3. Des échanges universitaires intenses
La vitalité de la francophonie s'illustre
également par le nombre important d'étudiants étrangers
qui chaque année viennent se former en France ou dans les
filières francophones à l'étranger.
D'après les chiffres dont dispose le ministère des affaires
étrangères, 130.000 étudiants étrangers sont ainsi
inscrits dans des universités françaises. En comptant ceux qui
sont inscrits dans des écoles ou des établissements
privés, ils sont 150.000 pour 1.456.000 étudiants inscrits
dans les établissements d'enseignement supérieur. Ce chiffre
place la France au second rang des pays d'accueil, en nombre total
d'étudiants étrangers, derrière les Etats-Unis, et au
premier rang en pourcentage total d'étudiants étrangers
(10 %). Dans certains établissements universitaires, ils
représentent près du quart de la population totale.
De ce point de vue, la France, contrairement aux idées reçues, ne
manque pas d'atouts : enseignement de qualité, prix très
compétitifs par rapport aux universités américaines,
tradition d'accueil d'étudiants étrangers.
Les pouvoirs publics favorisent la formation des étudiants francophones
de plusieurs façons. Ils soutiennent l'initiation à la langue
française dans les pays francophones par une action auprès des
jeunes générations, soit dans le cadre d'un enseignement national
francophone, soit dans des établissements tels que les écoles
françaises à l'étranger ou des établissements
étrangers partiellement francophones de type bilingue où un
enseignement disciplinaire en français peut être mis en place dans
le cadre de notre coopération linguistique et éducative.
On estime à 100.000 le nombre d'élèves étrangers
accueillis dans le réseau des établissements français et
à 100.000 également le nombre d'élèves
étrangers suivant une scolarité partiellement en langue
française dans des établissements bilingues francophones, hors
des pays francophones proprement dits.
Les administrations françaises favorisent ensuite la formation
universitaire des étudiants étrangers en leur facilitant
l'accès aux formations universitaires en France notamment grâce
à un système de bourses, ou aux filières universitaires
francophones implantées au sein d'établissements d'enseignement
supérieur locaux.
Dans ce domaine les moyens d'intervention attribués au ministère
des affaires étrangères et au secrétariat d'Etat à
la coopération sont toutefois limités et d'une efficacité
inégale. En matière de bourses pour les étudiants
étrangers en particulier, la baisse continue des crédits
d'intervention a conduit le ministère des affaires
étrangères à une plus grande sélectivité et
à une diminution de la durée des séjours financés
par une bourse. Ainsi le nombre de mois financés par une bourse est-il
passé, de 1992 à 1996, de 90.702 à 70.212 soit une
diminution de 22,6 %.
En outre, les moyens existants sont utilisés avec une efficacité
incertaine. Comme le souligne le rapport du député Michèle
Alliot-Marie sur les boursiers étrangers en France
2(
*
)
, les actions menées en leur
faveur souffrent d'un manque de coordination entre les services
ministériels chargés de leur suivi, de l'absence d'objectifs
clairement définis et d'une certaine inadaptation de l'offre de
formation aux besoins des étudiants étrangers. Dans ces
conditions, il apparaît nécessaire de revoir le dispositif de
soutien à la formation des étudiants francophones.
Il ne faut pas, en effet, oublier que l'accueil de ces étudiants qui
pour une partie non négligeable, formeront l'élite de leur pays
d'origine, constitue un atout important pour le rayonnement de la France et
conditionne notre capacité à maintenir une influence et des
relais dans le monde.
*
* *
La francophonie s'affirme progressivement dans les relations
internationales au même titre que le Commonwealth. Dotée
d'institutions rénovées, elle doit aujourd'hui manifester sa
capacité à fédérer une communauté
hétérogène, à contribuer au développement
économique et à la consolidation de l'Etat de droit dans les pays
francophones. C'est, en effet, en poursuivant ces objectifs que la francophonie
acquerra une dimension politique.
A coté de la francophonie institutionnelle, la francophonie du
quotidien, celle des associations, des collectivités locales et des
étudiants francophones mérite un soutien accru des pouvoirs
publics. Cette francophonie du terrain est, en effet, essentielle. Elle permet,
avec peu de moyens, d'accompagner et souvent de démultiplier l'action de
l'Etat
Enfin, la place de la langue française, patrimoine commun de la
communauté francophone, élément de notre identité
nationale et vecteur de rayonnement de notre pays, doit être
défendue, en France, dans l'Union européenne et dans le monde.
Dans cette perpective votre rapporteur invite le gouvernement à :
- favoriser une pleine efficacité de l'action francophone en confiant
à un ministre délégué auprès du ministre des
affaires étrangères la charge des dossiers de la francophonie,
des relations culturelles extérieures et de l'audiovisuel
extérieur ;
- développer une politique volontariste en faveur de la langue
française et du plurilinguisme dans les institutions communautaires et
internationales ;
- accroître les moyens affectés aux associations francophones ;
- encourager les collectivités locales à s'investir dans des
projets de coopération décentralisée ;
- favoriser l'accueil des étudiants étrangers en France.
Le rapporteur, approuvé par la commission des affaires culturelles,
confirme enfin solennellement son opposition absolue à toute mesure de
régulation budgétaire qui amputerait cette année encore
une partie du budget de la francophonie. De telles mesures remettent en cause
le principe même de l'autorisation budgétaire et risqueraient
surtout d'altérer la crédibilité de notre politique
francophone.