CHAPITRE III -
LA POLITIQUE
ÉNERGÉTIQUE FRANÇAISE
EN EST UNE
ILLUSTRATION
I. ELLE A TOUJOURS OCCUPÉ UNE PLACE STRATÉGIQUE DANS LA POLITIQUE DE LA NATION
A. LES CONTRAINTES ET LEUR ÉVOLUTION
La France ne dispose pas d'abondantes ressources énergétiques ; au contraire, elle a dû assurer en permanence la difficile adéquation de ressources insuffisantes ou inadaptées à des besoins énergétiques qui croissaient en fonction de l'évolution économique.
1. Des ressources rares ou difficilement accessibles
En
dépit de sa surface, plus importante que celle des pays voisins et plus
que doublée par la zone maritime sur laquelle s'exerce sa
souveraineté économique, notre pays est dépourvu de
ressources fossiles significatives.
Ce déficit de ressources naturelles explique en grande partie le retard
que nous avons pris au XIXe siècle sur des pays voisins mieux pourvus
tels que la Grande-Bretagne ou l'Allemagne.
En ce qui concerne le
charbon
, trois bassins principaux
(Nord-Pas-de-Calais, Lorraine, Centre-Midi) ont été
exploités de façon intensive. Cependant, même si les
réserves prouvées sont estimées à 150 millions
de tonnes équivalent charbon, les conditions d'extraction sont telles
que l'exploitation des mines est gravement déficitaire.
En matière de
pétrole,
nous sommes moins bien pourvus
encore malgré l'étendue de nos bassins sédimentaires.
Quant aux forages off-shore effectués sur notre plateau continental, ils
n'ont donné aucun résultat. Nos ressources, se limitent donc aux
quelques gisements mis à jour dans le Sud-Ouest et la Région
parisienne, dont la capacité pourrait nous assurer quatre mois de
consommation...
Quant au
gaz
, il a été largement utilisé au XIXe
siècle sous la forme du gaz de houille, mais il a été
remplacé par le gaz naturel, issu du sud-ouest de la France mais que
nous possédons en quantité limitée.
Jusqu'au début du XXe siècle, le gaz obtenu par distillation du
charbon fut largement utilisé pour l'éclairage des villes et
habitations ainsi que pour les usages domestiques. Toutefois, ce gaz, hautement
toxique en raison de la présence d'oxyde de carbone et d'une
capacité thermique médiocre fut supplanté par les gaz de
pétrole (butane et propane) puis par le gaz naturel. En ce qui concerne
ce dernier, malgré l'espoir suscité un temps par la
découverte du gisement de Lacq, notre potentiel est extrêmement
limité et l'obsolescence du gisement bien réelle.
Ce
constat de pauvreté
en énergies fossiles a
été notamment dressé par le groupe
Énergie 2010 du Commissariat Général du Plan qui
notait : "
La France importe aujourd'hui la quasi-totalité du
pétrole, les neuf dixièmes du gaz et la moitié du charbon
qu'elle consomme.
La situation s'est d'ailleurs dégradée
depuis 1973, tant pour le gaz que pour le charbon, dont les productions
nationales ont chuté de moitié en quinze ans. "
42(
*
)
Les ressources du sous-sol français prouvées au 01/01/1993 |
||
|
en unités |
en millions de tep (43( * )) |
Pétrole brut
|
20 Mt
|
20
|
Gaz
naturel épuré
|
28
milliards de m
3
|
> 480 Mtep (47( * )) |
Source : Observatoire de l'énergie |
Ces
ressources s'épuisent vite : l'Observatoire de l'énergie
évaluait, au
l
er
janvier 1998
, nos réserves de
gaz
à
14,4 milliards de m
3
et nos
réserves de pétrole à
14,6 millions de tonnes
.
Elles sont à comparer à la consommation nationale
d'énergie primaire qui s'est élevée en 1997 à
237 millions de tep.