2. Des collectivités territoriales de plus en plus mobilisées

Au côté et souvent avec les associations, les collectivités territoriales mènent à travers la coopération décentralisée une action de plus en plus importante en faveur de la francophonie.

Depuis des décennies, de nombreuses villes ont engagé avec des communes de pays ou de régions francophones des opérations de jumelage. Il a toutefois fallu attendre la loi du 6 février 1992 relative à l'organisation territoriale de la République pour que la coopération décentralisée ait un fondement juridique et soit véritablement encouragée.

L'action extérieure des collectivités territoriales constitue depuis un complément substantiel à celle de l'Etat, en particulier vis-à-vis des pays francophones du Sud. Cette politique de coopération s'exerce soit directement par le biais de conventions entre collectivités territoriales sur des projets précis, soit indirectement à travers des organisations non gouvernementales. Les crédits affectés à ces opérations s'élèveraient, selon le délégué pour l'action extérieure du ministère des affaires étrangères, à plus d'un milliard de francs. Cela représente, à l'échelle des crédits consacrés par l'Etat à la coopération francophone, un montant considérable qui illustre le dynamisme des collectivités territoriales dans ce domaine.

Certes, ces projets ne concernent pas tous directement la francophonie. Seuls 44 % des projets relèvent, en effet, de l'action culturelle ou éducative, la majorité étant des projets humanitaires, sanitaires ou économiques. Mais tous concourent cependant d'une façon ou d'une autre à l'image de la France et du français. Ces projets s'orientent, en outre, majoritairement vers des pays francophones. Une étude menée par le Haut conseil de la francophonie a dénombrés 43 pays dans lesquels des actions de coopération décentralisée se sont déroulées. Les Etats où ont été recensées le plus grand nombre d'actions sont des pays francophones tels que le Burkina Faso, le Bénin, le Sénégal, la Côte d'Ivoire, la Tunisie, le Maroc, le Togo, la Mauritanie et le Mali.

L'enquête menée par le Haut conseil de la francophonie souligne certaines initiatives particulièrement intéressantes. En matière éducative, l'association " San Mali " du département de Haute-Marne a mené au Mali plusieurs opérations visant à augmenter les structures d'accueil scolaire et à améliorer les conditions de vie des élèves maliens.

Dans le domaine culturel, la région Alsace a organisé des tournées théâtrales au Vietnam, au Canada et dans plusieurs pays d'Afrique. Le département du Bas-Rhin a, quant à lui, mis en place au Cameroun une formation destinée aux artisans travaillant dans les filières menuiserie métal et menuiserie bois pour l'acquisition de nouvelles techniques de fabrication adaptées au marché. Ce département s'est également engagé dans la formation de fromagers au Niger ainsi que dans la formation pédagogique en alternance de deux professionnels de la filière menuiserie bois au Sénégal.

D'autres départements ou associations mènent un travail exemplaire dans le domaine sanitaire. L'association Le Pélican, d'Ille-et-Vilaine, a ainsi mis en place une action au Vietnam qui s'articule autour de trois axes principaux : la formation des hygiénistes locaux, l'éducation de la population aux problèmes liés à l'eau, à l'hygiène et enfin aux soins primaires, et l'approvisionnement en médicaments des cinq dispensaires construits dans les villages. En 1993, Le Pélican a également pris en charge 120 enfants diabétiques du Kazakhstan en leur fournissant de l'insuline.

Certaines actions de coopération décentralisée rassemblent plusieurs partenaires. Le programme franco-palestinien de Cités Unies France fédère par exemple plusieurs villes françaises qui ont décidé de se grouper afin d'augmenter leurs moyens. Seize collectivités françaises (Belfort, Béziers, Chartres, Clichy, Eybens, Gennevilliers, Gières, Hérouville Saint-Clair, La Roche-sur-Yon, Montataire, Montreuil, Romans-sur-Isère, Saint-Nazaire, Saint-Ouen, Saint-Priest) sont liées dans ce programmes à huit collectivités palestiniennes étrangères (Jéricho, Béthléem, Beït-Jala, Beït-Sahour, Hébron, Naplouse, Tulkarem, Jennine). L'objectif principal de ce programme est le développement de l'autonomie et de la démocratie locale et le renforcement des municipalités palestiniennes.

L'ensemble de ces actions contribue à développer dans les pays francophones le sentiment d'appartenance à une même communauté ; en cela elles constituent un élément important de la politique francophone et du rayonnement culturel de la France.

Le ministère des affaires étrangères et le secrétariat d'Etat à la coopération cofinancent un nombre croissant de projets. Ainsi, le montant des crédits alloués à la coopération décentralisée par le ministère des affaires étrangères a augmenté de 30 % de 1993 à 1996 puis a subi un léger tassement en 1997, à l'image des crédits alloués à la direction générale des relations culturelles scientifiques et techniques.

ÉVOLUTION DES CRÉDITS AFFECTÉS PAR LE MINISTÈRE DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES À LA COOPÉRATION DÉCENTRALISÉE

Année budgétaire

1993

1994

1995

1996

1997

20,7 24,6 26 26,8 26,3

(en millions de francs)

De même, le ministère de la coopération, à travers le bureau des collectivités territoriales et du développement urbain, cofinance près de 160 projets par an pour un montant total de près de 48 millions de francs.

Votre rapporteur se félicite que le développement de cette solidarité entre les collectivités francophones puisse ainsi recevoir l'aide des pouvoirs publics. Il engage le gouvernement à poursuivre et à développer ces efforts.

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