B. LES FLUX D'IMMIGRES APPELÉS À ACQUÉRIR LA NATIONALITÉ FRANÇAISE ONT CHANGÉ DE NATURE
Sans chercher à mêler le débat sur la
nationalité avec celui sur l'immigration -on notera d'ailleurs qu'en
choisissant de présenter concomitamment deux projets de loi sur ces
sujets forts différents, le Gouvernement porte une lourde
responsabilité dans une confusion trop fréquemment entretenue-,
force est de constater que la population étrangère appelée
à acquérir la nationalité française par le droit du
sol n'est plus la même que celle qui fut intégrée sans
heurt majeur à la communauté nationale au
XIXème siècle et au début du XXème
siècle.
A la faveur des nouvelles facilités de circulation, ainsi que des moyens
modernes de communication et d'information susceptibles d'éveiller,
partout dans le monde, l'espoir d'être accueilli, puis
intégré, dans un pays développé, nous sommes
passés d'une immigration de proximité à une immigration de
distance, au sens figuré comme au sens propre, sur le plan culturel
comme sur le plan géographique.
1. D'une immigration de proximité...
L'immigration de proximité était une immigration
européenne issue de pays où dominait la civilisation
judéo-chrétienne ou gréco-latine. La Nation
française intégrait alors rapidement les italiens, espagnols,
portugais, russes blancs, ou encore diverses populations d'Europe centrale,
venus s'installer sur son territoire.
Or ce temps est révolu.
2. A une immigration de distance
Cette immigration à dominante européenne a
aujourd'hui fait place à une immigration d'origine plus lointaine, de
cultures et de religions diverses et différentes, qui rencontre, par
conséquent, plus de difficultés à s'intégrer
à la communauté nationale.
La part des européens parmi les étrangers présents en
France a ainsi régulièrement décliné, passant de
88,7 % en 1946 à 60 % en 1975 et à 47,6 % en 1982,
date à laquelle la part des Africains atteignait déjà
42,8 %, d'après les chiffres cités par Philippe Bataille
dans un ouvrage intitulé "
Le racisme au travail
".
La population étrangère appelée à accéder
à la nationalité française comporte désormais des
ressortissants relevant de communautés attachées à des
valeurs radicalement différentes des nôtres quand elles ne leur
sont pas antinomiques.
Or, en même temps, la capacité d'intégration de la nation
française s'est affaiblie et fragilisée, dans un climat
économique et social de plus en plus incertain qui ne permet plus
d'assurer des emplois aux nouveaux immigrés. L'immigration de
travailleurs est ainsi devenue une immigration d'allocataires.