B. LES AJUSTEMENTS SUCCESSIFS DU TEXTE AU COURS DE SON EXAMEN

Les modifications de la proposition de loi initiale, successivement intervenues à l'issue de la réunion en commission à l'Assemblée nationale, puis au cours du débat en séance publique, témoignent de certaines différences d'appréciation.

Bien que saisie à l'origine de la proposition de loi de M. Alain Bocquet, la commission des Affaires culturelles, familiales et sociales a, semble-t-il, été attachée à faire prévaloir un dispositif plus proche de celui qui avait été préconisé dans la proposition de loi de M. Laurent Fabius et les membres du groupe socialiste.

Ainsi, le dispositif de M. Alain Bocquet avait-il pour objet d'instituer une allocation forfaitaire d'un montant uniforme de 1.750 francs mensuel versée par l'Etat. Le montant de cette allocation fixé par décret était précisé dans l'exposé des motifs. Il était prévu, en outre, une condition d'âge minimum : la prestation ne devait être versée qu'aux personnes âgées de plus de 55 ans. Enfin, il était indiqué que la nouvelle allocation ne devait pas donner lieu à prélèvements sociaux.

Le texte issu des travaux de la commission à l'Assemblée nationale incorpore sur bien des points les caractéristiques du dispositif prévu par la proposition de loi de M. Laurent Fabius et de ses collègues.

Si le nom générique de la nouvelle allocation -allocation spécifique d'attente (ASA)- et le principe de sa prise en charge par l'Etat sont maintenus, plusieurs aspects sont différents par rapport au texte de M. Alain Bocquet.

- Tout d'abord, il a été prévu que le montant de la nouvelle allocation de solidarité devrait être proportionnel au revenu d'activité de l'intéressé, c'est-à-dire à 57 % du salaire brut moyen de sa dernière année de travail.

- Le principe d'une exonération totale de tout prélèvement social n'a pas été repris dans le texte adopté par la commission.

- Sur le plan rédactionnel, le nouveau dispositif de l'ASA a été inséré dans le code du travail sous la section relative aux mesures de solidarité en faveur des travailleurs privés d'emploi, c'est-à-dire rattachée à l'ASS.

Par ailleurs, la commission a adopté un amendement présenté par M. Maxime Gremetz visant à supprimer la fixation d'une condition d'âge minimum à 55 ans qui pénalisait injustement ceux qui avaient travaillé le plus tôt, dès 14 ans.

Toutefois, au cours du débat en séance publique, les informations transmises par le Gouvernement ont fait à nouveau prévaloir la logique d'une allocation à caractère forfaitaire mise en oeuvre dans la proposition de loi de M. Alain Bocquet et de ses collègues.

Ainsi l'Assemblée, de manière assez peu transparente, a-t-elle finalement adopté un amendement déposé par Mme Muguette Jacquaint, rapporteur, et M. Jean Le Garrec tendant à supprimer la mention d'une allocation proportionnelle au revenu et précisant, en outre, que le montant de l'ASA n'était pas pris en compte pour le calcul de l'allocation de RMI et de l'ASS.

Mme Muguette Jacquaint, rapporteur, a précisé que " après une étude plus fine, il était apparu que beaucoup de chômeurs qui avaient interrompu leur activité ou qui n'avaient perçu que des salaires peu élevés, risquaient de ne pas percevoir plus qu'aujourd'hui " si le principe d'une allocation proportionnelle au revenu était maintenu.

Mme Martine Aubry s'est engagée, en séance publique, à ce que l'allocation dont le montant sera fixé par décret, permette d'augmenter les ressources des intéressés de 1.750 francs par mois.

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