B. L'OUVERTURE DU SYSTÈME ÉDUCATIF : UNE CONDITION INDISPENSABLE À SA RÉUSSITE
1. Au collège
Des
visites d'information ou des séquences d'observation en milieu
professionnel peuvent être organisées par les collèges afin
de développer les connaissances des élèves sur
l'environnement technologique, économique et professionnel, notamment
dans le cadre de l'éducation à l'orientation.
Les stages en milieu professionnel peuvent être également
organisés pour des élèves, âgés de quatorze
ans au moins, qui suivent une formation dont le programme d'enseignement
comporte une initiation aux activités professionnelles. Ils s'adressent
aux élèves des dispositifs d'aide et de soutien en
quatrième, des classes de troisième d'insertion, des classes de
quatrième et de troisième des sections d'enseignement
général et professionnel adapté (SEGPA) et des classes
d'initiation préprofessionnelle en alternance (CLIPA).
Dans les dispositifs d'aide et de soutien en quatrième, les stages de
courte durée permettent aux élèves d'être
sensibilisés à l'environnement économique et professionnel
et de tester leurs goûts et leurs aptitudes.
En troisième d'insertion, les stages, d'une durée de six à
quinze semaines, contribuent à aider les élèves à
définir leur projet de formation.
En classe de quatrième des sections d'enseignement général
et professionnel adapté (SEGPA), les stages de courte durée ont
pour objectif d'assurer aux élèves une information sur les
métiers et une découverte progressive du monde du travail. En
classe de troisième, ils permettent aux élèves, qui
reçoivent une première formation professionnelle, de
préciser leur projet professionnel.
Dans les classes d'initiation préprofessionnelle en alternance (CLIPA),
la découverte du milieu professionnel est une part importante de la
formation. Les stages dans différents milieux professionnels doivent
occuper environ le tiers du temps de formation.
2. Dans la voie professionnelle
a) Le dispositif "ingénieurs pour l'école"
Afin de
renforcer le rapprochement école-entreprise, de développer toutes
formes d'échange et d'alternance, susceptibles d'accroître les
chances d'accès des jeunes à l'emploi, le ministère de
l'éducation nationale, de la recherche et de la technologie et un
certain nombre d'entreprises (Thomson, Aérospatiale, SNECMA) ont
décidé de s'associer pour que des ingénieurs et des cadres
des entreprises concernées puissent être mis à la
disposition de l'éducation nationale, pour une durée
limitée à deux ou trois ans.
Le dispositif a été mis en place à la rentrée
scolaire 1994-1995 dans trois académies : Bordeaux, Toulouse et
Versailles, avec trente ingénieurs.
En 1996-1997, soixante ingénieurs et cadres ont été
répartis dans quinze académies et de nouvelles entreprises ont
adhéré à cette association (Matra-Hachette, ELF, IBM...).
Les missions remplies par ces ingénieurs concernent :
- l'insertion des jeunes ;
- les relations école-entreprise : partenariat pour le
développement de l'alternance et l'insertion dans le cadre des bassins
de formation, stages en entreprise ;
- le transfert de technologie ;
- la sécurité du parc des "machines-outils" des
établissements scolaires.
b) Le partenariat avec les branches professionnelles et les entreprises
•
Au niveau national
Les contenus des 650 diplômes technologiques et professionnels sont
réexaminés périodiquement au sein des commissions
professionnelles consultatives (CPC) qui associent l'ensemble des partenaires
sociaux. Environ soixante diplômes sont ainsi actualisés,
créés ou supprimés chaque année, en fonction de
l'évolution des besoins de l'économie et de l'évolution
des professions.
Une structure spécifique a été créée en 1993
au sein de la direction des lycées et collèges, pour
développer les relations entre l'éducation nationale et les
branches professionnelles ou les grandes entreprises. Celles-ci se traduisent,
notamment, par la signature de conventions qui portent sur des axes divers tels
que : évolution des métiers et des formations, information et
orientation des jeunes, accueil d'élèves en entreprise,
apprentissage, mesures favorisant l'insertion des jeunes, participation des
professionnels aux enseignements, formation continue des salariés,
formation des personnels de l'éducation nationale, coopération
technique.
A ce jour, au niveau national, 28 conventions avec des branches
professionnelles (Association nationale pour la formation automobile -ANFA-,
plasturgie, Confédération générale des petites et
moyennes entreprises -CGPME-, Fédération des entreprises de
propreté, association nationale des industries agro-alimentaires...) et
cinq accords de partenariat (Confédération de l'artisanat et des
petites entreprises du bâtiment -CAPEB-, union des syndicats
professionnels de matériels agricoles et travaux publics...) ont
été signés.
Par ailleurs, le diplôme de technologie spécialisée,
créé en 1994 et préparé en lycée ou en IUT,
consacre une formation d'une année organisée en alternance. Il
s'adresse aux titulaires d'un BTS ou d'un DUT, en vue de faciliter leur
insertion professionnelle par l'acquisition d'une double compétence.
•
Au niveau local
Les établissements scolaires, en concertation avec les entreprises,
mettent en place des formations complémentaires d'initiative locale
-FCIL- adaptées à l'emploi local. La multiplication de ces
formations, qui concernent actuellement près de
8.000 élèves, traduit leur réussite.
Il s'agit d'organiser une étape entre le diplôme et l'emploi
réel, en s'appuyant sur la mise en place de formations
post-diplômes très souples, négociées au plan local
et en fonction de l'emploi local, d'une durée d'environ 6 mois
à un an, reposant sur l'alternance (50 % de la formation se
déroulant en entreprise) et disparaissant dès qu'elles ne
correspondent plus à un besoin. Ces FCIL sont accessibles aux jeunes
titulaires d'un diplôme professionnel ou technologique de niveau V, IV ou
III.
c) Le développement des formations en alternance sous statut scolaire
Cette
alternance s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des dispositions de
l'article 7 de la loi d'orientation sur l'éducation de juillet 1989
qui prévoit, pour toutes les formations conduisant à un
diplôme technique ou professionnel, l'obligation d'une formation en
entreprise.
C'est ainsi que des périodes de formation en entreprise ont
été introduites dans les baccalauréats professionnels et
les CAP-BEP.
Tous les baccalauréats professionnels comportent une
période de formation en entreprise de 12 à 24 semaines sur les
deux années de formation.
Au niveau BEP-CAP, les décrets n° 92-153 et
n° 92-154 du 19 février 1992, modifiant les
décrets d'octobre 1987 portant règlement général
des certificats d'aptitude professionnelle (CAP) et brevets d'études
professionnelles (BEP), ont introduit des périodes de formation en
entreprise obligatoires dans les préparations aux CAP et BEP. Les acquis
de la formation en entreprise font l'objet d'une évaluation à
l'examen pour les candidats issus des établissements d'enseignement
public, d'enseignement privé sous contrat ou de CFA habilités.
Ces périodes de formation ont été introduites, notamment,
dans plusieurs secteurs professionnels importants : le bâtiment-bois,
l'hôtellerie, les industries graphiques, la vente, les travaux publics.
Sont ici privilégiés les diplômes conduisant à une
entrée immédiate dans le monde du travail.
Toutefois, pour certains brevets d'études professionnelles à
très forte vocation de poursuite d'études, un stage non
validé remplace la période de formation en entreprise. Celle-ci
n'a alors lieu qu'en section de baccalauréat professionnel.
Leur durée est de l'ordre de huit semaines pour le BEP, de douze
semaines pour le CAP, en restant dans la limite du quart de la durée
totale de formation. Ces périodes de formation en entreprise demeurent
sous la responsabilité des établissements scolaires et sont
conçues en fonction de l'enseignement organisé par
l'établissement qui dispense la formation.
Elles poursuivent, notamment, l'objectif de donner aux jeunes de meilleures
possibilités d'insertion professionnelle, par une connaissance
réelle de la vie de l'entreprise, et d'associer plus étroitement
l'entreprise et le lycée professionnel dans la mise en place et la
validation des enseignements. En effet, le contenu de la période de
formation en entreprise est fixé, en concertation entre le tuteur
d'entreprise et l'équipe pédagogique, en début de
formation, à partir de documents élaborés à cet
effet, en commission professionnelle consultative.
La période de formation en entreprise, par le rôle qu'elle donne
localement à l'entreprise dans la mise en oeuvre de la formation,
garantit de fait une réelle adaptation aux caractéristiques et
aux besoins locaux des entreprises.
S'agissant des brevets de technicien supérieur, une période
de stage en entreprise, variable de huit à douze semaines, est
systématiquement introduite dans les formations depuis une dizaine
d'années. Comme pour les diplômes de niveau V et IV, elle est
réalisée en concertation étroite entre l'entreprise
d'accueil et l'établissement de formation, en fonction des objectifs de
stage définis dans le règlement de chaque brevet de technicien
supérieur. Ce stage est validé à l'examen, sous forme de
soutenance d'un dossier ou d'un projet technique, suivie d'un entretien avec le
jury.
Les échanges école-entreprises sont amenés à se
développer encore, d'une part en raison de l'extension des stages
à de nouveaux bénéficiaires, d'autre part avec la mise en
oeuvre de l'article 54 de la loi quinquennale sur le travail, l'emploi et la
formation professionnelle, qui prévoit d'offrir une formation
professionnelle à tout jeune avant sa sortie du système
éducatif. Ces formations devant être réalisées en
alternance (scolaire ou sous contrat de travail), c'est tout un public nouveau
qui doit être accueilli par les entreprises.
D'autres actions d'aides à l'insertion des jeunes sont poursuivies dans
le cadre de la mission générale d'insertion de l'éducation
nationale ; ces formations, caractérisées par leur souplesse et
fondées sur le principe de l'alternance, se construisent en partenariat
étroit avec le milieu économique local, à partir du
vécu du jeune en entreprise.
d) Le développement de l'apprentissage
En
complémentarité avec les formations sous statut scolaire et les
formations dispensées en centre de formation d'apprentis, l'ouverture,
dans les lycées, de sections d'apprentissage ou d'unités de
formation par apprentissage sera poursuivie.
Leur développement s'articule avec les travaux menés pour la
rénovation pédagogique des centres de formation d'apprentis,
gérés par des établissements publics locaux d'enseignement
(EPLE), qui visent, principalement, à renforcer les compétences
des acteurs et à améliorer les pratiques pédagogiques.
Par ailleurs, dans le cadre du protocole d'accord signé le
18 juillet 1990 entre le ministère du travail et le
ministère de l'éducation nationale, concernant la
rénovation de l'apprentissage, différentes actions ont
été mises en oeuvre dans le but d'améliorer la
qualité et la formation donnée aux apprentis. Elles ont,
notamment, mobilisé au service des CFA et des entreprises des
compétences existant au sein de l'éducation nationale : recherche
d'une organisation pour optimiser le parcours de formation des apprentis,
positionnement des jeunes à l'entrée en apprentissage,
pédagogie de l'alternance appliquée au brevet de technicien
supérieur, mise au point de la formation à distance dans le cadre
d'un CFA national.