 1 milliard de francs en 1997 ;
- l'aide médicale gratuite pour les personnes sans résidence
stable, soit 400 millions de francs en 1997.
Les crédits d'insertion à la charge des départements sont
égaux à 20 % des sommes versées par l'Etat
l'année précédente au titre de l'allocation, afin de
financer des actions d'insertion pour les bénéficiaires du RMI.
Ces crédits se sont élevés à 4,46 milliards de
francs en 1997.
On note un net ralentissement de la croissance de la charge des
départements de 1995 à 1997, lié à la diminution de
la croissance des effectifs et des coûts du RMI.
Crédits d'insertion du RMI
(en milliards de francs)
1992 |
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
1997 |
1,988 |
2,328 |
2,824 |
3,400 |
3,745 |
4,047 |
Outre
les dépenses d'insertion, les départements doivent financer la
couverture-maladie des bénéficiaires. Les crédits
engagés par les départements pour permettre l'accès aux
soins des bénéficiaires du RMI se sont élevés
à 6,1 milliards de francs en 1997.
Au total, les dépenses directement liées au RMI peuvent
être estimées à environ 44 milliards de francs en
1997, dont plus des trois-quarts à la charge de l'Etat.