II. L'ACTIVITÉ TOURISTIQUE
La France est une grande puissance touristique. Mais sa
position de premier pays récepteur, son fort excédent de la
balance des paiements - qui représente rappelons-le trois fois celui
dégagé par l'automobile - ne sont pas des faits acquis.
De fait, en dépit des bons résultats de ce début
d'année 1997, on constate une érosion de la position
concurrentielle de la France.
A. LA CONJONCTURE TOURISTIQUE FRANÇAISE
1. L'évolution de la fréquentation
La saison d'été 1997 a connu un départ
difficile, compensé par une amélioration fin juillet et un bon
mois d'août. Le bilan est contrasté avec des résultats
légèrement en retrait par rapport aux mois de juillet et
d'août 1996 pour la fréquentation française dans l'ensemble
des hébergements et en très nette augmentation en ce qui concerne
les clientèles étrangères (+ 8,0 % en nuitées
par rapport à 1996 dans l'hôtellerie homologuée).
·
La fréquentation française
La fréquentation des Français sur le territoire national est
en léger retrait par rapport à 1996 pour les mois de juillet et
août (- 2,2 % en séjours et - 3,5 % pour les
nuitées). Ces résultats s'inscrivent dans la continuité
d'un premier semestre assez morose et reflètent le comportement
général des Français au plan national en termes de
consommation.
·
La fréquentation hôtelière par les
étrangers
L'enquête de fréquentation de l'hôtellerie
homologuée confirme que la fréquentation étrangère
a été en hausse sensible au cours du mois de juillet
(+ 10,2 % de nuitées par rapport à 1996) ;
l'augmentation de la fréquentation étrangère est
particulièrement forte à Paris (+ 14,5 %), en
Provence-Alpes-Côte d'Azur (+ 14,1 %) et dans le Nord
(+ 20,4 %).La progression de la fréquentation a
été plus importante dans les catégories
3 étoiles, 4 étoiles et 4 étoiles Luxe
(+ 11,9 %).
Au cours du mois d'août, la fréquentation étrangère
dans l'hôtellerie a été globalement en augmentation
(+ 5,9 %) avec toutefois une différenciation marquée
entre l'hôtellerie 3 et 4 étoiles Luxe (+ 17,1 %)
et l'hôtellerie 1 et 2 étoiles (- 4,9 %). Les
régions qui bénéficient tout particulièrement de la
hausse de la clientèle étrangère au mois d'août sont
l'Auvergne, Rhône-Alpes, le Nord ainsi que Paris.
2. Les bons résultats de la balance des paiements
Au cours du premier semestre 1997, les recettes
internationales ont représenté 73,4 milliards de francs
contre 65,0 milliards de francs lors du premier trimestre 1996, soit une
progression de 13,0 %.
Les dépenses ont également progressé, mais plus
faiblement, s'élevant à 42,6 milliards de francs au lieu de
40,9 milliards de francs lors du premier semestre 1996 (+ 4,3 %).
De ce fait, le solde du poste voyage de la balance des paiements
s'élève pour le premier semestre à 30,8 milliards de
francs, en progression de 27,8 % par rapport à la même
période de l'année précédente
.
Au cours du mois de juillet, les recettes qui représentent
20,5 milliards de francs ont été en progression de
11,1 % par rapport à juillet 1996. Le solde
évalué à 10,1 milliards de francs a été
en hausse de 15,4 % comparé au même mois de l'année
précédente.
Sur les sept premiers mois de l'année, le solde du poste voyages de la
balance des paiements s'élève ainsi à 40,9 milliards
de francs, en augmentation de 24,4 % par rapport à la même
période de 1996.
3. Une saison globalement positive
Ces données confirment donc pleinement les
premières tendances observées à la fin du mois
d'août : la fréquentation touristique globale a donc
été soutenue par une hausse particulièrement remarquable
de la fréquentation étrangère cet été,
surtout pour l'hôtellerie de haut de gamme
1(
*
)
. Les autres formes
d'hébergement - gîtes camping - affichent également des
résultats satisfaisants
2(
*
)
.
Les premiers résultats issus des enquêtes réalisés
auprès des délégations régionales au tourisme
laissent présager une fréquentation en progrès pour le
mois de septembre, tant pour les étrangers que pour les Français.
Les professionnels du secteur sont donc globalement satisfaits de la saison
touristique estivale, bien que cette saison n'ait véritablement
démarré qu'à partir de la deuxième quinzaine de
juillet, le secteur des hébergements marchands a
bénéficié à nouveau cette année d'une
clientèle plus nombreuse.
S'agissant des comportements des vacanciers, plusieurs tendances se confirment
: le fractionnement des séjours, un contrôle accru des
dépenses privilégiant la part réservée à
l'hébergement au détriment de la restauration
3(
*
)
, une exigence de bon rapport
qualité-prix et la recherche d'activités culturelles.
On note qu'après avoir stagné en juin, les prix liés aux
différents services touristiques ont connu une augmentation sensible
comparativement à ceux de l'ensemble de l'économie. En effet, les
transports (+ 2,6 %) et l'hébergement (+ 1,6 %) ont
particulièrement augmenté en juillet.
B. LA POSITION CONCURRENTIELLE DE LA FRANCE
Les déplacements touristiques internationaux, selon
l'Organisation Mondiale du Tourisme, ont progressé de 4,5 % en 1996 par
rapport à 1995, contre 4 % en 1995 par rapport à 1994. Ainsi, on
estime à 593,6 millions le nombre de voyages internationaux en 1996 pour
un volume de 423 milliards de dollars de recettes (hors transport) soit une
hausse de 13,4 %.
Derrière ces taux de croissance, apparaissent des situations
contrastées attestant d'une
redistribution des flux touristiques
internationaux
: si l'Europe demeure en tête avec plus de 58 % du
total des arrivées et 50 % des recettes mondiales, ce sont les pays
asiatiques ainsi que l'Océanie et l'Amérique du Sud qui
bénéficient depuis quelques années des plus forts taux de
croissance.
Avec 62,4 millions d'arrivées touristiques internationales en 1996, la
France capte près de 10,5 % du marché des flux touristiques
mondiaux et 18% du marché européen, confirmant sa position de
première destination touristique internationale devant les Etats-Unis
(44,8 millions d'arrivées) et l'Espagne (41,3 millions
d'arrivées).
La destination France n'a cependant pas vu s'accroître de façon
significative le nombre de séjours touristiques réalisés
par les clientèles étrangères au cours des
dernières années, ce qui, compte tenu de l'accroissement annuel
du marché international de 20 à 30 millions de séjours
(+2,4 millions pour la France entre 1995 et 1996), témoigne d'une
certaine érosion de notre part de marché mondiale.
En effet, en raison d'une forte pression extérieure sous l'effet
notamment d'une meilleure compétitivité - prix ou de produits
mieux adaptés à la demande dans certains pays voisins (Espagne
Italie),
la destination France voit son avantage fragilisé sur
certains marchés extérieurs
.
Pour leurs séjours de vacances, les clientèles d'Europe du
Nord ont pu préférer se rendre en Espagne ou en Italie, pour des
raisons monétaires même si les devises de ces pays se sont
appréciées
, voire en Turquie, où le climat
d'insécurité s'est amélioré. En outre, les
clientèles espagnole et italienne se sont elles-mêmes
repliées sur leur marché intérieur.
Les premiers résultats de l'enquête aux frontières pour
1996 font apparaître, malgré une progression de 4% des
arrivées, une diminution de la durée moyenne de séjour de
près d'une journée par rapport à 1994, résultant
principalement d'une
augmentation importante du nombre de touristes en
transit
.
En termes de recettes touristiques internationales, ce sont les
États-Unis qui sont en tête avec plus de 15% du total. En Europe,
les positions se sont rapprochées entre l'Espagne, la France et
l'Italie. L'Espagne a progressé de manière significative ( + 13,2
%), dépassant pour la première fois le montant des recettes
enregistrées par la France qui se classe seconde (troisième au
niveau mondiale) selon l'Organisation Mondiale du Tourisme.