II. LA MODIFICATION DE L'ÉQUILIBRE DU BUDGET GÉNÉRAL
Variation de l'équilibre du budget
général proposée par le collectif
Budget général
A. AUGMENTATIONS DE CRÉDITS |
A. ANNULATIONS DE CRÉDITS |
||
a) Augmentations brutes |
|
|
|
Décrets d'avances |
12,8 |
Arrêtés d'annulation |
12,8 |
Collectif |
34,9 |
Collectif |
20,8 |
Total |
47,7 |
Total (crédits nets) |
33,6 |
b) Augmentations de crédits nets des remboursements et dégrèvements |
|
|
|
Décrets d'avances |
12,8 |
|
|
Collectif |
16,8 |
|
|
Total |
29,6 |
Total (A) |
33,6 |
|
|
B. PLUS-VALUES DE RECETTES |
|
|
|
a) Recettes fiscales brutes |
26,4 |
|
|
b) Recettes fiscales nettes |
8,5 |
|
|
c) Recettes non fiscales |
+ 1,2 |
|
|
Total
|
27,6
|
Total supplément net de crédits |
29,6 |
A+B=C. Total des recettes nettes |
|
B. Diminution du déficit |
- 14,5 |
D. Prélèvement sur recettes |
- 0,9 |
(44,1 - 29,6) |
|
E. Ressources nettes supplémentaires |
+ 44,1 |
Au terme du collectif, le solde du budget
général de l'Etat serait amélioré de
14,5 milliards de francs. La diminution du déficit provient des
mesures suivantes :
-
une très légère diminution des dépenses
de 3,9 milliards de francs, résultat de mouvements très
importants d'ouvertures et d'annulations de crédits avec, en
crédits nets, respectivement, de 29,6 et 33,5 milliards de
francs ;
-
une forte augmentation des recettes
de 27,6 milliards de francs
pour les recettes brutes et de 9,5 milliards de francs pour les recettes
nettes ;
-
une réduction marginale des prélèvements sur
recettes
: - 0,9 milliard de francs.
La modeste diminution des dépenses du budget général
provient de deux mouvements de sens contraire.
Il est à remarquer qu'alors que lors du premier "tour" de
modifications
des crédits, les annulations de crédits avaient été
compensées par des ouvertures, à due proportion, tel n'a pas
été le cas lors des épisodes ultérieurs où
les annulations l'ont emporté sur les ouvertures. Il est ainsi
démontré que
le nouveau gouvernement, pas plus que les
précédents, n'échappe dans la gestion des crédits
aux contraintes de l'exécution budgétaire.
Ce n'est pas faute d'essayer pourtant puisque le supplément de recettes
s'élève en produits nets à 9,7 milliards de francs,
soit près de trois fois plus que l'effort d'économies
manifesté dans le projet de loi ici examiné.
Le nouveau gouvernement a donc atteint l'équilibre budgétaire
qu'il a choisi en recourant principalement aux prélèvements
obligatoires.
A. L'ACCROISSEMENT DES PRÉLÈVEMENTS OBLIGATOIRES
Variation des recettes
(en milliards de francs)
|
Loi de finances initiale pour 1997 |
|
Projet de loi de finances rectificative |
Recettes fiscales |
|
|
|
- Impôt sur le revenu |
291,8 |
- 1,8 |
290 |
- Autres impôts directs sur rôles |
42,8 |
+ 3,4 |
46,2 |
- Impôt sur les sociétés |
170,8 |
+ 32,3 |
203,1 |
Pour mémoire IS net |
144,8 |
+ 28,3 |
173,1 |
- Autres impôts directs |
84,8 |
- 2,4 |
82,1 |
- TIPP |
151,9 |
- 1,3 |
150,6 |
- Taxe sur la valeur ajoutée |
757,5 |
- 4,5 |
753 |
Pour mémoire TVA nette |
635,2 |
- 15,2 |
620 |
Recettes fiscales brutes |
1.644,6 |
+ 26,4 |
1.671 |
Remboursements et dégrèvements |
- 249,4 |
- 18 |
- 267,4 |
1. TVA |
- 122,3 |
- 10,7 |
- 133 |
2. Impôt sur les sociétés |
- 26 |
- 4 |
- 30 |
3. Autres |
- 101,1 |
- 3,3 |
- 104,4 |
Recettes fiscales nettes |
1.395,2 |
+ 8,5 |
1.403,7 |
Recettes non fiscales |
155,1 |
+ 1,2 |
156,3 |
dont recettes d'ordre |
17,9 |
- 2,8 |
15,1 |
Prélèvements sur recettes de l'Etat |
|
|
|
1. Collectivités locales |
- 166,9 |
+ 1,9 |
- 165 |
2. Communautés européennes |
- 87 |
- 1 |
- 88 |
Ressources brutes |
1.545,8 |
+ 28,5 |
1.574,3 |
Ressources nettes du budget général |
1.296,5 |
+ 10,5 |
1.3 07 |
Les recettes du budget général sont accrues de
10,5 milliards de francs, soit un supplément de 0,8 % par
rapport aux estimations initiales.
L'accroissement des
recettes fiscales nettes
-+ 8,5 milliards
de francs- est moins important que celui des recettes fiscales brutes
-26,4 milliards de francs- du fait d'une réestimation des charges
de remboursements et dégrèvements à hauteur de
18 milliards de francs.
Les
recettes non fiscales
sont augmentées de 1,1 milliard
de francs sous l'effet de mesures de sens contraire.
Les
prélèvements sur recettes de l'Etat
concourent aussi
à l'amélioration des ressources disponibles pour
0,9 milliard de francs.
L'évaluation des recettes fiscales est assurément un art
difficile comme le montre assez l'ampleur des révisions
opérées en la matière. Elle dépend d'estimations
fiables des assiettes qui supposent d'abord d'appréhender correctement
les évolutions économiques. Ce dernier travail est pour une part
importante de nature prospective. C'est le cas en particulier pour
l'impôt dont le produit est le plus élevé, la TVA.
Mais même pour les prélèvements qui intègrent pour
une partie non négligeable des événements passés,
comme l'impôt sur le revenu, la prévision, lorsqu'elle est faite,
l'est sans que tout soit connu.
Un facteur de perturbation supplémentaire intervient lorsque la
législation change. L'estimation qui se base sur des interrelations
passées peut être alors prise en défaut par des
phénomènes non linéaires. En un mot, les modifications qui
interviennent dans l'agencement des prélèvements sont
susceptibles de produire des effets nouveaux, différents de ce que
l'observation du passé suggérerait.
La présente loi de finances rectificative, au premier examen, ne
modifie pas beaucoup les prélèvements fiscaux puisque le montant
des recettes fiscales nettes varie de 8,5 milliards de francs, soit un
supplément limité de 0,6 % par rapport aux prévisions
de recettes.
Pourtant, derrière cette apparence, se cache la réalité
d'une modification substantielle des prélèvements obligatoires.
Les moins-values de recettes qui résultent de l'évolution
économique spontanée relevant pour l'essentiel de
phénomènes rattachables à 1996 ont été plus
que compensées par des prélèvements
supplémentaires, si bien que la structure des recettes fiscales s'en
trouve modifiée.
La stabilisation des prélèvements fiscaux dans le PIB par
rapport aux prévisions de la loi de finances initiale est le
résultat d'une
hausse concomitante des recettes brutes et des
remboursements et dégrèvements.
1. Une révision minime des recettes fiscales brutes
Les révisions portant sur le produit brut des impôts sont en effet limitées dans leur ampleur. Globalement, elles s'élèvent à - 2,3 milliards de francs. Le détail des révisions est donné dans le tableau ci-dessous.
Révisions hors mesures nouvelles
Impôt sur le revenu |
- 1,8 |
Autres impôts directs sur rôles |
+ 3,4 |
Impôt sur les sociétés |
+ 4,3 |
Autres impôts directs |
- 2,4 |
TIPP |
- 1,3 |
TVA |
- 4,5 |
TOTAL |
- 2,3 |
Les révisions les plus significatives concernent
l'impôt sur les sociétés et la TVA.
Le tableau ci-dessous indique le contraste entre les variations de recettes
associées aux différentes étapes de la prévision de
recettes pour 1997.
Evolution spontanée des recettes fiscales brutes
(en %)
|
1996 |
1997 |
|
|
||
|
Bases d'évaluation des recettes pour 1997 (A) |
|
|
Prévisions LFR à législation constante (D) |
|
|
Impôt sur le revenu |
312,3 |
314,1 |
291,8 |
290 |
- 6,5 |
- 7,1 |
Impôt sur les sociétés |
171 |
171,5 |
170,8 |
179,1 |
- 0,4 |
+ 4,7 |
TIPP |
149 |
148,4 |
151,9 |
150,6 |
+ 2,3 |
+ 1,1 |
TVA |
730,6 |
728,2 |
757,5 |
753 |
+ 4 |
+ 3,1 |
Total |
1.623,5 |
1.620,1 |
1.644,6 |
1.620,6 |
+ 1,5 |
- 0,2 |
(1) En pourcentage
La révision concernant l'impôt sur les
sociétés
porte l'augmentation du produit brut de
l'impôt sur les sociétés à 4,7 % entre 1996 et
1997. Cette prévision contraste avec la prévision initiale qui
tablait sur une quasi-stabilisation du produit de l'impôt sur les
sociétés du fait des mesures d'allégement. Cette
révision tient compte d'un "rebasage" marginal de la prévision
justifié par un produit d'impôt sur les sociétés
à peine supérieur en 1996 à celui sur la base de laquelle
avait été bâtie la prévision. L'essentiel de la
correction ne peut donc provenir que d'une réestimation des variables
prises en compte pour le calcul du produit de l'impôt sur les
sociétés.
On sait qu'en la matière l'indicateur avancé est
l'excédent brut d'exploitation des sociétés. Mais, compte
tenu des prévisions en ce domaine qui tablent sur une baisse du taux de
marge des entreprises de 32 % en 1995 à 31,5 % en 1996, ce
n'est pas cette variable qui peut, semble-t-il, justifier une révision
à la hausse du produit de l'impôt sur les sociétés.
Il est donc probable que d'autres facteurs soient pris en compte pour
expliquer la prévision d'une croissance de 5,9 % du
bénéfice des sociétés sur laquelle est construite
la prévision de recettes au titre de l'impôt sur les
sociétés.
Il pourrait s'agir de la baisse des charges financières et des
provisions des entreprises et du retour à meilleure fortune de certaines
grandes entreprises nationales.
Ces divers facteurs échappent partiellement à la
prévision si bien qu'il n'est pas inenvisageable que le produit de
l'impôt sur les sociétés réellement constaté
s'éloigne de la prévision du présent collectif.
S'agissant de la TVA
, son produit brut s'accroîtrait de
3,4 % après la révision proposée contre une
estimation initiale de 4 %. La réestimation du produit qui se
traduit par une baisse à 4,5 milliards de la TVA tient compte d'un
effet défavorable des recettes réellement recouvrées en
1996 pour 2,4 milliards de francs. Pour le reste, elle provient d'une
prévision concernant l'évolution de l'assiette taxable qui serait
moins dynamique que prévu. La prévision de recettes avait,
semble-t-il, été construite sur l'hypothèse, primordiale
compte tenu de sa part dans l'assiette taxable, d'une croissance de la
consommation des ménages de 0,8 %. Jusqu'à présent,
l'acquis s'élève en la matière à 0,7 %.
L'exactitude de la prévision ici proposée dépend donc
ce que sera l'évolution de la consommation des ménages en octobre
et en novembre, le mois de décembre étant indifférent pour
1997 compte tenu du décalage d'un mois dans la perception de la TVA.
En la matière, les résultats du mois d'octobre qui concernent la
consommation de produits manufacturés laissent entrevoir une fin
d'année plutôt favorable. Dans ces conditions,
les recettes de
TVA pourraient dépasser les prévisions, la volatilité de
la consommation des ménages interdisant toutefois un pronostic
certain.