C. L'ASPHYXIE DE LA JUSTICE PÉNALE ITALIENNE PAR DES DÉLAIS BEAUCOUP TROP LONGS

La mise en place de cette nouvelle procédure pénale, qui comporte des mécanismes très sophistiqué de " garanties ", a entraîné un allongement considérable des délais. De plus, les différentes voies de recours : appel 20( * ) et cassation, semblent très fréquemment utilisées.

La durée de traitement d'un dossier n'est pas inférieure à trois ans (sauf si le prévenu est placé en détention provisoire dont la durée est limitée).

La durée totale de la procédure serait en moyenne de dix ans avant l'épuisement de toutes les voies de recours.

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Au total, la combinaison du principe de légalité des poursuites, de l'application de la nouvelle procédure pénale et du manque de moyens entraîne donc une véritable asphyxie de la justice pénale italienne confrontée aux délais les plus longs d'Europe.

Ce bilan que certains qualifient de catastrophique a amené bon nombre des interlocuteurs de la mission à s'interroger sur la pertinence de la nouvelle procédure pénale.

Par ailleurs, le fonctionnement pratique du système judiciaire italien montre que l'indépendance totale des membres du Parquet peut conduire -nonobstant le principe de légalité des poursuites-, à un exercice discrétionnaire de l'action publique, au détriment de l'égalité des citoyens devant la loi et de la cohérence de la politique pénale. Des problèmes de coordination de l'action publique se posent en tout état de cause.

En outre, l'indépendance des magistrats du Parquet vis à vis du pouvoir exécutif permet certes de lever les soupçons d'intervention de l'autorité politique en matière de nominations, mais elle n'empêche pas une forte politisation des magistrats comme du Conseil supérieur de la magistrature et comporte des risques de dérives corporatistes.

Même si elle peut apparaître satisfaisante à bien des égards sur le plan théorique, l'organisation judiciaire italienne est donc bien loin de constituer un modèle idéal qu'il serait souhaitable de transposer en France.

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PERSONNALITES RENCONTREES LORS DU DÉPLACEMENT D'UNE DÉLÉGATION
DE LA COMMISSION DES LOIS EN ITALIE DU 17 AU 19 MAI 1998


 

Entretien à l'Ambassade de France avec

M. Jean-Michel Dumond, ministre-conseiller

 

Entretien au ministère de la justice avec MM. Giorgio Lattanzi, directeur général des affaires pénales, et Domenico Carcano, son adjoint

M. Philippe Labrégère, magistrat de liaison en Italie

 

Entretien au siège de la direction générale anti-mafia avec M. Emilio Ledone, coordonnateur des affaires internationales

 

Entretien avec M. Carlo Federico Grosso, vice-président du Conseil supérieur de la magistrature, au siège du conseil

 

Entretien au Palais de justice avec M. Vecchione, procureur du tribunal de Rome, et avec ses collaborateurs

 

Entretien au ministère de la justice avec M. Giuseppe Ayala, sous-secrétaire d'Etat à la justice

M. Jean-Bernard Mérimée, ambassadeur de France

 

Entretien à la Chambre des députés avec M. le député Marco Boato (rapporteur de la réforme constitutionnelle relative au statut de la magistrature)

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