Projet de loi de finances pour 1999

MARINI (Philippe), Rapporteur général ; OUDIN (Jacques), Rapporteur spécial

RAPPORT GENERAL 66 (98-99), Tome III, Annexe 19 - COMMISSION DES FINANCES

Table des matières




N° 66

SÉNAT

SESSION ORDINAIRE DE 1998-1999

Annexe au procès verbal de la séance du 19 novembre 1998.

RAPPORT GÉNÉRAL

FAIT

au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1999 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,

Par M. Philippe MARINI,

Sénateur,

Rapporteur général.

TOME III

LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES

(Deuxième partie de la loi de finances)


ANNEXE N° 19

EMPLOI ET SOLIDARITÉ :

II
. - SANTÉ ET SOLIDARITÉ

Rapporteur spécial : M. Jacques OUDIN

(1) Cette commission est composée de : MM. Alain Lambert, président ; Jacques Oudin, Claude Belot, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Roland du Luart, Bernard Angels, André Vallet, vice-présidents ; Jacques-Richard Delong, Marc Massion, Michel Sergent, François Trucy, secrétaires ; Philippe Marini, rapporteur général ; Philippe Adnot, Denis Badré, René Ballayer, Jacques Baudot, Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël Bourdin, Gérard Braun, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Jean Clouet, Yvon Collin, Jean-Pierre Demerliat, Thierry Foucaud, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut, Alain Joyandet, Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Michel Mercier, Gérard Miquel, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Pelletier,
Louis-Ferdinand de Rocca Serra, Henri Torre, René Trégouët.

Voir les numéros :

Assemblée nationale ( 11 ème législ.) : 1078 , 1111 à 1116 et T.A. 193 .

Sénat : 65 (1998-1999).


Lois de finances.

PRINCIPALES OBSERVATIONS

I. LA BUDGÉTISATION DE L'ALLOCATION DE PARENT ISOLÉ DOIT S'ACCOMPAGNER D'UN EFFORT D'ÉCONOMIE

Tout en étant opposée à l'abaissement du plafond du quotient familial, votre commission n'est pas hostile à la budgétisation de l'allocation de parent isolé. Elle estime cependant que des économies pourraient être réalisées sur les dépenses d'API, grâce à une application plus rigoureuse des conditions d'ouverture du droit à l'allocation.

En effet, dans son rapport au Parlement sur la sécurité sociale de septembre 1998, la Cour des comptes dénonce les abus liés à l'imprécision de la notion même d'isolement.

"L'isolement au sens de l'API est défini par l'article R. 524-1 du code de la sécurité sociale : sont considérés comme parents isolés les personnes veuves, divorcées, séparées, abandonnées ou célibataires, sauf si elles vivent maritalement.

En l'état actuel de la jurisprudence, la vie maritale suppose à la fois l'existence d'un domicile commun et la mise en commun de ressources. Cette deuxième condition est encore beaucoup plus difficilement vérifiable que la première ; elle est diversement interprétée, ce qui peut provoquer des inégalités de traitement et des contentieux.

"Pour limiter ces inconvénients, la CNAF a demandé au ministre chargé des affaires sociales de définir juridiquement l'isolement de façon plus précise en retenant principalement comme critère de non isolement l'habitation en commun, plus facilement vérifiable. L'adresse commune serait alors une présomption simple de vie maritale.

"Il n'a pas été donné suite à cette demande."


Votre commission propose donc une économie d'environ 5 % sur les crédits consacrés à l'API, soit 200 millions de francs, en demandant au Gouvernement l'adaptation des textes réglementaires souhaitée par la CNAF.

Cette adaptation pourrait consister dans l'introduction, à l'article R. 524-1 du code de la sécurité sociale, d'une présomption de non isolement en cas d'adresse commune.

II. DES ÉCONOMIES SONT ÉGALEMENT POSSIBLES SUR LE RMI

En 1999, comme les années précédentes, les augmentations de crédits les plus importantes en volume du budget de la Santé et de la solidarité résulteront de la croissance non maîtrisée de dépenses sociales obligatoires.

Le total des crédits consacrés à l'API, à l'AAH et au RMI s'élèvera en 1999 à 55,2 milliards de francs, soit 69,1 % du budget de la Santé et de la solidarité.

L'inscription des crédits consacrés à l'API est une mesure nouvelle, conséquence de sa budgétisation.

Les crédits consacrés à l'AAH augmentent à un rythme encore rapide en 1999, de + 5 %, pour atteindre un montant de 24,6 milliards de francs. La mesure d'économie résultant de l'article 83 rattaché, qui est en fait un transfert de charges, n'est que de 31 millions de francs. En sens inverse, un ajustement positif de 1,2 milliard de francs est prévu, qui résulte d'un effet prix de 1,2 %, mais surtout d'un effet volume de 3,8 %.

L'augmentation du nombre des bénéficiaires de l'AAH s'explique par l'allongement de l'espérance de vie des personnes handicapées. Elle s'explique également, pour une part non chiffrée, par des extensions récentes du champ de l'AAH, aux malades du Sida et à certains étrangers en situation régulière.

Fait également remarquable, le rythme d'accroissement des crédits consacrés au RMI restera fort en 1999, puisqu'ils augmenteront de + 4,2 %, pour atteindre un montant de 26,4 milliards de francs. Cette prévision est d'autant plus étonnante que l'évolution des dépenses de RMI est étroitement corrélée à celle du chômage non indemnisé, et que la situation de l'emploi est supposée s'améliorer en 1999 comme en 1998.

Pour sa part, votre commission veut rappeler l'appréciation faite par la Cour des comptes, dans son rapport public de 1995, sur l'efficacité des contrôles du RMI :

" L'enquête de la Cour a notamment fait ressortir l'insuffisance du contrôle initial et trimestriel des ressources. Elle a montré que les caisses d'allocation familiales n'étaient pas en mesure de vérifier de façon systématique l'existence éventuelle et le montant d'autres prestations sociales gérées soit par elles-mêmes (allocation aux adultes handicapés, allocation de parent isolé ...), soit par d'autres organismes de sécurité sociale ( pensions d'invalidité et avantages de vieillesse ...) soit par les institutions chargées de l'indemnisation du chômage, de la rémunération des contrats aidés ou de celles des stages de la formation professionnelle.

"Dans ces conditions, il est apparu que le défaut de déclaration ou la sous-déclaration de ces ressources annexes était relativement fréquente, comme l'ont confirmé d'ailleurs les investigations menées par une commission conjointe des inspections générales des finances et des affaires sociales, avec analyse de plus de 6.000 dossiers de RMI dans sept CAF : elle concernerait une proportion élevée des titulaires de ces prestations sociales et 10 % du nombre total des allocataires. Elle représenterait 3 à 5 p. 100 des dépenses de l'allocation de RMI, soit une charge supplémentaire de 600 millions à un milliard de francs."


Votre commission des finances vous propose donc une réduction de 5 % des crédits de l'allocation de RMI, ce qui correspond pour 1999 à un montant de 1,3 milliard de francs. Cette économie doit résulter, sans réduction des droits ouverts aux bénéficiaires, de la systématisation des contrôles préconisée par la Cour des comptes.

III. LE RETARD DES OUTILS DE RÉGULATION DE L'ASSURANCE MALADIE

L'agrégat relatif à l'Offre de soins s'établit à 1,56 milliard de francs pour 1999, ce qui correspond à une augmentation de 0,4 % seulement.

Ces crédits sont stratégiques, parce qu'ils correspondent à la contribution budgétaire de l'Etat aux instruments de régulation des dépenses d'assurance maladie. Or, la mise en place des outils nécessaires présente trop souvent des retards préjudiciables à la nécessaire maîtrise des dépenses de santé.

La dotation de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) est simplement reconduite en 1999, au niveau de 37,3 millions de francs. En effet, le retard pris dans la mise en place de l'ANAES s'est traduit par des reports importants, qui atteignent près de 90 millions de francs au titre de 1997 et 1998.

Ce retard est d'autant plus regrettable que l'ANAES apparaît comme un élément essentiel de la réforme du système de soins, qui doit contribuer à la transparence et à la rationalisation de l'allocation des ressources aux hôpitaux, en complément des données issues du PMSI.

Alors que l'ANAES a été créée par l'ordonnance n° 96-346 du 24 avril 1996, la démarche d'accréditation ne sera officiellement lancée qu'au début de 1999.

Le processus d'informatisation de l'assurance maladie accuse également un retard considérable. Le dernier rapport de la Cour des comptes au Parlement sur la sécurité sociale est à cet égard particulièrement critique.

La Cour estime que l'échéance du 31 décembre 1999 retenue pour la mise en place de la carte VITALE 2 n'apparaît plus réaliste. Elle s'inquiète également du futur équilibre économique de la concession de service public à CEGETEL pour le réseau santé social, qui ne lui paraît pas garanti en raison de la concurrence potentielle d'Internet pour la télétransmission des feuilles de soins électroniques.

Plus généralement, la Cour des comptes estime que " aujourd'hui, la complexité du dispositif nécessite l'intervention d'un décideur capable d'anticiper et de suivre les options stratégiques, les échéances et les coûts. L'Etat, qui aurait dû jouer ce rôle, ne s'est pas, jusqu'à présent, mis en position de le faire ".

La participation budgétaire de l'Etat à l'informatisation de l'assurance maladie est des plus modeste, puisqu'elle se limite à 1,450 million de francs de crédits prévus, en 1999 comme en 1998, pour les frais de fonctionnement du GIP "Carte professionnelle de santé". La Cour des comptes estime à 7 milliards de francs les dépenses nécessaires à moyen terme, pour la seule généralisation de la carte de santé Vitale 2.

Le budget de la santé et de la solidarité accueille également certaines dotations destinées à accompagner le nécessaire processus de rationalisation de l'offre hospitalière, qui est financé principalement par l'assurance maladie dans le cadre des lois de financement de la sécurité sociale.

Les autorisations de programme prévues pour le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers s'élèvent à 250 millions de francs seulement pour 1999, alors qu'elles étaient de 503 millions de francs en 1998. Les crédits de paiement afférents sont simplement reconduits au niveau de 150 millions de francs.

Cette diminution des crédits s'explique par la lenteur du processus de sélection des dossiers. Le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers est pourtant essentiel, puisqu'il a pour mission d'accompagner les opérations de restructuration. Quant au fonds d'accompagnement social pour la modernisation des hôpitaux (FASMO), qui est financé par l'assurance maladie, ses décrets d'application ne sont toujours pas publiés.

Les agences régionales de l'hospitalisation (ARH), dont l'autorité avait été fragilisée l'an dernier par une polémique stérile sur le niveau de rémunération de leurs directeurs, n'apparaissent plus désormais contestées. Leur dotation budgétaire apparaît toutefois modeste.

Les crédits consacrés aux ARH sont accrus de 5 millions de francs en 1999, pour s'établir à 107,7 millions de francs, soit une hausse de + 4,9 %. Cette mesure d'ajustement est destinée à financer la réalisation des schémas régionaux d'organisation sanitaire (SROS) de seconde génération.

On ne saurait trop insister sur l'importance des ARH pour le processus d'ajustement des dotations hospitalières aux besoins réels de la population, ainsi que pour la réduction des inégalités entre les régions.

CHAPITRE PREMIER

PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CRÉDITS

I. UNE NOMENCLATURE BUDGÉTAIRE TOUJOURS MOUVANTE

L'an dernier votre rapporteur, constatant le caractère mouvant de la structure du budget des affaires sociales et de la santé, avait espéré que la présentation retenue en 1998 serait conservée pour les exercices suivants et que le budget de la Santé, de la solidarité et de la ville -selon la terminologie alors en vigueur- trouverait enfin le minimum de stabilité nécessaire à sa lisibilité.

Il regrette donc que la présentation des crédits des affaires sociales et de la santé, une fois encore, soit modifiée cette année.

En 1998, les deux fascicules distincts qui existaient depuis 1996, intitulés respectivement "Santé publique et services communs" et "Action sociale et solidarité" ont été fondus en un seul. Ce nouveau fascicule unique a inclus en outre l'ancien fascicule "Ville et intégration", ainsi que les crédits consacrés à l'action sociale en faveur des rapatriés et les crédits de la mission interministérielle à la lutte contre la drogue et la toxicomanie, qui étaient antérieurement inscrits au budget du Premier ministre.

Pour 1999, les crédits consacrés à la politique de la Ville sont à nouveau présentés sous un fascicule distinct.

L'ensemble des crédits de la Santé et de la solidarité s'élève pour 1999 à 79,9 milliards de francs, en progression apparente de + 9,2 % par rapport à 1998.



Toutefois, il convient de prendre en compte deux modifications de périmètre, de sens contraires :

- en moins, le transfert des crédits de la Ville sous un fascicule à part, pour un montant de 755 millions de francs (en 1998) ;

- en plus, la prise en charge de l'allocation de parent isolé par le budget de l'Etat, pour un montant de 4,2 milliards de francs.

A structure constante, l'augmentation du budget de la Santé et de la solidarité pour 1999 est de + 4,5 %, à comparer au taux de progression de + 2,6  % enregistré en 1998 par rapport à 1997.

Il s'agit principalement d'un budget d'intervention, les dépenses du titre IV en constituant plus de 90 %. Celles-ci, en progression de + 10,3 %, expliquent l'essentiel de l'augmentation du budget, les moyens des services étant en progression modérée de + 2,6 % et les dépenses en capital étant en baisse de - 26,7 %.

L'Assemblée nationale a majoré, à titre non reconductible, les crédits du titre IV d'un montant de 11,505 millions de francs, et les crédits du titre VI d'un montant de 11,805 millions de francs.

Outre les modifications de périmètre précédemment évoquées, le budget de la santé et de la solidarité pour 1999 comporte une importante refonte de la nomenclature et des agrégats budgétaires. Bien que supposée "donner ainsi une meilleure lisibilité des actions menées par le ministère" , cette refonte interdit toute comparaison simple entre les deux exercices pour l'évolution des agrégats.

1. Le budget de la santé

L'agrégat "Interventions sanitaires" inscrit dans le projet de loi de finances 1998 est subdivisé en 1999 en deux agrégats : "Politique de santé publique" et "Offre de soins". Ces deux agrégats visent à distinguer plus clairement les deux grands axes de l'intervention de l'Etat dans le domaine sanitaire :

- les grandes politiques de santé publique (prévention, dépistage, information, sécurité sanitaire,...) notamment dans les domaines des maladies transmissibles ou dans celui des pratiques "addictives" (tabac, alcool, toxicomanie,...) ;

- les actions menées plus spécifiquement à destination des structures et des réseaux, telles que les dotations aux services de santé des DOM-TOM, les subventions aux agences régionales de l'hospitalisation, ou les actions de formation dans le domaine médical et paramédical.

En outre, la réforme de la sécurité sanitaire induit des transferts et des modifications de nomenclature en dotant les nouveaux établissements inscrits au chapitre 36-81 de moyens auparavant inscrits sur le titre III (moyens de l'administration) ou sur le titre IV.

2. Le budget de la solidarité

Les quatre agrégats inscrits en 1998 sont regroupés en 1999 en deux agrégats : "Développement social" et "Intégration et lutte contre l'exclusion".

Ce découpage vise à mettre plus clairement en avant les deux grands axes d'intervention du ministère :

- l'agrégat "Développement social" (construit par regroupement des agrégats "développement social" et "Politique en faveur des personnes âgées et handicapées") rassemble l'ensemble des actions en faveur de publics variés et spécifiques : femmes, familles, personnes âgées, personnes handicapées, rapatriés,... ;

- l'agrégat "Intégration et lutte contre l'exclusion" (construit par regroupement des agrégats "Lutte contre l'exclusion" et "Intégration") rassemble l'ensemble des actions destinées à lutter contre les situations d'exclusion, y compris celles visant l'intégration des populations étrangères.

3. L'administration générale

Pour rationaliser la gestion des moyens, un grand chapitre 34-98 a été constitué pour globaliser l'ensemble des crédits de fonctionnement de l'administration centrale et ceux concernant l'ensemble du ministère :

- regroupement des crédits de fonctionnement, d'informatique et de formation ;

- identification des services attributaires de ces crédits.

Parallèlement, le transfert des moyens de personnel du chapitre 37-13 des services déconcentrés vers les chapitres de personnel est poursuivi. En 1998, les crédits consacrés aux vacations administratives ont été transférés sur le chapitre 31-96. Pour 1999, c'est l'ensemble des crédits de vacations "techniques" et des frais d'expertise qui est transféré sur ce chapitre 31-96, soit 100 millions de francs.

Récapitulatif des modifications de structure budgétaire en 1999

Chapitre

Modifications

31-42

Suppression des articles 30, 40, 61 et 62 (cf. 31-96)

31-96

Création des articles 71 et 72 "frais de jurys" (cf. 31-42)

Création d'un article 60 accueillant les crédits de personnel liés à la formation (cf. Suppression des 34-95 et 37-05)

Identification des crédits alloués aux services délocalisés

34-95

Suppression du chapitre dont les crédits sont intégrés au chapitre 34-98

34-98

Création d'un grand chapitre regroupant l'ensemble des moyens de fonctionnement gérés par l'administration centrale (cf. Suppression des chapitre 34-95 et 37-05)

Création d'articles identifiant les différents services gestionnaires

Transfert de moyens de fonctionnement (ex. : crédits inscrits à l'article 70 destinés à l'impression du Bulletin épidémiologique hebdomadaire) vers les nouvelles agences de veille et de sécurité sanitaires inscrites au chapitre 36-81

36-81

Suppression des articles 10, 20 (Agence du médicament) et 60 (Etablissements de veille et sécurité sanitaires) sur lequel était inscrit une provision de 80 millions de francs

Création des articles 11, 12, 21 et 61 supportant les dotations des nouveaux établissements issus de la loi sur la sécurité sanitaire

37-05

Suppression du chapitre dont les crédits sont intégrés au chapitre 34-98 à l'exception de crédits de rémunération transférés sur le 31-96, article 60

37-13

Suppression de l'article 70 "Actions de rénovation du service public" intégré dans les articles 10 et 30 (DDASS et DRASS)

Fusions des articles "sanitaires" (articles 60 et 91) au sein d'un même article 91 "Santé publique-matériel technique-comités consultatifs de protection des personnes dans la recherche biomédicale"

46-20

Chapitre nouveau : allocation de parent isolé

47-11

Transfert des articles 50, 61 et 62 sur le chapitre 47-19 "Organisation du système de soins", respectivement aux articles 40, 71 et 72

47-12

Transfert des articles 51, 52 et 70 sur le chapitre 47-18 dans le cadre de l'évolution des actions menées sur ce chapitre du SIDA vers l'ensemble des maladies transmissibles avec notamment pour 1999 des moyens nouveaux importants en faveur de la lutte contre l'hépatite C

Suppression des articles 40 et 80 avec transfert des crédits vers les nouvelles agences de veille et de sécurité sanitaires inscrites au chapitre 36-81 (ex. : subvention versée au Réseau national de santé publique remplacée par la subvention versée à l'Institut de veille sanitaire)

Transfert de crédits inscrits sur les articles 11 et 30 (sans suppression d'articles) vers le chapitre 36-81

47-18

Elargissement des actions supportées sur ce chapitre à destination de la lutte contre le SIDA à l'ensemble des maladies transmissibles

47-19

Création des articles 40, 71 et 72, dans le cadre de la réforme des agrégats sanitaires, avec transfert des crédits inscrits en 1998 sur le 47-11

47-21

Suppression de l'article 80 fusionné dans l'article 90 dont le libellé est modifié : "Insertion et accompagnement social : dépenses déconcentrées"

Le budget de la Santé et de la solidarité est composé désormais de cinq agrégats de volumes très différents , deux d'entre eux en constituant à eux seuls près de 90 %.



II. LES DÉPENSES D'ADMINISTRATION GÉNÉRALE

Les dépenses d'administration générale atteignent en 1999 un montant de 5,3 milliards de francs, en progression de + 3,7 % par rapport au budget voté de 1998. Elles représentent 6,6 % des crédits de paiement du budget de la Santé et de la solidarité.

A. LES DÉPENSES DE PERSONNEL

Le solde des mouvements d'effectifs fait apparaître une augmentation de 39 emplois titulaires , qui s'explique de la façon suivante :

- les créations de postes au titre du renforcement des administrations portent sur 21 emplois (14 en administration centrale, 4 dans les services déconcentrés, 2 à l'étranger et 1 à Mayotte) ;

- les créations de postes au titre de la mise en oeuvre du programme de lutte contre l'exclusion portent sur 80 emplois en services déconcentrés ;

- la résorption de l'emploi précaire se traduit par la création de 155 emplois dans les services déconcentrés ;

- le partage des services départementaux d'action sociale dans le cadre de la décentralisation se traduit par un solde positif de 18 emplois ;

- la participation à l'effort général de maîtrise de l'emploi public se traduit par la suppression nette de 220 postes budgétaires vacants ou gelés d'agents de catégorie C ;

- la création des nouveaux établissements nationaux à caractère sanitaire s'accompagne du transfert de 34 emplois.

Au total, les effectifs du ministère passent de 14.309 emplois en 1998 à 14.325 emplois en 1999. La suppression de 218 emplois intervenue en 1997 se trouve ainsi annulée.

Répartition et évolution des emplois

 

1998

Suppressions

Créations

Solde

1999

Administration centrale

2.216

139

138

- 1

2.215

IGAS

100

 

4

4

104

Représentation à l'étranger

23

2

4

2

25

Services déconcentrés

11.966

870

881

11

11.977

Mission recherche-expérimentation

4

 
 

0

4

Total

14.309

1.011

1.027

16

14.325

dont titulaires

13.842

981

1.020

39

13.881

dont contractuels

467

30

7

- 23

444

Les dépenses de rémunération afférentes, y compris les charges de retraite, s'élèvent à 4,104 milliards de francs , en progression de + 5,5 % par rapport à 1998.

Votre rapporteur souhaite rappeler qu'un nombre d'agents sont mis à disposition du ministère de la santé et de la solidarité par les caisses de sécurité sociale et les établissements hospitaliers.

Le tableau ci-après retrace les effectifs mis à disposition pour les services centraux, qui s'élèvent au total à 206 agents.

Agents des caisses ou des hôpitaux mis à disposition des services centraux

Directions

Personnel caisses

Personnel hospitalier

Total

Cabinets

2

17

19

Associations

1

0

1

DAEI

1

1

2

DAGPB

4

3

7

DAS

3

3

6

DGS

2

13

15

DH

0

98

98

DIISES

 
 

0

DIRMI

.

0

3

DPM

0

1

1

DSS

42

2

44

Haut comité médical

2

1

3

Haut comité santé publique

0

2

2

Haut fonctionnaire défense

0

1

1

IGAS

1

0

1

SESI

1

0

1

SICOM

0

2

2

Total général

62

144

206

Il n'existe pas de ventilation des personnels des caisses de sécurité sociale et des hôpitaux mis à disposition des services déconcentrés par catégories et services.

Toutefois, une enquête menée auprès des services déconcentrés à la demande de la Cour des comptes a fait apparaître qu'ils s'élevaient au total à 110, répartis de la manière suivante :

- 47 agents mis à disposition par les caisses pour assurer le fonctionnement des tribunaux des affaires de sécurité sociale ;

- 63 agents mis à disposition par les hôpitaux.

Votre rapporteur estime que ces mises à disposition, bien qu'elles puissent être justifiées par un souci de renforcer la capacité d'expertise des services, risque de mettre le ministère de la Santé et de la solidarité en contradiction avec la fonction de tutelle qu'il exerce par ailleurs sur les organismes d'origine de ces personnels.

La question se pose particulièrement pour la direction des hôpitaux et la direction de la sécurité sociale, qui comportent respectivement 98 et 44 agents mis à disposition par les hôpitaux et les caisses de sécurité sociale. La situation serait plus claire si ce personnel d'appoint n'était pas mis à disposition, mais détaché et rémunéré sur les crédits du ministère.

B. LES MOYENS DES SERVICES

Hors transferts, les moyens de fonctionnement de l'administration centrale (chapitres 34-94 et 34-98) passent de 373,9 millions de francs à 409,8 millions de francs, soit une augmentation de + 9,6 %.

Les dépenses d'informatique et de bureautique , auparavant inscrites au chapitre 34-95, et les dépenses de formation permanente des personnels, auparavant inscrites au chapitre 37-05, sont désormais regroupées sur le chapitre 34-98.

Les dépenses d'administration générale (article 10) diminuent de 5,7 millions de francs, pour s'établir à 130,8 millions de francs. Une mesure nouvelle de 5 millions de francs est contrebalancée par le transfert de 10,8 millions de francs.

La subvention à l'Ecole nationale de la santé publique (chapitre 36-81, article 80) est diminuée de 2 millions de francs par rapport à 1998, et s'établit à 65,2 millions de francs (- 3 %).

Les crédits consacrés aux services déconcentrés de l'administration sanitaire et sociale (chapitre 37-13) sont réduits en 1999 de 48,1 millions de francs et s'établissent à 604,9 millions de francs, en diminution de - 7,4 % par rapport au budget voté de 1998.

Toutefois, cette forte baisse recouvre essentiellement des transferts internes de crédits. A structure constante, ce chapitre budgétaire est au contraire en augmentation de + 8,1 %.

Le processus de globalisation des crédits des services déconcentrés poursuit son cours en 1999.

La dotation globale des DDASS s'établit à 348,2 millions de francs pour 1999, soit une réduction de 6,16 % par rapport à 1998 (371 millions de francs) cet écart de 22,9 millions de francs se décompose ainsi :

+ 9,961 millions de francs d'ajustement de la dotation aux besoins des services, soit une baisse de 2,7 % par rapport à 1998 ;

+ 27,5 millions de francs de mesures nouvelles pour assurer un soutien logistique à la mise en oeuvre du programme de prévention et de lutte contre les exclusions, et notamment le volet "accès aux soins des plus démunis" ;

- 60,3 millions de francs de transfert de crédits, correspondant essentiellement à des transferts vers le chapitre 31-96, sur lequel sont regroupés désormais l'ensemble des crédits de vacations (COTOREP, CDES...) et de frais d'expertises médicales.

A périmètre constant, les moyens affectés aux DDASS augmentent en réalité de 10 %.

La dotation globale des DRASS s'établit à 166,8 millions de francs pour 1999, soit une augmentation de 9,87 % par rapport à 1998. L'écart de 15 millions de francs se décompose comme suit :

+ 4,7 millions de francs d'ajustement de la dotation aux besoins des services, soit une hausse de 3,13 % par rapport à 1998 ;

+ 6 millions de francs de mesures nouvelles dans le cadre du programme de prévention et de lutte contre les exclusions : soutien aux réseaux santé-social dont la réalisation d'une annuaire des acteurs participant à la lutte contre les exclusions, et mise en place des programmes régionaux prou l'accès à la prévention et aux soins des personnes les plus démunies (PRAPS) ;

+ 4,2 millions de francs de transfert du chapitre 37-13, article 70, correspondant à un redéploiement entre articles à la suite de la modification de la nomenclature budgétaire.

C. LES FRAIS DE JUSTICE ET DE RÉPARATION CIVILE

Votre rapporteur relève, une fois encore, que le montant de la dotation prévue pour les frais de justice et de réparations civiles (chapitre 37-91), reconduite en 1999 au niveau de 10,9 millions de francs, comme les années précédentes, est purement indicatif.

En pratique, les dépenses constatées en exécution ont toujours été très supérieures ces dernières années : 177 millions de francs en 1995, 147,5 millions en 1996, 103,4 millions de francs en 1997. Les crédits supplémentaires demandés à ce titre par le projet de loi de finances rectificative pour 1998 s'élèvent à 50 millions de francs.

III. LES DÉPENSES DE POLITIQUE DE SANTÉ PUBLIQUE

Les dépenses consacrées à la politique de santé publique augmentent de + 0,3 % par rapport à 1998, pour s'établir à 2,227 milliards de francs en 1999. Ces crédits représentent 2,8 % du budget de la Santé et de la solidarité.

A. LES SUBVENTIONS AUX ÉTABLISSEMENTS NATIONAUX À CARACTÈRE SANITAIRE.

Les crédits consacrés aux établissements nationaux à caractère sanitaire (chapitre 36-81) augmentent de 42,5 millions de francs pour atteindre 338,7 millions de francs en 1999, soit une progression de + 14,3 % par rapport à 1998.

La dotation de l'Agence nationale d'évaluation et d'accréditation en santé (ANAES) est reconduite au niveau de 37,3 millions de francs en 1999.

Par ailleurs, trois dotations nouvelles sont prévues pour l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (119,1 millions de francs), l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (8 millions de francs) et l'Institut de veille sanitaire( 62,6 millions de francs).

Toutefois, une part essentielle de ces dotations nouvelles correspond à des redéploiements de crédits, notamment ceux qui étaient auparavant consacrés à l'Agence du médicament et au Réseau national de santé publique.

Les dotations des autres établissements nationaux à caractère sanitaire en 1999 se répartissent comme suit :

- 29,7 millions de francs pour l'Agence française du sang, en diminution de - 3,2 % par rapport à 1998 ;

- 55,5 millions de francs pour l'Office de protection contre les rayonnements ionisants, en augmentation de +22,5 % par rapport à 1998 ;

- 25,6 millions de francs pour l'Etablissement français des greffes, en augmentation de +14,8 % par rapport à 1998.

B. LES CRÉDITS CONSACRÉS À LA LUTTE CONTRE LES FLÉAUX SANITAIRES

Les crédits consacrés à la lutte contre le Sida et les maladies transmissibles (chapitre 47-18) augmentent en 1999 de 50,7 millions de francs, soit une hausse de + 10,7 % qui les porte à 523,5  millions de francs. Ces moyens supplémentaires sont affectés notamment au programme national de lutte contre l'hépatite C, au développement des structures de proximité d'aide aux personnes atteintes de maladies transmissibles et à l'initiative de solidarité thérapeutique internationale.

Les crédits de lutte contre la toxicomanie (chapitres 47-15 et 47-17) regroupent depuis 1998 les crédits antérieurement dispersés entre les budgets de la Santé, de la Ville et du Premier ministre. Ces crédits diminuent pour 1999 de 22,3 millions de francs, soit une baisse de - 2 % qui les porte à 1,052 milliard de francs. Cette baisse apparente résulte principalement du transfert sur le chapitre 47-11 des crédits alloués au Centre français d'éducation pour la santé au titre de la lutte contre la toxicomanie.

Les crédits de lutte contre l'alcoolisme et le tabagisme (chapitre 47-17) sont en diminution de - 51,3 % par rapport à 1998, et s'établissent à 90 millions de francs pour 1999. Cette forte baisse apparente s'explique en fait par le transfert à l'assurance maladie du financement des centres d'hygiène alimentaire d'alcoologie (CHAA), pour un montant de 122,9 millions de francs. A l'inverse, une mesure nouvelle de 25 millions de francs est prévue pour la création de consultations d'alcoologie dans les centres d'hébergement et de réadaptation sociale. Les crédits consacrés à la lutte contre le tabagisme sont simplement reconduits au niveau de 1,5 million de francs.

IV. LES DEPENSES CONSACRÉES À L'OFFRE DE SOINS

Les dépenses consacrées à l'offre de soins augmentent de + 0,4 % par rapport à 1998, pour s'établir à 1,564 milliard de francs en 1999. Ces crédits représentent 2 % du budget de la Santé et de la solidarité.

A. LA FORMATION DES PROFESSIONS MÉDICALES ET PARAMÉDICALES

Les crédits consacrés à la formation des professions médicales et paramédicales (chapitre 43-32) progressent en 1999 de + 1,1 % par rapport à 1998, pour atteindre 542 millions de francs. Cette progression modeste fait suite à la forte hausse de + 36,6% enregistrée en 1998.

Les crédits consacrés au financement des écoles de formation des sages-femmes et des professionnels paramédicaux (article 10) sont reconduits au niveau de 1998, soit 256,1 millions de francs. Les 570 écoles existantes sont principalement financées par les établissements sanitaires auxquels elles sont rattachées, la participation de l'Etat ne représentant que 15 % de leur coût de fonctionnement.

Les crédits consacrés aux stages extra-hospitaliers des étudiants en médecine, en odontologie et en pharmacie (article 21) diminuent de 10,8 millions de francs pour s'établir à 250,2 millions de francs, après avoir plus que doublé l'an dernier.

Les crédits consacrés à l'année-recherche de l'internat en médecine et en pharmacie (article 22) sont presque doublés et passent de 18 millions de francs en 1998 à 35,7 millions de francs en 1999, afin de rattraper les insuffisances cumulées depuis 1996, qui atteignent 20 millions de francs.

Les crédits consacrés aux bourses d'études des professions paramédicales (chapitre 43-34, article 10) sont en hausse de + 2,6 %, pour atteindre 248,9 millions de francs en 1999, ce qui permettra de porter de 18.936 à 19.662 francs le montant de la bourse à taux plein.

B. LA PROTECTION ET LA VEILLE SANITAIRES

A structure constante, les crédits consacrés aux programmes et dispositifs en faveur de la santé des populations (chapitre 47-11) sont presque doublés, et passent de 108,9 millions de francs en 1998 à 204,9 millions de francs pour 1999.

Des moyens nouveaux sont prévus pour les lieux d'écoute pour les publics en difficulté (36,5 millions de francs), les ateliers d'éducation à la santé (21,5 millions de francs), la formation des acteurs de terrain (20,2 millions de francs), le renforcement des secteurs psychiatriques (18,3 millions de francs).

Les crédits consacrés aux programmes et dispositifs de veille sanitaire (chapitre 47-12) sont en baisse de - 51,7 % par rapport à 1998, pour s'établir à 55,6 millions de francs. Cette diminution apparente s'explique par le transfert, vers le chapitre 36-81 "Etablissements nationaux à caractère sanitaire et social", de 36,7 millions de francs de crédits suite à la création des agences de sécurité sanitaire, et par le transfert de 23,5 millions de francs de crédits consacrés aux services de santé dans les territoires d'outre-mer vers le chapitre 47-19 "Organisation du système de soins".

C. LES DÉPENSES D'ÉQUIPEMENT SANITAIRE

Pour 1999, les subventions d'équipement sanitaire (chapitre 66-11) sont réduites de 126,8 millions de francs à 108,5 millions de francs en crédits de paiement, soit une diminution de - 14,4 %. Aucune autorisation de programme n'est prévue pour 1999, alors qu'elles se sont élevées à 47,7 millions de francs en 1998. Ces crédits, qui correspondent à l'exécution des contrats de plan Etat-régions, sont en décroissance rapide depuis 1994 , où ils s'élevaient à 434,9 millions de francs en autorisations de programme et à 489,6 millions de francs en crédits de paiement.

Un chapitre 66-12 nouveau avait été créé l'an dernier pour accueillir la dotation du fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers en 1998, soit 503 millions de francs en autorisations de programme et 153 millions de francs en crédits de paiement. La dotation du FIMHO pour 1999 s'élève à 250 millions de francs en autorisations de programme et 150 millions de francs en crédits de paiement.

V. LES DÉPENSES CONSACRÉES AU DÉVELOPPEMENT SOCIAL

Les crédits consacrés au développement social s'élèvent en 1999 à 35,340 milliards de francs , en augmentation de + 4,8 % par rapport au budget voté de 1998. Ils représentent 44,2 % du budget de la Santé et de la solidarité.

A. LES CENTRES D'AIDE PAR LE TRAVAIL

Les crédits alloués aux centres d'aide par le travail (chapitre 46-23, article 10), progressent de +3,7 % par rapport à 1998, pour atteindre 6,2 milliards de francs . Cet accroissement de 222 millions de francs correspond à un ajustement aux besoins de 93 millions de francs et à une mesure nouvelle de 136,7 millions de francs destinée à financer la création de 2.000 places supplémentaires. Il s'inscrit dans le prolongement d'un effort budgétaire de l'Etat constant au cours des dernières années.

Evolution des crédits consacrés aux centres d'aides par le travail


Année


Dotation LFI

Dont mesure nouvelle pour créations de places


Evolution en %

1993

4.659

108

6,70

1994

4.890

110

5,11

1995

5.294

110

8,31

1996

5.590

151

5,60

1997

5.844

135

4,50

1998

6.039

135

3,34

1999 (PLF)

6.263

131

3,71

Cet effort budgétaire accompagne la progression continue des places de CAT depuis dix ans :


1988

1989

1990

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

67.508

69.344

72.211

74.934

75.540

80.232

82.206

84.372

87.120

89.547

Toutefois, il demeure des besoins insatisfaits. L'article 22 de la loi du 13 juin 1989 portant diverses mesures d'ordre social, dit "amendement Creton", qui prévoit la possibilité du maintien en établissements d'éducation spéciale des jeunes adultes, a entraîné un certain nombre de difficultés. Le contentieux qui opposait l'assurance maladie et les départements sur les modalités de la prise en charge financière des personnes concernées a pu être aplani par la circulaire du 27 janvier 1995.

L'insuffisance des équipements pour adultes handicapés à l'origine de "l'amendement Creton" perdure. Malgré l'effort consenti tant par l'Etat et l'assurance maladie (27.500 places de centres d'aide par le travail, maisons d'accueil spécialisées et foyers à double tarification supplémentaires créées de 1990 à 1997) que par les conseils généraux (15.900 places nouvelles de foyers de 1990 à 1996), la capacité d'accueil des structures pour adultes ne permet pas de faire face à toutes les demandes.

Fin 1997, les effectifs relevant du dispositif de l'amendement Creton s'élevaient encore à 4.230 personnes. Simultanément, on enregistre un engorgement des établissements d'éducation spéciale et une liste d'attente de placement de jeunes handicapés dans ces établissements.

Le gouvernement a décidé de mettre en oeuvre un programme pluriannuel (1999-2003) de création de 5.500 places de MAS-FDT, de 8.500 places de CAT et de 2.500 places d'ateliers protégés, qui permettra de résorber totalement la situation des jeunes adultes maintenus en établissements d'éducation spéciale mais également d'absorber et de réguler le flux annuel de sortie des jeunes.

Les 8.500 places de CAT et les 2.500 places d'ateliers protégés seront créés selon l'échéancier suivant :

Programme pluriannuel de création de places pour handicapés (1999-2003)

 

1999

2000

2001

2002

2003

Total

CAT

2.000

2.000

1.500

1.500

1.500

8.500

Ateliers protégés

500

500

500

500

500

2.500

Votre rapporteur s'inquiète toutefois des conséquences de l'application de la loi d'orientation relative à la réduction du temps de travail dans le CAT. Il lui paraît exclu qu'elle puisse être financée par un accroissement des concours budgétaires.

B. L'ALLOCATION AUX ADULTES HANDICAPÉS

La contribution de l'Etat au financement de l'allocation aux adultes handicapés (chapitre 46-92) s'accroît de 1,180 milliards de francs en 1999, pour atteindre 24,569 milliards de francs, soit une progression de + 5 % par rapport à 1998.

Une mesure d'économie de 31 millions de francs au titre de l'article 83 rattaché n'atténue que très marginalement une mesure d'ajustement aux besoins de 1,211 milliard de francs.

Pour 1997, dernière année connue, le nombre de bénéficiaires de l'AAH était de 631.000, en progression de + 0,1 % par rapport à l'année antérieure. L'évolution du nombre des bénéficiaires de l'AAH au cours des onze dernières années est la suivante :

Evolution du nombre des bénéficiaires de l'AAH

Année

Bénéficiaires

Evolution en %

1987

495.000

2,7 %

1988

511.000

3,2 %

1989

524.000

2,5 %

1990

539.000

2,9 %

1991

552.000

2,4 %

1992

563.000

2,0 %

1993

583.000

3,6 %

1994

597.000

2,4 %

1995

617.000

3,4 %

1996

630.000

2,9 %

1997

631.000

0,1 %

A la différence de l'an dernier, le projet de loi de finances rectificative pour 1998 ne prévoit aucune ouverture de crédits complémentaires au titre de l'AAH.

Le tableau ci-après retrace l'évolution des crédits consacrés à l'AAH depuis dix ans :

Crédits consacrés à l'AAH

(en millions de francs)

Année

Crédits

Evolution en %

1987

12.997

+ 5,0

1988

13.544

+ 4,2

1989

14.286

+ 5,5

1990

15.881

+ 5,4

1992

16.575

+ 4,4

1993

17.895

+ 8,0

1994

18.661

+ 4,3

1995

20.081

+ 7,6

1996

21.350

+ 6,3

1997

22.370

+ 4,8

1998

23.389

+ 4,6

Le rapprochement de l'évolution du nombre des bénéficiaires de l'AAH et du nombre des crédits afférents est instructif. Entre 1987 et 1997, les bénéficiaires sont passés de 495.000 à 631.000, soit une augmentation de 27,5 %. Sur la même période, les crédits consacrés à l'AAH sont passés de 12,997 milliards de francs à 21,350 milliards de francs, soit une augmentation de 72,1 %.

L'évolution des crédits budgétaires relatifs à l'AAH entre 1987 et 1998 s'explique :

- d'une part, par l'augmentation du montant de la prestation (2.632 francs au 1er janvier 1987 ; 3.470 francs au 1er janvier 1998) et la création à partir du 1er février 1993 de l'aide forfaitaire en faveur de la vie autonome à domicile des personnes adultes handicapées, transformée en complément d'AAH par la loi du 18 janvier 1994 (555 francs au 1er janvier 1998) ;

- d'autre part, par l'accroissement du nombre des bénéficiaires de 495.000 pour 1987, à 631.000 au titre de 1997.

Divers facteurs peuvent être pris en considération pour expliquer l'évolution de la prestation.

Il s'agit ainsi d'une meilleure connaissance de l'accès au droit, grâce aux informations données par les CAF et les COTOREP (formulaire unique).

Surtout, l'examen des relevés statistiques du régime général fait apparaître une forte inertie dans la structure des bénéficiaires. Ainsi, 30 % des entrants ont moins de vingt-cinq ans, et la moitié des allocataires ont moins de quarante ans. De l'âge peu élevé des bénéficiaires découle un effet mécanique, qui est la permanence du bénéfice de la prestation.

De plus, 60 % des allocataires perçoivent une AAH à taux plein, ce qui indique l'absence de ressources des intéressés.

Ce constat peut notamment trouver son explication dans la dégradation de la situation économique, le chômage touchant particulièrement les personnes handicapées, déjà fragilisées dans leur vie quotidienne par le handicap. Or, la situation de chômage donne lieu, en application de la réglementation, à des abattements ou à la neutralisation des ressources, ce qui permet de faire rentrer de nouvelles personnes dans le champ de la prestation ou de leur donner une différentielle d'AAH qui se rapproche davantage du taux plein.

La situation du marché de l'emploi peut également expliquer que l'instauration du RMI en 1988 n'a pas eu pour effet le basculement de certains bénéficiaires de l'AAH dans le champ du RMI. Dans un tel contexte, la phase d'instruction du RMI a pu, à l'inverse, être un facteur déclenchant de l'orientation vers la COTOREP et donc de l'attribution de l'AAH, notamment au titre de l'article L.821-2 du code de la sécurité sociale.

A la suite des observations de la Cour des Comptes, l'article 95 de la loi de finances pour 1994 a modifié l'article L.821-2 du code de la sécurité sociale, qui prévoit désormais que les personnes qui sont, en raison de leur handicap, dans l'impossibilité reconnue par la commission technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP) de se procurer un emploi doivent également justifier d'un taux minimal d'incapacité . Ce taux a été fixé à 50 % par le décret n°94-379 du 16 mai 1994.

L'observation des relevés statistiques des décisions d'attribution de l'AAH montre que le nombre des AAH attribués au titre de l'article L. 821-2 est de 57.510 en 1996, contre 55.930 en 1995. Pour les premières demandes, la part des décisions d'attribution au titre de l'article L. 821-2 est de 37,8 % en 1994, soit 36,3 % en 1995 et 34,6 % en 1996.

Il apparaît donc que l'article 95 de la loi de finances pour 1994 a permis d'arrêter la dérive que constituait l'augmentation constante de la proportion des AAH attribuées au titre de l'article L. 821-2, mais n'a pas permis de diminuer significativement les AAH attribuées à ce titre.

C. LE SERVICE NATIONAL DES OBJECTEURS DE CONSCIENCE

Les crédits consacrés au service national des objecteurs de conscience (chapitre 37-01) diminuent de - 10,2 % en 1999, pour s'établir à 106 millions de francs, contre 118 millions de francs en 1998. Cet ajustement aux besoins intègre à la fois la diminution du nombre des demandeurs du statut d'objecteur de conscience constatée en 1998 et la participation financière qui est désormais demandée aux organismes d'accueil (indemnité mensuelle de 1700 francs).

Au 1er mars 1998, il y avait 9.445 objecteurs de conscience en poste.

Répartition des objecteurs de conscience par administration de tutelle

Administrations

Nombre

Part en %

Affaires sociales (et Office national des forêts : 2,05 %)

5.097

53,95

Agriculture

450

4,76

Culture

392

4,15

Economie et finances

41

0,43

Education nationale

277

2,95

Enseignement supérieur

970

10,27

Environnement

618

6,54

Jeunesse et sports

1.515

16,05

Justice

19

0,20

Urbanisme

66

0,70

Total

9.445

100

Après un accroissement régulier du nombre des objecteurs de conscience jusqu'au début de l'année 1996, une inversion rapide de la tendance a été observée en relation avec la réforme du service national. Ce mouvement s'est poursuivi durant le premier semestre de l'année 1998, le nombre de demandeurs de ce statut ayant diminué de 28 % par rapport à la période correspondante de l'année antérieure. Cette nette évolution est la traduction d'une gestion optimale par les intéressés des possibilités nouvelles de report d'incorporation et de dispense ouvertes par la loi du 28 octobre 1997.

Les organismes susceptibles d'employer ces appelés sont les services de l'Etat ou des collectivités locales et des associations ayant reçu un agrément spécifique à cet effet. Actuellement, 5.670 organismes sont habilités à proposer des postes de travail aux jeunes appelés.

Les dotations budgétaires consacrées aux objecteurs de conscience sont le reflet de l'évolution des effectifs. Elles étaient de 500 millions de francs en 1996 (300 millions de francs au titre de la loi de finances initiale et 200 millions de francs au titre de la loi de finances rectificative, ou par mesure de redéploiement) et 415,6 millions de francs en 1997 (201,6 millions de francs au titre de la loi de finances initiale et 214 millions de francs au titre de la loi de finances rectificative et par mesure de redéploiement.

Pour l'exercice 1998, la dotation en loi de finances initiale est de 118 millions de francs. Une dotation complémentaire de 81,5 millions de francs est demandée dans le projet de loi de finances rectificative pour 1998.

Les retards observés ces dernières années sont donc en cours de résorption. Pour l'exercice 1999, ce mouvement de rattrapage est poursuivi, les crédits diminuant moins vite que les effectifs.

D. LA FORMATION DES TRAVAILLEURS SOCIAUX

Les crédits consacrés en 1999 au fonctionnement des écoles de formation des travailleurs sociaux (chapitre 43-33) s'élèvent à 598,4 millions de francs, en progression de + 11 % par rapport à 1998. Cette mesure d'ajustement correspond à l'accroissement de 10% de la capacité d'accueil des 400 centres, qui ont accueilli 29.741 étudiants à la rentrée 1998.

Les centres de formation en travail social, qui sont au nombre de 153 et forment plus de 30.000 étudiants, se caractérisent par un plurifinancement selon les types de formation assurés.

L'Etat finance principalement les dépenses de fonctionnement des centres, liées à la formation initiale. Le cas échéant, l'Etat finance également les formations supérieures en travail social au titre de la formation professionnelle, dans le cadre de conventions spécifiques, ainsi que les formations des intervenants à domicile.

Les formations continues incombent respectivement aux employeurs, via les fonds d'assurance formation du secteur social, et à l'Etat. Plus rarement les centres de formation bénéficient également de subventions de fonctionnement directes ou indirectes (mise à disposition e locaux, de personnes) de la part des collectivités locales.

Les dépenses non déconcentrées (article 10) sont reconduites en 1999 au niveau de 1,5 million de francs.

Ces crédits sont destinés notamment au soutien d'organismes fédératifs des centres de formation en travail social (Organisation nationale des formations au travail social -ONFTS-, Groupement national des instituts régionaux du travail social -GNIRTS). Ils permettent en outre de subventionner certaines associations qui mènent des réflexions ou des expérimentations en partenariat avec le ministère sur des thèmes tenant à la formation des travailleurs sociaux ou retenus dans le cadre du Conseil supérieur du travail social.

Les dépenses déconcentrées (article 20) progressent de 11,4 % par rapport à 1998, pour s'établir à 594,6 millions de francs en 1999.

Cette évolution se décompose de la façon suivante :

- une mesure nouvelle d'ajustement de 9,11 millions de francs pour couvrir l'évolution de la masse salariale des centres en 1999 ;

- une mesure nouvelle d'ajustement de 52 millions de francs destinée à assurer la montée en charge en 1999 de l'augmentation des capacités d'accueil dans les écoles mise en oeuvre à la rentrée de septembre 1998. Cette mesure s'inscrit dans le cadre des dispositions du programme de prévention et de lutte contre les exclusions.

Les crédits consacrés aux bourses des travailleurs sociaux (chapitre 43-34) augmentent de + 1,4 % par rapport à 1998, pour s'établir à 82,2 millions de francs en 1999.

Le quota national de bourses à taux plein est de 3.400. Il reste inchangé depuis plus de dix ans.

Les modalités d'attribution des bourses d'Etat en travail social diffèrent aujourd'hui encore largement de celles pratiquées dans l'enseignement supérieur. Les dispositions applicables pour les bourses de l'enseignement supérieur relèvent de la circulaire n° 82-180 du 28 avril 1982 modifiée. Elles sont fondées sur des critères sociaux qui prennent en considération à la fois les ressources et les charges familiales (enfants à charge, éloignement géographique, lieu d'étude/domicile, situation des parents, etc...). Selon la nature des charges, des barèmes et des pondérations sont appliqués.

Une transposition du modèle précité sur les bourses d'Etat en travail social n'a pas été possible jusqu'à aujourd'hui, compte tenu du quota national limité à 3.400 bourses et du montant des crédits alloués.

La circulaire n° 94-947 du 1er juin 1994 modifiée a néanmoins permis de clarifier et d'uniformiser les modalités d'examen des dossiers. La bourse d'Etat en travail social est allouée en fonction du seul critère défini du quotient familial et dans la limite du quota national de 3.400 bourses réparti entre les régions. Cette distribution est basée sur le nombre d'étudiants inscrits et sur le quotient familial moyen calculé au plan national.

A la rentrée 1998/1999, le montant de la bourse en travail social à taux plein est resté inchangé, à 19.692 francs.

Pour pallier l'insuffisance actuelle du quota de 3.400 bourses, les directions régionales des affaires sanitaires et sociales ont été amenées, après instruction ministérielle, à attribuer des bourses à mi-taux, afin de satisfaire le plus grand nombre des demandes. Ce procédé atteint toutefois ses limites.

E. LES CRÉDITS EN FAVEUR DES RAPATRIÉS

Le budget de la santé et de la solidarité intègre depuis 1998 les crédits consacrés aux prestations sociales et aux actions culturelles en faveur des rapatriés, qui constituent le chapitre 46-03.

La dotation de ce chapitre est reconduite pour 1999 au niveau de 135 millions de francs pour 1998.
Ces crédits sont destinés au financement du plan d'actions sur cinq ans en faveur des anciens membres des formations supplétives, résultant de la loi n°94-488 du 11 juin 1994, ainsi que des aides exceptionnelles de l'Etat aux rapatriés réinstallés dans le cadre des CODAIR.

Le détail des mesures financées et des crédits correspondants est le suivant :

Article 10 - Action sociale, éducative et culturelle - dépenses non concentrées : 5,307 millions de francs

Paiement des frais de regroupement des appelés du contingent ; participation financière du ministère des rapatriés, à la formation professionnelle des enfants de français musulmans rapatriés au sein des écoles de l'ONAC ; résorption du site de BIAS.

Article 20 - Retour en métropole et accueil - dépenses déconcentrées : 0,787 millions de francs

Prise en charge des frais de transport des rapatriés, du territoire d'origine au lieu de repli en France ; versement d'une indemnité forfaitaire de déménagement aux rapatriés se repliant en France et admis à la loi du 26 décembre 1961 ; versement pendant 12 mois maximum d'une prestation de subsistance aux rapatriés demandeurs d'emploi ou de réinstallation ; participation aux frais de fonctionnement et d'entretien du centre d'hébergement des rapatriés d'Indochine de Saint-Livrade (Lot-et-Garonne).

Article 30 - Réinstallation des rapatriés - dépenses déconcentrées : 0,496 millions de francs

Subventions d'installation (installation de la famille rapatriée) aux rapatriés salariés et aux personnes de plus de 50 ans inactives ou infirmes ; capital de reconversion aux anciens non-salariés reconvertis au salariat, subvention complémentaire de reclassement aux rapatriés non salariés réinstallés dans une activité indépendante.

Article 40 - Régime sociaux - dépenses non déconcentrées : 4,694 millions de francs

Participation au régime temporaire de sécurité sociale (durant la première année suivant le rapatriement) ; prise en charge des retraites dues aux anciens personnels du service des eaux d'Oran et des manufactures de tabacs d'Algérie.

Article 50 - Aides sociales et actions culturelles - dépenses non déconcentrées : 15,3 millions de francs

Secours aux rapatriés se trouvant dans une situation financière difficile, attribués par l'administration centrale ; aide spéciale versée aux conducteurs de taxis rapatriés qui restituent leur licence (incessible) qui leur avait été attribuée dans le cadre de l'ordonnance n° 62-913 du 4 août 1962 ; versement de subventions à des associations de rapatriés de dimension nationale ; versement de l'aide exceptionnelle de l'Etat aux rapatriés réinstallés.

Article 60 - Action sociale, éducative et culturelle - dépenses déconcentrées : 10,542 millions de francs

Les crédits inscrits à l'article 60 sont des crédits déconcentrés aux préfets pour leur permettre l'application du plan d'action prévu par la loi du 11 juin 1994 et ses textes réglementaires.

Article 70 - Régimes sociaux - dépenses déconcentrées : 10,542 millions de francs

Prise en charge des rachats de cotisations de retraite complémentaire des anciens Harkis (régime Ircantec) ; allocation spécifique aux conjoints survivants des anciens membres des formations supplétives.

Article 80 - Aides sociale et actions culturelles - dépenses déconcentrées : 2,032 millions de francs

Secours sociaux accordés par les préfets aux rapatriés démunis (l'aide financière est limitée à 3.000 francs par an et par famille) ; secours de désendettement immobilier (SEDI).

F. LES AUTRES DÉPENSES

1. La tutelle et curatelle de l'Etat

Le nombre des décisions judiciaires confiant à l'Etat des mesures de tutelle et curatelle, en application de l'article 433 du code civil, est toujours en accroissement rapide : 21.000 décisions ont été rendues en 1997, soit une progression brute de + 27 % par rapport à l'année précédente et une progression nette de + 14,4 % compte tenu des mesures éteintes en cours d'année (le stock est de 88.000).

En conséquence, la dotation correspondante (chapitre 46-23, article 60) est portée à 571,5 millions de francs pour 1999, soit une hausse de + 9,9 %.

Deux systèmes de tutelle coexistent dans notre droit : la tutelle familiale qui fait reposer la charge tutélaire sur la famille, et la tutelle publique qui consiste à confier à un organisme public ou privé la charge de la tutelle, sous le contrôle de l'Etat. La tutelle d'Etat, la curatelle d'Etat ou la tutelle en gérance appartiennent à cette catégorie.

La tutelle publique n'intervient que subsidiairement à la tutelle familiale. L'article 433 du code civil prévoit que : "Si la tutelle reste vacante, le juge des tutelles la défère à l'Etat s'il s'agit d'un majeur (...)". Les conditions du transfert à l'Etat de la tutelle sont ainsi, en principe, très strictes : le vide de la famille restreinte et de la famille étendue doit être constaté (majeurs protégés n'ayant plus de famille ou membres de la famille demandant à être dispensés des charges tutélaires en raison d'un des motifs énumérés à l'article 428 du code civil : âge, maladie, éloignement, occupations professionnelles ou familiales exceptionnellement absorbantes...).

En réalité, on constate depuis une dizaine d'années une tendance de certains juges des tutelles à écarter la famille, même dans des cas où les membres de celle-ci ne font pas preuve d'indifférence à l'égard de la protection de la personne protégée.

La cour de cassation a ainsi été conduite à censurer certaines décisions de justice qui n'avaient pas tenu compte de la volonté de la famille d'assurer la charge de la tutelle ni constaté l'impossibilité de réunir un conseil de famille.

Le décret n° 85-193 du 7 février 1985 a instauré un système de rémunération du tuteur ou du curateur d'Etat, reposant à titre principal sur les ressources du majeur protégé, complétée sous certaines conditions par une rémunération financée par le budget de l'Etat.

L'arrêté du 15 janvier 1990 prévoit des taux de participation progressifs applicables sur trois tranches de revenu au-dessous d'un niveau fixé au montant brut du SMIC majoré de 75 %. Au-dessus de ce montant, l'Etat n'assure aucun financement, mais le juge des tutelles peut autoriser des prélèvements supplémentaires si l'importance des biens à gérer le justifie.

L'exercice de la tutelle est confié par le juge des tutelles à des personnes physiques ou des personnes morales qualifiées, inscrites sur une liste établie par le procureur de la République, après avis du préfet.

Les prévisions pour 1998 et 1999 font apparaître une dérive préoccupante des décisions judiciaires de tutelle publique, et des crédits afférents.

Evolution des décisions de tutelle et des crédits afférents

 

1996

1997

1998 (prévisions)

1999 (prévisions)

Nombre de mesures

77.005

88.080

100.000

113.000

Evolution en %

14,3 %

14,4 %

13,5 %

13 %

Dépenses (en millions de francs )

404

455

520

571,5

2. Les services des droits des femmes

Les crédits consacrés à la promotion et l'information relatives aux droits des femmes (chapitre 43-02) sont augmentés de 8,4 millions de francs pour s'établir à 80,5 millions de francs pour 1999, soit une hausse de + 11,5 % par rapport à 1998.

Cette augmentation des crédits fait suite à la baisse de 8,5 % enregistrée en 1998 par rapport à 1997.

Les dépenses non déconcentrées (article 10), d'un montant de 18,5 millions de francs, correspondent aux aides aux associations et organismes à vocation nationale, notamment le Centre national d'information sur les droits des femmes (CNIDF). La progression des moyens en 1999 est de 2,4 millions de francs, soit 800.000 francs au titre de la conférence des ministres de l'Union européenne chargés de légalité des chances et 1,6 million de francs pour les associations ou organismes précédemment mentionnés.

Les dépenses déconcentrés (article 20), d'un montant de 62 millions de francs, permettent de financer l'aide aux centres d'information sur les droits des femmes (CIDF), les structures pour les femmes victimes de violences, les bureaux de ressources juridiques internationales, les interventions des "femmes relais" pour l'insertion et les mesures dans le domaine de l'emploi et de la formation. Les moyens augmentent en 1999 de 6 millions de francs, dont 5,1 millions de francs dans le cadre du plan national d'action pour l'emploi afin de renforcer l'égalité des chances, et 850.000 francs pour les subventions de projets et les permanences d'écoute pour les femmes victimes de violences.

3. Les subventions à divers régimes de protection sociale

La subvention d'équilibre à la caisse autonome nationale de sécurité sociale dans les mines (chapitre 47-23, article 10) augmente en 1999 de 58,1 millions de francs pour s'établir à 1,563 milliard de francs, soit une hausse de + 3,9 % par rapport à 1998.

Comme chaque année, votre rapporteur s'interroge sur la justification du rattachement de cette subvention d'équilibre au budget de la Santé et de la solidarité. En effet, l'usage est plutôt de rattacher chaque subvention d'équilibre allouée à un régime spécial de sécurité sociale au ministère qui a la tutelle du secteur d'activité correspondant.

Ainsi, la subvention d'équilibre du BAPSA est inscrite au chapitre 46-32 du budget de l'agriculture, la subvention d'équilibre du régime de retraite de la SNCF est inscrite au chapitre 47-41 du budget des transports terrestres et la subvention d'équilibre de l'ENIM est inscrite au chapitre 47-37 du budget de la mer.

Appliquée au cas présent, cette logique budgétaire devrait conduire à rattacher la subvention d'équilibre de la CANSSM au budget de l'industrie . Il convient d'ailleurs de relever que le budget de l'Industrie comporte d'ores et déjà des crédits destinés à financer les prestations spécifiques dont bénéficient certains mineurs pensionnés (chapitre 46-93).

A côté de la subvention d'équilibre au régime des mineurs, le chapitre 47-23 comporte des subventions aux régimes de sécurité sociale des territoires et des collectivités d'outre-mer, pour un montant bien moindre de 257,5 millions de francs, en quasi reconduction par rapport à 1998. Ces subventions se répartissent comme suit :

- 7,3 millions de francs au titre de l'allocation vieillesse de Saint-Pierre-et-Miquelon (article 50), en progression de 1,4 % par rapport à 1998 ;

- 30 millions de francs au titre de la protection sociale des collectivités territoriales de Saint-Pierre-et-Miquelon et de Mayotte (article 60), ces crédits étant reconduits à leur niveau de 1998 ;

- 220,2 millions de francs au titre de la protection sociale des territoires d'outre-mer (article 70), ces crédits étant reconduits à leur niveau de 1998.

4. Les dépenses d'équipement social

Les subventions d'équipement social (chapitre 66-20, articles 10, 20, 30, 50 et 60) diminuent de - 18,3 % en autorisations de programme, pour atteindre 255,3 millions de francs, et de - 2,5 % en crédits de paiement, pour s'établir à 303,4 millions de francs.

Plus des deux tiers de ces crédits sont consacrés à la transformation des établissements d'hébergement des personnes âgées, à raison de 227 millions de francs en autorisations de programme et de 232,2 millions de francs en crédits de paiement.

Sur la période 1994-1998, les crédits consacrés, dans le cadre des contrats de plan, à l'humanisation des hospices s'élèvent à 1,817 milliard de francs pour l'Etat, 584 millions de francs pour les régions, et 1,411 milliard de francs pour les départements.

VI. LES DÉPENSES D'INTÉGRATION ET DE LUTTE CONTRE L'EXCLUSION

Les crédits consacrés aux politiques d'intégration et de lutte contre l'exclusion s'élèvent pour 1999 à 35,514 milliards de francs , en augmentation de + 18,9 % par rapport au budget voté de 1998. Ils représentent 44,4 % du budget de la Santé et de la solidarité.

A. LE REVENU MINIMUM D'INSERTION

Les crédits consacrés à l'allocation du RMI (chapitre 46-21) s'accroissent de 1,073 milliard de francs par rapport à 1998 et atteignent 26,4 milliards de francs, soit une progression de + 4,3 %. Ces moyens nouveaux tiennent compte de l'augmentation prévue du nombre des bénéficiaires et de la revalorisation de l'allocation.

L'évolution des effectifs du RMI en métropole a été forte jusqu'en 1994, avec une croissance annuelle moyenne de 15 % par an, liée d'abord à la montée en charge initiale du RMI puis à la mauvaise conjoncture de 1993. Depuis 1995, le rythme a diminué sensiblement : 4,7 % en 1995 et 7,5 % en 1996. L'année 1997, malgré un contexte de baisse de chômage en fin d'année, se clôture par un résultat se situant dans la moyenne des deux années précédentes, avec une hausse de 5,8 % en 1997. Les premiers effets de l'amélioration de la situation de l'emploi sur l'évolution des effectifs du RMI devraient se faire sentir en 1998.


Année

Métropole

DOM

Total

Evolution

1991

488.422

93.939

582.361

14,1 %

1992

575.035

96.208

671.243

15,2 %

1993

696.589

96.335

792.944

18,1 %

1994

840.839

104.171

946.010

4,1 %

1995

903.804

106.668

110.472

6,8 %

1997

956.596

101.305

106.790

5,7 %

Le nombre d'allocataires du RMI au 31 décembre 1997 s'élevait à 1.067.901 : 956.596 en métropole et 111.305 dans les départements d'outre-mer. Le RMI couvrait ainsi, avec les conjoints ou les concubins et les enfants à charge, 2.029.485 personnes, soit 3,1 % de la population en métropole et 16 % dans les départements d'outre-mer.

La progression du nombre d'allocataires a atteint 5,7 % en 1997, elle et en recul de plus d'un point par rapport à celle enregistrée en 1996. Le ralentissement de la croissance a été un peu plus sensible en métropole, où le taux de progression, 5,8 %, est en baisse de près de deux points. Dans les départements d'outre-mer, après deux années d'évolution mesurée, l'augmentation du nombre d'allocataires a été plus importante en 1997 : + 4,3 %, mais s'est maintenue en-dessous du niveau métropolitain.

Les disparités départementales restent importantes en 1997, six départements enregistrent une baisse de leurs effectifs, tandis que dans huit départements la progression est supérieure à 10 %.

La carte du RMI recouvre en fait celle du chômage : les départements où la proportion de bénéficiaires du RMI est forte sont en général ceux où le taux de chômage est important.

Le profil des bénéficiaires a fort peu évolué depuis la création du dispositif. L'âge des allocataires, la composition des familles, la répartition homme/femme sont ainsi restés stables, même si par ailleurs les jeunes notamment sont plus diplômés qu'il y a neuf ans, ce qui s'explique largement par l'évolution générale des nivaux de formation.

Les allocataires du RMI constituent une population relativement jeune : trois sur dix ont moins de trente ans, alors que la condition d'âge interdit l'entrée aux jeunes de moins de 25 ans sauf s'ils ont des enfants. Les plus de 60 ans sont à l'inverse sous-représentés, ces personnes bénéficiant de droits à la retraite, ou au minimum vieillesse pour les plus démunis. La prépondérance des jeunes s'explique par leurs droits limités à l'indemnité du chômage ainsi que par la plus forte proportion de personnes isolées parmi cette population.

Le nombre de contrats d'insertion signés en 1997 s'est élevé à 711.797 en métropole, soit une hausse de 12,1 % par rapport à 1996. Cette progression, deux fois plus importante que la hausse du nombre d'allocataires (5,8 %), est la plus forte enregistrée ces trois dernières années en métropole.

 

1994

1995

1996

1997

Contrats signés ou renouvelés

557.950

601.191

634.945

711.797

Progression annuelle

 

7,7 %

5,7 %

12,1 %

Les contrats initiaux sont en progression de 5,5 % par an et représentent 32 % des contrats signés. Les renouvellements de contrats augmentent plus sensiblement, traduisant la continuité du suivi des personnes qui ont le plus de difficultés à se réinsérer.

Le tableau ci-dessous retrace l'évolution des crédits consacrés par l'Etat à l'allocation du RMI depuis 1991.

Crédits d'allocation du RMI

(En millions de francs)

1991

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1998

1999

14.318

13.163

16.631

19.217

22.022

23.000

24.230

25.327

26.400

Les dépenses d'allocation ne constituent pas les seuls crédits engagés par l'Etat au titre du RMI. Il convient d'y ajouter :

- les dépenses de gestion et d'animation du dispositif, soit 250 millions de francs en 1997 ;

- la créance de proratisation versée aux DOM, soit 817 millions de francs en 1997 ;

- les mesures emplois bénéficiant aux allocataires du RMI (CES, CIE, SIFE, ACCME), soit 6,7 milliards de francs en 1997 ;

- les majorations d'aide au logement dont bénéficient les allocataires du RMI, soit 1 milliard de francs en 1997 ;

- l'aide médicale gratuite pour les personnes sans résidence stable, soit 400 millions de francs en 1997.

Les crédits d'insertion à la charge des départements sont égaux à 20 % des sommes versées par l'Etat l'année précédente au titre de l'allocation, afin de financer des actions d'insertion pour les bénéficiaires du RMI. Ces crédits se sont élevés à 4,46 milliards de francs en 1997.

On note un net ralentissement de la croissance de la charge des départements de 1995 à 1997, lié à la diminution de la croissance des effectifs et des coûts du RMI.

Crédits d'insertion du RMI

(en milliards de francs)

1992

1993

1994

1995

1996

1997

1,988

2,328

2,824

3,400

3,745

4,047

Outre les dépenses d'insertion, les départements doivent financer la couverture-maladie des bénéficiaires. Les crédits engagés par les départements pour permettre l'accès aux soins des bénéficiaires du RMI se sont élevés à 6,1 milliards de francs en 1997.

Au total, les dépenses directement liées au RMI peuvent être estimées à environ 44 milliards de francs en 1997, dont plus des trois-quarts à la charge de l'Etat.

B. LES CENTRES D'HÉBERGEMENT ET DE RÉADAPTATION SOCIALE

Les crédits consacrés aux Centres d'hébergement et de réadaptation sociale (chapitre 46-23, article 22) bénéficient d'un ajustement aux besoins de 35,5 millions de francs et d'une mesure nouvelle de 42 millions de francs qui permettra de créer 500 places supplémentaires . Au total, leur dotation progresse de + 3,2 % par rapport à 1998 pour atteindre 2,5 milliards de francs .

Les créations de places intervenues depuis 1996 portent la capacité d'hébergement des centres à 30.820 places en 1998. Le nombre de personnes employées dans les CHRS était de 9.662 en 1996, correspondant à 7.605 équivalent temps plein.

Les CHRS ont réalisé plus de 150.000 prises en charge en 1996. Les origines des personnes accueillies sont les suivantes : 23 % avaient un logement qu'elles ont dû quitter ; 19 % étaient sans abri ; 34 % provenaient d'un autre établissement social, notamment du secteur psychiatrique.

S'agissant des durées de séjour en CHRS, 74 % des personnes restent moins de six mois, 18 % de six mois à un a n, et 8 % au-delà d'un an. Une durée d'un an peut s'expliquer dans le cas des familles nombreuses, pour lesquelles la recherche d'un logement s'avère difficile.

C. LES CRÉDITS DE LUTTE CONTRE L'EXCLUSION

Les crédits consacrés à l'intégration et à la lutte contre l'exclusion (chapitre 47-21, articles 60 et 70), augmentent de + 23,7 % par rapport à 1998, pour s'établir à 943,4 millions de francs. Cette augmentation recouvre de nombreuses mesures nouvelles : extension de l'appui social individualisé (100 millions de francs) ; renforcement des résidences sociales (80 millions de francs) ; urgence sociale et veille sociale (40 millions de francs) ; augmentation des fonds d'aide aux jeunes (120 millions de francs).

Les crédits consacrés à l'insertion par l'économique (chapitre 47-21, articles 80 et 90) progressent de + 35 % par rapport à 1998, pour atteindre 183,2 millions de francs. Ces crédits sont destinés aux structures spécialisées que sont les entreprises d'insertion, les régies de quartier, les associations intermédiaires et les chantiers-écoles.

Par ailleurs, les dépenses d'aide médicale gratuite (chapitre 46-23, article 81) sont reconduites pour 1999 au niveau de 807 millions de francs. Les dépenses à la charge de l'Etat, destinées principalement aux soins à l'hôpital, représentent moins de 10% de l'aide médicale gratuite, qui relève pour l'essentiel de la compétence des départements.

D. LES CRÉDITS D'INTÉGRATION

Les crédits consacrés aux interventions en matière de populations et de migrations (article 47-81 nouveau, articles 20 et 30) sont reconduits en 1999 au niveau de 59 millions de francs. Ils sont destinés principalement au financement des contrats d'agglomération conclus entre l'Etat et les communes pour les programmes locaux d'insertion des immigrés, à la coordination du réseau national d'accueil des réfugiés, à l'accompagnement social dans les centres de rétention, et aux actions de formation linguistique et professionnelle des réfugiés.

Les crédits consacrés aux allocations d'attente pour les réfugiés et demandeurs d'asile (article 47-81 nouveau, article 40) augmentent de 18 millions de francs en 1998 à 32 millions de francs pour 1999. Toutefois, l'essentiel de cette hausse apparente s'explique par la non reconduction d'une mesure d'économie.

Les crédits consacrés aux centres d'hébergement et de réadaptation sociale pour les réfugiés (chapitre 46-23, article 21) augmentent de + 3,1 % en 1999, pour atteindre 303,9 millions de francs. Une mesure nouvelle de 5,7 millions de francs est prévue pour la création de 100 places supplémentaires.

CHAPITRE II

LES INSUFFISANCES DE LA POLITIQUE
DE SANTÉ PUBLIQUE

I. LES DYSFONCTIONNEMENTS DE LA LUTTE CONTRE LA TOXICOMANIE

A. LES CRITIQUES DE LA COUR DES COMPTES

La Cour des comptes a rendu public en juillet 1998 un rapport particulier sur le dispositif de lutte contre la toxicomanie, particulièrement critique.

Alors que les crédits pour la lutte contre la toxicomanie dépassent un milliard de francs dans le budget pour 1998, la Cour constate que la multiplicité des administrations concernées et l'implication croissante des collectivités locales rendent difficiles, voire impossible, l'identification de tous les crédits affectés, et donc le contrôle de leur emploi.

Crédits spécifiques toxicomanie en LFI

(en millions de francs)


 

Crédits ministériels

Crédits Santé et ville
(chapitre 47-15)

Total des crédits

1987

250,0

294,2

544,2

1988

200,0

294,2

494,2

1989

200,0

346,4

546,4

1990

250,0

352,6

602,6

1991

250,0

438,9

688,9

1992

246,9

439,9

686,8

1993

246,9

461,1

708,0

1994

237,0

484,5

721,5

1995

215,5

619,1

834,6

1996

230,5

690,4

920,9

1997

230,5

751,4

981,9

1998

294,5

779,7

1.074,2

Les fréquentes modifications de la nomenclature budgétaire compliquent de surcroît l'inventaire et le suivi des crédits spécifiquement alloués au dispositif de lutte contre la toxicomanie.

La Cour des comptes dénonce par ailleurs l'instabilité chronique dont a souffert la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (MILT), qui a connu 13 responsables différents depuis sa création en 1982.

La Cour estime que la MILT ne parvient pas à financer d'actions innovantes, n'exerce pas un réel contrôle sur l'emploi des crédits interministériels et ne joue qu'un rôle réduit dans le domaine international. Elle relève également que " la capacité d'initiative de la MILDT est compromise par les délais de répartition des fonds aux ministères utilisateurs, qui retardent la mise en place des financements auprès des acteurs de terrain : alors que 70 % des crédits de ce " chapitre-réservoir " devraient avoir été répartis à la fin du premier trimestre d'un exercice, seuls 24,7 % l'ont été, en moyenne, de 1990 à 1996 ; 38 % des répartitions sont intervenues au second semestre. "

Toutefois, la Cour des comptes constate que " les lacunes de la coordination interministérielle ne sont pas imputables aux seuls acteurs administratifs. La volonté politique dans le domaine de la lutte contre la drogue et la toxicomanie, qui devrait s'exprimer au niveau du comité interministériel et orienter la mission interministérielle, a été hésitante (...) "

" Parfois élaborés à la hâte, sans analyse précise des besoins ni évaluation des actions déjà mises en oeuvre, les programmes et plans gouvernementaux comportent des mesures insuffisamment étudiées (...) "

" Ces programmes et plans d'action procèdent plus de la juxtaposition des préoccupations de chaque département ministériel que d'une véritable politique commune. "


S'agissant du financement des antennes toxicomanie, qui sont des centres de soins spécialisés, la Cour des comptes observe que " les délégations de dotations sont tardives et les crédits ne sont versés qu'en fin d'année aux établissements hospitaliers. Les hôpitaux de rattachement des antennes supportent, dès lors, la charge de l'avance de trésorerie sur leur dotation globale, en assurant notamment le règlement des salaires (...)

La gestion budgétaire de ces crédits est parfois peu transparente. Certaines antennes n'ont même pas connaissance de leur budget
".

La Cour s'inquiète également des délégations d'attribution aux associations : " comme dans la plupart des autres pays, les initiatives sont venues des bénévoles ou de professionnels, en marge du système de soins. Le dispositif français reste ainsi marqué par un très large recours au secteur associatif puisque 70 % des centres du dispositif spécialisé sont gérés par des associations .

La conséquence de ce fractionnement est la multiplicité des structures : sur environ 330 institutions répertoriées, 236, soit près des trois-quarts, sont des associations, financées en totalité ou en majeure partie par l'Etat avec lequel elles ont passé des conventions. Ces associations sont très présentes dans le dispositif de soins ; elles le sont encore plus dans le dispositif de prévention et dans celui de réinsertion. "

Cette importance des associations n'est pas sans inconvénient, car " l'implantation géographique des structures associatives dépend souvent plus du dynamisme de leurs animateurs que de l'importance de la toxicomanie dans le département ou la commune où elles sont implantées. Dans la majeure partie des cas, elles agissent de manière séparée. Elles ont une propension à ivre en circuit fermé, sélectionnant " leurs " toxicomanes à partir de leur réseau et ignorant une grande partie des autres acteurs du dispositif sanitaire et social, ainsi que les intervenants institutionnels ".

" Alors que la petite taille des structures associatives existantes entraîne des coûts fixes élevés (charges de personnel, locaux), la dispersion du tissu associatif accroît la difficulté de mettre en oeuvre une politique nationale et de la coordonner efficacement sur tout le territoire, notamment en matière de prévention et de communication ".

Au-delà de ce problème d'adéquation dans la répartition des moyens et de coordination des actions, la délégation de gestion aux associations pose des problèmes de contrôle : " le plus souvent, les pouvoirs publics rencontrent des difficultés quand ils demandent à ces structures de définir des indicateurs de suivi et de résultats, qu'elles assimilent à un contrôle tatillon ; leurs présidents et directeurs sont souvent des personnalités locales ou scientifiques qui siègent aux conseils d'administration ou aux conseils scientifiques d'autres associations. L'évaluation administrative et financière d'un dispositif auquel l'Eat délègue une partie importante de ses prérogatives se heurte à la culture du milieu associatif des intervenants en toxicomanie ".

Enfin, la Cour des comptes regrette " que n'ait pas été mise en place, au sein de la mission scientifique et technique du ministère de la recherche, une instance chargée d'établir la programmation des recherche en toxicomanie, d'en centraliser les résultats et d'en organiser la diffusion. "

Relevant la faible implication du ministère de la recherche dans la procédure et l'action interministérielle, la Cour estime que " l'Etat n'a pas défini les axes prioritaires de la recherche en toxicomanie ni mis en place l'organisation appropriée ".

B. L'UTILISATION DES CRÉDITS EN 1998

Les crédits du chapitre 47-15 Programmes et dispositifs de lutte contre les toxicomanies s'élèvent à 779,8 millions de francs en 1998.

Les dépenses de remboursement de la prise en charge sanitaire des toxicomanes (article10), d'un montant de 86 millions de francs, correspondent au remboursement aux centres hospitaliers de la prise en charge des sevrages des patients toxicomanes et à l'achat de la méthadone prescrites en centres spécialisés de soins aux toxicomanes.

Les dépenses consacrées aux structures de lutte contre la toxicomanie (article 40), d'un montant de 613 millions de francs, déconcentrés dans les DDASS, ont permis :

- le financement de centres spécialisés de soins aux toxicomanes (624,5 millions de francs) ;

- le financement de la partie ville de réseaux toxicomanie-ville-hôpital (6,5 millions de francs).

Par ailleurs, les crédits provenant de la MILDT (article 47-16) déconcentrés dans les DDASS, ont permis :

- de poursuivre le rattrapage des déséquilibres budgétaires de l'ensemble des centres spécialisés de soins aux toxicomanes avec hébergement collectif, dus aux incidences des avenants aux conventions collectives et aux protocoles d'accord pour certaines catégories de personnel (4,8 millions de francs) ;

- le développement du dispositif spécialisé des soins en ambulatoire et avec hébergement (12,3 millions de francs) ;

- le développement du rôle de conseil des centres de soins auprès de professionnels médicaux et sociaux amenés à prendre en charge des personnes toxicomanes (soit 3,0 millions de francs).

Les dépenses non déconcentrées d'action en faveur des toxicomanes et de leur famille (article 50), d'un montant de 13 millions de francs, ont permis le financement de l'association nationale des intervenants en toxicomanie (ANIT) à hauteur de 490.000 francs.

Ces crédits ont été abondés de crédits interministériels, provenant du chapitre interministériel 47-16 de la MILDT, à hauteur de 5 millions de francs destinés à l'association Toxibase, qui gère une banque de donnée informatisée sur les toxicomanies.

Les 12,4 millions de francs restant ont été sous-répartis sur l'article 60, dépenses déconcentrées.

Les dépenses déconcentrées d'actions en faveur des toxicomanes et de leur famille (article 60), d'un montant initial de 49,8 millions de francs, ont été abondés de 12,4 millions de francs sous-répartis de l'article 50, de crédits interministériels, provenant du chapitre interministériel 47-16 de la MILDT, d'un montant de 11,7 millions de francs et de 4 millions de francs destinés à la création de points écoute dans le cadre de la loi relative à la lutte contre les exclusions, soit un total de 77,8 millions de francs.

Ces crédits déconcentrés dans les DDASS ont permis le financement :

- de 78 points écoute jeunes et parents existants (32,8 millions de francs) ainsi que de nouveaux points écoute créés en fin d'année dans le cadre de la loi relative à la lutte contre les excusions (soit 4 millions de francs) ;

- de 2 " sleep-in " à Paris et Marseille (soit 18 millions de francs) ;

- de 8 Quartiers Intermédiaires pour Sortants (QIS) au sein de maisons d'arrêt (soit 5 millions de francs) ;

- du " Kaléidoscope "de Paris (soit 3,5 millions de francs) ;

- de 26 ateliers d'insertion (soit 11,6 millions de francs) ;

- d'actions de prévention (soit 800.000 francs).

La dotation du chapitre 47-15 pour 1999 s'établit à 815,7 millions de francs. Ces crédits permettront la reconduction de l'ensemble du dispositif spécialisé de prévention et de soins aux toxicomanes, avec l'application d'un taux d'évolution de 4,6 %.

Votre rapporteur prend acte de certains efforts réalisés pour renforcer le contrôle et l'évaluation du dispositif de lutte contre la toxicomanie, suite aux observations de la Cour des comptes.

S'agissant des centres spécialisés de soins aux toxicomanes conventionnés avec l'Etat, deux rapports d'activités type, l'un pour les centres de soins en ambulatoire, l'autre pour les centres de soins avec hébergement, ont été rendus obligatoire en 1998. Ces outils standardisés de tutelle visent à obtenir des informations classifiées permettant une lecture simple au niveaux quantitatif de l'activité réalisée par ce dispositif.

En outre, une réflexion est actuellement en cours, avec l'Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé, afin d'élaborer des référentiels de bonnes pratiques en vue d'une évaluation périodique du dispositif sur la base de ces référentiels.

S'agissant des structures spécialisées de prévention dites points écoute, une évaluation est prévue au second semestre 1998, sur la base d'un appel d'offre émis par l'Observatoire Français des Drogues et de la Toxicomanie.

II. LES LACUNES DE LA POLITIQUE DE LUTTE CONTRE LE CANCER

Votre rapporteur avait engagé l'an dernier un examen du financement de la politique de lutte contre le cancer, dont il a récemment présenté les conclusions (rapport d'information du sénat n° 31-1998/1999). Ce travail lui a permis de constater les lacunes de l'information financière relative à cette politique, qui souffre par ailleurs d'un défaut d'organisation plus profond.

Sans reprendre tous les développements de ce rapport d'information, une actualisation des chiffres relatifs au cancer, qui est en voie de devenir la première cause de mortalité, apparaît opportune.

A. UNE CAUSE DE MORTALITÉ IMPORTANTE

Avec 147.721 décès en 1996, les cancers représentent la deuxième cause de mortalité en France derrière les affections cardio-vasculaire, soit environ 28 % des décès.

Depuis 1989, les cancers sont en France la première cause de mortalité pour les hommes qui meurent 1,6 fois plus de cancer que les femmes. En 1996, dernière année disponible, ils représentent 89.194 décès (32 % de décès masculins), et se placent avant les maladies cardio-vasculaires. Chez la femme, les cancers sont responsables de 58.527 décès (23 % des décès féminins) et constituent la seconde cause de mortalité après les maladies cardio-vasculaires.

Le taux standardisé de mortalité par cancer pour 100.000 habitants, en 1995, est de 296 pour 100.000 chez les hommes et de 131 pour 100.000 chez les femmes.

Les cancers représentent en 1996 la première cause de décès prématurée, avec 37 % de décès avant 65 ans. Ainsi les APVP (Années Potentielles de Vie Perdues) dues aux décès par cancer entre 1 et 64 ans représentent, en 1996, 32 % du total des APVP, derrière les morts accidentelles et violentes. Cette part a augmenté de près de 2 % entre le début et la fin des années quatre-vingt.

La mortalité par cancer chez les hommes entre 0 et 64 ans a très régulièrement augmenté depuis le début des années soixante-dix jusqu'en 1985, date à laquelle la tendance a commencé à s'inverser. Cette évolution a placé la France en tête des pays de l'Union européenne. Par contre, la mortalité pour les femmes a baisé régulièrement, comme la moyenne communautaire et situe la France au quatrième rang des pays de l'Union.

B. DES ORIENTATIONS GÉNÉRALES TROP VAGUES

En réponse à votre rapporteur, le ministère de la Santé a exposé les orientations générales et les actions prioritaires de la politique de lutte contre le cancer de la manière suivante.

Dans le domaine de la prévention des cancers le tabagisme est la cause principale de survenue d'un cancer du poumon ; pour les cancers des voies aéro-digestives supérieures, l'association alcool-tabac est le facteur de risque essentiel. Les dispositifs de lutte pour réduire la consommation de ces produits devraient être renforcés à la fois sur le plan de la prévention et de l'éducation à la santé chez les jeunes. L'application des textes réglementaires visant à réduire l'usage du tabac dans les lieux publics et relatifs à la publicité pour l'alcool et le tabac devrait être renforcée. Par ailleurs, le renforcement du dispositif de soins concernant le sevrage et la prise en charge des personnes dépendantes est indispensable pour permettre une prise en charge précoce.

L'alimentation pourrait favoriser un tiers des cancers, notamment par une consommation élevée en graisses ou une consommation insuffisante en fibres ; c'est pourquoi la promotion d'une alimentation équilibrée, riche en fruits et en légumes frais doit être poursuivie notamment auprès des enfants et adolescents. Les facteurs de risque professionnels font l'objet d'une vigilance et les consignes de sécurité doivent être rappelées.

La conférence nationale de santé réunie en 1997 a recommandé d'intégrer les stratégies de dépistage dans des programmes de prévention pluriannuels centrés sur la personne et adaptés au sexe, à l'âge et aux facteurs de risque de chacun. Cette approche, qui suppose une concertation avec les professionnels, permettrait une prise en charge globale des patients et une meilleure implication des médecins. Cette proposition insiste aussi sur l'élaboration de critères de qualité, une coordination et une formation adaptée des acteurs, ainsi que des moyens d'évaluation et de suivi des résultats.

La mise en place de programmes nationaux engage la responsabilité des pouvoirs publics sur la qualité des services offerts à la population concernée. L'assurance de qualité de toute la chaîne de dépistage doit être garantie : formation, qualité des examens, suivi des examens anormaux recueil des indicateurs et évaluation des programmes.

Un dispositif législatif élargissant le dépistage organisé, dans le cadre de la lutte contre certaines maladies mortelles évitables, est proposé dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999. Il s'appliquera, dans un premier temps, au dépistage du cancer du col de l'utérus et au dépistage du cancer du sein.

Des moyens financiers et humains sont indispensables pour pouvoir mettre en place un tel programme de santé publique qui nécessite la mobilisation de moyens importants. La stratégie vise à terme, non pas seulement l'offre d'un dépistage de qualité pour toute la population qui participe au programme, mais surtout la garantie d'une offre de soins de qualité sur toute la chaîne de soins.

Dans le domaine de l'organisation des soins, la circulaire n° 98/213 du 24 mars 1998 relative à l'organisation des soins en cancérologie dans les établissements de santé publics et privés précise les principes d'organisation et vise à promouvoir la nécessaire pluridisciplinarité des traitements, à garantir à tous les patients une égalité d'accès à des soins de qualité et à assurer la gradation, la coordination et la continuité des soins par la constitution de réseaux de soins.

Dans le domaine des soins palliatifs, un certain nombre d'actions pilotes initiées à un niveau régional ou départemental par les services déconcentrés ont été soutenues. Ces actions s'inscrivent dans les programmes régionaux de santé quand ils existent.

Expérimentés à partir de 1994 par la région Alsace sur la thématique du cancer puis par la région Champagne-Ardenne, les programmes régionaux de santé associent l'ensemble des professionnels et institutions concernés par la lutte contre la cancer dans la région (statistiques, prévention, dépistage, soins en incluant la douleur et la qualité de la vie). Ils décrivent l'ensemble des objectifs à atteindre et d'actions à réaliser. L'évaluation régulière a été prévue a priori ainsi que les indicateurs nécessaires. Ces programmes sont intéressants par la dynamique mise en oeuvre et les leçons que l'on pourra en tirer, au niveau national et pour les autres régions qui mettront en place un programme de ce type. En 1998, cinq régions sont concernées : Alsace, Auvergne, Bretagne, Champagne-Ardenne, Nord-Pas-de-Calais.

Votre rapporteur est en accord avec ces orientations, qui recoupent les propres propositions de son rapport d'information. Néanmoins, une volonté sans faille des pouvoirs publics et une mobilisation de tous les acteurs sont indispensables, si l'on ne veut pas qu'elles restent des voeux pieux.

C. DES MOYENS FINANCIERS MAL CONNUS

Comme votre rapporteur a pu le constater dans le cadre de ses travaux antérieurs, il reste difficile de chiffrer avec précision l'ensemble des financements de la politique de lutte contre le cancer, car leurs sources sont multiples et leurs natures souvent non spécifiques.

Les crédits spécifiquement consacrés à la lutte contre le cancer dans le budget du ministère de l'emploi et de la solidarité sont relativement faibles, car l'essentiel des soins liés au cancer (dépistage et traitements) est financé par l'assurance-maladie, au titre de la gestion du risque ou du fonds national de prévention (FNPEIS).

1. La contribution budgétaire de l'Etat

S'agissant de la prévention et des soins, 5 millions de francs sont attribués de façon spécifique chaque année depuis 1994 sur le chapitre 47-11 Pathologies-organisation des soins pour mettre en place des actions dans le domaine du cancer, et particulièrement pour la coordination et l'évaluation du programme de dépistage du cancer du sein. De plus, 2,5 millions de francs de crédits sont consacrés à la connaissance épidémiologique des cancers, incluant en particulier le financement des registres de cancer.

A ces crédits, s'ajoute le financement de nombreuses actions de prévention, d'éducation à la santé, d'information du grand public qui, bien que ne se limitant pas à la seule prévention du cancer, visent à en réduire les risques. Parmi les plus importantes, on peut citer les actions contre le tabagisme, l'alcoolisme, l'incitation à une alimentation équilibrée réduisant les graisses et augmentant la part des fruits et légumes et des fibres, l'abus de l'exposition aux rayonnements ultraviolets naturels ou artificiels, la prévention des risques professionnels.

Aussi, compte tenu de ce recoupement d'actions, est-il difficile de déterminer de façon précise la part attribuée au cancer dans les crédits régionalisés de prévention, dans les subventions de fonctionnement du CFSE, ou d'autres chapitres du budget du ministère de l'emploi et de la solidarité.

En 1998, 1,6 million de francs sont consacrés à la lutte contre le tabagisme et 4,250 millions de francs à la lutte contre l'alcoolisme (essentiellement financement d'associations d'anciens buveurs), hors actions de soins et centres d'hygiène alimentaire (178 millions de francs).

S'y ajoutent également, sans qu'ils soient spécifiques à la lutte contre le cancer, les crédits consacrés à la protection contre les radiations ionisantes naturelles ou artificielles, à la prévention des risques professionnels et les crédits destinés à financer les mesures prises dans le cadre du plan d'action amiante.

S'agissant de la recherche, on peut estimer à 630 millions de francs en 1998 les crédits apportés par l'Etat pour la recherche sur le cancer dans les organismes publics de recherche, salaires compris. A ces crédits s'ajoutent les financements provenant des structures universitaires et les crédits du programme hospitalier de recherche clinique du ministère de la Santé (plus de 65 millions de francs pour la recherche clinique sur le cancer sur la période 1994-1996).

Une institution internationale, dont la France est membre, participe également à la recherche sur le cancer. Il s'agit du Centre International de Recherche sur le Cancer situé à Lyon, pour lequel la contribution française en 1998 est de 7,4 millions de francs.

2. La participation financière de l'assurance maladie

Des crédits spécifiques d'assurance maladie issus de l'enveloppe hospitalière sont prévus pour financer des actions au niveau national. A ce titre, dans un objectif d'amélioration des soins, les protocoles de traitements élaborés par la Fédération des centre de lutte contre le cancer ont bénéficié d'une subvention de 2,4 millions de francs sur trois ans depuis 1995. L'opération a été prolongée en 1998, avec un financement de 800.000 francs.

Les caisses d'assurance maladie financent des actions de prévention et de dépistage organisé au travers du FNPEIS pour le régime général, et, sur leurs fonds de prévention spécifiques, pour les autres régimes d'assurance maladie.

En 1997, le FNPEIS a consacré 125,6 millions de francs au dépistage organisé des cancers, dont 96 millions de francs pour le dépistage du cancer du sein. En 1998, le budget prévu pour le dépistage organisé des cancers est fixé à 229,60 millions de francs, dont 105 millions de francs pour le dépistage du cancer du sein. Les prévisions pour 1999 sont, respectivement, de 154,60 millions de francs et 30 millions de francs.

Cependant, le dépistage organisé ne représente qu'une partie du dépistage du cancer du sein, la grande majorité étant prise en charge sur la gestion du risque par l'assurance maladie. Au-delà du financement du dépistage organisé sur le FNPEIS, il faut aussi prendre en compte les examens de dépistage des cancers pratiqués dans les centres d'examens de santé, dont la part n'est pas précisée dans le budget de ces centres.

Dans le domaine de la prévention des cancers, le FNPEIS finance les grandes campagnes d'information du CFES : 20 millions de francs seront consacrés, chaque année de 1997 à 1999, spécifiquement à la lutte contre le cancer.

Par ailleurs, en 1997, d'autres campagnes ont été financées à hauteur de 19,15 millions de francs pour la prévention du tabagisme et 17,7 millions de francs pour la prévention de la consommation excessive d'alcool. Pour 1998, ces crédits sont portés respectivement à 50,5 millions de francs et 29,10 millions de francs et les prévisions pour 1999 s'élèvent à 50,5 millions de francs et 29,7 millions de francs.

S'agissant des soins, il n'existe pas d'estimation précise du coût du cancer pour l'assurance maladie. Que ce soit en hospitalisation ou en ambulatoire, il est très difficile pour le cancer comme pour les autres pathologies d'estimer le coût de leur prévention et de leur prise en charge. Quelques approximations sont néanmoins possibles.

D'après l'enquête de morbidité hospitalière du SESI de 1993, les tumeurs représentent environ 8 % des causes de séjour hospitalier soit un peu plus de 1 million de séjours hospitaliers pour tumeurs, sur un total de 13 millions de séjours. Le secteur public (PSPH inclus) accueille un peu plus de 60 % des malades atteints de cancer En 1995, à partir de la dépense de soins de court séjour dans les secteurs publics et privés et du budget attribué aux centres de lutte contre le cancer, on peut estimer, de façon très approximative, que la part consacrée à la prise en charge des patients cancéreux se situe entre 20 et 25 milliards de francs.

La Direction générale de la Santé estime que l'ensemble des médicaments anticancéreux a représenté 2,25 milliards de francs en 1996.

L'estimation de la part des soins ambulatoires consacrée au cancer est particulièrement délicate, quel que soit le niveau d'intervention : prévention, dépistage, soins, suivi. Pour ne citer que quelques exemples dans le domaine du dépistage, les examens de dépistage du cancer du col de l'utérus sont estimés à 500 millions de francs et, pour le dépistage du cancer du sein, à 1 milliard de francs, sans prendre en compte le coût des consultations.

3. Les ressources d'origine privée

En 1996, les institutions de recherche privées sans but lucratif (Instituts Pasteur de Paris et de Lille, Institut Curie) ont consacré 204 millions de francs à la recherche sur le cancer sur leurs fonds propres.

Par ailleurs, les grandes associations à but non lucratif (Fondation pour la recherche médicale, Ligue nationale contre le cancer, Association pour la Recherche sur le cancer) ont contribué en 1996 à la lutte contre le cancer pour 403 millions de francs, hors dépenses de fonctionnement.

III. LE RETARD DES OUTILS DE RÉGULATION DE L'ASSURANCE MALADIE

Le budget de la Santé et de la Solidarité accueille les dotations de l'Etat aux outils de régulation de l'assurance maladie prévus par les ordonnances de 1996. La mise en place de ces outils présente trop souvent des retards préjudiciables à la nécessaire maîtrise des dépenses de santé.

A. L'AGENCE NATIONALE D'ACCRÉDITATION ET D'ÉVALUATION EN SANTÉ

Créée sous la forme d'un établissement public administratif par l'ordonnance n°96-346 du 24 avril 1996 portant réforme de l'hospitalisation publique et privée, l'ANAES, au titre de sa mission d'accréditation , est chargée :

- d'élaborer ou de valider, selon des méthodes scientifiquement reconnues, des référentiels de qualité des soins et des pratiques professionnelles ;

- de diffuser et de favoriser l'utilisation de ces différentiels ;

- de mettre en oeuvre une procédure d'accréditation des établissements sanitaires, qui vise à porter une appréciation indépendante sur la qualité de leurs services à l'aide d'indicateurs, de critères et de référentiels.

Au titre de sa mission d'évaluation , qui concerne les champs hospitalier et ambulatoire, l'ANAES est chargée :

- d'élaborer, de valider et de diffuser des méthodes d'évaluation des soins et des pratiques professionnelles ;

- d'élaborer et de valider des recommandations de bonnes pratiques cliniques et des références médicales et professionnelles en matière de prévention, de diagnostic et de thérapeutique ;

- de donner un avis sur la liste des actes, prestations et fournitures, autres que les médicaments, pris en charge par l'assurance maladie ;

- de réaliser ou de valider des évaluations des technologies médicales.

L'ANAES apparaît donc comme un élément essentiel de la réforme du système de soins , qui doit contribuer à la transparence et à la rationalisation de l'allocation des ressources aux hôpitaux, en complément des données issues du PMSI. Elle s'est substituée à l'Agence nationale pour le développement de l'évaluation médicale (ANDEM).

Toutefois, l'Agence tarde à se mettre à l'oeuvre. Le décret précisant son organisation et son rôle n'a été pris que le 7 avril 1997. Par ailleurs, l'ANAES a rencontré des difficultés dans le recrutement de son personnel .

Une solution a été apportée par l'article 27 de la loi relative au renforcement de la vielle sanitaire et au contrôle de la sécurité sanitaire qui autorise l'ANAES à employer des personnels de droit public par la voie de contrats à durée déterminée, ainsi que des contractuels de droit privé pour des fonctions permanentes ou occasionnelles de caractère scientifique et technique.

La première version du manuel d'accréditation est pour l'instant expérimentée dans une quarantaine d'établissements volontaires, sélectionnés parmi deux cents dossiers de candidature. Elle est distribuée en outre à l'ensemble des établissements. La démarche d'accréditation ne sera cependant officiellement lancée qu'au début de 1999, lorsque la version consolidée du manuel sera achevée.

Le conseil scientifique de l'ANAES doit encore
se prononcer sur le choix des experts en évaluation et en accréditation qui effectueront les visites dans les établissements de santé pour lesquels les opérations de sélection et de recrutement ont débuté. A terme, ces professionnels, qui travailleront à temps partiel pour l'ANAES durant cinq à six semaines sur deux années, seront sans doute plusieurs centaines (200 à 300 dès 1999, 500 à 600 à terme). Ils devront faire l'objet d'une effort particulier en matière de formation ; 2.600 candidatures ont déjà été enregistrées et 75 personnes sont déjà en cours de formation.

Il reste enfin à constituer le collège d'accréditation, qui devra être installé au plus tard le 1 er mars prochain . Il n'est apparemment pas aisé de trouver des personnes disponibles durant trois ans pour une fonction dont la charge peut être évaluée entre un mi-temps et un temps plein, même dans le secteur public. En outre, se pose toujours le problème résultant de la jurisprudence du Tribunal des confits sur le recrutement de personnels privés par voie de contrat.

L'agence, qui emploie aujourd'hui 90 personnes, pour un effectif autorisé de 128 à la fin de 1999, est financée par l'Etat et l'assurance maladie. En 1998, la subvention de l'Etat a atteint 37,3 millions de francs et celle de l'assurance maladie 74,7 millions de francs.

Pour 1999, la subvention de l'Etat est simplement reconduite. Cette stabilité s'explique par l'importance des montants mis en réserve par l'ANAES, compte tenu du retard dans sa mise en place . Ainsi, pour l'exercice 1997, son compte financier a-t-il été arrêté à 22,8 millions de francs en dépenses et 86 millions de francs en recettes, soit un excédent de 63,2 millions de francs. En 1998, son budget atteindrait, après décision modificative, 129,4 millions de francs, tandis que la consommation effective des crédits n'atteindrait que 70 millions de francs environ.

Le montant disponible au titre de 1997 et 1998 s'élèverait au total à 90 millions de francs . Il permettra à l'ANAES de commencer les visites avant que les établissements ne versent les redevances. En effet dès 1999, son budget sera augmenté du produit de ces redevances, dont le montant serait de l'ordre de 30.000 francs pour un petit établissement et de 120.000 à 150.000 francs pour les plus importants.

B. L'INFORMATISATION DU SYSTÈME DE SOINS

Dans son dernier rapport au Parlement sur la sécurité sociale, la Cour des Comptes a dressé un bilan critique du processus d'informatisation du système de soins, qui peut être considéré comme la pierre angulaire de la réforme.

En effet, SESAM VITALE, Système Electronique de Saisie de l'Assurance Maladie associé à la carte VITALE, constitue un système de transfert d'informations médico-administratives dont l'ampleur et les enjeux ont dépassé largement les ambitions initiales.

Conçu à l'origine comme un système destiné à remplacer les feuilles de soins papier, dont la croissance continue rendait le traitement de plus en plus coûteux, SESAM VITALE, dans sa conception actuelle, bouleversera les relations entre les différents acteurs du système de santé, en offrant un système sécurisé d'échanges électroniques entre les professionnels de santé et les organismes d'assurance maladie.

Ce nouvel outil doit également permettre une amélioration qualitative majeure des informations transmises, notamment grâce à l'exploitation du codage des actes, instrument essentiel de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé. Il ouvre ainsi la perspective d'une meilleure connaissance par l'assurance maladie des prestations qu'elle rembourse.

La carte VITALE constitue l'élément le plus visible du projet. Sa distribution s'effectuera en deux étapes : la première, dite VITALE 1, contenant les seules informations médico-administratives de la carte papier d'assuré social et servant à vérifier l'ouverture des droits à l'assurance maladie, pour l'émission de la feuille de soins électronique ; la seconde, dite VITALE 2, destinée à l'ensemble des bénéficiaires de l'assurance maladie et comportant un volet d'information médicale.

VITALE 1 a fait l'objet d'expérimentations de 1995 à 1998. La technologie retenue, proche de celle de la carte bancaire, devait faciliter la diffusion de la carte et permettre de respecter les échéances fixées par l'ordonnance du 24 avril 1996. Cependant, les industriels chargés de la fabrication des cartes n'ont été choisis qu'en 1997 et la généralisation de VITALE 1, prévue pour la mi-1997, a dû être repoussée à avril 1998, en raison des incertitudes pesant sur l'adaptation réglementaire, la carte du professionnel de santé, l'offre de logiciels existante et la mise ne place du réseau. Sa diffusion, commencée en Bretagne, doit s'échelonner jusqu'au printemps 1999.

Un "réseau santé social" (RSS) assurera l'acheminement des feuilles de soins électroniques jusqu'aux serveurs des organismes d'assurance maladie, et servira également à des échanges entre professionnels de santé (dossiers de patients, imagerie médicale, formation continue) ainsi qu'à l'accès à de nombreuses banques de données médicales. Les établissements hospitaliers, reliés au RSS, seront parties prenantes de ces échanges.

Le RSS fonctionne sous la forme d'une concession de service public, en raison de la mission qui lui est reconnue au titre de la maîtrise médicalisée des dépenses de santé et de la santé publique. La nécessité de procéder à des consultations et la négociation du contrat de concession ont imposé un délai plus important que prévu. CEGETEL, concessionnaire retenu, a ainsi programmé le démarrage du réseau pour le 2 avril 1998, alors que le gouvernement avait envisagé son lancement pour la fin 1997.

L'informatisation des professionnels de santé étant la clé de la réussite de SESAM VITALE, il importe qu'ils y trouvent un intérêt autre que le service rendu à leurs patients via la transmission des feuilles de soins électroniques. Celui-ci résidera notamment dans la qualité des applications susceptibles d'améliorer leur pratique quotidienne.

S'agissant de VITALE 2, la Cour des Comptes estime que " l'échéance du 31 décembre 1999 n'apparaît en tous cas plus réaliste. Un nouveau calendrier arrêté par l'Etat et la CNAMTS prévoyait la publication du décret relatif au volet d'information médical en juillet ; les premières expérimentations étant engagées à l'automne 1999 pour une généralisation en 2000 ou 2001. Mais à l'occasion de l'annulation de la convention médicale en juin 1998, le Conseil d'Etat a remis en cause la possibilité de renvoyer à un décret en Conseil d'Etat les dispositions relatives au VIM. Le vote d'une disposition législative entraînera un nouveau décalage ".

Par ailleurs, la Cour critique la position de retrait que l'Etat a longtemps conservé dans le projet d'informatisation de l'assurance maladie : " Aujourd'hui, la complexité du dispositif nécessite l'intervention d'un décideur capable d'anticiper et de suivre les options stratégiques, les échéances et les coûts. L'Etat, qui aurait dû jouer ce rôle, ne s'est pas, jusqu'à présent, mis en position de le faire .

Ce n'est que très récemment qu'une organisation adaptée a été mise en place au sein du ministère chargé des affaires sociales et de la santé. Depuis 1995, une division spécifique de la direction de la sécurité sociale suit ce projet : la division de l'informatique et des nouvelles technologies (DINT)
".

Cette implication tardive de l'Etat, qui souhaite désormais une mise en place de VITALE 2 dans des délais plus brefs que ceux envisagés par la CNAMTS, présente des inconvénients. En effet, selon la Cour des Comptes, " une distribution rapide de la carte VITALE 2 provoquerait paradoxalement un surcoût important si la substitution de VITALE 2 à VITALE 1 intervenait avant que la première carte soit amortie (la durée de vie estimée d'une carte est de trois ans), voire généralisée.

" Ce contexte difficile résulte pour une grande part du manque d'implication passé de l'Etat dont les objectifs doivent respecter un équilibre fragile : faire en sorte que VITALE 2 se développe selon un calendrier réaliste, respecté et s'appuyant sur des expérimentations significatives, et en même temps soutenir la CNAMTS dans la montée en charge de VITALE 1, sachant que l'échec de cette solution intermédiaire compromettrait lourdement l'ensemble du projet
".

La Cour s'inquiète également du retard pris dans le développement des applications qui doivent être mises à la disposition des professionnels pour l'accès au RSS : " Au 7 juillet 1998, trois logiciels seulement disposaient d'un agrément. Les problèmes conventionnels, pour les pharmaciens notamment, retardent l'engagement des éditeurs, rendus prudents par les retards successifs. Or, la présence d'applications est indispensable pour le succès de SESAM-VITALE : une stabilisation des données techniques du projet constitue un préalable à l'apparition d'une offre significative dans ce secteur ".

La Cour des Comptes conteste également le principe même de la prime de 9.000 F accordée à tout professionnel de santé pour son équipement informatique : " L'aide financière, conditionnée à un engagement essentiellement moral, a été préférée à l'aide en nature sauf dans le cas de la carte CPS. La logique économique de ce principe peut être discutée : elle revient à donner une prime aux professionnels qui n'ont pas fait d'effort de modernisation . Pour la télétransmission hors SESAM VITALE, aucune aide n'a été accordée aux professionnels, généralement en tiers-payant, bénéficiaient du fait de la télétransmission d'un remboursement plus rapide des caisses.

" Le montant de l'aide ne repose pas sur une logique de compensation des coûts mais sur un rapport de force conventionnel
: en témoignent les propositions faites aux professionnels non médecins. Les aides constituent ainsi une contrepartie à l'adhésion des professionnels de santé au système " .

Enfin, la Cour des Comptes s'inquiète du choix d'un système Intranet pour le RSS concédé à CEGETEL. En effet, le RSS n'est pas en situation de monopole, et les professionnels de santé pourront transmettre les feuilles de soins électroniques via Internet.

De ce fait, selon la Cour, " l'équilibre économique de la concession de service public peut être fragilisé par un nombre insuffisant d'abonnements, même si les fournisseurs d'accès à Internet des professionnels de santé seront contraints de s'abonner au RSS. Le contrat de concession prévoit un résultat avant impôt sur les sociétés de 42,6 millions de francs, avec une répartition des ressources pour le concessionnaire dans laquelle l'activité de transmission des feuilles soins électronique reste minoritaire (24,8 %). Cela suppose que d'autres applications se développent rapidement sur le réseau pour susciter des abonnements et assurer l'équilibre économique de la concession. Ce contrat est peu explicite sur les responsabilités respectives en cas de déséquilibre financier de la concession : il se contente de prévoir une négociation en cas de détérioration radicale de l'équilibre financier du concessionnaire ".

Le budget de programme 1997-1999 de la CNAM pour la seule carte VITALE 1 atteint 4 milliards de francs, dont 2 milliards d'aides à l'informatisation et près d'un milliard pour l'achat de 36 millions de cartes. La Cour des Comptes évalue les montants engagés entre 1984 et 1997 à 729 millions de francs (en francs constants 1997), et les dépenses prévisibles à moyen terme à 7 milliards de francs, sans intégrer les coûts de l'installation de la CPS et de VITALE 2 dans les hôpitaux.

Les crédits budgétaires inscrits au titre de l'informatisation à l'article 30 du chapitre 47-19 apparaissent très modestes au regard de ces montants : 1,450 million de francs en 1999 comme en 1998. Ces crédits participent aux frais de fonctionnement du GIP "Carte de professionnel de santé", qui atteindront 10 millions de francs.

C. LES RESTRUCTURATIONS HOSPITALIÈRES

L'un des aspects essentiels de la réforme du système de santé est l'adaptation de l'offre hospitalière. Les inégalités régionales en matière d'équipements et de dotations financières aux hôpitaux sont bien connues.

Le budget de la santé et de la solidarité accueille certaines dotations de l'Etat destinées à accompagner le nécessaire processus de rationalisation de l'offre hospitalière, qui est financé principalement par l'assurance maladie dans le cadre des lois de financement de la sécurité sociale.

1. Le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers

Créé en 1998 pour une durée de cinq ans, le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers (chapitre 66-12) a pour vocation d'attribuer des subventions d'investissement aux établissements sous dotation globale qui présentent les projets contribuant à l'adaptation de l'offre de soins hospitaliers à l'échelon régional.

Compte tenu de l'extrême laconisme de la réponse apportée à son questionnaire budgétaire, votre rapporteur utilisera ci-après les éléments d'information plus circonstanciés qui ont été fournis à son homologue de l'Assemblée nationale.

En 1998, 503 millions de francs en autorisation de programme et 153 millions de francs en crédits de paiement ont été ouverts. Le projet de loi de finances pour 1999 prévoit 250 millions de francs en autorisations de programme et 150 millions de francs en crédit de paiement.

Une circulaire du 28 janvier 1998 a posé les critères d'éligibilité au fonds. En principe, ils ne permettent de retenir que des opérations réellement restructurantes de l'offre de soins régionale, à caractère exemplaire et susceptible d'entraîner ou de constituer un préalable à d'autres opérations parmi les partenaires de l'établissement. Il est ainsi expressément exclu que le fonds soit mobilisé pour une opération qui consisterait simplement en la modernisation d'un seul établissement sans prise en compte de ses effets sur son environnement.

De plus, les projets présentés doivent faire apparaître une optimisation des moyens de fonctionnement à terme, ce qui signifie qu'ils doivent être au moins neutres du point de vue des finances de l'assurance maladie. Le fonds finance ainsi en priorité les opérations devant se traduire par un équilibre en fonctionnement dès la troisième année suivant la mise en service.

Les agences régionales de l'hospitalisation (ARH), qui instruisent, sélectionnent, classent par ordre de priorité et évaluent les projets, doivent prendre en compte la situation financière, économique et patrimoniale des établissements, ce qui signifie que ceux-ci doivent d'abord mobiliser leurs propres ressources.

A ce jour 91 dossiers ont été soumis, pour un montant total annoncé de 4,16 milliards de francs de travaux ou équipements, mais plusieurs opérations ne constituent qu'une première tranche de projets de plus grande envergure. Les demandes de subventions correspondantes s'élèvent à 1,45 milliard de francs, soit un taux moyen de 34,7 %.

Parmi celles-ci, 70 sont au stade de l'avant-projet sommaire. Les opérations dont l'avant-projet sommaire n'était pas susceptible d'être approuvé dans des délais permettant l'engagement d'une subvention au titre de 1998 n'ont pas pu être examinées, mais certaines d'entre elles, qui présentent de réels aspects restructurants, pourront être réexaminées en 1999.

Le montant total des subventions demandées pour les opérations susceptibles d'être retenues s'élève à 737 millions de francs, soit près de 2,1 milliards de francs d'investissement total . Compte tenu du montant de 500 millions de francs en autorisations de programme pour 1999, le taux de financement ne serait finalement que de 23 %. De ce fait, les ARH et les établissements concernés devront ajuster leurs plans de financement initiaux.

Tout en relevant la lenteur de la mise en place des financements du fonds, votre rapporteur tient à souligner que sa création comporte un risque sérieux de dérapage financier . Une restructuration génère d'abord des coûts avant de permettre de réaliser des économies. C'est pourquoi il importe que les restructurations hospitalières soient financées d'abord par un redéploiement des moyens existants, dans le cadre des enveloppes régionales, plutôt que par des moyens budgétaires supplémentaires. Ce principe de rigueur est d'autant plus justifié que l'offre d'équipements hospitaliers reste globalement excédentaire, et qu'elle génère sa propre demande de soins.

Le fonds d'aide à l'adaptation des établissements hospitaliers ne peut donc être admis qu'à titre de mesure transitoire, afin d'encourager les premiers établissements candidats aux opérations de restructuration et d'amorcer ainsi le processus qui sera ensuite conduit par les agences régionales de l'hospitalisation sur les seuls crédits de l'assurance maladie.

2. Les subventions d'équipement sanitaire

Les crédits consacrés aux subventions d'équipement sanitaire (chapitre 66-11) poursuivent leur extinction progressive.

Les subventions hospitalières sont désormais limitées essentiellement aux engagements pris antérieurement au titre des contrats de plan Etat-régions du XIIème plan, arrivant à échéance en 1999, et les contrats de développement avec les TOM, et aux perspectives de création d'unités hospitalières sécurisées, dans le cadre de la mise en place du schéma national d'hospitalisation des personnes détenues.

Cette programmation est établie au niveau national (crédits de catégorie I non déconcentrés) sur proposition des agences régionales de l'hospitalisation.

Aucune autorisation de programme n'est prévue pour 1999, tandis que les crédits de paiement diminuent de 14,5 % pour s'établir à 108,5 millions de francs.

L'utilisation de 1997 à 1999 des autorisations de programme et des crédits de paiement du chapitre 66-11 Subventions d'équipement sanitaire serait la suivante :

Evolution des crédits du chapitre 66-11

(en millions de francs)

 

1997 réalisation

1998 prévisions

1999 prévisions

Autorisations de programme

 
 
 

CHR - Article 10

8,046

5,000

36,600

Etablissements non CHR - Article 20

35,134

44,186

26,200

Dispensaires - Article 30

0,030

1,500

-

Psychiatrie extra-hospitalière - Article 20

2,155

7,000

-

TOTAL AP

45,364

57,686

62,800

Crédits de paiement

 
 
 

Total chapitre 66-11

344,628

132,743

108,500

Votre rapporteur approuve la disparition progressive des subventions budgétaires aux équipements hospitaliers, qui ne répondent plus à la nouvelle logique de répartition des moyens dans le cadre des lois de financement de la sécurité sociale.

3. Les agences régionales de l'hospitalisation

L'ordonnance n° 96-346 du 24 avril portant réforme de l'hospitalisation publique et privée a créé les agences régionales de l'hospitalisation dans le but de constituer une autorité de décision compétente tant pour l'hospitalisation publique que pour l'hospitalisation privée remédiant à la dispersion des responsabilités, des moyens et des compétences entre les différents services de l'Etat et l'assurance maladie.

Créées dans chaque région, les agences régionales de l'hospitalisation sont des personnes morales de droit public dotées de l'autonomie administrative et financière. Placées sous la tutelle des ministres chargés de la santé et de la sécurité sociale, elles sont constituées sous la forme de groupements d'intérêt public entre l'Etat et les organismes d'assurance maladie. Les caisses régionales d'assurance maladie, ainsi que les unions régionales d'assurances maladie, en sont membres de droit.

Les agences régionales d'hospitalisation ont pour mission de définir et de mettre en oeuvre la politique régionale d'offre de soins hospitaliers, d'analyser et de coordonner l'activité des établissements de santé publics et privés et de déterminer leurs ressources.

L'an dernier, la nouvelle majorité au pouvoir avait engagé une polémique mesquine sur le niveau des rémunérations des directeurs d'ARH, qui visait en fait à remettre indirectement en cause la légitimité de personnalités nommées par le gouvernement précédent. Votre rapporteur se félicite que cette polémique, qui risquait de compromettre l'autorité indispensable à ces organismes stratégiques pour la réorganisation du secteur hospitalier soit désormais close. Il espère que le gouvernement actuel saura leur apporter le soutien nécessaire lorsqu'elles auront à prendre des décisions difficiles.

Les ARH emploient chacune 6 à 13 personnes. Leurs effectifs totaux s'élèvent à 222 personnes, dont 46 mis à disposition par l'assurance maladie, conformément aux conventions constitutives.

En 1997, compte tenu des délais d'installation des agences, 28 millions des 115 millions de francs disponibles, dont 95 millions de subventions budgétaires, n'ont pas été consommés.

Ces reports de crédits ont permis, l'année suivante, la création d'un fonds de roulement pour chaque agence, l'extension en année pleine des dépenses de fonctionnement et la couverture de dépenses exceptionnelles liées à l'élaboration des première et deuxième phase des SROS de deuxième génération. Le budget de fonctionnement des ARH s'élève ainsi en 1998 à 150,7 millions de francs, dont 102,7 millions de subventions de l'Etat.

Pour 1999, la dotation budgétaire aux ARH est accrue de 5 millions de francs afin d'accompagner la troisième phase d'élaboration des schémas régionaux d'organisation sanitaire (SROS), et s'établit à 107,7 millions de francs.

CHAPITRE III

ARTICLES RATTACHÉS

I. ARTICLE 82 : PRISE EN CHARGE PAR L'ÉTAT DU FINANCEMENT DE L'ALLOCATION DE PARENT ISOLÉ

Créée en 1976, l'allocation de parent isolé vise à garantir, durant une période provisoire, un revenu minimum aux personnes seules qui assument la charge effective d'un ou plusieurs enfants.

L'API est versée, sous condition de ressources, aux personnes veuves, divorcées, séparées, abandonnées ou célibataires qui assument seules la charge d'un ou de plusieurs enfants résidant en France. Les femmes seules enceintes bénéficient également de cette allocation. Le fait générateur du droit est la date à laquelle la personne isolée commence à assumer la charge d'un enfant ou, le cas échéant, la date à laquelle une personne ayant la charge d'un enfant devient isolée.

L'API est versée pendant douze mois suivant l'ouverture du droit, ou jusqu'à ce que le plus jeune enfant ait atteint l'âge de trois ans. En outre, la perception de cette allocation ouvre droit aux prestations en nature de l'assurance maladie si l'intéressé n'en bénéficie pas à un autre titre.

L'API est une allocation différentielle dont le montant est égal à la différence entre un plafond calculé par rapport à la base mensuelle des allocations familiales, qui varie selon le nombre des enfants, et les ressources de l'intéressé. Ce plafond est actuellement de 3.198 francs par mois pour une femme enceinte sans encore aucun enfant à charge. Il est augmenté de 1.066 francs par enfant à charge.

Toutes les ressources sont pris en compte pour le calcul de l'API, y compris les prestations familiales, à l'exception de l'allocation pour jeune enfant. La loi de financement de la sécurité sociale pour 1997 a instauré un forfait logement, identique à celui applicable au RMI, destiné à prendre en compte, pour le calcul des ressources, les aides au logement ainsi que l'avantage résultant du fait d'être propriétaire ou logé gratuitement.

Au 30 juin 1997, 162.600 personnes bénéficiaient de l'API, dont 149.000 en métropole.

Le tableau ci-après retrace l'évolution des dépenses de la CNAF au titre de l'API, en métropole uniquement, de 1993 à 1999.

La diminution des dépenses d'API depuis deux ans s'explique notamment par l'instauration du forfait logement en 1997. L'économie résultant de cette mesure est estimée à 265 millions de francs pour 1998, et à 560 millions de francs pour 1999.

Le montant total prévisionnel des dépenses d'API, départements d'outre-mer inclus, s'élève à 4,233 milliards de francs pour 1999.

Le présent article a pour objet d'organiser la prise en charge par l'Etat du financement de l'API.

Le paragraphe I complète l'article L. 241-6 du code de la sécurité sociale de manière à faire figurer parmi les ressources de la CNAF une " subvention de l'Etat correspondant aux sommes versées au titre de l'allocation de parent isolé prévue aux articles L. 524-1 et L. 755-18 " .

Le paragraphe II complète l'article L. 524-1 du code de la sécurité sociale par un alinéa prévoyant que " l'Etat verse au fonds national des prestations familiales, géré par la Caisse nationale des allocations familiales, une subvention correspondant aux sommes versées au titre de l'allocation de parent isolé ".

En conséquence, le budget de la Santé et de la solidarité pour 1999 comporte un nouveau chapitre 46-20 intitulé "contribution de l'Etat au financement de l'allocation de parent isolé", doté de 4,233 milliards de francs.

En soi, la budgétisation de l'API apparaît assez logique. Il s'agit d'une prestation différentielle garantissant un revenu minimum, comme le RMI ou l'AAH, qui peut relever également de la solidarité nationale.

Cette budgétisation s'inscrit dans un ensemble plus vaste de mesures relatives à la famille.

D'une part, l'article 13 du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 supprime les plafonds de ressources qui avaient été instaurés l'an dernier pour les allocations familiales. Le coût de ce déplafonnement est estimé à 4,68 milliards de francs pour la CNAF en 1999. Le transfert du financement de l'API au budget de l'Etat a pour objet de compenser presque intégralement cette dépense supplémentaire de la branche famille.

D'autre part, l'article 2 du projet de loi de finances pour 1999 prévoit d'abaisser de 16.280 francs à 11.000 francs le plafond du quotient familial. Cette mesure devrait se traduire par un accroissement du produit de l'impôt sur le revenu de 3,9 milliards de francs. Elle a pour objet de compenser pour l'Etat l'essentiel du coût de la budgétisation de l'API.

La budgétisation de l'API est parfaitement neutre pour les intéressés. Le Gouvernement fait valoir que le solde des deux autres opérations est positif de 780 millions de francs pour les familles. Ce coût net serait partagé entre l'Etat, à hauteur de 300 millions de francs (soit la différence entre 4,2 milliards de crédits consacrés à l'API et 3,9 milliards d'impôt sur le revenu supplémentaire), et la CNAF, à hauteur de 480 millions de francs (soit la différence entre 4,68 milliards de dépenses d'allocations familiales supplémentaires et 4,2 milliards de dépenses d'API transférées à l'Etat).

L'abaissement du plafond du quotient familial n'apparaît pas justifié à votre commission, qui a rejeté cette mesure lors de l'examen de la première partie du projet de loi de finances.

Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.

II. ARTICLE 83 : LIMITATION À 60 ANS DE L'ATTRIBUTION DE L'AAH POUR LES ALLOCATAIRES RELEVANT DE L'ARTICLE L. 821-2 DU CODE DE LA SÉCURITÉ SOCIALE

L'allocation aux adultes handicapés est une allocation différentielle qui garantit à ses bénéficiaires un revenu minimum. Elle est financée par l'Etat et gérée par la CNAF.

Le droit à l'AAH est ouvert à toute personne de nationalité française âgée de plus de vingt ans, ainsi qu'aux personnes de nationalité étrangère séjournant régulièrement en France, en application de l'article 42 de la loi du 11 mai 1998 relative à l'entrée et au séjour des étrangers en France.

Le bénéficiaire doit justifier d'une incapacité permanente d'au moins 80 % en vertu de l'article L. 821-1 du code de la sécurité sociale, ou d'une incapacité permanente d'au moins 50 % lorsqu'il est reconnu dans l'impossibilité de se procurer un emploi, en vertu de l'article L. 821-2 du code de la sécurité sociale. Ces conditions sont appréciées par les commissions technique d'orientation et de reclassement professionnel (COTOREP).

Le bénéficiaire doit avoir fait valoir ses droits éventuels à une pension de vieillesse ou d'invalidité, ou à une rente d'accidents du travail. L'AAH a donc un caractère subsidiaire, comme toute allocation différentielle.

Le plafond de ressources garanti par l'AAH est identique à celui du minimum vieillesse, soit 3.470,91 francs par mois. Ce plafond est majoré de 100 % pour le conjoint et de 50 % par enfant à charge.

L'AAH est attribuée à 630.000 personnes, pour un coût budgétaire évalué à 24,6 milliards de francs en 1999.

L'objet du présent article est d'assurer une meilleure cohérence entre le bénéfice de l'AAH et les avantages de vieillesse.

En effet, l'article R. 815-2 du code de la sécurité sociale prévoit que le minimum vieillesse est attribué dès l'âge minimum de 60 ans aux personnes reconnues inaptes au travail. Le versement de l'AAH se prolonge donc jusqu'à l'âge de 65 ans, sauf si une décision d'inaptitude intervient avant.

Le paragraphe I complète l'article L. 821-1 du code de la sécurité sociale, pour instaurer une présomption d'inaptitude au travail des bénéficiaires de l'AAH dès l'âge de 60 ans. Ceux-ci seront ainsi basculés automatiquement à cet âge sur le minimum vieillesse, comme les titulaires de pensions d'invalidité.

Le paragraphe II suspend en conséquence le versement de l'AAH, à compter de l'âge de 60 ans, pour les personnes qui en bénéficient au titre de l'article L. 821-2 du code de la sécurité sociale. En effet, ces personnes bénéficient de l'AAH en raison de l'impossibilité où elles se trouvent de se procurer un emploi. Dès lors qu'elles sont réputée d'office inaptes au travail et bénéficient à ce titre du minimum vieillesse, elles ne sont plus susceptibles de reprendre une activité professionnelle.

Le paragraphe III précise que cette modification s'applique aux personnes qui atteignent l'âge de 60 ans après le 1er janvier 1999. Pour les bénéficiaires de l'AAH déjà âgés de plus de 60 ans, elle s'applique lors du premier renouvellement de l'allocation.

L'économie budgétaire attendue de cette mesure est estimée à 31 millions de francs seulement pour 1999. Elle devrait atteindre 300 millions de francs à terme. Toutefois, il ne s'agit pas d'une économie nette, mais d'un simple transfert de charge de l'Etat vers le fonds de solidarité vieillesse (FSV) chargé de financer le minimum vieillesse.

Pour les intéressés, le dispositif proposé n'est pas dans tous les cas parfaitement neutre. En effet, les plafonds de ressources de l'AAH et du minimum vieillesse sont identiques, mais ne sont pas déterminés de la même manière.

Les ressources prises en compte pour l'AAH sont le revenu imposable, après déduction forfaitaire de 10 %, abattement général de 20 % et abattement spécifique aux personnes invalides, majoré en fonction du nombre d'enfants à charge.

Les ressources prises en compte pour le minimum vieillesse sont l'ensemble des ressources, à la seule exception des prestations familiales, des pensions alimentaires, des majorations pour tierce personne et de l'allocation logement.

Le plafond de ressources du minimum vieillesse peut donc se révéler dans certains cas moins favorable que le plafond de ressources de l'AAH. Aussi, certaines des personnes basculées sur le minimum vieillesse en application du présent article continueront-elles de percevoir un solde différentiel d'AAH. Toutefois, cela ne pourra pas être le cas des allocataires au titre de l'article L. 821-2 du code de la sécurité sociale, qui perdront tout droit à l'AAH.

Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.

III. ARTICLE 84 (NOUVEAU) : ENCADREMENT DES DÉPENSES DES ÉTABLISSEMENTS SOCIAUX ET MÉDICO-SOCIAUX

Cet article tend à transposer aux institutions sociales et médico-sociales financées par le budget de l'Etat le mécanisme d'enveloppe globale en dotations régionales et départementales parallèlement mis en place, dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale, pour les établissements médico-sociaux financés par l'assurance maladie.

Pour ce faire, il complète la loi du 30 juin 1975 relative aux institutions sociales et médico-sociales. Les institutions concernées sont les établissements d'éducation spéciale et les centres d'hébergement et de réadaptation sociale.

Le mécanisme proposé est le suivant : le montant global des dépenses de ces établissements imputables à l'aide sociale de l'Etat, tel qu'il résulte de la loi de finances initiale , est réparti en dotations régionales par le ministre chargé de l'action sociale. Cette répartition s'effectue en fonction des besoins de la population, de l'activité et des coûts moyens des établissements, et d'un objectif de réduction progressive des inégalités de ressources.

Chaque dotation régionale est ensuite répartie par le préfet de région en dotations départementales, selon les mêmes critères.

Enfin, le préfet du département peut modifier le montant des recettes et des dépenses prévisionnelles de chaque établissement, compte tenu du montant de la dotation départementale ainsi que de son activité et de ses coûts appréciés par rapport à ceux d'établissements comparables dans le département ou la région.

Par ailleurs, des conventions conclues entre le préfet de région, les préfets de départements et les gestionnaires des établissements fixent des objectifs pluriannuels et des critères d'évaluation de l'activité et des coûts.

Dans son principe, le dispositif proposé est judicieux. Il permettra de rationaliser l'allocation des moyens budgétaires aux établissements relevant de l'aide sociale de l'Etat et d'avoir une vision prospective d'un système qui est actuellement piloté à vue.

Toutefois, dans une interprétation stricte, il apparaît comme un cavalier dépourvu d'incidence sur le solde budgétaire. En effet, les crédits votés en loi de finances au profit des établissements concernés présentent déjà actuellement un caractère limitatif.

Leur répartition en enveloppes régionales et départementales n'entraîne donc pas, par elle-même, d'effet d'économie. Il ne semble pas non plus possible de considérer que cet article contribue à organiser l'information et le contrôle du Parlement sur la gestion des finances publiques.

On peut cependant admettre que ce dispositif contribuera à donner un caractère plus effectivement limitatif à des crédits qui doivent actuellement être complétés en raison des dérapages budgétaires des institutions concernées.

Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.

TRAVAUX DE LA COMMISSION

I. AUDITION DE LA MINISTRE DE L'EMPLOI ET DE LA SOLIDARITÉ

Au cours d'une réunion tenue le mercredi 14 octobre 1998, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a entendu Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité , sur les crédits de son département ministériel et sur le projet de loi (n° 1106 AN XIe législature) de financement de la sécurité sociale pour 1999.

Après avoir rappelé que l'emploi constituait la priorité "numéro un" du Gouvernement, Mme Martine Aubry a souligné que la croissance devrait créer en 1999, 275.000 emplois, mais qu'il restait cependant nécessaire de l'accompagner par des réformes structurelles. Elle a précisé que le budget de l'emploi augmenterait de 4 % et celui de la santé de 4,5 % tandis que l'ensemble des dépenses de l'Etat progresseraient en 1999 de 2,3 %. Elle a également souligné que les trois priorités majeures (emplois jeunes, réduction du temps de travail, lutte contre les exclusions) coûtaient, à elles seules, 13 milliards de francs et elle a indiqué qu'elle avait procédé, pour les financer, à une recomposition du budget, qui comporte 17 milliards de francs de mesures positives, compensées partiellement par 10 milliards de francs d'ajustements et d'économies, notamment sur les contrats initiative-emploi (CIE) et les préretraites.

Puis, Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, a détaillé les trois principaux axes de la politique du Gouvernement en ce qui concerne le budget de l'emploi.

Elle a rappelé qu'il s'agissait tout d'abord de financer les programmes que le Gouvernement estime prioritaires : la mise en place de la loi relative à la réduction du temps de travail (35 heures) pour un coût de 3,7 milliards dont 200 millions au titre des aides au conseil, la poursuite du plan emplois-jeunes pour un coût total de 14,3 milliards, dans le cadre duquel 138.000 emplois avaient déjà été créés, de sorte que l'objectif que s'était fixé le Gouvernement (150.000 emplois à la fin 1998) devrait être atteint. A ce titre, elle a tenu à préciser que ces emplois ne devaient pas concurrencer ceux du secteur privé. Enfin, elle a confirmé que la politique d'allégement des charges sur les bas salaires serait poursuivie en 1999 avec une dotation totale de 43 milliards de francs.

Puis elle a détaillé le deuxième axe de la politique du Gouvernement qui consiste à aider les publics les plus éloignés de l'emploi et les plus en difficulté. Ainsi, elle a tenu à indiquer que, dans le cadre des orientations du Conseil de Luxembourg du 21 novembre 1997, la politique du "nouveau départ" se traduirait par un recentrage des contrats emploi-solidarité (CES) au profit des personnes les plus en difficulté et que le nombre des contrats emplois consolidés (CEC) serait porté à 60.000, dont 70 % seront destinés aux personnes en situation d'assistance. Par ailleurs, dans le cadre de la loi de lutte contre les exclusions, elle a précisé que le programme TRACE concernerait 40.000 jeunes en 1999 pour un montant total de crédits de 238 millions de francs, que 10.000 contrats de qualification pour les jeunes adultes sans formation seraient mis en place et que les crédits destinés à l'insertion par l'économique seraient doublés. En contrepartie, un certain nombre de politiques plus classiques seraient recentrées, qu'il s'agisse des contrats emploi-solidarité (CES) dont le nombre total passera de 450.000 à 425.000, des contrats initiative-emploi (CIE) afin d'éviter d'éventuels " effets d'aubaine " ou du système des pré-retraites du Fonds national pour l'emploi. Elle a enfin souligné que les crédits destinés au Fonds de solidarité avaient été accrus en vue de financer la revalorisation de l'Allocation de solidarité spécifique (ASS) et de l'Allocation d'insertion (AI), ainsi que la mise en place de l'Allocation spécifique d'attente (ASA).

Par ailleurs, Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité a tenu à rappeler que les moyens consacrés à la formation professionnelle seraient augmentés et que les contrats de formation en alternance seraient recentrés sur les jeunes sans qualification.

Elle a enfin développé le troisième axe de sa politique consistant à accroître les moyens du service public de l'emploi. Elle a indiqué que la subvention de fonctionnement versée à l'ANPE serait augmentée afin de mieux faire face aux demandes venant des publics les moins favorisés, notamment les bénéficiaires du RMI, tout en se félicitant des efforts déjà réalisés par l'Agence en direction des entreprises. Elle a confirmé que les moyens des missions locales seraient accrus et que les services du ministère seront renforcés par la création de 140 contrôleurs et de 10 inspecteurs du travail, ceux-ci ayant en effet, outre leur fonction de contrôle des entreprises, une mission de conseil auprès de celles-ci.

Puis, la ministre a présenté les crédits de la santé et de la solidarité qui, à structure constante, progressent de 4,5 % et représenteront en 1999, 80 milliards de francs, dont 4,2 milliards au titre de l'Allocation pour parent isolé (API), jusqu'alors prise en charge par le régime de sécurité sociale. Elle a fait part de sa volonté de financer l'ensemble des mesures à caractère social contenues dans la loi de lutte contre les exclusions et notamment, le volet social du programme TRACE, de faire face à l'urgence en matière sociale et d'augmenter les moyens des CHRS (Centres d'hébergement et de réadaptation sociale). Dans le prolongement de la loi relative à la lutte contre les exclusions, elle a indiqué que le projet de loi relatif à la couverture médicalisée universelle devrait être déposé dans les prochaines semaines.

S'agissant du RMI, Mme Martine Aubry a constaté que les crédits qui lui sont consacrés (26,4 milliards en 1999) continuaient à augmenter malgré une stabilisation de la progression du nombre des demandeurs et que les crédits destinés à l'Allocation pour adultes handicapés (AAH) progresseraient de 3,7 %. Elle a également souligné que les moyens du ministère seraient renforcés et que le mouvement de résorption des emplois précaires au sein du ministère serait achevé en 1999. Elle a enfin précisé que les crédits spécifiques destinés à la ville et à l'intégration augmenteraient de 32 %, pour s'établir à 1 milliard de francs en 1999.

M. Philippe Marini, rapporteur général , après s'être inquiété des incertitudes sur le niveau de la croissance en 1999 et, partant, de ses effets sur le niveau de l'emploi, a relevé que l'évolution récente des chiffres du chômage faisait apparaître une progression significative du nombre des demandeurs d'emplois au mois d'août.

Mme Martine Aubry a indiqué que, malgré les aléas des marchés asiatiques ou les variations du cours du dollar, les prévisions du Gouvernement correspondaient à celles des principaux instituts de conjoncture et cela en raison tant de la bonne santé des entreprises françaises que du fait que la croissance française était principalement soutenue par la demande intérieure. Elle a par ailleurs souligné qu'avec une croissance estimée à 3 % pour 1998, le nombre des chômeurs avait été réduit de 130.000 et qu'ainsi se trouvait confortée la volonté du Gouvernement de continuer à enrichir "le contenu en emplois" de la croissance. Elle a estimé que l'augmentation du nombre de chômeurs au mois d'août revêtait un caractère conjoncturel, notamment en raison des réinscriptions consécutives à l'interruption en juillet d'un certain nombre de contrats de travail à caractère précaire.

En réponse aux questions de M. Jacques Oudin, rapporteur spécial des crédits de la santé et de la solidarité , Mme Martine Aubry a indiqué que la progression des crédits consacrés au RMI en 1999 s'explique par la prolongation du mouvement antérieur, mais qu'une stabilisation des effectifs est perceptible au cours du premier semestre 1998, attribuable à la croissance économique ainsi qu'à la relance de l'insertion. Elle a jugé inacceptable que certains allocataires perçoivent encore le RMI depuis sa création en 1988.

La ministre a précisé que la réforme de l'allocation aux adultes handicapés (AAH) prévue par l'article 83 du projet de loi de finances pour 1999, entraînerait une économie budgétaire de 31 millions de francs en première année et de 310 millions de francs sur cinq ans, qui se traduirait par un transfert de charges vers le fonds de solidarité vieillesse (FSV).

Elle a déclaré que la réorganisation hospitalière visait à garantir l'existence dans chaque région d'au moins un plateau technique de haut niveau, coordonné avec des services de proximité parfaitement sûrs, ce qui impliquait certaines fermetures accompagnées de redéploiements vers le long séjour et le médico-social. Elle a fait valoir que 2.900 lits ont été fermés et 330 services hospitaliers restructurés en 1997, avec l'aide conjointe de l'Etat et des caisses d'assurance maladie, tandis que les agences régionales de l'hospitalisation achèvent l'élaboration des schémas régionaux d'organisation sanitaire et sociale (SROSS) de la deuxième génération. Elle a souligné que le critère de 300 accouchements minimum par an fixé pour les maternités serait appliqué avec discernement, en fonction du contexte local.

Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, a relevé que la politique conventionnelle avec l'industrie pharmaceutique présente peu de cohérence en termes de santé publique. Elle a indiqué vouloir la réviser par classe médicamenteuse, afin de renégocier les prix et les taux de remboursement en fonction du seul intérêt médical, tout en garantissant l'existence d'au moins un médicament efficace et bien remboursé par classe. Elle a estimé trop nombreux les 330 laboratoires pharmaceutiques existants, dont beaucoup sont maintenus artificiellement en vie par des pratiques de prix inadéquates. Elle s'est déclarée favorable à une recomposition du secteur, qui trouvera ainsi une nouvelle compétitivité et pourra bénéficier des niveaux de prix internationaux pour les médicaments réellement innovants.

La ministre a remarqué que le taux de 2,6 % proposé pour la progression en 1999 de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM) était plus rigoureux qu'en apparence, compte tenu du dérapage prévu de l'ONDAM en 1998, et demeurait inférieur au taux de croissance en valeur du PIB.

Elle s'est félicitée d'avoir relancé le processus d'informatisation du système de soins et elle s'est déclarée convaincue que les médecins, dont le taux d'équipement informatique est passé de 30 % à 50 % en un an, finiraient par y adhérer une fois compris qu'il s'agit d'un outil d'aide à la qualité des soins et de réduction des coûts, et non d'un instrument de coercition.

La ministre s'est déclarée d'accord sur la nécessité de rendre plus homogènes les comptes de la sécurité sociale, et elle a annoncé la mise en place d'une commission de transparence sur ce sujet.

M Joseph Ostermann, rapporteur spécial des crédits de l'emploi , a souhaité connaître les modalités de financement de la loi relative à la réduction du temps de travail, et notamment les règles selon lesquelles a été défini le montant pris en charge par les régimes de sécurité sociale. Il a également souhaité obtenir des éclaircissements sur la nature de la contribution de 500 millions de francs que le Gouvernement entend mettre à la charge des organismes paritaires collecteurs agrées, ainsi que des précisions concernant la remise à niveau des crédits consacrés au financement de la ristourne dégressive sur les bas salaires.

M. André Vallet s'est inquiété des modalités concrètes de mise en place des emplois jeunes, ainsi que des risques éventuels de dérive pouvant exister en ce domaine.

Mme Marie-Claude Beaudeau a souhaité savoir comment les missions des nouvelles agences de veille sanitaire s'articuleraient avec celles du nouvel organisme de surveillance des organismes génétiquement modifiés (OGM), dont la création a été récemment annoncée.

M. Yann Gaillard a témoigné de l'exaspération des maires à l'égard des profiteurs du RMI. Considérant que la préférence de certains pour le RMI, éventuellement agrémenté d'un peu de travail au noir, pouvait relever d'un choix rationnel, il s'est déclaré favorable à la possibilité de cumuler temporairement le RMI avec un salaire lors du retour à l'emploi.

M. Jean-Philippe Lachenaud a souhaité connaître les intentions du Gouvernement en matière de réforme de l'assiette des cotisations sociales, ainsi que d'assurance maladie universelle.

En réponse aux intervenants, Mme Martine Aubry a indiqué que 20 % des entreprises négocient actuellement la réduction du temps de travail et que 20 % s'apprêtent à le faire. Elle a fait valoir que 400 accords ont été signés en deux mois depuis la publication des décrets d'application de la loi, prévoyant une augmentation moyenne des effectifs de 8 %. Considérant que le débat très théorique au sommet ne reflétait pas la réalité des négociations dans les entreprises, elle s'est félicitée que les souhaits des salariés soient conciliés avec les besoins des entreprises et a estimé le mouvement désormais bien engagé. La ministre a précisé que la provision budgétaire de 3,7 milliards de francs prévue à ce titre pour 1999 serait complétée par une fraction encore indéterminée de la provision de 3 milliards de francs inscrite en 1998, ainsi que par le recyclage des économies réalisées par la sécurité sociale grâce aux embauches.

Elle a indiqué que la dotation de 9,25 milliards de francs prévue pour l'apprentissage en 1999 permettrait de financer 20.000 contrats de plus, mais que les primes à l'embauche seraient recentrées sur les plus bas niveaux de qualification. Elle a justifié le nouveau prélèvement de 500 millions de francs sur les fonds de l'alternance par le fait que cette trésorerie demeure sous-utilisée.

La ministre a précisé que la dotation de 43 milliards de francs prévue pour le financement de la ristourne dégressive sur les bas salaires en 1999 était cohérent avec la prévision de dépenses de 41,5 milliards de francs pour 1998.

Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, s'est déclarée favorable à une réforme des cotisations sociales patronales qui aboutirait à un transfert de charges, favorable à l'emploi, des secteurs de main-d'oeuvre vers les secteurs capitalistiques. Soulignant que cette réforme devrait intervenir sans accroissement des prélèvements sur les ménages, ni des prélèvements globaux sur les entreprises, elle a considéré que la diminution corrélative de l'impôt sur les sociétés et de la taxe professionnelle permettrait qu'aucune entreprise ne voie accroître ses charges au total.

Elle a ajouté que les modalités de la réforme n'étaient pas encore décidées parce que certains des partenaires concernés avaient longtemps cru dans l'intérêt d'un basculement intégral de l'assiette sur la valeur ajoutée, dont le récent rapport de M. Malinvaud a montré les limites, mais que les consultations avançaient désormais.

Mme Martine Aubry s'est déclarée résolument opposée à toute substitution des emplois jeunes à des emplois publics ordinaires, et elle a observé que les élus locaux trouvaient souvent les préfets trop restrictifs en la matière.

Elle a indiqué que les emplois nouveaux prévus pour les missions locales seraient financés à moitié par l'Etat et à moitié par les collectivités locales, mais que celles-ci demeureraient parfaitement libres de leurs engagements.

Mme Martine Aubry s'est félicitée du travail très approfondi mené en commun avec les ministres du travail européens dans le cadre du programme du Luxembourg. Elle a indiqué que la formule des emplois jeunes est appliquée en Autriche et au Royaume-Uni, et est mise à l'étude en Allemagne. Elle a fait valoir que la France demeure l'un des pays européens où la durée du travail est la plus longue, et que certains Etats-membres, tels les Pays-Bas ou l'Allemagne, ont su réduire leur durée du travail par voie conventionnelle, sans recourir à la loi.

La ministre a indiqué que le projet de couverture maladie universelle vise à fournir une assurance de base aux quelques 150.000  personnes qui n'en disposent pas, ainsi qu'une couverture complémentaire au million de personnes qui en sont démunies.

Elle a ajouté que le rapport de M. Boulard proposait la gratuité effective pour les personnes disposant de revenus inférieurs au RMI, et une contribution symbolique pour les personnes disposant de revenus compris entre le RMI et le minimum vieillesse. Elle a précisé que le financement du dispositif serait assuré par le transfert de l'aide médicale gratuite des départements, ainsi que par l'apport financier des mutuelles et de l'Etat, cette dernière contribution budgétaire n'étant pour l'instant pas inscrite.

Mme Martine Aubry a indiqué que l'enquête comparative du mensuel Sciences et Avenir sur les établissements hospitaliers se fonde sur des chiffres fournis par la direction des hôpitaux, en application de la loi sur la transparence administrative. Tout en regrettant le côté parfois abrupt des comparaisons effectuées par les journalistes, elle s'est déclarée favorable à une transparence accrue en matière de qualité des services hospitaliers.

Elle a objecté que la mission de réflexion voulue par le Premier ministre sur les relations entre santé et environnement ne déboucherait pas forcément sur un organisme de surveillance des OGM, qui viendrait s'ajouter aux trois organismes prévus par la loi de sécurité sanitaire.

Mme Martine Aubry s'est déclarée favorable à une réorganisation des services d'aide à domicile, qui résultent de la stratification de régimes multiples, en fonction de la dépendance physique et de la dépendance financière des personnes. Elle a affirmé que le simple fait d'être âgé ne donne pas droit à être pris en charge par l'Etat ou par la sécurité sociale. Elle a estimé également important d'inciter à la professionnalisation des métiers de l'aide à la dépendance, ainsi qu'à la transparence tarifaire des établissements d'accueil des personnes âgées.

Tout en admettant qu'il existe marginalement des profiteurs du RMI, Mme Martine Aubry, ministre de l'emploi et de la solidarité, a estimé que les allocataires du RMI sont dans leur grande majorité disposés à faire des efforts d'insertion mais restent freinés par la peur de l'échec, ce qui justifie le mécanisme de cumul temporaire avec des revenus d'activité voté dans le cadre de la loi d'orientation de lutte contre les exclusions. Elle a précisé qu'en 1997, 30.000 "Rmistes" ont été radiés pour refus d'insertion, tandis que 36 % sont sortis du dispositif.

M. Philippe Marini, rapporteur général, a souhaité connaître les ressources et les modalités de gestion du fonds de sauvegarde des régimes de retraite par répartition proposé par le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999.

Mme Martine Aubry a reconnu que les 2 milliards de francs prévus pour abonder ce fonds sont symboliques. Elle a indiqué que les excédents ultérieurs de la sécurité sociale lui seraient affectés, ainsi que le produit de la cession des caisses d'épargne. Elle a ajouté que les modalités de gestion seraient fixés à l'issue de la vaste concertation sur l'avenir des retraites engagée par le commissaire au Plan, à la demande du Premier ministre. Soulignant qu'une modification des paramètres de fonctionnement des régimes de retraite est inéluctable, la ministre a affirmé que le fonds permettrait d'accompagner le passage d'un système à un autre. Elle a enfin estimé éminemment souhaitable que l'ensemble de la représentation nationale puisse se mettre d'accord sur le sujet des retraites.

II. EXAMEN EN COMMISSION

Au cours d'une seconde séance tenue dans l'après-midi du mardi 17 novembre, sous la présidence de M. Alain Lambert, président, la commission a tout d'abord procédé, sur le rapport de M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , à l'examen des crédits de l'emploi et de la solidarité : II.- santé et solidarité, ainsi que des articles 82 et 83 .

M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , après avoir fait observer que les changements incessants de nomenclature rendaient difficile le suivi du budget de la santé et de la solidarité, a indiqué que celui-ci s'élèverait à 79,9 milliards de francs en 1999, en progression apparente de 9,2 % par rapport à 1998.

Il a indiqué que les dépenses ordinaires progresseraient de 9,7 %, pour atteindre 79,2 milliards de francs, tandis que les dépenses en capital diminueraient de 26,7 % en crédits de paiement, pour s'établir à 684,6 millions de francs. Il a précisé qu'il convenait de prendre en compte deux modifications de périmètre : d'une part, le transfert des crédits de la ville dans un fascicule distinct, pour un montant de 655 millions de francs, et d'autre part la prise en charge de l'allocation de parent isolé par le budget de l'Etat, pour un montant de 4,2 milliards de francs.

Le rapporteur spécial a indiqué qu'à structure constante l'augmentation du budget de la santé et de la solidarité pour 1999 était de 4,5 %, à comparer au taux de progression de 2,6 % enregistré en 1998 par rapport à 1997.

M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , après avoir évoqué succinctement les principales évolutions de crédits, a présenté les deux articles rattachés au budget de la santé et de la solidarité.

Il a indiqué que l'article 82 a pour objet la prise en charge par l'Etat du financement de l'allocation de parent isolé (API). Après avoir rappelé que l'API est une allocation différentielle versée sous conditions de ressources aux personnes seules qui assument la charge effective d'un ou plusieurs enfants, pendant douze mois ou jusqu'à ce que le plus jeune enfant ait atteint l'âge de trois ans, le rapporteur spécial a indiqué que le montant prévisionnel des dépenses d'API s'élevait à 4,233 milliards de francs pour 1999.

Il a précisé que l'article 82 faisait figurer parmi les ressources de la Caisse nationale d'allocations familiales (CNAF) une subvention de l'Etat correspondant aux sommes versées au titre de l'allocation de parent isolé. Il a précisé que le budget de la santé et de la solidarité pour 1999 comportait en conséquence un nouveau chapitre 46-20 intitulé "Contribution de l'Etat au financement de l'allocation de parent isolé", doté de 4,233 milliards de francs.

M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , a estimé que la budgétisation de l'API est assez logique, car il s'agit d'une prestation différentielle garantissant un revenu minimum, qui peut relever de la solidarité nationale comme le revenu minimum d'insertion (RMI) ou l'allocation aux adultes handicapés (AAH).

Il a souligné que cette budgétisation s'inscrivait dans un ensemble plus vaste de mesures relatives à la famille : d'une part, la suppression, par l'article 13 du projet de loi de financement de la sécurité sociale, du plafond de ressources instauré l'an dernier pour les allocations familiales, et d'autre part, l'abaissement du plafond du quotient familial, par l'article 2 du projet de loi de finances. Il a précisé que le coût du déplafonnement des allocations familiales était estimé à 4,68 milliards de francs et que l'abaissement du plafond du quotient familial se traduirait par un alourdissement de l'impôt sur le revenu de 3,9 milliards de francs. Il a rappelé que cette dernière mesure n'apparaissait pas justifiée à la commission, qui l'a rejetée lors de l'examen de la première partie du projet de loi de finances.

M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , a ensuite présenté l'article 83, qui limite à 60 ans l'attribution de l'AAH pour les allocataires relevant de l'article L. 821-2 du code de la sécurité sociale.

Il a rappelé que l'AAH est une allocation différentielle financée par l'Etat et gérée par la CNAF, qui garantit à ses bénéficiaires un revenu minimum identique à celui du minimum vieillesse. Il a ajouté que le bénéficiaire doit justifier d'une incapacité permanente d'au moins 80 % en vertu de l'article L. 821-1 du code de la sécurité sociale, ou d'une incapacité permanente d'au moins 50 % lorsqu'il est reconnu dans l'impossibilité de se procurer un emploi, en vertu de l'article L. 821-2 du code de la sécurité sociale.

Le rapporteur spécial a rappelé que le minimum vieillesse est attribué dès l'âge de 60 ans aux personnes reconnues inaptes au travail et que le versement de l'AAH se prolonge jusqu'à l'âge de 65 ans, sauf si une décision d'inaptitude intervient avant. Il a indiqué que l'article 83 a pour objet d'assurer une meilleure cohérence entre le bénéfice de l'AAH et les avantages de vieillesse, en instaurant une présomption d'inaptitude au travail des bénéficiaires de l'AAH dès l'âge de 60 ans. Il a précisé que le versement de l'AAH serait suspendu en conséquence à compter de 60 ans pour les personnes qui en bénéficient au titre de l'article L. 521-2 du code de la sécurité sociale.

Il a précisé que l'économie budgétaire attendue de cette mesure est estimée à 31 millions de francs pour 1999, et devrait atteindre 300 millions de francs à terme. Il a toutefois observé qu'il ne s'agit pas d'une économie nette, mais d'un simple transfert de charges de l'Etat vers le fonds de solidarité vieillesse (FSV) chargé de financer le minimum vieillesse. Il a remarqué que cette modification ne serait pas, dans tous les cas, parfaitement neutre pour les intéressés, car les plafonds de ressources de l'AAH et du minimum vieillesse, tout en étant identiques dans leurs montants, ne sont pas calculés de la même manière : le second pourrait donc, dans certains cas, se révéler moins favorable que le premier.

M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , a ensuite présenté ses observations sur le budget de la santé et de la solidarité pour 1999.

Première observation, il a estimé que la budgétisation de l'allocation de parent isolé devait s'accompagner d'un effort d'économie. Après avoir rappelé que la Cour des Comptes a dénoncé, dans son rapport au Parlement sur la sécurité sociale de septembre 1998, les abus liés à l'imprécision de la notion même d'isolement, il a estimé que la commission pouvait proposer une économie de 200 millions de francs, soit environ 5 % des crédits consacrés à l'allocation de parent isolé, en exigeant du Gouvernement l'adaptation des textes réglementaires souhaitée par la CNAF pour instaurer une présomption de non-isolement en cas d'habitation commune.

Deuxième observation, le rapporteur spécial a constaté que les augmentations des crédits les plus importantes en volume du budget de la santé et de la solidarité résulteraient en 1999, comme les années précédentes, de la croissance non maîtrisée de dépenses sociales obligatoires.

Il a observé que les crédits consacrés à l'AAH augmenteraient à un rythme toujours rapide, de 5 %, pour atteindre un montant de 24,6 milliards de francs, tandis que les crédits consacrés au RMI augmenteraient de 4,2 %, pour atteindre un montant de 26,4 milliards de francs. Il a estimé que cette dernière augmentation était d'autant plus étonnante que l'évolution des dépenses de RMI est étroitement corrélée à celle du chômage non indemnisé, et que la situation de l'emploi est supposée s'améliorer en 1999 comme en 1998.

Après avoir rappelé que la Cour des Comptes, dans son rapport public de 1995, avait estimé que la charge supplémentaire liée à l'insuffisance du contrôle initial et trimestriel des ressources des bénéficiaires représentait 3 à 5 % des dépenses de RMI, il a proposé à la commission une réduction de 1,3 milliard de francs des crédits consacrés à l'allocation de RMI pour 1999, soit 5 % de leur montant. Il a souligné que cette économie pouvait résulter, sans réduction des droits ouverts aux bénéficiaires, de la systématisation des contrôles préconisés par la Cour des Comptes.

Troisième observation, M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , a estimé que l'évolution des dotations budgétaires aux différents instruments de régulation des dépenses d'assurance maladie n'était pas satisfaisante.

Il a observé que la dotation de l'Agence nationale d'accréditation et d'évaluation en santé (ANAES) serait simplement reconduite en 1999 au niveau de 37,3 millions de francs. Il a précisé que le retard pris dans la mise en place de l'ANAES s'était traduit par des reports importants de crédits, qui atteignent près de 90 millions de francs au titre de 1997 et 1998.

Il a observé que les autorisations de programme prévues pour le fonds d'investissement pour la modernisation des hôpitaux (FIMHO) s'élevaient à 250 millions de francs seulement pour 1999, alors qu'elles étaient de 503 millions de francs en 1998, tandis que les crédits de paiement afférents étaient simplement reconduits au niveau de 150 millions de francs. Il a estimé que ce fonds était pourtant essentiel, puisqu'il a pour mission d'accompagner financièrement les opérations de restructuration hospitalière.

Il a observé que la participation budgétaire de l'Etat à l'informatisation de l'assurance maladie était des plus modestes, puisqu'elle se limiterait à 1,4 million de francs de crédits, en 1999 comme en 1998, consacrés aux frais de fonctionnement du groupement d'intérêt public (GIP) "carte professionnelle de santé". Il a précisé que, dans son dernier rapport au Parlement sur la sécurité sociale, la Cour des Comptes avait estimé à 7 milliards de francs les dépenses d'informatique nécessaires à moyen terme, pour la seule généralisation de la carte de santé Vitale 2.

M. Jean Chérioux, rapporteur pour avis sur les crédits de la solidarité , a déclaré partager les inquiétudes du rapporteur spécial quant à l'augmentation continue des dépenses sociales obligatoires, et notamment de l'AAH et du RMI, et considéré urgent le contrôle de leur utilisation. Il a annoncé qu'il présenterait, au nom de la commission des affaires sociales, un amendement tendant à rendre opposable un taux directeur aux gestionnaires des institutions médico-sociales financées par les départements. Il a précisé que, compte tenu des obligations découlant des nouvelles normes techniques et des accords salariaux, les dépenses de ces institutions progressaient à un rythme minimum de 2 à 3 % par an.

Mme Marie-Claude Beaudeau a souhaité savoir si les dotations prévues pour les trois instituts de veille sanitaire nouvellement créés correspondaient à des crédits supplémentaires ou à des redéploiements. Elle s'est inquiétée de l'extinction du Centre international de l'enfance et de la famille.

M. Jean-Philippe Lachenaud s'est demandé si le Gouvernement manifestait une volonté de remettre en ordre le RMI, dont la dérive lui apparaissait préoccupante.

M. André Vallet s'est inquiété des conséquences, pour les plus petits hôpitaux, de la réduction des dépenses d'équipement sanitaire, et s'est déclaré favorable à un renforcement des contrôles sur le RMI.

M. Roland du Luart, après avoir déclaré partager l'analyse du rapporteur spécial sur l'AAH et le RMI, s'est inquiété de l'impact du passage aux 35 heures dans les établissements médico-sociaux financés par les départements. Il a estimé indispensable que la réduction du temps de travail se fasse à budget constant dans ces établissements, qui disposent déjà de conventions collectives généreuses.

En réponse aux intervenants précédents, M. Jacques Oudin, rapporteur spécial , a indiqué que les dotations des instituts de veille sanitaire correspondaient essentiellement à des transferts de crédits, en provenance de l'ex-agence du médicament et du réseau national de santé publique.

Il a estimé qu'il n'existait pas de volonté gouvernementale de réformer le RMI, qui apparaît comme un système désormais pérennisé, et a précisé que la loi d'orientation relative à la lutte contre les exclusions prévoyait d'encourager l'insertion des allocataires du RMI en leur permettant de cumuler, pendant une certaine période, leur allocation et un revenu d'activité.

Il a estimé qu'il n'était pas raisonnable de vouloir maintenir tous les hôpitaux existants, et qu'il convenait de choisir entre une préoccupation de proximité et un souci d'efficacité pour adapter l'offre hospitalière aux besoins de la population.

Il s'est déclaré tout à fait favorable au principe du passage des établissements médico-sociaux aux 35 heures à budget constant, estimant que cette contrainte serait un instant de vérité pour leur gestion.

La commission a ensuite adopté les articles rattachés 82 et 83.

Puis, sur proposition du rapporteur spécial, M. Jacques Oudin, la commission a adopté deux amendements réduisant les crédits des titres III et IV et les crédits de la santé et de la solidarité ainsi modifiés .




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