V. LA CHIMIE ET LA PHARMACIE
1996 se caractérise, pour l'industrie française,
par une croissance soutenue, principalement durant le premier semestre, ce qui
a permis d'effacer le ralentissement du second semestre de l'année
précédente.
Globalement, la production a crû de 3 % en volume, contre 1 % en
1995, en regard d'une croissance moyenne de 2 % pour l'ensemble de la
chimie européenne.
Cette croissance est nettement supérieure à celle de l'industrie
manufacturière (- 0,1 %) comme à celle du PIB
(1,2 %).
De leur côté, les prix ont subi une baisse moyenne de 1,5 %
sous l'effet d'une concurrence toujours aussi intense.
Le niveau d'activité des usines françaises s'explique dans une
large mesure par la bonne performance du commerce extérieur, la
croissance des exportations ayant été de 3,4 % en valeur par
rapport à l'année précédente.
Mais cette évolution reste, comme les années
précédentes, très différenciée selon les
secteurs.
Par domaines d'activité, d'une année à l'autre, on
constate les variations suivantes en volume :
- chimie minérale - 3,3 %
- chimie organique + 4,4 %
- parachimie + 7,0 %
- pharmacie + 1,8 %
- TOTAL + 3,1 %
En indice, à partir d'une base 100 en 1990, l'évolution en
volume de
l'industrie chimique française
a été la
suivante :
1993 |
1994 |
1995 |
1996 |
|
Chimie minérale |
93,8 |
102,1 |
101,9 |
98,5 |
Chimie organique |
106,8 |
114,1 |
112,0 |
116,9 |
Parachimie |
107,3 |
115,7 |
116,4 |
124,6 |
Pharmacie |
120,0 |
122,2 |
129,0 |
131,3 |
En 1996,
les produits minéraux
ont
enregistré un recul de 3,3 % par rapport à 1995.
Le recul de la chimie minérale est la conséquence d'une baisse de
la production d'acide sulfurique (- 4,9 %) en raison de l'atonie de
la demande dans la sidérurgie, les industries mécaniques et le
secteurs des pigments minéraux.
Pour la
chimie organique
, on distingue deux périodes dans
l'année 1996 :
- un premier semestre au cours duquel l'activité de la
pétrochimie s'est redressée après la chute survenue au
milieu de l'été 1995 ;
- un second semestre pour lequel les hausses des matières
premières et le renchérissement du dollar ont annulé les
efforts de restauration des marges.
La croissance globale de la
parachimie
est la résultante de deux
mouvements contrastés. L'industrie de la protection des plantes, la
parfumerie, les produits pour le traitement et l'assainissement des eaux ont
connu de bons taux de croissance. Les peintures et vernis, les colles et
adhésifs n'ont pas, en revanche, enregistré de progression.
Le secteur de la
pharmacie
a vu, quant à lui, sa croissance
ralentie. Ce tassement reflète la politique de ralentissement de la
croissance des dépenses de santé. Les principaux groupes
chimiques à capitaux à majorité français ont
enregistré les chiffres d'affaires consolidés suivants :
En milliards de francs |
1996 |
1995 |
ELF ATOCHEM |
53,8 |
55,5 |
ELF SANOFI |
27,3 |
23,0 |
RHONE POULENC |
85,8 |
84,8 |
L'OREAL |
60,3 |
53,4 |
EMC (TESSENDERLO) |
8,5 |
7,9 |
AIR LIQUIDE |
34,4 |
32,2 |
SNPE |
4,6 |
4,4 |
Plus globalement, on constate que la demande
intérieure n'a guère progressé tout au long de
l'année 1996, mais que les achats étrangers ont
constitué le moteur principal du maintien de l'activité de
l'industrie chimique française.
L'exercice 1996 a été ainsi caractérisé par
une nouvelle progression du solde bénéficiaire du commerce
extérieur de la chimie, soit un excédent de 46,7 milliards
de francs en augmentation d'environ 6 milliards par rapport à celui
de 1995.
La lente diminution des effectifs
dans l'industrie chimique s'est
poursuivie avec une baisse de 1,4 % en 1996 contre 0,8 % en 1995.
Cette réduction des effectifs s'explique, d'une part, par la poursuite
des restructurations et, d'autre part, par une croissance en volume trop faible
pour compenser les gains de productivité. A la fin de
l'année 1996, l'industrie chimique française employait un
peu moins de 245.000 personnes, contre 248.000 fin 1995.
On relèvera qu'en 1996, l'industrie chimique a embauché
12.000 personnes et que de 1994 à 1996, les embauches avec un
contrat à durée indéterminée sont passées de
3 % à 5,6 % de l'effectif moyen.
La chimie française a enregistré en 1995 une reprise des
dépenses d'investissement (+ 9 %) ; en 1996, cette
croissance s'est poursuivie avec 18,5 milliards de francs
d'investissements, soit une progression de 7 %.
1996 aura été une année difficile pour les prix qui dans
leur ensemble ont fléchi de 1,5 % en raison principalement de
l'intensité de la concurrence.
La situation conjoncturelle en Europe conduit à un pronostic de
croissance modérée pour 1997 et 1998.
L'industrie pharmaceutique française
employait plus de
86.000 personnes en 1996. Près de la moitié des effectifs
industriels sont concentrés en Ile-de-France, mais certaines PME
à capitaux familiaux jouent un rôle important dans certains
bassins d'emploi, comme Servier à Orléans, Pierre Fabre à
Castres, Fournier à Dijon ou Upsa à Agen, reprise par
l'américain Bristol-Myers-Squibb.
En 1996, l'activité des
laboratoires pharmaceutiques
implantés en France a représenté 120,7 milliards
de francs (dont 30,3 milliards de francs à l'exportation), en
hausse de 5,9 % par rapport à 1995.
Sur le marché français, l'activité a connu une hausse de
3,3 % en 1996. Ce chiffre se décompose de la manière
suivante : + 2,8 % pour les spécialités remboursables,
8,4 % pour les spécialités vendues aux hôpitaux ;
stagnation du marché des spécialités non remboursables.
L'année 1996 a été satisfaisante
pour les
exportations
, la progression du " chiffre d'affaires à
l'exportation " s'établissant à 14,6 %.
Soulignons,
à cet égard, le dynamisme commercial du secteur pharmaceutique,
le quatrième " contributeur " à la balance du commerce
extérieur français, avec un solde de 12,7 milliards de
francs.
Il est à noter que la France est désormais le
troisième exportateur mondial de médicaments, derrière
l'Allemagne et le Royaume-Uni.
Au niveau mondial, l'industrie pharmaceutique a connu ces dernières
années une série de concentrations spectaculaires. Dans ce
contexte, seuls trois groupes français sont de stature internationale :
Rhône-Poulenc-Rorer
,
Sanofi
, filiale d'Elf et
Synthelabo
, filiale de l'Oréal ;
le premier laboratoire
français, Rhône-Poulenc-Rorer, n'est cependant qu'au
14ème rang mondial
.
Cette faible " taille moyenne " des laboratoires français
constitue incontestablement un handicap dans la course à la
concentration.
En outre, le secteur souffre d'une rentabilité inférieure en
France à celle rencontrée à l'étranger. Relevons
néanmoins que la rentabilité nette moyenne du secteur est
passée de 1,5 % du chiffre d'affaires à environ 5 %.
Depuis 1990, les grands groupes ont fortement investi à
l'étranger (achat de Rorer et de Fisons par Rhône-Poulenc et de
Winthrop par Sanofi), les entreprises moyennes, ont, quant à elles,
développé des partenariats internationaux, par des acquisitions,
des joint-venture, ou encore des GIE de développement.