B. UNE AIDE PROJET ENCORE INSUFFISANTE

L'aide publique a principalement vocation à financer des projets de développement. Cependant, au cours des dernières années, l'accumulation des difficultés budgétaires rencontrées par nombre d'Etats africains a contraint la France, ainsi d'ailleurs que les autres bailleurs de fonds, à contribuer de façon toujours plus importante au rééquilibrage de budgets défaillants.

Cette orientation s'est trouvée encore renforcée dans le cadre du plan d'accompagnement de la dévaluation du franc CFA.

En bonne logique, les concours financiers devraient se réduire progressivement. La tendance est amorcée depuis 1997 et il convient de s'en réjouir car elle permet de dégager une marge de manoeuvre -certes encore trop limitée- pour renforcer l'aide projet destinée à devenir le socle de notre coopération.

1. Les concours financiers

Après une baisse de 21,6 % en 1997, les concours financiers se réduisent de nouveau de 30 % en 1998. Cette baisse traduit sans doute l'achèvement du programme exceptionnel d'accompagnement de la dévaluation du franc CFA et le retour à la croissance des économies de la zone franc. Cependant certains équilibres demeurent fragiles et l'évolution des concours financiers anticipe peut-être à l'excès sur un assainissement durable des finances publiques.

a) Une baisse importante des concours financiers

Les concours financiers recouvrent trois volets distincts :

- l'aide budgétaire d'urgence destinée au financement d'opérations exceptionnelles,

- les bonifications de prêts d'ajustement structurel accordés par la Caisse française de développement pour soutenir les programmes économiques et financiers mis en oeuvre par les pays à revenus intermédiaires (Côte d'Ivoire, Cameroun, Gabon, Congo) avec l'approbation du FMI,

- les dons en faveur de l'ajustement structurel accordés par la Caisse française de développement pour soutenir les plans de redressement mis en oeuvre par les pays les moins avancés avec l'approbation du FMI.

Pour 1998, l'aide budgétaire est maintenue au même niveau depuis 1995, soit 90 millions de francs, les crédits de bonifications d'ajustement structurel s'élèvent à 130 millions de francs, soit une baisse de 56 % et les dons en faveur de l'ajustement structurel à 350 millions de francs, soit une baisse de 17,6 %.

Le niveau modeste de consommation des crédits en 1997 justifie sans doute les ajustements opérés dans le projet de loi de finances pour 1998. Cependant le retour aux équilibres financiers ne se présente pas de la même façon dans tous les pays de la zone franc. En outre il s'avère parfois fragile.

b) Un retour aux équilibres financiers contrastés et fragiles

En Côte d'Ivoire, le solde primaire (recettes et dons projets moins dépenses hors intérêts de la dette) s'est progressivement rétabli : d'un déficit de 95 milliards de francs CFA en 1993 il est passé à un excédent de 210 milliards de francs CFA en 1997. Quant au solde budgétaire (solde primaire - intérêts de la dette) le déficit s'est réduit de 354 milliards de francs en 1993 à 105 milliards de francs en 1997. Ce solde a été financé, pour l'essentiel, par des prêts de l'extérieur, la Côte d'Ivoire ayant bénéficié d'allégements de dettes et d'apports en appuis budgétaires et prêts-projets substantiels notamment de la partie française.

Cependant, il existe des facteurs de fragilité :

- le poids de la dette malgré les restructurations opérées en 1997 (et notamment l'accord signé avec le Club de Londres permettant de ramener l'encours de la dette commerciale de 6,8 milliards de dollars à 2,6 milliards) : la Côte d'Ivoire subira encore une contrainte forte en raison de la diminution sensible des financements extérieurs (les appuis budgétaires et les prêts projets passent de 287,7 milliards de francs CFA en 1996 à 229,7 milliards en 1997) ;

- un équilibre encore insuffisant des recettes et dépenses publiques : l'augmentation des recettes, notamment, nécessiterait un élargissement de l'assiette fiscale et donc des mesures politiques difficiles (comme la remise en cause du champ actuel des exonérations).

Au Cameroun, les efforts considérables accomplis depuis trois ans en matière d'ajustement structurel ont permis à ce pays de bénéficier de l'appui des bailleurs de fonds (octroi d'un prêt par le FMI en août 1997 au titre de la facilité d'ajustement structurel renforcée). Toutefois l'assainissement des conditions de la gestion des finances publiques n'a pas été poussé suffisamment loin. Dès lors, les perspectives de recettes demeurent pour l'heure, en-deçà du niveau espéré pour assurer le succès des programmes mis en oeuvre par le FMI.

Ces deux exemples le montrent, si la tendance de fond reste positive, les mauvaises surprises ne peuvent être exclues et justifient une certaine prudence dans l'appréciation de la baisse des concours financiers.

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