3. Les États-Unis souhaitent maintenir l'option nucléaire ouverte
107 tranches nucléaires sont en fonctionnement aux
Etats-Unis. Elles assurent 21,9 % de la production électrique
totale (le reste étant d'origine thermique classique à
67,2 %, hydraulique à 9,8 % et autre à 0,3 %).
Bien que le secteur nucléaire américain ait connu des
améliorations de performance spectaculaires
27(
*
)
,
aucun électricien
américain n'envisage de réinvestir dans une capacité de
production électronucléaire
, les centrales aux gaz ou au
charbon étant considérées comme plus économiques.
Les constructeurs américains ont, en conséquence, fait de la
conquête des marchés asiatiques leur priorité.
Néanmoins, il faut noter que le parc nucléaire américain
se caractérise par son morcellement, l'absence totale de standardisation
et le caractère non rentable de certains investissements d'origine. Il
est par conséquent difficile d'en faire un exemple au niveau
international.
LA SITUATION DU NUCLÉAIRE AUX ÉTATS-UNIS
Elle
apparaît très critique à court terme, certains exploitants
choisissant dès aujourd'hui de ne pas chercher à renouveler leurs
licences d'exploitation face à l'intérêt économique
du charbon et du gaz naturel et à la mauvaise
compétitivité actuelle du nucléaire.
Les licences d'exploitation des centrales nucléaires sont
délivrées par la
Nuclear Regulatory Commission (NRC)
pour
une durée de 40 ans, conformément à
l'Atomic
Energy Act
de 1954 (cette durée de 40 ans représente la
durée classique d'amortissement des investissements en centrales
électriques). Elles sont renouvelables pour une période de
20 ans maximum.
La question du prolongement de la durée de vie des
107 réacteurs actuellement en service apparaît de plus en
plus pressante dans le contexte d'un parc nucléaire vieillissant :
entre 1995 et 2015, une cinquantaine de tranches devraient en effet atteindre
l'expiration de leur licence, soit 38 % de la capacité du parc
électronucléaire américain actuel. Ce scénario ne
prend pas en compte les fermetures prématurées de centrales
devenues non compétitives sur un marché électrique ouvert
à la concurrence.
Depuis la fin de 1996 (il y avait 110 réacteurs en service cette
année), ce sont déjà trois centrales qui ont fermé
ou vont fermer définitivement avant d'être
démantelées pour des raisons financières (le coût de
l'électricité produite par les anciennes centrales
nucléaires, après le remplacement de générateurs de
vapeur entraînant un investissement lourd de l'ordre de 100 à
150 millions de dollars par unité, n'est plus compétitif).
Il est à prévoir que cette tendance va s'amplifier.
Certains exploitants nucléaires trouveront plus économique
d'assumer les coûts de démantèlement de leurs centrales
(opération évaluée entre 300 et 400 millions de
dollars par centrale) ou de s'en séparer en les revendant, d'autant plus
que la base de la réforme du système électrique
américain prévoit la séparation des activités de
production et de distribution des compagnies d'électricité. Aucun
projet de nouvelle centrale nucléaire n'est envisagé d'ici l'an
2015, les centrales au gaz naturel et au charbon s'avérant plus
économiques. La dernière centrale nucléaire neuve a
été mise en service en 1996.
Dans ses dernières projections à moyen terme 1995-2015, le
Département américain de l'Energie (DOE) brosse un tableau sombre
de l'évolution du nucléaire et émet l'hypothèse
qu'
aucun renouvellement de licence n'interviendrait au sein du parc
actuel
. Avec le retrait progressif des vieilles unités, la part de
l'énergie nucléaire produite par les 57 réacteurs restants
en 2015 devrait décliner pour ne représenter alors que 10 %
de la production d'électricité américaine contre
près de 22 % à l'heure actuelle. A cette
problématique de l'âge des centrales vient s'ajouter celle, encore
plus critique et loin d'être résolue, du mode de stockage des
combustibles usés, qui fait planer une menace réelle sur
l'évolution du marché nucléaire.
Dans un raisonnement encore plus pessimiste, basant ses prévisions sur
un modèle à plus long terme, le DOE envisage carrément
l'avènement de l'ère
zéro
du nucléaire
puisque ses hypothèses font état d'une capacité entre 0 et
30 Gwe à l'horizon 2040.
Source : PEE Houston
Néanmoins, une certaine évolution des esprits en faveur d'une
politique énergétique plus soucieuse de l'environnement se
développe depuis le sommet de Kyoto. En effet, en dépit des
divergences d'approche exprimées par les Américains lors de la
préparation de ce sommet, le Secrétaire d'Etat à l'Energie
déclare depuis peu que l'énergie nucléaire tiendra une
place importante dans la politique américaine de lutte contre les
émissions de gaz à effet de serre.
Il ressort aussi du Plan stratégique présenté par le
Secrétaire à l'Energie, Frederico Pena, le 15 août
1997, que
les
autorités américaines cherchent à
garder l'option nucléaire ouverte
.
En conséquence,
l'administration Clinton s'apprête à reprendre un effort public de
recherche nucléaire.
Il sera cependant difficile au Gouvernement américain de définir
une nouvelle politique nucléaire sans perspective sérieuse de
règlement du problème du
stockage des combustibles
usés
,
question qui oppose aujourd'hui le Congrès et la
Maison blanche
.