RAPPORT GENERAL N° 85 TOME III ANNEXE 8 - PROJET DE LOI DE FINANCES ADOPTE PAR L'ASSEMBLEE NATIONALE - CULTURE
Maurice SCHUMANN, Sénateur
COMMISSION DES FINANCES, DU CONTROLE BUDGETAIRE ET DES COMPTES ECONOMIQUES DE LA NATION - RAPPORT GENERAL N° 85 TOME III ANNEXE 8 - 1997/1998
Table des matières
-
PRINCIPALES OBSERVATIONS
- I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS
- II. ASPECTS DE LA POLITIQUE CULTURELLE
- III. ANNEXES
- IV. MODIFICATIONS ADOPTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
- V. EXAMEN EN COMMISSION
N° 85
SÉNAT
SESSION ORDINAIRE DE 1997-1998
Annexe au procès verbal de la séance du 20 novembre 1997.
RAPPORT GÉNÉRAL
FAIT
au nom de la commission des Finances, du contrôle budgétaire et des comptes économiques de la Nation (1) sur le projet de loi de finances pour 1998 , ADOPTÉ PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE ,
Par M. Alain LAMBERT,
Sénateur,
Rapporteur général.
TOME III
LES MOYENS DES SERVICES ET LES DISPOSITIONS SPÉCIALES
(Deuxième partie de la loi de finances)
ANNEXE N° 8
CULTURE
Rapporteur spécial
: M. Maurice SCHUMANN
(1) Cette commission est composée de :
MM.
Christian Poncelet,
président
; Jean Cluzel, Henri Collard,
Roland du Luart, Mme Marie-Claude Beaudeau, MM. Philippe Marini,
René Régnault,
vice-présidents
; Emmanuel
Hamel, Gérard Miquel, Michel Sergent, François Trucy,
secrétaires
; Alain Lambert,
rapporteur
général
; Philippe Adnot, Bernard Angels, Denis Badré,
René Ballayer, Bernard Barbier, Jacques Baudot, Claude Belot,
Mme Maryse Bergé-Lavigne, MM. Roger Besse, Maurice Blin, Joël
Bourdin, Guy Cabanel, Auguste Cazalet, Michel Charasse, Jacques Chaumont, Yvon
Collin, Jacques Delong, Yann Gaillard, Hubert Haenel, Claude Haut,
Jean-Philippe Lachenaud, Claude Lise, Paul Loridant, Marc Massion, Michel
Mercier, Michel Moreigne, Joseph Ostermann, Jacques Oudin, Maurice Schumann,
Henri Torre, René Trégouët.
Voir les numéros
:
Assemblée nationale
(
11
ème législ.) :
230
,
305
à
310
et T.A.
24
.
Sénat
:
84
(1997-1998).
Lois de finances. |
PRINCIPALES OBSERVATIONS
Satisfait, à certains égards, par ce projet de
budget de la culture pour 1998, votre rapporteur y trouve également des
sujets de préoccupation, voire des motifs d'inquiétude ;
enfin, il tient à attirer l'attention sur un ensemble de points, qui
méritent d'être signalés, en attendant que le ministre
apporte les précisions et les éclaircissements nécessaires.
A. TROIS MOTIFS DE SATISFACTION
1. Le rétablissement de l'objectif du 1%
Le premier sujet de satisfaction de votre rapporteur est le
rétablissement
, parmi les priorités de l'action
gouvernementale
, de l'objectif du 1 % du budget affecté à la
culture
. Le projet de budget pour 1998 représente 0,95 % du budget
de l'État contre 0,93 % en 1997 à structure constante. Il peut,
à juste titre, être présenté, sinon comme un
renversement de tendance, du moins comme un coup d'arrêt à la
dégradation continue à laquelle on a assisté ces
dernières années.
Cette augmentation des dotations est satisfaisante, notamment pour tous ceux
qui s'inquiétaient de voir notre patrimoine, c'est-à-dire
l'héritage de tous les français, régulièrement
sacrifié aux dieux de la rigueur budgétaire.
Maintenant, il ne suffit pas de dépenser plus pour la culture, encore
faut-il dépenser mieux. Aussi, est-ce avec une satisfaction vigilante
que votre rapporteur accueille cette augmentation en attendant de
connaître l'usage qui sera fait des crédits.
2. Le redressement de l'effort de l'Etat en faveur du patrimoine
monumental
Un deuxième sujet de satisfaction pour votre rapporteur a trait au
retour, en matière de patrimoine monumental, à des dotations
du même ordre que celles prévues par la loi programme
1994-1998
. Avec 1.616,52 millions de francs, les crédits
affectés au patrimoine monumental sont en croissance de 39,27% par
rapport à ceux inscrits dans la loi de finances pour 1997, qui
étaient tombés à 1 160,75 millions de francs par suite des
mesures de restriction budgétaire.
La situation créée par ces mesures était lourde de menaces
pour le patrimoine monumental. Le rapport écrit donne la liste par
région des opérations annulées ou reportées
concernant les édifices appartenant à l'État. On note que
les enveloppes de crédits déconcentrés ayant
été aussi diminuées, des annulations ou reports de travaux
ont affecté des opérations programmées en régions.
Il faut signaler, à cet égard, que la défaillance de
l'État a pu avoir un effet d'amplification en stoppant une
opération financée également par les collectivités
locales.
Mais, l'on ne doit pas oublier que derrière les pierres, il y a des
emplois. Les marchés de travaux pour la restauration des monuments
historiques se caractérisent, il faut le rappeler, par un taux de main
d'œuvre particulièrement élevé, dépassant
couramment les taux constatés dans le secteur du bâtiment :
sur un million de francs investis, entre 60 et 85% va à l'emploi, ce qui
correspond à trois emplois à temps plein sur une année..
3. La priorité au spectacle vivant
Troisième motif de satisfaction :
la priorité accordée
au spectacle vivant
: les dotations consacrées à ce
domaine atteignent, comme on l'a vu, 4.240 millions de francs et sont en
augmentation de 7 % par rapport à 1997.
L'an passé, votre rapporteur s'était déjà
félicité de ce que l'on ait pu, en dépit de la
dureté des temps, préserver la dotation allouée au
spectacle vivant. Il y a là des activités dont la vitalité
et donc la créativité supposent une certaine
sérénité. Cette croissance laisse espérer un
dynamisme accru de la part d'acteurs de la vie culturelle que des restrictions
continues et surtout des coupes budgétaires à
répétition avaient pu décourager.
Cet effort est particulièrement sensible pour le théâtre,
dont les crédits augmentent de 11,9%, et, en particulier, pour la
création.
B. TROIS SUJETS DE PRÉOCCUPATION
Maintenant, cette appréciation, dans l'ensemble favorable,
n'empêche pas votre rapporteur d'être préoccupé par
certains aspects de ce budget - il y en a trois - et de souhaiter de la part du
ministre certains compléments d'information.
1. La nécessaire préparation d'une nouvelle loi programme
Il n'est pas question d'un nouveau texte qui viendrait, au de là de
1998, prendre la suite de l'actuelle loi de programme sur le patrimoine
monumental
. Il y a là un silence aussi regrettable
qu'inquiétant.
Si, dans ce domaine comme dans d'autres, une loi de programmation n'est pas une
protection absolue, au moins constitue-t-elle une sorte de contrat moral de la
représentation nationale avec elle-même et peut-elle être
conçue comme une limite qui, lorsqu'elle est franchie, déclenche
un signal d'alarme.
La protection du patrimoine monumental doit s'inscrire dans la durée.
L'état sanitaire de nos monuments historiques, sur lequel l'on peut
trouver des informations en annexe du rapport écrit, justifie un effort
de longue haleine. Le développement des quelque 1.100 entreprises
spécialisées - qui, dans ce secteur, dépendent toutes,
directement ou indirectement, de l'État - mérite également
d'être mis à l'abri des aléas budgétaires.
Ce qui pour certains doit être considéré comme une
rigidité voire une contrainte est, selon votre rapporteur, le garant
d'une bonne utilisation des crédits publics. Les " coups de
frein"
budgétaires non seulement déstabilisent un secteur
économique par nature fragile, dans lequel les compétences
s'acquièrent lentement et disparaissent facilement, mais encore sont
source de gaspillages, car les chantiers qu'il faut abandonner, sont souvent
à reprendre et les travaux qu'il faut interrompre, à refaire.
2. La situation critique de la réunion des musées nationaux
Le second point qui suscite une certaine inquiétude de la part de votre
rapporteur, est la
situation de la Réunion des Musées
Nationaux
, dont la crise financière lui interdit de contribuer,
autant que par le passé, à l'enrichissement des collections
nationales.
Cet établissement, qui a pour objet de financer l'acquisition d'oeuvres
d'art, d'organiser des expositions et de développer une activité
commerciale et éditoriale a annoncé à la fin juillet un
déficit de 86,1 millions de francs pour l'exercice 1996.
Excédentaires en 1993 (+ 10 millions de francs),
équilibrés en 1994, les comptes avaient dégagé un
solde négatif de 39 millions de francs en 1995.
Le déficit est manifestement devenu structurel. D'abord, les ressources
que la RMN tire des droits d'entrée, ont eu tendance à diminuer
du fait du tassement de la fréquentation des musées (- 20 % en
1995, - 12 % en 1996) et de la transformation en établissements publics
du Louvre et de Versailles, qui conservent dorénavant une part des
recettes ; ensuite, les activités éditoriales et commerciales -
cartes postales, catalogues, CD-ROM, "produits dérivés"- se
révèlent moins rentables : ce secteur fait ainsi
apparaître un déficit de 150 millions de francs pour un peu moins
de 400 millions de francs de chiffre d'affaires.
Paradoxalement, au lieu de dégager des bénéfices de nature
à venir conforter les missions de service public comme le montage
d'exposition ou la publication de catalogues d'un intérêt
scientifique certain mais au public restreint, le secteur commercial de la RMN
absorbe en réalité des ressources qui auraient dû, soit
contribuer aux opérations d'intérêt général,
soit permettre l'acquisition d'oeuvres d'art.
Cette défaillance de la RMN est d'autant plus grave qu'elle intervient
à un moment critique, celui où, du fait de la combinaison des
dispositions de la loi du 31 décembre 1992 sur la circulation des
oeuvres d'art et d'une jurisprudence défavorable, l'État se
trouve privé des moyens juridiques et surtout financiers
d'empêcher durablement la sortie de certains trésors nationaux. Il
n'est pas sûr que les 29 % d'augmentation des crédits
d'acquisition des affichés dans le présent budget, suffisent
à faire face à la situation.
La discussion de ce budget devrait être l'occasion pour le ministre de
préciser, à court terme, les mesures qui seront prises pour
redresser un organisme qui constituait jusqu'à présent un bel
exemple de dynamisme et, à moyen terme, le dispositif législatif
que le Gouvernement entend mettre en place pour empêcher l'exode des
trésors nationaux.
Bien que l'on ne puisse parler de crise comme pour la RMN, il convient
d'appeler l'attention de la commission sur la situation des musées
nationaux, telle qu'elle apparaît à la lumière du rapport
de la Cour des comptes paru en février dernier. La Cour souligne un
certain nombre de "dysfonctionnements". Vous trouverez une analyse des
observations de la Cour dans le rapport écrit. Aussi, se contentera-t-on
ici de faire part des réflexions qu'inspire deux des principales
critiques faites à cette occasion.
S'agissant des questions de personnel et de l'ouverture des salles, on peut
simplement faire remarquer qu'il s'agit là de la conséquence
d'une tendance générale à privilégier les
dépenses d'investissement sur celles de fonctionnement, à
créer de nouveaux musées ou à ouvrir de nouveaux espaces,
sans leur donner les moyens de fonctionner.
L'autre lacune importante soulignée par la Cour, est l'insuffisance des
inventaires, travail aussi ingrat que nécessaire. D'une part, les
disparitions révélées par les magistrats doivent
être remises dans leurs contextes historique et artistique : on ne peut
se contenter, au vu du nombre d'oeuvres dont les musées ont la charge,
d'une approche quantitative confondant l'oeuvre mineure avec ce qui est
important, une disparition récente avec une oeuvre non vue depuis 1939...
Voilà, il importait à votre rapporteur spécial, de donner
cet éclairage sur le travail de la Cour des comptes et de soutenir
l'action des musées de France, qui font déjà beaucoup de
choses avec les moyens de fonctionnement limités qui leur sont
alloués.
3. Les cérémonies de l'an 2000 encore mal définies
Le dernier sujet de préoccupation du rapporteur est l'état de
préparation des cérémonies de célébration
de l'an 2.000
.
Il a fallu attendre la création, en décembre 1996, de la mission
pour la célébration de l'an 2000 et la nomination de J.J.
Aillagon, président du Centre George Pompidou, en qualité de
président de cet organisme pour que la place et les moyens à
consacrer à l'événement commencent à être
étudiés.
A l'étranger, il semble que l'on ait, en revanche, agit très
tôt et vu très grand. Tandis qu'en Italie, l'État et la
ville de Rome joignent leurs efforts pour fêter le Jubilé du
Vatican, la Grande-Bretagne a mis en place, dès 1995, par la voie de la
loterie, un mécanisme de financement du "millenium". L'Allemagne,
quant
à elle, a programmé deux opérations d'envergure pour l'an
2.000, l'exposition universelle de Hanovre et le transfert de sa capitale de
Bonn à Berlin.
A quelque 800 jours de l'événement, il convient de confirmer la
liste des projets envisagés par la mission et surtout déterminer
des modalités de financement.
D'après les informations communiquées à votre rapporteur,
la mission s'est attachée à élaborer un programme
comportant deux phases :
La première, intitulée " mille jours pour inventer l'an
2000 ", a pour objectif de favoriser les initiatives dans les
domaines de
la création et de l'innovation, du savoir et de sa transmission, ainsi
que de la solidarité. Engagé le 3 avril dernier à mille
jours de l'an 2000, ce programme s'est traduit par le lancement d'un appel
à projets par l'intermédiaire de la presse régionale ;
La seconde phase est constituée par la célébration de l'an
2000 elle-même : 200 manifestations réparties sur 100 sites
sont ainsi prévues à Paris, en province et outre-mer. A chacun
des sites français doit être associé un site à
l'étranger de façon à bien marquer la
nécessité pour la France de s'ouvrir sur le monde.
L'ensemble de ce programme s'inscrit dans une problématique d'ensemble
exprimée dans la formule : " La France, l'Europe, le monde. Un
nouveau souffle ".
Actuellement 120 projets sur les deux cents auraient déjà fait
l'objet d'une évaluation complète. En outre, la mission a
proposé que les sites soient fédérés par un site
central, conçu, réalisé et aménagé pour la
circonstance. Ce site, qui pourrait être élevé à la
limite de Paris et d'Aubervilliers, devrait donner lieu à un
" geste architectural significatif ". Cette
" Cité de
l'an 2000 " serait financée par des investisseurs privés,
qui prendraient ensuite possession du bâtiment pour l'exploiter à
des fins commerciales. Elle accueillerait un espace multimédia et une
série d'expositions dont la principale serait intitulée "
La France, un portrait, des portraits ".
L'appel à projets de son côté a été clos le
31 juillet. Il a permis d'identifier un millier de projets dignes
d'intérêt, dont un certain nombre est pris en charge par la
mission. Parmi les initiatives envisagées, on peut signaler : la
matérialisation végétale de la méridienne de Paris
à travers 334 communes, le voyage de 20 000 jeunes autour du monde et
l'organisation d'une course autour du monde à la voile.
Le coût prévisionnel du programme des célébrations
est évalué, hors dépenses de fonctionnement de la mission,
à 1,135 milliard de francs. Le financement devrait en être
assuré en grande partie par une contribution de la Française des
jeux qui devrait être obtenue grâce au lancement de nouveaux jeux
liés au thème de l'an 2000.
Il est apparu important pour votre rapporteur d'attirer l'attention du
Sénat sur un projet dont le financement est des plus
problématique.
C. TROIS POINTS À PRÉCISER
1. La répartition des dépenses entre Paris et la province
Le ministre a indiqué dans sa présentation à la presse de
son budget que " en 1997, hors établissements publics, 42% des
crédits du ministère concernent Paris, 5% l'Île- de France
et 53% la province ". Compte tenu du souci constamment manifesté
par la commission de finances que l'effort de l'État soit mieux
réparti sur l'ensemble du territoire, votre rapporteur aimerait que le
ministre non seulement fournisse des chiffres prenant en compte les
crédits des établissements publics mais indique également
la façon dont il entend à l'avenir parvenir à
un
meilleur équilibre entre Paris et la Province
. A cette occasion, le
ministre pourra également expliciter certains de ses objectifs pour
1998, tels que " accroître l'offre culturelle en
région " et développer " une politique de
partenariat " avec les collectivités locales
.
2. Des projets de fusions et de restructurations administratives
L'effort de rationalisation des structures administratives se manifeste par des
projets de fusions de directions ou d'organismes
sur les
modalités desquelles le ministre pourra certainement apporter des
informations utiles au Sénat :
D'abord, il faut mentionner une mesure importante de rationalisation consistant
dans la création d'un
établissement public chargé de la
maîtrise d'ouvrage des grands équipements culturels de
l'État
. Ce nouvel organisme résultera de la fusion de
l'Établissement public du Grand Louvre et de la Mission
interministérielle des grands travaux. Cette restructuration a
été présentée comme génératrice
d'économies évaluées à 31 millions de francs.
Mais, il est surtout important que le ministre donne au Sénat des
informations de nature à le rassurer sur la manière dont seront
conduites deux opérations de fusion délicates et qui ne
manqueront pas de susciter quelques inquiétudes.
La première réforme annoncée est le rapprochement des
directions de l'Architecture et du patrimoine. Le directeur de l'architecture a
été chargé de conduire l'opération.
Également nommé directeur du patrimoine, celui-ci doit exercer
les deux fonctions et proposer, avant la fin de l'année, à
l'issue d'une large concertation, de nouvelles structures.
Il y a une logique dans une réforme qui, au delà des
économies de gestion attendues, ne fait que revenir à la
structure antérieure et qui tient compte de l'évolution du
métier des architectes, qui doivent apprendre à s'intégrer
dans des espaces désormais protégés.
Mais, il doit être clair que chacun des deux services doit pouvoir
conserver ses caractères propres et être en mesure d'exercer
pleinement les missions qui lui sont assignées.
3. Les mécanismes du compte de soutien sont-ils toujours aussi
favorables à la production française ?
En dernier lieu, votre rapporteur voudrait attirer l'attention du ministre sur
l'aide au cinéma distribuée par le Compte de soutien, dont il
craint que le mode de fonctionnement ne soit désormais moins favorable
au développement du cinéma français, notamment en ce qui
concerne la modernisation des salles.
A côté des aides sélectives pour les salles d'art et
d'essai, par exemple, il existe des aides automatiques sous la forme de
subventions de réinvestissement - 276 millions de francs en 1996 - qui,
si l'on n'y prend garde, c'est à dire, si ce que l'on appelle " le
taux de retour " n'est pas suffisamment modulé, pourraient
favoriser l'expansion des " multiplexes ".
Il s'agit d'implantations commerciales comportant au moins dix salles, le plus
souvent installées en périphérie des villes, qui, par leur
type d'exploitation commerciale, sont un peu les têtes de pont en France
des grosses productions hollywoodiennes. En 1996, on en comptait 23 en France,
qui, avec 1% des emplacements représentaient 11% des entrées. Au
premier semestre 1997, leur nombre est passé à 25 pour une part
de marché de 16%.
Au moment où le cinéma français redresse la tête et
retrouve sa part de marché de 1990, soit 37,5% - mais doit-on s'en
satisfaire quand on songe que les films américains représentent
presque 55% des entrées -, votre rapporteur souhaite interroger le
ministre sur la politique qu'il compte mettre en œuvre pour éviter
que les nouveaux modes de distribution ne finissent par marginaliser le
cinéma français sur son propre territoire.
I. PRÉSENTATION GÉNÉRALE DES CREDITS
Le projet de loi de finances marque dans le domaine de la
culture un retournement de tendance par rapport au précédent
budget. Celui-ci, l'on s'en souvient, avait été durement
touché par la rigueur que le gouvernement de M. Alain Juppé avait
imposée au nom de la nécessaire maîtrise des finances
publiques. Le projet de budget pour 1997 se caractérisait par une
régression des crédits de près de 3 %, et même
d'environ 8 % si l'on raisonnait à périmètre constant.
Votre rapporteur s'en était ému et était parvenu à
obtenir, grâce à l'appui de la Commission des finances et de son
président, le déblocage de 70 millions de francs pour le
patrimoine monumental, qui avait été particulièrement
frappé par les restrictions budgétaires. Cette initiative permit
non seulement de préserver des monuments parfois en danger, mais encore
de sauvegarder des emplois.
A. LES MOUVEMENTS DE CRÉDITS EN 1997
1. Les mesures de régulation budgétaire
En dépit des appels pressants de votre rapporteur - qui
avait dit, l'année dernière, dans son rapport : "halte aux
gels en cours d'année"- le budget de la culture eut en 1997, une
nouvelle fois, à souffrir de mesures de régulations
budgétaires.
900 millions de francs de crédits ( DO + CP ) furent ainsi
"gelés" en début d'année par le précédent
gouvernement, "gel" transformé en annulations par l'arrêté
du 9 juillet 1997 pour près de 702 millions de francs de crédits
de paiement (et 656 millions de francs d'autorisations de programme).
On doit toutefois souligner que ces mouvements de crédits n'avaient pas
porté sur les crédits du patrimoine, qui ont donc
été maintenus à leur niveau de la loi de finances initiale
pour 1997, y compris les 70 millions ajoutés à l'initiative de
votre commission des finances.
Les mêmes causes produisant les mêmes effets,
un nouvel
arrêté est intervenu le 19 novembre 1997
( JO du 23 novembre
1997). Il annule pour 97, 68 millions de francs de dépenses ordinaires
et pour 0,76 millions de francs d'autorisations de programme et de
crédits de paiements. Au total, en termes de moyens de paiement, cela
fait 98,44 millions de francs.
Renseignements pris auprès des services, ces mouvements correspondent
essentiellement - à côté d'ajustement mineurs de nature
technique, 2,58 millions de francs au titre III, 0,76 millions de francs au
titre VI, il s'agirait d'erreurs d'imputation dans la réserve
parlementaire - à deux opérations :
69,8 millions de francs,
qui seront prélevés sur
les fonds de roulement de la Bibliothèque Nationale de France et de
la Cité de la musique
. Cette mesure, qui relève de ce que
l'on a coutume de qualifier de prélèvement sur les
" trésoreries dormantes ", devrait préserver une
trésorerie d'un mois pour chacun de ces deux organismes ;
13,5 millions de francs seront imputés sur les commandes
artistiques et achats d'oeuvres d'art.
Il s'agit de tirer les
conséquences de décisions de justice défavorable aux
musées de France et en l'occurrence, de l'affaire
" Pereire ".
1(
*
)
2. Les transferts de crédits
L'arrêté du 17 mars 1997 (chapitres 31-01, 31-03,
33-90 et 33-91) transfère au profit du ministère des finances
pour un montant total de 584.696 francs les crédits correspondant
aux charges de mise à disposition du ministère de la culture et
de la communication (rémunérations, indemnités et charges
sociales) de trois attachés de l'INSEE.
Un décret de virement pour un montant de 2.485.875 francs
concernant la rémunération de 18 agents de l'école du
Louvre a permis d'abonder, depuis les chapitres 31-01, 3-03, 33-90 et 33-91, le
chapitre 36-60 du ministère de la culture et de la communication.
Au chapitre 35-20 (patrimoine monumental et bâtiments-entretien et
réparation), un transfert est intervenu au profit du budget du
ministère de la défense pour un montant de 500.000 francs au
titre de l'entretien du fort de Brégançon (arrêté du
20/08/97).
Au chapitre 41-10 (dotation générale de la
décentralisation), l'arrêté du 21/02/97 transfère
les crédits qui avaient été inscrits sur le budget du
ministère de la culture lors de l'élaboration du PLF 97 à
la DGD pour 902.606.094 francs.
Au chapitre 43-50 (développement culturel), ont été
transférés 1.500.000 francs (arrêté du
09/05/97) au titre de la participation du ministère de la culture et de
la communication à l'opération "Année de la France au
Japon".
Un décret de virement pour un montant de
225.000 francs a eu pour objet d'abonder depuis le chapitre 41-10, le
chapitre 43-50 du ministère de la culture et de la communication au
titre de la réserve parlementaire.
L'arrêté du 20/08/97 a porté sur le chapitre 56-20
(patrimoine monumental) : ce transfert de crédit au profit du
ministère de la défense correspond à la participation 1997
(2.150.000 francs) de la direction du patrimoine aux travaux de
restauration et de réhabilitation au fort de Brégançon.
L'Arrêté du 20/03/97, relatif au chapitre 66-91 (autres
équipements) : a transféré des crédits au profit du
ministère de l'équipement (1.910.000 francs) concernant la
contribution de l'Etat aux dépenses de construction de logements
destinés à des fonctionnaires.
B. LES CRÉDITS POUR 1998
Tel est le contexte budgétaire dans lequel se situent les crédits demandés pour 1998, dont le tableau de la page présente par titre les principales évolutions.
1. Des dotations globalement croissantes
Le projet de budget pour 1998 prévoit une hausse
sensible des crédits du ministère de la culture. Ceux-ci
croissent, hors audiovisuel, de 3,79 % en termes de dépenses ordinaires
et de crédits de paiement pour atteindre 15,109 milliards de
francs. En termes de moyens de paiements, l'augmentation se monte à 550
millions de francs.
L'évolution est encore plus sensible pour les autorisations de
programmes, qui croissent de 19,94% pour se monter à 3,696 milliards de
francs.
Au total, le budget de la culture représente 0,95% de celui de l'Etat
contre 0,93% en 1997, à structure constante. L'objectif du gouvernement
est d'atteindre cet objectif en deux ans
2(
*
)
.
a) un effort particulier en matière de dépenses en capital et de dépenses externes
On aura l'occasion de revenir sur l'effort fait pour les
dépenses en capital dans la mesure où il concerne principalement
le patrimoine monumental. Il faut noter qu'à côté de ce
secteur très privilégié - mais il avait été
fortement touché par les mesures de restrictions adoptées ces
dernières années -, une augmentation non négligeable est
prévue pour les opérations montées en partenariat avec les
collectivités locales : rénovations de théâtres
d'écoles etc.
Par ailleurs, il est mis l'accent sur ce que l'on appellera par
commodité les dépenses externes.
C'est ainsi que l'on constate une croissance soutenue de dotations des
établissements publics, + 3,77% ; en l'occurrence, il s'agit
d'assurer l'ouverture intégrale du site de Tolbiac de la
bibliothèque nationale de France, et de faire un effort particulier pour
les écoles d'architecture.
De même, il est prévu de développer les capacités
d'intervention " y compris par redéploiement
budgétaire " afin de favoriser les créateurs les plus
dynamiques. Les crédits d'intervention correspondants s'accroissent de
2,5%. C'est à ce niveau que sont financés les " emplois
jeunes ".
3(
*
)
b) Des dépenses de fonctionnement néanmoins contraintes
" Aucune réévaluation du train de vie de
l'Etat " a dit le ministre dans la présentation à la presse
de son budget. La formule est incontestable si l'on ne considère que
l'administration centrale et certains établissements publics. Les
fusions de services, au sujet desquelles votre rapporteur exprimera par
ailleurs des inquiétudes voire de franches réserves, en portent
témoignage. Les dépenses de fonctionnement augmentent de 2,2%.
Les quelques 19 millions de francs ainsi dégagés correspondent le
plus souvent - sauf peut-être s'agissant de crédits
d'études et de recherche ( +4,5 millions de francs) - à des
nécessités qu'il s'agisse de la DRAC d'Île-de-France qu'il
faut bien reloger pendant la durée des travaux de rénovation du
Grand Palais ou des 5 millions de francs pour frais de justice et de
réparation civile, indispensables vu de certaines jurisprudences.
Le ministère fait état de certaines réductions de budget
de fonctionnement : - 2 millions pour le Centre national de la
Cinématographie, -3,75 millions pour l'établissement public de
Versailles,, - 5,25 millions de francs pour le Musée du Louvre, le
centre Georges Pompidou - 3,25 millions de francs, Cité des sciences et
de l'Industrie , -2,7 millions de francs.
Mais l'essentiel des économies provient de la création d'un
établissement constructeur unique, qualifié dans certains
documents " d'Agence d'ingénierie culturelle ", qui doit
résulter de la fusion de l'établissement public du Grand Louvre
et de la mission interministérielle des Grands travaux.
La rationalisation des établissements constructeurs permet une
économie globale en fonctionnement de 31,7 millions de francs et de
22 emplois non budgétaires.
Le nouvel établissement est doté d'une subvention de
fonctionnement à hauteur de 28,75 millions de francs (chapitre
36-60). Ce montant a été évalué en fonction des
ratios en usage dans les deux autres établissements.
85 emplois non budgétaires sont redéployés et
permettent :
- de constituer une équipe pour le nouvel établissement
(50 emplois), ainsi que pour le musée des Arts premiers
(5 emplois),
- de renforcer les cellules de maîtrise d'ouvrage dans des
établissements publics exploitant des domaines patrimoniaux de grande
ampleur comme le Musée du Louvre, l'établissement public de
Versailles, le Centre Pompidou.
Au total, l'enveloppe d'investissement s'élève à
970,30 millions de francs en autorisations de programme sur le titre VI,
qui concernent notamment :
- des opérations en cours, dont le Grand Louvre et le musée
de l'Orangerie pour 220,6 millions de francs, les Arts premiers pour
20 millions de francs, ou encore le Palais de Chaillot (centre national de
l'architecture) pour 62 millions de francs ;
- des opérations nouvelles, dont notamment :
·
la restauration du Grand Palais (150 millions de
francs) ;
·
la construction du Centre de la mémoire
contemporaine de Reims (144 millions de francs) ;
·
la restauration du théâtre national de
l'Odéon (121 millions de francs) ;
·
la construction du Centre national de la danse de
Pantin (20 millions de francs) ;
·
le regroupement des services centraux dans l'immeuble
des Bons Enfants (167,7 millions de francs) ;
·
la création de l'Institut national de l'Histoire
de l'art (20 millions de francs).
Toutes ces informations ne figurent pas explicitement dans les fascicules
budgétaires, qui ne permettent pas de comparer en fonctionnement et en
termes d'opérations gérées les dépenses avant et
après la réforme.
2. Des difficultés de lecture dues aux changements de nomenclature
Votre rapporteur constate que cette stabilité de la
nomenclature, qu'il appelait de ses voeux lors de la présentation du
précédent budget, n'est pas encore pour cette année.
Certes, on n'a pas eu recours à ces transferts massifs qui affectent la
signification des évolutions budgétaires, au risque de fausser le
jugement des assemblées. Mais la pause n'est que relative dans la mesure
où l'on a procédé à la disjonction des
crédits de l'audiovisuel - transférés du chapitre 43-70 au
chapitre 46-01 des services généraux du Premier Ministre- et
où la décentralisation, d'une part, et des réformes
administratives, d'autre part, rendent très difficiles certaines
comparaisons par titres ou agrégats.
Deux exemples peuvent être donnés de ces difficultés
liées à des transferts de crédits :
· la baisse des crédits du titre V investissements
exécutés par l'État qui est essentiellement due au
transfert des crédits du Centre Georges Pompidou au titre VI, ce qui
conduit à apprécier l'effort d'investissement au niveau de
l'ensemble des dépenses en capital ;
· l'agrégat 04, qui regroupe l'ensemble des moyens de
l'administration générale, augmente apparemment de presque 15% en
moyens de paiement, ce qui peut surprendre et susciter de la perplexité
dans le contexte budgétaire actuel. Or une telle réaction ne
serait pas fondée. Cet accroissement des crédits affectés
à l'administration générale est précisément
dû à une mesure d'économie, la création de
l'établissement d'ingénierie culturelle appelé à se
substituer à deux organismes, dont les crédits se trouvaient
antérieurement rattachés à l'agrégat
" patrimoine ".
Il faut, enfin, souligner et c'est un regret, car cela entache la
lisibilité de l'action gouvernementale, que la présentation du
budget par agrégat est absolument inutilisable pour comparer les
dotations 1998 avec celles de 1997. En conséquence, si l'on est
sûr que les dotations augmentent globalement, il est beaucoup plus
difficile de se faire une idée juste de la façon dont
évolue la structure de ce budget.
C. LES ORIENTATIONS DU BUDGET
S'agissant des orientations et du contenu de ce budget, on peut dire qu'il comporte deux objectifs prioritaires - le spectacle vivant et le patrimoine - et un objectif intermédiaire : la modernisation des moyens administratifs du ministère.
1. "Remettre la notion de service public au coeur des logiques du spectacle vivant"
Au-delà de la formulation de cette première
priorité de l'action ministérielle, qui reflète
l'engagement politique du présent gouvernement, ce souci se traduit,
dans les chiffres, par un effort budgétaire appréciable : ainsi
les dotations consacrées au spectacle vivant sont-elles en augmentation
de près de 7 % pour atteindre 4.240 millions de francs.
Il faut noter que le renversement de tendance, dont il est fait état,
n'empêche pas une certaine continuité dans les orientations de la
politique du ministère. Les soucis évoqués par Madame
Catherine Trautmann dans la présentation de son budget - accès du
plus grand nombre, maillage du territoire national, rééquilibrage
entre Paris et la Province, développement des relations contractuelles -
pouvaient se trouver, à des nuances de vocabulaire près, dans le
discours de son prédécesseur.
2. "Enrichir et ouvrir le patrimoine"
Le patrimoine monumental bénéficie d'un effort
budgétaire considérable. Les dotations qui y sont
consacrées, doivent augmenter de 39,3 % pour atteindre 1.616,5
millions de francs, soit un niveau à peu près égal
à celui prévu par la loi programme sur le patrimoine, qui est de
1.633 millions de francs.
On peut rappeler, à cet égard, que, si un rattrapage a
effectivement lieu,
des initiatives avaient été prises,
dès l'année dernière, pour atténuer les effets des
restrictions de crédits
. Un certain nombre de personnes se sont
battues sur le terrain pour limiter l'impact négatif des arbitrages
budgétaires. Il est juste que leurs efforts ne soient pas
méconnus.
Maintenant, il convient également de mentionner toute une série
d'initiatives intéressant le patrimoine au sens large, que la relative
aisance qui caractérise le présent budget, va permettre
d'entreprendre. On peut citer :
L'ouverture de nouveaux lieux-musées : les salles
égyptiennes, grecques et romaines du Louvre, les nouvelles salles du
musée des arts décoratifs, la rénovation du musée
de l'orangerie, ainsi que l'ouverture d'un musée d'art et d'histoire du
judaïsme ;
L'affectation de 90 millions de francs aux musées
régionaux destinés au financement d'opérations lourdes :
créations, réhabilitations, mais aussi d'opérations plus
ponctuelles mais non moins nécessaires, comme la numérisation des
collections et l'informatisation des inventaires ;
L'augmentation des crédits d'acquisition des musées
nationaux qui doivent s'accroître de près de 30 % afin de faire
face aux conséquences de l'expiration du délai de retenue des
oeuvres ayant fait l'objet d'un refus de sortie du territoire national ;
La nouvelle impulsion donnée à la création
contemporaine, avec l'augmentation des crédits d'acquisition de
près de 10 % et de nouvelles dotations pour les fonds régionaux
d'art contemporain ;
L'accent mis sur les réseaux dans la gestion des
bibliothèques :
réseaux institutionnels, d'abord , c'est ainsi qu'un
fonds de 20 millions de francs a été mis en place pour
favoriser la coopération entre bibliothèques, tandis que la
Bibliothèque Nationale de France sera constituée en centre du
réseau national des bibliothèques. D'une façon
générale, les financements nécessaires seront
dégagés pour permettre l'ouverture du niveau destiné aux
chercheurs sur le site Tolbiac ;
réseau informatique
ensuite, avec la
généralisation de l'accès Internet dans les
bibliothèques, action qui s'inscrit dans la politique,
déjà engagée, d'encouragement au multimédia
3. "Moderniser l'administration"
Tel est le troisième et dernier point que l'on se contentera, dans cette présentation générale, d'énumérer - fusion des directions du Patrimoine et de l'Architecture ainsi que des directions du Théâtre et de la Musique, création d'un établissement public constructeur réunissant l'Établissement public du Grand Louvre et la Mission interministérielle des grands travaux, amorce du regroupement géographique des services centraux, dans la mesure où la plupart de ces questions seront évoquées plus longuement à l'occasion de l'exposé des observations de votre rapporteur
II. ASPECTS DE LA POLITIQUE CULTURELLE
Cette partie est consacrée à des développements techniques venant, soit illustrer et compléter l'information sur des points évoqués dans les observations du rapporteur, soit évoquer des rapports d'actualité, soit en fin passer en revue l'activité des directions ou organismes relevant du ministère de la culture avec l'ambition d'exposer en deux ou trois ans de façon très concrète tous les aspects de la politique culturelle, en particulier lorsque cette politique est fortement décentralisée.
A. LE RAPPORT DE LA COUR DES COMPTES SUR LES MUSEES NATIONAUX ET LES COLLECTIONS NATIONALES D'OEUVRES D'ART
Constatant le développement sans
précédent des musées et ses conséquences en termes
d'engagements financiers, la Cour des comptes a estimé nécessaire
de procéder à une " évaluation sur ce secteur
d'intervention " à partir d'une enquête centrée sur
les musées nationaux.
A partir de 1980, dans le même temps où il créait ou
réaménageait quatre nouveaux musées ( Orangerie, Picasso,
Orsay, Louvre) et où il entreprenait la rénovation de deux autres
établissements importants ( Versailles et Compiègne) - pour
un montant global de 8 milliards de francs dont 5,5 milliards de francs en
faveur du seul Grand Louvre - , l'Etat apportait son soutien technique et son
concours financier à environ 250 chantiers relevant des
collectivités territoriales. En quelques années, on est
passé d'un peu moins de 20 millions par an pour atteindre au
début des années 80 environ 130 millions de francs par an avec
une pointe de 130 millions de francs en 1982.
La Cour a donc examiné, d'une part, l'organisation, le fonctionnement et
les rôles respectifs des deux acteurs centraux que sont la direction des
musées de France DMF et la réunion des musées nationaux
RMN, et d'autre part, la gestion d'un certain nombre musées nationaux
étendant ses investigations en tant que de besoin, sur un certain nombre
d'organismes tel le Centre Georges Pompidou, gestionnaire du Musée
national d'art moderne, le Fonds National d'art contemporain, le Mobilier
National, ainsi qu'une douzaine d'associations d'amis des musées. Dans
son enquête, elle a procédé au recensement d'un
échantillon de 2705 inscriptions d'inventaire correspondant à
environ 5000 oeuvres déposées par les musées dans 120
lieux de dépôts.
1. Les structures administratives
La Cour a, d'une façon générale, constaté que cette extension considérable des ambitions de l'État ne s'était le plus souvent pas accompagnée de l'augmentation des moyens et des outils de gestion. Elle a relevé une dispersion des responsabilités à l'échelon central, ainsi qu'une absence de clarté dans le partage des tâches entre la DMF et la RMN.
a) La direction des musées de France
D'emblée, la Cour note que le champ d'intervention
direct de cette direction ne comprend pas une part importante du patrimoine
muséographique. En dépit des responsabilités qui lui
avaient été conférées par l'arrêté du
23 octobre 1979, en dépit des termes de l'arrêté du 5
août 1991 étendant explicitement sa mission à l'ensemble
des musées opérant sur le territoire national, des textes de
valeurs juridiques supérieures limite la compétence de la
DMF : d'abord, l'ordonnance de 1945 n'a pas soustrait à leurs
tutelles ministérielles propres un certain nombre de musées
d'État (musées relevant du l'Éducation nationale
4(
*
)
ou du Muséum ), ensuite, parce que des textes
spécifiques, tel le décret du 27 janvier 1976, relatif au centre
Georges Pompidou, a radié le Musée national d'art moderne de la
liste des musées nationaux.
Le rapport de la Cour attire également l'attention sur la
compétence exclusivement scientifique et artistique des instances
consultatives, qui sont donc consultées ponctuellement sur les
acquisitions, et non sur des questions de structures juridiques ou
économiques. Elle a noté que les conseils scientifiques
spécialisés (patrimoine artistique du XXième
siècle, arts africains et océaniens) n'avaient quasiment jamais
fonctionné)
La DMF a indiqué qu'était à l'étude la
création d'un Conseil supérieur des musées, qui serait
composé d'élus, de représentants de l'Etat, de
conservateurs et de personnalités qualifiées.
La Cour souligne le manque de moyens de cet organisme dans deux domaines
essentiels :
La gestion financière
des musées : les
projets de comptes analytiques, - menés par des personnels changeants,
insuffisants en nombre, en disponibilité ou en expérience -, ou
de " base budgétaire analytique centralisée " n'ont que
partiellement abouti, empêchant la DMF de disposer de données
exhaustives sur la gestion des musées placés sous son
autorité. Ainsi, s'explique sans doute le fait que celle-ci ait pu
ignorer, jusqu'à ce que la Cour la révèle, l'existence de
pratiques irrégulières par lesquelles certains
établissements des flux de recettes ou de dépenses transitent par
des structures associatives ;
La gestion des collections publiques
: la transformation en
1991 du bureau des collections en département des collections n'a pas
produit les résultats attendus, faute là encore de
stabilité de titulaires du poste de responsable. La Cour insiste
également sur les insuffisances en matière d'informatique. Les
bases de données lancées au début des années 70
dans un but scientifique, ont pris une autre dimension, quand, au début
des années 90, il s'est agi de les transformer en outil de
vulgarisation. . Les " bases de données nationales "
devaient
être au nombre de trois ; seule, celle relative aux Beaux-arts ,
intitulée Joconde " est opérationnelle - accessible au
public sur minitel - mais ne comporte qu'une fraction du patrimoine
concerné (60 établissements dont 15 musées
nationaux)
5(
*
)
.
La gestion des collections repose donc sur l'inspection
générale des musées, service créé à
partir de l'ancienne inspection des musées classés et
contrôlés, et dont les misions ont été implicitement
étendues aux musées nationaux, sans que cette extension de
compétence ait été traduite formellement dans les textes.
La Cour note à cet égard, qu'en ce qui concerne les musées
nationaux, ce service est dans une position ambiguë, qui réduit sa
capacité à exercer sa tutelle sur ces établissements, en
ce sens notamment qu'elle ne correspond pas à un corps d'inspecteurs,
auquel accéderaient en fin de carrière des fonctionnaires
expérimentés, mais à une simple instance d'assistance et
de conseil essentiellement pour les musées de province..
b) La Réunion des musées nationaux
Créée par la loi de finances du 16 avril 1995,
la RMN avait initialement pour objet, grâce aux produits de sa dotation
initiale complétée par des dons et legs, puis
ultérieurement par la perception de droits d'entrée, de
contribuer à l'enrichissement des collections nationales. C'est donc un
organisme dont la vocation originelle est donc d'être une caisse de
mutualisation.
Unique à l'origine puis principale source de revenus, les droits
d'entrée des musées ne représentent plus, aujourd'hui,
qu'un quart des produits d'exploitation, car cet organisme a
développé des activités annexes : expositions
temporaires, édition, diffusion et vente de produits
dérivés, exploitation, enfin, directe ou concédée
d'espaces commerciaux divers, restaurants salles de conférences ou de
concert...
En fait, en s'appuyant sur l'augmentation de la
fréquentation et donc des recettes de droits d'entrée, la RMN a
investi dans le développement d'une gamme de produits plus large et
professionnalisé ses méthodes de gestion.
L'État a associé la RMN, dont le conseil d'administration est
présidé par le Directeur des musées de France, à sa
politique d'accompagnement du développement des musées, note la
Cour, soit parce qu'il souhaitait voir financer certaines de ses tâches
en dehors de son propre budget, soit parce que le statut de
l'Établissement lui paraissait gage d'une plus grande souplesse
d'intervention. C'est dans ce cadre qu'a été instauré un
mécanisme de redevance payée par la RMN au profit des
musées intitulée " dotations globales de
fonctionnement ". Laissé à l'origine à la
discrétion de la DMF, tant en ce qui concerne le montant que les
établissements bénéficiaires, ce dispositif a
été modifié en 1990 afin de bénéficier
à tous les musées nationaux
6(
*
)
. Le
coût pour le budget de la RMN est passé de 4 millions de francs en
1986 à 18 millions de francs en 1992 ; l'accession de deux
établissements à l'autonomie financière a ramené
à environ 10 millions de francs la charge correspondante.
A plusieurs reprises, dit la Cour, la RMN a dû rechercher dans son exploitation et, plus particulièrement, dans le développement d'activités rentables le financement des ambitions muséographiques de l'État. Le décret du 14 novembre 1990 qu'érigeait la RMN en établissement public à caractère industriel et commercial tirant les conséquences de cette situation. Mais, ajoute la Cour, il plaçait cet organisme devant la nécessité de concilier deux logiques, " pas aisées à mettre en harmonie ", la logique économique et la logique régalienne. Nécessaire pour lui permettre de faire face à ses nouvelles responsabilités, ce changement s'est accompagné d'une augmentation des rémunérations des personnels, désormais sous statut privé, plus professionnalisés mais aussi aux rémunérations proches de conditions du marché. Ce souci des résultats d'exploitation a conduit la RMN à augmenter de façon importante ses tarifs d'entrée.
Certaines activités sont nettement déficitaires. Tel est d'abord
le cas du service des visites conférences, dont la responsabilité
a été transférée à la RMN en 1991, et qui
accuse un déficit structurel de 13 millions de francs par an, provoquant
la suppression de la gratuité pour les groupes scolaires. Mais le cas le
plus préoccupant est celui des services éditoriaux et
commerciaux. La Cour résume ainsi - en termes pudiques - la
situation : "
Les efforts financiers importants (80 millions
de
francs prélevés sur le fond de roulement) consacrés au
développement des activités commerciales , s'ils ont permis une
augmentation du chiffre d'affaires se soldent encore par des résultats
préoccupants dès lors qu'ils ont eu pour effet d'imposer
plusieurs années durant des prélèvements sur le produit
des droits d'entrée et des recettes annexes, alors même qu'ils
devraient dégager des marges et contribuer au financement des
acquisitions et des expositions temporaires ".
Les résultats des expositions temporaires
pèsent enfin lourdement sur les résultats d'ensemble de la
RMN
7(
*
)
. Il y a là la conséquence
pour partie de la suppression à partir de 1988 de la subvention que
l'Etat accordait à la RMN pour cette activité.
Enfin, la Cour souligne un phénomène de structure :
l'évolution des musées nationaux vers une plus grande autonomie
financière remet en cause le système de mutualisation sur lequel
repose la RMN. Ce processus a commencé au début des années
80 quand il s'est agi de donner une plus grande autonomie de gestion aux chefs
d'établissements. Cette responsabilisation accrue des conservateurs a
suscité une demande légitime des conservateurs de participation
aux décisions, en particulier quand elles concernent les relations avec
le public, mais également de voir lier plus étroitement leurs
moyens aux efforts réalisés et aux résultats obtenus. De
ce point de vue, l'institution des redevances RMN, dont la Cour se demande si
elle est véritablement en conformité avec la vocation
industrielle et commerciale de l'organisme, est une mesure qui a permis aux
musées d'intervenir par des expositions dossiers, par des ateliers
pédagogiques dans ce qui était le coeur de la compétence
de la RMN.
RMN
Résultats expositions temporaires |
1984 |
1986 |
1987 |
1988 |
1989 |
1990 |
1991 |
1992 |
1993 |
1994 |
Charges d'exploitation |
27,5 |
30,1 |
25,8 |
47,3 |
65,7 |
43,9 |
61,8 |
81,1 |
137,3 |
96,3 |
Produits d'exploitation |
38,4 |
21,2 |
14,8 |
45,8 |
38,9 |
24,5 |
41,9 |
62,6 |
117,9 |
74,1 |
Balance |
7,3 |
-8,9 |
-11 |
-6,9 |
-26,8 |
-19,4 |
-19,9 |
-18,4 |
-19,4 |
-23,4 |
Au début, cette concurrence restait marginale mais elle prit de
l'ampleur avec l'accession des plus grands musées à l'autonomie
financière et, en particulier, la création de
l'établissement public du musée du Louvre. Celui-ci se voit
attribuer des compétences exclusives dans les domaines de l'accueil et
de l'animation culturelle, du mécénat, des expositions dossiers
et surtout de l'encaissement des droits d'entrée et de prise de vue.
Certaines compétences sont partagées, les visites pour lesquelles
la RMN est prestataire de services et les expositions pour lesquelles cet
organisme est responsable du transport-assurance et de l'édition des
catalogues. Ce dispositif, arrêté par une convention entre les
deux établissements publics, se traduit par le versement à la RMN
d'une redevance égale à 45% des droits d'entrée dans les
collections permanentes.
La conclusion de la Cour est, si l'on en décrypte les nuances,
plutôt prudente sur l'avenir de la RMN : "
il n'est pas
certain que le musée du Louvre n'ait pas la possibilité, à
terme, de développer une capacité à prendre en charge de
façon autonome des activités culturelles et commerciales qui lui
échappent encore....Un risque existe néanmoins que la RMN, en
raison de l'autonomie croissante qui serait accordée aux musées
nationaux, notamment aux plus grands, et de leur capacité potentielle
à la concurrencer sur son propre terrain soit progressivement
réduite à jouer un rôle de prestataire de services, dont
rien ne justifierait alors qu'il n'entre pas en compétition avec
d'autres fournisseurs publics ou privés, sauf à ce que
l'État organise un monopole à son profit afin de préserver
d'une part, la capacité de l'établissement à financer les
choix de la politique culturelle dont il resterait un acteur central, d'autre
part, l'accès des plus petits établissements à des
produits de diffusion culturelle que leur taille ne leur permettrait pas de
produire de façon autonome.
"
2. La gestion des collections
La mission première de la RMN est de jouer le
rôle de caisse commune pour l'enrichissement des collections des
musées nationaux. Il ressort de l'analyse de la Cour des comptes que la
mutualisation ne joue pleinement qu'entre les trois grands musées, qui
sont le Louvre, Orsay et Versailles. Il apparaît que les acquisitions
d'oeuvres d'art opérées entre 1985 et 1994 - soit à peu
près 1 milliard de francs sur l'ensemble de la période - ont
été à peu près équivalentes aux recettes des
musées : la proportion est d'ailleurs plus forte pour les trois
grands musées que pour les trente autres de moindre importance. C'est ce
qui fait dire à la Cour que
la péréquation n'a pas
joué en faveur des petits musées mais à l'intérieur
de chaque catégorie
.
La Cour des comptes s'est aussi préoccupée de ce qu'elle appelle
" l'intégrité " des collections. Elle constate que des
pratiques diverses se sont instaurées en matières d'inventaires,
privilégiant la dimension scientifique de l'opération sur son
importance dans la gestion patrimoniale
"
Les vérifications exercées par la Cour, si elles ne
mettent pas en cause la probité et le dévouement des
responsables, ont fait apparaître de graves insuffisances qui
compromettent l'efficacité de la gestion administrative des biens dont
ils ont la charge et appellent de mesures de redressement
". Elle
regrette l'absence de procédure claires pour l'inventoriage des objets
et met en lumière un certain nombre de lacunes dans la mise sur
inventaires.
a) Les lacunes des inventaires
La Cour souligne de graves lacunes notamment pour les collections importantes léguées dans des conditions inhabituelles, telles les legs Chauchard ou Campana. Sauf pour certaines collections, peu nombreuses, les récolements ne sont jamais systématiques et exhaustifs, aucune trace authentique des opérations n'est conservée. L'enquête fait apparaître de nombreuses inexactitudes dans la localisation des oeuvres. Elle estime que si cette situation résulte pour une bonne part de l'histoire des collections les erreurs les négligences de leurs prédécesseurs n'exonèrent pas totalement les conservateurs actuels de leur pérennisation. La Cour note que des efforts ont été entrepris récemment avec la nomination de conservateurs spécialisés à Versailles, notamment, ou avec le démarrage de campagne de récolement comme au FNAC ; mais elle remarque, en ce qui concerne de dernier organisme, que, sur 60 000 objets 20 000, ont été localisés.
b) Le cas particulier des dépôts
La Cour s'est aussi intéressée aux
dépôts. Il s'agit d'opérations consistant à sortir
provisoirement des oeuvres des collections auxquelles elles appartiennent, pour
confier à un autre établissement le soin de les présenter
au public et d'en assurer la conservation : tous organismes confondus,
arts classiques et modernes, cela représente environ 100 000 oeuvres
déposées.
Un décret du 3 mars 1981, tirant les conséquences d'un certain
flou dans les conditions d'attribution des dépôts, avait
redéfini les procédures. La réforme avait un double
objectif, assurer la sécurité et l'intégrité du
patrimoine de l'État, et garantir une plus large diffusion des oeuvres.
Elle fixait notamment deux principes : la limitation dans le temps de la
durée des dépôts, la mise en place des oeuvres dans des
lieux accessibles au public. Des mesures transitoires prévoyaient,
cependant, que les dépôts consentis à des
collectivités publiques antérieurement à 1981 pourraient
être maintenus, même s'ils ne répondaient pas aux nouvelles
normes, à condition d'être exposés au public.
Les magistrats de la Cour notent également que le ministère de
la culture n'a pas profité de cette occasion pour assurer une
cohérence d'ensemble dans les pratiques des administrations :
tandis que le décret de 1981 n'était rendu applicable au
Musée National d'art moderne qu'en 1992 - aucune réglementation
n'avait à cette époque, précise la Cour, été
édictée en ce qui concerne le Fonds national d'art contemporain -
, le Mobilier National devait faire face à une augmentation de la liste
des bénéficiaires, dont le nombre est passé de 452 en 1984
à 534 en 1994 pour plus de mille lieux de dépôts. En outre,
si un décret du 23 février 1980 avait posé le principe que
les meubles antérieurs à 1800 ne peuvent faire l'objet d'un
dépôt 1256 répondant à ce critère sont encore
actuellement encore en dépôt, 210 d'entre eux ayant
été déposés depuis 1980.
D'une part, la Cour évoque une série " d'errements "
dans les formes - absence d'aval du ministre - ou dans les conditions des
dépôts - affectation à des logements de fonction - ;
d'autre part, elle parle de " grande négligence " dans le
suivi par les dépositaires mais aussi de " défaillances de
gestion " pour les déposants : faute que soit tenus dans les
formes normalisées des registres de dépôts
récapitulatifs, faute de campagnes de récolement
périodiques, faute de vérifications sur place par des
conservateurs, la surveillance de dépôts ne peut être
assurée de façon efficace.
En définitive, la Cour des comptes constate que, sur environ
5000 dépôts contrôlés, un nombre important
d'oeuvres a échappé à la vigilance de l'administration.
Sur les quelque 900 " oeuvres non localisées " fin 1995,
à peine une vingtaine était retrouvée un an plus tard.
(millions de francs)
Musée
|
Inscriptions
|
Oeuvres
|
Oeuvres
|
Oeuvres
|
Oeuvres
|
Total des Oeuvres non présentées |
Louvre |
1682 |
1736 |
28 |
4 |
315 |
347 |
Orsay |
186 |
186 |
2 |
1 |
23 |
26 |
Sèvres |
108 |
1196 |
4 |
36 |
218 |
258 |
Cluny |
47 |
281 |
0 |
0 |
249 |
249 |
Arts africains et océaniens |
217 |
609 |
0 |
0 |
30 |
217 |
Arts et traditions populaires |
|
|
|
|
|
|
Compiègne |
71 |
235 |
0 |
0 |
4 |
4 |
Picasso |
20 |
233 |
0 |
1 |
0 |
1 |
Divers |
59 |
63 |
0 |
0 |
25 |
25 |
Non connu |
231 |
231 |
2 |
2 |
28 |
33 |
Total |
2705 |
4925 |
37 |
44 |
893 |
974 |
c) Les réponses de l'administration
Pour le ministère de la culture, les
dépôts récents n'ayant pu être localisés par
la Cour sont extrêmement rares.
En effet, parmi les oeuvres qui n'ont pu être récolées,
aucune ne correspond à un dépôt postérieur à
1981 et 38 seulement s'appliquent à des dépôts
postérieurs à 1945, 351 concernent les dépôts de
l'entre deux guerres, le reste est antérieur à 1910, date du
premier texte réglementant les dépôts. Avant cette date, il
n'était pas obligatoire d'établir un arrêté de
dépôt pour les oeuvres figurant sur les inventaires des
musées nationaux ; pour ces oeuvres non localisées, la date
de disparition ne peut être présumée comme récente.
Ces oeuvres relèvent pour le ministère de quatre
catégories : les oeuvres qui ont été recollées
depuis l'enquête de la Cour ; les oeuvres dont la disparition
s'explique par des catastrophes historiques ( fait de guerre sinistres..), les
oeuvres difficilement identifiables du fait du caractère lacunaire de la
documentation établie au moment de leur entrée dans les
collections ; les objets qui sont en réalité des copies ou
des moulages.
*
* *
En dépit des dates déjà quelque peu
éloignées des données que comporte le rapport, il a paru
important à votre rapporteur de rendre compte de l'enquête de la
Cour des Comptes.
Il n'était pas possible d'évoquer tous les sujets abordés
dans le rapport. Il a été mis l'accent, d'une part, sur le
problème des disparitions dans la mesure où il s'agit d'un sujet
ayant retenu l'attention de la presse et dont il convient sans doute de nuancer
l'importance. D'autre part, il a semblé également utile d'attirer
l'attention sur des considérations de structure, certes moins
" médiatiques ", compte tenu de la perspective de
réformes législatives toujours en chantier, et de la crise
financière que traverse actuellement la Réunion de musées
nationaux.
Au sujet des oeuvres, pudiquement qualifiées de " non
localisées ", deux points doivent être soulignés :
La Cour a sans doute raison sur le plan des principes : pendant de
longues années, les musées ont paré au plus pressé
avec les faibles moyens en personnel et en matériel dont ils
disposaient ; ils ont négligé les inventaires à
caractère purement patrimonial pour privilégier l'étude
scientifique des oeuvres dont ils avaient la charge. De son côté,
la tutelle n'a pas exercé son rôle de surveillance et de
coordination : pas de procédure normalisée de
contrôle, pas non plus d'application stricte des textes à certains
égards suffisamment rigoureux ;
Mais, l'approche quantitative, la seule possible pour la Cour, ne donne
pas une vision exacte des carences constatées. Qu'on le veuille ou non
il est une hiérarchie des oeuvres et il ne faut pas traiter des oeuvres
d'atelier, des moulages, des objets décoratifs sur le même plan
que des oeuvres majeures. De ce point de vue, la liste fournies par la Cour et
que l'on n'a pas pu pour des raisons matérielles joindre à ce
rapport, devrait être examinée d'un point de vue qualitatif :
quelles sont les oeuvres importantes qui ont disparu ? Voilà la
vraie question à laquelle seuls des historiens d'art peuvent
répondre et avec tout l'effet relatif de la chose jugée à
un moment donné de l'histoire de l'art. Il est pour le moins excessif de
croire que les collections publiques ne comportent que des chefs-d oeuvre. Et,
à cet égard, il faut proportionner les efforts administratifs
à l'importance de l'enjeu artistique.
De même, il faudrait plus que cela n'a été fait par la
Cour, tenir compte des circonstances historiques et considérer que,
seules les disparitions d'oeuvres vues avec certitude après 1945,
constituent une faute administrative pour lesquelles des responsabilités
peuvent être établies.
En tout état de cause, il est évident que la publication de
cette liste joue un rôle utile permettant de clarifier certaines
situations confuses ou même de retrouver des oeuvres " non
localisées " .
8(
*
)
Le rapport de la Cour a eu un rôle très positif. Il a
obligé l'administration à réagir
à un moment
où l'informatique donne des moyens sans précédent pour
réaliser, à moindre frais et rapidement, des inventaires
informatisés, à condition sans doute de distinguer l'inventaire
scientifique de celui destiné à suivre le mouvement des oeuvres.
Des conservateurs spécialisés ont été nommés
spécialement pour cette tâche.
Les modalités de l'action administratives ont également
été réformées de façon énergique. Une
circulaire a été adressée le 24 juin 1996
pour
rappeler à l `ensemble du Gouvernement les règles de gestion
et améliorer le contrôle du patrimoine mobilier :
1. seuls, le Fonds national d'art contemporain le Mobilier National ont
vocation à effectuer des dépôts ;
2. les dépôts ne peuvent porter que sur des oeuvres
postérieures à 1800 et doivent être placées dans des
lieux définis par le décret du 23 février 1980 ;
3. des conventions sont passées avec les organismes dépositaires
qui désignent des correspondants responsables des dépôts
Enfin, le
décret du 20 août 1996 institue une commission de
récolement
chargée de définir une méthodologie
générale, d'organiser le récolement et d'en suivre le
déroulement
9(
*
)
.
B. L'INSTITUT NATIONAL D'HISTOIRE DE L'ART
Depuis la remise du rapport d'André Chastel en 1983,
de nombreuses études ont toutes conclu à la
nécessité d'une initiative dans ce domaine, que ce soit
l'étude de définition menée sous l'autorité
d'Antoine Schnapper, ou le rapport de Michel Melot en 1991. Ces
réflexions rendaient de plus en plus claire l'image de l'institution
à mettre en place.
Mais l'événement décisif fut la décision de
construire le site de Tolbiac pour y transférer une partie importante
des activités de la Bibliothèque nationale de France. En 1992,
des études nouvelles furent lancées pour, d'une part,
élaborer les évolutions souhaitables pour les départements
spécialisés de la Bibliothèque nationale de France
(manuscrits, estampes et photographies, cartes et plans, monnaies,
médailles et antiques, arts du spectacle, musique), et, d'autre part,
pour regrouper les bibliothèques de référence en histoire
de l'art, et notamment la Bibliothèque d'art et d'archéologie -
fondation Jacques Doucet qui fut transférée rue de Richelieu
dès 1993, et, enfin, réfléchir au rapprochement
nécessaire des unités d'enseignement et de recherche.
L'institut international d'histoire des arts, issu du rapport confié
à Pierre Encrevé par Lionel Jospin, ministre de
l'éducation nationale et Jack Lang, ministre de la culture et de la
communication, aurait dú être créé par décret
en février 1993. L'avis du conseil d'État ayant
suggéré la voie législative, le projet fut
différé par le Gouvernement.
Ce sont les grandes orientations de ce rapport et du rapport sur la
bibliothèque nationale des arts (Françoise Benhamou, 1992), ainsi
que de celui établi en 1993 par Philippe Bélaval sur la
Bibliothèque nationale de France, qui ont été prises en
compte par la mission pour l'institut national d'histoire de l'art
confiée à Michel Laclotte, en 1994, par le Premier ministre.
Il s'agira, " dans un proche avenir ", précise la
réponse écrite faire à votre rapporteur, de mettre en
Ïuvre un
organisme fédératif,
associant
bibliothèque de référence en histoire de l'art,
iconothèque et activités d'enseignement et de recherche.
L'élaboration du projet a fait un pas décisif par l'étude
approfondie des scénarios d'implantation des entités dans les
locaux de la rue de Richelieu et de la rue Vivienne.
L'institut national d'histoire de l'art aura ainsi une
triple fonction
:
· regrouper sur un même site les unités d'enseignement
supérieur de 3ème cycle, l'École nationale des chartes,
l'École nationale du patrimoine ainsi que les centres de recherche,
revues et sociétés savantes françaises et
étrangères liés à l'histoire de l'art et au
patrimoine,
· constituer une grande bibliothèque de référence de
plus d'un million de volumes,
· créer, enfin, une iconothèque documentaire.
Sur le plan administratif, la ma»trise d'ouvrage du projet a
été confiée par un arrêté du premier ministre
en date du 10 décembre 1996 à la Mission
interministérielle de coordination des grandes opérations
d'architecture et d'urbanisme (J.O. du 13 décembre 1996). Celle-ci, en
liaison avec les deux ministères de tutelle (Education nationale et
culture), a lancé au printemps 1997 une consultation d'équipes de
programmation. L'équipe retenue remettra ses propositions
définitives, ainsi qu'une estimation des coúts correspondant au
Cours de l'automne 1997.
Sur la base des conclusions provisoires, une enveloppe de 36 millions de
francs a été inscrite au chapitre 66.91 du budget du
Ministère de la culture et de la communication, permettant d'entamer la
réutilisation du bâtiment Vivienne, que la Bibliothèque
nationale de France libère progressivement, afin d'y installer les
unités d'enseignement et de recherche.
1. Un lieu d'enseignement et de recherche
Le premier volet du projet, mis en oeuvre dès 1998,
concerne donc
l'enseignement et la recherche
.
L'Institut national d'histoire de l'art réunira sur le site Vivienne
les séminaires de DEA (Dipl™me d'Etudes Approfondies) et de
doctorat des établissements d'enseignement supérieur de Paris et
de sa couronne délivrant la thèse en histoire de l'art et en
archéologie, les deux grandes écoles formant aux métiers
du patrimoine, ainsi que les centres de recherche en histoire de l'art existant
à Paris, qu'ils soient associés ou non au CNRS.
L'institut fonctionnera donc comme une fédération
. Chaque
unité d'enseignement, chaque école, chaque centre de recherche,
gardera son indépendance vis-à-vis des autres.
Mais il ne s'agira pas d'une simple juxtaposition : certains programmes seront
communs à tous et, au quotidien, s'instaurera un jeu volontaire de
rencontres et d'échanges. Il deviendra plus fréquent et naturel
qu'un étudiant participe aux séminaires d'une autre
université ou d'une autre école que celle où il est
inscrit, ou qu'un professeur soit invité par ses collègues et
voisins.
Le regroupement rue Vivienne multipliera en outre les rencontres et les
échanges avec les chercheurs de passage, tant provinciaux
qu'étrangers, et permettra d'employer plus rationnellement les moyens,
en rassemblant des outils d'utilité commune
10(
*
)
.
Des activités communes sont également projetées avec
l'Université Paris VIII, des centres de recherche localisées dans
les régions, l'Ecole du Louvre, certaines écoles d'architecture,
ainsi qu'avec des organismes étrangers (Getty, centre allemand
d'histoire de l'art à Paris).
2. Une bibliothèque de référence
Le deuxième volet de la réflexion concerne la
création d'une bibliothèque de référence en
matière d'histoire de l'art
.
La bibliothèque de l'institut devrait développer, d'une part,
des collections d'ouvrages de référence pour l'art et
l'archéologie, couvrant le champ encyclopédique qui
s'étend de la préhistoire à nos jours, toutes
civilisations confondues ; et, d'autre part, elle deviendra le centre de
ressources majeur pour l'art occidental, de l'antiquité classique
à nos jours, domaine pour lequel, architecture et urbanisme compris,
elle tendra à l'exhaustivité.
Cette bibliothèque devrait donc être constituée
à partir de quatre des fonds les plus riches en France
, à la
fois cohérents et complémentaires, qui seront regroupés
sur le site Richelieu et réorganisés :
·
la Bibliothèque d'art et d'archéologie - Jacques
Doucet
: Bibliothèque interuniversitaire de recherche, service
commun des universités de Paris I et Paris IV, c'est la plus importante
bibliothèque française en histoire de l'art. Centre d'acquisition
et de diffusion de l'information scientifique et technique (CADIST) en histoire
de l'art et en archéologie, elle est, depuis 1993, majoritairement
implantée sur le site Richelieu (480.000 monographies, 6000
périodiques).
· la Bibliothèque centrale des Musées nationaux
:
Bibliothèque spécialisée rattachée à la
Direction des musées de France, sa mission est de pourvoir aux besoins
de la recherche menée dans les musées nationaux (150.000
monographies, 2000 périodiques).
· la Bibliothèque de l'École nationale supérieure
des beaux-arts
: distincte de la médiathèque récemment
ouverte sur le site de l'École nationale supérieure des
beaux-arts, et vouée à la documentation courante des
étudiants, la bibliothèque conserve des collections qui
représentent un ensemble majeur pour l'étude de l'architecture et
de l'art en général, y compris un remarquable fonds de dessins de
ma»tres (75.000 monographies, 1000 périodiques).
· la Bibliothèque de l'École nationale des chartes
:
Bibliothèque de recherche étroitement liée aux
enseignements dispensés par l'établissement public auquel elle
est rattachée, elle apportera d'importantes collections
consacrées aux disciplines historiques nécessaires à
l'étude de l'histoire de l'art et à l'archéologie (150.000
monographies, 750 périodiques).
Les
documents graphiques
représentent un demi-million de
pièces. Ils sont particulièrement riches dans deux des quatre
bibliothèques : la Bibliothèque d'art et d'archéologie,
qui conserve 250 000 photographies, 18.500 estampes, 800 recueils de gravures,
700 manuscrits et autographes, et celle de l'École des beaux-arts, qui
contient des fonds uniques en architecture : 100 000 estampes, 70 000
photographies, 7 000 plans d'architecture, 1.500 manuscrits, ainsi qu'un fonds
remarquable de dessins originaux (35.000 dessins d'architecture et d'ornement,
16 000 dessins de ma»tres).
En outre,
les bibliothèques de l'institut
rassemblent
déjà des archives importantes sur des artistes ou des historiens
de l'art
. Ainsi, le fonds Focillon-Baltrusaitis viendra rejoindre le riche
ensemble de manuscrits de la Bibliothèque d'art et d'archéologie;
la Bibliothèque centrale des musées nationaux entretient
régulièrement un fonds d'autographes et la bibliothèque de
l'École nationale supérieure des beaux-arts possède des
documents sur de nombreux architectes.
Une des missions de l'institut sera d'éviter l'hémorragie
d'archives fondamentales pour l'histoire de l'art français (telles
celles de la galerie d'art Boussod-Valadon, naguère achetées par
le Getty Trust faute de propositions françaises) et d'en favoriser
l'acquisition par la France, en étroite concertation avec la direction
du livre et de la lecture, la direction des archives de France, la
Bibliothèque nationale de France, les Archives de la critique d'art
à Rennes et la documentation du Musée national d'art moderne.
Ces collections, pour importantes qu'elles soient, ne sauraient cependant
constituer en l'état la collection nationale de référence
en histoire de l'art, et une
remise à niveau
d'ici à
l'ouverture de l'institut, suivie d'une politique d'acquisitions
concertée et propre à assurer une couverture efficace de la
production éditoriale internationale comparable à celle
qu'atteignent ses homologues étrangers (National Art Library du Victoria
and Albert Museum à Londres par exemple), sera indispensable.
3. Une iconothèque documentaire
Le troisième volet concerne la création d'une
iconothèque documentaire
(photothèque et informatique).
Le travail de l'historien de l'art ne se conçoit pas en effet sans un
recours très fréquent à des rapprochements d'images ni,
comme toute recherche historique, sans collecte de documents et de sources
écrites de nature très variée. Or, en France, les
organismes regroupant de tels instruments de travail font gravement
défaut. Une des raisons fondamentales de la création de
l'Institut national d'histoire de l'art est la nécessité de
fournir aux chercheurs la documentation scientifique actuellement
dispersée ou inexistante.
Si l'on peut espérer que le regroupement des quatre
bibliothèques fournira une base solide pour les imprimés et les
périodiques spécialisés, tout ou presque reste à
faire pour créer une iconothèque digne des documentations
photographiques qui existent à Florence, Rome, Londres, La Haye, Munich,
Washington ou Los Angeles. Cette iconothèque, installée dans le
quadrilatère Richelieu, comprendra des photothèques, des banques
de données et des documentations thématiques.
*
* *
Le 13 décembre prochain, vont être
inaugurés les nouveaux bâtiments de la fondation Getty à
Los Angeles. Cet événement doit être l'occasion de mesurer
l'enjeu de culture, de prestige, mais aussi de pouvoir que constitue un
centre de recherche en histoire de l'art
. Vu d'Europe, le
" Getty ", comme on a pris l'habitude de le désigner
familièrement, est considéré comme un musée. Or
cette institution d'une puissance financière considérable - sa
dotation est de l'ordre de 3,7 milliards de dollars et son budget annuel
supérieur à 130 millions de francs ; son nouveau centre construit
par l'architecte Richard Meier, va coûter environ un milliard de dollars
- met actuellement moins l'accent sur l'enrichissement de son musée que
sur la création d'un centre de recherche.
Ce qui compte pour les dirigeants du trust, et la construction du nouveau
centre de Brentwood en est la preuve, c'est avant tout de constituer le
pôle dominant de la connaissance dans le domaine de l'histoire de l'art
et plus généralement des " humanités " aux
États-Unis et sans doute dans le monde.
Issue de la volonté d'un homme, plutôt fantasque, le trust est
aujourd'hui gérée comme une organisation. L'esprit initial
tourné vers l'objet, l'histoire de l'art stricto sensu et les
humanités classiques, a laissé la place à une conception
moins élitiste où l'analyse du contexte a tendance à
prendre le pas sur l'étude de l'œuvre en elle même.
La fondation Getty ne fonctionne pas comme un centre de recherche classique
avec une certaine continuité dans les programmes. Le centre a l'ambition
d'être un carrefour, un lieu de rencontre entre chercheurs intellectuels
de tous les pays, systématisant la technique du brassage des hommes
comme des idées autour de thèmes fédérateurs
hétérogènes
11(
*
)
.
Développant des programmes de stages sur place mais aussi des bourses
non résidentes, la fondation Getty met actuellement l'accent sur les
pays du Tiers Monde et surtout des pays de l'Est qui bénéficient
d'un programme spécifique. Il constitue à cet égard une
concurrence redoutable sur plan du rayonnement international pour le futur
Institut d'art de la rue Vivienne.
Le pouvoir du " Getty " ne se mesure pas par les ouvrages
ou les
travaux de qualité dont il a pu favoriser la réalisation, mais
dans sa capacité à rassembler l'élite intellectuelle
mondiale, attirée, moins par le soleil californien, que par les
conditions de travail incroyablement confortables offertes aux chercheurs
invités , bureau, secrétariat
La fondation Getty est donc un concurrent redoutable sur le plan du rayonnent
intellectuel ; mais il pourrait être également un partenaire.
D'une part, le trust, en s'efforçant de se constituer avec ses
special collections,
un fonds de documents rares ou uniques a pour ainsi
dire lancé une course aux archives, créant un marché
là où il n'existait pas, et amenant certaines personnes à
vendre ce qu'elles auraient autrefois donné
12(
*
)
.
D'autre part, la France, coopère de façon fructueuse avec la
Fondation Getty dans le cadre de deux programmes :
· La
bibliographie d'histoire de l'art
résulte de la fusion
du répertoire d'art et d'archéologie - né d'une initiative
de la fondation Doucet, aujourd'hui reprise par le CNRS - et du RILA (
Inernational Repertory of the litterature of art);
· Sous l'appellation de
Provenance index
figure un
programme de recherche consistant à rassembler sous forme informatique,
des informations actuellement éparses, relatives à l'histoire des
oeuvres -principalement des tableaux- à travers le suivi des ventes ou
des inventaires
13(
*
)
:
Il s'agit d'une entreprise d'envergure qui devrait à terme faire
progresser l'histoire de l'art. Même si ce genre de programme ne peut
tenir lieu de doctrine, car il ne s'agit que d'un outil, il devrait permettre
de retracer le parcours des oeuvres d'une collection et, incidemment, de
reconnaître des oeuvres ayant perdu leur identité, ce qui pourrait
susciter de nombreuses réattributions. Une série d'institutions
prestigieuses participe à ce projet tant aux Etats-Unis qu'en Europe. En
principe, la France collabore, à travers la Bibliothèque du
musée du Louvre, à ce projet. Mais pratiquement, faute de moyens
et dans l'attente de la création du futur Institut national d'histoire
de l'art, qui devrait gérer ce projet, ce programme ne semble pas avoir
redémarré.
Mais dans l'un comme l'autre des ces projets, il faut être en mesure de
" suivre " financièrement à peine de
passer du
statut de partenaire à celui de sous-traitant
. Or, c'est bien ce qui
pourrait arriver pour les deux programmes évoqués plus haut. Le
risque est particulièrement important pour la BHA, alors que la France a
considérablement investi, depuis maintenant près d'un
siècle, dans cet outil jugé fondamental par les historiens d'art.
Dans ce type de
joint venture,
il faut pouvoir suivre les augmentations
de capital ou se résigner à devenir minoritaire.
La demi-douzaine de personnes affectées à ce projet dans le
cadre de l'Institut de l'information scientifique et technique (INIST), et
basées à Nancy, ne constituent pas une équipe suffisamment
étoffée - les Américains sont trois ou quatre fois plus
nombreux - pour prétendre couvrir les secteurs de compétence
actuels de la France et, notamment, les pays d'Europe de l'Est. Si certains
pays couverts veulent devenir autonomes,
la France risque de se retrouver
comme simple analyseur de son domaine propre
. Déjà, faute de
moyens,
le système de gestion de la base de données, au
départ français, est désormais de conception
américaine
. Il ne faudrait pas que la recherche d'économies
budgétaires à Court terme fasse perdre à la France son
statut d'associé et la fasse passer du statut de co-traitant à
celui de sous-traitant, dépréciant ainsi le capital de savoir et
de compétences accumulé avec le
Répertoire d'art et
d'archéologie.
La question de la participation de la France au
Provenance index
n'est pas de même nature. Il s'agit là d'un projet
relativement récent et à très longue
échéance, dont l'initiative revient à la fondation Getty.
Actuellement, la participation française est, semble-t-il, suspendue de
fait jusqu'à ce que les opérations de dépouillement des
catalogues puissent être effectuées dans le cadre du nouvel
Institut national d'histoire de l'art. Il y a là une situation, qui si
elle se prolongeait, non seulement retarderait l'ensemble du programme mais
encore rendrait le poids de la France marginal dans un projet capital pour
l'histoire de l'art et risquerait de faire traiter à l'extérieur
une part des sources relatives à l'art français.
Compte tenu de la modicité des moyens nécessaires, il ne devrait
pas être très difficile de rattraper le retard et même
d'aller au-delà. Ne pas participer, attendre que les autres fassent le
travail à notre place, ce n'est pas seulement dépendre des autres
pour la connaissance de son passé : c'est aussi manquer une occasion de
conforter, à relativement peu de frais, le rôle du nouvel
Institut. Au moment où l'on cherche à conserver à Paris
une place significative sur le marché mondial de l'art, l'investissement
que constituerait une base sur le marché de l'art en France -depuis le
XVIIIème siècle et pas simplement depuis le XIXème
siècle- serait d'un coût modéré par rapport aux
dépenses à engager. L'importance du patrimoine artistique
national, le rôle historique des collections françaises, les
ambitions affichées aujourd'hui en matière d'histoire de l'art
devraient nous inciter à ne pas nous contenter d'une participation
minimale - pourquoi pas avec des emplois - jeunes - et nous conduire à
proposer une relance du projet sur la base, le cas échéant, d'un
partenariat plus équilibré.
C. LA POLITIQUE DU THÉÂTRE
Au moment où il est question de fusionner la direction du théâtre et celle de la musique, il a paru intéressant de présenter certaines des données retraçant, notamment sur le plan local, l'action de l'État en faveur du théâtre.
1. L'action et les moyens de la direction du théâtre
La Direction du Théâtre et des Spectacles
s'appuie sur l'organisation administrative suivante : le Directeur
entouré d'un Directeur Adjoint, de l'Inspection Générale
des enseignements et de la création artistique, de cinq bureaux, d'un
architecte-conseil, ainsi que d'un relais privilégié
auprès des directeurs régionaux des affaires culturelles,
composé de 28 conseillers.
A l'heure actuelle, pour assurer ses missions, la Direction du
Théâtre et des Spectacles dispose de 47 agents titulaires ou
contractuels, dont 8 inspecteurs généraux.
·
Les compétences
Les domaines d'action de la Direction du Théâtre et des Spectacles
recouvrent aussi bien le théâtre que le cirque ou les arts de la
rue
. En tant que support essentiel d'un théâtre de service
public, son action s'exerce à des niveaux très divers.
· Soutenant financièrement un vaste réseau de
diffusion ( théâtres et centres dramatiques nationaux, centres
dramatiques régionaux, compagnies indépendantes,
théâtres missionnés et privés, festivals ...), la
Direction du Théâtre et des Spectacles assure la mise en valeur de
notre patrimoine théâtral, tout en encourageant le dynamisme de la
création contemporaine. Elle gère des crédits
destinés aux scènes nationales, ainsi qu'à l'Office
National de Diffusion Artistique.
· Elle assure le suivi des problèmes juridiques
économiques et sociaux des professionnels du spectacle.
· Dans le domaine de l'enseignement de l'art dramatique, elle est
attentive à la formation initiale au métier de comédien
(conservatoire national supérieur d'art dramatique, école du
théâtre national de Strasbourg et départements d'art
dramatique dans les conservatoires nationaux de région). De plus, la
direction du Théâtre favorise la formation continue des
professionnels du spectacle, ainsi que des classes de sensibilisation à
l'art dramatique en milieu scolaire.
· Enfin, sur le plan international, elle est conduite à
encourager activement les initiatives de partenariat avec l'étranger
(accueil en France de spectacles étrangers, promotion de la
création française à l'étranger, réalisation
de programmes d'expertise, de conseil et de formation à l'intention des
partenaires ...).
Les moyens financiers
En 1997, le budget total de cette direction s'élevait, en loi de
finances initiale, à 1319 M.F. de dépenses ordinaires et 69,7
M.F. d'autorisations de programme. En 1998, son budget est de 1351,78 M.F. de
dépenses ordinaires et de 202,7 M.F. d'autorisations de programme.
1997 |
1998 |
|
TITRE III |
338,4 |
351,03 |
Subventions aux Théâtres nationaux et CNSAD |
338,4 |
351,03 |
TITRE IV |
980,18 |
1.000,75 |
Centres Dramatiques Nationaux (CDN), Vieux Colombier, UTE |
321,4 |
|
Compagnies, festivals,
théâtres
missionnés, ONDA
|
306,4 |
|
Théâtre privé, cirques arts de la rue |
48,1 |
|
Scènes nationales |
227,8 |
|
Enseignement et formation |
63,1 |
68,1 |
Création dramatique (écriture, commandes) |
9,4 |
9,4 |
Assistance culturelle (secours à des artistes) |
1,9 |
1,9 |
TOTAL DEPENSES ORDINAIRES |
1318,6 |
1351,78 |
TITRE V |
30 |
27,3 |
Etablissements publics |
30 |
27,3 |
TITRE VI |
39,7 |
175,4 |
Théâtre et spectacles : opérations d'intérêt national |
39,7 |
170,4 |
Théâtres nationaux |
5 |
|
TOTAL DEPENSES EN CAPITAL |
69,7 |
202,7 |
2. L'aide aux compagnies dramatiques indépendantes
En 1996, le montant global des crédits affectés
aux compagnies dramatiques indépendantes s'est élevé
à 180 MF dont 101 MF ont été déconcentrés.
En 1997, cette dotation s'est élevée à 175 MF dont 101 MF
ont été déconcentrés.
·
Modalités du soutien de l'État
Depuis 1991, les principales modalités du soutien de l'État
envers les compagnies dramatiques sont les suivantes :
Contractualisation sur 2 ou 3 ans
pour les compagnies les plus
expérimentées. Cet engagement contractuel définit un
cahier des charges minimum que la compagnie s'engage à respecter :
- pour les conventions de 2 ans, 1 création et 80 représentations
au minimum de celle-ci ou d'un spectacle déjà au
répertoire de la compagnie,
- pour les conventions de 3 ans, 2 créations et 120
représentations minimum.
La contractualisation répond à plusieurs objectifs :
- garantir les financements stables d'une compagnie sur une durée
donnée et lui permettre ainsi de mieux maîtriser son plan de
travail ;
- conforter l'implantation des compagnies en région, qui
bénéficient souvent également de subventions de
collectivités locales ;
- inciter à ralentir le rythme de production et à allonger la
durée de diffusion des spectacles.
Les compagnies conventionnées bénéficient de financements
supérieurs aux autres (seuil plancher 250.000 F annuel). En 1996, 198
compagnies ont bénéficié de ce type de conventions.
Celles-ci sont renouvelables après évaluation. Dans le cas
où le bilan est négatif, les compagnies concernées
reviennent au principe d'une aide annuelle après avis des groupes
d'experts.
aide annuelle au fonctionnement
, accordée après avis
de groupes d'experts assistant les directions régionales des affaires
culturelles. Cette aide concerne les compagnies dont le travail est jugé
satisfaisant, mais dont la notoriété ou l'implantation n'ont pas
encore atteint le niveau qui leur permette d'accéder au conventionnement.
aides ponctuelles
. Elles concernent majoritairement soit les
projets de compagnies débutantes, soit les projets de
personnalités confirmées ne souhaitant pas avoir
d'activité régulière de mise en scène.
Dans le cadre de la politique de décentralisation mise en place par le
Gouvernement, ces procédures sont désormais appliquées
aussi bien par les directions régionales que par l'administration
centrale. Cette dernière a poursuivi le mouvement de
déconcentration : elle gérait encore 84 compagnies en 1994,
contre une soixantaine en 1997.
En 1996, sur 21 régions métropolitaines, 609 compagnies auront
bénéficié du soutien de l'Etat. Le nombre de compagnies
aidées reste donc relativement stable, les variations constatées
portant pour l'essentiel sur l'aide au projet comme le montre le tableau joint.
Subventions aux compagnies - Tableau comparatif 1995 - 1996 - 1997
Convention |
Aide annuelle |
Projet |
Totaux |
|||||||||
95 |
96 |
97 |
95 |
96 |
97 |
95 |
96 |
97 |
95 |
96 |
97 |
|
Alsace |
3 |
3 |
* |
8 |
7 |
* |
5 |
8 |
* |
16 |
18 |
* |
Aquitaine |
5 |
5 |
5 |
9 |
11 |
2 |
11 |
7 |
6 |
26 |
24 |
12 |
Auvergne |
3 |
3 |
4 |
2 |
3 |
2 |
7 |
6 |
6 |
12 |
12 |
12 |
Bourgogne |
1 |
0 |
11 |
5 |
9 |
0 |
6 |
7 |
4 |
12 |
16 |
15 |
Bretagne |
3 |
3 |
3 |
5 |
3 |
6 |
8 |
8 |
8 |
16 |
14 |
17 |
Centre |
5 |
5 |
6 |
5 |
3 |
6 |
6 |
4 |
3 |
16 |
12 |
15 |
Champagne-Ardenne |
2 |
1 |
* |
6 |
7 |
* |
1 |
5 |
* |
9 |
13 |
* |
Franche-Comté |
4 |
2 |
2 |
5 |
3 |
2 |
1 |
3 |
2 |
10 |
8 |
6 |
Ile de France |
94 |
106 |
106 |
81 |
75 |
75 |
37 |
156 |
45 |
212 |
237 |
226 |
Languedoc-Roussillon |
7 |
7 |
6 |
10 |
9 |
10 |
18 |
14 |
12 |
32 |
30 |
28 |
Limousin |
2 |
2 |
* |
2 |
3 |
* |
5 |
3 |
* |
9 |
8 |
* |
Lorraine |
3 |
5 |
3 |
3 |
0 |
4 |
7 |
10 |
8 |
19 |
15 |
15 |
Midi-Pyrénée |
2 |
5 |
6 |
8 |
11 |
2 |
8 |
0 |
14 |
18 |
16 |
22 |
Nord-Pas-de -Calais |
6 |
7 |
6 |
4 |
2 |
0 |
13 |
9 |
33 |
23 |
18 |
39 |
Basse-Normandie |
2 |
2 |
* |
6 |
9 |
* |
5 |
9 |
* |
11 |
20 |
* |
Haute-Normandie |
4 |
3 |
2 |
5 |
10 |
9 |
5 |
4 |
6 |
13 |
17 |
17 |
Pays de Loire |
7 |
9 |
6 |
13 |
15 |
17 |
7 |
2 |
2 |
17 |
26 |
26 |
Picardie |
2 |
2 |
* |
4 |
5 |
* |
5 |
2 |
* |
11 |
9 |
* |
Poitou-Charentes |
1 |
1 |
1 |
4 |
4 |
3 |
7 |
8 |
5 |
12 |
13 |
9 |
Provence-Alpes Côte d'Azur
|
8 |
8 |
8 |
22 |
21 |
16 |
2 |
3 |
14 |
32 |
32 |
35 |
Rhône-Alpes |
17 |
18 |
* |
12 |
14 |
* |
25 |
25 |
* |
54 |
57 |
* |
Totaux |
186 |
198 |
175 |
221 |
224 |
154 |
191 |
187 |
168 |
581 |
609 |
987 |
* chiffres non communiqués à ce jour.
3. Le soutien au théâtre privé
Le budget de l'association pour le soutien au
théâtre privé s'est élevé pour l'exercice
1996 à un montant de 84,6 MF; il est prévu pour 1997 à
hauteur de 90,75 MF.
·
L'association pour le soutien au théâtre
privé
Les
principales recettes
sont ventilées comme suit :
(en millions de francs)
1995 |
1996 |
|
Taxe parafiscale |
14,6 |
15,9 |
Cotisations volontaires |
19,5 |
18,4 |
Subvention État |
23,3 |
24,8 |
Subvention Ville de Paris |
16,5 |
17,4 |
Les
principales dépenses
ont
été :
(en millions de francs)
1995 |
1996 |
|
Charges de fonctionnement |
3,7 |
3,9 |
Aide à l'exploitation |
39 |
44,6 |
Aide à l'équipement |
22 |
20,8 |
Prospection public |
2,3 |
4,1 |
Aide à la création |
4,5 |
4,3 |
La subvention de l'État en 1997 est de 24,8 MF
.
Le maintien de l'aide de l'Etat au niveau auquel elle a été
portée a permis de renforcer les aides à l'exploitation des
spectacles, de poursuivre l'aide à la reprise des théâtres
par des professionnels reconnus afin de préserver le potentiel des
salles, ce qui renforce le dispositif législatif en vigueur, et de
développer l'aide à la création dramatique contemporaine
dans le secteur privé.
Il est envisagé en 1998 de donner les moyens au Fonds de soutien de
poursuivre sa politique d'aide aux professionnels du théâtre
privé.
·
Les modalités d'intervention
L'aide à l'équipement
Les modalités d'intervention de la section aide à
l'équipement modifiées en 1988 (la cotisation volontaire
demandée aux membres est passée de 7F à 8F par place
occupée) sont restées inchangées.
Les sommes versées par chaque entreprise sont affectées au
compte ouvert au nom de l'adhérent. Ce compte est conforté par
une part des subventions de l'Etat et de la Ville de Paris consacrées
aux opérations d'aide à l'équipement, un tiers de ces
subventions étant partagé également entre tous les
théâtres adhérents, et les 2/3 restants distribués
au prorata de la jauge de chaque théâtre.
Les sommes ainsi réservées peuvent être utilisées
par le théâtre soit directement pour le règlement de
factures correspondant à la réalisation des travaux
d'équipement, d'amélioration, d'embellissement et d'entretien des
salles, des scènes et de leurs dépendances, soit indirectement
pour le remboursement d'emprunts à long terme (15 ans),
contractés par l'intermédiaire du Fonds de soutien auprès
de la Caisse des dépôts et consignations.
L'aide à la création
Les modalités et les critères d'attribution de l'aide à
la création ont été établis en concertation avec la
Ville de Paris, la Société des auteurs et compositeurs
dramatiques et la Société pour l'administration des droits des
artistes musiciens interprètes (ADAMI) qui interviennent
financièrement.
Il s'agit d'un système très élaboré qui permet une
intervention financière en amont de la création et pendant son
exploitation. Peuvent en bénéficier les membres adhérents
respectant les obligations sociales et conventionnelles, et créant l'une
des trois premières oeuvres originales d'un auteur d'expression
française ou des adaptations originales.
En amont, cette aide est sélective, attribuée par un
comité indépendant qui tient compte de la qualité et de
l'intérêt du projet. Elle est versée lors de la mise en
chantier de la création.
Pendant l'exploitation, une autre aide peut intervenir sur la base de
critères économiques (courbe de fréquentation en
progression constante, indice de fréquentation entre 25 et 45 % des
places, prolongation de trente représentations jusqu'à la
80ème).
Ce système est expérimental et devra faire prochainement l'objet
d'une évaluation.
L'aide à la reprise
L'aide à la reprise doit permettre aux professionnels reconnus
d'exploiter des salles parisiennes et ainsi d'en préserver le potentiel.
Elle n'est pas pour autant automatique.
Les opérations envisagées doivent être soumises au Fonds
de soutien et doivent faire l'objet d'une étude financière
rigoureuse. Cette aide ne doit pas favoriser une quelconque surenchère,
mais constituer l'apport indispensable à la réalisation d'une
opération.
Plusieurs professionnels ont pu, grâce à cette aide, reprendre
l'exploitation de salles parisiennes
Renaissance |
1.500.000 |
Comédie de Paris |
600.000 |
Main d'or |
300.000 |
Mogador |
1.500.000 |
Théâtre du Splendid |
1.700.000 |
Théâtre de l'oeuvre |
1.200.000 |
Palais Royal |
1.500.000 |
Théâtre des Mathurins |
425.000 |
Théâtre Fontaine |
1.500.000 |
ou bien agrandir ou rénover leur
établissement,
Artistic Athévains |
200.000 |
Michodiére |
400.000 |
D. LA PRÉPARATION DE LA CÉLÉBRATION DE L'AN 2000
La célébration de l'an 2000 donnera lieu
à une série de manifestations exceptionnelles à
l'étranger, notamment en Allemagne, en Italie et au Royaume-Uni.
La France a souhaité prendre part à cette
célébration à travers la présentation d'un vaste
programme culturel au sens large du terme. Ce programme devra à la fois
répondre aux aspirations de nos concitoyens, en les incitant à
exprimer très largement leurs initiatives, mais aussi permettre à
la France d'occuper une place significative sur la scène touristique
internationale qui sera caractérisée, en 2000, par l'exposition
universelle de Hanovre, le Millenium britannique et l'Année Sainte de
Rome.
Une mission pour la célébration de l'an 2000 a
été créée par le décret n°96.1072 du 9
décembre 1996
. Cette mission est placée auprès du
Premier Ministre et, par délégation de celui-ci, du Ministre de
la Culture et de la Communication. Elle est
présidée par
Monsieur Jean-Jacques Aillagon nommé par décret du 17
décembre 1996
.
1. L'élaboration du programme
La Mission s'est attachée à élaborer un
programme se déployant en deux périodes.
La première intitulée
"1000 jours pour inventer l'an 2000"
a pour objectif de favoriser des initiatives dans les domaines de la
création et de l'innovation, du savoir et de sa transmission et de la
solidarité, afin de sensibiliser l'ensemble de nos concitoyens aux
enjeux de notre temps et à la nécessité d'aborder l'avenir
de façon positive et constructive. Ce premier programme a
été engagé le 3 avril dernier, à 1000 jours de l'an
2000, à travers notamment un appel à projets, adressé
à tous les Français par l'intermédiaire de la presse
quotidienne régionale.
La deuxième période est constituée par la
célébration de l'an 2000 elle-même
. Ce programme
rassemblera 200 manifestations présentées sur 100 sites
répartis sur l'ensemble du territoire de notre pays, à Paris, en
région et dans l'outremer. A chacun des sites français sera
associé un site étranger de façon à bien marquer la
nécessité pour la France de s'ouvrir, plus que jamais, au monde.
Les partis pris généraux de la célébration visent
donc à ouvrir très largement le programme aux initiatives de
tous, particuliers, associations, collectivités locales, services et
établissements de l'Etat, et à donner d'emblée à la
célébration un caractère volontairement
décentralisé.
Il est entendu enfin que l'ensemble des manifestations du programme officiel
respecte la logique d'une
thématique générale
exprimée dans la formule : "La France, l'Europe, le Monde. Un nouveau
souffle".
Cette formule souligne la solidarité de plus en plus forte
de tous les hommes et de toutes les cultures du monde, et la
nécessité d'aborder l'avenir avec confiance, optimisme et
détermination.
2. Les actions engagées
A ce jour un vaste travail de prospection et de concertation
avec les établissements et les collectivités locales a
déjà permis d'identifier 70 sites sur les 100 sites nationaux, 40
sites à l'étranger sur les 100 sites souhaités. Par
ailleurs, 120 projets sur les 200 qui seront définitivement
programmés ont déjà donné lieu à une
évaluation complète du contenu et des conditions de production.
·
Les sites
La Mission a proposé que ce réseau soit
fédéré par un site central spécialement
conçu, réalisé et aménagé pour la
circonstance. Ce site central pourrait s'élever à la limite de
Paris et d'Aubervilliers et donnerait lieu à un acte architectural
significatif et visible. Cette installation serait financée par des
investisseurs privés, étant entendu que le bâtiment serait
ultérieurement exploité à des fins commerciales.
Cette
"Cité de l'an 2000"
recevrait entre autre une série
de grandes expositions dont la principale sera consacrée à un
portrait culturel de notre pays intitulé "La France, un portrait/des
portraits".
La Cité accueillera également un espace multimédia
invitant les jeunes à accéder à toutes les technologies
contemporaines de l'image et de la communication.
Le réseau des cent sites valorisera tout particulièrement les
grandes institutions culturelles de notre pays, à Paris et en
régions, notamment celles qui devraient être ouvertes au public en
2000 comme le Cargo à Grenoble et le Musée de la
Préhistoire des Eyzies, où à Paris, le Musée Guimet
et le Centre Georges Pompidou rénovés. A côté des
institutions typiquement culturelles, un certain nombre de sites scientifiques,
industriels et naturels, occuperont également une place de choix.
La Mission a, par ailleurs, engagé avec les opérateurs des
transports ferroviaires et aériens, et avec la RATP pour la
région parisienne, des négociations en vue de la mise en place de
conditions tarifaires très avantageuses et incitatives, tout
spécialement en faveur des jeunes.
L'ensemble de ce programme donnera lieu à une forte promotion nationale
et internationale et à des initiatives de coordination, dans ce domaine,
avec les autres opérateurs d'initiatives à l'étranger,
notamment la Millenium Commission (Royaume-Uni) et Expo 2000 (Allemagne).
Enfin, un programme de fêtes, notamment à l'occasion des 24
et
31 décembre 1999, de la fête de la musique ou du 14 juillet
2000, est actuellement à l'étude.
·
Les projets
L'appel à projets lancé avec la presse quotidienne
régionale le 3 avril dernier a été clos le 31 juillet. Il
a permis d'identifier un millier de projets dignes d'intérêt. Les
meilleurs d'entre eux seront pris en charge par la Mission qui en assurera la
promotion et le financement partiel ou total selon le cas.
Les initiatives engagées dans les domaines de la création, de
l'invention et de l'innovation sont à ce jour nombreuses. On peut plus
particulièrement signaler l'appui accordé par la Mission à
des productions audiovisuelles de qualité.
Dans le domaine du savoir, de sa transmission et de façon plus
générale de la réflexion, un vaste dispositif a
été mis en place. Il repose sur le travail d'un comité de
réflexion composé d'une quarantaine d'éminentes
personnalités intellectuelles. La première initiative de ce
comité a été la tenue, à Lyon, les 24, 25 et 26
octobre, du Forum de l'An 2000, colloque au cours duquel ont été
abordées et débattues les grandes questions qui se posent
à l'homme et aux sociétés à l'aube du
troisième millénaire. A ce premier colloque succéderont 27
colloques en région organisés avec le concours des
universités et des collectivités locales concernées.
Parmi les initiatives dans les autres domaines qui méritent d'être
plus particulièrement signalées, dans la mesure où leur
mise en œuvre est déjà très largement
engagée, il convient de mentionner le Voyage de 20 000 jeunes autour du
monde, la matérialisation végétale de la méridienne
de Paris -à travers 8 régions, 19 départements et 334
communes concernées - ou encore The Race/La Course autour du monde
initiée par le navigateur Bruno Peyron.
3. Le financement du programme des célébrations engagées
Le coût prévisionnel
du programme des
célébrations
est évalué à ce jour
à 1,135 milliard de francs
(hors dépenses de fonctionnement
de la Mission).
Le financement pourrait être assuré majoritairement par une
contribution de la Française des Jeux qui sera dégagée
grâce au lancement de nouveaux jeux liés au thème de l'an
2000.
Les entreprises partenaires de la Mission et les recettes de la Cité de
l'an 2000 (billetterie, produits et services divers) contribueraient au
financement du programme.
"L'ampleur des financements publics nécessaires et leur
répartition sont à l'étude" indique, dans un langage
très administratif, la note remise à votre rapporteur à ce
sujet.
III. ANNEXES
1. opérations de restaurations de monuments historiques reportées par suite des mesures de régulations budgétaires
Les mesures de régulation budgétaire pour 1996
et 1997 ont conduit à remettre en cause l'exécution de la loi de
programme sur le patrimoine monumental (1994 - 1998), et ont contraint le
service des monuments historiques à
reporter ou à
étaler l'exécution de travaux de restauration
.
Ces annulations ou modifications de programme ont été
déterminées
en fonction des priorités et des
urgences
dictées principalement par
l'état sanitaire
des édifices concernés. Par ailleurs, les opérations
déjà entamées, dont la réalisation par tranches
s'étale sur plusieurs années, ont, aussi souvent que possible,
été poursuivies. Un grand nombre d'opérations nouvelles a
donc dû être reporté.
L'objectif est de programmer en 1998 les plus importantes de ces
opérations reportées en 1996 - 1997.
Dans le tableau ci-dessous figurent des opérations initialement
programmées sur l'exercice 1997 et reportées en raison des
mesures de restriction budgétaire. Cette liste concerne essentiellement
des opérations financées sur les crédits du chapitre
56-20-51 (travaux de restauration des édifices appartenant à
l'Etat catégorie I). Les enveloppes de crédits
déconcentrés ayant été diminuées, des
annulations ou reports de travaux ont également dû être
opérés sur les opérations programmées en
région.
Exercice 1997 : opérations annulées ou
reportées.
Région |
Edifice |
Opération |
Montant des travaux |
Alsace |
Cathédrale de Strasbourg |
Nef. Élévation nord. |
15,15 MF |
Château du Haut Koenigsbourg |
Électricité, chauffage |
2 MF |
|
Strasbourg. Palais du Rhin |
Sous-sol, salle des fêtes |
10,77 MF |
|
Auvergne |
Château de Chareil-Cintrat |
Restauration du jardin |
2 MF |
Cathédrale de Clermont Ferrand |
Arbre de Jessé, couverture |
4,5 MF |
|
Bourgogne |
Château de Châteauneuf en Auxois |
Création d'un accueil |
0,6 MF |
Cathédrale de Nevers |
Restauration de couvertures |
4,5 MF |
|
Cathédrale d'Autun |
Restauration de couvertures |
5,2 MF |
|
Abbaye de Cluny |
Restauration du mur clôture |
1 MF |
|
Cathédrale de Sens |
Charpente, couverture |
4 MF |
|
Centre |
Cathédrale de Bourges |
Restauration tour nord |
6,7 MF |
Cathédrale de Chartres |
Restauration rose nord
|
5,5 MF
|
|
Château de Chaumont sur Loire |
Plantation parc |
2 MF |
|
Champagne - Ardenne |
Cathédrale de Langres |
Restauration couvertures |
2,85 MF |
Cathédrale de Reims |
Consolidation anges nord
|
3,1 MF
|
|
Palais du Tau à Reims |
Chauffage |
0,6 MF |
|
Ile de France |
Domaine national de Meudon |
Restauration bastion |
1,3 MF |
Palais de Chaillot |
Restauration dalle parvis
|
7,1 MF
|
|
Cathédrale de Paris |
Restauration façade occid. |
2 MF |
|
Panthéon |
Grilles extérieures, nettoyage crypte, rampes handicapés, suivi hygrométrique, récolement réseaux électriques... |
15,15 MF |
|
Palais royal |
Reprise péristyle de Valois
|
7,9 MF
|
|
Domaine national de Fontainebleau |
Interventions sanitaires |
1 MF |
|
Parc |
0,5 MF |
||
Château de Rambouillet |
Interventions ponctuelles |
0,15 MF |
|
Domaine de Saint Germain en Laye |
Interventions sanitaires
|
0,3 MF
|
|
Domaine national de Marly |
Interventions ponctuelles |
0,15 MF |
|
Région |
Edifice |
Opération |
Montant des travaux |
Lorraine |
Cathédrale de Metz |
Rose occidentale |
7 MF |
Fortifications de Rodemack |
Restauration murs |
1,7 MF |
|
Cathédrale de Saint Dié |
Couvertures des tours |
1,85 MF |
|
Fort de Douaumont |
Restauration |
3 MF |
|
Nord-Pas-de-Calais |
Site archéologique de Bavais |
Création local d'accueil |
1 MF |
Basse Normandie |
Cathédrale de Bayeux |
Déambulatoire |
1 MF |
Mont Saint Michel |
Couvertures choeur église |
1,5 MF |
|
Château de Carrouges |
Petite terrasse |
1 MF |
|
Haute Normandie |
Château de Gaillon |
Couvertures |
7,7 MF |
Château Gaillard |
Restauration donjon |
4 MF |
|
Abbaye du Bec Hellouin |
Couverture de l'aile ouest |
3,23 MF |
|
Cathédrale de Rouen |
Retable Grand Saint Romain |
1,4 MF |
|
Pays de la Loire |
Abbaye de Fontevrault |
Mur de soutènement parc |
2 MF |
Picardie |
Cathédrale de Beauvais |
Interventions ponctuelles |
3 MF |
Poitou-Charentes |
Château d'Oiron |
Galerie des peintures
|
3 MF
|
Site gallo-romain de Sanxay |
Création abri sur les thermes |
3 MF |
|
Baptistère Saint Jean de Poitiers |
Restauration générale |
1,5 MF |
|
P.A.C.A. |
Abbaye du Thoronet |
Aménagement abords |
2 MF |
Rhône Alpes |
Cathédrale de Lyon |
Restauration bas-côté sud |
6,6 MF |
Outre-mer |
Cathédrale de Basse Terre |
Restauration façades |
2 MF |
En ce qui concerne les monuments historiques n'appartenant
pas
à l'Etat, les programmations régionales se sont efforcées
d'atténuer l'impact de ces restrictions budgétaires par divers
moyens. Le montant des tranches annuelles de certaines opérations en
cours a ainsi dû être revu à la baisse, afin d'éviter
des interruptions de chantier. Dans les régions éligibles,
l'appel au concours des fonds structurels européens (FEDER, FEOGA) a
été développé (notamment en Bretagne et en
Lorraine). Pour les opérations importantes de restauration sur les
édifices classés, le financement du programme architectural et
technique des travaux a été dissocié de la première
tranche de travaux afin d'éviter des immobilisations inutiles de
crédits.
En dépit de ces mesures, de nombreuses opérations, dont le
tableau ci-dessous donne des exemples, n'ont pu être
intégrées dans la programmation 1997.
Exemples d'opérations relatives aux monuments
historiques n'appartenant pas à l'Etat reportées en raison des
restrictions budgétaires de l'exercice 1997
Région |
Edifice |
Opérations |
montant travaux |
Part de l'Etat |
Aquitaine |
64-Navarrenx: église |
restauration intérieure |
0,6 MF |
0,3 MF |
24-Hautefort: ancien hôpital |
restauration générale ¼ |
3 MF |
1,5 MF |
|
Auvergne |
03-Souvigny: salle capitulaire |
restauration 1ère tranche |
1 MF |
0,5 MF |
15-Carlat: église |
restauration intérieure- 1ère tranche |
1,5 MF |
0,9 MF |
|
15-Villedieu: église |
restauration intérieure |
1 MF |
0,5 MF |
|
Bourgogne |
89-Lasson: église |
tour nord-ouest et clocher |
1 MF |
0,55 MF |
89-Tonnerre: église |
couvertures nef |
2 MF |
1 MF |
|
71-Malay: église |
stabilité bas-côté |
2 MF |
0,8 MF |
|
Bretagne |
22-Trégastel: église |
restauration des charpentes et des couvertures-1ère tr. |
2,8 MF |
1,4 MF |
29-Quimper: église de Locmaria |
consolidation de la charpente et de la nef |
3 MF |
1,5 MF |
|
35-Dol-de-Bretagne: ancienne cathédrale |
façade occidentale 1ère tr. |
3 MF |
1,2 MF |
|
Champagne-Ardenne |
08-Alland'hui: église |
clocher, transept |
2 MF |
1 MF |
10-Soulaines d'Huis: église |
maçonneries toitures 1ère tranche |
5,2 MF |
2,34 MF |
|
52-Colombey/Choiseul: église |
versant nord |
2,76 MF |
1,38 MF |
|
Franche-Comté |
39-Chissey-sur-Loue: église |
restauration intérieure 1ère tr. |
1 MF |
0,5 MF |
Languedoc-Roussillon |
11-Saint-Papoul: abbaye |
restauration intérieure |
0,8 MF |
0,4 MF |
30-Alès: ancienne cathédrale |
restauration intérieure 1ère tr. |
2 MF |
1 MF |
|
Lorraine |
55-Bar-le-Duc: église Saint-Antoine |
clocher (face sud) |
4,2 MF |
2,1 MF |
Midi-Pyrénées |
12-Aubin: église |
maçonneries et vitraux nef |
1,2 MF |
0,6 MF |
Basse-Normandie |
14-Bayeux: église Saint-Patrice |
dôme du clocher |
2 MF |
1 MF |
50-Briquebec: château |
consolidation des remparts |
1 MF |
0,5 MF |
|
61-Chambois: donjon |
consolidations 1ère tranche |
1 MF |
0,5 MF |
|
Région |
Edifice |
Opérations |
montant travaux |
Part de l'Etat |
Haute-Normandie |
27-Gisors: église |
mobilier du choeur |
2 MF |
1 MF |
76-Gournay en Bray: église |
restauration des vitraux 1ère tranche |
1,5 MF |
0,75 MF |
|
76-Rouen: église abbatiale St Ouen |
travaux d'urgence |
1 MF |
0,5 MF |
|
Pays-de-la-Loire |
44-Ancenis: château |
terrasses, tour d'entrée et pavillon Marie Fouquet |
2 MF |
0,8 MF |
49-Vieil-Baugé: logis de Clairefontaine |
restauration 4ème tr. |
2 MF |
1 MF |
|
53-Saint-Denis d'Anjou: église |
couverture |
2,4 MF |
1,2 MF |
|
72-Le Mans: couvent de la Visitation |
restauration 1ère tr. |
2,5 MF |
1 MF |
|
85-Pouzauges: château |
consolidation tour Bretagne |
1,5 MF |
0,6 MF |
|
Poitou-Charentes |
16-Saint-Amand de Bonnieure: logis |
façades et toitures |
0,7 MF |
0,35 MF |
17-Saint-Agnaut: abbaye de Montierneuf |
restauration 1ère tranche |
0,75 MF |
0,375 MF |
|
86-Saint-Sauvant: église |
restauration 1ère tranche |
1,05 MF |
0,525MF |
|
86-Usson du Poitou: église |
restauration: 1ère tranche |
1,5 MF |
0,525MF |
|
PACA |
06-Utelle: église St Véran |
maçonneries couvertures |
1 MF |
0,5 MF |
13-Arles: musée Arlatan |
étude générale |
|||
84-Isle sur la Sorgue: église Notre Dame des Anges |
clos et couvert 1ère tranche |
1 MF |
0,5 MF |
|
84-Pertuis: donjon |
consolidations 1ère tranche |
2 MF |
1 MF |
|
Rhône-Alpes |
26-Montélimar: château des Adhémars |
restauration intérieure de la chapelle |
0,8 MF |
0,4 MF |
38-Vienne: ancienne église abbatiale et bâtiments conventuels de St-André le Haut |
études architecturales et archéologiques préalables au lancement d'un projet de réutilisation en médiathèque |
0,5 MF |
0,5 MF |
|
73-Saint-Pierre de Curtille: abbaye de Hautecombe |
façade occidentale |
2,5 MF |
1 MF |
|
74-Annecy: château |
restauration des façades PAT |
0,3 MF |
0,12 MF |
2. État sanitaire du parc des monuments historiques classés
La direction du patrimoine a réalisé un bilan
sanitaire du parc immobilier classé arrêté avant la
dernière loi de programme relative au patrimoine monumental. Ce bilan a
pour objectif de donner sur le plan documentaire les principales
caractéristiques du parc immobilier classé, sur le plan sanitaire
l'état des monuments aux niveaux national, régional et
départemental et sur le plan financier, le montant des travaux
nécessaires à leur conservation.
Le tableau ci-après donne par région le nombre de monuments
historiques classés en péril ou en état très
défectueux.
Le fichier sanitaire des monuments historiques classés
créé en 1975, a fait régulièrement l'objet de
bilans. Votre rapporteur souhaite que ces données soient rapidement
actualisées.
Cependant, la base de données actuelle ne traite ni des édifices
inscrits sur l'inventaire supplémentaire ni des objets mobiliers. Pour
remédier à ce manque, un projet d'extension de l'application de
gestion en région des opérations de travaux de restauration des
monuments historiques (dénommée "agrippa") est à
l'étude.
IV. MODIFICATIONS ADOPTÉES PAR L'ASSEMBLÉE NATIONALE
Les majorations de crédits non reconductibles
concernant le budget de la culture ont concerné le titre IV pour
23,157 millions de francs ( en augmentation de +0,2%)et le titre VI pour
5,01 millions de francs ( en augmentation de 0,26%)
L'Assemblée nationale a ainsi majoré
de
23,157 millions de francs
les crédits du
chapitre
43-30
, interventions culturelles déconcentrées ( nouveau)
dont :
· 1,01 millions de francs à l'article 10, patrimoine culturel
· 12,027 millions de francs à l'article 20 spectacles
· 10,12 millions de francs à l'article 30 Développement
culturel enseignement et formation
En conséquence la dotation du
chapitre 43-30
, est
portée à 1796,956millions de francs soit une croissance de 1,3%
de
0,2 millions de francs
(AP+CP)
les crédits du
chapitre 66-20
, article 60, Patrimoine monumental opérations
déconcentrées ;
En conséquence la dotation du
chapitre 66-20
est portée
à 453,76millions de francs soit une croissance de 0,04%.
de
4,81 millions de francs (AP+CP)
les crédits du
chapitre 66-91
, dont :
· 1,3 millions de francs à l'article 10 (AP+CP) patrimoine
écrit et documentaire
· 0,1 millions de francs à l'article 30 (AP+CP) patrimoine
muséographique et arts plastiques
· 0,95 millions de francs à l'article 40 (AP+CP) spectacle
· 1,76 millions de francs à l'article 50 (AP+CP)
Développement culturel et formation
· 0,7 millions de francs à l'article 90 (AP+CP) opérations
déconcentrées
La dotation du
chapitre 66-91
est portée ainsi portée
à 1157,41 millions de francs.
V. EXAMEN EN COMMISSION
Réunie le
mercredi 29 octobre 1997
, sous la
présidence de
M. Christian Poncelet, président
, la
commission a procédé à
l'examen des crédits du
budget de la culture, sur le rapport de M. Maurice Schumann, rapporteur
spécial.
Après l'exposé des crédits par le rapporteur
spécial, un débat s'est instauré.
M. René Régnault
est intervenu pour insister sur la
nécessité de tenir compte des considérations
d'aménagement du territoire en matière de spectacle vivant, pour
demander au rapporteur spécial de s'informer des intentions du
Gouvernement quant à la présentation d'un projet de loi sur
l'éducation musicale, et pour évoquer la question des rythmes
scolaires.
M. Bernard Angels
a, de son côté, insisté sur
l'inadéquation de la politique des musées, qui, bien souvent, ne
répondaient pas aux attentes des visiteurs et, en particulier, des
jeunes.
M. Denis Badré
a souligné que la politique de la musique
ne se limitait pas aux concerts ou aux orchestres mais devrait se prolonger par
un effort de formation des amateurs comme des professionnels, attirant
l'attention sur le fait que la musique était un domaine où la
responsabilité des communes était anormalement importante et que
l'Etat devait favoriser le développement de l'intercommunalité.
Il a noté également que la région parisienne recevait peu
de crédits au regard de l'importance de sa population
M. Yann Gaillard
a interrogé le rapporteur spécial sur les
conséquences à tirer du rapport de la Cour des Comptes sur les
musées, les difficultés issues de la jurisprudence de la Cour de
Cassation en matière de classement d'oeuvres d'art et la politique du
Centre national du cinéma.
M. Philippe Marini
, enfin, s'est inquiété de la
mauvaise gestion de la Réunion des musées nationaux et a
souhaité que le rapporteur spécial s'enquiert des structures
commerciales des grands musées internationaux.
Après avoir répondu aux intervenants en indiquant notamment qu'il
partageait leurs vues sur la politique de la musique,
M. Maurice
Schumann, rapporteur spécial
, a fait savoir qu'il s'orientait vers
un vote favorable car il estimait que tout ce qui pouvait être fait dans
le contexte actuel l'avait été, en espérant que des
annulations ne viendront pas, en cours d'année, rendre caduques les
raisons de son vote.
A la demande de son rapporteur, la
commission a alors décidé
de proposer au Sénat l'adoption des crédits du budget de la
culture pour 1998
.
Réunie le
mercredi 29 octobre 1997
, sous la présidence de
M. Christian Poncelet, président
, la commission a
décidé de proposer au Sénat l'adoption des
crédits du budget de la culture pour 1998.
1
Il s'agit d'un litige successoral dans
lequel les héritiers ont f ait valoir que la donation faite au
musée du Louvre en 1949, avait excédé la quotité
disponible.
Pour le calcul de la masse successorale, les tribunaux ont
considéré qu'en application de l'article 922 du code civil les
biens doivent être estimés à leur valeur à
l'ouverture de la succession sauf pour les immeubles, ayant fait l'objet d'une
donation partage, dont l'estimation doit être faite au moment de la
donation (1941) en application de l'article 1078 du code civil.
Cette position, conforme a la jurisprudence judiciaire a été
très défavorable à l'Etat français puisqu'elle a
entraîné une estimation très élevée des
oeuvres d'art (valeur 1987) et très faible des immeubles (valeur 1941)
qui constituaient la masse successorale.
L'État serait condamné à payer une indemnité de
l'ordre de 18 millions de francs.
2
Le rattrapage à effectuer est de l'ordre d'1,1 milliard
3
Il est certain que la culture en général et le
patrimoine, en particulier, constituent un domaine où ce type d'emploi
peut trouver le plus d'intérêt pour la collectivité,
surtout lorsque l'on songe, par exemple, au rôle privilégié
des " volonteers " - en fait défrayés - dans la
gestion des monuments historiques privés ouverts au public en
Grande-Bretagne. On manque, pour l'instant, de précisions sur le contenu
exact des emplois qui seraient offerts aux jeunes. La terminologie
évoquée laisse néanmoins craindre que l'on mette surtout
l'accent sur des fonctions " d'animation " au détriment de
tâches plus concrètes et sans doute plus utiles.
4
Le comité de coordination issu du protocole d'accord sur
" une politique muséale commune " du 10 mai 1995, ne s'est
réuni qu'une fois depuis sa création.
5
La Fondation Getty, est très avancée sur un projet
d'inventaire des peintures des musées américains et britanniques.
6
Les dotations allouées varient, selon les informations
communiquées à la cour, entre 8 millions de francs et 5000F
forfait alloué aux plus petits établissements
7
Présentés au conseil d'administration et au
comité d'entreprise de l'établissement les 26 et 27 juin 1997,
les résultats de la Réunion des musées nationaux pour 1996
s'établissent comme suit :
- pour le
droit d'entrée
: le résultat positif
s'élève à 44,7 MF.
- pour les
expositions
, le déficit est de -16,4 MF. Il faut
noter qu'il s'agit là d'un bon résultat puisque le déficit
prévu pour les expositions en 1996 s'élevait à -23 MF. Il
faut y voir pour une large part la conséquence de la remarquable
réussite de l'exposition Picasso et le portrait aux galeries nationales
du Grand Palais.
- pour
l'ensemble des activités commerciales
, le déficit
d'exploitation de l'année est de -49,1 M.F., auquel il faut ajouter
ce qui résulte d'un travail de régularisation effectué sur
des opérations remontant aux exercices précédents (soit
-68,5 M.F.), l'effet de la mise en application de règles beaucoup plus
strictes dans la dépréciation des stocks (soit -25,4 M.F.) et le
provisoirement de créances douteuses (soit -1,8 M.F.).
Compte tenu des 22 MF de subvention exceptionnelle accordée par l'Etat
pour soutenir la RMN et de 8,4 MF récupérés sur le poste
des assurances des expositions, le résultat global de
l'établissement pour 1996 est donc de -86,1 MF.
Sur ce déficit, seuls -20,8 MF correspondent à l'exploitation
1996 (+44,7 MF ; -16,4 MF ; -49,
1MF
). Ce chiffre s'entend
évidemment après acquisitions, lesquelles ont
représenté 42 MF, somme inférieure à celle de 1995
(54,8 MF) mais supérieure à celle de 1993 (40,5 MF) ; la RMN
continue donc de remplir sa mission première en dépit de la crise
qu'elle traverse.
L'année 1998 sera déterminante pour l'avenir de
l'établissement. Pour faire face à la crise,
l'établissement public a choisi, en accord avec la Direction des
musées de France, la Direction de l'administration
générale et la Direction du budget, de procéder à
un diagnostic complet de la situation pour repartir sur de bonnes bases et de
se doter d'outils de suivi et de prévision fiables. Une nouvelle
équipe de direction a été mise en place et un plan
d'action a été élaboré, dont on peut
déjà énumérer les premières mesures prises :
- création d'un comité financier composé des membres de
la direction de la RMN, de son contrôleur d'Etat, de son agent comptable
et de représentants de ses tutelles : ce comité, qui s'est
déjà réuni trois fois, s'assure de la définition
des outils de gestion nécessaires à une meilleure anticipation et
à un meilleur suivi des résultats de l'établissement, et
contrôle le suivi du plan d'action ;
- création d'un comité de coordination composé de membres
de la direction de la RMN et de conservateurs : ce comité propose des
solutions concrètes visant à améliorer, en concertation
avec les musées, la gestion et les résultats de plusieurs
secteurs d'activité de la RMN (expositions, édition,
visites-conférences...) ;
- organisation de réunions de travail régulières avec les
responsables de chaque site pour arriver à un meilleur suivi des
résultats ;
- maintien du résultat prévisionnel des expositions en 1997 par
la programmation de deux expositions non prévues (la
rétrospective Georges de La Tour aux galeries nationales du Grand Palais
et la présentation de chefs-d'oeuvre impressionnistes de la collection
Havemeyer au musée d'Orsay) qui devraient être des succès ;
- réduction des charges d'exploitation de l'établissement
(renégociation des baux et des polices d'assurance ; reprise en interne
de logiciels jusqu'ici donnés en " infogérance " ...) ;
- amélioration des marges commerciales (renégociation
systématique des remises accordées et des prix d'achat
des produits extérieurs, réduction des budgets de
fabrication et de production...)..
8
Ainsi les services du Sénat ont-ils été
amenés à faire rectifier une mention ambiguë dans le tableau
récapitulatif publié par la Cour des Comptes qui pouvait laisser
croire - et cela avait été repris dans la presse - qu'un tableau
de Julien Dupré (RF516) intitulé " le faucheur ",
disparu à la mairie de Combourg, avait été localisé
en 1995 dans la salle de réunion de la commission des affaires
économiques. En fait, il ne s'agit pas du même tableau :
c'est l'esquisse qui se trouvait à Combourg, tandis que le grand tableau
lui n'avait jamais quitté le Sénat où il était
parfaitement connu de l'administration.
La publication facilite les redécouvertes. Ainsi, le RF 27 " la
mort de mademoiselle de Limeuil " de Louis-Marie Lanté,
mentionné dans la liste comme disparu du palais de
l'Élysée, vient d'être repéré par les
services du Sénat au palais du Luxembourg où il figurait sans
mention d'auteur ni numéro d'inventaire extérieur.
9
La circulaire du 24 juin 1996 relative au dépôt de
meubles et d'oeuvres d'art des collections nationales dans les administrations
a précisé et complété les règles applicables
en ce domaine. Elle réaffirme notamment que seuls le Fonds National
d'Art Contemporain et l'administration générale du Mobilier
National ont vocation à effectuer des dépôts d'objets d'art
et d'ameublement dans les administrations. Elle précise également
les modalités de gestion par les administrations
bénéficiaires.
L'élément novateur de cette circulaire est l'annonce de la
création d'une commission de récolement des dépôts
d'oeuvres d'art. Cette commission a été créée par
le décret N° 96-750 du 20 août 1996.
La commission de récolement associe paritairement des
représentants des administrations déposantes et des grandes
administrations dépositaires : Défense, Affaires
Etrangères, Finances, Justice, Intérieur. Présidée
par un magistrat de la Cour des Comptes désigné par le Premier
Président, elle a pour mission de définir la méthodologie
d'un récolement général, d'en organiser les
opérations et d'en suivre le déroulement.
Les services du Ministère de la Culture et de la Communication,
exécutent les opérations de récolement selon les
directives et sous le contrôle de la commission.
Placée auprès du Ministre de la Culture et de la Communication,
le mandat de la commission s'achève le 31 décembre 1999. Mise en
place en mars 1997, la commission, pour tester ses méthodes et les
premiers résultats, a lancé un récolement national pour
deux grands Ministères (Défense et Justice) et un
récolement régional, tous dépositaires confondus, en
Nord-Pas-de-Calais et Haute-Normandie.
Ces premières opérations, qui ont commencé début
juillet, sont assurées par des agents publics du Ministère de la
Culture et de la Communication, dûment habilités à cet
effet, venant soit des administrations parisiennes déposantes, soit des
directions régionales des affaires culturelles. La tâche
entreprise est considérable puisque aucune opération de
récolement de cette ampleur n'a jamais été entreprise au
niveau national. Sa complexité est accrue par la dispersion
géographique, y compris dans de toutes petites communes, des
dépôts effectués par l'Etat remontant souvent à une
centaine d'années.
Un rapport d'étape tirant les premiers enseignements et conclusions des
récolements actuellement en cours sera transmis au Ministre de la
Culture et de la Communication au courant de l'automne.
10
Les organismes d'enseignement et de recherche qui seront
présents dans l'institut sont les suivants. Ces entités ont
donné leur accord et participé largement au travail de
programmation :
- Université de Paris I : totalité des séminaires de DEA
et de doctorat en archéologie et en histoire de l'art, de la
préhistoire à nos jours ; bureaux des professeurs, sauf pour les
chercheurs en préhistoire, ethnologie et anthropologie, qui seront
hébergés par la Maison de l'archéologie et de l'ethnologie
René-Ginouvès de Nanterre. Équipe d'accueil 126 du CNRS
(Centre Ledoux ; Centre interuniversitaire de recherches en art contemporain ;
Moyen åge occidental et Byzance).
-Université de Paris IV : totalité des séminaires de DEA
et de doctorat en archéologie et en histoire de l'art, de
l'antiquité classique à nos jours; Centre de recherche en
histoire de l'art et de l'architecture modernes (URA 1012 du CNRS, future UMR
André-Chastel), qui abrite également le Corpus vitrearum medii
¾vi ; Recherches archéologiques-Antiquités nationales
(équipe d'accueil CNRS) ; Archéologie moderne et contemporaine
(équipe recommandée CNRS) ; Centre de recherches de
l'Extrême-Orient à Paris- Sorbonne (CNRS); Mashreq-Maghreb.
- Université de Paris VII : section " Texte et image " du Centre
d'étude de l'écriture (URA 1735 du CNRS).
- Université de Paris X : quelques séminaires de DEA et de
doctorat en archéologie et en histoire de l'art.
- École pratique des hautes études (IVe section) :
totalité des séminaires en histoire de l'art et
archéologie.
- École des hautes études en sciences sociales : Centre
d'histoire/théorie de l'art ; Centre de sociologie des arts (URA 209 du
CNRS) ; Centre Louis-Gernet de recherches comparées sur les
sociétés anciennes (UA 04 0884 du CNRS) ; Groupe d'Anthropologie
historique de l'Occident médiéval (UMR 19 du CNRS).
- École nationale des chartes : transfert intégral des
enseignements et de l'administration à Vivienne. La bibliothèque
serait installée sur le site Richelieu.
- École nationale du patrimoine : transfert des activités
d'enseignement et d'administration, à l'exclusion de l'Institut de
formation des restaurateurs d'Ïuvres d'art.
- Centres de recherches CNRS : Bibliographie d'histoire de l'art (INIST - CNRS
/ Getty Information Institute), Institut de recherche sur l'architecture
antique (antenne parisienne du centre basé à Aix-en-Provence [UPR
5500]), antenne parisienne du LIMC (Lexicon iconographicum mythologi¾
classic¾ [ERS 593]), groupement de recherche 712 du CNRS (Instruments de
recherche en histoire de l'art. Méthodes et recherche), Laboratoire de
recherche sur le patrimoine français (UMR 22 - CNRS et ministère
de la culture et de la communication)
- Sociétés savantes et revues : Les associations
représentant l'ensemble des historiens de l'art, leurs revues (Revue de
l'art, Histoire de l'art), ainsi que plusieurs sociétés savantes
auront leur siège et tiendront leurs réunions rue Vivienne.
11
A titre d'exemple, le choix très transversal des
thèmes de recherche annuels manifeste ce parti pris pour
l'interdisciplinarité : la mémoire, les avant-gardes, les
Amériques, temps et rituel sous l'antiquité, nature et conception
de la collection, Los Angeles, ce dernier thème ayant été
choisi à la fois pour des raisons pratiques pendant la construction du
nouveau centre et pour affirmer l'enracinement local de l'institution.
12
Le cas des archives Goupil est, à cet égard,
exemplaire. Cette maison, à la fois éditeur d'art et galerie de
tableaux, exerça ses activités entre 1827 et 1920 à Paris
mais aussi sur le plan mondial grâce à un certain nombre de
succursales et de comptoirs répartis de New-York à Sydney. Elle a
joué un rôle d'autant plus important qu'elle se trouve à la
charnière entre les milieux de la peinture officielle et les cercles
progressistes : elle a ainsi employé Théo, le frère de Van
Gogh qui, à partir de la fin des années 70, a introduit dans le
catalogue des oeuvres de Boudin, Cézanne, Degas, Manet, Monet, Gauguin,
Pissaro, Sisley et Toulouse-Lautrec.
Il est clair que pour analyser les quelque 35.000 entrées des
registres de la maison Goupil, devenue par la suite Boussod-Valadon, et pour
étudier en profondeur le marché de l'art en France au
XIXème siècle, il faut désormais se rendre à Los
Angeles.
S'il est dommage de ne pas avoir en France une documentation de cette nature,
et s'il convient de se montrer vigilant pour éviter l'exode de documents
importants pour la compréhension de l'histoire de l'art français
au XIXème, l'essentiel reste de pouvoir accéder au contenu
même des archives. A cet égard, les autorisations d'exportation
devraient être assorties de l'obligation de remise de copies sous forme
de microfiches -ce qui semble avoir été le cas- ou mieux encore
de confection d'un CD Rom. A l'avenir, l'application d'une telle politique
devrait avoir d'autant moins de conséquences objectivement dommageables
que les documents originaux seront, pour des raisons de conservation, de moins
en moins accessibles matériellement.
13
Les données suivantes sont déjà
saisies :
- des inventaires italiens, espagnols et néerlandais des
XVIIème et XVIIIème siècles,
- des catalogues de ventes des premières années du
XIXème ont été dépouillés pour l'Angleterre
(1801-1825), la Belgique et les Pays-Bas (1801-1810), ainsi que pour
l'Allemagne et les pays scandinaves (pour les XVIIème et XVIIIème
siècles).