B. L'INSTITUT NATIONAL D'HISTOIRE DE L'ART
Depuis la remise du rapport d'André Chastel en 1983,
de nombreuses études ont toutes conclu à la
nécessité d'une initiative dans ce domaine, que ce soit
l'étude de définition menée sous l'autorité
d'Antoine Schnapper, ou le rapport de Michel Melot en 1991. Ces
réflexions rendaient de plus en plus claire l'image de l'institution
à mettre en place.
Mais l'événement décisif fut la décision de
construire le site de Tolbiac pour y transférer une partie importante
des activités de la Bibliothèque nationale de France. En 1992,
des études nouvelles furent lancées pour, d'une part,
élaborer les évolutions souhaitables pour les départements
spécialisés de la Bibliothèque nationale de France
(manuscrits, estampes et photographies, cartes et plans, monnaies,
médailles et antiques, arts du spectacle, musique), et, d'autre part,
pour regrouper les bibliothèques de référence en histoire
de l'art, et notamment la Bibliothèque d'art et d'archéologie -
fondation Jacques Doucet qui fut transférée rue de Richelieu
dès 1993, et, enfin, réfléchir au rapprochement
nécessaire des unités d'enseignement et de recherche.
L'institut international d'histoire des arts, issu du rapport confié
à Pierre Encrevé par Lionel Jospin, ministre de
l'éducation nationale et Jack Lang, ministre de la culture et de la
communication, aurait dú être créé par décret
en février 1993. L'avis du conseil d'État ayant
suggéré la voie législative, le projet fut
différé par le Gouvernement.
Ce sont les grandes orientations de ce rapport et du rapport sur la
bibliothèque nationale des arts (Françoise Benhamou, 1992), ainsi
que de celui établi en 1993 par Philippe Bélaval sur la
Bibliothèque nationale de France, qui ont été prises en
compte par la mission pour l'institut national d'histoire de l'art
confiée à Michel Laclotte, en 1994, par le Premier ministre.
Il s'agira, " dans un proche avenir ", précise la
réponse écrite faire à votre rapporteur, de mettre en
Ïuvre un
organisme fédératif,
associant
bibliothèque de référence en histoire de l'art,
iconothèque et activités d'enseignement et de recherche.
L'élaboration du projet a fait un pas décisif par l'étude
approfondie des scénarios d'implantation des entités dans les
locaux de la rue de Richelieu et de la rue Vivienne.
L'institut national d'histoire de l'art aura ainsi une
triple fonction
:
· regrouper sur un même site les unités d'enseignement
supérieur de 3ème cycle, l'École nationale des chartes,
l'École nationale du patrimoine ainsi que les centres de recherche,
revues et sociétés savantes françaises et
étrangères liés à l'histoire de l'art et au
patrimoine,
· constituer une grande bibliothèque de référence de
plus d'un million de volumes,
· créer, enfin, une iconothèque documentaire.
Sur le plan administratif, la ma»trise d'ouvrage du projet a
été confiée par un arrêté du premier ministre
en date du 10 décembre 1996 à la Mission
interministérielle de coordination des grandes opérations
d'architecture et d'urbanisme (J.O. du 13 décembre 1996). Celle-ci, en
liaison avec les deux ministères de tutelle (Education nationale et
culture), a lancé au printemps 1997 une consultation d'équipes de
programmation. L'équipe retenue remettra ses propositions
définitives, ainsi qu'une estimation des coúts correspondant au
Cours de l'automne 1997.
Sur la base des conclusions provisoires, une enveloppe de 36 millions de
francs a été inscrite au chapitre 66.91 du budget du
Ministère de la culture et de la communication, permettant d'entamer la
réutilisation du bâtiment Vivienne, que la Bibliothèque
nationale de France libère progressivement, afin d'y installer les
unités d'enseignement et de recherche.
1. Un lieu d'enseignement et de recherche
Le premier volet du projet, mis en oeuvre dès 1998,
concerne donc
l'enseignement et la recherche
.
L'Institut national d'histoire de l'art réunira sur le site Vivienne
les séminaires de DEA (Dipl™me d'Etudes Approfondies) et de
doctorat des établissements d'enseignement supérieur de Paris et
de sa couronne délivrant la thèse en histoire de l'art et en
archéologie, les deux grandes écoles formant aux métiers
du patrimoine, ainsi que les centres de recherche en histoire de l'art existant
à Paris, qu'ils soient associés ou non au CNRS.
L'institut fonctionnera donc comme une fédération
. Chaque
unité d'enseignement, chaque école, chaque centre de recherche,
gardera son indépendance vis-à-vis des autres.
Mais il ne s'agira pas d'une simple juxtaposition : certains programmes seront
communs à tous et, au quotidien, s'instaurera un jeu volontaire de
rencontres et d'échanges. Il deviendra plus fréquent et naturel
qu'un étudiant participe aux séminaires d'une autre
université ou d'une autre école que celle où il est
inscrit, ou qu'un professeur soit invité par ses collègues et
voisins.
Le regroupement rue Vivienne multipliera en outre les rencontres et les
échanges avec les chercheurs de passage, tant provinciaux
qu'étrangers, et permettra d'employer plus rationnellement les moyens,
en rassemblant des outils d'utilité commune
10(
*
)
.
Des activités communes sont également projetées avec
l'Université Paris VIII, des centres de recherche localisées dans
les régions, l'Ecole du Louvre, certaines écoles d'architecture,
ainsi qu'avec des organismes étrangers (Getty, centre allemand
d'histoire de l'art à Paris).